• il y a 21 heures
La députée du Var et porte-parole du groupe RN à l'Assemblée nationale Laure Lavalette commente les débuts de François Bayrou à Matignon, la situation critique à Mayotte après le passage du cyclone Chido et revient sur la polémique créée par un tweet du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-du-mercredi-18-decembre-2024-6945087

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00:00Sonia Devillers, votre invitée, est députée du Var et porte-parole du groupe RN à l'Assemblée
00:06Nationale.
00:07Bonjour Laure Lavalette.
00:08Bonjour Sonia Devillers.
00:09C'était hier le premier grand oral de François Bayrou à l'Assemblée Nationale et c'était
00:13vous qui l'avez interpellé au nom de votre formation politique.
00:16On va revenir sur vos demandes, mais que pensez-vous d'abord de ce qui fait couler tant d'encre
00:21depuis 24 heures ? François Bayrou qui a fait le choix de se rendre à Pau pour présider
00:25le conseil municipal, pour se justifier hier face à vous, il a rappelé aux députés
00:29que Pau c'est en France, que deux ministres ont bien été présents à Mayotte et que
00:34le Président de la République comptant s'y rendre, il n'était pas d'usage que le Premier
00:38ministre quitte le territoire national en même temps que lui.
00:41Problème, Mayotte appartient pleinement au territoire national.
00:44Est-ce que le Premier ministre a, selon vous, raté son entrée en scène ?
00:48Je pense qu'en fait les débuts sont quand même assez chaotiques.
00:52Déjà son arrivée, sa nomination pose quand même assez de questions.
00:56Il a tordu le bras d'Emmanuel Macron comme vos collègues tendent à le dire, ça pose
01:00déjà une vraie question.
01:01C'est comme si vous arriviez à une note d'emploi, vous n'êtes pas pris et puis vous y retournez
01:03en tapant par la porte en disant « si si, ça va être moi parce que sinon je vais sortir
01:07mes députés du groupe et je vais vous mettre en difficulté ».
01:09Donc on a effectivement l'impression que déjà il est là un peu en ayant cassé la
01:13fenêtre.
01:14Oui, il a fait une faute de caractère, effectivement, je pense que ce conseil municipal de Pau n'était
01:20pas une bonne idée.
01:21Il a aussi voulu montrer qu'il fallait être enraciné, parce que c'est aussi ce que les
01:25Français lui demandent.
01:26Il n'aime pas cette déconnexion entre, j'allais dire, les élites parisiennes et le terroir.
01:30On nous le dit souvent en circonscription, qu'il ne faut pas…
01:33Et donc remettre à l'ordre du jour, dès sa nomination, le droit au cumul des mandats
01:38qui a été abrogé il y a quand même quelques années maintenant, ça vous paraît aussi
01:42une bonne chose ?
01:43Alors en fait, là ce n'était pas exactement le cumul des mandats, c'est un cumul entre
01:45un mandat et une fonction, puisque le Premier ministre n'est pas un mandat, donc il avait
01:48une fonction tout en ayant un mandat local, qu'il a quand même depuis longtemps.
01:51La question, lui, qu'il posait aussi après, c'était sur le cumul des mandats.
01:54Puisqu'il veut remettre la proportionnelle aussi à l'ordre du jour, et qu'une proportionnelle
01:58intégrale peut poser cette question de déconnexion avec le territoire, voilà, en tout cas, c'était
02:03certainement pas le timing.
02:04Alors ce cumul des mandats, ça vous paraît une bonne chose ?
02:06Oui, alors c'est vrai que de toute façon, 90% des Français ne sont pas vraiment pour
02:10ce cumul des mandats, en tout cas, tel qu'on l'entend.
02:12Les Français pensent aussi que les politiques cumulent leurs indemnités, ce qui n'est
02:15évidemment pas le cas.
02:16Néanmoins, voilà, nous, on n'est pas forcément opposé jusqu'à un certain strat de ville.
02:21Je ne sais pas, on n'a pas encore dit quel était notre seuil, mais peut-être que…
02:25Charles Fourson dit, c'est viable, mais seulement pour des communes de moins de 1000
02:29habitants.
02:30Oui, alors moins de 1000 habitants, voilà, nous, on a un seuil qui est un peu plus élevé,
02:33mais encore une fois, qui n'est pas défini, voilà, la question se pose vraiment pour
02:36cette question de déconnexion.
02:37Mais quand même qu'on comprenne, c'est-à-dire, est-ce qu'un Steve Briouat, maire de Hénin-Beaumont,
02:41peut être député en même temps ?
02:42Écoutez, pour l'instant, nous, on s'était dit que pour les villes de moins de 10 000
02:46habitants, c'était peut-être jouable.
02:47Encore une fois, si ça se trouve, c'est compliqué, parce que c'est aussi quand
02:50vous avez des grosses mairies, que vous avez des gros appareils, la question c'est de
02:53savoir comment est-ce qu'on peut arriver à tout faire, et à tout faire bien, comment
02:57être au mieux au service de nos administrés, et c'est évidemment la vraie question.
03:01En tout cas, le timing était très mauvais, je pense qu'on est en pleine catastrophe
03:05à Mayotte, c'est évident, effectivement, de dire, Pau est en France, oui, mais Mayotte
03:09aussi, et je pense que nos politiques l'ont oublié, malheureusement, depuis presque 50
03:13ans.
03:14Pendant que le Premier ministre œuvre à distance pour Mayotte, ravagée par ce cyclone
03:19monstrueux, Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur des missionnaires, lui, s'y
03:22est rendu, je vous lis son tweet d'hier également, l'État est mobilisé depuis la première
03:27heure, mais il faut déjà penser au jour d'après, on ne pourra pas reconstruire Mayotte
03:31sans traiter avec la plus grande détermination la question migratoire.
03:35Bruno Retailleau a-t-il raison de poser la question de la reconstruction en ces termes
03:39lors de la balade ?
03:40Sur la question migratoire, je pense que l'entièreté de la classe politique, pour
03:42le coup, est d'accord, la moitié de la population maoraise, enfin de la population
03:46qui vit à Mayotte, ce sont des clandestins, donc oui, évidemment que la question se pose,
03:51il y a une urgence migratoire, mais les Maorais…
03:53Là, c'est l'urgence, la question migratoire ?
03:56Non, mais il ne dit pas ça, il dit que c'est dans la reconstruction, effectivement, il
03:59faut se poser la question, vous ne pouvez pas avoir le double de population que ce que
04:02vous devriez avoir sur un territoire, en fait, ça ne fonctionne pas.
04:05Ça, je vous l'accorde, que ça ne fonctionne pas, mais en revanche, il y a manifestement
04:10encore des vies à sauver.
04:11Là, il faut de l'eau, des médicaments, il faut évidemment…
04:14Voilà, donc le tweet du ministre de l'Intérieur, c'est « alors qu'on va manquer d'eau,
04:18de nourriture et de biens, il faut penser à la question migratoire ».
04:21Je ne suis évidemment pas là pour défendre Bruno Retailleau, dont je ne pense pas forcément
04:24que du bien, mais j'imagine aussi qu'il pense qu'il faut mettre de l'eau, des
04:28médicaments, enfin…
04:29Vous ne pensez pas forcément que du bien de Bruno Retailleau ?
04:31Même avant le cyclone, il y a quand même une grande partie de la population qui n'a
04:34pas accès à l'eau, enfin je veux dire, nos pouvoirs publics tolèrent à Mayotte
04:37tout ce que nous ne tolèrerions pas d'un département comme la Dordogne, par exemple.
04:40Donc en fait, je vais vous dire, on a une histoire d'amour avec le peuple maourais.
04:45Vous savez, si on ne votait qu'à Mayotte, Marine Le Pen serait présidente de la République.
04:48Je crois qu'elle fait plus de 59%.
04:49Donc on a cet attachement, évidemment, pour cette population maouraise.
04:53C'est terrible d'avoir des Français du bout du monde qui se sentent à ce point-là
04:57abandonnés.
04:58Vous ne pensez pas que du bien de Bruno Retailleau ?
04:59Non, mais je le dis depuis le début, Bruno Retailleau parle comme un député du Rassemblement
05:03National, mais n'agit pas comme tel.
05:04C'est bien ce que je lui reproche, mais sinon il ne serait sûrement pas chez Les Républicains
05:07depuis si longtemps.
05:08Et vous pensez qu'il doit rester au gouvernement ?
05:10Ce n'est pas moi qui fais le gouvernement, ce n'est pas moi qui ai nommé le Premier
05:14Ministre.
05:15Vous savez, encore une fois, ce n'est pas vous, mais il n'empêche que le Rassemblement
05:18National, et Marine Le Pen le redit encore ce matin dans Le Parisien, et l'a dit manifestement
05:23au Premier Ministre qu'il a reçu avec Jordane Bardella, ce n'est pas vous qui faites le
05:27gouvernement.
05:28Mais il y a des noms que vous ne voulez pas voir au gouvernement, par exemple, Xavier
05:31Bertrand.
05:32Xavier Bertrand a passé son entièreté de sa carrière politique, un peu comme M.
05:36Cohen d'ailleurs, à dire du mal du Rassemblement National.
05:38Donc bien sûr que nous n'avons pas envie d'avoir quelqu'un au gouvernement qui nous
05:44vomit dessus.
05:45Alors est-ce que vous voulez Bruno Retailleau ?
05:47J'allais dire, c'est sa marque de fabrique.
05:48Vous savez, il faut respecter ses 11 millions d'électeurs.
05:51Au moment des élections européennes, Jordane Bardella fait un score absolument faramineux,
05:55pas atteint depuis 30 ans, avec une participation pas atteinte depuis 35 ans.
05:59Elle rebelote trois semaines après, au premier tour des élections législatives, où ma
06:03famille politique arrive très en tête.
06:05Les Français, dans leur majorité, voudraient une rupture avec le macronisme.
06:10Et effectivement, pour l'instant, les noms qui circulent ne me paraissent pas incarner
06:14cette rupture.
06:15Mais encore une fois…
06:16Il y a d'autres noms qui vous dérangeraient au gouvernement ?
06:17Oui, j'ai entendu Elisabeth Borne hier, je me dis, Elisabeth Borne, c'est quand même…
06:20Voilà, je crois qu'on était à 29,49,3.
06:22Elle l'incarne, elle porte tout ce bilan du macronisme.
06:26Ces mille milliards de dettes en 7 ans, cette faillite budgétaire, sécuritaire, migratoire,
06:32tous ces gens-là, ils l'incarnent, ce bilan.
06:33Justement, je vous repose la question, Laure Lavallette, est-ce que Bruno Retailleau, alors
06:37qu'il y a des corps à sortir des décombres, de l'eau, des médicaments à faire arriver
06:41à Mayotte, quand il parle de questions migratoires, est-ce que d'une certaine manière, il se
06:45rend indispensable à François Bayrou ? Est-ce que c'est sa manière d'acheter votre validation
06:50à vous, le Rassemblement National, qui réclamait à nouveau une loi sur l'immigration ? Est-ce
06:55que c'est une façon d'acheter votre validation ?
06:57Bruno Retailleau a dit hier qu'il pensait que la loi, ce n'était pas forcément l'urgence.
07:02Vous voyez, M. Retailleau n'est pas sur notre ligne au niveau migratoire.
07:05Vous savez, au moment de notre niche, Edwige Dias portait une loi sur l'expulsion des délinquants
07:09étrangers une fois qu'ils sont sortis de prison.
07:11Le gouvernement de M. Retailleau n'a pas voté cette loi, par simple dogmatisme et
07:14simple sectarisme.
07:15Encore une fois, on juge un arbre à ses fruits, et pour revenir, excusez-moi, sur les noms,
07:19ça n'est pas une question de casting, c'est pas le casting, c'est le scénario qui compte.
07:23Et c'est très important, il faut que François Bayrou est Premier ministre, mais il n'est
07:27pas là pour faire du Bayrou.
07:28Il est là pour faire ce dont les Français ont tant envie, c'est-à-dire pas de hausse
07:32de charges sur les entreprises, vous le disiez tout à l'heure dans votre édito, qui sont
07:35au bord de la faillite, alors que c'est quand même le poumon de l'économie.
07:37Les Français veulent encore une fois…
07:39Justement, dans les urgences, parce que c'est vous qui avez interpellé le Premier ministre
07:42hier à l'Assemblée Nationale, vous avez cité des urgences qui s'amoncèlent.
07:47Et parmi ces urgences, vous réclamez une loi d'orientation agricole avant le 31 décembre,
07:52donc très très très rapide.
07:53Les agriculteurs, eux, leur lavalette, s'attaquent aux permanences de tous les députés qui
07:58ont voté la censure.
07:5936 permanences ont été dégradées ces derniers jours par les agriculteurs, dont 10 du Rassemblement
08:04National.
08:05A chaque fois, le message qui vous est adressé est le même, et le même, vous faites passer
08:09vos intérêts politiciens avant notre survie.
08:12Pour être tout à fait honnête intellectuellement, en fait, ce sont, comme dit Marine, un syndicat
08:15qui commence par F et qui commence par A, c'est effectivement la FNSEA et la FDSEA
08:20qui a, j'allais dire, pris en ligne de mire, parce que c'est quand même, on le sait, un
08:24syndicat qui est très proche de la Macronie.
08:25Moi, je peux vous dire que j'ai pu aller, Marine Le Pen et Jordan Bardella sont allés
08:28au Salon de l'Agriculture et ont été bien plus ovationnés qu'Emmanuel Macron, qui a
08:32été incapable, je vous rappelle, d'aller dans un Salon de l'Agriculture ouvert.
08:35Il était encadré par des CRS, il a fait une pauvre conférence de presse dans un couloir,
08:39donc les agriculteurs ont bien compris où étaient leurs intérêts.
08:41Les urgences s'amoncèlent, les urgences s'amoncèlent, votez la censure !
08:44Je peux vous dire que les agriculteurs étaient très contents qu'on fasse tomber un gouvernement
08:48qui faisait 13% de moins de budget pour l'agriculture.
08:51Ceux qui se battent pour le libre-échange, ce sont la Macronie, nous on se bat pour
08:56le juste-échange.
08:57Non, les agriculteurs ont très bien compris que vous êtes bien sûr, enfin, qui est l'instigateur
09:02du « votez la censure », mais qui a donné mandat à Ursula von der Leyen pour voter
09:09le Mercosur ? C'est Emmanuel Macron, ça n'est évidemment pas Marine Le Pen.
09:12Merci Laure Lavallette.
09:13Merci à vous.
09:14Et merci Sonia De Villers.

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