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Emmanuel Macron présente à l'Elysée la conférence nationale sur le handicap. A cette occasion le député NUPES Sébastien Peytavie premier député en chaise roulante est l'invité d'Amandine Bégot à 7h40 sur RTL.
Regardez L'invité de RTL du 26 avril 2023 avec Amandine Bégot.

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Transcription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL Matin
00:06 Excellente journée à vous tous ceux qui nous écoutez. RTL il est 7h43.
00:10 Amandine Bégaud, vous recevez donc ce matin Sébastien Pétavy qui est député écologiste de Dordogne.
00:15 Député écologiste et co-président du groupe d'études handicap et inclusion à l'Assemblée.
00:20 Et vous êtes, je le disais, le premier député de la 5e République en fauteuil roulant.
00:23 Sébastien Pétavy, ça vous agace d'ailleurs qu'on fasse remarquer ça ou pas ?
00:28 Non ça ne m'agace pas. J'ai pu préciser que je ne souhaitais pas être réduit à cette question là.
00:34 Bon c'est vrai que ça paraît fou qu'il n'y en ait pas eu d'autre avant.
00:37 Depuis le début de la 5e République, pas d'autre député en fauteuil roulant.
00:41 Et à votre arrivée à l'Assemblée, il a fallu faire un certain nombre d'aménagements.
00:45 Racontez nous.
00:47 Notamment au sein de l'hémicycle.
00:49 Donc tout le reste de l'Assemblée était, on va dire, à peu près accessible.
00:54 Mais vu la disposition
00:57 de l'hémicycle, en fait c'est impossible de pouvoir en fauteuil roulant monter dans les rangs et s'installer
01:01 avec mes collègues.
01:03 Donc vous siégez aux côtés du gouvernement.
01:05 C'est ça, oui, on se prépare pour 2027.
01:08 Vous le vivez comment ? Là vous le prenez avec le sourire mais comme une injustice ?
01:12 C'est quand même l'endroit où a pu être votée
01:17 la loi de 2005.
01:20 Sur l'accessibilité justement des personnes en situation de handicap ?
01:23 C'est extraordinaire que cet endroit n'ait pas pu être accessible.
01:27 L'endroit où on fait la loi n'applique pas la loi ?
01:29 Oui.
01:30 Ça en dit long sur l'état de notre société sur cette question-là ?
01:34 Ça en dit long et puis je crois qu'il y a surtout une histoire d'imaginaire que ça peut ouvrir.
01:40 C'est-à-dire qu'on ne peut pas imaginer qu'une personne en situation de handicap puisse être à cette place-là.
01:44 Mais bon, je pense aussi à tous les enfants aujourd'hui en situation de handicap.
01:47 Et c'est vrai qu'à part le sport,
01:50 qui est valorisé sur la question du handicap, en fait il n'y a pas beaucoup d'autres modèles aujourd'hui.
01:55 Comment vous l'expliquez ça ?
01:57 Je crois que beaucoup de personnes se sont retrouvées dans des institutions
02:01 parce qu'en fait la question du handicap est toujours traitée de manière médicale.
02:05 Mais finalement au niveau des droits, je crois que ça va être le sujet cet après-midi à l'Elysée.
02:11 Mais c'est quelque chose qui fait défaut effectivement.
02:14 On a trop mis à l'écart pendant des années et des années ?
02:17 On n'a pas pu le concevoir. Quelqu'un qui est en situation de handicap est forcément fragile,
02:22 ne rentre pas dans les standards certainement de la société.
02:24 Et donc ce n'est pas quelque chose qui est envisagé.
02:26 Mais bon, déjà il y a je ne sais combien d'embûches au niveau de la scolarité,
02:29 au niveau de l'université, n'en parlons pas, et puis pour l'accès à de nombreux emplois.
02:33 Vous avez 41 ans et vous êtes en fauteuil depuis l'âge de 3 ans.
02:40 Vous avez vu, j'imagine, quand même les choses évoluer ?
02:43 Au moins le regard ?
02:44 Oui.
02:45 Oui, le regard a évolué.
02:47 Quand j'étais enfant, c'était peut-être pas très fréquent de pouvoir croiser dans la rue
02:54 des personnes en situation de handicap.
02:56 Donc il y avait toujours un regard, on va dire, spécifique,
02:59 notamment les enfants qui étaient toujours surpris de voir quelqu'un en fauteuil roulant.
03:03 Bon, maintenant c'est quelque chose qui est beaucoup moins présent,
03:06 voire plus présent.
03:07 Mais voilà, il reste beaucoup de travail au niveau de l'accessibilité.
03:15 L'accessibilité, c'est l'un des problèmes principaux
03:18 et ce sera, j'imagine, l'un des sujets qui sera au cœur de cette 6e conférence nationale du handicap
03:22 qui a lieu tout à l'heure à l'Élysée.
03:23 Alors cette conférence, il faut le rappeler pour nos auditeurs,
03:25 elle a lieu tous les 3 ans et elle réunit les pouvoirs publics et les acteurs du handicap.
03:30 Un certain nombre d'associations ont décidé de boycotter l'événement.
03:33 Vous y serez-vous ? Elles ont raison de boycotter cet événement ?
03:37 La grande question est pourquoi ils veulent boycotter ?
03:41 Ils veulent boycotter parce qu'ils considèrent qu'ils n'ont pas été entendus lors des concertations.
03:46 À une semaine du CNH, ils n'avaient strictement aucune information
03:51 sur les avancées qui allaient être proposées.
03:54 Donc on a surtout un gros problème démocratique aujourd'hui en France.
03:58 Ce problème démocratique s'appelle Emmanuel Macron et voilà le souci aujourd'hui.
04:02 Parce qu'il n'y a pas eu assez de consultations ?
04:04 On l'a vu sur d'autres sujets ces derniers temps.
04:08 Et il s'est passé la même chose sur cette...
04:10 La ministre déléguée qui est en charge des personnes handicapées a promis des réponses très concrètes
04:14 pour améliorer la vie des personnes en situation de handicap, leurs familles aussi et leurs aidants.
04:18 L'urgence d'après vous c'est quoi ? L'accessibilité ?
04:21 L'urgence... Je crois qu'il y a la question de l'inclusion et de la scolarité.
04:27 Alors il y a eu des progrès de fait ?
04:30 Il y a des progrès et puis on va nous dire que...
04:31 On était à 300 000 élèves scolarisés.
04:33 Il y avait 134 000 en 2005, il y en a...
04:35 300 000 en 2017 et un peu plus de 400 000 aujourd'hui.
04:38 Il y a une nette progression, c'est bien.
04:41 Mais il y a combien d'enfants aujourd'hui qui ne sont pas scolarisés ou partiellement scolarisés ?
04:47 Et comment on peut dans le pays des droits de l'homme
04:50 envoyer comme message aux enfants que finalement,
04:53 dès leur enfance, ils auront une place à part dans la société ?
04:57 C'est pas sérieux, c'est pas digne.
04:58 Et voilà le souci aujourd'hui.
05:00 Il n'y a aucun chiffre précis
05:02 pour répertorier le nombre d'enfants qui ne sont pas scolarisés.
05:05 On sait combien sont scolarisés mais pas combien ne le sont pas.
05:08 Non, non, non.
05:09 Et donc ce serait bien d'avoir ces chiffres précis, d'avoir un observatoire.
05:13 Alors que ce soit pour l'emploi, que ce soit pour la scolarité.
05:16 Et de pouvoir mettre les moyens nécessaires,
05:18 ce serait bien que l'on sache combien d'enfants ne le sont pas ou le sont partiellement.
05:22 D'avoir une idée du nombre de postes d'AESH nécessaires pour la rentrée.
05:26 Et de mettre les moyens.
05:27 Parce que c'est ça une bonne décision politique.
05:29 Parce qu'aujourd'hui une AESH
05:31 bosse une vingtaine d'heures, est payée entre 700 et 800 euros,
05:35 n'a pas de formation, au maximum trois jours de formation.
05:38 Voilà comment on accueille dignement les enfants à l'école.
05:41 L'AESH c'est l'accompagnant des élèves en situation de handicap
05:44 et sont souvent, quasiment toujours des temps partiels,
05:47 payés 800 euros par mois aujourd'hui.
05:50 Sans formation.
05:51 Sans formation.
05:52 Ou très peu de formation.
05:53 Et les syndicats réclament un vrai statut pour eux.
05:56 Il y a la question de l'accessibilité aussi.
05:59 On en parlait et en préparant cette interview,
06:01 on ne va pas cacher ça aux auditeurs,
06:03 on évoquait le problème du métro parisien.
06:05 3% seulement des stations de métro accessibles aujourd'hui
06:07 aux utilisateurs de fauteuils roulants.
06:09 On est à 18% dans le métro de Londres,
06:12 82% dans celui de Barcelone.
06:14 Est-ce qu'on peut se permettre d'accueillir les JO
06:16 et les Jeux Paralympiques dans une situation comme ça ?
06:20 Ça va être un grand moment.
06:22 Parce que l'attribution des JO à Paris date de quelques années maintenant.
06:27 Qu'est-ce qui a été fait au niveau des transports et du métro ?
06:32 Rien.
06:33 Et donc la grande trouvaille du gouvernement
06:38 est de pouvoir mettre beaucoup d'argent public
06:41 pour acheter une flotte de taxis adaptée.
06:44 C'est mieux que rien.
06:47 Mais se pose la question de l'héritage des JO.
06:52 C'est toujours la possibilité de passer un cap.
06:56 Et donc quel est le cap ?
06:58 Il va y avoir énormément de taxis adaptés.
07:01 Ce serait bien que l'on nous annonce cet après-midi
07:04 que la location adulte handicapé va passer de 980 euros à 3000 euros
07:08 pour que les personnes en situation de handicap après les JO
07:11 puissent se transporter et utiliser le taxi.
07:13 Sauf que là vous faites preuve d'ironie,
07:15 ça n'arrivera jamais jusqu'à 3000 euros.
07:17 Il aurait fallu quoi ?
07:18 Un service public.
07:19 Il aurait fallu un service public ?
07:21 Si on ne peut pas rendre accessible le métro
07:24 qui est au moins des navettes et qui est un système de service public.
07:27 Parce qu'un ticket de métro est autour d'un euro 80.
07:30 Quelque chose comme ça.
07:31 Enfin je ne sais pas parce que je ne peux pas prendre le métro à Paris.
07:33 Mais voilà, et une course de taxi va être au moins à 20 euros.
07:37 Donc en fait il y a quand même quelque chose qui n'est pas sérieux.
07:39 C'est une double peine ?
07:40 C'est une double peine, oui.
07:42 Double peine à l'école, double peine dans les transports.
07:45 Il y a un sujet dont on parle peut-être...
07:47 Je crois pour aller dans ce sens-là.
07:49 Il y a l'ONU qui condamne la France au niveau du handicap.
07:53 L'Europe le fait.
07:54 Défenseur des droits également.
07:56 Donc voilà, on va dire comment on attaque cette journée spéciale autour du handicap.
08:02 C'est un manque de volonté ? Un manque d'argent ?
08:04 C'est un choix politique.
08:06 Pourtant Emmanuel Macron avait dit qu'il en faisait une priorité de son premier quinquennat.
08:11 Il y a eu quelques résultats, on l'a évoqué pour la scolarisation des enfants.
08:14 Sur l'emploi, on est passé à un taux de chômage du 19% des personnes en situation de handicap à 13%.
08:19 Mais ça ne va pas assez vite ?
08:20 Ça ne va pas assez vite.
08:22 J'insiste là-dessus, mais quel est le message envoyé ?
08:25 Justement de ne pas y mettre les moyens.
08:28 Quand on voit, parce que vous parliez de la priorité de M. Macron.
08:33 On l'a vu aussi par exemple pour les femmes, pour les violences conjugales.
08:36 Il n'y a jamais des moyens qui sont mis derrière.
08:39 Il y a une annonce, il y a de l'esbrouf, et puis il n'y a pas de moyens derrière.
08:42 Quatre très concrets, d'après mes informations, le chef de l'État va annoncer cet après-midi
08:47 un remboursement intégral des fauteuils roulants.
08:50 Fauteuils roulants qu'ils soient électriques ou non.
08:53 Ça c'est concret, et c'est une très bonne chose.
08:55 C'est une très bonne nouvelle.
08:57 Mon fauteuil coûte je crois 7000 euros, et puis il y a une base de remboursement de 580 euros aujourd'hui.
09:02 Aujourd'hui, 580 euros seulement sur 7000 ?
09:05 Oui, mais après les MDPH ont un plafond de 5000 euros sur 5 ans pour pouvoir aider.
09:11 Mais ça dépend des ressources de la personne.
09:14 Ça changerait la vie des près de 400 000 personnes qui sont aujourd'hui en fauteuil roulant ?
09:17 Oui, mais le handicap ne se limite pas aux fauteuils roulants.
09:21 Merci beaucoup Sébastien Pétavy pour votre témoignage, député écologiste de Dordogne.
09:27 On parlera d'autres sujets la prochaine fois que vous reviendrez, c'est promis.
09:30 plaisir.

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