Regardez L'invité de RTL avec Amandine Bégot du 12 juin 2024
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00:00RTL 7h44, Amandine Bégaud, vous recevez ce matin David Lissnard, maire Les Républicains de Cannes.
00:08David Lissnard, vous avez regretté hier soir le choix d'Eric Soti de faire alliance avec le Rassemblement National.
00:13Est-ce que, comme Gérard Larcher, comme beaucoup d'autres à droite, vous lui demandez ce matin de quitter la présidence des Républicains ?
00:19Je pense qu'il est dans une situation qui est très compliquée, parce que, ça en revient même sur le fond, parce qu'on pourrait se poser la question.
00:24On aurait pu dire, est-ce qu'il vaut mieux essayer de faire comme avait fait Mitterrand avec le Parti Communiste, même si les rapports de force ne sont pas les mêmes,
00:30et partir du malaise du pays, parce qu'on en est là pour deux raisons.
00:35Parce que ça va mal, il y a une impuissance publique, il y a une insécurité, et c'est pour ça que les injonctions morales de Gérald Darmanin, du gouvernement,
00:42enfin, qu'ils arrêtent quoi, qu'ils arrêtent parce qu'ils font voter ailleurs, et d'une part, et d'autre part, parce qu'on est à un moment politique important,
00:51mais ça devait se discuter, ça devait être fait clairement, comme dans toute organisation, un parti politique c'est une organisation,
00:56donc il doit avoir une stratégie, il doit avoir une ligne.
00:59Mais du coup, il doit démissionner ou pas, pardon ?
01:01Je pense, pour le connaître, et je sais que c'est quelqu'un d'intelligent et d'honneur, je ne vois pas comment il peut rester à la tête d'une organisation
01:08qui l'a fait évoluer dans un sens qui n'avait pas été validé, même s'il aurait pu être validé, peut-être par une majorité de gens, j'en sais rien.
01:14David Lissnard, depuis hier, on entend tous les mots, trahison, coup de poignard dans le dos et tout, je vous trouve hyper mesuré ce matin.
01:20Vous savez pourquoi ? Parce que moi, mon quotidien, c'est la vie, c'est-à-dire que dans ma commune, je vois le déclassement de l'école,
01:27je vois encore une agression cette nuit, j'ai été appelé, j'étais à Paris parce que j'étais à l'AMF aussi hier,
01:33je vois bien tout le défi qu'il faut pour relever le pays, pour réformer l'État, on ne parle plus de l'essentiel dans cette campagne,
01:39ça me rend dingue, on ne parle pas de cette dette abyssale...
01:42Non mais d'accord, mais sur le principe LR avec le RN, ça ne vous gêne pas ?
01:46Bien sûr que si.
01:48C'est une ligne rouge quand même, on est d'accord.
01:50On n'a pas voulu aller avec Emmanuel Macron parce qu'on ne croyait pas en même temps et on avait raison, parce que c'était un échec,
01:55et on voit bien que dans le projet du Rassemblement National, il y a beaucoup, pour moi, il y a beaucoup de points communs avec Emmanuel Macron,
02:01ça vous paraît bizarre, mais j'ai l'impression...
02:03Entre le RN et Emmanuel Macron ?
02:04Mais tous, et même l'extrême-gauche, c'est-à-dire qu'on est toujours dans l'étatisme, dans la dépense, dans la flatterie électorale.
02:09Aujourd'hui, notre pays, qui a beaucoup d'atouts, qui pourrait être une grande puissance du XXIème siècle, d'intelligence artificielle, etc.,
02:15en fait, meurt de cette vision de la politique qui ne consiste qu'à flatter, à dépenser, à faire de l'électoralisme.
02:23Je n'ai pas envie de faire de l'électoralisme, j'ai envie de construire quelque chose de plus durable.
02:26On va parler de vos envies, de ce que vous voulez faire dans un instant.
02:29Mais quand même, sur Éric Ciotti, un chef de parti qui décide tout tout seul, sans prévenir personne,
02:34alors même qu'il était avec les autres ténors des LR la veille.
02:38Il ne leur a rien dit, Bruno Rotailleau.
02:40C'est une honte ou pas ?
02:42En tout cas, ce n'est pas correct dans une organisation, quelle qu'elle soit.
02:45Une entreprise, un parti politique, une association, on ne fait pas ça.
02:48Ça ne se fait pas.
02:49Ça ne se fait pas.
02:50Quand hier, Jordan Bardella dit qu'il y a un accord avec plusieurs dizaines de députés LR.
02:54Ce n'est pas rien, plusieurs dizaines de députés LR.
02:56Mais après, faites attention, on est dans une période...
02:58Là, il y a une urgence, il faut déposer des candidatures, donc il y a beaucoup de bluff.
03:02C'est du bluff ?
03:03Alors là, j'en suis sûr de ça.
03:04Vous savez, il y a des députés sortant LR qui sont des gens très solides.
03:07Ils ont résisté à toutes les pressions ces derniers mois.
03:10Et c'est difficile parce qu'ils auraient pu aller soit au sondage vers l'Assemblée nationale,
03:15soit à la facilité des postes du pouvoir que proposait la Macronie.
03:19Ils ont résisté.
03:20C'est pour ça qu'il faut les soutenir.
03:21C'est des gens solides.
03:22Et objectivement, il est impensable et impossible qu'il y ait des dizaines de députés.
03:26Moi, je pense qu'ils jouent sur les mots.
03:28Il y aura peut-être des candidats dans des circonscriptions ingagnables
03:31où ils vont eux-mêmes donner une investiture, peut-être parfois pas demandée,
03:34mais dans les députés sortant, je n'y crois pas une seconde.
03:36Éric Ciotti indique avoir reçu des milliers de messages de soutien
03:40au rassemblement des droites depuis hier.
03:42Là aussi, c'est du bluff ?
03:43Vous me demandez comment c'est des choses à vérifier.
03:46Non mais, la base.
03:48Vous étiez maire de Cannes.
03:50Que disent vos électeurs ?
03:51Ils ont envie d'un rapprochement avec le RN ?
03:54Il y a des gens qui sont indignés, qui disent que c'est vraiment une faute morale.
03:57Il y en a eu aussi des milliers.
03:58D'autres qui disent qu'il faut maintenant passer à autre chose.
04:01Il y a les deux.
04:02Je ne vais pas vous mentir.
04:03C'est une réalité.
04:04C'est pourquoi, dans ces moments de chaos,
04:07on savait qu'il y avait les ingénieurs du chaos.
04:09Il y a eu un livre, etc.
04:10On les retrouve dans les extrêmes.
04:11On les retrouve à l'extrême gauche.
04:12Là aussi, on oublie de parler de ça.
04:14Il y a une extrême gauche qui a des relents de racisme antisémitiste
04:17qui est en train de s'allier avec la gauche.
04:18Ça devrait faire l'actu.
04:19On n'en parle pas.
04:20Il y a ces ingénieurs du chaos.
04:21Et puis, on a au sommet de l'État un bricoleur du chaos.
04:24C'est-à-dire que tout pète à la figure.
04:26Il a organisé un référendum sur lui, sur les européennes.
04:29Il se fait rejeter le soir même.
04:31Il organise un nouveau référendum dans trois semaines.
04:33Et en prenant le délai le plus court,
04:35deux semaines et demie pour faire campagne.
04:37Ça, c'est la Constitution.
04:39Mais enfin, d'accord.
04:40Il joue avec les institutions, Emmanuel Macron.
04:43En tout cas, je trouve qu'il est dans une destruction,
04:46aujourd'hui, de la France et des institutions.
04:48On est dans une situation très, très grave
04:50avec, derrière, des problèmes de déclassement éducatif,
04:53de pouvoir d'achat réel, une politique chaotique.
04:56Et c'est pourquoi, même si ça paraît pas très audible,
05:00même si c'est pas forcément perceptible,
05:03ce qu'il faut maintenant, c'est tracer un chemin.
05:06Un chemin courageux. Il faut du courage.
05:08Il faut pas tomber dans la facilité, dans l'électoralisme,
05:11et dire que l'on peut reconstruire une alternative puissante
05:14de droite, à la fois forte et raisonnable.
05:17C'est ce que j'essaie de faire avec Nouvelle Énergie,
05:19qui est mon parti politique, avec les gens de ELR
05:21qui sont des gens formidables.
05:22Mais il va falloir recréer quelque chose
05:24avec des gens nouveaux.
05:26Ce que je vois sur le terrain aussi,
05:28c'est une génération qui a envie maintenant de s'investir.
05:30Nous sommes aujourd'hui, à Nouvelle Énergie, à ELR,
05:33le parti qui a le plus de militants locaux.
05:35Nouvelle Énergie, on explique pour les auditeurs,
05:37c'est votre parti, au sein des Républicains.
05:40J'ai bien vu qu'on allait vers des situations très compliquées,
05:43et que je crois qu'il faut un corpus
05:45très très fort et puissant aujourd'hui.
05:47Il faut une radicalité dans la capacité
05:49de réformer le pays,
05:51et de mettre l'État au service de la société.
05:53De sortir, pardonnez-moi, de cet paradoxe,
05:55d'avoir un excès de dépenses.
05:57Nous sommes le pays qui dépense le plus au monde,
05:59et moi ce que je vois dans toutes les communes où je vais,
06:01c'est de moins en moins de services publics quotidiens.
06:03Comment on arrive à dépenser plus d'argent public qu'ailleurs,
06:05à avoir des fonctionnaires qui sont des gens
06:07de grande qualité, moins bien payés qu'ailleurs,
06:09et d'être pénalisés à la fois en tant que contributeurs,
06:11en tant qu'usagers ? C'est ça dont on devrait parler
06:13pendant ces élections, c'est ça dont je voudrais parler
06:15avec Nouvelle Énergie, avec ELR, avec tous ceux
06:17qui dans une droite puissante et raisonnable
06:19veulent changer les choses, en finir
06:21avec le régime des technocrates,
06:23et avec les promesses des démagogues.
06:25Vous avez fait cet appel sur les réseaux sociaux,
06:27les démocrates, les libéraux, républicains, volontaires,
06:29pour un projet fort de remise en ordre du pays.
06:31Ça veut dire quoi, juste d'un mot ? Vous présenterez
06:33des candidats Nouvelle Énergie le 30 juin ?
06:35Nouvelle Énergie et pas ELR ?
06:37Ce que je voudrais, c'est ajouter, c'est surtout pas diviser.
06:39Donc dans les prochaines heures,
06:41c'est ce que nous allons essayer de faire,
06:43et ce que je souhaite, c'est faire entendre
06:45mes idées. Je ne ferai plus campagne
06:47pour des projets mous, pour des trucs
06:49ambiguës, pour de l'électoralisme.
06:51Ça ne fonctionne pas,
06:53c'est comme l'en même temps-tisme,
06:55c'est comme tous ces mots en ism, ça ne fonctionne pas.
06:57David Listin, vous êtes aussi, je le rappelais,
06:59président de l'association des maires de France.
07:01Ça a un coût, ces élections législatives ?
07:03Combien par exemple pour une ville comme la
07:05vôtre, Cannes ? Chaque tour d'une élection,
07:07c'est à peu près 180 000 euros.
07:09180 000 euros pour un tour ?
07:11C'est pas budgété ça, j'imagine ?
07:13On a toujours des imprévus.
07:15Vous savez, dans ma commune, qui est une commune
07:17très complexe, Contrairement à ce que
07:19je crois, on a un taux de pauvreté qui est bien supérieur
07:21au moyen national, c'est historique.
07:23Peut-être que vous pouvez mieux encaisser que d'autres.
07:25En tout cas, on a rendu les choses possibles.
07:27Nous avons baissé
07:29de 70 millions d'euros.
07:31Je tiens à le dire, c'est possible.
07:33La productivité dans la fonction publique, c'est possible.
07:35Mais tous, même chez moi, c'est très compliqué.
07:37Et puis, on a de plus en plus de mal.
07:39Plus il y a d'élections et plus il y a de candidats, moins il y a de bénévoles.
07:41Il y a quand même une crise civique majeure.
07:43Et donc, hier, j'ai eu plusieurs heures
07:45de réunion à l'association des maires de France
07:47pour trouver des solutions, pour aider les maires
07:49à organiser la démocratie.
07:51La démocratie, c'est une réalité vivante, c'est un trésor.
07:53Et aujourd'hui, notre démocratie française et républicaine
07:55ne tient que grâce aux communes,
07:57aux maires, aux bénévoles
07:59et à tous ceux qui font de la France
08:01encore un pays vivant localement.
08:03Et c'est aussi un de mes grands axes,
08:05c'est de redonner le pouvoir à la réalité du terrain.
08:07Merci beaucoup, David.