Il y a 13 jours, Emmanuel Macron saluait l'élan créé par les jeux paralympiques...Surprise et incompréhension au lendemain de la présentation du nouveau gouvernement : l'absence de ministère ou de secrétariat d'Etat dédié au handicap fait polémique...
Philippe Croizon, athlète français et le premier quadruple amputé à avoir traversé la Manche à la nage et à avoir couru le Rallye Dakar, dit sa colère. Il est l'invité de Amandine Bégot.
Regardez L'invité d'Amandine Bégot avec Amandine Bégot du 23 septembre 2024.
Philippe Croizon, athlète français et le premier quadruple amputé à avoir traversé la Manche à la nage et à avoir couru le Rallye Dakar, dit sa colère. Il est l'invité de Amandine Bégot.
Regardez L'invité d'Amandine Bégot avec Amandine Bégot du 23 septembre 2024.
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00:00Il est 8h16, l'interview d'Amandine Bégaud, et ce matin, Amandine, vous êtes stupéfaite.
00:07Stupéfaite parce qu'il y a 15 jours, on pleurait en chœur la fin des Jeux Paralympiques,
00:11et aujourd'hui, le nouveau gouvernement a déjà oublié les personnes handicapées.
00:15Alors ce matin, vous avez choisi de recevoir Philippe Croison.
00:18Bonjour et bienvenue à vous.
00:19Bonjour Philippe.
00:20Bonjour, bonjour à tous.
00:22Les auditeurs d'RTL vous connaissent bien, vous nous avez fait vivre les Jeux Paralympiques,
00:26les Jeux Olympiques aussi tout cet été sur RTL.
00:29Thomas Dizège a été stupéfaite, vous aussi, vous êtes stupéfaites de découvrir que
00:33dans ce gouvernement barnier, il n'y a aucun ministre, aucun secrétaire d'État dédié
00:37au handicap.
00:38Le mot même de handicap a carrément disparu de l'organigramme du gouvernement.
00:42Oui, oui, c'est ça.
00:43Il y a deux sujets en vérité.
00:45Il y a à la fois le secrétaire d'État qui a disparu, mais totalement, alors là, plus rien.
00:49Et puis alors le mot de handicap qui ne figure pas dans l'intitulé du ministère.
00:52Donc on peut comprendre un peu que toutes les associations soient avant debout.
00:57C'est de la colère, c'est de la tristesse.
00:59C'est carrément une marche arrière toute et c'est un manque de considération.
01:03Mais qu'est-ce qui s'est passé entre les Jeux Paralympiques et ce nouveau gouvernement ?
01:07Moi, je me souviens des paroles du président de la République à la fin des Jeux Paralympiques
01:12quand il dit la flamme que vous avez allumée en chacun de nous continuera d'éclairer nos vies.
01:17Je pense qu'il a voulu parler d'une étincelle parce qu'apparemment, le feu n'a pas pris.
01:20Mais vous, qu'est-ce que vous avez ressenti, Philippe, en découvrant ça ce week-end ?
01:25De la colère. De la colère et de la tristesse.
01:27Je viens de vous le dire, c'est juste extraordinaire.
01:30C'est un combat de longue haleine pendant des années et des années.
01:33Toutes les associations qui se battent pour qu'on puisse y arriver.
01:36Et là, d'un seul coup, paf, marche arrière. Plus de secrétariat d'État.
01:39Alors, bien sûr, M. le ministre Paul Christophe, c'est un homme du Nord apparemment
01:44qui connaît très bien le monde du handicap puisqu'il a travaillé...
01:46Ministre des Solidarités, de l'autonomie et de l'égalité entre les femmes et les hommes.
01:50Et effectivement, il a tenté de rassurer ce week-end en postant un message sur les réseaux sociaux.
01:54Il dit « J'ai toujours eu à cœur de défendre les droits des personnes handicapées.
01:58Ce n'est pas demain que cela va changer. Je m'y engage. »
02:01Oui, mais après, il parle d'un monde. Il parle d'un monde du handicap et ainsi de suite.
02:04Ce monsieur qui est un homme du Nord, j'en suis sûr qu'il a un très grand cœur.
02:07Je n'ai rien contre ce monsieur. C'est juste le fait qu'on ait carrément zappé le handicap
02:11et qu'on n'en parle plus. Lui, il dit qu'il va tenir tous les dossiers.
02:14Mais comment il va tenir tous les dossiers ?
02:16Avec son ministère, ça va être des gens qui vont être là à côté de lui, des bureaucrates
02:21qui vont lui amener des dossiers, qui ne vont pas avoir de décision à prendre.
02:24Juste pour que les auditeurs comprennent, les personnes handicapées, en France, on est 12 millions.
02:2812 millions de personnes en situation de handicap qui vivent avec une déficience,
02:31une maladie invalide ou un handicap qui est survenu au cours de la vie.
02:34Et là-dessus, il y a 11 millions d'aidants.
02:3611 millions de personnes qui les aident au quotidien.
02:38Leurs familles, les enfants, les parents, tous ces gens-là sont là.
02:41Et d'un seul coup, il dit « Non, ils n'existent plus.
02:44On a vécu des jeux paramétriques extraordinaires et du jour au lendemain,
02:47bim, ça y est, c'est terminé, on n'en parle plus, c'est fini. »
02:49Mais non, ça ne veut pas tenir comme ça.
02:51Donc, c'est tout à fait normal qu'il y ait de la colère et de l'incompréhension.
02:54On demande au Président de la République, vraiment, de réagir et de dire « Non, non, non, non,
02:58excusez-nous, on a fait une erreur, désolé, on fait marche arrière. »
03:01D'un seul coup, pour de vrai, et on remet un secrétaire d'État,
03:03parce que depuis des années, on demande un vrai ministère, vous savez,
03:06un vrai ministère des personnes handicapées, un grenel du handicap,
03:09pour que tous les citoyens comprennent de quoi on parle.
03:11– Philippe Croizon, vous vous en appelez ce matin sur RTL à Emmanuel Macron,
03:15si vous l'aviez en face de vous, le Président, qu'est-ce que vous lui diriez ?
03:19– Je lui dirais « Monsieur le Président, vous ne pouvez pas faire la fête
03:21comme vous l'avez fait pendant les Jeux Paralympiques,
03:23montrer une image extraordinaire dans le monde entier,
03:25et quelques semaines plus tard, montrer une image complètement négative
03:28en se disant « Non, le handicap n'existe plus dans notre pays. »
03:30C'est ça, ce n'est pas possible.
03:32– C'est un peu « Vous vous moquez de nous », c'est ça le message ?
03:35– Mais oui, pardon, excusez-moi.
03:37– C'est un peu « Vous vous moquez de nous », c'est ce que vous lui diriez au Président ?
03:41– Mais ce n'est pas « Vous vous moquez de nous », il y a eu une incompréhension,
03:45il y a eu une incompréhension, il y a eu une colère.
03:47Mais pourquoi vous avez fait ça ? Ce n'est pas possible.
03:49Pas aujourd'hui, pas dans notre pays, pas après les Jeux Paralympiques,
03:52pas après tout ce qui a été réalisé pendant des années et des années.
03:56Vous savez, je suis quelqu'un de très optimiste, vous me connaissez,
03:58ça fait 30 ans que j'ai eu mon accident.
04:00Et donc depuis les 30 ans, je vois bien que les choses s'améliorent.
04:03Mais à chaque fois qu'on traite du sujet du handicap, on fait des pansements.
04:05On ne va pas au fond des choses.
04:07Parce qu'on le sait très bien, le handicap coûte cher,
04:09et que notre société est en difficulté.
04:11Mais est-ce que vous croyez que le taux de chômage,
04:13deux fois supérieur à la moyenne nationale, ne mérite pas un secrétariat d'État ?
04:16L'accès à l'école de nos enfants en situation de handicap,
04:18vous savez qu'aujourd'hui encore, il y a des milliers d'enfants
04:21qui ne peuvent pas aller à l'école, qui ne peuvent pas plus tard vivre du fruit de leur travail,
04:24ça ne mérite pas un secrétariat d'État aux personnes handicapées ?
04:27L'accès au logement, ça ne mérite pas un secrétariat d'État aux personnes handicapées ?
04:30Vous voyez qu'il y a plein de sujets, il y a énormément de sujets,
04:33et là du coup on nous dit, non tout va bien, on verra plus tard,
04:36ou alors peut-être, je ne sais pas, c'est peut-être une mauvaise idée, je n'en sais rien,
04:39ou alors peut-être qu'il se dit, le gouvernement ne va pas durer longtemps,
04:42je ne vais pas m'embêter tout de suite avec les handicapés,
04:44vu que ça va durer quelques mois, on va recommencer dans quelques mois et on recommence tout.
04:47Mais non, ça ce n'est pas possible, on ne peut pas l'accepter.
04:50C'est pour ça que toutes les associations sont ventes debout,
04:52en disant non, monsieur le Président, vous avez fait une grave erreur,
04:54revenez en arrière, remettez un secrétariat d'État aux personnes handicapées.
04:58Et Philippe, vous rappeliez ce chiffre, 12 millions de personnes en situation de handicap dans notre pays,
05:02ça fait un français sur six, sans compter, bien sûr, les aidants et toutes ces familles concernées.
05:08Vous avez évoqué, Philippe Croizon, un certain nombre de priorités,
05:11l'accès au logement, l'accès au travail, l'accès à l'école.
05:14Vous ne seriez pas un bon ministre, vous justement, un bon secrétaire d'État ?
05:19S'il vous appelle le Président ce matin, vous lui dites quoi ? Banco, j'y vais ?
05:22Non, non, je n'ai pas les capacités pour, pour être ministre, il faut avoir les capacités,
05:27il faut avoir de la connaissance là-dedans.
05:28Non, non, non, moi je garde ma libre parole, je suis un citoyen comme tout le monde,
05:32je ne demande pas à être ministre, je ne demande pas à être secrétaire d'État,
05:35je demande juste à ce qu'on nous respecte et qu'on fasse attention à nous.
05:38C'est ça le sentiment qui domine ? Vous avez l'impression de ne pas être respecté ?
05:43Ah ben là, c'est violent quand même.
05:45Lisez tous les commentaires de toutes les associations, de tous les grands présidents,
05:49de tous les gens sur les réseaux sociaux.
05:51Il y en a qui hurlent à la mort, qui pleurent, mais c'est juste terrible ce qui vient de se passer.
05:56Enfin, il faut se rendre compte que c'est un combat de longue haleine qui a duré des années et des années,
06:01et là, du jour au lendemain, on nous dit, ben, plus de secrétaire d'État.
06:04Et surtout, le mot handicap disparaît.
06:06C'est-à-dire que le monsieur, il aura tellement de travail, Paul Christophe là,
06:11dans son ministère de, alors on va rappeler le ministère, hein,
06:14qui s'appelle l'autonomie et l'égalité entre les hommes et les femmes,
06:18donc il a tellement de boulot qu'il n'a même pas le temps de marquer pour les personnes également,
06:21pour les personnes handicapées.
06:22Enfin, c'est juste la violence, mais la violence du truc, c'est juste incompréhensible.
06:27Il faut que les auditeurs comprennent ça, c'est violent.
06:29Et ça n'était pas arrivé, j'ai regardé hier, depuis le début des années 80,
06:34qu'il n'y ait pas de secrétaire d'État ou de ministre délégué,
06:37ou en tout cas que le mot handicap figure dans l'organigramme du gouvernement.
06:42Merci beaucoup, Philippe Froison, de vous être fait le porte-voix ce matin
06:46de ces quelque 12 millions de Français en situation de handicap,
06:50et on espère que votre coup de gueule de ce matin...
06:53Je crois qu'on a juste vite fait la parole, parce que 12 millions,
06:55malheureusement, c'est un monde de silence, c'est un monde de résilience.
06:58Et je me souviens, pendant les années Sarkozy,
07:00il y avait un mouvement qui s'appelait Ni Pauvre Ni Soumis,
07:02si on pouvait remettre ça en place, franchement, on aurait enfin un poids, un vrai poids.
07:06Mais ça veut dire quoi ? Qu'il faut que les 12 millions de personnes descendent dans la rue ?
07:09Mais on l'a déjà fait une fois, on l'a déjà fait une fois,
07:12donc ça veut dire qu'on peut le refaire une nouvelle fois.
07:14Il faut nous respecter, hein, il faut nous respecter, c'est pas normal.
07:17Mais vous appelez ce matin les associations à organiser une manifestation.
07:21Mais ça serait peut-être de bonne alloi, ça serait intéressant.
07:24Ça serait intéressant, oui, effectivement.
07:26Parce qu'on l'a déjà fait une fois, ça veut dire qu'on peut le faire une deuxième fois.
07:29C'est pas normal qu'on ne nous respecte pas comme ça.
07:31Pas normal qu'on ne vous respecte pas comme ça, on est bien d'accord.