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François Bayrou a présenté sa feuille de route lors de son discours de politique générale. Écoutez l'interview de Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée Nationale.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 15 janvier 2025.

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Transcription
00:00RTL Matin
00:04L'invité d'RTL Matin, et ce matin Thomas, vous recevez donc la présidente de l'Assemblée Nationale, Yael Broun-Pivet.
00:09Bonjour et bienvenue sur RTL, Yael Broun-Pivet.
00:11Bonjour.
00:12Les enfants ne sont pas comme les poireaux, ils ne poussent pas tous à la même vitesse.
00:15Voilà pour le style Bayrou hier lors de son discours de politique générale à l'Assemblée.
00:19Mais sur le fond, et avant d'entrer dans le détail, notamment la question des retraites,
00:23est-ce que vous avez compris concrètement la politique que va mener le Premier Ministre ?
00:29Écoutez, le Premier Ministre arrive dans des circonstances extrêmement particulières après une censure du gouvernement Barnier
00:36et il lui revient de réussir à trouver un consensus le plus large possible pour pouvoir gouverner notre pays,
00:42faire qu'il y ait un budget, puis après mener un certain nombre de réformes.
00:46Ça c'est le cadre.
00:47Ça c'est le cadre.
00:48Mais c'est important le cadre, parce que lorsqu'il se prononce sur un certain nombre de sujets
00:52qui font partie des préoccupations les plus importantes des Français,
00:56il nous a donné des directions, des...
00:59C'est clair.
01:00Mais justement, je pense qu'il ne faut surtout pas dans les circonstances actuelles faire un catalogue de mesures précises,
01:07parce que ce serait voué à l'échec dans l'Assemblée telle qu'on la connaît.
01:12Puisque après, il faut, quand on fixe une direction, mener des réformes avec les parlementaires,
01:19avec les groupes politiques, faire des concertations.
01:22Et donc moi je préfère un Premier ministre qui vient nous dire
01:25« Je vais concerter sur tel tel tel sujet et nous allons ensemble construire les réformes qui sont nécessaires aux Français »
01:31plutôt qu'un Premier ministre qui arrive avec un programme extrêmement précis
01:35dans une Assemblée dans laquelle il n'a pas de majorité.
01:37Donc il vous a plutôt convaincu ?
01:38Donc pour cela, je trouve que c'est de bonne méthode.
01:40Mais en tout cas, LFI n'a pas été convaincu.
01:42Les députés écologistes et communistes non plus qui ont déposé une motion de censure.
01:45Elle sera débattue et mise au voie quand, cette motion de censure ?
01:48Cette motion sera débattue demain jeudi à partir de 15h et mise au voie donc vers 17h30.
01:54Les socialistes hésitent, ils ne savent pas encore s'ils vont la voter à cause de la question ultra sensible
01:58de la réforme des retraites qu'on évoquait avec François Langlais.
02:01Sur cette question, François Bayrou n'a pas prononcé les mots « suspension » ni « abrogation ».
02:05En revanche, il met le sujet entre les mains des partenaires sociaux
02:08qu'il va faire entrer en conclave pendant trois mois.
02:11C'est une bonne solution ça ?
02:12Ce n'est pas une erreur de ne pas avoir appuyé sur « pause » ?
02:15Je pense que ce qui est important c'est d'une part d'objectiver les chiffres.
02:18Moi je me souviens des débats sur les retraites.
02:20Tout le monde avait un chiffre à l'esprit et ce n'était jamais le même.
02:25Donc si on arrive à objectiver un petit peu la situation de notre régime de retraite
02:29avec un rapport de la Cour de compte, je pense que c'est une bonne chose.
02:32Il a dit qu'il y aurait une mission flash qui va donner un diagnostic précis.
02:35Exactement, donc ça c'est important.
02:37Après, re-réunir les partenaires sociaux autour de ce sujet.
02:41Moi je trouve que c'est important, on sait tous quoi.
02:43Un, qu'il fallait faire cette réforme parce qu'on a un problème de financement.
02:46On est tous d'accord.
02:47Mais ce qu'il ne fallait pas appuyer sur « pause », c'est ce que vous disiez dimanche.
02:49Moi ce que je dis c'est qu'il faut absolument se remettre autour de la table des discussions,
02:52c'est ce qui va être fait.
02:53Maintenant ce qui est important, c'est qu'on voit que si les partenaires sociaux
02:57réussissent à se mettre d'accord sur une amélioration de cette réforme des retraites.
03:01Pénibilité, carrière des femmes, le sujet des carrières longues, du travail des seniors,
03:08même si c'est indirectement lié à la réforme des retraites,
03:11on voit bien à quel point c'est important pour son équilibre.
03:13Et bien dans ces cas-là, sur ces points-là, il faudra revenir devant le Parlement.
03:17Il faudra revenir, parce que ça les socialistes disent « c'est bien les partenaires sociaux,
03:20mais il faudra que ce soit un sujet traité par le Parlement ».
03:22Ce que là je suis en train de vous dire, c'est qu'on n'est pas obligé de repartir à chaque fois d'une page blanche.
03:27On peut très bien avoir enjoint un débat au Parlement sur les carrières des femmes,
03:33sur les dispositifs qu'ils ont trouvés les partenaires sociaux pour améliorer la réforme sur ce plan-là.
03:38On peut très bien avoir un débat au Parlement et un vote sur les questions de pénibilité.
03:43On n'est pas obligé de repartir complètement à zéro.
03:46Il s'agirait d'améliorer la réforme des retraites en ce qu'elle a des imperfections.
03:50Il faut l'améliorer ou il faut vraiment la chambouler ?
03:52Justement, on n'a pas le temps de tout chambouler.
03:54En trois mois, on ne va pas passer de la réforme plus paramétrée qu'à une réforme par points
04:01ou à un changement total de la réforme des retraites.
04:04Il a dit qu'il n'a pas de tabou François Bayrou.
04:05Il n'a pas de tabou, mais en trois mois, reconnaissez que c'est difficile de changer le système de tout en tout.
04:11Ça veut dire qu'une remise en cause de l'âge légal de départ à 64 ans, ça ne vous paraît pas réaliste en trois mois ?
04:16Si, parce que si on arrive à trouver...
04:19Vous y êtes favorable ou pas ?
04:20Moi, j'ai toujours été favorable aux 64 ans.
04:24Considérant qu'il fallait rallonger la durée de travail, la durée de cotisation.
04:29En revanche, ce que je vois, c'est qu'il y a des effets négatifs sur certaines catégories de la population.
04:34Notamment les femmes, on n'en parle pas suffisamment.
04:37Et donc, il faut améliorer cette réforme.
04:39Peut-être que les partenaires sociaux trouveront d'autres systèmes de financement.
04:43Il faut l'améliorer, mais pas la mettre à la poubelle, on est d'accord.
04:45D'autres façons de parvenir à l'équilibre.
04:47Il ne faut pas la mettre à la poubelle.
04:48Nous en avons besoin pour nos finances publiques, pour nos retraités, pour la survie du régime par répartition.
04:54Mais je vois que certains partenaires sociaux ouvrent des nouvelles portes de financement.
04:59Le Medef sur la capitalisation, etc.
05:02Tout cela, on doit le regarder.
05:04Ce n'est pas tout ou rien.
05:06Regardons cela de façon très pragmatique, de façon intelligente, apaisée.
05:10Et c'est ce à quoi a appelé le Premier ministre, et je salue cette méthode.
05:14Et vous demandez aux socialistes de ne pas voter la censure ?
05:16Moi je demande, et je les vois les socialistes.
05:18Ils sont aujourd'hui extrêmement responsables.
05:20Mais comme d'autres, les écologistes, les communistes sont venus à la table des discussions.
05:24Mais eux, ils vont voter la censure, les écologistes et les communistes.
05:26Eux ont annoncé qu'ils la voteraient demain.
05:29Je trouve ça dommage. On est dans une situation aujourd'hui extrêmement compliquée, notre pays.
05:33Chacun doit faire preuve de responsabilité.
05:35Chacun doit faire un pas vers l'autre, afin de doter notre pays d'un budget.
05:40Je rappelle qu'on parle beaucoup des retraites.
05:42Mais le vrai sujet aujourd'hui, qui doit nous occuper dans les semaines qui viennent, c'est le budget.
05:46Prévu à 5,4% de déficit.
05:49C'est beaucoup.
05:50Et certains disent déjà que ce sera plus.
05:52Michel Barnier, c'est une hypothèse de 5% qui nous paraissait déjà stratosphérique.
05:56La situation a changé entre décembre et janvier.
05:59Ça ne nous aura pas échappé.
06:01Certaines économies qui devaient être faites dans le budget de Michel Barnier ne peuvent plus l'être.
06:06Parce que le 1er janvier est arrivé.
06:09Et donc, il y a des effets, des hausses mécaniques qui ont été réalisées.
06:150,4 points de déficit en plus entre décembre et janvier.
06:17On se dit qu'il est temps que vous preniez vos responsabilités.
06:19Et on a une baisse des prévisions de croissance qui font qu'effectivement, il faut réviser cette trajectoire.
06:24Il ne faut surtout pas casser la croissance que l'on a encore aujourd'hui.
06:27Il y a d'autres pays européens qui sont déjà en récession.
06:30On pense à l'Allemagne, la croissance est fragile.
06:32Faisons très attention à cela.
06:34Encore une question juste sur la réforme des retraites.
06:36Emmanuel Macron a entrouvert la porte à des référendums lors de ses vœux le 31 décembre.
06:40Est-ce que la réforme des retraites vaut un référendum ?
06:43Peut-être après le conclave d'ailleurs.
06:45Ça pourrait être une bonne idée de référendum.
06:48Vous y êtes favorable ?
06:49Il faut voir si ça rentre dans le champ.
06:51Moi, je suis favorable à ce qu'on interroge les Français sur des sujets qui les concernent.
06:55Et évidemment, les retraites les concernent.
06:57Ce qui se passe au niveau des référendums, c'est que malheureusement,
07:00notre constitution est très restrictive en matière des sujets qui peuvent faire l'objet d'un référendum.
07:06Et donc, moi, je suis très favorable à ce que d'abord, on modifie cet article 11 pour ouvrir très largement le champ des référendums.
07:13Vous pensez qu'il peut y avoir un consensus aujourd'hui là-dessus ?
07:15Et après, on pourrait faire des référendums sur l'immigration, sur la fin de vie, sur les retraites.
07:19Donc là, vous voyez, ce seraient des sujets beaucoup plus larges qui intéressent directement les Français.
07:23Vous dites que ça peut être un sujet du moment, puisque finalement, tout le monde peut s'intéresser au référendum,
07:26quelles que soient ses convictions politiques.
07:27Est-ce qu'il faut essayer de faire cette révision constitutionnelle maintenant ?
07:30Je pense, on a montré que l'on savait faire des réformes constitutionnelles
07:34ciblées avec l'interruption volontaire de grossesse.
07:36Nous avons modifié une phrase dans la constitution.
07:39Là, il s'agirait de modifier un article unique, l'article 11.
07:43Je pense que les Français, et moi, vous savez, je suis très favorable à beaucoup plus de participation.
07:48Et donc, je pense que les Français attendent qu'on leur pose directement des questions qui les concernent.
07:53Et donc, moi, je pense que ça sera possible.
07:55En tout cas, c'est la proposition que je formule.
07:57Deux petites questions très précises.
07:58François Bayrou ne va pas revenir sur les 4000 suppressions de postes à l'éducation nationale.
08:02Est-ce que c'est une erreur quand on voit la somme de problèmes auxquels est confrontée l'école ?
08:06En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'il ne faut pas lésiner sur les moyens humains que l'on met sur l'éducation.
08:11Alors, ce qu'il a annoncé hier, de ce que j'ai compris,
08:14c'est qu'il y aurait 2000 postes créés pour les assistants, les fameux...
08:20Il n'a rien annoncé, il a repris ce qu'avait dit Michel Barnier pour essayer de sortir du problème.
08:24Il faut regarder, mais en tout cas, ce qui est certain, c'est qu'il ne faut pas lésiner sur les moyens humains pour éduquer nos enfants.
08:28François Bayrou veut aussi avancer sur la réforme du mode de scrutin.
08:31En clair, il veut avancer sur la proportionnelle.
08:33C'est la garantie que le désordre politique exceptionnel que nous connaissons aujourd'hui deviendra la règle, a dit Laurent Wauquiez.
08:38Ça ne paraît pas absurde ?
08:39Alors, écoutez, il y a ceux qui sont favorables et ceux qui sont contre pour la proportionnelle.
08:44Moi, je suis pour la proportionnelle.
08:45Je pense que les Français seraient davantage représentés.
08:48Et surtout que ça invite à construire des coalitions et qu'on sortirait d'un système simplement majoritaire.
08:54Donc, moi, j'y suis toujours favorable.
08:56Et comme vous le savez, je suis toujours extrêmement opposée au retour du cumul des mandats.
09:00On vous a vu faire nom de la tête hier sur votre perchoir.
09:03Je suis très expressive.
09:04Moi, je suis constante.
09:05Je ne veux pas le retour des baronnies locales.
09:08C'est ce qu'on a remplacé en 2017.
09:09Il n'est pas question de le récréer en 2025.
09:12La fin de vie, sujet qui vous tient à cœur.
09:13Vous avez demandé que la loi soit examinée à partir du 3 février.
09:16Je crois que vous l'avez demandé directement à François Bayrou.
09:17Il n'en a pas parlé hier.
09:19Il a juste évoqué le nom.
09:20Écoutez, j'étais, comme beaucoup, extrêmement déçue.
09:23Moi, j'attends des engagements et je ne les ai pas eus.
09:25C'est une ligne rouge pour vous, comme on dit ?
09:27Pour moi, en tout cas, c'est extrêmement important.
09:30On ne peut pas, comme ça, passer ce débat à la trappe.
09:34Les Français l'attendent.
09:35Le Parlement l'attend.
09:36Nous sommes prêts.
09:37Je n'admettrai pas qu'on retarde encore celui-ci.
09:41J'ai évoqué la date du 3 février parce que c'était un engagement de Michel Barnier.
09:45On voit bien qu'avec le budget, cette date va évidemment être décalée
09:48puisqu'il y aura le débat budgétaire à la place.
09:50Mais, en tout cas, j'attends qu'on en débatte rapidement.
09:5284% des Français pensent que le gouvernement ne passera pas l'année.
09:55Il m'arrive de me demander où les 16% restants trouvent la source de leur optimisme,
09:59a dit François Bayrou.
10:00Vous faites partie des 84% ou des 16% ?
10:02En tout cas, j'ai apprécié cette humilité de la part du Premier ministre.
10:06Il va essayer de faire de son mieux.

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