Apolline de Malherbe reçoit Yaël Braun-Pivet, la présidente de l'Assemblée nationale, dans "Face-à-Face" sur BFMTV et RMC, ce lundi 1er juillet 2024.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Il est 8h32 sur RMC et BFM TV, bonjour Yael Brun-Pivet, merci d'être dans ce studio pour répondre à mes questions.
00:06Vous êtes la présidente sortante de l'Assemblée nationale, c'est fini le macronisme ?
00:11Écoutez, est-ce que j'ai l'air finie ? Moi je suis en position, en bonne position pour être élue sur ma circonscription
00:21et donc nous sommes très nombreux à mener le combat aujourd'hui.
00:25Nous sommes au lendemain d'un premier tour, il y a un deuxième tour et donc vous savez,
00:30tant que les élections ne sont pas finies, on ne peut pas préjuger du résultat.
00:35Donc moi je suis aujourd'hui devant vous en tant que combattante pour la démocratie, pour les valeurs auxquelles je crois.
00:42Le combat n'est pas terminé et donc il faut le mener.
00:45En vrai ?
00:46En vrai.
00:46En vrai, vous y croyez encore ?
00:47En vrai, en tout cas moi j'y crois pour moi.
00:49Non mais c'est important madame !
00:52Non mais évidemment, mais le macronisme est constitué d'hommes et de femmes qui, un jour,
01:00ont cru au dépassement des clivages, ont cru à l'engagement de la société civile en politique
01:06et ont cru au renouveau démocratique.
01:08Moi j'ai toujours dit, et été assez critique sur un certain nombre de points,
01:12mais d'une façon complètement sûre, nous n'avons jamais renoncé aux valeurs qui étaient les nôtres,
01:19nous n'avons jamais renoncé à notre volonté de réformer la France
01:23et d'apporter des solutions très concrètes à nos concitoyens.
01:27Et donc moi je continue à me battre pour cela.
01:29Nous avons de nombreux candidats du front, qu'on peut qualifier réformistes,
01:35qui sont encore en lice et donc ces candidats, il faut les soutenir,
01:38il faut être derrière eux pour emporter le maximum de sièges.
01:41Oui, on va y revenir et on va essayer de comprendre aussi la stratégie d'existement ou pas,
01:45mais vous avez dit un mot, vous avez dit, nous sommes ceux qui avions cru à la fin des clivages.
01:50Est-ce que ce n'est pas bien pire aujourd'hui, en termes de clivage, que ça n'était quand vous êtes arrivés ?
01:54Est-ce que vous n'avez pas fait exactement l'inverse de ce que vous aviez promis aux Français ?
01:57Alors vous savez qu'on a une société qui se fracture de plus en plus,
02:03qui s'oppose de plus en plus, et on voit bien que les programmes,
02:07que ce soit du Rassemblement National ou de la France Insoumise,
02:11sont des programmes qui opposent les Français les uns aux autres, qui les divisent,
02:14et donc oui, on ne peut être qu'être très attristé de la situation qui est la nôtre aujourd'hui.
02:21Nous savons et nous voyons, nous ne sommes pas isolés, nous voyons le monde tel qu'il est aujourd'hui,
02:26nous voyons que cela existe dans de nombreux pays,
02:29donc je pense que c'est très simpliste de considérer que ce serait la faute d'un seul homme.
02:34C'est la faute de l'époque ? C'est la faute de la société ?
02:36Vous savez, moi je n'aime pas voir le monde en noir et blanc, c'est très complexe,
02:41et donc on voit bien que c'est dû à un certain nombre de choses,
02:46un sentiment et une réalité d'éloignement, d'oubli, d'inégalités territoriales
02:53auxquelles nous n'avons pas réussi à répondre, d'inégalités des chances,
02:56moi je crois beaucoup en la promesse républicaine,
02:59on voit bien que la censure sociale ne marche plus bien dans notre pays
03:02et nous n'avons pas réussi à corriger cela,
03:04on voit bien que nos compatriotes ont le sentiment qu'on les a abandonnés parfois,
03:10donc voilà, il y a de multiples raisons, évidemment,
03:13mais je pense que justement, dans des moments de troubles,
03:16dans des moments où on ne sait plus finalement où aller, à quoi et à qui se raccrocher,
03:22moi je crois profondément en la République, en ses institutions, en ses valeurs,
03:27en ses grands principes auxquels il faut absolument se tenir,
03:31et c'est ce que je fais aujourd'hui et c'est ce que je continuerai à faire demain.
03:34Et il y a un certain nombre de points qui ont été effectivement lancés,
03:37et dès 20h hier Emmanuel Macron appelait, je cite,
03:40un large rassemblement clairement démocrate et républicain,
03:43on va y revenir, mais les appels d'abord et les consignes de vote.
03:46Est-ce que vous êtes plutôt Gabrielle Attal qui ne dit pas une voix au RN
03:48ou est-ce que vous êtes plutôt Edouard Philippe qui ne dit aucune voix,
03:50ni pour le RN ni pour LFI ?
03:52Moi je suis Yael Bouen-Pivet, je suis, et je l'ai dit hier,
03:55aucune voix pour le Rassemblement National,
03:58et concernant le Bloc de Gauche,
04:00je considère que l'immense majorité du Bloc de Gauche est républicain,
04:05et donc on peut sans aucune difficulté appeler à voter pour eux,
04:08et c'est ce que je fais pour les écologistes, les socialistes, les communistes,
04:11et au sein de la France Insoumise, je fais le distinguo,
04:14excusez-moi de faire du cas par cas, excusez-moi d'être nuancée,
04:17je ne traite pas de la même façon Caroline Fiat et M. Guiraud.
04:21Permettez-moi de considérer que Caroline Fiat est une grande républicaine
04:25et une aide-soignante humaniste que j'ai pu côtoyer
04:29et qui déplorait le bordel ambiant à l'Assemblée Nationale,
04:32et que de l'autre côté, j'ai quelqu'un qui n'adhère pas aux valeurs de la République
04:35et qui exprime des idées antisémites.
04:37Permettez-moi de considérer que Caroline Fiat mérite d'être soutenue
04:41quand l'autre mérite d'être combattue nuit et jour.
04:44Vous le dites à Edouard Philippe, vous le dites à Bruno Le Maire,
04:46Bruno Le Maire qui, il y a un instant, disait « pas LFI ».
04:49Je le dis aux Français, c'est les Français qui demain sont appelés aux urnes,
04:53je leur dis « regardez dans votre circonscription, regardez quels sont les candidats,
04:57regardez quelles sont les valeurs qu'ils portent,
04:59regardez quelle est la vision de la République qu'ils ont,
05:03parce que c'est ça qui m'importe moi aujourd'hui, c'est la République qui est en danger.
05:07Précisément, Yael Burn-Pivet, et là pour le coup,
05:10on a vraiment senti que s'il y avait un combat que vous avez mené ces derniers temps,
05:15c'est aussi celui de cette grande marche républicaine pour la République, disiez-vous,
05:19cette grande marche contre l'antisémitisme,
05:22LFI avait choisi de ne pas y participer.
05:25Et aujourd'hui, vous dites certains qui, à la fin, donneront un groupe
05:30autour peut-être de Jean-Luc Mélenchon, pourquoi pas ?
05:33Non, ce n'est pas ce que j'ai dit, j'ai dit, moi je regarde les personnes,
05:37vous savez, on est tous engagés en politique, on porte des choses,
05:40on n'a pas juste une étiquette sur le dos avec le nom d'un parti,
05:44et nous ne sommes pas comptables et responsables ni solidaires
05:48avec forcément le nom du chef du parti.
05:51Et moi je sais faire le distinguo, et moi j'ai vu hier dans des manifestations,
05:55à nouveau, des drapeaux palestiniens à foison,
05:58là où je cherchais désespérément les drapeaux français.
06:01Ça n'est pas possible, ça n'est pas la vision que j'ai de mon pays.
06:04Vous parlez là du rassemblement qui a eu lieu, notamment Place de la République,
06:08hier soir, la présence de Rima Hassan aux côtés de Jean-Luc Mélenchon
06:14dès sa première intervention à 8h15, alors que Rima Hassan n'était pas
06:18candidate pour ses élections législatives.
06:20À nouveau ensuite sur la scène de la Place de la République,
06:24est-ce que pour vous c'est un message que souhaite faire passer Jean-Luc Mélenchon ?
06:26Je pense que c'est de la provocation qu'il réalise,
06:30et donc je pense qu'il ne faut pas se laisser entraîner non plus,
06:34et ne se laisser leurrer, et donc c'est pour cela que moi je dis aux Français
06:40regardez qui est dans votre circonscription candidat,
06:44et est-ce que cette personne est dans l'arc républicain ou est-ce qu'elle ne l'est pas ?
06:49Lorsque par exemple il y a Louis Boyard qui est candidat de la France insoumise,
06:54et Loïc Signor qui arrive en troisième position,
06:57Loïc Signor qui est le porte-parole de votre parti Renaissance,
07:00est-ce que là pour le coup vous vous dites non, on ne se désiste pas ?
07:04Écoutez, moi je n'ai pas le tableau global...
07:07Il refuse, à un moment où on se parle il refuse de se désister.
07:10Regardez les attitudes de certains de ces parlementaires
07:13dont vous venez de citer un exemple avec Louis Boyard.
07:17Moi j'ai été la présidente de l'Assemblée nationale
07:20qui a lutté pied à pied face à une partie de la France insoumise
07:25qui rejetait les institutions et qui n'avait que comme objectif de les mettre par terre.
07:30Moi c'est ce que j'ai vu, je ne vais pas aujourd'hui soutenir cette frange
07:35de la France insoumise extrémiste, et donc je sais faire le distinguo.
07:39Est-ce que c'est possible aujourd'hui en France
07:42d'être une personnalité politique et d'être nuancée ?
07:45Est-ce que c'est encore possible madame de Malherbe ?
07:47Je ne comprends pas très bien votre position, c'est-à-dire que pour avoir longtemps...
07:50Vous m'interdisez d'être nuancée.
07:52Moi ? Qu'est-ce que je fais moi ?
07:53Je ne sais pas, vous me dites que vous ne comprenez pas ma position.
07:56Je vais vous citer Edouard Philippe qui dit, lui pour le coup,
07:58ni RN ni LFI, il ne distingue pas lui.
08:01C'est le choix d'Edouard Philippe, moi je suis Yael Brune-Pivert.
08:04Mais bien sûr, c'est exactement ce que je vous pose comme question.
08:06Eh bien ça fait dix minutes que je vous explique que moi je distingue,
08:09que moi j'ai vu des parlementaires...
08:11Mais vous commencez par dire Yael Brune-Pivert,
08:13que vous pensez encore qu'il y a un sursaut possible.
08:15Honnêtement, et là pour le coup on ne va pas se leurrer,
08:17ni vous ni moi, ni ceux qui nous écoutent.
08:19Vous le savez bien, aucune projection ne donne la moindre majorité à votre groupe.
08:23Moi j'aimerais bien qu'on continue à faire comme si, mais bon...
08:25Mais moi j'ai aujourd'hui devant moi un paysage politique
08:29qui est extrêmement fracturé.
08:31Je n'ai pas aujourd'hui la vision d'un rassemblement national
08:35qui est nécessairement avec une majorité absolue.
08:37Je vois qu'il y a beaucoup de duels,
08:39beaucoup de triangulaires,
08:41beaucoup d'endroits où nos candidats,
08:43où les candidats de l'arc républicain
08:45peuvent gagner cette élection au deuxième tour.
08:48Je le vois pour des candidats de la majorité présidentielle,
08:51Renaissance, d'autres appartenant au groupe socialiste,
08:55au groupe écologiste,
08:56et c'est pour eux que je vais me battre demain,
08:58parce que je ne veux pas laisser mon pays aux mains du Rassemblement national.
09:02Mais par ailleurs, ce que vous appelez de la nuance
09:04rend les choses compliquées, vous le comprenez ?
09:06C'est le principe de la nuance, Madame de Malherbe.
09:08Non mais les choses compliquées dans un moment
09:10où précisément certains partis ont appelé à une clarification claire et nette.
09:14Mais vous savez, moi je parle toujours à l'intelligence des gens,
09:17à leur intelligence.
09:19Et donc les Français sont très bien,
09:21et permettez-moi de le penser profondément,
09:24ils sont aptes à aller lire leur profession de foi des candidats,
09:28voir ce qu'ils proposent et voir qui ils sont,
09:30et c'est en lisant vos professions de foi qu'ils ont choisi,
09:33élection après élection, de ne plus voter pour vous.
09:36Écoutez, on a encore à nouveau un certain nombre de candidats
09:39qui sont en lice, je suis en lice,
09:42nous avons d'autres candidats que nous soutenons,
09:45et donc la partie n'est pas jouée.
09:47L'élection législative se déroule en deux tours et pas en un tour.
09:51Emmanuel Macron qui a appelé hier à un large rassemblement
09:53clairement démocrate et républicain,
09:55et Gabriel Attal ensuite qui a demandé, je cite,
09:57une majorité de projets ou d'idées.
10:00Sur quelles bases ?
10:02Alors moi, vous savez, si vous m'écoutez attentivement,
10:05depuis des semaines, depuis des mois, depuis des années,
10:07je plaide pour cette coalition républicaine,
10:11des forces progressistes,
10:13donc sur des bases de valeurs, la République,
10:16la laïcité, l'union,
10:19la conviction qu'il n'y a en France qu'une seule communauté,
10:23la communauté nationale,
10:25et des personnes qui pensent que nous avons besoin
10:28d'une économie prospère, raisonnable,
10:30que nous avons besoin d'entreprises
10:33qui créent des emplois, qui créent de la richesse,
10:35une économie qui soit verte, qui soit vertueuse.
10:39Donc il faut aller dans cette direction-là,
10:41et je sais que nous sommes capables aujourd'hui et demain
10:44de construire une majorité qui porterait ces projets-là.
10:47Nous en discutons souvent, nous avons cette vision-là,
10:51et puis moi j'ai cette vision-là, surtout,
10:53de gouvernants qui n'ont pas raison à eux tous seuls.
10:56Ça n'est pas un camp contre un autre,
10:58et moi j'ai cette vision de gens qui partageons
11:01ce socle de valeurs, de projets,
11:04sont capables de construire ensemble,
11:05sont capables de s'écouter, sont capables du compromis,
11:08sont capables d'être nuancés.
11:10Est-ce que lorsque Gabriel Attal décide, hier soir,
11:14de suspendre la réforme de l'assurance-chômage,
11:16qui devra donc intervenir ce matin au journal officiel,
11:21c'est une manière de dire,
11:23on renonce à une partie de notre programme économique
11:26pour, précisément, construire une autre majorité ?
11:28C'est surtout une manière de faire pause
11:30dans un moment compliqué,
11:32où nous sommes entre les deux tours des élections législatives,
11:35le temps est venu de la campagne,
11:38d'être clair sur ce que nous voulons construire,
11:41cette coalition des démocrates, progressistes, responsables,
11:45avec cette ambition sociale et écologiste,
11:49et ce n'est pas le moment de continuer des réformes...
11:52Ça veut dire quoi ?
11:53Ça veut dire qu'une partie des LR,
11:55ceux qui n'ont pas rejoint Eric Ciotti ou le RN,
12:00jusqu'aux PS, écolos, peut-être même PC ?
12:05Pourquoi pas ?
12:06J'ai vu à l'Assemblée nationale, au PC,
12:08le président de groupe André Chassaigne,
12:10qui est un grand républicain,
12:12qui est responsable, avec lequel nous pouvons construire,
12:15et de l'autre côté, les républicains
12:17qui ne se sont pas vendus au RN,
12:20sont aussi des grands démocrates.
12:22Moi, hier, si vous m'autorisez,
12:24je me suis entretenue avec le président du Sénat,
12:27Gérard Larcher,
12:28qui m'a dit qu'il me soutenait pour mon élection
12:33dans la cinquième circonscription des Yvelines,
12:35qu'il était derrière moi,
12:37parce que nous avons, justement,
12:38cette République et ses valeurs en partage.
12:41Et donc, oui, je crois possible,
12:43aujourd'hui, la construction d'une grande coalition
12:46qui verrait toutes ces personnes
12:48continuer à construire pour la France,
12:50parce que le danger est grand
12:52de voir la France se désunir.
12:55Et ça, je ne le veux pas.
12:56Est-ce que ça veut dire,
12:57et on va aller un peu plus loin, Yael Brown-Pivet,
12:59que lorsque, hier, vous avez cet échange
13:01avec le président du Sénat,
13:02vous parlez de votre circonscription,
13:04mais est-ce que, plus largement,
13:05vous avez commencé à évoquer les contours
13:07de ce qui pourrait être
13:08une sorte de rassemblement démocrate et républicain,
13:11plus globalement,
13:12travailler ensemble, peut-être,
13:13le Sénat, l'Assemblée nationale ?
13:14Non, ça n'était pas le temps, hier.
13:16Vous savez que moi,
13:17j'étais une présidente de l'Assemblée nationale
13:19qui travaillait main dans la main avec le Sénat.
13:21Vous avez rappelé cette marche
13:23contre l'antisémitisme.
13:24Vous étiez quasiment main dans la main,
13:25tous les deux.
13:26Vous étiez à l'initiative de cette marche.
13:28Et on avait plus de 200 000 de nos compatriotes
13:30qui étaient avec nous,
13:31avec des drapeaux français.
13:33Et ça, c'est important,
13:34et qui chantaient la Marseillaise.
13:35Et quand vous dites ça,
13:36c'est une référence à ces drapeaux
13:37que vous n'avez pas vus, dites-vous,
13:39hier soir.
13:41Yael Brown-Pivet,
13:43vous avez annulé
13:45la réforme de l'assurance-chômage.
13:47Elle est donc suspendue.
13:48Est-ce qu'il fallait aussi annuler
13:50la hausse du prix du gaz,
13:51plus 12% ce matin ?
13:53Le pays n'est pas à l'arrêt.
13:55Donc il faut évidemment
13:57que tout ce qui était prévu,
13:59organisé, puisse se poursuivre.
14:02Maintenant, je pense que
14:04vraiment, cette semaine doit être
14:06la semaine ultime de clarification politique.
14:09Et donc, permettez-moi
14:11de rester sur cette clarification politique,
14:14et non pas sur des mesures
14:16qui, certes, sont fondamentales
14:18pour nos compatriotes,
14:19puisqu'il s'agit de leur pouvoir d'achat.
14:21Mais je crois aujourd'hui
14:23qu'il faut absolument
14:24que nous mettions toute notre énergie
14:26pour construire cette nouvelle majorité.
14:27Vous aviez demandé, d'ailleurs,
14:28et vous l'aviez dit à plusieurs reprises,
14:30que vous seriez vous-même candidate
14:31à votre propre succession
14:33à la présidence de l'Assemblée nationale.
14:35Au moment où on se parle,
14:36les quelques projections
14:37donnent au maximum jusqu'à 125 députés Renaissance.
14:40Mais si on en croit aussi votre volonté,
14:42construire une alliance plus globale,
14:44est-ce que, dans ce cas-là,
14:45vous seriez prête à reprendre du flambeau ?
14:47Si on construit une alliance globale
14:50des démocrates pour gérer le pays,
14:53évidemment, je suis prête à reprendre le flambeau.
14:55Mais évidemment, je ne serai jamais
14:57la présidente d'une Assemblée
14:58dominée par le Rassemblement national.
14:59Quand vous disiez
15:00qu'il y a un certain nombre de priorités,
15:03vous avez dit, j'ai même entendu
15:05ceux qui se sont sentis longtemps oubliés
15:09ou avec un sentiment d'être coupés des réalités.
15:11C'est le mot que vous avez utilisé
15:12à propos de ceux qui ont été motivés
15:14à voter pour le Rassemblement national.
15:16Qu'est-ce que vous leur dites à eux en particulier ?
15:18C'est-à-dire ce matin,
15:19qu'est-ce que vous dites à ceux,
15:20plus de 30 %,
15:21qui ont voté Rassemblement national ?
15:23Qu'est-ce que vous ferez pour eux ?
15:25Moi, je crois d'abord que ces personnes-là,
15:28ces Français,
15:29qui ont besoin d'être considérés
15:33dans ce qu'ils sont et dans ce qu'ils font,
15:35dans ce qu'ils vivent,
15:37il faut évidemment que ce soit
15:40la priorité de toute politique.
15:43C'est-à-dire que lorsqu'on fait de la politique,
15:46on la fait pour les gens,
15:47pour améliorer leur vie,
15:48pour améliorer leur vie quotidienne.
15:50Et on voit bien que leur vie ne s'est pas améliorée.
15:54Et donc, ça doit être la priorité
15:56en termes de sécurité,
15:57en termes d'emploi,
15:59et nous avons fait beaucoup en termes d'emploi,
16:01mais en termes surtout de capacité
16:04à construire leur avenir.
16:06On voit bien que moi, je suis maman,
16:10et on voit bien que finalement,
16:12le souci principal pour un parent,
16:14c'est de savoir que son enfant
16:17a autant de chances que les autres.
16:19Et on voit bien qu'il y a des parties
16:21de notre territoire,
16:22notamment en ruralité,
16:23où les enfants de la République
16:25n'ont pas les mêmes chances que les autres
16:27parce qu'ils sont trop éloignés de la formation
16:29en termes de transport,
16:30en termes d'accès à tel ou tel diplôme.
16:34Et donc, je pense qu'il faut réussir
16:36à réconcilier les Français.
16:38Et moi, je leur dis simplement
16:39qu'ils regardent aussi le programme économique
16:41du Rassemblement national.
16:43Justement, j'en appelle à leur capacité
16:46de regarder ce qu'ils projettent
16:49et de voir à quel point c'est inconséquent
16:51et à quel point, finalement,
16:53le programme du Rassemblement national,
16:55s'il est appliqué,
16:56entraînera de la perte de pouvoir d'achat pour eux.
16:59Bernard Sananès, tout à l'heure de l'Institut Elabe,
17:01expliquait ces chiffres
17:03et disait notamment une chose,
17:05c'est que ce sont les Français les plus modestes
17:07qui ont voté pour le Rassemblement national.
17:09En revanche, les cadres ont voté
17:11pour le nouveau Front populaire.
17:13Vous avez perdu les cadres.
17:15Écoutez, c'est vraiment tôt pour analyser
17:17cette élection précisément,
17:19catégorie par catégorie,
17:21et de toute façon,
17:22moi, c'est une façon de faire
17:24que je ne supporte pas.
17:25Je suis désolée, je ne classe pas les électeurs
17:27en fonction de leur catégorie socioprofessionnelle
17:29et en considérant...
17:30Vous vous reprochez à Bernard Sananès
17:32d'essayer de comprendre le vote ?
17:34Non, vous me dites
17:36que vous avez perdu les cadres.
17:37Ça veut dire quoi ?
17:38Ça veut dire que notre programme...
17:40C'est-à-dire que c'est l'Institut EPSOS,
17:42l'Institut Elabe, Jérôme Fourquet...
17:44Moi, je ne classe pas les Français
17:46selon leur catégorie sociale.
17:47Je ne fais pas de la politique en me disant
17:49que je vais m'adresser au cadre
17:51avec telle ou telle mesure,
17:52je vais m'adresser à telle ou telle catégorie sociale.
17:55Je veux bien qu'on continue dans le déni
17:57et ne pas raconter ce qui se passe.
17:59Mais simplement, quand vous écoutez Jérôme Fourquet,
18:01je vous le dis, Bernard Sananès ce matin,
18:03qui dit par exemple que les femmes
18:04qui jusqu'à présent ne votaient pas pour l'ORN
18:06votent désormais pour l'ORN.
18:07Je peux quand même vous demander
18:08ce que vous leur dites, à ces femmes ?
18:10Ou est-ce que je classe les Français ?
18:14Dire des choses aux femmes
18:15ou à des catégories sociales, oui.
18:17Mais après, considérer que le vote
18:19va être catégorisé selon les catégories des Français,
18:22ça ne me convient pas, ça ne me plaît pas.
18:24Permettez-moi de considérer
18:25que quand on fait de la politique,
18:26on s'adresse à tous les Français,
18:27pas par des catégories sociales.
18:29Et pour les femmes,
18:30moi je suis évidemment convaincue
18:33que le Rassemblement national a un programme
18:36qui n'est pas un programme
18:37qui favorise l'égalité hommes-femmes,
18:39qui n'est pas un programme
18:40qui prévoit l'émancipation de la femme.
18:44Moi, j'étais dans l'hémicycle
18:45quand il y a des députés du Rassemblement national
18:47qui ont exprimé très clairement
18:49qu'ils préféraient que les femmes soient à la maison
18:51à s'occuper de leurs enfants
18:52plutôt qu'à s'épanouir dans un emploi
18:56et dans une activité professionnelle.
18:58Nous sommes la majorité
18:59qui a porté la première femme au perchoir
19:02que je suis la première femme.
19:04Ça faisait 300 ans qu'il n'y avait pas eu,
19:06qu'il n'y avait que des hommes
19:07qui se succédaient à la présidence
19:09de l'Assemblée nationale.
19:10Nous sommes la majorité
19:11qui avons encore voté une loi
19:13sur l'égalité hommes-femmes
19:15au niveau des salaires,
19:16dans les entreprises, etc.
19:18Donc nous sommes la majorité
19:19de l'égalité entre les hommes et les femmes.
19:22Et ça, c'est un des plus beaux bilans
19:24que nous pouvons porter.
19:25Et je propose qu'on arrête là
19:26parce que vous êtes beaucoup sur la défensive
19:27et c'est très difficile du coup
19:28de vous interroger, Yael Bonepiouet.
19:30Honnêtement, je suis très surprise.
19:33Je comprends que ce matin
19:34ce soit compliqué et difficile.
19:36Mais si on ne peut pas vous interroger
19:38sur les territoires, par exemple,
19:40sur la différence entre le monde rural,
19:42les villes...
19:43Le problème, madame de Malherbe,
19:44c'est mes réponses qui ne vous conviennent pas
19:46et ça, c'est très problématique.
19:47Vous pouvez m'interroger sur le monde rural.
19:50J'ai fait 41 déplacements
19:51en tant que présidente
19:52de l'Assemblée nationale.
19:53Non, vous me dites que je place les Français
19:54quand je dis ça.
19:55Non, vous avez parlé
19:56que vous n'avez jamais parlé de ruralité.
19:57Donc, c'est trop facile, ça.
19:59C'est trop facile
20:00et je pense que ça, c'est très inquiétant.
20:01Moi, vous savez, 41 déplacements
20:03sur toute la France entière.
20:05Donc, j'ai été en ruralité.
20:06J'ai rencontré les Français.
20:07J'ai fait des réunions publiques
20:09dans des villages.
20:10J'ai été à leurs rencontres.
20:11J'ai vu leur désarroi.
20:12J'ai vu ceux qui...
20:14Et je les ai entendus
20:15quand ils me disaient
20:16qu'ils avaient cette conviction
20:18d'être déclassés,
20:19cette problématique
20:20des aires médicaux, etc.
20:22Ce que je leur dis aujourd'hui,
20:24c'est que je les entends,
20:25que nous n'avons pas tout bien fait,
20:26mais qu'en tout cas,
20:27le Rassemblement national,
20:28c'est de la poudre aux yeux.
20:29Et on a bien vu,
20:30pendant la campagne,
20:31qu'ils revenaient
20:32sur toutes leurs propositions.
20:33Et donc, le Rassemblement national
20:34ne réglera aucun de leurs problèmes.
20:36Et pour régler leurs problèmes,
20:37il faut construire
20:39une grande coalition
20:40allant DLR
20:41aux écologistes et aux communistes.
20:43Ça ne vous convient pas ?
20:44Eh bien, c'est ma position
20:45et permettez-moi de l'assumer.
20:46En quoi ça ne vous convient pas ?
20:47Je ne sais pas,
20:48parce que vous considérez
20:49que ce dialogue est vain
20:51et que cette interview
20:52n'est pas intéressante.
20:53Je suis désolée.
20:54Je n'ai absolument pas dit ça.
20:55J'ai dit que,
20:56quand je vous pose des questions
20:57m'appuyant sur les analyses
20:58d'Ipsos,
20:59d'Elabe
21:00ou de Jérôme Fourquet,
21:01vous me dites
21:02que je classe les Français.
21:03Et je trouve ça
21:04extrêmement insultant
21:05et je me permets de le dire.
21:06Merci Yael Bouane-Pivet
21:07d'avoir répondu
21:08à mes questions ce matin.
21:09Vous êtes la présidente sortante
21:10de l'Assemblée nationale.