Atteintes à la laïcité à l'école, réforme de l'assurance chômage, guerre en Ukraine, élections européennes... Le député Rassemblement national de la Somme Jean-Philippe Tanguy, président délégué du groupe RN à l'Assemblée, est l'invité de RTL Bonsoir.
Regardez L'invité de RTL Soir avec Marion Calais et Vincent Parizot du 29 mars 2024
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00:00 RTL bonsoir, Vincent Parizeau, Isabelle Choquet.
00:04 Et notre invité face à l'événement ce soir, Jean-Philippe Tanguy, bonsoir.
00:09 Bonsoir.
00:10 Député Rassemblement National de la Somme, également membre de la Commission des Finances,
00:14 je précise ça parce que forcément le déficit de l'État, ça vous parle, 5,5%, c'est le chiffre,
00:20 on est bien au-delà des prévisions initiales du gouvernement,
00:23 donc il faut trouver au moins 10 milliards d'économies dès cette année, 20 milliards pour l'an prochain.
00:29 Bruno Le Maire a fixé la ligne "on ne touche pas aux impôts, on ne rajoute pas d'impôts",
00:35 il a raison, vous êtes aussi sur cette ligne ?
00:37 Oui et non, c'est-à-dire qu'il est hors de question d'augmenter les impôts des classes moyennes,
00:41 mais ce que le gouvernement a fait, je le rappelle qu'au 1er février dernier,
00:45 il y avait 4 milliards sur la taxe sur l'électricité, et il y a 500 millions au 1er juillet sur la taxe sur le gaz.
00:50 Donc moi je pense qu'il faut plutôt rééquilibrer le modèle fiscal,
00:53 dégager des moyens pour les classes moyennes, ceux qui travaillent, les retraités,
00:56 et taxer les surprofits, ceux qui ont abusé de la situation.
00:59 La Cour des comptes a montré que pour l'électricité, il s'était mis dans la poche 30 milliards d'euros,
01:05 30 milliards d'euros qu'il n'aurait pas dû gagner,
01:07 et la taxe qu'avait prévue le gouvernement, la fameuse rente inframarginale, n'a pas marché.
01:11 C'est ce qui explique en très grande partie la dérive du déficit de l'État.
01:17 Ça c'est les entreprises, les surprofits, vous dites ne pas augmenter les impôts des classes moyennes, ok,
01:23 les classes supérieures ?
01:25 Aujourd'hui, les classes supérieures, nous on avait deux mesures, mais elles ne seront pas votées,
01:29 donc on peut en parler, mais ce n'est pas des propositions utiles à court terme.
01:32 C'est ce qu'on fera en 2027 si les français font conférence à Marine Le Pen.
01:36 En 2027, vous augmenterez les impôts des catégories supérieures ?
01:39 On voulait recréer un impôt sur la fortune financière à la place de l'impôt sur l'immobilier,
01:43 et alléger la flat tax. Vous savez que la flat tax qu'a créée Emmanuel Macron en 2017,
01:48 a protégé les revenus financiers spéculatifs,
01:50 et donc nous on veut re-taxer les revenus financiers spéculatifs.
01:54 Donc oui, ce sont deux mesures, mais nous on veut surtout, une fois de plus,
01:57 alléger les taxes sur les classes moyennes, la baisse de la TVA, je rappelle,
02:00 sur l'énergie de 20 à 5,5 et suppression de la TVA sur les produits de première nécessité.
02:04 Cette semaine, Gabriel Attal a posé les bases d'une réforme de l'assurance chômage.
02:08 Ça c'est une bonne piste pour vous ?
02:10 Pas du tout, c'est un véritable mensonge d'État de faire croire qu'il y a un problème aujourd'hui
02:14 sur l'assurance chômage. L'assurance chômage est aujourd'hui bénéficiaire,
02:17 elle n'a pas de déficit, et surtout on fait croire aux Français
02:20 qu'il y aurait des emplois pas pourvus.
02:22 Alors il y a aujourd'hui...
02:23 C'est pas vrai, des emplois pas pourvus ?
02:24 Non, il y a aujourd'hui entre 5 à 6 millions de chômeurs,
02:27 et il y a 300 000 emplois qui ne seraient pas pourvus,
02:30 dont une grande partie sont en fait ce qu'on appelle le chômage résiduel,
02:33 c'est-à-dire des changements d'emploi, par exemple vous démissionnez,
02:36 et vous allez prendre un autre emploi...
02:37 Il y a bien des métiers, attention, ça existe ça ?
02:38 Non, c'est plutôt un mythe en fait, c'est un mythe qu'on entretient,
02:41 parce que ça permet de jouer à la baisse sur les salaires,
02:43 de ne pas améliorer les conditions de travail...
02:45 On les entend sur notre antenne,
02:46 c'est ces gens qui essayent de recruter et qui n'y arrivent pas,
02:49 dans la restauration, dans les métiers de bouche,
02:51 dans les services à la personne...
02:53 Très bien, mais il y a sans doute des emplois occupés,
02:56 mais il y a aussi des emplois dont il faut améliorer les conditions de travail.
02:58 Voilà, en Ile-de-France, quand vous faites une proposition
03:01 qui consiste à vous lever à 4h du matin,
03:03 prendre le premier RER, travailler quelques heures,
03:05 puis ne pas travailler pendant 8h et attendre à Paris,
03:07 puis retravailler entre 18h et minuit,
03:09 prendre le dernier RER,
03:11 effectivement, ce sont des conditions de travail que peu de gens accepteraient.
03:14 Donc, il faut aussi s'interroger sur ce genre de considération.
03:17 Ça implique par exemple d'améliorer le logement dans les grandes villes,
03:20 parce que si, pour avoir des travaux où vous êtes payé au SMIC,
03:24 il faut vivre à 1h30 de route, 3h par jour,
03:27 c'est compliqué si vous avez une famille, par exemple.
03:29 Et ce n'est pas incitatif à reprendre le travail plus rapidement,
03:32 de baisser la durée d'indemnisation ?
03:34 Mais pas du tout, ça peut être incitatif pour ceux
03:37 à qui M. Macron avait promis beaucoup d'avantages en 2017,
03:40 c'est-à-dire les cadres très diplômés.
03:42 Vous savez, il y a très peu de gens en France qui sont sûrs
03:44 d'avoir un emploi quand ils en perdent un.
03:46 Bon, vous avez un certain nombre de cadres.
03:48 Moi, j'ai fait l'ESSEC, une grande école de commerce.
03:50 Effectivement, mes camarades...
03:52 - Ils n'ont pas de soucis à retrouver du boulot ?
03:54 - Non, mais même ils ont l'habitude de prévoir 3 à 6 mois de vacances
03:56 payées par les assubvents sur le chômage,
03:58 parce qu'ils savent qu'ils auront un emploi.
04:00 Ce n'est pas le cas des ouvriers, des salariés de la Somme,
04:02 des classes intermédiaires.
04:04 Je trouve que c'est très malsain de la part de ce gouvernement
04:06 d'essayer de se défausser sur ceux qui n'ont pas d'emploi
04:09 et qui en cherchent un activement.
04:11 - M. le député, autre sujet.
04:13 Le proviseur du lycée Maurice Ravel à Paris a quitté son poste.
04:16 Il a été menacé de mort sur les réseaux
04:18 après une altercation avec une élève
04:20 qui refusait d'enlever son voile.
04:22 Marine Le Pen critique la loi séparatisme de 2021,
04:25 mais elle ne concerne pas l'école.
04:27 Concrètement, comment faire respecter la laïcité
04:30 dans les établissements scolaires
04:32 et comment protéger les enseignants
04:34 à l'ère des réseaux sociaux,
04:36 à toutes ces menaces qui pululent sur les plateformes ?
04:38 - Il faut mener une guerre culturelle
04:40 contre l'islamisme
04:42 et défendre le modèle français.
04:44 C'est ce qui a manqué depuis des années.
04:46 Il y a un sondage très inquiétant qui a été fait
04:48 par un média arabe laïque
04:50 qui montrait que la laïcité n'était plus comprise
04:53 par nos compatriotes de confession musulmane
04:56 ou revendiqués comme tels.
04:58 Il faut mener une bataille culturelle
05:00 pour expliquer la laïcité,
05:02 montrer pourquoi ça protège les croyants,
05:04 les athées, les agnostiques.
05:06 Il faut renforcer les moyens à l'école
05:08 pour les savoirs fondamentaux.
05:10 On a toujours dit "le français".
05:12 Par le français, vous apprenez les grandes oeuvres
05:14 qui vous permettent de comprendre la civilisation française,
05:16 l'apprentissage de l'histoire, du récit national.
05:18 - Ça existe tout ça ?
05:20 - Non, tout ça a été très affaibli.
05:22 Le niveau en français, on l'a vu,
05:24 avec les évaluations en quatrième, est très faible.
05:26 Les programmes ont fait la place à des oeuvres anecdotiques
05:29 qui ne sont pas le grand récit national français.
05:32 Si vous ne lisez pas "Les Lumières", "Voltaire",
05:34 même des oeuvres du Moyen-Âge fondamentales,
05:36 vous ne pouvez pas comprendre la culture française.
05:38 Ce qui a amené à la laïcité,
05:40 parce que la laïcité, ce n'est pas juste quelque chose
05:42 qui est tombé du ciel en 1905,
05:44 c'est le combat de plusieurs siècles de philosophie,
05:46 de littérature, qu'il faut enseigner aux enfants
05:48 et peut-être aussi réexpliquer à leurs parents
05:50 qui sont arrivés sur notre territoire récemment.
05:52 - C'est un peu ambitieux ce que vous proposez.
05:54 - C'est ambitieux, mais la Troisième République,
05:56 c'était ambitieux.
05:58 Monsieur la Troisième République,
06:00 les Hussars Noirs de la République, c'était ambitieux.
06:02 Moi, j'ai une famille bretonne,
06:04 il y a trois générations, mes aïeux ne parlaient pas français,
06:06 n'allaient pas à l'école de la République,
06:08 et on leur a appris, ils ont appris,
06:10 ils ont aimé la France, la culture française.
06:12 - Là, on parle d'élèves qui parlent français.
06:14 - Oui, je pense qu'aujourd'hui,
06:16 malheureusement, ces élèves ne parlent pas
06:18 correctement français,
06:20 tels que vous, au moins, le parlez,
06:22 vous avez des oeuvres, il faut dire les choses.
06:24 On voit, le niveau de lecture aujourd'hui
06:26 est extrêmement faible, et le niveau
06:28 des thèses de quatrième auxquelles j'ai eu accès
06:30 m'a profondément inquiété, parce que le niveau de vocabulaire,
06:32 quand vous avez entre 500 et 1000 mots
06:34 de vocabulaire, vous ne pouvez pas avoir accès aux grandes oeuvres
06:36 qui vous permettent de comprendre la laïcité.
06:38 Donc, on peut asséner des mots
06:40 qui sonnent creux à certains
06:42 des élèves, si on ne leur explique pas,
06:44 s'ils n'ont pas accès au sens véritable
06:46 de ces mots et de ces concepts.
06:48 - Le cœur, c'est l'éducation, on est bien d'accord.
06:50 Mais finalement, si on renforce les matières françaises,
06:52 histoire, on met fin au séparatisme ?
06:54 On renforce la laïcité et finit les menaces de mort ?
06:56 - Ce n'est pas la seule façon,
06:58 mais là, vous me demandez une façon à l'école.
07:00 Il n'y a pas de baguette magique sur ce combat
07:02 culturel, ce serait trop facile.
07:04 Ensuite, évidemment, il faut renforcer l'autorité,
07:06 on l'a toujours dit, les élèves, mais c'est en cours.
07:08 Donc, moi, je ne veux pas avoir de procès d'intention.
07:10 Il y a une amélioration sur la défense de l'autorité.
07:12 J'ai entendu que M. Attal,
07:14 l'État serait parti civil
07:16 dans le procès qui va accuser
07:18 cet élève d'accusation
07:20 diffamatoire. Donc, moi, je ne suis pas
07:22 pour la politique du pire. Donc, quand ça va dans le bon sens,
07:24 je le soutiens. Maintenant, on surveillera
07:26 que ces mesures soient prises dans
07:28 le long terme, que ce ne soit pas juste un effet
07:30 d'annonce. Mais oui, il faut renforcer le soutien
07:32 à nos enseignants, qu'ils soient sûrs,
07:34 qu'ils aient l'État de leur côté.
07:36 Le pas de vague, quand même, résiste encore
07:38 dans certains territoires et dans certaines académies.
07:40 Donc, il faut continuer à lutter contre dans la durée.
07:42 - On parle des européennes.
07:44 On est à un petit peu plus de deux mois.
07:46 On a appris, d'ailleurs, dernièrement
07:48 que la numéro 2 sur la liste de Jordan Bardella,
07:50 Malika Sorel,
07:52 d'ailleurs, elle l'a reconnue, avait eu des échanges
07:54 avec Emmanuel Macron pour tenter
07:56 de rentrer dans le gouvernement
07:58 lors du dernier remaniement.
08:00 C'est un peu ennuyeux.
08:02 C'est quand même une démarche étonnante.
08:04 - Non, pas du tout. - Sur le plan
08:06 des idées. - Non, elle a expliqué elle-même.
08:08 Par rapport aux annonces qui avaient été faites
08:10 par le gouvernement,
08:12 le changement de pied d'Attal a indiqué
08:14 qu'elle était disponible comme intellectuelle,
08:16 comme personnalité engagée pour aller dans le bon sens.
08:18 - Vous y seriez allée ? Vous seriez prête, vous,
08:20 à rentrer dans un gouvernement ?
08:22 - À cette époque-là, j'avais un engagement clair.
08:24 Ça fait dix ans que je fais de la politique contre M. Macron.
08:26 Madame Sorel était encore
08:28 libre de ses engagements. Moi, ça ne me choque pas
08:30 du tout que les gens ne soient pas sectaires.
08:32 Franchement, d'ailleurs, elle n'a eu aucune difficulté
08:34 à le reconnaître. Par ailleurs, ça prouve
08:36 que Malika Sorel était reconnue
08:38 et identifiée par les milieux dirigeants
08:40 de la société, ce qui prouve sa compétence.
08:42 - Eh bien, merci.
08:44 Merci d'être venue ce soir sur RTL.
08:46 Et puis, je rappelle quand même, au passage,
08:48 le récent sondage
08:50 réalisé pour RTL
08:52 par, rappelez-moi...
08:54 - Paris Interactif, Tolona. - Voilà.
08:56 Qui place l'analyse de Jordan Bardella assez largement en tête.
08:58 - Le 9 juin. - À 30%.
09:00 Les élections du 9 juin. Merci beaucoup, Jean-Philippe Tanguy.
09:02 - Merci à vous. - Votre dose
09:04 quotidienne de sourire et de curiosité continue.
09:06 RTL, bonsoir. Dans un instant,
09:08 le deuxième invité, tout autre registre.
09:10 - Et avant cela, RTL Inside, RTL Inside,
09:12 ce soir, on va chercher la fève,
09:14 Vincent. Nous allons plonger dans
09:16 la fabrique du chocolat. - Et ensuite,
09:18 je vous le rappelle, Elyse et Moon pour la sortie
09:20 du Cobu Passover. À tout de suite.
09:22 RTL