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Regardez L'invité de RTL avec Amandine Bégot du 07 février 2023

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00:02 RTL matin
00:06 RTL il est 7h44, excellente journée à vous tous qui nous écoutez.
00:10 Amandine Bégoût vous recevez donc ce matin, Philippe Martinez secrétaire général de la CGT.
00:14 Nouvelle journée de mobilisation, on le disait, contre cette réforme des retraites.
00:17 La troisième, vous vous tablez sur combien de manifestants, Philippe Martinez, plus que la semaine dernière ?
00:22 Je pense qu'il y en aura, j'espère qu'il y en aura au moins autant, mais vous le savez cette semaine il y a deux journées de mobilisation.
00:28 On a favorisé aussi le samedi parce que ça permet à des salariés, à des citoyens de ne pas perdre trop d'argent.
00:36 Ça permet d'y aller en famille donc on verra sur les deux journées le nombre de participants aux manifestations.
00:44 Vous cumulerez les deux chiffres ?
00:46 On fera le point sur les deux journées.
00:48 Cette journée de mobilisation prévue justement samedi, les syndicats de la SNCF ont dit hier qu'ils n'appelleraient pas à la grève pour ne pas pénaliser les vacanciers.
00:56 C'est responsable, raisonnable ?
00:58 Non, c'est un choix qu'ils font avec les salariés parce qu'il faut aussi garder un peu de force pour la suite.
01:08 Vous savez que les grèves ça pénalise, on perd de l'argent et donc c'est un choix qu'ils ont fait en accord avec les salariés.
01:16 Ce qui ne veut pas dire que...
01:18 C'est important de garder l'opinion publique avec vous.
01:20 Cette mobilisation, et c'est l'un des points notables, elle est très largement soutenue par les français de semaine en semaine.
01:28 Plus de 70% des français la soutiennent selon notre dernier sondage RTL.
01:33 C'est important de ne pas se couper des français ?
01:35 Je pense que les français, comme vous dites, sont acquis à la cause de l'opposition à cette réforme.
01:42 Notamment, principalement les actifs mais toutes les catégories de personnes dans ce pays.
01:47 Et vous l'avez noté aussi, les français soutiennent les grèves et ne verraient pas d'inconvénient à ce qui est, comme vous dites, des blocages.
01:56 La question qui est posée c'est comment on fait en sorte de gagner ?
02:00 Parce que nous, notre volonté c'est le retrait de cette réforme.
02:03 Et donc voilà, il faut temporaliser les actions et en tout cas nous on pense qu'il faudra un moment ou un autre accélérer.
02:14 Frapper plus fort ?
02:16 Frapper non mais...
02:18 C'est l'image ?
02:19 Oui, oui, mais les images sont importantes.
02:21 C'est ce que certains réclament au sein de la CGT d'ailleurs, un durcissement du mouvement.
02:25 C'est ce que je réclame aussi.
02:27 Mais vous ne dites pas tout de suite ?
02:28 Mais il faut faire avec les salariés.
02:31 Et donc il faut continuer à élargir.
02:34 Les manifestants et les manifestantes sont pour beaucoup des gens qui manifestent pour la première fois.
02:39 C'est important qu'on ait cette diversité de mobilisation.
02:43 Mais si le gouvernement, et c'est un peu le cas parce que je trouve que les arguments,
02:48 évidemment il n'y en a plus pour dire que cette réforme est juste.
02:50 Donc le gouvernement a des arguments vraiment, j'allais dire, au ras des pâquerettes.
02:56 Il faudra leur faire comprendre qu'on n'est pas content.
02:59 Mais quand ? Après les vacances ?
03:00 Vous verrez.
03:02 Vous évoquiez à l'instant le gouvernement.
03:04 Elisabeth Borne a annoncé dimanche un certain nombre de concessions,
03:07 notamment le dispositif carrière longue étendue à ceux qui ont commencé à travailler à 20 et 21 ans.
03:14 Laurent Barger parle de simple rustine.
03:16 Vous êtes d'accord avec lui ?
03:17 Oui, c'est une bonne image.
03:19 La vérité c'est que tout le monde va travailler plus longtemps.
03:22 Même 43 ans.
03:24 D'ailleurs elle ne parle pas de ceux qui ont démarré avant 20 ans.
03:27 Pour l'instant c'est toujours 44 ans.
03:29 Ce sont ceux qui ont commencé le plus tôt qui vont être le plus pénalisés.
03:32 Donc elle essaie de se rabibocher ou en tout cas de trouver une majorité à l'Assemblée nationale.
03:39 Or, ce à quoi elle doit répondre c'est ce que pense le peuple.
03:43 Et pour l'instant les réponses sont insuffisantes.
03:46 Sauf que l'Assemblée nationale c'est la représentation du peuple.
03:49 Oui, mais par principe quand on est élu par le peuple,
03:52 on a quand même une oreille qui doit écouter le peuple.
03:55 Or, pour l'instant, je ne vois pas beaucoup de députés,
03:58 notamment dans la majorité, qui écoutent le peuple.
04:00 On peut, si on est élu, une fois qu'on est élu on fait ce qu'on veut et on n'écoute plus.
04:06 Forcément, il ne faut pas s'étonner premièrement de l'abstention.
04:10 Et puis du risque, parce que c'est ça en fait,
04:12 du risque que dans quelques années, pas si longtemps que ça,
04:16 ce soit le Rassemblement national qui prenne les clés de l'Élysée.
04:19 Vous les mettez en garde les députés aujourd'hui sur ce risque là ?
04:22 J'espère qu'ils en sont conscients.
04:24 Je crois qu'on a affaire, me semble-t-il, à un président de la République,
04:28 parce que c'est lui qui est au cœur de tout ça,
04:30 qui veut, par égo surdimensionné,
04:34 montrer que lui, il est capable de faire passer une réforme.
04:37 Quelle que soit la vie de l'opinion publique,
04:39 quelle que soit la vie des citoyens,
04:41 c'est dangereux de raisonner comme ça.
04:43 Surtout qu'après son élection, la dernière,
04:46 il avait dit "j'ai changé, je vais écouter, les syndicats c'est important".
04:50 Vous voyez le résultat aujourd'hui.
04:51 Mais si je vous comprends bien, Philippe Martinez,
04:53 vous nous dites ce matin "si cette réforme passe,
04:56 Marine Le Pen sera élue en 2027 ?
04:58 En tout cas, le président de la République joue avec le feu.
05:01 Parce que, je vous le répète,
05:03 les députés sont légitimes, ils ont été élus.
05:06 Parfois avec beaucoup d'abstention, mais ils sont élus.
05:09 Mais on ne peut pas être élu et dire "maintenant, je fais ce que je veux
05:13 pendant 5 ans sans écouter les citoyens".
05:16 Il y a du monde dans la rue, les sondages d'opinion, ça devrait les intéresser.
05:20 Alors là, il s'obstine à nous dire,
05:22 il change toutes les semaines de discours,
05:24 à l'annonce de la réforme, c'était une réforme de justice sociale,
05:28 bon, ils ont vu que ce n'était pas terrible comme argument.
05:31 Donc maintenant, chaque fois que j'entends un député,
05:34 c'était 15 milliards de déficit,
05:36 maintenant, le dernier que j'ai entendu, c'était 300 milliards.
05:39 On marche sur la tête.
05:41 Et ils veulent y aller à marche forcée,
05:43 et oui, c'est dangereux pour la démocratie.
05:45 - Vous les avez vus hier les députés, début de l'examen dans l'hémicycle,
05:49 à l'Assemblée ?
05:50 Vous ne les avez pas regardés ?
05:51 - Non.
05:52 - Vous avez vu des extraits quand même, entendu ?
05:54 - On entend la manif.
05:55 - Vous n'avez pas entendu ces passes d'armes, ces invectives ?
05:57 - Oui, enfin, j'en ai entendu parler.
06:00 - Mais est-ce qu'ils sont à la hauteur ?
06:01 - J'en ai entendu parler.
06:02 - Quand vous voyez ce spectacle-là,
06:03 les Français qui sont dans la rue, ils disent quoi ?
06:05 - Je vais leur demander tout à l'heure.
06:07 - Et vous, vous en pensez quoi ?
06:09 - Non, mais il y a besoin d'un débat de fond.
06:11 - Là, c'était un débat de forme ?
06:13 - Premièrement, je pense qu'il faut élever le débat.
06:16 Deuxièmement, la procédure qu'a choisie le gouvernement,
06:19 c'est quand même une procédure qui limite le débat aussi.
06:22 Alors moi, je ne connais pas toutes les façons de faire à l'Assemblée nationale,
06:26 mais le gouvernement choisit aussi une procédure accélérée
06:29 qui ne permet pas d'étudier franchement un certain nombre de choses.
06:33 Là aussi, une telle réforme nécessite un autre débat à l'Assemblée nationale,
06:39 mais aussi du temps pour analyser les arguments des uns et des autres,
06:42 me semble-t-il.
06:43 - Du temps, du débat, et pas un peu de tenue aussi ?
06:48 - Oui, écoutez, peut-être, j'en sais rien.
06:51 Peut-être.
06:52 En tout cas, quand il y a autant de monde intéressé par cette réforme
06:56 et autant de monde qui manifeste,
06:58 ça nécessite du débat, des arguments contre arguments,
07:02 et pas essayer de, premièrement, de cajoler la droite pour avoir une majorité,
07:09 parce que c'est ça, à le fond.
07:11 Et puis, des invectives, peut-être, si vous me dites, je vous crois.
07:16 - On l'a bien compris, vous ne voulez pas de ces 64 ans.
07:19 Est-ce que si on optait pour 43 ans de cotisation pour tout le monde,
07:23 sans mesure d'âge, ça vous irait ?
07:25 Ou vous dites, nous c'est 60 ans, un point c'est tout ?
07:27 - Vous avez noté qu'il n'y a pas que nous, d'ailleurs,
07:29 tous les syndicats disent ni report de l'âge de la retraite,
07:31 ni augmentation de la durée de cotisation, parce que ça revient au même.
07:35 - Et on en sort comment, du coup, Philippe Martinez ?
07:37 - Avec des gens intelligents qui disent, on vous a proposé quelque chose,
07:41 ça n'a pas l'air de vous plaire,
07:43 on retire le projet, puis on rediscute, parce qu'il y a des vrais sujets.
07:47 - Et là, ils ne sont pas intelligents ?
07:49 - Pas trop, non, pas trop.
07:52 Parce que je viens de vous dire que, quand on n'écoute pas un tel mécontentement,
07:56 ça veut dire qu'on n'a pas les pieds sur terre,
07:58 ou alors, je ne sais pas, il y a un autre problème.
08:00 - Toute dernière question, il y a un point sur lequel tout le monde s'accorde.
08:03 Lors des deux premières journées de manifestation, ça a été une réussite.
08:06 Pas ou très peu d'incidents, beaucoup de monde dans la rue,
08:10 l'unité syndicale, elle tient. C'est quoi ?
08:13 C'est la revanche des syndicats, cette mobilisation contre la réforme du commerce ?
08:15 - Non, non, ça montre, contrairement à tout ce qu'on a pu entendre ces derniers temps,
08:19 que les syndicats, ça sert à quelque chose, ça permet de rassembler,
08:22 ça permet de faire des propositions alternatives,
08:25 et donc, c'est la démonstration que, contrairement à ce que pense le Président de la République,
08:31 dans notre pays, comme dans d'autres, il faut des syndicats forts,
08:34 et puis surtout, les écouter et les entendre.
08:37 - Merci beaucoup, Philippe. - Merci.
08:39 dans les meilleurs moments.

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