Regardez L'invité de RTL avec Amandine Bégot du 03 juin 2024
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00:00 *Générique*
00:04 RTL 7h44, Amandine Bégaud, vous recevez ce matin la tête de liste France Insoumise aux élections européennes, Manon Aubry.
00:09 Manon Aubry, nous sommes à 6 jours du scrutin, votre liste est aujourd'hui crédité de 8% d'intention de vote,
00:15 on est loin des 22% de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle,
00:18 est-ce que vous ne payez pas aujourd'hui les outrances de ces derniers mois, ce que certains ont appelé la bordélisation ?
00:23 Vous savez, on est encore à 6 jours de cette élection, mais d'expérience, en 2019, il y a la moitié des gens qui s'étaient décidés pendant cette dernière semaine de campagne,
00:33 donc elle va être cruciale et décisive, on est plutôt en augmentation dans les sondages,
00:37 et évidemment, je suis là pour essayer de convaincre, c'est ça qui compte,
00:40 et de convaincre notamment qu'on peut agir contre la vie chère, parce que je pense que c'est un des éléments déterminants de cette élection,
00:46 et nous on propose de bloquer les prix des produits de première nécessité, les pâtes, le riz, les fruits, les légumes,
00:52 on est au petit-déj, le lait, qui ont augmenté en moyenne de 20%, c'est parce qu'il y a des entreprises agroalimentaires qui se sont littéralement gavées.
00:59 Et bloquer les prix, très concrètement, ça veut dire quoi ? On va se lever un matin et vous allez dire "le litre de lait, il n'est pas au-dessus de 80 centimes ?"
01:05 Exactement. En fait, il y a un paradoxe immense, c'est que les prix ont augmenté de 20%, et à l'autre bout de la chaîne, les agriculteurs n'ont pas vu le revenu augmenter.
01:12 D'ailleurs, on a vu les mobilisations des agriculteurs reprendre à juste titre depuis ce matin.
01:16 C'est parce qu'au milieu, il y a des entreprises agroalimentaires qui ont augmenté leur marge de 70%.
01:21 Donc si vous bloquez les marges de ces entreprises, si le litre de lait est acheté à 50 centimes à un agriculteur,
01:28 eh bien oui, vous pouvez faire en sorte qu'il soit vendu pas plus cher qu'un euro dans votre supermarché.
01:33 Sauf que par contre, aujourd'hui, les prix sont libres en France, d'où vous décrêtez ?
01:36 Eh bien, c'est pour ça que nous, nous proposons de bloquer les prix des produits de première nécessité.
01:39 Ça s'est fait, ça se fait dans les Outre-mer, ça s'est fait au moment de la crise du Covid sur le gel hydroalcoolique.
01:46 Et en fait, c'est un enjeu majeur parce que si vous laissez la main libre au marché,
01:51 eh bien, il se passe exactement ce qu'il y a eu en ce moment, c'est-à-dire l'explosion des prix.
01:55 Donc il y a un enjeu d'agir sur les prix et il y a un autre enjeu qui est d'agir sur les salaires
01:59 parce que les salaires n'ont pas suivi l'explosion des prix.
02:02 Et puisque on parle souvent des exemples européens, il y a un exemple que j'aime bien, c'est en Belgique,
02:07 où il y a eu une indexation des salaires sur l'inflation.
02:10 Pourquoi, pour une fois, on ne s'inspirerait pas de ce qui se fait de mieux en Europe
02:13 et on n'harmoniserait pas vers le haut ce qu'il se fait en Europe ?
02:16 - Mais ça veut dire faire baisser les salaires si jamais les prix baissaient.
02:18 - Mais les prix n'ont jamais baissé ces dernières années.
02:21 - Au mieux ou au pire, ils stagnent. Donc s'ils stagnent, les salaires stagnent.
02:25 Mais si les prix augmentent, comme c'est le cas, oui, les salaires devraient suivre.
02:29 - Vous proposez ça au niveau français ou au niveau européen ?
02:31 - Au niveau européen.
02:32 - Au niveau européen, donc une harmonisation par le haut avec un blocage des prix sur tous les...
02:36 - Exactement, exactement.
02:37 - L'autre grand sujet de cette campagne, de votre campagne,
02:42 c'est la question du Proche-Orient qui est revenue au cœur de l'actualité ici en France,
02:46 avec bien sûr ces récents bombardements sur Rafa et ce bilan terrible.
02:51 Je voulais vous faire réagir à Éric Dupond-Moretti, qui était ici même hier sur RTL, le garde des Sceaux.
02:56 Il accuse la France insoumise de vouloir, je le cite, "importer le conflit israélo-palestinien".
03:01 Tout ça, dit-il, n'est pas gratuit, c'est pour obtenir le vote des musulmans. Que lui répondez-vous ?
03:05 - Que c'est insupportable.
03:07 Dans notre pays, ce serait parce qu'on est musulmans qu'on s'intéresserait
03:11 et qu'on serait sensible au carnage dans la bande de Gaza.
03:14 Je veux dire, à Gaza, il est mort plus de 35 000 civils.
03:16 Vous avez vu les dernières images de Rafa, avec des femmes et des hommes brûlés à vif,
03:21 un enfant qui a été décapité, un camp de réfugiés qui est pris pour cible,
03:25 et on s'y intéresserait juste parce qu'on est musulmans ?
03:28 Mais en fait, c'est lui, en disant ça, qui importe le conflit dans notre pays, qui essentialise...
03:32 - Il n'y a aucune fin électoraliste, Manon Aubry.
03:34 - Mais sincèrement, permettez... Alors déjà, vu les coups qu'on a pris, pardon,
03:38 mais si c'était électoraliste, je ne suis pas sûre qu'on aurait choisi cette stratégie.
03:41 C'est notre humanité, c'est notre dignité qui nous commandent.
03:45 C'est, aujourd'hui, la nécessité de ne pas rester les bras croisés
03:50 face, probablement, au plus grand carnage humanitaire
03:54 que l'on ait vu de ces dernières dizaines d'années dans le monde entier.
03:59 Et ce n'est pas un hasard si le procureur de la Cour pénale internationale
04:02 a lancé un mandat d'arrêt contre les dirigeants du Hamas
04:04 et contre le gouvernement de Benjamin Netanyahou,
04:06 si la Cour internationale de justice a demandé l'arrêt de l'offensive.
04:10 Oui, il faut un cessez-le-feu, il faut utiliser les leviers au niveau européen,
04:13 que sont la suspension de l'accord d'association entre l'Union européenne et Israël
04:17 et un embargo sur l'envoi d'armes.
04:19 Et enfin, quand j'entends Emmanuel Macron dire que ce n'est pas le moment de reconnaître l'État de Palestine,
04:23 mais ce sera quand le bon moment ?
04:24 Quand il n'y aura plus de population palestinienne ?
04:26 Quand ils auront été tous décimés par des années de nettoyage ethnique ?
04:31 Je crois qu'il faut revenir à la raison et que notre humanité doit nous conduire.
04:34 Arrêtons-nous sur le fond.
04:36 Vous demandez, on l'a bien compris, la reconnaissance d'un État de Palestine.
04:38 Vous êtes favorable à une solution à deux États ?
04:40 Oui.
04:41 Une solution à deux États, on est d'accord ?
04:42 Ça supposerait que les Palestiniens reconnaissent l'État d'Israël ?
04:46 Bien sûr.
04:46 Bien sûr, ce qui n'est pas le cas, ce qui n'a jamais été le cas.
04:49 Alors, je ne crois pas que l'autorité palestinienne,
04:51 qui a gouverné pendant des années en Palestine, a reconnu l'État d'Israël.
04:56 Le chef du Hamas, à l'étranger, déclarait...
05:00 Mais le chef du Hamas ne représente pas toute la Palestine, loin de là.
05:03 Et moi, je ne m'identifie pas au chef du Hamas.
05:06 Moi, je m'identifie au droit international.
05:08 Il y a une résolution qui date de 1967,
05:10 dans laquelle des frontières ont été établies qui permettent aux Israéliens
05:14 et aux Palestiniens de vivre en paix, chacun dans leurs frontières.
05:17 C'est ce que nous demandons et c'est ce que nous portons.
05:20 Mais Manon Aubry, quand vous entendez dans les manifestations
05:22 que vous organisez "From the river to the sea",
05:25 "Du fleuve à la mer", ça, ce sont les mots du Hamas,
05:29 qui veut un État palestinien, du fleuve à la mer, rayé de la carte Israël.
05:33 - Ça vous choquera ? - Personne ne veut rayer de la carte Israël.
05:38 - Le Hamas, si. - Oui, mais le Hamas ne représente pas toute la Palestine.
05:42 Soit dit en passant, Benjamin Netanyahou, lui-même, a aidé à financer le Hamas,
05:46 parce qu'il save très bien que le Hamas détruit les intérêts des Palestiniens,
05:49 parce qu'ils ne veulent pas une solution à deux États.
05:51 Je veux une solution à deux États.
05:53 Les Palestiniens veulent une solution à deux États.
05:55 L'autorité palestinienne veut une solution à deux États.
05:57 Droit international veut une solution à deux États.
06:00 C'est la marche que l'on doit enfin reprendre.
06:03 Et je suis très en colère contre la France,
06:05 qui tourne le dos à cette tradition diplomatique,
06:07 qui a toujours œuvré vers cette solution, et qui aujourd'hui ne fait plus rien.
06:11 - Les manifestations en soutien à Gaza, elles vont se poursuivre ?
06:14 - Bien sûr qu'elles vont se poursuivre. - Au-delà des européennes ?
06:17 - Je pense, c'est pas moi qui commande le mouvement.
06:19 Il y en a une nouvelle qui a lieu ce samedi.
06:21 Et j'imagine qu'il y en aura,
06:24 tant que la paix ne sera pas retrouvée dans la bande de Gaza.
06:26 J'espère le plus rapidement possible.
06:28 - L'enjeu de ces européennes, Manon Aubry, c'est aussi l'avenir de la gauche.
06:31 Cette question, elle va se poser dès dimanche soir.
06:34 Vous allez me dire, on ne peut pas en discuter,
06:35 tant que l'élection n'a pas eu lieu.
06:38 - Vous aurez l'occasion de me réinviter, je suis sûre pour ça.
06:40 - Exactement. Mais Jean-Luc Mélenchon l'a lui-même dit,
06:42 en lançant votre campagne, cette élection, c'est le premier tour des élections présidentielles.
06:46 Si Raphaël Glucksmann arrive loin devant vous, on est d'accord ?
06:51 C'est la fin de la NUPES, ce sera terminé.
06:53 - Vous savez, moi j'ai toujours défendu le programme de la NUPES,
06:55 et je regrette que Raphaël Glucksmann ait tourné le dos à la NUPES
07:00 pour refaire vivre les fantômes du passé, et notamment François Hollande.
07:04 La NUPES, ça a permis d'unir la gauche, de redonner un espoir à la gauche,
07:08 il y a deux ans, de créer une alternative.
07:11 - Vous ne répondez pas à ma question. S'il fait 13, 14, 15 % dimanche...
07:14 - Vous savez, Yannick Jadot a fait 13 % en 2019,
07:16 tout le monde se souvient du score qu'il a fait à la présidentielle.
07:18 Moi, ce que je veux dire, c'est qu'il faut rester fidèle au programme de la NUPES,
07:21 parce qu'on ne lutte pas contre l'extrême droite dans la confusion.
07:23 Il nous faut de la clarté, c'est-à-dire la retraite à 60 ans,
07:26 c'est-à-dire la sortie du marché européen de l'électricité
07:29 qui a fait exploser les factures d'énergie.
07:31 Tout ça, c'était dans ce programme que j'ai avec moi,
07:33 qui est le programme de la NUPES.
07:34 Et ce programme, vous savez, je continue à le défendre.
07:37 Donc, vu qu'on est à la radio, je suis en train de le saisir.
07:39 Je continue à le défendre parce que c'est cette ambition-là
07:42 qui nous a permis de lever un espoir dans le pays.
07:44 - Ce sera vrai qu'au sens Jean-Luc Mélenchon,
07:46 les Verts et le Parti Socialiste, ils ne tiennent pas vraiment.
07:48 - Mais leur problème, ce n'est pas Jean-Luc Mélenchon.
07:50 - Si, c'est un problème pour certains.
07:52 - Je veux dire, leur problème, il est politique.
07:53 On voit très bien que Raphaël Glucksmann, ce qui lui pose problème,
07:56 c'est la retraite à 60 ans, c'est la sortie du marché de l'énergie,
07:58 c'est le 100% d'énergie renouvelable.
08:00 Et moi, je dis à des millions de gens de gauche
08:03 qui ont cru à ce programme de la NUPES il y a deux ans,
08:05 je leur dis, venez nous redonner de la force en ce 9 juin
08:09 pour construire la suite et construire l'après Macron.
08:11 Il y a du boulot, mais on est déterminés
08:13 et je crois qu'il y a un chemin d'espoir à ouvrir.
08:14 - Merci beaucoup. - Merci à vous.