Écoutez l'interview de la ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités.
Regardez L'invité de RTL du 08 avril 2024 avec Yves Calvi.
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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 Il est 7h42, excellente journée à vous tous qui nous écoutez. Bonjour Catherine Vautrin.
00:11 Bonjour, Roy Estelvit.
00:12 Vous êtes notre ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités.
00:15 C'est d'abord à la responsable de notre santé que je m'adresse ce matin.
00:18 Gabriel Attal a annoncé ce week-end toute une série de mesures pour faciliter l'accès aux soins des médecins parlés français.
00:24 En particulier cette fameuse taxe lapin, en l'occurrence le fait de payer pour les rendez-vous n'étant pas annulés moins de 24h avant.
00:31 Vous pensez cette mesure vraiment efficace ?
00:33 Vous savez, le sujet est très clair. D'un côté on nous parle de déserts médicaux, de difficultés potentielles d'accès aux soins.
00:38 Et de l'autre côté, 27 millions de rendez-vous ne sont pas honorés chaque année.
00:42 En d'autres termes, des gens prennent rendez-vous et ne vont pas à leur rendez-vous.
00:45 Et du temps perdu, du gaspillage et du manque de respect pour les médecins.
00:48 Donc quelque part responsabilisé, je prends rendez-vous, j'y vais, je peux avoir un empêchement, je m'excuse.
00:54 Je ne me suis pas excusée, j'ai à payer 5 euros.
00:57 C'est une somme qui peut sembler forte pour certains, insuffisante pour d'autres.
01:01 En tout cas, la santé n'est pas gratuite et c'est logique que quand je prends un rendez-vous, je l'honore.
01:05 Alors on comprend parfaitement ce que vous venez de nous décrire, mais j'ai envie de vous dire comment ça se passe.
01:09 Le patient laissera son empreinte de carte bleue en prenant rendez-vous sur la plateforme par exemple ?
01:12 Tout à fait, c'est aussi simple que ça. On le fait pour d'autres choses dans notre pays aujourd'hui.
01:16 Et l'argent est collecté par le médecin.
01:18 C'est d'ailleurs, si ça n'a pas été fait sur la plateforme, c'est le médecin qui à ce moment-là peut le collecter.
01:23 Et c'est aussi le médecin qui est capable de juger.
01:25 C'est parce que la personne peut avoir au dernier moment un empêchement.
01:29 Mais l'idée, c'est vraiment de dire "je ne peux pas, 24 heures avant, je téléphone et je m'excuse".
01:33 Il ne vous a pas échappé qu'il y a encore plein de médecins qui ne sont pas sur les plateformes ?
01:37 Oui, mais dans ces cas-là, de nombreux médecins ont des secrétariats qui appellent pour confirmer les rendez-vous.
01:42 La personne a confirmé son rendez-vous.
01:44 À ce moment-là, le médecin pourra toujours lui redemander 5 euros quand il le reverra.
01:49 Donc c'est le médecin qui dira si oui ou non, il prélève le patient ?
01:52 C'est le médecin qui dira s'il prélève le patient.
01:54 On comprend très bien l'idée.
01:55 On comprend aussi, j'ai envie de vous dire, à la fois la morale et tout simplement l'éducation.
02:02 Le respect, oui, bien sûr.
02:03 Mais est-ce que ce n'est quand même pas une usine à gaz ?
02:06 Vous savez...
02:07 Et comment on la fait tourner l'usine à gaz ?
02:08 On a un certain nombre de nos concitoyens qui malheureusement ne respectent pas d'autre chose que cette notion de participer.
02:16 Moi, je veux rappeler une chose importante aujourd'hui,
02:19 qui est que la santé a un coût et que d'autre part, le temps médical mérite d'être préservé pour toutes celles et ceux qui ont besoin d'être soignés.
02:26 En d'autres termes, respecter son rendez-vous et l'honorer, c'est normal.
02:30 Si certains doivent être quelque part obligés de payer parce qu'ils ne se sont pas excusés,
02:36 c'est dommage d'en arriver là.
02:37 Mais je crois que cela procède de la nécessité de responsabiliser chacun.
02:42 Alors, autre piste annoncée par Gabriel Attal ce week-end,
02:44 le fait de ne plus avoir besoin de passer par un médecin généraliste pour aller chez le kiné ou chez un spécialiste.
02:50 Là encore, les généralistes ne sont pas contents.
02:52 Ils expliquent que ça va encore prolonger les délais d'attente pour les rendez-vous chez les spécialistes, cardiologues, dermatologues, etc.
02:57 Qu'est-ce que vous leur répondez ?
02:58 C'est une expérimentation.
03:00 Vous avez vu que le Premier ministre a demandé qu'on fasse une expérimentation dans 12 régions de l'Hexagone et d'un département outre-mer.
03:08 Donc, l'idée, là encore, c'est de voir comment on peut gagner du temps médical.
03:12 Notre sujet, pour être très clair, nous payons quoi ?
03:14 Nous payons ce qui s'est passé depuis des années, c'est-à-dire qu'on limitait la formation du nombre de médecins.
03:20 Aujourd'hui, il ne vous a pas échappé que de nombreux médecins partent en retraite
03:23 et que celles et ceux qui sont formés ont besoin de 10 ans pour être formés.
03:27 Et j'insiste sur un point qui est qu'évidemment, la qualité de la formation reste la même.
03:32 À partir de là, on sait que nous avons encore deux années très tendues.
03:36 Et c'est la raison pour laquelle le Premier ministre a annoncé plusieurs mesures
03:40 qui ont pour objectif de garder du temps médecin.
03:42 - Dans quelle région ça va se jouer tout ça ?
03:44 - Le Premier ministre nous a demandé de les déterminer, donc ça n'est pas encore fait.
03:47 Mais c'est dans quel département, puisque c'est une par région.
03:51 Et après, à nous de regarder dans chacun des départements.
03:54 On va le faire dans les semaines qui viennent avec mon ministre délégué Frédéric Velton.
03:56 - Pardonnez-moi, dans les semaines qui viennent, c'est très vague.
03:59 Est-ce qu'on peut avoir une date un peu plus précise ?
04:01 Je pense que tout le monde se sent concerné.
04:03 - Nous sommes en train de travailler sur le sujet, donc cela va venir dans les meilleurs délais.
04:07 Je n'ai pas de date préconisée ce matin. - Avant l'été ?
04:09 - Au moins pour la rentrée.
04:10 - Au moins pour la rentrée.
04:11 Vous souhaitez également que les pharmaciens prescrivent eux-mêmes les antibiotiques
04:14 pour des angines bactériennes ou des cystites dans leur officine après un simple test.
04:19 Ils sont compétents pour le faire ?
04:20 - Ça c'est une accélération.
04:21 C'était déjà dans le projet de loi de finances pour 2024.
04:25 C'est ce qu'on appelle les trottes.
04:26 C'est-à-dire que vous arrivez chez votre pharmacien,
04:29 il fait un test pour vérifier que cette infection bactérienne résiste ou pas aux antibiotiques.
04:34 Et à ce moment-là, il vous délivrera les antibiotiques.
04:36 - Ma question était, sont-ils compétents pour le faire ?
04:38 Est-ce qu'on va faire son analyse d'urine derrière le comptoir ?
04:41 - Ils sont formés, ils ont des pièces pour le faire.
04:43 Je pense que les pharmaciens ont montré, notamment pendant toute la période Covid,
04:46 combien ils avaient une capacité à faire un certain nombre d'actes.
04:50 Regardez tout ce qu'ils ont fait en matière de vaccination par exemple.
04:53 - Là aussi, c'est le problème des médecins qui lui en manque aujourd'hui ?
04:56 - C'est clairement un engagement très fort.
04:57 Vous l'avez vu, nous avions 8 150 places en deuxième année de médecine en 2017.
05:03 En 2023, on en a 10 700.
05:05 Donc vous voyez, le gouvernement est en marche pour augmenter la formation des médecins.
05:08 Maintenant, former un médecin, ça prend 10 ans et c'est tout notre sujet.
05:11 - Alors, l'actualité de la semaine, Madame la Ministre,
05:13 c'est aussi évidemment la présentation mercredi en Conseil des ministres du projet de loi
05:17 sur la fin de vie et l'aide active à mourir.
05:19 Vous vous accompagnez du texte de plusieurs annonces sur les soins palliatifs.
05:23 Aujourd'hui, 20 départements ne disposent toujours d'aucun service dédié.
05:27 Et ça fait des années et des années que les gouvernements successifs s'y engagent sans résultat.
05:31 On est d'accord, ce manque est scandaleux ?
05:33 - Bien sûr, ce manque est dramatique puisque un Français sur deux,
05:37 aujourd'hui, ne peut pas bénéficier de services de soins palliatifs.
05:42 Donc c'est extrêmement important.
05:44 Et de la même manière, nous avons un sujet pour les enfants,
05:48 puisque un enfant sur trois est pris en charge.
05:50 D'où ce plan de soins palliatifs extrêmement volontaire qui repose sur trois idées.
05:55 La première idée, c'est le développement d'une prise en charge adaptée
05:58 avec une augmentation du nombre de places pour être très concrète.
06:00 Aussi bien à l'hôpital, aussi bien à l'hôpital.
06:03 L'idée, c'est de passer de 166 à 190 services d'unités de soins palliatifs.
06:09 C'est plus 300 lits pour être tout à fait précise.
06:12 Avec un point très important, qui est qu'on sait que d'ici 2035,
06:17 on aura une augmentation de 16% des besoins de lits en soins palliatifs.
06:22 Mais l'idée, c'est de rattraper le retard et d'anticiper les besoins à venir.
06:26 - Quels seront les départements prioritaires ?
06:29 - Les premiers départements qui vont être équipés sont ceux qui ne le sont pas aujourd'hui.
06:33 Je vous donne un exemple, il y a 15 jours, j'ai annoncé un équipement en Corres
06:38 pour prendre cet exemple, puisqu'il est logique de commencer par les 20 départements
06:42 qui aujourd'hui ne sont pas encore équipés.
06:44 - Je sais qu'on en demande toujours plus, mais plus d'un milliard sur 10 ans,
06:47 ça ne représente que 100 millions par an. Est-ce que c'est suffisant à vos yeux ?
06:49 - C'est tout à fait important et c'est d'autant plus important
06:52 que nous avons travaillé sur trois idées.
06:54 Premièrement, nombre de places, on vient d'en parler.
06:56 Autour de cet équipement, nous mettons en place également des maisons spécifiques,
07:00 les maisons d'accompagnement, qui auront pour objectif d'accompagner
07:04 les personnes qui ne relèvent plus forcément de l'hôpital,
07:06 mais qui ne peuvent pas rentrer à la maison, tout simplement parce qu'ils sont seuls
07:09 ou parce que la maison n'est pas organisée pour qu'ils puissent revenir à la maison.
07:14 Donc ça, c'est complètement nouveau, mis en place.
07:16 Deuxième élément dans ce texte de loi très important, c'est la reconnaissance des aidants.
07:20 Parce que le rapport que nous avons fait faire au professeur Chauvin
07:24 démontre bien qu'il y a un besoin de place, mais également un besoin d'accompagnement.
07:28 C'est à le bien-être du patient que nous essayons de mettre en place.
07:32 Du soin palliatif, mais de l'accompagnement et notamment de la présence.
07:35 Le troisième point très important, notre pays n'était pas organisé en matière de soin palliatif.
07:40 Il n'y avait pas de formation, pas de filière universitaire.
07:44 Nous créons cette filière universitaire.
07:46 Ce sont des professeurs d'université, des chefs de clinique, des assistants-chefs de clinique.
07:50 Cela veut donc dire que les étudiants, dans leur formation médicale,
07:53 auront une formation au soin palliatif et donc au continuum de la douleur.
07:57 Ce qui veut dire aussi que ça va prendre du temps.
08:00 La loi sur l'aide active à mourir sera votée l'an prochain.
08:03 Les services de soin palliatif vont mettre plusieurs années à voir le jour, on l'a compris.
08:06 Mais est-ce qu'on ne prend pas le problème à l'envers ?
08:08 Non, parce qu'on commence précisément par mettre en place plus de soin palliatif.
08:13 Tout simplement parce que dans le texte de loi,
08:15 nous proposons à une personne qui souhaite bénéficier de l'aide active à mourir,
08:19 de pouvoir bénéficier de soin palliatif.
08:20 Encore faut-il qu'il y ait des soins palliatifs.
08:22 C'est la raison pour laquelle, dès cette année,
08:24 nous nous engageons à avancer sur les soins palliatifs.
08:28 Donc quand la loi sera définitivement votée,
08:31 il y aura eu déjà une amélioration de l'accès aux soins palliatifs dans notre pays.
08:35 On va devenir un pays normal ?
08:37 Je ne sais pas quelle est votre définition d'un pays normal ?
08:40 C'est-à-dire qui prend soin tout simplement de ses patients
08:45 et aussi de ceux qui approchent de leur mort.
08:47 Alors le système de santé français prend soin évidemment des français
08:51 et heureusement ça reste un élément extrêmement important.
08:53 S'occuper des personnes en fin de vie, quel que soit leur âge,
08:56 puisqu'il ne faut pas oublier que quand on parle de soins de fin de vie,
09:00 on parle de pathologie, donc de gens qui peuvent être à tout âge de la vie,
09:03 il est indispensable que la société s'occupe d'eux, les écoute.
09:07 Le sens de ce texte, c'est le patient, rien que le patient, tout le patient.
09:11 Autre sujet polémique en quelques mots s'il vous plaît.
09:15 Augmentez le nombre de jours de carence pour les salariés du privé.
09:17 La piste est-elle vraiment sérieuse ?
09:19 C'est une nouvelle source d'économie au détriment du salarié, on dit parfois.
09:22 Très concrètement, les indemnités journalières,
09:24 c'est plus de 10 milliards d'euros dans notre pays.
09:27 Qu'on regarde la façon dont cela fonctionne et les pistes d'économie,
09:31 comme tout dispositif public,
09:32 il n'y a pas de bonne politique publique qui ne soit évaluée.
09:34 Merci Catherine Vautrin, ministre de la Santé.
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