Après 51 jours d'attente, Emmanuel Macron a enfin pris sa décision et désigné Michel Barnier comme Premier ministre. Le Président de la République le charge de "constituer un gouvernement de rassemblement au service du pays". Éric Coquerel, député LFI de la Seine-Saint-Denis et président de la commission des finances de l'Assemblée nationale réagit à cette nomination.
Regardez L'invité de Yves Calvi avec Yves Calvi du 05 septembre 2024.
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00:00Yves Calvi, Agnès Bonfillon, édition spéciale, nomination de Michel Barnier à Matignon.
00:06Il est 18h18, bonsoir Éric Coquerel.
00:08Bonsoir.
00:09Merci beaucoup de nous rejoindre sur RTL, vous êtes député France Insoumise de Seine-Saint-Denis
00:13et président de notre commission des finances à l'Assemblée Nationale.
00:16Gabriel Attal et Michel Barnier, l'ex et le nouveau Premier ministre, échangent en ce moment même à Matignon.
00:22Michel Barnier est notre nouveau chef de gouvernement, est-ce que vous comprenez ce choix du président Éric Coquerel ?
00:29Je ne l'accepte pas, mais dans la logique de M. Macron, je le comprends.
00:34M. Macron voulait un Premier ministre qui prouve sa politique économique et budgétaire,
00:40c'est-à-dire une politique de la compétitivité, on va dire, surtout au service des plus riches.
00:46Donc c'est évidemment lui qui a professé ce type de politique à la commission européenne,
00:53c'est assez indiqué, et en plus il voulait quelqu'un, puisqu'il s'était mis dans les mains du Rassemblement National,
00:58faire consensus avec le Rassemblement National.
01:00Donc manifestement, les sorties anti-migrants de M. Barnier montraient que ça pouvait être quelqu'un
01:08qui recevait l'aval homo au départ de Mme Pen.
01:11Donc de l'objectif de M. Macron, qui est une dérive plus à droite, ça peut se comprendre.
01:17On est en pleine dérive à droite, c'est ce que vous nous dites ce soir ?
01:22C'est la concrétisation de ce qu'est devenu le macronisme depuis quelques années,
01:28c'est-à-dire une politique ultra-libérale et en même temps une politique autoritaire, sécuritaire,
01:33qui s'en prend aux migrants, qui n'a pas hésité, je vous le rappelle,
01:36pour les migrations pour prendre une partie du programme du Rassemblement National.
01:40Donc c'est la poursuite. Le problème de tout ça, c'est qu'ils ne correspondent pas aux vœux des Français en juin,
01:45qui est un vrai déni démocratique.
01:49Donc vous nous dites que vous vous êtes fait flouer, si je vous comprends bien.
01:53Ce n'est pas nous qui nous sommes fait flouer et qui sommes raillis,
01:57c'est le peuple français qui a battu la politique de M. Macron.
02:01Ça oui, et ça c'est extrêmement grave, parce qu'en fait, comme en 2005,
02:05où le vote des Français avait été balayé ensuite par le traité de Lisbonne,
02:12là c'est un peu la même chose.
02:14Les Français votent et on leur dit, vous avez voté, rien ne changera.
02:19Et ça c'est insupportable pour la démocratie et c'est pour ça d'ailleurs que nous pointons la responsabilité
02:24de M. Macron dans cette affaire en demandant sa destitution.
02:27Est-ce que le pays penche de plus en plus à droite ce soir ?
02:30Non, je ne pense pas que le pays penche à droite.
02:32Je pense que ce sont ses représentants et son personnel politique qui penchent toujours plus à droite.
02:40Mais le pays a eu un vote qui a surpris plus d'un moment en juin dernier
02:45et toutes les enquêtes de fond sociologiques montrent que ce n'est pas le cas.
02:49Par exemple, la politique que le Nouveau Front Puy-lard propose,
02:52l'abrogation de la réforme des retraites, une politique en faveur du pouvoir d'achat, des services publics,
02:56tout montre qu'en réalité il y a une forte adhésion, non pas la politique que va appliquer M. Barnier.
03:01Mais vous nous dites qu'on nous a volé une forme de victoire d'une certaine façon ?
03:05Absolument, on a volé une forme de victoire au peuple français.
03:09C'est la raison pour laquelle je pense que tout cela ne va pas durer très longtemps.
03:13S'il passe la motion de censure que nous allons déposer au Nouveau Front Puy-lard,
03:19je pense qu'au moment du budget, qui inévitablement sera minoritaire, vous verrez que ce ne sera pas le cas.
03:24Que va-t-il se passer à l'Assemblée sur les bancs de l'opposition,
03:27au-dehors de ce que vous venez de nous prévoir ou de nous annoncer ?
03:30Ça va me concerner directement.
03:32Oui, c'est votre boulot.
03:34Ma première bataille va être le budget.
03:37Or, comme moi je le pensais depuis quelques jours,
03:40raison pour laquelle je pensais que ce serait le premier ministre de droite qui serait nommé,
03:43on va, je pense, avoir le budget préparé cet été.
03:46Merci M. Le Maire et M. Cazenave.
03:49Un budget très austéritaire, sur lequel d'ailleurs M. Le Maire appelle à qu'il le soit encore plus.
03:55Puisque vous avez vu que les chiffres des déficits étaient mauvais.
03:58C'est le résultat de leur politique.
04:00Et je pense que c'est à ça qu'on va avoir à faire.
04:02Donc nous allons le combattre.
04:04Je pense que dans ma commission, il y a une majorité pour le transformer très fortement.
04:09Et à partir de là, on verra bien ce que fait le gouvernement.
04:11S'il fait un 49-3, il y aura à nouveau une motion de censure.
04:13J'appelle que vous présidez la commission des finances à l'Assemblée Nationale.
04:16Vous vous évoquez et vous nous annoncez un budget très austéritaire, quoi qu'il arrive.
04:20Ça vous semble évident ?
04:22C'est évident, mais ce n'est pas seulement évident.
04:24C'est que nous le savons concrètement.
04:26Le budget qui a été préparé cet été promet 27 milliards d'annulations de crédits
04:32dès cette année qui s'ajouterait au 10 déjà prononcé.
04:34Ça fait 37, c'est énorme.
04:36Enfin, 27 milliards en tout.
04:38Et pour l'année prochaine, il y a déjà 20 milliards de moins de dépenses publiques.
04:43Et M. Le Maire a fait filtrer une note de la direction du Trésor
04:49qui dit qu'il faudrait le double au minimum.
04:51Donc vous voyez bien ce à quoi il faut s'attendre.
04:53Alors même que le problème que nous avons dans ce pays,
04:55ce n'est pas les dépenses, c'est le fait qu'il y a moins de recettes.
04:58Et donc c'est les cadeaux fiscaux notamment qui ont été faits aux plus riches
05:00sur lesquels il faut revenir.
05:01Alors, je reviens à la nomination de notre nouveau Premier ministre,
05:04en l'occurrence Michel Barnier.
05:06Si je vous dis, est-ce que vous ne voulez pas lui laisser une petite chance de s'installer,
05:09le temps de voir, vous me répondez quoi ?
05:11Écoutez, ce n'est pas M. Barnier qui est en question.
05:14Même si j'ai vu qu'on le dépeint comme un homme de consensus
05:18et que j'ai plutôt l'impression que c'est un homme de consensus
05:20entre le macronisme et l'extrême droite.
05:22Et l'extrême droite ?
05:24Écoutez, oui, j'ai vu les essais sortis sur les migrants,
05:28sur pas mal de choses ces dernières années.
05:31Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il s'est durci,
05:34un peu d'ailleurs comme la plupart des gouvernements libéraux en Europe.
05:38Donc de ce point de vue-là, je pense que c'est à ça qu'il est promis.
05:42C'est-à-dire que M. Macron, vous savez très bien que M. Macron a eu Mme Le Pen
05:45très fréquemment ces derniers jours,
05:48et qu'il a cherché un Premier ministre qui est agréé au rassemblement national.
05:51C'est pour ça que j'ai ces mots.
05:52Justement, je vous propose d'écouter cette prise de parole de Michel Barnier.
05:56Il n'y aura jamais de complaisance ni de faiblesse à l'égard des thèses d'extrême droite.
06:00En revanche, il faut écouter les gens, écouter les angoisses,
06:03les préoccupations, les demandes des gens.
06:05Moi, je pense qu'il faut répondre aux peurs autrement,
06:07en ayant une parole publique qui soit respectée.
06:10Répondre aux vraies questions liées à l'immigration,
06:13à l'autorité de l'État, à l'éducation.
06:15Ça date de 2021.
06:17Que vous inspire cette prise de parole de notre nouveau Premier ministre ?
06:20Ben que manifestement, et j'ai entendu aussi des prises de parole récentes,
06:24par exemple sur l'immigration.
06:26Prendre en compte les questions dites immigration,
06:30c'est souvent en réalité prendre en compte le problème du rassemblement national.
06:33Et encore une fois, la loi immigration l'a prouvé.
06:35Donc, si je pèse mes mots et que je parle de tentative au moins
06:40d'avoir une neutralité bienveillante du rassemblement national,
06:42M. Barnier a donné l'option ces derniers jours.
06:46Mais encore une fois, c'est l'évolution de beaucoup de néolibéraux en Europe
06:50qui, vous le savez, dans plusieurs pays européens, sont alliés à l'extrême droite.
06:53Voire la soutiennent.
06:55Et malheureusement, c'est un constat qu'on voit de plus en plus.
06:58Vous savez pourquoi, quand même, Eric Coquerel ?
07:00C'est que toutes les enquêtes d'opinion montrent un durcissement à droite
07:04de beaucoup de pays européens.
07:06Et accessoirement à l'extrême droite.
07:09Non, je m'oppose.
07:11Sur le fond, je m'oppose à cette logique-là.
07:14Il y a aussi beaucoup d'enquêtes sociologiques sur le fond
07:17qui montrent qu'au contraire, par rapport à pas mal de thèses d'extrême droite,
07:21il y a plutôt une autre expression dans l'union populaire qui s'exprime.
07:28Donc je ne crois pas.
07:29Je crois plutôt que l'extrême droitisation, elle est plutôt à la tête.
07:34Voilà, que dans le peuple français.
07:36Et d'ailleurs, encore une fois, sinon il n'y aurait pas eu l'horaire de cette élection.
07:39Le Rassemblement national l'aurait emporté nettement.
07:42Ça n'a pas été le cas.
07:44Et au contraire, c'est l'union populaire qui a gagné.
07:49Toujours est-il qu'à partir de là, on va vite être constat de ce que fera le Rassemblement national.
07:55Parce que s'il soutient, ou en tout cas, il ne veut pas la censure vis-à-vis de M. Barnier,
08:00ça sera la logique.
08:02Il souhaiterait la politique économique de Macron.
08:05Donc tous ceux qui ont imaginé que le Rassemblement national avait une politique sociale différente,
08:10auront la vérifier.
08:12En tout cas, on a compris que votre opposition serait ferme.
08:15Merci beaucoup d'avoir pris la parole ce soir, Éric Coquerel, député France Insoumise de Seine-Saint-Denis.
08:20Dans un instant, l'essentiel de l'actualité.
08:22Puis le témoignage de notre confrère Georges Malbruno.
08:25Michel Barnier a eu un rôle très important dans sa vie.
08:27C'est lui qui l'a ramené en France après 124 jours de détention en Irak.
08:31A tout de suite sur RTL.