• il y a 2 mois
Après le discours de politique générale du Premier ministre Michel Barnier, le RN fixe ses lignes rouges. Regardez Laure Lavalette, députée RN de la 2e circonscription du Var et porte-parole du groupe RN à l'Assemblée nationale.
Regardez L'invité d'Amandine Bégot avec Amandine Bégot du 02 octobre 2024.

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Transcription
00:00RTL Matin, avec Amandine Bégaud et Thomas Soto.
00:05Il est 8h16, l'interview d'Amandine Bégaud, et ce matin vous avez choisi de consulter des experts pour nous parler de la situation entre Iran et Israël,
00:12avec évidemment le Liban au milieu, et le premier d'entre eux c'est Georges Malbruneau.
00:15Georges, qu'on retrouve en direct de Beyrouth, vous étiez avec nous tout à l'heure, il y a une heure, mais on voulait prendre le temps avec vous
00:23de bien comprendre ce qu'il est en train de se passer dans cette région que vous connaissez bien.
00:27Vous êtes un grand reporter, je le rappelle au Figaro, éditorialiste ici tous les vendredis matins à RTL.
00:31D'abord ce matin Georges, moi quand j'ai lu la presse ici en France, il y a un certain nombre d'experts qui disent avoir été surpris de cette attaque iranienne d'hier.
00:39Est-ce que vous, vous avez été surpris ?
00:41J'ai été un peu surpris dans la mesure où l'Iran a répété qu'il ne souhaitait pas s'engager dans une guerre totale contre Israël.
00:57On avait remarqué que le peu d'empressement finalement iranien a volé au secours de son allié du Hezbollah à Beyrouth qui a été décapité.
01:07Donc il y avait cette impression quand même qu'effectivement on ne voulait pas en rajouter côté iranien.
01:17Mais je crois qu'il ne fallait pas sous-estimer le fait qu'autour du guide suprême en Iran, les gardiens de la Révolution et d'autres
01:25ont considéré qu'après l'assassinat par Israël d'Assad Nasrallah, qui était vraiment l'allié stratégique de l'Iran au Moyen-Orient,
01:33la coupe était pleine et qu'il fallait absolument riposter pour sauver la face face justement à ses alliés iraniens que sont le Hezbollah,
01:43les Houthis au Yémen, les milices shiites irakiennes.
01:47Donc voilà, il y a eu une riposte qui est importante, plus puissante que celle d'avril.
01:53Les Iraniens ce matin disent que l'attaque est terminée et qu'eux-mêmes ont fait preuve, ce qui est vrai, de retenue depuis deux mois.
02:02Vous vous souvenez qu'il y avait eu quand même l'assassinat à Téhéran d'Ismail Haniyeh, le chef du Hamas.
02:07Et donc l'Iran avait fait montre de retenue, d'où cette impression qu'on avait qu'effectivement l'Iran ne voulait pas d'une guerre totale.
02:15Mais avec l'escalade militaire israélienne au Liban, avec la mort d'Assad Nasrallah, là il y a eu une ligne rouge qui a été franchie.
02:23Une ligne rouge a été franchie parce que je pense qu'Assad Nasrallah lui-même, il y a 2-3 mois, pensait qu'il était protégé par une espèce de ligne rouge,
02:31un petit peu comme un autre Iranien qui a été abattu par Donald Trump en janvier 2020, Qassem Souleimani.
02:39Un petit peu intouchable.
02:42Et là Benyamin Netanyahou a franchi ces lignes rouges et donc il y avait côté iranien le souci de répondre pour sauver la face.
02:51Georges Malbruneau, vous restez bien sûr avec vous, on est également en ligne avec Frédéric Ancel, bonjour.
02:56Bonjour.
02:56Géopolitologue, enseignant à Sciences Po et spécialiste vous aussi du Moyen-Orient.
03:01Est-ce que vous diriez comme Georges Malbruneau le disait à l'instant, finalement l'Iran n'avait pas vraiment d'autre choix que de répondre
03:07le coût de l'inaction dépasse désormais celui de l'action ?
03:11Non, je ne suis pas d'accord du tout parce que la riposte israélienne, elle sera qualitativement et non pas seulement quantitativement extrêmement puissante
03:20et sans doute destructrice pour la République islamique.
03:22Je pense notamment à des zones portuaires, je pense aux infrastructures nucléaires.
03:26Alors évidemment l'Iran ne pouvait pas ne pas réagir du tout.
03:29Vous savez, l'Iran depuis 1979 pratique un autre type d'exercice de la force en quelque sorte ou d'administration de la violence,
03:38c'est ce qu'on appelle le terrorisme et ce n'est pas nouveau et il aurait pu entre guillemets, entre guillemets, se contenter,
03:44notez bien le guillemet sur ce verbe, se contenter de ce qu'il est en train déjà de recommencer à faire,
03:50c'est-à-dire viser à la fois des civils ou des touristes ou des diplomates israéliens ou simplement juifs à travers le monde.
03:57La République islamique a décidé de laisser en réalité, peut-être même de pousser les Etats-Unis mais également plusieurs Etats arabes,
04:03on l'a encore vu là cette nuit avec la Jordanie, à lui interdire définitivement d'obtenir à terme l'arme atomique.
04:09Au point, je pense que ça a été en réalité plutôt l'illustration du fait que, comme je le dis depuis avril, le roi est nu.
04:15Israël a promis, et vous le disiez, une réponse rapide.
04:19L'Iran a commis une grave erreur ce soir et en paiera le prix, c'est ce qu'a dit hier Benjamin Netanyahou, le premier ministre israélien.
04:25On pensait, Frédéric Ancel, que cette attaque, cette riposte d'Israël, elle aurait lieu cette nuit, ça n'a pas été le cas.
04:32Comment vous interprétez ça, vous ?
04:34Moi, j'interprète de la manière suivante. Les Israéliens aujourd'hui bénéficient d'un soutien américain
04:41et dans une certaine mesure, je le répète, d'un soutien arabe, voire même d'ailleurs d'un soutien français et britannique
04:46qui leur permettent de jauger très précisément, très finement de leur future cible.
04:52Alors pour moi, il y en a deux principales, mais je le répète, je le dis d'un mot,
04:55c'est soit des zones portuaires qui, une fois détruites, asphyxieraient l'économie iranienne
05:01qui est déjà très mal en point du fait des sanctions internationales sur le dossier du nucléaire,
05:05mais aussi du fait de la très haute corruption et de l'impéritie totale des gens qui dirigent ce pays
05:11et en attendant, d'un point de vue psychologique, que c'est toujours le même schéma,
05:16celui à qui, entre guillemets encore une fois, appartient en quelque sorte Larry Poste
05:21qui, de se permettre, c'est à celui-ci, en l'occurrence israélienne aujourd'hui,
05:25que revient le luxe de pouvoir attendre et donc, quelque part, exercer psychologiquement une pression sur la bière ferme.
05:34Alors il y a cette question de Larry Poste à cette attaque iranienne, il y a aussi, bien sûr, toujours le Liban.
05:40À l'instant, l'armée israélienne annonce que des unités régulières d'infanterie et de blindés
05:45se joignent à l'intervention terrestre au Liban.
05:48Georges Malbrunot, en direct de Beyrouth, ça veut dire qu'on y est, dans cette guerre terrestre-là, ce matin ?
05:55Alors, hier après-midi, j'ai appelé une source libanaise qui vit à la frontière avec Israël
06:05et qui me disait qu'effectivement, il y avait eu des bombardements la nuit précédente, des explosions
06:12et qu'on n'est pas encore dans une invasion terrestre.
06:17Je pense qu'Israël, ce que me disait cette source qui est sur le terrain,
06:22Israël procède à l'explosion des tunnels que le Hezbollah avait construits
06:29pour pénétrer, vraisemblablement, en Israël, le long de cette frontière
06:33pour éviter, justement, la répétition d'un scénario type 7 octobre.
06:38Donc, pour l'instant, on en est là.
06:39Cette personne me disait qu'elle ne voyait aucun soldat israélien dans les rues,
06:43que, évidemment, les villages sont vides, sauf les villages chrétiens qui sont toujours habités.
06:49Donc, on n'est pas encore, la figure l'a dit elle-même hier,
06:52qu'elle n'avait pas constaté une véritable incursion israélienne.
06:55Il y a eu des opérations de force spéciale, il y a des bombardements ciblés.
07:00Pour l'instant, on a le sentiment qu'Israël se limite à verrouiller sa frontière
07:06pour éviter, justement, que des tunnels puissent encore permettre
07:10à des combattants du Hezbollah de pénétrer chez eux.
07:14Mais il est évident que la situation peut changer rapidement.
07:18Cette nuit, à Beyrouth, par exemple, il y a eu des raids très importants.
07:22L'ambassade de France, ce matin, l'odeur est irrespirable
07:26parce qu'elle est juste à côté des quartiers qui sont non loin de la banlieue sud.
07:30Donc, voilà, la guerre ici continue et, effectivement, la situation est assez dangereuse.
07:36Frédéric Ancel, comment voyez-vous ces prochains jours ?
07:39On voit à quel point tout est allé extrêmement vite ces derniers jours.
07:42L'attaque des Tokiwokis, c'était il y a une dizaine de jours,
07:46les Bipers, les Tokiwokis.
07:48Là, on a l'impression qu'on est à deux doigts, si j'ose dire, d'une guerre totale.
07:52C'est inéluctable, d'après vous ?
07:54Non, non. Moi, je n'ai jamais cru à la guerre totale, je n'y crois toujours pas.
07:56Et d'ailleurs, ce qui vient d'être dit par Jordan Bruneau est très juste.
07:59C'est-à-dire que les Israéliens doivent démontrer,
08:01alors c'est vrai pour le gouvernement, c'est vrai pour l'état-major,
08:03quelle que soit d'ailleurs la coloration politique, là, pour le coup, ça ne joue pas,
08:06doivent absolument démontrer qu'un 7 octobre n'est plus possible.
08:09Et comme l'a très bien rappelé Georges Malbruneau il y a un instant,
08:13le Hezbollah, de manière sans doute beaucoup plus efficace et beaucoup plus puissante d'ailleurs
08:17que le Hamas, était en train ou est en train de se préparer à un 7 octobre.
08:23C'est absolument manifeste, quelle que soit la perception qu'on a du Hezbollah par ailleurs.
08:28Et de ce point de vue-là, je pense que les Israéliens vont se contenter
08:32de rester en deçà du fameux fleuve Litany.
08:35C'est-à-dire au sud de ce fleuve qui se trouve entre 10, 20, 30 kilomètres,
08:39selon les zones de la frontière israélienne.
08:41Justement, précisément, pour éviter un 7 octobre.
08:45Mais je ne crois absolument pas à une invasion massive façon 1982 jusqu'à Beyrouth.
08:49Bon, un grand merci en tout cas à tous les deux.
08:51Frédéric Ancel, Georges Malbruneau, vous nous avez aidés à essayer de comprendre
08:55ce qui se joue en ce moment-même.

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