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La gauche a réussir à s'unir sous l'étiquette du Nouveau Front populaire. Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste est l'invité de Amandine Bégot.
Regardez L'invité de RTL avec Amandine Bégot du 19 juin 2024

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Transcription
00:00RTL 7h43, Amandine Bigaud, vous recevez ce matin le premier secrétaire du Parti Socialiste, Olivier Faure.
00:09Olivier Faure, avez-vous hésité à rejoindre ce nouveau front populaire ?
00:14Je n'ai pas hésité à l'idée de réunir et de rassembler l'ensemble de la gauche.
00:19Mais c'est vrai que les fractures pendant la campagne des Européennes ont été parfois brutales.
00:24Et c'était parfois beaucoup de rancœur.
00:27Et donc il a fallu passer par-dessus pour arriver à se retrouver.
00:31Mais le faire parce que l'ADN de la gauche a toujours été le combat contre l'extrême droite.
00:36Et nous ne pouvions pas être absents, ni même nous offrir le luxe de la division
00:42à un moment où l'extrême droite était en passe de l'emporter dans cette élection législative.
00:46Donc vous vous êtes interrogé quand même ?
00:48On s'est interrogé, oui, au sens où on ne savait pas très bien ce que nous allions retrouver.
00:54Comment nous allions réussir à nous mettre d'accord après avoir connu une campagne
00:59qui était une campagne parfois douloureuse et dans laquelle je n'ai pas tout apprécié.
01:04Malgré cet accord, jour après jour on a quand même l'impression que ces divisions elles persistent.
01:10Dernier épisode en date si j'ose dire.
01:12C'est la question du choix du Premier ministre en cas de victoire.
01:15Vous plaidez, et vous l'avez dit hier, pour un vote.
01:18Manuel Bompard de la France Insoumise dit c'est le groupe qui aura le plus de députés qui choisira.
01:22C'est d'ailleurs ce qu'avait dit Jean-Luc Mélenchon la semaine dernière en disant que c'était une de vos idées.
01:26C'est compliqué, même sur ça vous n'êtes pas d'accord ?
01:30Non, je crois que je ne suis pas très d'accord.
01:32L'idée elle est assez simple.
01:33Quelle est la tradition républicaine ?
01:35Le Président de la République, qui est d'ailleurs le seul à pouvoir nommer, nomme qui il veut.
01:39Mais traditionnellement il appelle celui du groupe qui est majoritaire.
01:44Mais quand on a en fait un groupe qui est hégémonique dans un camp politique.
01:49Ce fut le cas longtemps des socialistes.
01:51Jacques Chirac appelle Lionel Jospin.
01:54Mais quand on a aujourd'hui une situation où vous avez des groupes où aucun n'est hégémonique.
02:00Aucun ne peut prétendre à cette hégémonie.
02:02La logique c'est effectivement de faire voter tout le monde pour qu'on puisse trouver un ou une Premier ministre
02:07qui corresponde à ce choix collectif et qui permette de rassembler cette majorité pour gouverner.
02:12Mais elle n'est pas anecdotique cette question.
02:14Les électeurs qui vont voter le 30 juin.
02:21Il y a un certain nombre qui aimerait savoir qui sera Premier ministre
02:25s'ils font le choix de glisser un bulletin Nouveau Front Populaire.
02:28Je pense notamment aux électeurs de Raphaël Glucksmann.
02:30Je ne suis pas sûre qu'ils voudraient d'un Premier ministre LFI.
02:33Mais j'étais un électeur de Raphaël Glucksmann.
02:35J'ai même fait sa campagne matin midi.
02:37Et vous seriez prêt à avoir un Premier ministre LFI ?
02:39Moi je suis prêt à jouer le jeu de la démocratie.
02:41Je suis prêt à ce que nous ayons en fait à un moment une grande discussion
02:46entre tous ceux qui auront été élus pour permettre de se dire face à telle ou telle situation.
02:51Moi j'ignore ce que sera le résultat du scrutin du 7 juillet et donc du 30 juin et 7 juillet.
02:55Et donc j'étonne voir en fonction de la situation, en fonction de la configuration,
03:00il y aura un profil qui pour moi s'imposera.
03:02Pour mobiliser ou ne pas démobiliser, il ne faut pas le faire avant ce choix ?
03:06C'est difficile de le faire avant.
03:08Parce que la réalité c'est qu'on ignore tout de cette élection.
03:11Et moi ce que je souhaite et ce que j'ai dit c'est que,
03:13puisque la question lancinante c'est de savoir est-ce que Jean-Luc Mélenchon sera ou pas Premier ministre de cette coalition,
03:19je vous ai déjà répondu.
03:21Pour moi la question n'est pas une question seulement de personne, c'est une question aussi de profil.
03:26Nous sommes dans un pays qui est totalement fracturé.
03:29Où tout s'oppose à tout.
03:31Et où en fait on a le sentiment de vivre la guerre de tous contre tous.
03:37Et moi je ne veux pas d'une guerre civique ou même d'une guerre civile qui pourrait être simplement une guerre civique.
03:42Mais enfin c'est vrai que la vérité c'est qu'il faut réparer, retisser ces liens distendus.
03:48Et donc ça suppose non pas de choisir le profil le plus clivant,
03:51mais au contraire de choisir un profil qui soit plus apaisant, rassurant
03:55et qui permette de rassembler les françaises et les français sur une vision, sur un projet.
04:00Nous allons engager de grands changements si nous sommes majoritaires.
04:03Et ces grands changements supposent aussi d'emmener les français,
04:06de ne pas jouer la conflictualité qui peut avoir son utilité
04:10parce qu'elle permet de remonter à la surface des grands débats.
04:13Mais dans un moment comme celui que nous vivons, je crois le contraire.
04:16Je crois qu'il faut évidemment chercher à fédérer plus qu'à diviser.
04:20Fédérer, réparer, vous utilisez ce mot ce matin.
04:24Mais j'ai envie de vous dire à quel prix.
04:26Je voulais qu'on évoque ensemble le profil de certains candidats.
04:28Je prends l'exemple d'Ali Diwara qui a été investi en Seine-Saint-Denis
04:31à la place de Raquel Garrido.
04:33Il a eu des propos sans équivoque à l'égard de Raphaël Glucksmann
04:36pendant cette campagne des européennes, il y a quelques semaines seulement.
04:40Il évoquait un candidat sioniste de la droite libérale de gauche.
04:43Ça ne vous gêne pas quand même ?
04:44Mais si, ça me gêne, je l'ai déjà dit.
04:46Ça vous gêne ?
04:47Non mais je ne veux pas résumer cette élection législative à trois ou quatre cas problématiques.
04:56Ce serait trop simple d'accorder en fait une forme de disqualification.
05:00Est-ce que vous croyez que c'est tout à fait logique que la majorité présidentielle
05:05ait refusé de mettre un candidat face à Jérôme Cahuzac,
05:10dont on connaît le parcours et le pédigré ?
05:12Vous trouvez ça logique ?
05:13Vous dites, pardon, l'idée est forte, il vaut mieux gagner,
05:15quitte à ce que ce soit aux côtés de personnes antisémites
05:18ou de personnes qui ont tenu des propos antisémites,
05:20plutôt que de voir le RN l'emporter.
05:22C'est ce que vous dites ou pas ?
05:23Mais non, ce n'est pas ce que je dis.
05:24Ce que je dis, c'est que pour ma part,
05:26l'antisémitisme est impossible à admettre de qui que ce soit.
05:30D'ailleurs, dans cette circonscription, j'ai déjà dit qui je soutenais,
05:33et je soutiens en l'occurrence Raquel Garrido.
05:35Mais ce que je dis aussi, c'est que je ne veux pas résumer cette élection
05:39à trois ou quatre cas problématiques,
05:40parce que si vous voulez qu'on en cherche côté droit,
05:43on va en trouver beaucoup aussi.
05:44Quand vous avez au RN des gens qui ont été condamnés,
05:46qui sont des gens qui sont des multirécidivistes,
05:48enfin tout ça me paraît...
05:49Sauf que ce sont des valeurs que vous défendez.
05:51Mais je continue à les défendre.
05:54Je ne suis pas responsable des choix d'investiture
05:57qui sont faits par d'autres parties, partenaires.
05:59Mais ça ne remet pas en cause...
06:00Mais je ne veux pas remettre en cause cet immense espoir qui s'est levé
06:04et qui est un espoir qui peut permettre à des millions de gens
06:07de retrouver le sourire le 7 juillet.
06:09Parce que la réalité, c'est qu'on fait comme si cette histoire
06:12était une histoire entre quelques appareils.
06:14Ce n'est pas du tout le cas.
06:15Moi, je vois tous les jours des gens qui m'interpellent dans la rue
06:18qui me disent « Vous vous rendez compte de ce qui peut m'arriver à moi
06:21si demain c'est l'extrême droite qui arrive au pouvoir. »
06:23Et moi, c'est à eux que je pense.
06:25Et c'est pour cette raison-là que j'ai fait le Front Populaire.
06:27C'est pour cette raison-là que je me bats.
06:29Parce que je sais depuis toujours pour qui et pourquoi je me bats.
06:32Vous avez condamné cette nuit, Olivier Faure, sur les réseaux sociaux
06:34ce viol et ces violences antisémites d'une petite fille de 12 ans à Courbevoie
06:39agressée par trois autres adolescents de 13 ans seulement.
06:43Là, j'y l'interpelle, c'est terrifiant.
06:45Vous n'êtes pas le seul.
06:46Il y a de nombreux politiques, responsables politiques, des élus locaux
06:49qui ont condamné, sauf, j'ai cherché, personne de la France Insoumise.
06:53C'est un oubli.
06:55Écoutez, vous reposerez la question.
06:57En tout cas, ce que je sais, moi, c'est que si nous participions
07:01demain à une majorité, cette majorité, elle lutterait de toutes ses forces
07:05contre l'antisémitisme.
07:07Et le projet que j'ai signé au nom des socialistes
07:10avec les autres formations politiques pour créer ce nouveau Front Populaire
07:14est un projet qui dit explicitement que nous protégerons
07:17les Français Juifs.
07:19Nous protégerons leur lieu de culte.
07:21Nous protégerons celles et ceux qui, aujourd'hui, sont victimes de préjugés
07:25qui sont des préjugés antisémites.
07:27Nous irons dans les écoles pour former à la fois les enseignants
07:30et les jeunes.
07:32Parce qu'il n'est pas imaginable que dans notre pays,
07:35on puisse essentialiser les gens.
07:37Qu'on puisse faire porter le chapeau à des gens
07:40qui sont juste Français Juifs.
07:43Et leur dire qu'ils sont responsables de ce qui se passe aujourd'hui à Gaza.
07:47Ça n'a aucun sens.
07:48Autre point de désaccord au sein de ce nouveau Front Populaire,
07:51le chiffrage du programme.
07:53Valérie Rabault, ex-présidente socialiste de l'Assemblée Nationale,
07:57avance ce matin dans les échos le chiffre de 106 milliards d'euros
08:01de dépenses nouvelles.
08:02Alors, elle ne chiffre pas le coût de la retraite à 60 ans.
08:05Et elle explique, dans les échos toujours,
08:07sur cette question, il peut y avoir des différences.
08:09La retraite à 60 ans est un horizon.
08:11Ils lanceront des négociations pour voir si cet objectif peut se réaliser.
08:14Je croyais que c'était ce qui vous soudait justement,
08:17cette retraite à 60 ans.
08:18Ce n'est pas le cas ?
08:19Le projet dit que c'est un objectif.
08:21Il dit exactement ce que dit Valérie Rabault.
08:23Et donc, nous ne sommes pas...
08:25Quand on entend une partie des candidats du nouveau Front Populaire
08:28nous dire que demain il y aura la retraite à 60 ans,
08:30c'est faux ?
08:31C'est un objectif ?
08:32Non, ce n'est pas faux.
08:33Au sens où c'est un objectif que nous poursuivons ensemble.
08:35Après, vous avez plusieurs façons de l'envisager.
08:38Moi, je suis favorable à l'idée de revenir à l'âge légal de 60 ans.
08:42Mais il y a plusieurs paramètres et vous le savez très bien,
08:45il n'y a pas seulement l'âge légal,
08:47il y a aussi la durée de cotisation.
08:48Qu'est-ce que fait l'âge légal ?
08:50Il protège les gens qui ont commencé à travailler tôt.
08:52Est-ce que vous trouvez normal que dans la réforme qui a été adoptée l'an passé
08:56et que nous abrogerons,
08:57vous ayez fait supporter...
09:00Enfin, vous...
09:01Oui, moi j'ai fait supporter.
09:02Le gouvernement.
09:03Le gouvernement a fait supporter le poids du financement de nos retraites
09:08par ceux qui ont commencé à travailler tôt.
09:10Donc pour être très clair, vous abrogez...
09:11Non pas à 43 ans, mais à 44, 45, 46 ans.
09:13Juste pour être clair, vous abrogez ?
09:14On abroge.
09:15Oui, la retraite à 60 ans, pas sûr.
09:1760 ans...
09:18C'est l'objectif, mais pas sûr.
09:19C'est l'objectif, on le fera en fonction de ce que nos finances publiques permettent de faire.
09:22Emmanuel Macron a justifié une nouvelle fois sa décision hier de dissoudre l'Assemblée nationale.
09:26La solution la plus responsable à ses yeux, dit-il.
09:29Responsable, vous l'auriez dit comme ça ?
09:32Non, j'aurais dit l'inverse.
09:33J'aurais dit irresponsable.
09:34Il est irresponsable, le Président ?
09:36Il est...
09:37On attendait Jupiter, on a eu Néron.
09:39Voilà, donc c'est...
09:41Enfin, c'est assez incompréhensible ce qu'il fait.
09:43Et quand je le vois hier, y compris accumuler les fake news,
09:47être dans la transphobie,
09:49je me dis que ce Président est en train d'épouser, en fait,
09:53y compris tous les propos les plus populistes qu'il a dénoncés pendant si longtemps.
09:57Comment est-il possible que cet homme qui a été élu et réélu pour faire face à l'extrême droite
10:02enchaîne, en réalité, les reprises du discours de l'extrême droite ?
10:07Comment est-il possible qu'il ait fait voter une loi qui introduisait la préférence nationale en décembre ?
10:12Comment est-il possible aujourd'hui qu'il accuse les partis de gauche d'avoir une politique immigrationniste ?
10:17Et comment est-il possible que lui qui était l'homme qui avait même fait en sorte que la PMA soit accessible aux couples de femmes
10:25soit maintenant celui qui soit devenu transphobe ?
10:28Je me dis que, décidément, cet homme-là n'a aucune colonne gratébrale.
10:32Rien ne le guide, sinon ses intérêts propres.
10:36Et c'est ce qui est dramatique, et c'est ce que ce pays lui reproche aujourd'hui.
10:39Merci beaucoup Olivier Faure.
10:40Merci.

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