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Affaire du collège-lycée Notre-Dame de Bétharram : la gauche somme le Premier ministre François Bayrou de "dire la vérité". Regardez l'interview de Manuel Bompard, coordinateur de la France Insoumise, député des Bouches-du-Rhône (4e circonscription).
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 13 février 2025.

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Transcription
00:00RTL Matin
00:04L'invité d'RTL Matin, Thomas, vous recevez aujourd'hui Manuel Bompard, à la fois coordinateur de la France Insoumise et député du Bouches-du-Rhône.
00:10Bonjour et bienvenue sur RTL Manuel Bompard.
00:12Bonjour.
00:13Des décennies après les faits, l'affaire des violences, agressions sexuelles et viols présumés du Collège Lycée Notre-Dame de Bétarame va-t-elle rattraper François Bayrou ?
00:21Pour qu'on comprenne bien, ça fait plus d'un an que le parquet de Pau enquête sur des centaines de plaintes et des témoins affirment que François Bayrou avait connaissance des accusations mais qu'il n'a rien fait.
00:31Manuel Bompard, est-on face à un scandale ou essaie-t-on de faire mousser une affaire qui ne concerne en rien l'actuel Premier ministre ?
00:37Non, je crois qu'on est face à, malheureusement, ce qui s'apparente de plus en plus à un scandale d'État.
00:42On parle d'une affaire qui est une affaire d'une incroyable gravité.
00:46On parle de 112 plaintes de violences et de violences sexuelles pendant une durée qui est quasiment une durée de 50 ans.
00:54Et on parle de M. Bayrou qui a été ministre de l'éducation nationale dans cette période, président du conseil départemental.
01:02Qui a été ministre d'éducation de 1993 à 1997.
01:04Exactement.
01:05Et lui dit que la première plainte, elle est en 1998.
01:07Et ça c'est factuellement faux et vous pouvez le vérifier puisqu'il y a eu une plainte pour violences en 1996.
01:14Donc pendant la période dans laquelle M. Bayrou était ministre de l'éducation nationale.
01:18Et puis il a été président du conseil départemental et puis il a été député de cette circonscription.
01:23Et on apprend depuis, et tout ça est largement documenté par plusieurs médias,
01:27que un juge, une enseignante dans cet établissement catholique, une victime a signalé ces faits à M. Bayrou.
01:37Et donc il ne peut pas, comme il l'a fait, s'enfoncer dans le mensonge.
01:40Puisqu'il a menti à deux reprises devant l'Assemblée nationale sur ce sujet.
01:43C'est extrêmement grave.
01:44On va écouter ce qu'il a répondu parce qu'il a été interpellé avant-hier.
01:47Et hier voici ce que disait le Premier ministre face à ces accusations.
01:50Jamais je n'ai été à cette époque averti en quoi que ce soit.
01:56Est-ce que vous croyez que nous aurions scolarisé nos enfants dans un établissement où de tels soupçons auraient lieu ?
02:05Je récuse les polémiques artificielles sur ce sujet.
02:09Il récuse les polémiques artificielles et il explique j'aurais jamais mis mes enfants.
02:12Ce qui tombe un peu sous le bon sens, non ?
02:14D'abord je veux dire que je pense qu'il n'y a rien d'artificiel quand on parle de plus de 100 enfants, 112 plaintes aujourd'hui.
02:22Mais peut-être y en a-t-il d'ailleurs d'autres.
02:25Quand il parle de ça, il ne parle pas des faits qui se sont déroulés.
02:28Il parle des accusations qui sont portées contre lui.
02:30J'entends bien mais la première chose à faire c'est de ne pas balayer ça d'un revers de la main en disant c'est artificiel et je n'ai rien à dire sur ce sujet.
02:37Quant à l'argument qui consiste à dire puisque j'ai scolarisé mes enfants dans cet établissement c'est bien la preuve que c'était faux.
02:43D'abord ça ne correspond pas et ça ne constitue pas une preuve.
02:47Et par ailleurs peut-être que Monsieur Bayrou...
02:49Non mais ça constitue quand même du bon sens de père de famille.
02:51Je ne crois pas, peut-être précisément parce que Monsieur Bayrou, du fait du rôle qu'il occupe, du rôle public qu'il occupe,
02:57je pense que tout le monde peut imaginer que malheureusement dans ce type de cas,
03:01si des enfants devaient être victimes de violences et de violences sexuelles, ce ne sont sans doute pas les enfants de Monsieur Bayrou qui seraient concernés.
03:07Si vous, vous aviez connaissance d'un dossier pareil, vous mettriez vos enfants dans l'établissement ?
03:11Ah non, certainement pas.
03:13Le sujet il est peut-être audible quand même.
03:15Peut-être qu'il se disait ou peut-être, j'en sais rien, moi je ne veux pas faire d'accusations que je ne peux pas démontrer.
03:20J'essaye d'être extrêmement prudent évidemment.
03:22Mais je trouve ça assez stupéfiant peut-être qu'il se disait que ce ne sont pas ses enfants qui pouvaient être concernés par ce type de violences.
03:28Vous pensez qu'il a menti hier ou pas ?
03:30Non mais ce n'est pas je le pense, c'est factuellement vérifié qu'il a menti.
03:33Vous pouvez aller retrouver, y compris dans la presse locale, dans la presse quotidienne régionale,
03:39à l'époque, un déplacement de Monsieur Bayrou à cet établissement dans lequel il est venu défendre l'honneur de cet établissement.
03:46Vous avez un juge qui affirme qu'il a confirmé à François Bayrou que ces faits existaient.
03:53Le sujet ce n'est pas de savoir si je pense qu'il a menti ou s'il n'a pas menti.
03:57C'est est-ce qu'on est capable de faire la démonstration aujourd'hui ?
03:59Et on est capable de le faire.
04:01Qu'il a reçu un certain nombre de signalements et qu'il n'a pas agi pour mettre un terme à ces faits, pour les signaler.
04:08Enfin comment peut-on comprendre quand même qu'un établissement dans lequel il y a aujourd'hui 112 plaintes,
04:13dans lequel il y a eu de multiples signalements, comment peut-on comprendre qu'un établissement de cette nature,
04:17à aucun moment il y a eu peut-être la volonté, par exemple, de mettre un terme au contrat qu'il y ait cet établissement avec l'État.
04:24C'est assez stupéfiant.
04:26Vous avez employé les mots scandale d'État.
04:28Quelles conséquences pour vous à ce scandale d'État ?
04:30Qu'est-ce que vous demandez ?
04:31D'abord, je pense que la moindre des choses, ce serait que François Bayrou s'explique sur ce sujet,
04:35qu'il ne s'enferme pas dans le silence et dans le déni.
04:38Et après, moi j'assume de dire que je considère qu'un ministre, un premier ministre, un homme politique
04:44qui manifestement a couvert des faits d'une telle gravité et qui en plus s'enfonce dans ce mensonge,
04:49ne peut pas rester décemment premier ministre.
04:51Vous demandez sa démission ?
04:52Évidemment ! Enfin comment peut-on imaginer qu'il puisse comme ça venir mentir à plusieurs reprises devant la représentation nationale
05:00qui lui demande de s'expliquer sur des faits d'une telle gravité ?
05:03Il a fait comme Jérôme Cahuzac en quelque sorte ? Vous faites un parallèle ?
05:06Non, je ne fais pas de parallèle parce que les faits ne sont pas les mêmes.
05:09En ce qui concerne M. Cahuzac, c'était des faits graves évidemment, mais c'était des faits...
05:13Oui, mais il a menti devant la représentation nationale ?
05:15Ça je pense que oui, mais à propos de faits qui sont des faits beaucoup plus graves.
05:20Enfin imaginez, on parle d'enfants qui ont subi des violences et des violences sexuelles, c'est totalement ouf.
05:26Est-ce que vous demanderiez la création d'une commission d'enquête parlementaire ?
05:29Pourquoi pas ? Après la difficulté c'est que pour mettre en place des commissions d'enquête,
05:33il ne faut généralement pas que les faits soient concernés par des affaires judiciaires en cours.
05:37Or là, il s'agit d'affaires judiciaires en cours.
05:40Mais ce que je trouve particulièrement choquant, je vais vous dire, c'est le silence dans la classe politique de manière générale.
05:46C'est-à-dire heureusement qu'il y avait mardi un député insoumis pour poser une question à M. Bayrou sur ce sujet,
05:53puis ensuite mercredi un député insoumis et un député écologiste.
05:56Mais le camp macroniste n'a rien à dire sur ce sujet, il ne se pose pas de questions,
06:00il n'est pas choqué par ces révélations. Je trouve ça totalement stupéfiant.
06:04À l'Assemblée toujours, la proposition de loi sur la justice des mineurs est débattue depuis hier soir,
06:08alors qu'on se souvient tous d'Elias, ce gamin qui aurait eu 15 ans de main,
06:11et qui a été tué à coup de machette par deux autres mineurs, pourtant interdit de contact entre eux par la justice.
06:16Ses parents s'adressent à vous, ce matin, vous les politiques.
06:19Nous ne demandons pas aux représentants des partis politiques, aux magistrats, de ressusciter les disparus.
06:24Nous leur demandons de protéger les vivants. Que leur répondez-vous, Manuel Bayrou ?
06:29Évidemment que ce drame, qui a fait suite d'ailleurs à d'autres drames ces derniers mois et ces dernières années,
06:35nous donne une obligation à agir.
06:37Une fois qu'on a dit ça, est-ce que les pistes de travail,
06:41est-ce que les propositions qui sont contenues dans cette proposition de loi,
06:46sont les bonnes manières d'agir ? Parce qu'il y a différentes manières d'agir.
06:50Cette proposition de loi, elle se concentre sur l'idée, précisément, par exemple,
06:54que face à la violence des mineurs, il faudrait sanctionner les parents.
06:59Vous n'êtes pas d'accord avec ça ?
07:01Le problème, c'est que ça ne fonctionne pas.
07:03Mais on fait quoi ? Rien ne fonctionne.
07:05Est-ce que vous savez qu'un mineur sur deux, aujourd'hui, qui est impliqué dans un fait de violence,
07:09dépend de l'aide sociale à l'enfance, de la protection de la jeunesse ?
07:15Le premier parent défaillant, aujourd'hui, c'est l'État.
07:18Donc, mettre des sanctions, mettre des amendes vis-à-vis des parents.
07:22On a essayé de le faire, sous Nicolas Sarkozy, contre l'absentéisme scolaire.
07:25À l'époque, il y a eu des mesures de cette nature qui ont été mises en place.
07:28Elles ont été abandonnées quelques mois plus tard, parce qu'elles ne produisaient aucun résultat.
07:31Elles ont même produit un résultat inverse.
07:33Elles ont augmenté l'absentéisme scolaire.
07:35Donc, qu'est-ce qu'on fait ? On fait en sorte que les mesures d'assistance éducative,
07:38qui sont prises aujourd'hui, parce que ça existe déjà,
07:40il y a des mesures d'assistance éducative qui sont décidées par les tribunaux,
07:43quand il y a des problèmes, et qui ne sont pas appliquées,
07:45parce que les associations n'ont pas les moyens de les mettre en œuvre.
07:48On assure, enfin, une protection de la jeunesse qui soit à la hauteur de l'enjeu.
07:53C'est-à-dire qu'on renforce les moyens des éducateurs, des associations spécialisées.
07:56Pas forcément de nouvelles lois, mais des moyens pour appliquer ce qui existe déjà, c'est ce que vous dites ?
07:59Au moins, à minima.
08:01Notez que les parents d'Elias seront les invités d'Amandine Bégaud tout à l'heure,
08:05les avocats, pardon, des parents d'Elias seront les invités d'Amandine tout à l'heure, à 8h15.
08:09Manuel Bompard, j'ai une petite dernière question pour vous.
08:11Est-ce que vous vous êtes soumis aux dépissages de droits organisés dans la salle des 4 colonnes par Élise Lucé ?
08:16Non, je ne l'ai pas croisée.
08:17Élise Lucé, on m'a dit qu'elle était là, mais je ne suis pas passé en salle des 4 colonnes pendant sa présence.
08:21Vous l'auriez fait ou pas ?
08:22Honnêtement, si j'étais passé devant, ça ne m'aurait pas dérangé de le faire.
08:25Maintenant, j'appelle tout le monde à comprendre que le problème des addictions de manière générale,
08:30addiction à la drogue, à l'alcool, aux médicaments, est un fléau qui malheureusement dépasse les frontières de l'Assemblée nationale.
08:35L'Assemblée nationale n'est pas un théâtre où l'on organise des mises en scène à règle.
08:37J'ai vu, j'ai vu.
08:38Le président de l'Assemblée ?
08:39Moi, je n'aurai pas de réaction aussi négative.
08:42Il n'y a pas de difficulté à ce que les parlementaires puissent être testés sur ce sujet.
08:46Mais par contre, il ne faut pas avoir la démagogie de faire croire que les problèmes liés à la drogue ou à l'addiction à l'alcool
08:53seraient cantonnés à l'intérieur de l'Assemblée nationale.
08:56Si on veut effectivement s'attaquer à ce fléau, qui est le fléau des addictions,
08:59il faut le faire dans la société de manière générale.
09:01Et pas en culpabilisant, mais en accompagnant, en soignant, parce que c'est un problème de santé publique.
09:06Il y a un cas, c'est Andy Kerbrad qui a été pris en flagrant délit d'achat de drogue contre Parisien.
09:09C'est vrai ?
09:10Oui, c'est vrai.
09:11Il a reconnu une utilisation abusive de sa réserve parlementaire.
09:13Il est en soins, en arrêt maladie. Est-ce qu'il peut, est-ce qu'il doit rester délégué ?
09:16Non, il n'a pas reconnu cette utilisation abusive.
09:18C'est autre chose, il y a deux aspects dans ce que vous êtes en train de dire.
09:21Mais j'ai dit qu'il a reconnu une utilisation abusive de sa réserve parlementaire.
09:23Par contre, il a effectivement reconnu une addiction et il suit aujourd'hui un parcours de soins.
09:30Et je pense au contraire que c'est la bonne manière de lutter contre ce type de problématiques.
09:35Ce n'est pas être uniquement dans une culpabilisation de la personne qui est soumise à cette addiction,
09:40mais dans un parcours de soins, dans une réponse de santé publique.
09:43C'est pourquoi l'initiative d'Élise Lucet en soins ne me gêne pas.
09:46Mais elle me gêne si elle essaye de servir en quelque sorte d'outil de stigmatisation des parlementaires,
09:52alors que ce problème-là des addictions est un problème qui concerne la société dans son ensemble.
09:56Merci, Emmanuel Bompard, d'être venu ce matin sur RTL. Vous restez avec nous.

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