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Regardez L'invité de RTL du 27 novembre 2023 avec Amandine Bégot.

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00:02 RTL matin
00:06 RTL 7h42, excellente journée à vous tous qui nous écoutez. Amandine Bigaud vous recevez donc ce matin la maire de Romand-sur-Isère Marie-Hélène Thoraval.
00:14 Bonjour madame.
00:15 Bonjour.
00:16 Et merci beaucoup d'être en direct avec nous ce matin depuis votre mairie. Plusieurs dizaines d'individus encagoulés et vêtus de noir
00:22 ont donc manifesté ce week-end à Romand-sur-Isère pour réclamer je cite
00:27 "justice pour Thomas" ce jeune homme de 16 ans tué lors d'un bal à Crépole la semaine dernière.
00:32 Qui a organisé madame cette manifestation l'ultra droite ?
00:36 Il me revient pas de le dire donc bien sûr ils se sont affichés en tant qu'ultra droite
00:42 pour autant il y a une enquête qui est en cours et je laisse le soin bien évidemment à la justice de préciser les
00:49 éléments au regard de la question que vous venez de me poser.
00:51 Le préfet a parlé d'une expédition punitive. C'était ça d'après ce que vous savez l'objectif ?
00:58 Après c'est la qualification qui a été employée par monsieur le préfet. Moi je constate qu'effectivement il y avait
01:05 plus de nombreuses personnes
01:08 qui pouvaient correspondre au profil qu'on qualifie d'ultra droite et qui avaient décidé effectivement
01:15 d'en découdre sur des motifs et des mobiles qui ont été exprimés hier par les autorités.
01:22 Vous iriez jusqu'à parler d'une tentative de ratonnade c'est notamment Manuel Bompard de la France Insoumise qui a employé ces termes ?
01:29 Je laisse à monsieur Bompard les termes qu'il emploie.
01:33 Moi mon souci aujourd'hui il est de faire revenir le calme sur ma ville
01:39 et faire en sorte que nous puissions trouver des solutions par rapport aux comportements
01:44 qui ont conduit à l'assassinat d'un de nos jeunes la semaine dernière.
01:49 Alors je rappelle que 20 personnes ont été interpellées suite à ces manifestations ce week-end à Romand-sur-Isère,
01:55 17 placées en garde à vue. La mort de Thomas Crépeau a suscité de très nombreuses réactions madame le maire,
02:01 une très vive émotion bien sûr chez vous dans la Drôme mais dans toute la France et puis beaucoup de réactions
02:06 politiques également. Certains ont très vite dénoncé un racisme anti blanc. Est-ce que c'est quelque chose que vous vous écartez complètement aujourd'hui ?
02:15 Je pense qu'il ne me revient pas et ce n'est pas mon rôle de l'écarter ou de le qualifier.
02:21 Moi je constate juste que ce sont des jeunes qui sont originaires de ma ville,
02:26 qui se sont rendus sur cette manifestation
02:30 et dans ce cadre là,
02:32 le jeune Thomas a été tué et moi ce qui m'intéresse et ce que j'attends aujourd'hui c'est la réponse qui va être celle de la
02:38 justice par rapport
02:40 au crime qui s'est opéré la semaine dernière.
02:42 Ce sont des jeunes de votre ville, vous les connaissez ? Ce sont des individus connus des autorités ?
02:48 Ce sont des individus, oui effectivement, qui sont connus des autorités, qui sont aussi connus de la justice.
02:53 Connus pour quels motifs ?
02:56 Les motifs ont été rappelés notamment
02:59 par le procureur donc
03:01 tous les éléments ont été donnés et ont été
03:04 communiqués à la presse. Mais très concrètement est-ce que ce sont des individus qui posent problème dans votre commune ? Vous êtes maire,
03:12 je sais que tous les maires
03:13 ont comme ça un certain nombre d'individus, plus ou moins selon les communes, mais qui posent régulièrement problème.
03:20 Est-ce que c'est le cas de cela ou non ?
03:22 Oui, oui, je confirme que c'est le cas de cela. Je voudrais quand même rappeler que le quartier
03:27 comporte une population d'environ 4 500 personnes.
03:31 Le quartier de la Monnef, un quartier où tout le monde a le droit de vivre, je voudrais quand même le rappeler,
03:37 et qu'on a une poignée de jeunes
03:40 qui sont aux alentours d'une cinquantaine pour les plus virulents qui posent des difficultés
03:45 depuis de nombreuses années. Et les individus
03:48 soupçonnés d'être impliqués dans la mort de Thomas font partie de cette cinquantaine de jeunes ? Bien sûr, ils en font partie.
03:55 Vous me disiez, ce n'est pas à vous
03:59 de qualifier ce qu'il a pu se passer,
04:01 effectivement les raisons et le mobile de ce drame de Crépole reste encore très flou, une enquête est en cours et on comprend bien sûr votre
04:08 réserve madame, mais j'imagine que vous avez échangé avec plusieurs de ceux qui participaient à ce bal, qu'est ce qu'ils vous ont dit ?
04:14 Écoutez, ceux qui participent, qui participaient à ce bal sont particulièrement choqués, beaucoup ont encore du mal
04:22 à se saisir aussi de la réalité des jours d'après.
04:27 Et donc aujourd'hui, moi j'attends vraiment que la justice, et j'ai confiance puisque je trouve que
04:35 les moyens qui ont été mis
04:38 toutes l'intention, toute l'attention et toute l'énergie qui est mise
04:42 dans cette enquête nous conduira à avoir les réels mobiles de ces actes.
04:48 Vous avez dit hier, face à un tel niveau de violence, il faut d'autres formes de réponses, très concrètement ça veut dire quoi ?
04:54 Très concrètement, je pense qu'il ne faut pas
04:56 un traitement global, je pense qu'on a
05:00 des actions sur le territoire, qui ne sont pas uniquement de mon fait, mais qui sont aussi, qui ont été engagées par mes
05:07 prédécesseurs, comme ils ont été engagés par tous les élus sur tout le territoire
05:11 national, je dis qu'aujourd'hui on est face à des groupes de jeunes qui présentent des caractéristiques
05:16 qui sont diverses
05:19 et sur lesquelles il faut, je pense, des traitements particuliers.
05:23 Mais ça veut dire quoi madame ? Il faut nommer les choses, enfin, des caractéristiques diverses ?
05:27 Je pense que certains sont récupérables,
05:31 donc on travaille avec eux, on tente de travailler dans le cadre de ce qu'on appelle la prévention.
05:36 Pour autant, je pense qu'il y en a d'autres qui relèvent de, j'ose le dire, je l'ai dit tout à l'heure, de
05:42 formes de pathologie
05:45 qui relèvent de la psychiatrie et que pour certains, je veux dire, la vie en société comme on l'opère aujourd'hui, elle est laissée.
05:53 Finalement, nous met dans une situation où on peut craindre
05:57 de nouvelles, comment dire, de nouveaux drames comme on en a eu un la semaine dernière.
06:03 Ils sont irrécupérables ?
06:05 Certains.
06:07 Avec les moyens qu'on met en place aujourd'hui,
06:09 je pense que ce n'est pas adapté à leur comportement.
06:14 Mais qu'est-ce qu'il faut faire, très concrètement ?
06:16 Moi, ma volonté, ce serait qu'on puisse en discuter, qu'on puisse en discuter aussi avec des gens qui ont une expertise
06:23 sur ce point-là, mais aussi au départ, la première des choses, il faut que nous ayons un diagnostic partagé sur
06:30 la manière d'identifier les caractéristiques de ces individus.
06:35 Ce qui nous permettra derrière d'avoir des actions,
06:38 des actions à mettre en place qui correspondent à la situation que l'on a face à nous.
06:44 Mais vous parlez d'individus avec des problèmes psychiatriques, je reprends vos mots.
06:48 Entre autres, je ne dis pas tous.
06:51 Est-ce que ce sont aussi des individus, et on va dire les choses, liés au trafic de drogue ?
06:55 Est-ce que ce sont des individus, pour certains, radicalisés ?
06:58 Alors, tout. Je pense que pour certains, c'est un mélange de tout.
07:03 Il y a le trafic de drogue, il y a la consommation de drogue, il faut en parler.
07:07 Il faut aussi dire que certains enfants sont issus eux-mêmes de parents délinquants.
07:12 Donc, ça, on ne le dit pas suffisamment.
07:14 Donc, des parents qui ont complètement démissionné.
07:16 Je ne sais même pas s'ils ont démissionné ou si un jour, ils ont enclenché un soupçon d'éducation par rapport à ces enfants.
07:23 Donc, il faut sanctionner les parents aussi ?
07:25 Je pense que sur la responsabilité des pénales, notamment lorsqu'il s'agit de mineurs,
07:30 elle doit être considérée. Ça, c'est un point.
07:33 Quand je vous écoute, Madame, j'ai l'impression qu'à demi-mot, vous nous dites finalement, pendant des années, on a été trop naïfs.
07:39 Et on a pensé que mettre des moyens dans ces quartiers, il y en a eu dans le quartier de la monnaie,
07:43 des moyens colossaux, ça ne suffit pas.
07:46 Éduquer, ça ne suffit pas.
07:48 C'est ça, on a été trop naïfs ?
07:50 Naïfs, je ne sais pas. Je pense qu'à un moment donné, on y a cru.
07:55 On a tous cru bien faire. On croit tous bien faire encore.
07:58 Et je pense qu'aujourd'hui, il faut qu'on soit accompagnés, nous aussi, en tant qu'élus,
08:02 pour mettre en œuvre, mettre en place des dispositions qui correspondent à ce qu'on a vraiment sur nos territoires.
08:09 Vous vous sentez démunie ?
08:11 Moi, je ne veux pas dire démunie. Moi, je suis vraiment prête à travailler.
08:14 C'est ça qui est important.
08:16 Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, se rend sur place dans la Drôme aujourd'hui.
08:21 Qu'est-ce que vous allez demander concrètement au gouvernement ?
08:24 Je vais lui demander la possibilité qu'on puisse travailler ensemble, en toute transparence,
08:31 et qu'on puisse se dire les choses, tout simplement, et reprendre aussi les termes,
08:37 et lui faire part du vécu qui est le nôtre sur nos territoires.
08:42 Et que sommes-nous capables de mettre en place pour travailler plus finement sur ces situations-là.
08:48 Si rien n'est fait, Mme Le Maire, le risque c'est quoi ?
08:51 D'avoir deux France qui vivent face à face, comme l'avait dit Gérard Collomb, qui est décédé ce week-end ?
08:56 Oui, alors là, ça, je le crains.
08:58 Franchement, je le crains, et je n'ai vraiment pas envie d'en arriver là.
09:02 Moi, si je me suis engagée politiquement sur cette collectivité,
09:09 ce n'est pas pour baisser les bras.
09:12 Donc, je veux vraiment qu'on trouve des solutions ensemble.
09:15 Vous avez l'impression aujourd'hui qu'à Romand-sur-Isère, il y a deux France qui se font face à face ?
09:19 Pas carrément.
09:21 Je trouve que c'est un sentiment qu'on a au niveau national.
09:24 C'est-à-dire qu'on retrouve très régulièrement les mêmes noms, les mêmes dispositions
09:30 sur des jeunes qui jettent le trouble ou qui commettent des exactions, comme on vient de l'évoquer tout à l'heure.
09:37 Merci beaucoup Marie-Hélène Thaurava.
09:39 Je rappelle que vous êtes la maire de Romand-sur-Isère.
09:42 Merci d'avoir été en direct avec nous ce matin.
09:44 Je remercie également Serge Puyot, notre correspondant dans la région, pour avoir assuré.
09:48 Merci.

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