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À 9 jours du 1er tour des élections législatives anticipées, écoutez l'interview du député sortant de la 4e circonscription de la Somme, Jean-Philippe Tanguy, candidat à sa réélection.
Regardez L'invité de RTL avec Amandine Bégot du 21 juin 2024.

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00:00RTL 7h42, Amandine Bégaud, vous recevez ce matin le député RN sortant de la Somme, Jean-Philippe Tanguay.
00:10Jean-Philippe Tanguay, je le disais, vous êtes le monsieur économie du RN, économie au coeur des discussions ces derniers jours.
00:15Il y a eu ce grand oral hier devant les organisations patronales, ses patrons aussi qui montent au créneau,
00:21ceux de l'AFEP qui réunit les 117 plus grandes entreprises françaises qui ne parlent jamais.
00:25On recevait ici hier Michel Picon, le patron de l'UDP, l'Union des entreprises de proximité,
00:31qui lui représente les petites entreprises des artisans, et ils sont presque tous unanimes.
00:35Votre projet, comme celui d'ailleurs du nouveau Front populaire, est, disent-ils, dangereux pour notre économie.
00:42Que leur répondez-vous ? Ils n'ont rien compris ?
00:44Non, je ne me permettrai pas de leur parler comme ça, mais je pense que c'est dommage qu'ils aient cédé aux injonctions très bruyantes et répétées
00:51de Bruno Le Maire et du gouvernement pour intervenir dans le débat, avec des éléments de langage où on ne sait pas trop sur quoi ça se base.
00:56Moi j'étais avec les artisans, les vrais, les représentants locaux, mercredi matin dans la Somme.
01:01Ce n'est pas du tout une inquiétude, au contraire, ils voient l'arrivée du RN et le Gardin de Bardella comme une chance
01:07pour enfin simplifier, débureaucratiser, leur permettre de travailler, comme d'ailleurs les agriculteurs ont ce même espoir,
01:14et en fait de pouvoir réconcilier les salariés, le monde du travail qui a besoin d'une meilleure reconnaissance par des salaires plus dignes,
01:20avec la liberté, pour ceux qui créent de la richesse, de le faire, sans être perturbés, non pas par des bonnes normes,
01:26parce qu'il y a des bonnes normes, par exemple, quand on fait un bâtiment, pour la sécurité des contrats, c'est important de savoir ce qu'on livre.
01:33Mais il y a aussi des procédures insupportables. Les artisans me disaient que dans une entreprise de 20 employés,
01:39la bureaucratie représente deux équivalents temps plein, qui font le samedi et le dimanche, au lieu de se reposer ou d'améliorer la productivité de leurs employés.
01:47Donc il y a beaucoup de marge de manœuvre pour les entrepreneurs, et c'est dommage d'être dans la caricature.
01:52Alors, on va s'arrêter, si vous le voulez bien, sur certaines de vos propositions, propositions dont on a beaucoup parlé ces derniers jours,
01:58et sur lesquelles j'aimerais qu'on y voit un peu plus clair. D'abord, cette baisse de la TVA sur les produits énergétiques, ça c'est maintenu, on est d'accord ?
02:04Absolument, c'est maintenu et c'est immédiat en juillet.
02:08Immédiat, c'est-à-dire ? Imaginons que le RN l'emporte le 7 juillet, le 8, 9, 10 juillet, Jordan Bardella arrive à Matignon, et ?
02:17Le temps de convoquer une session extraordinaire du Parlement, de voter ce qu'on appelle un projet de loi de finances rectificatif, c'est-à-dire qu'on change le budget de l'année, et on répercutera la TVA.
02:27Sauf que, pardon, mais pour le gaz et l'électricité, il faut l'accord de Bruxelles ? Ça ne va pas se faire comme ça ?
02:32Il y a l'exemple portugais, oui ?
02:34Non, l'exemple portugais c'est pour le marché de l'électricité, mais pour la TVA sur le gaz et l'électricité, il y a un changement de directive en 2022 qui permet aux gaz et l'électricité d'être reconnus comme des produits de première nécessité.
02:44Je le note avec vous, là où la négociation est plus ardue, c'est sur le carburant.
02:48Le carburant, là il faut carrément remettre en cause la directive européenne sur la TVA.
02:52Absolument, et donc on obtiendra une dérogation temporaire, comme l'avait eu la Pologne sur plus de 18 mois, et ensuite on négociera une dérogation définitive.
03:03En fait, ce qu'on veut expliquer à Bruxelles, c'est que l'énergie est un produit de première nécessité.
03:07Mais ça veut dire que les Français qui prendront leur voiture cet été pour partir en vacances, le carburant leur coûtera moins cher, non ?
03:12Absolument, si.
03:13Dès cet été ?
03:14Comme la Pologne, on aura une dérogation temporaire.
03:16Ce qui est difficile à négocier, c'est une dérogation définitive.
03:19Mais on peut le faire temporairement de manière très efficace.
03:22L'AFP, à l'époque de la présidentielle, parce qu'on avait déjà reproché à Marine Le Pen cette mesure, avait contacté les services de Bruxelles,
03:28qui avaient dit, bah oui, pour la Pologne, on a dit oui, et c'est en investigation.
03:31On n'a jamais eu la fin de l'investigation, parce qu'en fait, les négociations européennes, c'est un rapport de force.
03:35Mais là, vous n'avez pas eu l'assurance ?
03:36C'est un rapport de force.
03:37Bah si, si la Pologne l'a eu, bis repetita.
03:39Combien ça coûte ?
03:41Est-ce qu'on entend tout ?
03:4211 milliards d'euros dit l'Institut Montiel, 17 milliards Versy ?
03:45Ce que M. Le Pen ne dit pas aux Français, c'est que ça dépend de la consommation des Français.
03:47Et donc, c'est entre 12 et 16 milliards d'euros.
03:49Et comment on finance ça ?
03:51Jordan Bardella l'a expliqué.
03:52Comme sur la TVA, c'est la moitié, enfin, un peu moins de la moitié d'une année, ça coûte donc la moitié.
03:58Et rien que la dépense fiscale sur les armateurs, c'est entre 5 et 6 milliards d'euros.
04:04Donc, ça permet d'en absorber une grande partie.
04:06Il y a la baisse de la contribution de la France à l'Union Européenne.
04:102 milliards, ce que vous voudriez.
04:11Qui atteint aujourd'hui 26 milliards.
04:13Donc, demander un petit rabais de 2 milliards, c'est quand même pas le Pérou.
04:17Et il y a un certain nombre de mesures d'économie qui sont plus modestes, mais qui cumulaient rapportant beaucoup.
04:22Donc, ce matin, Jean-Philippe Tanguy, vous nous dites.
04:241. C'est possible, cette baisse de la TVA.
04:262. On sait la financer.
04:283. Est-ce que ça a vraiment des effets ?
04:30Je vous pose la question parce qu'on se souvient de la baisse de la TVA sur la restauration en 2002.
04:35Il y a eu plein d'études derrière.
04:37Et je trouve que finalement, ce sont plutôt les restaurateurs qui en ont profité, pas vraiment les clients.
04:40Les prix avaient baissé de 2%.
04:41Est-ce que vous avez la garantie que si vous baissez ce taux de TVA, nos factures d'électricité vont vraiment baisser ?
04:47Celles du carburant également ?
04:49Est-ce que ce ne sont pas les opérateurs qui vont en profiter ?
04:52C'est une très bonne question que les Français se posent.
04:54Mais c'est totalement différent.
04:55C'est-à-dire que la restauration, c'est quasiment impossible à contrôler.
04:58Pour des mécanismes économiques qui seraient trop longs à expliquer ce matin.
05:00Les prix de l'énergie, c'est très facile à contrôler.
05:02Puisque le gouvernement sait en direct quel est le prix de l'électricité, quel est le prix du gaz.
05:07En plus, on veut revenir à un prix régulé.
05:09Et les prix du carburant, tout le monde sait pour ceux qui ont une voiture.
05:12Vous vous connectez sur le site du ministère de l'économie.
05:14Ce sont les prix les plus contrôlés de France, carrément en direct.
05:18Avec un reporting en direct des prix.
05:20Et donc, le ministère de l'économie est tout à fait capable de vérifier que la baisse de TVA est bien répercutée.
05:25Ça veut dire qu'il y aura des gendarmes de la TVA qui vérifieront ?
05:29Non mais je veux dire, ce sera en place pour vérifier que la TVA est bien répercutée.
05:34La surveillance des prix pour le carburant existe déjà.
05:37Et nous mettrons des pénalités, évidemment, si la répercussion n'est pas respectée.
05:42Pénalités qui sont très dissuasives.
05:43Mais ça a fonctionné.
05:44Vous savez, le gouvernement avait fait, peut-être que vous vous en souvenez,
05:46une diminution de 10 centimes sur le prix du carburant.
05:49Et ça avait fonctionné à l'époque parce que le carburant est un produit très concurrentiel.
05:53Les stations-services sont très concurrentiels entre elles.
05:55C'est un produit d'appel, par exemple, pour la grande distribution.
05:58Et donc, sincèrement, c'est un mauvais procès qu'on nous fait.
06:01S'il y a bien un produit où je sais que la TVA sera parfaitement répercutée, c'est le carburant.
06:05Venons-en aux retraites.
06:06Là aussi, on a entendu beaucoup de choses.
06:10Vous abrogez la réforme ?
06:12À l'automne, oui.
06:13À l'automne.
06:14Je vous pose la question parce que la mesure a disparu des engagements de campagne.
06:19Quand on va ce matin sur le site du Rassemblement National,
06:22il y a la liste de tous les engagements, il n'y a pas un mot sur les retraites.
06:25Ça m'étonne parce que sur le tract officiel, la profession de foi qu'on envoie à tous les électeurs,
06:30cette disposition y est bien.
06:32Mais elle n'est pas sur le site.
06:33J'ai vérifié cette information.
06:35C'est une erreur ?
06:36Oui, sans doute.
06:37Je ne vois pas pourquoi.
06:38Il y a encore Jordan qui a pris un engagement sur les plus grandes antennes de France.
06:42Devant même le MEDEF, il a rappelé sa position alors que le MEDEF ne partage pas cette volonté
06:46de permettre aux Français qui ont travaillé tôt de partir plus tôt.
06:49Mais oui, la réforme sera abrogée.
06:51Elle sera abrogée et je voudrais qu'on comprenne.
06:54Il va bouger, lui, ou non ?
06:55Oui, il reviendra.
06:56L'âge pivot, c'est-à-dire l'âge auquel s'organise toute la réforme,
06:59c'est-à-dire les mesures plus favorables à ceux qui ont commencé à travailler tôt
07:01et moins favorables pour ceux qui ont pu faire des études plus longues,
07:04ce sera 62 ans.
07:0562 ans, ce sera 62 ans.
07:07Parce que Jordan Mardela n'avait pas l'air aussi clair.
07:09Hier, il l'a redit au MEDEF.
07:11J'ai réécouté, ce n'est pas ultra clair.
07:13Il dit que ce sera 60 ans pour ceux qui ont travaillé avant 20 ans.
07:17Pour ceux qui ont travaillé après 20 ans, c'est moins clair.
07:19Oui, mais c'est parce que, si vous voulez,
07:21c'est facile de faire comme le fait le Nouveau Front Populaire,
07:23de dire on abroge tout et puis tout le monde part quand il veut,
07:25comme l'a dit M. Mélenchon encore à la télévision.
07:28Mais la réforme des retraites, la réalité, c'est que c'est une réforme compliquée.
07:30C'est d'ailleurs pour ça qu'on a besoin du soutien
07:32et de discussion avec les partenaires sociaux.
07:34Moi, ce qui m'a beaucoup étonné, même si j'entends vos critiques
07:36dans ce qui a été dit sur la réforme des retraites,
07:39c'est que qu'aurait-on dit si le RN avait dit
07:41on fait la réforme qu'on veut, sans consulter les syndicats,
07:44sans consulter les partenaires économiques.
07:46Sans consulter les syndicats, y compris la CGT,
07:48qui appellent à voter contre vous ?
07:50Mais oui, mais ça, c'est pas grave.
07:52Nous, on est presse et on est élus.
07:54Jordan Bardella sera le Premier ministre de tous les Français
07:56et on invitera la CGT et la CFDT à travailler avec nous.
07:58J'espère qu'ils le feront dans l'intérêt de leurs salariés.
08:00Et ce sera aussi l'occasion pour Jordan Bardella
08:02de montrer qu'on n'aura pas du tout la méthode de gouvernement
08:04de M. Macron, qui faisait semblant de consulter tout le monde
08:06et qui, à la fin, faisait ce qu'il avait prévu au début.
08:08Jean-Philippe Tanguy, c'est aujourd'hui la fête de la musique.
08:10Plusieurs centaines de personnes du monde de la culture
08:12ont manifesté hier à Paris
08:14contre, je cite, l'extrême droite et contre le délitement
08:16des services publics.
08:18Très concrètement, qu'est-ce que vous ferez ?
08:20Vous souriez.
08:22Non, parce que c'est M. Macron qui est responsable du délitement des services publics.
08:24Non, mais qu'est-ce que vous ferez concrètement
08:26pour le monde de la culture ?
08:28Par exemple, les intermittents du spectacle, vous supprimez ?
08:30Non, il n'a jamais été dans le programme ni de Marine Le Pen
08:32ni de Jordan Bardella de supprimer le régime des intermittents du spectacle.
08:34Donc, vous engagez à le maintenir.
08:36Par contre, vérifiez que certains,
08:38qui ont beaucoup de moyens dans des grands groupes culturels,
08:40abusent du régime des intermittents
08:42et le détournent contre les contribuables
08:44et les cotisants français. Oui, mais ça,
08:46ce n'est pas un changement du régime, c'est vérifier qu'il est bien utilisé.
08:48C'est-à-dire ?
08:50Aujourd'hui, dans le monde du spectacle
08:52ou de la télévision ou des médias,
08:54vous avez des opérateurs, des gens qui
08:56travaillent tous les jours
08:58ou presque tous les jours pour un grand groupe
09:00et qui sont sous le régime des intermittents
09:02alors que leur contrat n'est pas du tout en intermittence
09:04ou en tout cas ne devrait pas l'être.
09:06Donc ça, ce sera terminé si le...
09:08C'est lui-même qui permet évidemment le spectacle vivant.
09:10Mais le régime, lui, sera bien maintenu.
09:12Oui, parce que ça permet le spectacle vivant, l'exception culturelle française.
09:14Mais c'est comme toujours, vous avez des très bons principes
09:16et malheureusement, il n'y a pas de lutte contre la fraude.
09:18Dernière question, Jean-Philippe Tanguy, ce sera vous le ministre de l'économie ?
09:20Non. Moi, je suis
09:22candidat à la députation de la Somme.
09:24J'en suis très heureux et je suis à la disposition
09:26de Jordan Bardella. Donc, vous ne serez pas ministre ?
09:28Non, mais je ne sais pas que vous me dites non tout de suite,
09:30d'emblée. C'est-à-dire que je ne veux pas
09:32que ça interfère dans le processus électoral.
09:34Non, pour l'instant.
09:36C'est Jordan Bardella qui décidera.
09:38Merci beaucoup.

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