• il y a 2 semaines
Écoutez l'interview du président délégué du groupe Rassemblement national à l'Assemblée, député RN de la Somme (4e circonscription).
Regardez L'invité d'Amandine Bégot du 05 décembre 2024.

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Transcription
00:00RTL Matin
00:02Avec Amandine Bégaud et Thomas Soto
00:05A 8h15, l'interview d'Amandine Bégaud, RTL plus que jamais au coeur de l'actualité, actualité politique.
00:10Vous recevez à présent Sébastien Lecornu, celui que beaucoup voient déjà à Matignon pour succéder à Michel Barnier.
00:15Bonjour et bienvenue à vous.
00:16Bonjour.
00:17Bonjour Sébastien Lecornu.
00:18Marine Le Pen a expliqué hier soir avoir agi, je cite, pour protéger les Français.
00:23Que dites-vous ce matin ? Elle se trompe ?
00:25Il suffit de regarder lucidement ce que d'ailleurs la presse étrangère dit de la situation politique française
00:32et de l'extraordinaire inquiétude qu'il y a dans le pays ce matin pour voir que c'est plutôt une terrible nouvelle pour les Français.
00:38Alors dans une démocratie, chaque parlementaire prend ses responsabilités, c'est même pas chaque parti,
00:43chaque député individuellement prend ses responsabilités.
00:46Enfin on le voit bien, certains ont peut-être exagéré les arguments sur le risque d'un shutdown,
00:51comme on dit, on met le français à l'américaine en disant que ça serait terrible.
00:54Et moi je ne suscris pas à ces arguments-là qui sont inutilement catastrophiques.
00:58Mais enfin on ne peut pas non plus dire qu'avoir un budget ou ne pas avoir de budget pour le pays,
01:02avoir un gouvernement ou ne pas avoir de gouvernement pour le pays, c'est la même chose.
01:06Et en plus en se déconnectant du contexte international, en se déconnectant...
01:10Ça affaiblit la France sur le plan international.
01:12Ça ne peut pas la renforcer.
01:13Par définition en plus, la Ve République a plutôt habitué nos partenaires à de la stabilité.
01:18Alors nous sommes une démocratie.
01:19Il y a une dissolution, les français se sont exprimés, ont donné une assemblée nationale
01:23et donc c'est aux responsables politiques que travaillons entre eux.
01:25Ce qui surprend, si vous voulez, mes interlocuteurs étrangers ou mes homologues
01:28qui sont souvent issus de démocraties parlementaires parfois difficiles, parfois anciennes,
01:32où ça ne passe pas toujours facilement, mais c'est de se dire
01:34pourquoi les responsables politiques français ne sont pas davantage capables de compromis ?
01:39Et ça je pense que c'est quelque chose qui heurte beaucoup.
01:41Autant de nos amis britanniques, nos amis allemands pour prendre les démocraties voisines,
01:45mais même au-delà en disant mais au fond pourquoi vous n'êtes pas capable de compromis ?
01:48Et moi vous voyez, je suis à la tête d'un ministère qui, s'il n'y a pas de budget pour l'année prochaine,
01:55va avoir une perte sèche de cette augmentation de 3,3 milliards d'euros.
02:00Mais ça veut dire quoi concrètement ?
02:02Globalement depuis 2017, le président de la République a décidé de redonner des moyens aux armées
02:06et si je fais très vite, doubler le budget militaire.
02:09Ça veut dire que vous avez un escalier d'augmentation où chaque année on franchit une marge de 3 milliards d'euros
02:13en plus qui s'accumulent pour arriver à hauteur de 68 milliards d'euros aux horizons 2030.
02:19L'année prochaine, nous étions censés franchir le seuil de 50 milliards d'euros
02:24qui est absolument déterminant parce que derrière c'est la rénovation de notre dissuasion nucléaire,
02:28c'est la modernisation de nos forces, des équipements, de l'entraînement.
02:31Vous voyez bien que les forces armées en plus sont largement sollicitées en ce moment.
02:34On parle beaucoup du maintien de la paix et de l'accord qui a été trouvé avec Angile.
02:39On met en danger nos armées.
02:40Non, moi je suis mesuré.
02:42Il y a plus d'argent cette année qu'il y en avait l'année dernière et qu'il y en avait il y a 5 ans.
02:46Je ne veux pas vous dire que...
02:47Mais en revanche, il est impensable que ce réarmement soit freiné ou ralenti.
02:52Pour quelles raisons ?
02:53Parce que derrière vous avez des industries de défense françaises à qui on demande,
02:56vous m'avez suffisamment posé la question à ce micro,
02:58l'économie de guerre ça ne va pas assez vite, il faut produire plus vite.
03:00Allons quoi ?
03:01Vous pensez que le monde économique, les 200 000 salariés des 4 000 entreprises de défense en France,
03:08elles peuvent se satisfaire de ce climat d'instabilité en disant
03:11les commandes au fond qui devaient arriver ne vont pas arriver.
03:14Puis derrière, il y a des mesures qui sont importantes.
03:16Parce que le rapport à la troupe, c'est un rapport de confiance.
03:19Nous sommes censés revaloriser un certain nombre de soldes l'année prochaine.
03:23Ces sommes-là sont dans ces augmentations.
03:26Et vous voyez, en fait, là, il y a deux enjeux pour notre agriculture et nos agriculteurs.
03:31Parce que dans la loi de finances pour l'année prochaine, il y a des mesures très importantes.
03:35Mais ça c'est le constat, Sébastien Lecornu.
03:37Le monde de la défense qui sont au fond les deux secteurs de souveraineté.
03:40Concrètement, on fait quoi maintenant ?
03:42Cette motion de censure, elle n'a pas été adoptée de justesse.
03:45Je rappelle, 331 voix pour, il en fallait 288.
03:48C'est donc une très nette majorité.
03:50Est-ce que ça veut dire qu'il faut élargir le socle commun ?
03:52Est-ce que vous seriez d'accord, par exemple,
03:54d'avoir un accord avec les socialistes, un accord de non-censure,
03:59comme l'a proposé Boris Vallaud, le chef du groupe PS à l'Assemblée ?
04:02Je pense qu'on doit tout faire pour que les socialistes se détachent de la France insoumise.
04:06Je vous dis ça, je ne viens pas de la gauche, mais je suis un républicain.
04:10Je travaille avec la gauche républicaine dans mon département de l'heure.
04:13Et je vois bien que là, l'histoire d'ailleurs sera dure sur cette séquence.
04:18Cette censure automatique, préalable du Parti Socialiste.
04:22Dès que Michel Barnier a été nommé, l'ensemble du Front Populaire,
04:26Parti Socialiste compris, Europe Écologie Les Verts compris,
04:28ont dit de toute façon, nous quoi qu'il arrive, on censure.
04:30Mais ça veut dire quoi ? Tout faire pour que le PS rompe avec LSI ?
04:33LSI, assez mécaniquement, a déporté le pouvoir de censurer vers le Rassemblement National.
04:37Et donc là, je pense qu'il faut qu'il y ait un dialogue, effectivement, qui se lance.
04:41Gabriella Tallière, d'ailleurs, a dit des choses à la tribune dans ce sens.
04:43Je pense que la responsabilité de ma famille politique, de là où je viens,
04:47c'est d'effectivement permettre au Parti Socialiste d'évoluer dans sa position.
04:51En tout cas, c'est une urgence, parce que c'est un parti de gouvernement
04:54qui a donné deux présidents de la République à la France.
04:56Mais ça veut dire faire des concessions ? Sur quoi ?
04:58Ça veut dire faire des compromis.
04:59Très concrètement.
05:00Une autre chose, je pense que les Françaises et les Français,
05:02une fois qu'ils ont voté aux élections législatives,
05:04anticipés par définition, n'arrivent pas à comprendre
05:07que leur responsable politique ne soit pas capable de compromis.
05:10Un compromis, ça veut dire qu'à la fin, il y aura un budget qui ne ressemblera
05:14pas complètement à ce qu'on voulait, les uns et les autres,
05:16mais que ça sera toujours mieux que pas de budget du tout.
05:19Donc vous leur tendez la main, sérieusement, ce matin, au Parti Socialiste ?
05:22Moi, en tout cas, je n'appelle que tendre la main.
05:25J'appelle à ce qu'on puisse tout faire, y compris mes propres amis politiques,
05:30Modem, Horizons et Renaissance, évidemment, cela va s'en dire,
05:34à permettre au Parti Socialiste de sortir du chemin dans lequel
05:37il s'est mis ces dernières semaines et ces derniers mois.
05:39Et avec le Rassemblement National, vous faites quoi ?
05:41Marine Le Pen assure que le RN laissera travailler le nouveau Premier ministre.
05:45Elle dit vouloir co-construire un budget qui soit acceptable pour tous.
05:49Est-ce que vous seriez prêt, par exemple, à renoncer à la désindexation des retraites ?
05:53Des retraites, c'est la ligne rouge qu'elle a fixée.
05:55Je ne peux pas répondre à cette question, je ne suis pas ministre du budget.
05:58Après, il y a une réalité, c'est qu'il va falloir travailler avec tout le monde.
06:02Il y a des adversaires politiques, il faut les combattre au moment des élections.
06:05Puis ensuite, les ministres ne peuvent pas trier les députés.
06:08C'est les Français qui trient les députés.
06:10Donc cette histoire de retraite, pourquoi pas ?
06:12Je ne sais pas répondre à cette question.
06:14Je suis assez précis dans ce que je suis ministre des Armées,
06:16donc je ne vous parle pas des retraites.
06:18Je peux vous parler des pensions de nos militaires,
06:19je peux vous parler de plein de choses, mais je ne réponds pas à cette question.
06:21Non, ce que je veux dire par là, c'est que de toute façon,
06:23il faudra bien discuter et faire preuve de compromis.
06:26Donc chacun va devoir lâcher sur ses lignes rouges.
06:28Mais je pense que c'est ce que les Français veulent.
06:30On dit que l'Assemblée est morcelée, c'est la faute de la dissolution.
06:33Il ne manquerait plus qu'on engueule les Français parce qu'ils ont mal voté maintenant.
06:36Non, je veux dire, d'ailleurs, cette Assemblée,
06:38elle ressemble un peu aux divisions du pays, malgré tout.
06:40Donc maintenant, est-ce qu'on a une classe politique ?
06:42Avec trois blocs ?
06:43Ben oui, je crois que c'est assez démocratique à certains égards.
06:45Même si ce n'est pas très efficace, c'est un état.
06:47Mais en tout cas, c'est de se dire qu'il faut trouver un chemin
06:50dans lequel chacun prend ses responsabilités.
06:52Puis lors des prochaines élections, elles arriveront bien assez vite.
06:55Par définition, d'autres questions seront attranchées par les Français.
06:58C'est ça aussi une démocratie moderne.
06:59Sébastien Lecornu, je vous posais cette question,
07:01notamment sur les retraites, sur les lignes rouges,
07:03parce que vous le savez bien, et on ne veut pas se mentir,
07:05votre nom revient depuis plusieurs jours.
07:07Vous allez me dire, c'est le cas à chaque fois,
07:09mais avec insistance.
07:10Je vous dis donc, c'est le cas à chaque fois.
07:12Pour remplacer Michel Barnier à Matignon.
07:14C'est vous le prochain Premier ministre ?
07:16Non, mais voilà.
07:17Une fois de plus, un c'est le Président de la République qui nomme,
07:19et puis deux, de toute façon, à chaque remaniement,
07:21effectivement, j'ai le droit à peu près au même refrain.
07:23Vous venez de passer trois jours avec le Président en Arabie Saoudite.
07:27Vous n'en avez pas parlé ?
07:28Non.
07:29Vraiment ? Vous n'en avez pas parlé du tout ?
07:30Non.
07:31Promis ?
07:32Non, oui, promis.
07:33Mais en fait, là, on voit bien qu'il y a un énorme décalage.
07:35Pardon, excusez-moi, mais vous êtes pendant trois jours
07:37avec le Président de la République en pleine crise politique ici.
07:40J'imagine qu'il y a même des moments où vous êtes seul en tête à tête.
07:43Vous n'êtes pas obligé de nous dire ce que vous êtes dit.
07:44Mais vous êtes parlé quand même de ce qui se passe en France.
07:46On parle de ce qui se passe en France.
07:47Ce n'était pas votre question première.
07:48Bon.
07:49Après, je vais vous dire une chose.
07:50Il y a un décalage énorme.
07:51Moi, je veux que les auditrices et les auditeurs s'en rendent compte
07:53entre ce qu'on a dû gérer en Arabie Saoudite et ce qu'il y a à gérer ici.
07:56Escalade avec l'Iran.
07:59Seuil de prolifération nucléaire potentiellement franchi
08:02ou franchissable par l'Iran dans les semaines qui viennent.
08:05Cessez le feu au Liban.
08:08Comment la ministération Trump va se positionner sur la question de l'Ukraine ?
08:12Comment l'arrivée des soldats de Corée du Nord sur le théâtre russo-ukrainien change la donne ?
08:18C'est bien notre problème d'ailleurs.
08:20On a un monde qui est tout sauf stable
08:23et dans lequel il va bien falloir que les responsables politiques français
08:26prennent aussi leurs responsabilités.
08:28Et d'ailleurs, y compris sur l'aide à l'Ukraine
08:31et sur tout ce qui peut se produire dans les semaines qui vont venir.
08:33Prendre vos responsabilités.
08:34Vous parliez de compromis.
08:35Vous l'avez montré avec la loi de programmation militaire.
08:38Vous savez aboutir à des compromis.
08:42Vous avez le bon profil.
08:44Vous cochez un bon nombre de cases.
08:46Vous êtes d'accord avec ça ?
08:47Je ne peux pas parler de moi.
08:49Si votre question c'est
08:51est-ce que la programmation militaire à la fin
08:53ressemblait à ce que j'avais mis sur la table,
08:55la réponse est non parce que j'ai fait des compromis.
08:57Donc vous savez faire des compromis ?
08:59J'étais président de conseil général à 28 ans.
09:02J'étais maire à 27 ans.
09:04Et pas que par une performance électorale si j'ose dire.
09:07C'est qu'à un moment donné, il faut discuter avec tout le monde.
09:10En fait, je vais le dire autrement.
09:11Il ne faut pas être sectaire.
09:13Ça ne veut pas dire qu'on abandonne ses valeurs et ses idées.
09:16Je sais où j'habite. Je sais ce à quoi je crois.
09:18Puis à un moment donné, je suis pragmatique.
09:20Quand je me suis retrouvé au lendemain de la réforme des retraites
09:22sous l'autorité d'Elisabeth Borne et d'Emmanuel Macron
09:26à devoir faire passer cette programmation militaire historique,
09:28j'ai discuté avec tout le monde.
09:30Et il y a des choses sur lesquelles je n'ai pas cédé
09:32parce que je considérais que c'était mauvais pour le pays.
09:34Il y a des choses sur lesquelles il fallait entendre
09:36que les députés et les sénateurs, du reste, bien légitimement...
09:40Si Emmanuel Macron vous demande d'aller à Matignon, vous ne dites pas non ?
09:44Non mais...
09:46Je suis ministre des armées.
09:47Oui ? Jusqu'à 10h ce matin ?
09:49Je crois que jusqu'aux affaires courantes, le système et l'État est tenu.
09:55Et à chaque remaniement, c'est à peu près...
09:58Et vous ne dites pas non ?
09:59Parce que ce n'est pas comme ça que ça fonctionne.
10:01Un peu de dignité aussi dans notre vie politique ne fera pas de mal.
10:05Les gens seraient surpris de voir le ministre des armées
10:08venir comme ça, discuter de tout ça au micro.
10:11Moi je suis candidat à rien.
10:13J'ai fait récemment un livre, vous le savez,
10:15qui revient sur uniquement les questions militaires.
10:19Parce que justement, je considère que c'est un des grands sujets majeurs
10:22des semaines et des mois qui vont venir.
10:24Et c'est ma grande passion par ailleurs.
10:26Et c'est un secret pour personne que je me suis battu pour être ministre des armées.
10:28En tout cas, je l'ai ardemment voulu.
10:30Et le président de la République m'a fait confiance pour ce faire.
10:32Et ça, ça compte.
10:34Merci beaucoup.

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