Chahut à l'Assemblée : "Je ne laisserai plus rien passer", promet la présidente Yaël Braun-Pivet

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Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, députée Renaissance des Yvelines, est l'invitée de Questions politiques ce dimanche.

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00:00 [Musique]
00:08 Bonjour, ravi de vous retrouver dans "Questions politiques", l'émission politique de France Inter,
00:13 diffusée sur France Info, la télé, Canal 27 et en partenariat bien sûr avec le journal "Le Monde".
00:19 Notre invitée ce dimanche connaît depuis le début de la Macronie une trajectoire fulgurante.
00:24 D'abord présidente de la très influente Commission des lois à l'Assemblée,
00:28 puis éphémère ministre des Outre-mer.
00:31 Elle est aujourd'hui la première femme à présider l'Assemblée nationale.
00:34 Alors quelle est sa méthode ?
00:36 Eh bien elle est toute simple, parler à tout le monde, même aux élus du Rassemblement National.
00:40 Seulement saura-t-elle en cette rentrée calmer les débordements des députés ?
00:44 Que pense-t-elle du retour dès cette semaine de l'article 49.3 dans l'hémicycle ?
00:49 Faut-il rénover notre Constitution, nettoyer nos institutions ?
00:54 Le macronisme si était engagé est-il en train de reculer ?
00:57 La présidente de l'Assemblée nationale, Yael Broun-Pivet,
01:00 est ce dimanche notre invitée dans "Questions politiques" en direct et jusqu'à 13h.
01:05 Bonjour Yael Broun-Pivet.
01:13 Bonjour.
01:14 Merci d'avoir accepté notre invitation pour vous interviewer.
01:17 J'ai deux complices à vous présenter.
01:19 Nathalie Saint-Cricq de France Télévisions. Bonjour Nathalie.
01:21 Bonjour mesdames, messieurs.
01:23 Ça va être compliqué. Et Françoise Fressoz. Bonjour Françoise.
01:28 Bonjour à tous.
01:29 Du journal "Le Monde".
01:30 On commence comme chaque dimanche dans "Questions politiques" avec vos images de la semaine à toutes les trois.
01:35 Yael Broun-Pivet, quelle est celle que vous avez choisie ?
01:38 Pourquoi ? Et d'abord, si vous voulez bien nous la décrire, nous la raconter.
01:42 Alors voilà, c'est une image de l'Arménie, des réfugiés qui quittent le Haut-Karabakh.
01:50 Et on voit donc sur cette image une longue file de voitures qui, je crois, à elles seules frappent les esprits parce que tellement elle est parlante.
02:00 Ce sont des gens qui fuient leur maison, leur terre de naissance et qui vont trouver refuge sur le territoire arménien.
02:11 Pourquoi vous avez choisi cette image-là ?
02:13 J'ai choisi cette image parce qu'elle décrit déjà une détresse humaine folle et elle montre aussi, elle signe notre impuissance.
02:25 La puissance de qui ? De la France ? De l'Europe ? De qui ?
02:28 Notre impuissance collective parce que, vous savez, lorsque j'étais en Arménie à la tête d'une délégation au mois de janvier dernier,
02:36 j'avais échangé avec beaucoup d'interlocuteurs qui m'avaient dit "mais vous voyez, le blocus du corridor de la Chine, il est là pour affaiblir les populations
02:48 et tout d'un coup, vous allez voir, la route va s'ouvrir et tout le monde va fuir.
02:52 Et cela va conduire à un nettoyage ethnique extrêmement rapide".
02:57 Et c'est exactement ce que l'on voit aujourd'hui.
02:59 C'était une prophétie réalisatrice malheureusement, mais ça signifie que c'était écrit.
03:04 Et ce qui m'inquiète, c'est ce qu'on peut imaginer de la suite, c'est-à-dire une pression encore plus grande sur l'Arménie, sur le sud de la frontière arménienne.
03:15 Nous savons qu'il y a un autre corridor dont on ne parle pas, mais qui pourrait permettre une continuité territoriale de l'Azerbaïdjan
03:23 et qui couperait l'Arménie de sa frontière iranienne.
03:26 Donc malheureusement, je crains que l'histoire ne soit pas finie et donc il faut impérativement que nous nous mobilisions tous.
03:33 Alors que nous condamnions et la condamnation est unanime.
03:40 Et moi encore, avant-hier, je disais ma condamnation à la présidente du Parlement azeri
03:45 que j'ai rencontrée en marge d'une réunion du Conseil de l'Europe à Dublin.
03:49 Donc condamnation en voie évidemment d'observateurs.
03:53 Nous avons une mission de l'Union Européenne sur la frontière Arménie-Azerbaïdjan.
03:57 Il y a une mission de l'ONU qui va se rendre sur le territoire du Haut-Karabagh.
04:03 Et puis il faut que nous discussions très clairement de la relation de l'Union Européenne avec l'Azerbaïdjan.
04:09 Des importations de gaz d'Azerbaïdjan qui ont grimpé de 20% depuis.
04:13 Et bien il faut que nous regardions et que nous adressions collectivement cette situation.
04:16 Regarder c'est-à-dire imperdir.
04:18 Et puis il faut qu'on adresse le sujet et éventuellement le sujet également des sanctions.
04:23 On a pris des sanctions très fortes contre la Russie.
04:26 Est-ce qu'à un moment il ne faudrait pas également prendre des sanctions contre les Azéries compte tenu de la situation ?
04:33 En tout cas nous le rôle de la France il est majeur.
04:36 Le rôle de l'Union Européenne est majeur également.
04:38 Il faut ramener la paix et la stabilité dans la région.
04:42 Le Président de la République a à plusieurs reprises réuni les différentes parties azéries et arméniennes
04:48 pour essayer de parvenir à un plan de paix.
04:51 Il faut continuer ces efforts parce que nous ne pouvons pas laisser cette situation s'envenimer.
04:56 Dernière question sur ce sujet.
04:58 L'eurodéputée Nathalie Loiseau qui fait partie de votre camp, qui est Renew, dit ce matin
05:04 "Quelle honte est-ce que c'est un sentiment que vous partagez ce midi ?"
05:08 En tout cas je...
05:11 Vous avez honte ou pas ?
05:13 Ce n'est pas de la honte.
05:15 Pour moi c'est le sentiment d'impuissance qui domine.
05:19 C'est-à-dire que face à une histoire qui était écrite depuis des mois,
05:23 nous n'avons pas réussi à l'empêcher.
05:25 Et donc ça doit nous interroger effectivement sur notre capacité d'agir et capacité à peser.
05:31 On voit que le monde devient de plus en plus instable.
05:34 Et nous ne pouvons pas rester les bras ballants.
05:37 Le Président de la République a mené et mène de très nombreuses initiatives.
05:41 Elles sont appuyées par le Parlement.
05:44 Mais il faut sans doute continuer à aller plus loin.
05:48 Parce que pour le moment elles sont inefficaces.
05:50 Et donc c'est purement une épuration éthique.
05:53 C'est ce que vous avez dit au début.
05:54 Tout à fait.
05:55 On continue sur les images de la semaine.
05:57 Je me tourne vers vous, Françoise Fresseau.
05:59 Quelle est votre image ?
06:00 Alors l'image, ça se passe jeudi.
06:03 C'est en Corse.
06:04 Et c'est au sein de l'hémicycle de l'Assemblée de Corse.
06:07 On voit Emmanuel Macron qui s'adresse à la Présidente qui est élue autonomiste de Lille.
06:13 Et il fait une déclaration qui n'avait jamais été faite par aucun Président de la République français.
06:18 Il propose l'autonomie dans la République.
06:21 Mais pas contre ni sans l'État.
06:23 Et c'est un moment à mon avis important.
06:25 Parce que ce n'était pas la position initiale du chef de l'État.
06:29 C'est une position qui est mûrie par au fond la réalité.
06:32 C'est-à-dire que les autonomistes et les indépendantistes gagnent de plus en plus les élections en Corse.
06:37 Qu'il y a un vrai risque de recrudescence de la violence dans Lille si jamais il n'y a pas un signe positif qui est donné.
06:44 Et au fond c'est une main tendue en disant que vous avez six mois pour essayer de prouver aux Corses
06:49 qu'avec un statut reconnaissant la spécificité du peuple corse, vous pouvez obtenir des résultats.
06:55 C'est important pour la Corse.
06:57 C'est important aussi pour la République.
06:59 Parce que jusqu'à présent on a vécu sur l'idée d'une République une et indivisible.
07:03 Qui ne pouvait pas donner de parcelle de sa souveraineté.
07:07 Et là j'ai l'impression qu'au fond depuis quelques années on a quand même une réflexion sur
07:12 donner un peu plus de marge de manœuvre.
07:14 Adapter le droit aux spécificités locales.
07:17 Et si la Corse réussit, ce qui n'est pas du tout établi,
07:21 ce sera quand même un message aussi adressé sur la diversité possible.
07:26 Et vous Nathalie, qu'est-ce qui vous a interpellée cette semaine ?
07:28 Alors c'est une image qui a frappé tout le monde.
07:30 Je précise en préambule que je n'ai pas de leçon à donner.
07:33 Et que c'est quelque chose qui va peut-être être consensuel.
07:36 C'est l'hommage à la petite Lisa qui a été battue à mort avant l'âge de ses 4 ans par sa mère,
07:41 par son beau-père qui était couvert d'hématomes.
07:43 On a fait sur elle des tentatives d'étranglement.
07:46 Et manifestement ça n'a ému pas grand monde, dans le village beaucoup mais dans sa famille très peu.
07:50 Au moment où on a recouvert le corps.
07:52 Alors je vais juste dire que s'il y a eu des époques où la lâcheté, la quintessence de la lâcheté,
07:58 c'était de dénoncer.
08:00 Le mot est très mal vu depuis la guerre, c'est-à-dire dénoncer, on ne nous voit pas dénoncer.
08:04 Je voulais juste dire qu'en français il y avait deux termes.
08:06 Il y a le terme délation.
08:08 Alors la délation si on prend la définition du dictionnaire c'est
08:11 une dénonciation inspirée par des motifs méprisables.
08:14 Et puis il y a autre chose, c'est le courage de dénoncer des actes graves.
08:17 On dit bien dénoncer le harcèlement, dénoncer les conditions d'exploitation des enfants,
08:22 dénoncer les extasions des troupes russes, dénoncer les super-profits.
08:25 Ça c'est noble.
08:26 Alors il faudrait aussi passer à dénoncer le martyr des enfants, c'est-à-dire en gros
08:30 ne pas choisir d'avoir la paix.
08:32 Parce que quand on commence un chemin qui est de téléphoner à la paix,
08:36 et de téléphoner aux autorités, il y a une dame qui dit "j'ai appelé au SOES enfants,
08:40 on n'a pas répondu".
08:42 Ben oui mais il fallait recommencer.
08:43 On a appelé une deuxième fois.
08:44 Je ne donne pas de leçons.
08:45 Mais il n'est pas supportable dans un pays pareil qu'on choisisse d'avoir la paix chez soi
08:50 et qu'on ne se mêle pas, pour la bonne cause, alors qu'on se mêle de tout,
08:54 de la sélection de l'équipe de France, qu'on ne se mêle pas de ce qui se passe
08:58 dans votre périmètre restreint.
09:00 J'ai l'impression que ça vous touche particulièrement, Yael Brand-Pivet.
09:03 Oui, parce que ma mère était une enfant battue par son beau-père.
09:07 Et effectivement ce sont des voisins qui lui ont sauvé la vie après une énième nuit
09:14 où les coups allaient la tuer.
09:16 C'est triste parce qu'on ne s'en sort pas.
09:21 On pourrait penser que c'était des affaires d'un autre temps.
09:25 Et nous devons tous intervenir.
09:27 Et vous avez raison, il faut en parler, il faut dénoncer, il faut alerter.
09:32 C'est notre responsabilité d'adulte de protéger ces enfants.
09:37 Ces drames ne devraient plus exister aujourd'hui en 2023.
09:41 La société devrait être mobilisée comme jamais.
09:45 Parce que c'est intolérable et ces images sont insoutenables.
09:51 Je constate qu'au-delà de la majorité présidentielle, aucun groupe n'est prêt à voter ce texte
10:01 essentiel pour notre pays.
10:03 Ce projet de loi a déjà été rejeté en première lecture.
10:07 Nous avons besoin de cette loi de programmation de nos finances publiques.
10:11 Nous ne pouvons pas prendre le moindre risque.
10:14 Aussi, sur le fondement de l'article 49/3 de la Constitution,
10:20 j'engage la responsabilité de mon gouvernement sur l'ensemble du projet de loi de programmation des finances publiques.
10:27 Je vous remercie.
10:30 Merci beaucoup madame la première ministre.
10:33 Pas de claquement de plus d'itres monsieur Tanguy.
10:36 Alors ça c'était mercredi soir, très tard à l'Assemblée nationale.
10:40 La première ministre Elisabeth Borne recourt à l'article 49/3.
10:44 Réaction immédiate du député communiste Nicolas Sansu.
10:47 Le premier texte qui arrive, on est déjà sur le 49/3.
10:52 Le paillasson a un an de plus, c'est-à-dire les français et la représentation nationale.
10:57 Mais ceux qui s'essuient les pieds ont un an de plus aussi et ils sont en train aussi d'user leurs chaussures.
11:01 Et je peux vous assurer qu'à un moment, il va falloir que ça cesse.
11:04 Il va falloir que ça cesse cette manière de brutaliser le Parlement.
11:07 Yael Brune-Pivet, vous en avez pensé quoi, vous qui êtes la présidente de l'Assemblée nationale,
11:15 vous qui êtes installée sur le perchoir, vous en avez pensé quoi de ce recours à l'article 49/3
11:20 dès la première semaine de débat dans l'hémicycle ?
11:22 Il était prévisible et moi j'avais exprimé à la première ministre le fait que j'étais favorable à son utilisation
11:29 à partir du moment où elle constatait qu'elle n'avait pas de majorité pour voter ce texte.
11:34 Et ce texte est important pour nos finances publiques.
11:37 Je précise que sur deux ans, c'est ce texte qui conditionne aussi près de 17 milliards d'aides
11:43 de l'Union européenne à la France dont nous ne pouvons pas nous passer.
11:47 Donc la première ministre a pris sa responsabilité, la responsabilité de son gouvernement
11:51 parce qu'on dit aussi 49/3, ça n'est rien, ça n'est pas rien.
11:57 La première ministre engage la responsabilité de son gouvernement.
12:00 Et vendredi soir à 21h30, cette responsabilité était engagée, elle a défendu et il ne s'est pas trouvé de majorité.
12:11 Pour renverser le gouvernement, il n'y a pas aujourd'hui de majorité alternative.
12:16 Alors peut-être, mais ça dit quoi malgré tout de la crise démocratique dans laquelle on est aujourd'hui ?
12:21 Elle s'appelle comment cette crise-là ?
12:22 En fait, cela dit que nous sommes dans un régime où nous avons une majorité relative.
12:27 Et que dans une majorité relative, pour passer les textes budgétaires, nous avons besoin de l'outil du 49/3.
12:33 Regardez, là où il n'existe pas, aux Etats-Unis, en ce moment, on a évité le shutdown,
12:38 c'est-à-dire le fait qu'il n'y ait pas de vote de budget et donc pas de paiement des 1,5 millions de fonctionnaires,
12:44 de l'aide à l'Ukraine, d'un certain nombre d'éléments extrêmement importants.
12:48 On l'a évité in extremis hier soir, on connaît ça tous les ans.
12:52 En 2018-2019, le shutdown aux Etats-Unis, c'est 3 milliards de dollars de pertes.
13:00 On a estimé qu'une semaine de shutdown, c'est 0,2 point de PIB en moins.
13:07 Le 49/3 nous permet d'éviter cela.
13:10 Mais ça ne permet pas d'éviter la bordélisation.
13:12 On en parle avec Françoise Fressoz.
13:14 Est-ce qu'aux yeux, parce que le document budgétaire en question, c'était au fond la loi de programmation des finances publiques jusqu'à la fin du quinquennat,
13:21 est-ce qu'aux yeux de nos partenaires européens, ce qui se passe en France,
13:23 c'est-à-dire l'impossibilité de se mettre d'accord sur un texte budgétaire qui désente à être le pays,
13:28 est-ce que c'est grave à vos yeux et c'est le symptôme de quoi ?
13:31 Écoutez, pour moi, à chaque fois que j'ai des échanges avec mes homologues des parlements européens,
13:38 personne ne me parle du 49/3. Personne ne me parle. Vraiment. En toute sincérité.
13:44 Parce que les Français détestent ça. Ils ne voient plus que ça, les Français de l'Assemblée nationale.
13:48 C'est malheureux qu'ils ne voient plus que ça, parce que finalement, lorsque l'on regarde, qu'on dézoome un peu sur une année parlementaire,
13:57 le 49/3 a été utilisé pour adopter trois textes.
14:01 Et il a été utilisé ausoir.
14:03 Oui, mais parce que nous avons quelque chose que nos compatriotes connaissent, la navette parlementaire.
14:09 Donc le 49/3 est utilisé à chaque étape de la lecture d'un texte.
14:13 Donc ça ne signifie pas onze textes, c'est trois textes.
14:17 Et donc tout le reste des textes que nous avons examinés à l'Assemblée nationale ont été adoptés avec des majorités
14:24 que nous avons construites parfois avec les LR, parfois avec...
14:28 Voilà, vous ne pouvez l'utiliser que trois fois.
14:30 Donc ne considérons pas que nous ne faisons que ça.
14:33 Regardez, aujourd'hui, nous sommes le 1er octobre, l'allocation adultes handicapés va entrer en vigueur via la déconjugalisation.
14:42 Ça va toucher 120 000 personnes.
14:45 Eh bien, j'ai regardé les chiffres, c'est un texte que nous avons adopté à 395 voix pour, 112 voix contre.
14:53 Donc nous avons réussi à trouver une majorité avec le groupe LR et le groupe Lyott.
14:59 Donc nous y arrivons.
15:01 Évidemment, le 49.3, moi je comprends qu'il puisse heurter, mais ne considérant pas qu'il forme un tout de la vie parlementaire, c'est faux.
15:08 Mais vous êtes consciente que l'image du Parlement se dégrade, qu'au fond les Français retiennent qu'il y a de la castagne en permanence,
15:15 et ils ont presque une interrogation sur à quoi ça sert.
15:18 Comment vous, présidente de l'Assemblée nationale, vous réagissez à ça et est-ce que vous pouvez prendre des initiatives ?
15:23 Moi, ça me déçoit parce que depuis un an, moi je consacre toute mon énergie à montrer que l'Assemblée nationale,
15:33 elle sert à quelque chose et elle a retrouvé pleinement sa place dans notre vie démocratique.
15:38 Et donc je n'arrêterai pas de le dire, de dire que l'Assemblée nationale est utile.
15:42 Je viens de vous donner l'exemple de l'allocation adultes handicapés.
15:45 C'est des lois sur les violences faites aux femmes.
15:48 C'est des lois sur le pouvoir d'achat.
15:50 C'est la hausse de notre budget militaire, de notre budget de sécurité intérieure pour mettre plus de policiers sur le terrain.
15:56 Ça, c'est des lois qui ont été votées avec des majorités larges que l'on a trouvées.
16:01 L'Assemblée nationale, elle est utile.
16:03 À la place qui est la mienne, je dois favoriser le dialogue entre les groupes et c'est ce que je fais.
16:08 Et l'Assemblée nationale est stabilisée sur le plan institutionnel.
16:12 Je ne dois pas tolérer le bazar que l'on voit parce que les Français m'en parlent.
16:17 Pareil, matin, midi et soir quand je suis dans la rue.
16:20 Mais ce bazar, il peut continuer ou pas ?
16:22 Est-ce qu'on peut avoir une deuxième année de bazar et est-ce que ça peut durer pendant 4 ans encore ?
16:25 Evidemment, je ne le souhaite pas.
16:27 J'en ai parlé lors de la première conférence des présidents à l'ensemble des présidents de groupe
16:32 pour leur dire que nous ne pouvions pas repartir sur une année avec ce chahut
16:37 parce qu'il choquait nos concitoyens et qu'il dégradait l'institution.
16:41 Et une chose, c'est que moi, depuis le début, je suis intransigeante sur les injures, sur les invectifs, sur le bazar.
16:48 On dit que je suis celle qui a le plus sanctionné.
16:51 Et je continuerai, je ne laisserai plus rien passer parce que nos compatriotes ne le supportent pas.
16:58 Une question précise, qui est-ce qui met le bazar ?
17:00 Parce que vous ne pouvez pas globaliser comme ça en considérant que tout le monde dit que le RN se tient bien,
17:05 Rassemblement National, pardon, est-ce que ce n'est pas l'éphiphe ?
17:08 Est-ce qu'il ne faut pas mettre des noms sur les choses ?
17:11 Vous savez, moi j'ai fait des statistiques.
17:13 Parce que c'est ce que un certain nombre de ministres ou d'intervenants à l'Assemblée disent que ce n'est plus possible.
17:16 Mais tout le monde, en fait, c'est ça le pire, c'est que tout le monde dit que ce n'est plus possible et que ce n'est plus acceptable.
17:22 Mais attendez, c'est juste l'éphiphe ou pas ? Parce que De Fournasse, il a quand même été sanctionné aussi.
17:26 Il a été sanctionné à une reprise.
17:28 Moi j'ai fait des statistiques de sanctions à plus de 90%.
17:33 Ce sont des sanctions qui touchent le groupe à la fille, oui.
17:35 C'est factuel.
17:36 Deuxième point.
17:37 Quand vous dites qu'on ne trouve pas forcément de majorité ou que vous en cherchez parfois,
17:41 est-ce que vous considérez que c'est parce qu'il y a des postures ?
17:43 C'est-à-dire que chacun ne fait pas semblant, chacun fait semblant plus exactement de vouloir, d'accord,
17:48 sur les énergies renouvelables, peut-être sur l'immigration, mais en fait, l'élection présidentielle se profilant,
17:53 chacun a décidé de faire de la politique politicienne lorsqu'elle a une pire.
17:57 Est-ce que vous pensez que c'est de la mauvaise volonté ? Et vous n'êtes pas dupe, j'imagine.
18:01 Je ne suis pas dupe.
18:02 Alors, de la mauvaise volonté, non, puisqu'on arrive à trouver des majorités sur la très très grande majorité des textes.
18:09 Donc en fait, très concrètement, dans l'hémicycle, on arrive à voter, on arrive à faire avancer le débat.
18:14 Encore cette semaine, nous étions sur la loi très importante, la loi travail, sur le RSA et sur France Travail,
18:20 pour continuer à faire baisser le chômage dans notre pays.
18:23 Donc on arrive à trouver des majorités au jour le jour, au quotidien.
18:27 Après, là où il peut y avoir des postures, c'est qu'effectivement, sur le discours politique global,
18:36 nous n'avons pas de partenaires qui décident de s'engager durablement pour gouverner le pays.
18:42 Mais vous les cherchez vraiment ou pas ces partenaires ? Élargir la majorité, donc, on est en train de parler de ça.
18:48 Tous les jours, quand vous êtes aux responsabilités, vous cherchez à rassembler et vous cherchez à convaincre
18:54 le plus de personnes possible du bien fondé de la politique que vous souhaitez mener.
18:58 Donc oui, élargissement de la majorité, il faut toujours batailler pour cela, que ce soit vers la droite ou que ce soit vers la gauche.
19:06 Alors, pour Constance Ressos, je l'ai vu bondir.
19:08 Alors que tout le monde reconnaît qu'il n'a pas la majorité, c'est tellement difficile en France de conclure des pactes majoritaires.
19:15 C'est quoi le frein très profond ?
19:17 Moi, je crois qu'avec le système électoral que nous avons et avec notre histoire électorale, j'ai le sentiment,
19:25 mais je me trompe peut-être, que chaque parti politique ou chaque bloc a toujours cette aspiration de remplacer l'autre
19:33 et de devenir à lui seul majoritaire. Et donc, ce faisant, il ne souhaite pas s'inscrire dans une logique soit de coalition,
19:43 soit de partenariat, soit vous pourrez trouver encore un autre mot, parce qu'il aspire à nous remplacer en fait.
19:49 Et donc, il est plus important de marquer sa différence et d'appuyer sur ce qui nous sépare,
19:55 plutôt que de voir objectivement ce qui nous rassemble.
19:59 Moi, je crois aujourd'hui qu'il y a beaucoup plus de choses qui nous rassemblent avec les sociodémocrates,
20:05 avec une grande frange des républicains, en témoignent, comme je le disais, nos votes,
20:11 mais en témoignent aussi, par exemple, les accords que nous trouvons avec le Sénat.
20:15 Je continue dans mes statistiques. Aujourd'hui, vous savez que 82% des textes font l'objet d'un accord avec le Sénat.
20:24 82% des textes ! C'est un chiffre que nous n'avions jamais atteint !
20:29 Mais ça veut dire quoi ? Il faut changer le mode de scrutin ? Il faut renoncer au scrutin majoritaire à deux tours ?
20:33 Pour essayer ça à la proportionnelle ? Pour effectivement changer la culture ?
20:36 Je pense qu'il faudrait passer à une large dose de proportionnelle, pas une proportionnelle intégrale,
20:41 mais à une large dose de proportionnelle qui aurait un double effet.
20:45 Effectivement, vous avez raison, un changement de culture, finalement, dans notre pays,
20:49 qui ferait que nous n'aspirons pas à soi seul à devenir majoritaire.
20:53 Et parallèlement, une dose de proportionnelle permet d'assurer ce que nous avons aujourd'hui dans l'hémicycle,
20:59 c'est-à-dire une juste représentation de toutes les tendances politiques de notre pays.
21:03 Maintenant, de cela, il faut que nous arrivions à renvoyer, en fait, moi je vous parle beaucoup du fond,
21:09 la forme aujourd'hui ne va pas à l'Assemblée, et donc moi, là, je m'attaque résolument à la forme.
21:14 Alors, je rebondis sur ça, parce que cette ouverture vraiment globale, on l'entend,
21:18 et forcément, je pense aux deux vice-présidences de l'Assemblée nationale qui ont été accordées à deux députés Rassemblement National,
21:25 est-ce que vous faites une erreur, là, à ce moment-là, de vouloir absolument, là, en cette rentrée, de les garder ?
21:30 Sur les six vice-présidences, il y en a deux qui sont du Rassemblement National.
21:36 Le Rassemblement National, dans le bureau de l'Assemblée, ne constitue pas un signe d'alliance, je vais être très claire.
21:42 Non, mais vous les notabilisez, est-ce que vous n'allez pas être...
21:45 Je les comptabilise, parce qu'ils ont un certain nombre de députés, et donc ils représentent une partie de nos compatriotes.
21:52 Je n'ai pas dit comptabiliser, j'ai dit que vous les aviez notabilisés.
21:55 Mais je ne le crois pas, moi je crois qu'aujourd'hui, mon rôle, à moi, en tant que présidente de l'Assemblée nationale,
22:03 c'est d'être dans le strict respect de nos règles institutionnelles.
22:07 En France, nous avons cette culture, à l'Assemblée nationale, qui veut que chaque parti politique puisse être représenté au bureau de l'Assemblée nationale,
22:15 qui est l'instance la plus élevée. Vous savez, en 1986...
22:18 Il y a eu un débat dans ceci-là, il y a eu un gros débat dans vos rangs.
22:21 Mais c'est normal que ça fasse débat. Mais vous savez, en 1986, lorsque nous étions à la proportionnelle,
22:27 il y a eu un groupe Rassemblement National, Front National à l'époque, à l'Assemblée nationale.
22:33 Eh bien, ils ont eu des membres de ce groupe qui ont siégé au bureau de l'Assemblée nationale.
22:37 Oui, c'est juste.
22:38 Parce que le bureau de l'Assemblée nationale doit représenter les tendances politiques.
22:42 Ce n'est pas moi qui ai choisi ces tendances politiques, ce sont les Français.
22:46 Mais il y a eu un débat au sein de votre groupe où certains disaient, il vaut peut-être mieux sortir les troubillons,
22:51 c'est-à-dire le RN et les FI, faire l'arc républicain, et ce sera plus clair.
22:56 Et ça, c'était vraiment pas possible pour vous.
23:00 Tout est possible, et c'est pour ça que le débat a eu lieu.
23:03 Moi, je considérais que ce n'était pas la voie qu'il fallait emprunter.
23:08 Il fallait respecter nos institutions et donc avoir une juste représentation de chacun.
23:12 Mais en même temps, moi je réaffirme très clairement le fait que cela ne signifie pas en aucune façon qu'il y a une quelconque alliance avec le RN.
23:23 Que je combats matin, midi et soir, je ne vote pas d'amendement du Front National, je ne vote pas de proposition de loi du Front National,
23:30 je ne fais aucune alliance avec le RN, qui reste un adversaire politique majeur pour moi et qui même, finalement, a fondé mon engagement politique.
23:40 France Inter, #QuestionPol
23:45 Yael Braune-Pivet, toujours en direct sur France Inter et sur France Info, la télé dans "Questions politiques", ça se passe jusqu'à 13h.
23:52 Je voudrais qu'on parle de la proposition d'Éric Ciotti, ce matin, à lire dans le journal "Le Parisien", aujourd'hui en France.
23:58 Est-ce qu'il faut réduire les indemnisations chômage, comme il le propose, pour dégager des économies supplémentaires, puisqu'on est entrés en plein débat budgétaire ?
24:08 Bonne idée ou pas ?
24:10 Nous l'avons déjà fait, puisque nous avons proposé un projet de loi qui a été adopté avec des voix du groupe Les Républicains,
24:22 parce que, justement, il nous semble que dans une conjoncture dans laquelle nous sommes parvenus à atteindre les 7% de chômeurs,
24:32 il fallait continuer à être dans une logique de réinciter les gens à retrouver un emploi.
24:38 Et donc, nous avons fait cette réforme structurelle sur l'assurance chômage, qui, à horizon 2027, va nous procurer 13 milliards d'économies.
24:47 Donc, c'est vrai que...
24:48 Mais donc, on continue ou pas ? Parce que lui, c'est ça qu'il propose. Il a la conscience de ça. Il dit "on continue".
24:52 Oui, je trouve. Et là, je suis alignée avec Eric Ciotti, et c'est ce que nous avons fait. Le fait, il faut compter sur des réformes structurelles pour pouvoir améliorer nos finances publiques.
25:06 Et donc, la réforme structurelle de l'assurance chômage, la réforme structurelle des retraites, c'est près de 30 milliards d'économies à horizon 2027.
25:17 C'est extrêmement massif.
25:19 Mais la question, c'est "est-ce qu'il faut aller au-delà ?"
25:21 Est-ce qu'il faut aller plus loin ? Moi, je pense que la loi que nous avons votée est suffisante, parce que nous sommes aujourd'hui à 7% de chômage.
25:29 Si demain, nous continuons à améliorer grandement la trajectoire du chômage, ce que nous faisons à travers la loi France Travail, la réforme du RSA, etc.,
25:38 la formation professionnelle, la dynamisation de nos entreprises, la baisse des impôts de production...
25:42 Mais lui, il dit que c'est pour eux.
25:43 Et bien là, nous pourrons gagner encore, c'est encore mieux, mais nous avons voté la loi.
25:47 Mais nous l'avons fait quand même, donc sur le principe, c'est une voie que nous avons d'ores et déjà empruntée avec le soutien des Républicains.
25:54 - Nathalie Saint-Pierre ?
25:55 - Quand vous dites "je suis alignée avec Eric Ciotti", vous, incarnant la partie gauche de la Macronie, enfin, c'est ce qu'on dit,
26:01 est-ce que vous êtes alignée de façon philosophique ?
26:05 C'est-à-dire sur le côté, non pas la cistana, mais il faut que le travail paye, et il faut de temps en temps être un peu plus dur sur les prestations sociales,
26:16 réduire la déminisation du chômage, faire en sorte que le RSA soit sous condition de 15 à 20 heures de travail, quand on peut les faire bien sûr.
26:23 Est-ce que vous trouvez que c'est ça, ou alors c'est un tournant de la Macronie que vous trouvez totalement bienvenue ?
26:28 - Pour être très claire, moi, je crois dans le travail.
26:33 Donc, il faut faire tout pour faire en sorte que nos compatriotes aient le plus possible un emploi.
26:40 C'est ce que nous avons fait depuis que nous sommes aux responsabilités.
26:42 - Donc attendez...
26:43 - C'est 2 millions de personnes qui ont retrouvé un emploi.
26:45 - Soyons clairs, ça veut dire que le RSA, l'amendement qui a été adopté cette semaine, qui est signé d'ailleurs LR et je crois Eric Ciotti,
26:52 sur "il faut travailler 15 heures pour obtenir un RSA", vous êtes d'accord avec ça ?
26:55 - Moi, je suis d'accord pour que l'on fasse tout pour remettre au travail des gens qui sont RSA.
27:00 Il faut regarder encore les chiffres. 50% des bénéficiaires du RSA le sont depuis 5 ans.
27:05 Est-ce que c'est un cadeau de laisser des gens durablement éloignés de l'emploi avec une indemnité qui leur permet difficilement de vivre,
27:15 mais surtout avec la désocialisation que ça comporte et le sentiment d'inutilité sociale ?
27:21 Moi, vous savez, j'ai été longtemps dans la société. J'ai vu ces gens qui sont RSA venir au Resto du Coeur.
27:28 Et en fait, au Resto du Coeur, on déployait des 13 heures d'imagination pour faire de l'accompagnement, pour qu'ils retrouvent un travail.
27:36 Et donc ces personnes-là, dire aujourd'hui, et c'est l'essence du RMI tel que l'a voulu Michel Rocard, dire aujourd'hui,
27:43 "eh bien, on vous donne une indemnité, circulez, il n'y a rien à voir", mais justement, on vous donne une indemnité parce qu'on ne vous laisse pas tomber.
27:51 Et en même temps, on ne vous laisse pas tomber justement. Et donc on vous accompagne vers de la formation, pour passer votre permis de conduire si vous en avez besoin,
27:59 pour retrouver le sens du travail, le respect des horaires. Parfois, il faut un accompagnement psychologique.
28:07 Quand ça fait 10 ans que vous êtes chez vous et que vous n'avez plus cette capacité à être dans un cercle social,
28:15 eh bien, vous ne pouvez pas retrouver un emploi du jour au lendemain. Donc moi, je suis dans cette logique-là, il faut les accompagner,
28:22 il faut les aider à retrouver un emploi. Et donc ces 15 heures que nous avons votées, elles servent à ça, à accompagner chacun.
28:30 Et ça va être très compliqué, et ça va être surmesu.
28:34 - Yael Bounevive, quand on touche le RSA, souvent, on a un trou énorme dans son CV. Est-ce que les entreprises vont jouer le jeu ?
28:40 - Justement, c'est là où il faut... En fait, ça doit être une grande cause nationale.
28:44 - Encore ? Encore une ?
28:46 - Encore. Mais quand je dis "grande cause nationale", c'est-à-dire qu'on est tous concernés. On est tous concernés.
28:52 Si l'on veut faire société, on ne peut pas durablement laisser des personnes en dehors de ce cercle-là.
29:01 Et donc, ça nous concerne tous. Donc évidemment, les entreprises doivent jouer le jeu. Nous, on doit les aider à jouer le jeu.
29:07 Mais c'est le sens du contrat, par exemple, que nous avons fait pour nos jeunes. Le contrat Engagement Jeune, c'est exactement la même chose.
29:14 C'est ce qu'on a fait avec le territoire zéro chômeur. Et là, évidemment, il faut que les entreprises soient avec nous.
29:19 Mais comme elles l'ont été, et moi, je ne suis pas inquiète, elles l'ont été avec nous sur l'apprentissage.
29:24 Et ça nous a permis d'avoir plus d'un million de contrats d'apprentissage. Ça, on ne s'était jamais vu.
29:28 Elles sont avec nous sur les alternances. Il faut qu'elles soient avec nous.
29:31 Et je peux lancer aussi un appel sur les stages pour nos jeunes de seconde, lorsqu'on parle de 15 jours de stage.
29:37 On a besoin des entreprises. Donc voilà, on a besoin de tous. C'est très difficile de trouver un stage.
29:42 C'est difficile de trouver un emploi. Quand on est très éloigné de l'emploi et quand on a un grand trou sur son CV, on doit tous jouer le jeu.
29:49 Parce que c'est ça. Vous savez, demain, on est à 5% de chômeurs en France. Je peux vous dire que pour nos finances publiques, ça nous fera un bien fou.
29:57 Françoise Fresseau, Edouard Philippe parle du logement, de la crise du logement. Il parle de bombes sociales.
30:03 Est-ce que vous partagez son point de vue et est-ce que le Parlement doit agir tout de suite ou laisser le gouvernement faire préparer une grande loi, peut-être pour l'année prochaine ?
30:13 Le sujet de logement revient dans tous les échanges que j'ai avec les jeunes, avec les Français quand je me déplace sur les territoires
30:22 et avec les hommes et femmes politiques qui sont en responsabilité, notamment locales.
30:26 Et donc, qu'est-ce qu'on fait ?
30:28 Effectivement, c'est un sujet qu'on doit traiter collectivement. Projet de loi, proposition de loi, c'est parfaitement égal.
30:35 Mais c'est un sujet qui revient et moi, dans les discussions que j'ai pu avoir avec les responsables des différents groupes de la majorité,
30:42 nous avons le souhait de travailler sur ce sujet rapidement, mais avec quelque chose d'assez global.
30:49 Donc, ça sera un texte global et plutôt pour l'année prochaine ?
30:52 Pas par petits bouts, donc plutôt un texte global, mais sur lequel nous, en tant que parlementaires à l'Assemblée nationale,
30:59 nous pourrions apporter des choses sur des sujets plus ponctuels, sur lesquels nous pouvons travailler dans le cadre de missions d'information, etc.
31:07 Donc, c'est quelque chose qu'on peut construire ensemble, mais l'idée c'est d'avoir un texte qui soit assez large pour qu'il puisse avoir un effet.
31:14 Pour y aller loin, par exemple, considérer que les zones de non-artificialisation essaient de desserrer la contrainte,
31:22 de mettre au point une espèce de pré-ato-zéro, ça veut dire que vous allez rentrer et vous allez faire vraiment quelque chose de massif.
31:27 Alors ça, il faut quand même expliquer, c'est ce que l'or envoquait.
31:29 C'est une proposition de l'or envoquée qui dit que globalement, comme on n'a pas le droit de construire,
31:34 tant qu'on ne crée pas en échange de cette construction, une zone qui remplacerait la construction construite,
31:40 ça veut dire que ça bloque les constructions de logements, de pavillons, de maisons individuelles, dans des zones, par exemple, en Vendée,
31:45 il y a plein d'emplois, il y a plein d'usines, et les zones assez rurales n'ont pas le droit de construire, tu vois, c'est un frein.
31:51 Est-ce que ça veut dire qu'il faut éventuellement jeter quelques mesures, ou alors, par exemple, la location des passoires thermiques rendues desserrées un peu,
31:59 est-ce qu'il faut faire un effort ?
32:01 Alors, l'effort a déjà été fait cet été, nous avons desserré un peu la contrainte sur la loi zéro artificialisation net,
32:08 un texte que nous avons adopté cet été, et encore un texte pour lequel nous avons trouvé une large majorité et un accord avec le Sénat, encore un autre exemple.
32:16 Mais Laurent Wauquiez dit qu'il n'appliquera pas ce texte.
32:19 Ça, ça n'est pas possible.
32:20 Ah, c'est pas possible ?
32:21 Ça, ça n'est pas possible, vous ne pouvez pas être un élu de la République et vous soustraire aux lois qui sont votées par le Parlement.
32:28 Donc, qu'est-ce qui va se passer ?
32:29 Ça, ça n'existe pas. Donc, nous verrons bien, mais en tout cas, j'ai été assez surprise de la déclaration et des propos de Laurent Wauquiez sur ce point.
32:37 Maintenant, la question, effectivement, du logement ne doit pas être traitée de façon isolée et en faisant abstraction de notre trajectoire et de notre volonté très claires que nous avons sur la transition énergétique.
32:52 Il ne faut pas, en fait, justement, il ne faut pas faire ce que l'on a peut-être pu trop faire dans le passé, faire des allers-retours, sacrifier une politique au profit d'une autre.
33:00 Et ça, c'est de l'incohérence, en fait. Donc, il faut rester très cohérent dans la politique que nous menons et en même temps, être très attentif à la situation qui est celle que l'on nous décrit et que nous ne pouvons pas laisser de côté.
33:15 Donc, un travail sur le logement, mais sans sacrifier les questions environnementales.
33:20 Parce que vous savez, la construction de logement, elle ne peut pas se faire sans penser aménagement du territoire, sans penser transport.
33:28 C'est ce qu'on a fait trop souvent sur le pavillon individuel dans les années 60.
33:32 On a construit des lotissements à 20, 30, 40 kilomètres des villes en promettant des transports qui viendraient et qui ne sont jamais venus, jamais arrivés.
33:42 Donc, il faut regarder les choses plus globalement.
33:44 Alors, on a vu tout à l'heure l'image de François Sfresos et je voudrais maintenant vous faire écouter Emmanuel Macron. C'était jeudi matin, donc, devant l'Assemblée de Corse.
33:52 Ayons l'audace de bâtir une autonomie à la Corse. Ce ne sera pas une autonomie contre l'État, ni une autonomie sans l'État, mais une autonomie pour la Corse et dans la République.
34:08 Alors, il y a eu un échange de verres, tout s'est bien passé sur le plateau de questions politiques.
34:14 Il n'y avait pas d'alcool, ni de vodka.
34:15 Voilà, il y avait un problème d'eau, il manquait de l'eau à notre invité, donc c'est réglé.
34:18 Yael Bourdenpivet qui est avec nous sur France Info et France Inter jusqu'à 13h.
34:21 Et en direct, on vient d'entendre le Président Macron. Bonne idée ou pas d'accorder à la Corse un statut d'autonomie dans la République ? Vous en pensez quoi ?
34:30 Est-ce que je trouve intéressant ? Il y a deux choses qui sont intéressantes et c'est ce que vous aviez dit tout à l'heure en décrivant votre image.
34:36 Françoise.
34:37 Françoise, c'est l'aspect d'avoir quelque chose qui est adapté aux spécificités.
34:43 Spécificité géographique, spécificité historique, culturelle, c'est ce que l'on fait déjà pour nos territoires d'outre-mer avec des statuts particuliers pour la Nouvelle-Calédonie, pour la Polynésie française, entre autres.
34:56 Et donc, prendre en compte les spécificités, je pense que c'est vers ça qu'il faut tendre aujourd'hui.
35:02 Maintenant, le Président a été très clair sur une plus large autonomie.
35:08 Mais dans la République, il ne s'agit pas de permettre à un territoire de quitter le sein de la République.
35:16 En revanche, être à l'écoute des élus, et on sait que c'est une revendication de longue date de nos élus corses et des citoyens corses.
35:24 Regardons un petit peu comment on peut accompagner cela.
35:28 Il faut d'abord qu'ils se mettent d'accord dans le cadre que le Président de la République vient de fixer.
35:33 Ça me semble être une très bonne chose.
35:35 Vous êtes plutôt optimiste ou pas sur les chances que ça aboutisse ?
35:38 Moi, je suis assez optimiste parce que...
35:41 Parce que Gilles Simeoni a la volonté d'aboutir ?
35:44 Parce que les élus de Corse ont cette volonté d'aboutir.
35:48 Parce que le Président de la République a ce souhait-là avec le ministre de l'Intérieur.
35:54 Et donc la voie qu'il a ouverte au sein de la République vers plus d'autonomie est une voie qui peut être une voie de passage.
36:01 Maintenant, il faut que tout le monde se mette autour de la table pour très concrètement regarder ce que cela comporte.
36:07 Mais il n'y a pas que ça ! Il y a quand même toutes les régions qui...
36:09 Et puis, bien sûr, il y aura un vote du Parlement, Assemblée Nationale et Sénat.
36:14 Donc nous en discuterons aussi entre élus nationaux.
36:17 Et il y a quand même toutes les régions qui ont immédiatement réagi et qui ont dit "très bien, nous aussi on veut plus de liberté". On leur donne ou pas ?
36:22 Mais parce que c'est important d'avoir plus... On parle, on en avait parlé lors des entretiens de Saint-Denis avec le Président de la République
36:29 et l'ensemble des partis politiques réunis autour de lui.
36:32 Nous avions évoqué ce besoin d'avoir une adaptation sur local en fonction de certaines spécificités
36:42 et d'augmenter le pouvoir dérogatoire, notamment des préfets.
36:46 Et donc, regardons avec les collectivités comment nous pouvons nous inscrire dans ce chemin.
36:51 Mais il ne s'agit évidemment pas de créer des régions autonomes.
36:56 Donc vous demandez aux Bretons, aux Basques, aux Savoyards de rester tranquilles ?
37:01 Mais moi je suis en tout cas très incline à aller vers plus...
37:06 Alors on parle de décentralisation, on parle de déconcentration.
37:10 Regardons comment on habite tout ça, mais ce qu'on nous demande c'est de ne pas forcément appliquer de façon complètement homogène
37:19 et de façon aveugle les règles sur tout le territoire.
37:22 Et ça c'est comme une sacrée évolution.
37:23 On voit bien les territoires frontaliers ont des spécificités qui ne sont pas les mêmes que des territoires plus enclavés.
37:31 Donc ça ne me semble pas absurde.
37:33 Mais il faut impérativement que tout cela ne se fasse pas en sacrifiant l'unité de la République et ce qui fait que nous sommes société.
37:42 Dimanche dernier nous avons reçu une leçon du Pape, nous disant qu'il fallait être un peu plus généreux avec les migrants.
37:48 Nous avons reçu un message de Emmanuel Macron le dimanche soir, nous disant que le cœur de son texte, c'était plutôt le volet répressif,
37:55 qu'il était prêt à des compromis avec un certain nombre de groupes parlementaires.
37:59 Et qu'en gros, le volet dit positif qui était la régularisation d'un certain nombre de personnes dans les secteurs en tension,
38:08 finalement ça pouvait évoluer.
38:10 Est-ce que vous êtes favorable à cette évolution ?
38:12 Évoluer ça veut dire peut-être une circulaire comme la circulaire Valls qui permet aux préfets de régulariser quand on a besoin.
38:19 Et quand il dit, je préférerais, le premier but c'est que ce soit des Français qui occupent ces emplois.
38:25 Qu'est-ce que vous pensez de ce tournant ?
38:27 Est-ce qu'il est pragmatique ? Et est-ce que vous parliez tout à l'heure du Sénat en disant qu'on pouvait discuter avec le Sénat ?
38:32 Est-ce que ce n'est pas ce qui se prépare ?
38:34 Voilà, donc on parle de projet de loi sur l'immigration, porté par M.Gérald Darmanin.
38:38 Moi, je l'ai déjà exprimé très clairement et je veux bien volontiers le refaire aujourd'hui devant vous.
38:44 C'est que je pense que ce projet de loi tel qu'il a été présenté par le gouvernement, est très équilibré sur ces deux voire trois aspects.
38:54 Un aspect qui pour moi est essentiel, c'est un aspect procédural.
38:57 Ça ne parle pas forcément, mais c'est simplifier les procédures pour faire en sorte d'être beaucoup plus effectifs, efficaces.
39:03 C'est les raccourcir et c'est faire en sorte qu'il y ait moins de show-strap.
39:06 Et ça, c'est un volet important qui est issu de travail de travaux de sénateurs, de François Noël Buffet notamment.
39:12 Donc il y a ce volet-là. Après, il y a le volet très clair sur, vous commettez des délits graves, importants sur le territoire.
39:19 Vous n'avez pas votre place sur notre territoire et donc on vous reconduit à la frontière.
39:23 Donc plus d'efficacité dans les reconduits à la frontière.
39:25 Ou alors même, vous faites partie de l'immigration économique. C'est-à-dire que même sans faire des délits, vous n'avez rien à faire ici.
39:30 Plus d'efficacité. Et le dernier point, c'est effectivement sur les régularisations des travailleurs, des personnes qui se sont intégrées,
39:37 qui croient en notre pays, qui veulent être en France, qui travaillent, qui suivent son et haut pour nous,
39:44 et qui occupent bien souvent des emplois dont nos compatriotes ne veulent pas.
39:48 Cela, il faut les régulariser.
39:50 Le problème, c'est que les LR n'en veulent pas.
39:52 Il faut à nous trouver la voie.
39:54 La voie de la circulaire, moi, je suis moins fan.
39:56 Vous êtes moins fan d'elle ?
39:58 Pourquoi ? Parce qu'une circulaire est souvent d'application inégale.
40:02 Et donc sur un territoire, on note que la circulaire dite valse est appliquée de façon très différenciée.
40:11 Et ça, moi, ça ne me satisfait pas. Je voudrais une application égale.
40:14 Et le meilleur façon d'avoir une application égale, c'est de passer par la loi.
40:18 Le cycle 3 qui traite justement de cette régularisation dans les secteurs en tension,
40:23 c'est quelque chose qu'on ne peut pas toucher, même pour avoir les voix de la droite.
40:26 On peut regarder comment on le rédige, parce que de toute façon, et là, il faut aussi laisser une chance au débat.
40:33 Le débat ne se fait pas sur les plateaux télé, ni à Matignon, ni...
40:37 C'est pas derrière, et j'ai l'impression que ça progresse en ce moment.
40:39 C'est pas vrai, pas que. Là, on vient bien de voir à l'Assemblée Nationale,
40:43 le débat sur les 15 heures de RSA s'est fait à l'Assemblée Nationale, avec l'ensemble des parties prenantes.
40:49 Et c'est toute la beauté du Parlement.
40:51 Donc ne privons pas le Parlement d'un débat sur ces sujets migratoires.
40:55 Et peut-être, moi, je fais confiance aux parlementaires, je fais confiance au dialogue,
40:58 je fais confiance au débat, pour réussir à trouver une voie de passage.
41:01 Je pense qu'il est important de trouver une voie de passage.
41:03 Est-ce que vous acceptez que le gouvernement passe par le 49-3 s'il n'y a pas d'accord ?
41:08 Et à nouveau, moi, je suis une optimiste, j'ai foi dans le Parlement.
41:12 Et donc, moi, je pense qu'on peut trouver une voie de passage au Parlement.
41:15 Parce que là, ce que vous dites, c'est "je veux un texte équilibré, mais le Sénat n'en veut pas".
41:18 Et le 49-3, vous n'êtes pas très pour, non plus.
41:21 Mais vous savez, à nouveau, moi, il y a des textes.
41:24 Tout à l'heure, on parlait du texte sur les énergies renouvelables.
41:26 On me disait qu'on ne trouverait jamais de majorité.
41:28 Nous en avons trouvé une. Et nous avons trouvé un accord avec le Sénat.
41:31 Donc je ne pars jamais battue d'avance.
41:34 Alors, ça veut dire que vous faites le pari que Gérard Larcher, qui sera sans doute réélu demain,
41:39 sera dans une posture d'écoute et de dialogue avec vous ?
41:43 Et Bruno Retailleau ?
41:44 Mais Gérard Larcher a toujours été dans une posture d'écoute et de dialogue.
41:48 Je travaille très bien avec lui.
41:50 En témoigne, il y a 82% de commissions mixtes paritaires conclusives.
41:54 Mais vous avez peur ? En fait, vous avez peur du 49-3, parce que derrière,
41:57 le LR pourrait décider de dégainer la motion de censure dont ils ont déjà parlé ?
42:02 Je n'ai jamais peur du 49-3.
42:05 Mais de la motion de censure des LR, par contre, si, non ?
42:07 Je pense surtout que, moi, je ne m'inscris pas dans de la politique fiction,
42:10 et je pense surtout qu'il y a une voie que nous pouvons trouver.
42:13 Et cette voie, c'est à nous de la construire.
42:15 Nous sommes aux responsabilités, à nous de rassembler sur le texte que nous avons souhaité présenter aux Français.
42:21 Et c'est ce texte-là qui a été présenté au Conseil des ministres et qui prévoit ces deux volets.
42:25 Voilà. Donc vous faites le pari qu'il n'y aura pas de 49-3.
42:28 Merci Yael Brune-Pivet.
42:29 Vous restez avec nous. On accueille notre second invité pour le livre de la semaine.
42:34 France Inter.
42:36 Questions politiques.
42:40 Karine Bécard.
42:43 Installez-vous tranquillement. Bonjour Laurent Valdéguay.
42:47 Vous êtes journaliste, grand reporter pour le magazine Marianne,
42:51 et vous publiez avec votre confrère de L'Express, Étienne Girard,
42:55 un livre sur Nicolas Sarkozy que vous avez intitulé "Le parrain, Sarko après Sarko, l'enquête".
43:01 Ça vient de sortir aux éditions du Seuil.
43:04 Laurent Valdéguay, première question, premier sentiment, premier réflexe.
43:08 Sincèrement, pourquoi encore écrire un livre sur Nicolas Sarkozy ?
43:11 Est-ce qu'on n'a pas déjà tout dit ? Qu'est-ce que vous avez été chercher en fait ?
43:14 Qu'est-ce que vous aviez envie de savoir qu'on ne sait pas encore ?
43:17 En fait, il y a plein de livres sur Nicolas Sarkozy.
43:19 Il y a plein de livres politiques sur l'homme politique.
43:21 Il y a des livres judiciaires sur les enquêtes judiciaires qui le visent.
43:25 Vous avez tout regroupé ?
43:26 Il n'y a pas de Sarkozy à 360. Parce qu'en réalité, chez lui, tout est lié.
43:33 Et puis alors, surtout, il n'y a rien sur le business de Nicolas Sarkozy,
43:37 c'est-à-dire ses affaires depuis qu'il a quitté la politique.
43:40 Il l'avait dit il y a quelques années. Il avait dit "Quand je quitterai la politique, je ferai du fric".
43:44 Et en réalité, il est décomplexé par rapport à l'argent.
43:47 Et il a trois plaintants. Il a ce plaintant politique d'influence.
43:52 Alors, il déteste qu'on lui dise qu'il continue de faire de la politique.
43:55 Il dit "Je fais de l'influence". Alors ça, il en fait de l'influence.
43:59 C'est un défilé rue de Miroményl dans ses locaux.
44:02 Tout le monde défile, tout le monde vient le voir.
44:04 Enfin, pas moi, mais oui.
44:05 C'est quasiment un plaintant. Il a un plaintant qui est ce business.
44:08 Il est dans plein de sociétés. Il tire les ficelles.
44:11 Il est un peu le roi des médias aujourd'hui, puisqu'il conseille Vincent Bolloré.
44:14 Il a été à la manœuvre dans tous les derniers regroupements.
44:18 Et puis, il a un plaintant avec les juges. Parce qu'en réalité, il a déjà...
44:22 Celui-là, il ne l'a pas choisi.
44:23 Celui-là, il ne l'a pas choisi du tout. Celui-là, il lui prend une énergie folle.
44:27 Je rebondis sur ça. Est-ce qu'il fait du fric, effectivement ?
44:30 Est-ce que c'est un grand businessman ? Est-ce qu'il gagne de l'argent ?
44:33 Est-ce qu'il est influent dans le milieu du business aussi ?
44:35 Il est un parrain du CAC 40.
44:38 Et oui, les enquêteurs de l'affaire Libyenne, c'est la seule trace qu'on ait.
44:42 Parce que c'est vraiment très difficile d'enquêter sur ce volet-là.
44:45 C'est son volet le plus privé, dit-il.
44:47 Et puis, comme il est avocat depuis toujours, tout passe beaucoup par sa société d'avocat.
44:52 Mais les policiers de l'affaire Libyenne ont dressé un état des lieux de ces activités entre 2012 et 2019.
44:59 Ils se sont arrêtés en 2019.
45:00 Ça fait quand même une moyenne de 250 000 euros par mois.
45:04 Autrement dit, il gagne bien sa vie, à la fois comme avocat.
45:07 A cette époque, il faisait beaucoup de conférences,
45:09 qui étaient des conférences, quand il avait quitté l'Elysée, il faisait beaucoup de conférences rémunérées.
45:13 Ça, c'est un peu tari.
45:14 Mais ce qui a repris le dessus, c'est son titre d'advisor, comme on dit en anglais,
45:19 au sein des conseils d'administration.
45:22 – Alors, le fait de gagner de l'argent, ce n'est pas quelque chose de mal.
45:25 – Pas du tout mal.
45:26 – 250 000 euros par mois quand même, on entend.
45:28 – On peut décider, en tout cas, dans une nouvelle ordre, dans une nouvelle démocratie.
45:32 Est-ce que vous considérez, comme lui le considère,
45:36 qu'il y a eu souvent de l'acharnement sur lui,
45:39 que les juges ont une dent, notamment dans certaines affaires,
45:44 et la décision du Conseil constitutionnel, il y a 3 jours ou 4 jours, concernant la QPC,
45:49 qui considère qu'il peut encore aller en appel ?
45:51 On a beaucoup parlé de François Fillon, moins lui.
45:53 Est-ce que vous ne considérez pas que c'est un peu la preuve
45:55 qu'il y avait une haine anti-Sarkozy dans la magistrature ?
45:58 – Il y a plein d'enquêtes sur lui.
46:00 Il a tendance, quand il fait ses…
46:02 – Parlez près du micro, excusez-moi de vous couper.
46:04 – Il est toujours le même, Nicolas Sarkozy, qu'il soit dans un prétoire,
46:08 il a passé des dizaines d'heures dans les prétoires,
46:10 des dizaines d'heures dans le cabinet de juges d'instruction,
46:12 et à chaque fois qu'il est interrogé sur ses affaires, il est exactement pareil.
46:15 Et il a tendance à personnaliser.
46:18 Pendant longtemps c'était le juge qui…
46:19 – On peut se dire que certains magistrats ont tendance à personnaliser aussi.
46:21 – En réalité, quand on fait le décompte de chacune de ses affaires,
46:24 l'affaire Bismuth par exemple, il y a une vingtaine de juges
46:26 qui se sont penchés sur tous ces sujets.
46:28 Et en réalité, dans tous ces dossiers, il dit qu'il n'y a pas de preuve.
46:32 C'est vrai que dans certains dossiers, rien ne la câble,
46:34 mais tout l'accuse, dans les démonstrations judiciaires qui sont faites,
46:38 et donc du coup il se débat avec tout ça,
46:41 il y a souvent dos au mur dans les prétoires.
46:45 – Donc il n'y a pas d'acharnement ?
46:47 – Il n'y a pas d'acharnement, il y a des juges qui enquêtent.
46:50 C'est vrai que l'affaire Big Malion…
46:52 – Vous êtes embêté quand même sur cette question, vous ne le savez pas.
46:54 – Non, parce que la notion d'acharnement,
46:55 ça veut dire qu'il y a une volonté judiciaire.
46:57 – Que vous ne reconnaissez pas.
46:59 Alors aujourd'hui, ce que je voudrais savoir, Laurent Valdiguier,
47:01 c'est est-ce que Nicolas Sarkozy préfère le business à la politique ?
47:05 – Alors il y a une phrase de Rachida Dati, qui le connaît vraiment bien,
47:08 et qui dit "Nicolas Sarkozy, il aura 120 ans, un cheveu et une dent,
47:13 s'il peut revenir, il reviendra".
47:15 Alors c'est vrai qu'il y a cette phrase de Talleyrand, vous savez,
47:19 "quand je m'ausculte, je m'inquiète, quand je me compare, je me rassure".
47:23 – Oui, je le dis tout le temps.
47:24 – Et donc c'est vrai qu'à la fois lui, il a un discours consistant à dire
47:27 "c'est vraiment fini, c'est vraiment fini, arrêtez de croire que je reviendrai",
47:31 à la fois, il est toujours là en fait, c'est un coureur du peloton
47:36 qui n'a finalement jamais été lâché, y compris dans toutes les colles de montagne
47:40 que sont la politique aujourd'hui.
47:41 – Françoise Frésoz.
47:42 – Moi ce qui m'a intéressée dans votre livre, qui est très documenté,
47:44 c'est au fond ce mélange des genres, c'est-à-dire je suis ancien président de la République,
47:48 je fais du business, j'ai peut-être des affaires,
47:51 et démocratiquement, c'est quoi la signification de tout ça ?
47:55 Parce qu'on a créé beaucoup de comités d'éthique pour vérifier
47:59 qu'après la vie politique, certaines personnes n'aillent pas dans telle entreprise,
48:03 et là on a quand même l'exemple démontré d'un ancien président de la République
48:07 qui fait du business, mais qui fait aussi de l'influence,
48:09 qui fait de l'influence politique, il a fait des conférences en Russie,
48:14 donc moi c'est ce mélange des genres…
48:16 – C'est bon ou pas pour la démocratie, c'est ça ?
48:17 – C'est ce mélange des genres qui m'interpelle et me dit jusqu'où on peut aller
48:21 quand on est ancien président de la République dans le business.
48:23 On a vu aussi à quel point Schroeder avait été ennuyé aussi sur ses conférences,
48:27 sur son soutien à la Russie, donc voilà, cette partie-là m'intéresse beaucoup.
48:32 – Alors pas facile, Laurent Valdivier, ça ne s'est pas écrit dans votre livre.
48:34 – Alors si, c'est vrai que dans la façon dont les policiers ont enquêté sur son business en 2016,
48:40 on s'est rendu compte en regardant les dates, qu'en réalité quand il est revenu,
48:44 quand il a fait la primaire de 2016, à cette époque, il n'était pas du tout su,
48:50 pas du tout connu, il ne s'en vantait pas du tout, il n'en a jamais parlé de tout ça.
48:54 Mais en réalité s'il avait été élu président de la République,
48:57 il aurait eu à afficher ce rapport décomplexé à l'argent.
49:01 Il a un rapport décomplexé à l'argent, Nicolas Sarkozy, on ne l'interroge jamais là-dessus,
49:05 mais de fait il a ce rapport décomplexé à l'argent.
49:07 Et là où il y a mélange, c'est qu'il a un rapport singulier avec Emmanuel Macron.
49:13 – Alors ça je voulais, attendez, je voulais revenir à ça, Alain,
49:16 et là j'aimerais qu'on entende Yael Bournepivé.
49:18 La relation qui existe aujourd'hui entre Emmanuel Macron et Nicolas Sarkozy,
49:22 quel regard vous portez sur ça ?
49:24 – Aucun, parce que je ne la connais pas et je n'ai pas à m'exprimer sur cette relation
49:29 qui existe entre deux hommes, entre deux anciens présidents.
49:33 Moi je consulte assez fréquemment les anciens présidents de l'Assemblée Nationale,
49:39 parce qu'ils ont un regard qui m'intéresse.
49:42 Donc ça ne me choque pas qu'il y ait ce dialogue entre deux présidents,
49:45 mais je ne peux pas vous en dire plus, parce que je pense que c'est dans leur intimité
49:49 de relation de président et d'ancien président de la République.
49:53 Comme moi les relations que je peux avoir avec les anciens présidents de l'Assemblée Nationale
49:56 sont dans l'intimité de mon bureau.
49:58 – Vous n'avez jamais rencontré Nicolas Sarkozy ?
50:00 – Je l'ai rencontré au cérémonie, je l'ai rencontré à l'Assemblée Nationale,
50:03 je l'ai invité à déjeuner, je ne suis pas allée au Ménil,
50:07 et c'était extrêmement intéressant.
50:09 En fait, moi qui suis une nouvelle venue dans la politique,
50:14 je me nourris beaucoup de l'expérience de personnalités
50:18 qui ont exercé des responsabilités imminentes,
50:21 et donc c'était un déjeuner absolument passionnant.
50:24 – Qu'est-ce qui vous a apporté en particulier ?
50:26 – C'est un conseil qu'il vous a donné que vous avez gardé.
50:28 [Rires]
50:30 – Il m'a dit que j'avais de l'avenir.
50:32 – Ah ça c'est plus qu'un conseil alors ?
50:34 – Alors pour préciser les relations de chacun,
50:37 comment vous diriez-vous que chacun utilise l'autre,
50:40 chacun joue sur l'autre et chacun se croit supérieur à l'autre ?
50:43 – Alors entre Emmanuel Macron et Nicolas Sarkozy, qu'on recolle un peu les choses.
50:46 – D'abord Nicolas Sarkozy, il a dit, il a cette fameuse phrase à Gérald Darmanin
50:50 qui sort du bureau d'Emmanuel Macron en lui disant qu'il vient d'être nommé ministre du budget,
50:54 et puis Sarkozy lui demande "mais qui va être Premier ministre ?"
50:56 – Oui, complètement.
50:57 – Et c'est Darmanin qui hésite un peu, et Sarkozy se froisse de cette hésitation,
51:02 et donc Darmanin lui dit "Edouard Philippe".
51:05 Et alors Sarkozy il a cette phrase qui résume tout son état d'esprit
51:08 par rapport à Emmanuel Macron à ce moment-là,
51:10 "je ne comprends plus rien à la politique".
51:13 Et ils se sont retrouvés en 2018…
51:15 – Phrase qu'il aurait répétée récemment.
51:17 – Ils se sont trouvés en 2018, dans cette semaine de bascule des Gilets jaunes,
51:21 vous savez dans ces 7 jours où il a fallu changer tout le dispositif policier,
51:25 lac de Triomphe etc.
51:26 Parce qu'au fond c'est Nicolas Sarkozy qui a joué un rôle de coach,
51:30 il s'en cache pas, il aime bien l'expression,
51:33 il a joué un rôle de coach auprès d'Emmanuel Macron,
51:35 des époux Macron à ce moment-là, quand ça a été un peu tendu.
51:39 À ce moment-là les époux Macron ont même envisagé
51:41 de se trouver un appartement dans Paris au cas où.
51:44 Donc en réalité c'est dire si ça a été tendu à ce moment-là.
51:47 Et puis alors depuis, ils sont à la fois inséparables,
51:50 et à la fois comme dit Sarkozy,
51:52 "Emmanuel Macron n'écoute rien de ce que je lui dis".
51:55 Et c'est vrai qu'il essaye tout le temps de lui proposer des solutions,
51:59 de Premier ministre, de ceci et cela.
52:01 Quand par exemple il lui a appris, Emmanuel Macron,
52:03 qui venait de nommer Elisabeth Borne, Nicolas Sarkozy lui a dit
52:07 "Ah bon ben bravo, je vous félicite, vous venez de perdre les législatives".
52:11 – Et elle, elle vivait coachée par un homme
52:13 qui a quand même été condamné plusieurs fois en première instance.
52:15 Il a fait appel, c'est un problème ou pas ?
52:17 En termes d'exemplarité du personnel politique ?
52:20 – Je ne sais pas s'il faut retenir ce terme de "coachée"
52:23 comme je vous le disais, moi je ne sais pas quelle est leur relation.
52:26 Maintenant, il est normal, et c'est quelque chose qui doit tous nous interroger,
52:31 il est normal lorsque l'on a exercé des responsabilités
52:34 et qu'on a eu un mandat politique, après que la vie ne s'arrête pas.
52:38 Et donc la vie doit continuer, et si l'on veut ne plus avoir
52:42 d'hommes et de femmes politiques qui sont hommes et femmes politiques à vie,
52:45 il faut bien avoir une vie avant, et il faut bien avoir une vie après.
52:49 Moi je vois encore trop d'élus qui sont sur le carreau.
52:53 Et donc si après avoir perdu les élections il y a maintenant un an et demi.
52:58 Et donc critiquer le retour dans la vie économique active
53:03 d'un ancien président, d'un ancien parlementaire,
53:05 considérer que ça peut faire l'objet de conflits d'intérêts
53:08 alors qu'il n'est plus élu depuis 12 ans,
53:10 jusqu'à quand en fait on ne doit pas exercer d'activité ?
53:15 Non mais ça nous interroge tous, parce qu'autrement on n'aura plus personne
53:18 qui s'engagera en politique si on ne peut pas après retourner
53:21 soit sur sa profession, soit faire...
53:24 Le seul sujet c'est le mélange des gens,
53:27 c'est-à-dire en quoi les affaires ont pu enfourner la politique.
53:30 Mais il n'est plus élu, il n'est plus élu aujourd'hui.
53:33 Oui c'est ce rôle en coulisses qui est à la fois nulle part et à la fois partout.
53:37 Et les pro-immédiats français, c'est important pour eux ?
53:40 Ils continuent d'être clivants, regardez à la fois...
53:42 Mais Parrain c'est sa femme quand même...
53:44 C'est sa femme qui a, dans une interview au courrier de la Séra,
53:47 qui a dit "oui mon mari a un petit peu de marge".
53:49 Merci à tous, merci à vous, Laurent Veldigier,
53:52 je rappelle le titre de votre livre, "Le Parrain, Sarko, après Sarko, l'enquête et c'est au seuil".
53:56 Merci évidemment à vous aussi, Yael Brune-Pivet, d'avoir été notre invitée ce dimanche dans "Questions politiques".

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