Texte sur la fin de vie, Nouvelle-Calédonie, majorité qui mouille la chemise pour les Européennes... Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée nationale, est l'invitée de Amandine Bégot.
Regardez L'invité de RTL avec Amandine Bégot du 27 mai 2024
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00:00RTL 7h44, excellente journée à vous tous qui nous écoutez, Amandine Migaud, vous recevez ce matin la présidente de l'Assemblée Nationale, Yael Broun-Pivet.
00:10Yael Broun-Pivet, avant d'aborder ce projet de loi fin de vie qui arrive donc aujourd'hui à l'Assemblée, un mot si vous le voulez bien des élections européennes.
00:16On est, ça y est, entré dans la dernière ligne droite, la campagne officielle a débuté cette nuit à minuit, elle s'achèvera le 7 juin et le 9 juin ce sera le vote.
00:26Le Rassemblement National est toujours à 30% au plus dans tous les sondages, la liste Renaissance elle fait deux fois moins, 15-16%.
00:35Si ces intentions de vote se confirment, Emmanuel Macron sera-t-il contraint de dissoudre l'Assemblée Nationale ?
00:40Écoutez, il n'y a pas de lien entre les élections européennes et les élections législatives et la façon dont on exerce ici en France les responsabilités.
00:53Maintenant, il faudra effectivement, évidemment, entendre ce que nous diront les Français.
00:57Et tirer des leçons ?
00:58Et en tirer des leçons, évidemment.
01:00Si on a une extrême droite peu ou pro à plus de 35% si on cumule les voix des uns et des autres, ça sera un fait politique majeur.
01:08Et pour moi, il n'est pas acquis et donc, vous l'avez rappelé, nous avons encore 15 jours de campagne.
01:14J'étais samedi sur le terrain à Chartres et au Mans pour une réunion publique, pour faire un tractage, pour faire du porte-à-porte.
01:22Je serai en réunion publique cette semaine, mercredi, à Paris.
01:25Il faut qu'on continue à faire campagne jusqu'au bout, c'est fondamental.
01:29Vous savez, les résultats des élections, surtout les élections européennes, sont rarement conformes aux sondages.
01:37Et donc, moi, je ne me résigne pas à voir l'extrême droite dans mon pays représenter plus d'un tiers des scrutins exprimés.
01:45Mais tirer les leçons, Yael Brune-Pivet, très concrètement, ça veut dire quoi ?
01:48Imaginer un gouvernement de coalition ?
01:51Ça veut dire que manifestement, nous n'arrivons pas aujourd'hui à répondre pleinement aux attentes des Français
01:59dans la façon dont nous faisons de la politique et dans les résultats que nous obtenons.
02:03Donc il faudra évidemment que, collectivement, on s'interroge.
02:07Je pense qu'il y a des actions à mener, on en discutera tous ensemble.
02:11Mais en tout cas, je pense qu'on ne pourra pas passer, faire comme si de rien n'était.
02:16En revanche, évidemment, pas une conséquence aussi majeure que la dissolution de l'Assemblée nationale.
02:21De toute façon, comme vous le savez, c'est la prérogative unique qui appartient au Président de la République.
02:27Mais moi, je suis aujourd'hui à la tête d'une Assemblée nationale qui remplit pleinement sa mission.
02:32Elle délibère, elle légifère.
02:35Vendredi, j'ai pris la présidence pour veiller au débat sur la loi agricole qui est tellement attendue par nos agriculteurs.
02:44Nous avons siégé pendant 14 heures d'affilée, nous avons examiné le texte et j'invite tous vos auditeurs à regarder les débats.
02:50C'était passionnant. Les députés de tout bord politique s'écoutaient, construisaient un texte, allaient chercher le compromis.
02:58Et donc l'Assemblée nationale, aujourd'hui, est une maison démocratique qui représente tous les partis politiques et qui avance.
03:07Et nous allons en parler, justement, pour le texte que nous allons examiner aujourd'hui.
03:12A ma question, ça veut dire un compromis ? Un gouvernement de compromis, par exemple ?
03:16Ça, c'est imaginable ? DLR aux socialistes ?
03:18Mais vous savez, aujourd'hui, à l'Assemblée nationale, c'est ce que nous faisons tous les jours.
03:22Mais donc, ce que vous dites aujourd'hui, inspirez-vous de l'Assemblée ?
03:25Oui, bien sûr. Parce que l'Assemblée nationale, c'est le lieu du dialogue, c'est le lieu avec le Sénat aussi.
03:33Nous avons continuellement des compromis, nous savons les faire.
03:37Je pense que c'est la vision du Président de la République de 2017, le dépassement, le rassemblement, c'est bien ça.
03:45Mais non, il ne l'a pas oublié. Mais non, bien au contraire, c'est ce que nous faisons au quotidien.
03:49Donc peut-être qu'il faut le faire encore davantage pour pouvoir mieux répondre aux attentes des Français.
03:54Venons-en à ce projet de loi autour de la fin de vie. Début de l'examen du texte, je le disais aux premières lectures aujourd'hui à l'Assemblée.
04:00On le sait, c'est un sujet qui divise, d'autant que ce texte qui va être débattu n'est pas celui voulu par le gouvernement.
04:07Il y a deux points majeurs, Yael Broun-Pivet, qui ont été modifiés en commission, qui pourront d'ailleurs encore l'être.
04:12On le rappelle bien sûr à l'Assemblée, puis au Sénat, puis de nouveau à l'Assemblée.
04:15J'aimerais qu'on s'y arrête un instant.
04:17La notion d'abord de pronostic vital engagé à court et moyen terme, qui a été remplacée par ces mots, une maladie en phase avancée ou terminale.
04:26Ça permet d'élargir le nombre de personnes potentiellement concernées des malades, par exemple de la maladie de Charcot.
04:33Est-ce que vous y êtes favorable ?
04:34D'abord, je voudrais vous dire que je suis très satisfaite que l'Assemblée nationale puisse enfin débattre d'un texte sur la fin de vie.
04:42Je le réclamais depuis longtemps.
04:44Je m'en étais entretenue à plusieurs reprises avec le président de la République.
04:48J'avais été de celle qui avait signé un certain nombre de tribunes, soutenu des propositions de loi qui étaient venues.
04:54Donc nous le souhaitions ardemment.
04:56Et donc je suis extrêmement satisfaite de voir que ça arrive enfin et que nous allons pouvoir en débattre.
05:02Et moi, je présiderai la quasi intégralité des débats parce qu'il me semble que ce sujet mérite vraiment qu'on puisse avoir un débat parlementaire de qualité.
05:12Et donc j'espère et je veillerai à ce qu'à l'Assemblée nationale, nous ne voyons pas des scènes qui parfois déplaisent considérablement nos compatriotes,
05:21de débats agités, irrespectueux.
05:24Je veillerai à ce que les débats se tiennent bien.
05:26C'est fondamental, nous leur devons.
05:28Les sujets que vous évoquez sont des sujets qui vont être au cœur de ces débats.
05:33Parce qu'il s'agit de définir à qui cette aide à mourir va pouvoir s'appliquer.
05:39C'est fondamental.
05:40Lorsque l'on regarde ce qui se passe dans les autres pays, à l'étranger, on voit que chacun a adopté un modèle un petit peu différent.
05:48Donc il nous revient d'adopter le modèle à la française, qui correspond à notre culture, qui correspond à notre histoire, à nos croyances, à ce que nous pensons être le plus juste.
05:59Et ce modèle, évidemment, nous allons l'affiner pendant les débats.
06:05Donc je me garderai bien de répondre précisément à la question que vous venez de me poser sur les cas d'ouverture.
06:11Et bien sûr que j'ai un avis personnel.
06:15Mais comme je vous le disais, moi je suis garante maintenant de la bonne tenue des débats et du fait qu'ils vont pouvoir se dérouler le mieux possible.
06:22Et que chacun va pouvoir exprimer ses opinions.
06:24Il va y avoir des opinions très différentes qui s'expriment.
06:26On voit déjà que là nous avons un des nœuds du débat parlementaire avec un désaccord qui se fait jour entre le gouvernement et le parlement.
06:36Je sais qu'un certain nombre de députés, quand ils ont voté cette modification, pensaient au contraire que ça allait restreindre.
06:44Et donc, vous voyez, c'est là tout l'intérêt de cette discussion.
06:48Le gouvernement semble très attaché à son texte.
06:50Oui, parce que l'objectif c'est d'avoir vraiment des cas qui soient le plus précisément définis, de ne pas ouvrir trop largement les situations.
07:00Mais à nouveau, je vous dis, il y a des députés qui ont voté la modification en pensant qu'il restreignait alors que finalement il s'avérait que probablement ça ouvre les cas.
07:10Donc vous voyez, il va falloir qu'on réfléchisse à tout ça.
07:12Ce ne sera pas le texte du gouvernement ?
07:14Mais bien sûr que non.
07:16Le parlement n'est pas une chambre d'enregistrement.
07:18L'Assemblée Nationale remplit sa mission.
07:22Sa mission c'est de faire la loi.
07:24La loi qui concerne la création d'une aide à mourir est strictement la compétence du législateur.
07:30Et donc le gouvernement nous fait une proposition.
07:34Il va être au banc et présente des amendements pour revenir au texte initial.
07:40Le parlement va délibérer.
07:42C'est sa mission et c'est ce qu'attendent de lui les Français.
07:44Ces débats doivent durer deux semaines.
07:47Le vote ce sera le 11 juin, vous nous le confirmez ?
07:49Écoutez, j'ai un peu plus de 3000 amendements qui ont été déposés.
07:53Je voudrais le noter aussi, c'est beaucoup.
07:56Beaucoup moins qu'on en a vu sur d'autres projets de loi.
07:59Ce que j'allais dire, il n'y a aucune obstruction de quiconque.
08:03C'est important.
08:04Les parlementaires ont décidé vraiment que le débat aurait lieu.
08:07Et personne n'a décidé de bloquer ce débat.
08:09Je trouve que c'est à saluer.
08:11Parce qu'on a vu dans le passé des situations inverses.
08:15Et ce n'est pas ce que nous voyons.
08:16Donc moi je suis très confiante.
08:18Deux semaines de débat avec plus de 3000 amendements.
08:21Aujourd'hui je ne peux pas vous dire si nous pourrons examiner l'ensemble du texte dans ce délai-là.
08:27Parce que moi je suis convaincue que nous devons avoir un débat qui prend le temps.
08:35Nous ne pouvons pas écourter ce débat.
08:38Nous ne pouvons pas accélérer.
08:40L'objectif c'est qu'il soit applicable avant la fin du quinquennat ?
08:43Voilà, l'objectif final c'est effectivement une adoption avant la fin du quinquennat.
08:48Donc probablement deux lectures dans chaque chambre.
08:51Et j'espère un texte de compromis entre l'Assemblée nationale et le Sénat.
08:54Un tout dernier mot Yael Brune-Pivet sur la situation en Nouvelle-Calédonie.
08:58Vous faisiez partie de ceux qui disaient il faut reporter la réforme, reporter le congrès.
09:03Emmanuel Macron a dit ce week-end, a agité l'idée en tout cas d'un référendum national autour de cette réforme.
09:10Qu'est-ce que vous dites ? C'est dangereux.
09:12J'ai cru comprendre qu'il ne faisait que rappeler la Constitution.
09:15Je pense que ce n'est pas à l'ordre du jour.
09:17En tout cas aujourd'hui, ce qu'il faut, ce qui doit être à l'ordre du jour,
09:20c'est un, le retour au calme, et deux, le retour à la table des négociations.
09:23Ce n'était pas une menace ?
09:25À mon sens, non.
09:27Mais ce que je sais, c'est qu'il faut absolument retrouver le chemin du dialogue.
09:31C'est comme ça que les gens peuvent vivre ensemble.
09:34Vous savez, en Nouvelle-Calédonie, les kanaks ne partiront pas,
09:38et les personnes qui sont les loyalistes non plus.
09:41En fait, ils sont, j'ai envie de vous dire, condamnés à vivre ensemble.
09:44Et donc, nous devons tous nous élever.
09:47L'année dernière, j'ai inauguré à l'Assemblée Nationale
09:50une salle pour Jacques Lafleur, en l'honneur de Jacques Lafleur et de Jean-Marie Thibault.
09:54Deux hommes tout opposés, mais qui se sont serrés la main
09:57et qui ont accepté de signer un accord.
09:59Nous devons aujourd'hui nous mettre à la hauteur.
10:01Nous sommes des hommes et des femmes politiques.
10:03Nous devons nous mettre à la hauteur de ceux-là, de ceux qui ont fait la paix.
10:07Et c'est ça aussi le compromis que vous appeliez de vos vœux.
10:09Merci beaucoup.