Écoutez l'interview de la ministre de la Culture.
Regardez L'invité de RTL avec Amandine Bégot du 26 avril 2024
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00:00 *Générique*
00:04 Il est 7h44, Abandine, vous recevez donc ce matin notre ministre de la Culture, Rachida Dati.
00:08 Madame la ministre, vous étiez hier à la Sorbonne où Emmanuel Macron a donc défendu une Europe de la culture.
00:13 Le président dit vouloir créer un "pass culture" européen sur le modèle du "pass culture" qui existe ici en France.
00:20 J'ai envie de vous dire, il faut avoir les moyens de voyager pour profiter de ce "pass culture".
00:24 D'abord, moi ce "pass culture", ça a été la grande idée d'Emmanuel Macron quand il est devenu président.
00:29 C'est la première fois qu'on s'intéressait à ceux qui sont soit les plus éloignés de la culture,
00:35 soit ceux qui voulaient bénéficier d'activités culturelles.
00:39 Notamment les jeunes et ceux qui étaient les plus éloignés, qui n'ont pas forcément d'incitation à la culture,
00:46 ou qui étaient dans des zones rurales, qui étaient les plus éloignés physiquement aussi de la culture.
00:52 Donc ce "pass culture" français, qui est d'inspiration européenne,
00:55 parce qu'au départ on s'était inspiré d'une idée de Matteo Renzi,
00:58 et d'ailleurs qui au départ ne marchait pas très bien en Italie,
01:03 nous l'avons mis en place en France.
01:05 - Ça fonctionne bien, notamment pour l'achat de livres.
01:07 - Et d'ailleurs l'Italie a revu son fonctionnement en s'inspirant du modèle français.
01:13 Aujourd'hui ce "pass culture" c'est quoi ?
01:14 C'est d'abord la plus grosse ligne budgétaire du ministère de la Culture.
01:18 C'est 250 millions d'euros sur ce "pass culture".
01:21 Dans ce "pass culture" il y a une part collective, c'est-à-dire qui s'adresse aux écoles, aux collèges,
01:26 c'est-à-dire que les enseignants et les médiateurs emmènent des enfants pour accéder à la culture.
01:32 Ça marche très bien et je suis très fière de ça.
01:35 Pourquoi ? Parce que moi je rencontre beaucoup ces classes qui bénéficient de ce "pass culture" sur la part collective.
01:40 Quand vous les interrogez, vous leur dites "qui est allé, qui est déjà allé ?"
01:44 Hier j'étais à Maud avec Jean-François Copé,
01:46 on interrogeait des jeunes en disant "est-ce que vous êtes déjà allé dans un musée ?"
01:49 "Non, c'est la première fois."
01:50 "Est-ce que vous êtes déjà allé au théâtre ?"
01:51 "Non, c'est la première fois."
01:53 Ce "pass culture" sur la part collective que nous souhaitons avec Nicole Belloubet le renforcer,
01:59 pour ne pas dire l'élargir.
02:01 Je veux l'élargir aux acteurs de l'éducation populaire
02:04 qui sont totalement oubliés du ministère de la Culture.
02:07 - Mais alors ça veut dire quoi ?
02:08 - Parce que les acteurs de l'éducation populaire,
02:09 c'est vrai que pendant longtemps on considérait qu'ils n'étaient pas dignes du ministère de la Culture.
02:13 Moi je les ai reçus, je souhaite que cette part collective puisse aussi leur bénéficier.
02:18 Donc la part collective...
02:18 - Les acteurs de l'éducation populaire, pardon ?
02:20 - MJC, centres sociaux, maisons de quartier, missions locales,
02:25 les centres d'apprentis, les apprentis n'en bénéficient pas.
02:29 Ils sont quand même concernés pour l'accès à la culture.
02:31 - Donc vous souhaitez l'élargir, ça c'est la partie française ?
02:33 - Il y a la part individuelle.
02:35 J'ai entre 13 et 18 ans, j'ai une part individuelle, j'ai un petit budget
02:40 et je peux aller au théâtre, au cinéma...
02:42 - Acheter des livres.
02:43 - Acheter des livres et ça marche très bien pour l'accès à la librairie
02:45 parce que ce n'est pas un bon d'achat et je vais sur Amazon.
02:48 Je vais acheter mon livre à la librairie.
02:51 Et donc cette opération de faire revenir des jeunes en librairie fonctionne aussi très bien.
02:57 Ce que j'ai constaté, c'est que le pass culture tel qu'il est fait aujourd'hui,
03:00 d'ailleurs je suis en train de le revoir dans son application et dans son fonctionnement,
03:05 souvent c'est que si vous y allez, c'est que vous connaissez déjà un peu.
03:08 Donc c'est pour inciter ceux qui ne savent pas faire.
03:11 C'est quoi le théâtre ? Certains ne savent pas que la comédie française est un théâtre.
03:15 Et donc comment on éditorialise, comment on incite pour aller notamment accéder à cette culture la plus large
03:21 et qui parfois, il faut le dire aussi, qu'on veut bien réserver que à certains.
03:25 Si on peut s'éviter d'avoir un autre type de public dans des grandes institutions, ça arrange certains.
03:31 Moi je voudrais qu'ils puissent y accéder.
03:32 Et donc on a changé...
03:33 Exemple, moi quand je suis arrivée, j'avais constaté que le pass culture n'est même pas géolocalisé.
03:38 C'est-à-dire que je regarde, je ne sais même pas ce qu'il y a...
03:41 - Autour de chez moi ?
03:42 - Autour de chez moi.
03:43 Et donc là c'est récent, j'ai mis en place la géolocalisation.
03:47 Vous allez sur le pass culture, vous savez qu'est-ce qui les actifie.
03:50 - Tout ce qui vient autour de vous ?
03:50 - Tout ce qui est autour de moi, de chez moi, de mon école,
03:54 et même sur des spectacles un peu exceptionnels.
03:58 Et donc ce qu'on va rajouter sur ce pass culture dit "européen",
04:02 c'est de dire, parce que vous ne pouvez pas connaître votre culture européenne,
04:06 parce qu'on a une culture européenne, regardez les peintres, les artistes, la chanson, l'opéra.
04:11 Nous avons une culture européenne très forte.
04:14 Et donc sur le pass culture européen,
04:16 là, ce que m'a demandé le président de la République,
04:18 c'est de pouvoir l'élargir au niveau européen.
04:20 Ça veut dire quoi ?
04:21 Ça veut dire que si vous voulez connaître votre culture européenne,
04:24 il faut pouvoir voyager.
04:25 Et donc nous souhaitons mettre des actions, des activités culturelles européennes.
04:30 Je vais aller à la Scala, par exemple.
04:31 - Et comment vous y serez ?
04:32 - Il serait dans le pass culture.
04:33 Eh bien on va l'adosser avec le pass rail,
04:36 qui est effectivement l'innovation,
04:37 ce qu'a lancé et souhaitait évidemment le président de la République.
04:40 Nous allons les adosser.
04:41 Donc j'ai demandé au ministère de la Culture de travailler sur ce sujet,
04:44 de dire, nous avons des activités culturelles au niveau européen,
04:48 on l'adosse sur ce pass rail,
04:51 qui est un forfait, où on peut voyager.
04:52 - Et ça c'est pour tous les jeunes de moins de 25 ans ?
04:54 - Le pass culture aujourd'hui est jusqu'à 18 ans,
04:57 et vous pouvez l'utiliser deux ans,
04:59 si vous n'avez pas tout consommé,
05:00 deux ans après les 18 ans.
05:02 Donc je voudrais demain que le pass culture européen
05:05 soit un peu sur le modèle de l'Erasmus.
05:08 L'Erasmus aujourd'hui marche très bien.
05:10 Et donc aujourd'hui, il n'y a plus aucun jeune
05:13 qui ne bénéficie pas d'Erasmus.
05:14 Rappelez-vous quand ça a été lancé,
05:15 on n'est pas non plus du Moyen-Âge,
05:18 mais notre génération,
05:19 mais Erasmus et classe des gens, on ne pouvait pas y accéder.
05:22 C'était que pour les enfants de privilégiés.
05:24 Aujourd'hui, on a des dispositifs qui permettent
05:26 même aux enfants défavorisés de pouvoir y accéder.
05:30 Et donc là, le pass culture européen,
05:31 ça va être une grande innovation.
05:33 Et ça va être...
05:34 Parce que franchement, l'Europe de la culture,
05:37 vous avez vu comme le continent,
05:39 comme les pays sont fracturés,
05:41 comment aujourd'hui, on est dans le rejet de l'autre.
05:43 On parlait de Aya Nakamura à l'instant.
05:46 Vous avez vu ce que ça a déclenché.
05:48 Ça a déclenché pour elle,
05:49 comme moi quand j'étais nommée ministre de la Culture.
05:51 Ce que ça a déclenché...
05:52 - C'est la rachidadette de la chanson ?
05:54 - Non, pas du tout, c'est pas ça.
05:55 C'est qu'il y a des personnes en France
05:57 qu'aujourd'hui, on n'accepte pas encore dans certains milieux.
06:00 Est-ce que c'est normal ?
06:02 Est-ce que Aya Nakamura doit encore faire ses preuves ?
06:04 Comme artiste, vous dites vous-même, est-ce qu'elle a sa place ?
06:07 - Je vous pose la question parce que beaucoup se la posent.
06:09 - N'ayez pas peur, je vous mets pas de preuves.
06:11 Je dis que cette question qui a été posée,
06:12 est-ce que j'ai ma place comme ministre de la Culture ?
06:15 Je n'ai pas fait mes preuves.
06:16 Donc à un moment donné, il faut accepter.
06:18 Il faut accepter.
06:19 Moi, je pense que par la culture,
06:21 c'est aussi, ça n'est même plus de l'intégration,
06:23 ça n'est même plus de l'inclusion,
06:25 c'est une politique d'acceptation.
06:27 - Rachid Adati, je voudrais qu'on parle des livres
06:29 avec cette taxe qui a été envisagée.
06:31 Taxe sur les livres d'occasion.
06:33 C'est le président de la République qui en a parlé,
06:35 l'idée d'une taxe de 3%.
06:37 - Il n'a jamais parlé de 3%, il n'a jamais parlé de taxe.
06:40 Mais bon, allez-y.
06:40 - Alors pas de taxe, il n'y en aura pas ?
06:42 Il n'y en aura pas de taxe sur les livres d'occasion ?
06:44 - Non, mais ce n'est pas binaire.
06:45 Aujourd'hui, un livre sur cinq est acheté d'occasion.
06:48 Souvent, le livre est à peine paru,
06:51 qu'il est déjà vendu dans l'occasion.
06:55 Donc ça impacte qui ?
06:56 Vous savez, moi, j'ai été parlementaire européen,
06:58 j'ai défendu les auteurs et le droit d'auteur.
07:00 C'est une exception, entre guillemets, culturelle française
07:02 que je souhaite défendre.
07:03 D'ailleurs, j'ai été très claire sur l'intelligence artificielle
07:06 qui impacte les auteurs.
07:08 Et ça, je suis très claire.
07:09 - Donc, il y aurait une taxe ou pas ?
07:10 - Sur la défense des auteurs.
07:12 Je vous dis, aujourd'hui,
07:14 il y a le sujet de la rémunération des auteurs,
07:16 mais moi, il y a un secteur que je voudrais préserver.
07:18 Parce qu'aujourd'hui, le livre d'occasion, il sert à quoi ?
07:20 Il sert souvent à des étudiants, des familles défavorisées.
07:23 Souvent, je disais ça tout à l'heure,
07:24 vous avez par exemple,
07:25 moi, je connais une association de femmes
07:28 qui veulent se reconvertir, notamment professionnellement.
07:30 Elles achètent des livres d'occasion pour se former.
07:33 - Et justement, si on augmente le prix de ces livres,
07:35 elles n'auront plus accès ?
07:36 - Ce secteur de l'économie solidaire, je veux le préserver.
07:38 Simplement, il faut pouvoir quand même rémunérer les auteurs,
07:42 parce que si on rémunère mal les auteurs,
07:43 on aura moins de livres, pour ne pas dire pas de livres.
07:46 Et je veux préserver ce secteur.
07:48 - Donc, taxer les plateformes, par exemple ?
07:49 - Les plateformes, on pourrait les taxer,
07:51 mais elles vont faire quoi ?
07:52 - Répercuter le prix.
07:53 - Voilà.
07:54 Donc, aujourd'hui, et puis si vous voulez taxer les plateformes,
07:57 ça va être à une échelle européenne.
07:59 Et si vous allez à un niveau européen,
08:01 qu'est-ce qu'on percute ?
08:02 On va percuter le cadre européen.
08:03 Le cadre européen, aujourd'hui, il concerne qui ?
08:07 Les auteurs et les droits d'auteur.
08:08 Et je sais que les éditeurs et les auteurs
08:10 ne souhaitent pas qu'on rouvre ce débat
08:12 qui, aujourd'hui, préserve les droits d'auteur.
08:14 Donc, aujourd'hui, je suis en train de réfléchir.
08:16 J'ai trouvé à peu près un petit dispositif
08:18 qui permettrait de revaloriser la rémunération des auteurs
08:23 sans toucher à ce secteur,
08:24 je vais dire que je peux qualifier d'économie solidaire.
08:27 Moi, je ne veux pas, pour toute une population
08:30 qui accède à la lecture par le livre d'occasion,
08:32 qui accède aux rêves et à l'imagination
08:35 par ce livre d'occasion, qu'il puisse être percuté.
08:37 - Rachida Dati, j'ai encore deux petites questions.
08:39 Cette une, d'abord, de Libération, cette semaine,
08:41 j'imagine, vous l'avez vu, le journal qui évoque
08:43 votre mise en examen dans l'affaire Renault
08:45 et qui assure que vous auriez travaillé
08:49 pour un autre grand groupe, Orange.
08:50 Vous auriez, et je cite Libération,
08:53 "touché plus de 800 000 euros comme avocate d'Orange"
08:55 alors que vous étiez députée européenne.
08:57 Est-ce que c'est vrai ?
08:58 Est-ce que vous avez travaillé pour Orange ?
08:59 - Madame Bégaud, d'abord, vous n'êtes pas procureure.
09:02 - Non, mais je vous pose la question
09:03 parce que vous n'avez pas répondu et qu'il y a ces informations.
09:06 - Plus je nage, je travaille.
09:07 J'ai toujours travaillé.
09:09 Moi, je considère que la politique, c'est une mission,
09:11 ce n'est pas un métier.
09:12 Moi, j'ai un métier, j'ai été magistrat,
09:14 c'est comme ça que j'ai pu devenir, avocate.
09:16 Donc, je suis avocate.
09:17 C'est autorisé par la loi, vous pouvez être parlementaire,
09:20 élu et être avocate.
09:21 Et donc, mes contrats, parce qu'évidemment,
09:24 ils ne citent pas, c'est sûr, plus d'une dizaine d'années,
09:27 j'ai eu des contrats qui sont légaux
09:29 et qui sont évidemment reconnus.
09:31 Je suis avocate.
09:32 Vous recevez très régulièrement ici des avocats qui sont élus.
09:36 Vous avez dû...
09:36 J'ai bien connu Robert Badinter.
09:38 Est-ce que vous lui avez posé des questions sur ses clients ?
09:40 Vous avez reçu Arnaud Montebourg.
09:42 Est-ce que vous lui avez posé des questions sur ses clients ?
09:44 Vous avez reçu François Baroin.
09:46 Est-ce que vous lui avez posé des questions sur les clients ?
09:48 Pourquoi moi ?
09:49 Et je veux dire, ce journal contre lequel, ça fait déjà...
09:52 Nous en sommes à la troisième plainte, mais ça n'est pas très grave.
09:55 Est-ce que ce journal qui est subventionné par la mairie de Paris,
09:58 qui s'attaque à Rachida Dati,
10:00 est-ce que c'est déontologique ?
10:02 Est-ce qu'il n'y a pas un conflit d'intérêt ?
10:04 Et donc, que la mairie de Paris se serve de ce journal,
10:07 puisque le journaliste est un ami de madame Hidalgo,
10:09 pour pouvoir m'attaquer sur quelque chose de légal.
10:12 Est-ce que c'est normal ?
10:13 Est-ce que je n'ai pas le droit de travailler ?
10:14 Est-ce que je n'ai pas le droit d'être avocate ?
10:16 Est-ce que je...
10:17 Moi, je ne vis pas, contrairement à la maire de Paris,
10:19 je ne vis pas sur l'argent public.
10:22 Elle se paye ses vêtements, son coiffeur, ses voyages.
10:25 Moi, je n'utilise pas les données publiques.
10:27 C'est pour ça que je veux avoir un métier à côté,
10:30 qui me permet d'être indépendante.
10:31 Parce que si je ne l'étais pas,
10:32 je pense que j'aurais disparu de la scène publique.
10:35 Parce que ce n'est pas la première fois qu'on essaie, évidemment, de s'attaquer à moi.
10:39 - Mais je viens de vous reprocher,
10:40 mais c'est normal que je vous pose la question ce matin.
10:42 - Vous poserez à madame Hidalgo comment vit-elle,
10:46 comment elle se paye son train de vie,
10:48 ça serait intéressant.
10:48 Mais vous poserez aussi aux élus qui sont avocats,
10:51 que vous recevez dans votre émission,
10:52 demandez-leur s'ils ont des clients
10:54 et s'ils ont des contrats sur plusieurs années.
10:57 Voilà, c'est la question.
10:58 Si vous voulez être en termes d'égalité,
11:01 vous pouvez poser la question, les mêmes questions aux autres.
11:03 - Merci beaucoup Rachida Dati.
11:05 - Vous restez avec nous Rachida Dati puisque...