Cela n'était pas arrivé depuis 1962 : pour la seconde fois sous la Ve République, le gouvernement a été censuré par l'Assemblée nationale, ouvrant une période d'incertitude politique majeure et inédite. L'Elysée a indiqué en début d'après-midi que le chef de l'Etat a bien reçu la démission du Premier ministre. Emmanuel Macron "s'adressera aux Français" dans une allocution à 20 h. Annoncera-t-il le nom de son nouveau premier ministre ? Regardez Franz-Olivier Giesbert, éditorialiste politique.
Regardez L'invité de Yves Calvi du 05 décembre 2024.
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00:00Yves Kelvy, Agnès Bonfillon, RTL Soir, édition spéciale.
00:04Bienvenue à vous qui nous rejoignez, il est 18h17, bonsoir François-Olivier Gisbert.
00:09Bonsoir Yves.
00:10Merci de prendre la parole ce soir dans RTL Soir, vous êtes éditorialiste au point,
00:15observateur privilégié, dois-je le rappeler, de notre vie politique.
00:18Qu'attendez-vous de la prise de parole du Président de la République ce soir
00:21et est-ce qu'il peut nous annoncer la nomination d'un nouveau Premier Ministre ?
00:24J'espère, parce que là il ne faut pas perdre trop de temps.
00:27On voit très bien que la France en ce moment flageole.
00:31Alors ce n'est pas très important finalement, ce n'est qu'un changement de Premier Ministre.
00:35Mais vous avez vu déjà Ursula von der Leyen qui profite, la Présidente de la Commission de Bruxelles,
00:40qui profite évidemment du moment pour essayer d'imposer, de faire passer le Mercosur à toute vitesse.
00:47Enfin voilà, je pense qu'il faut à tout prix que la France ait un Premier Ministre ce soir,
00:51enfin en tout cas demain matin.
00:53Donc vous nous dites que nous sommes fragilisés ?
00:55Ben nous sommes fragilisés, mais c'est absolument évident.
00:57Mais ce n'est pas à cause de cette démission.
01:00La France ne se porte pas bien à tout point de vue.
01:04Je pense que l'idée que c'est une catastrophe parce que Barnier s'en va,
01:07non, les Premiers Ministres vont, viennent, enfin ce n'est pas si grave que ça.
01:12Ce qui est grave c'est la situation générale de la France.
01:15Son endettement, sa désindustrialisation,
01:20enfin tous ces sujets qui ne sont pas traités depuis très longtemps,
01:23l'espèce d'affaissement général, l'éducation, l'immigration sans contrôle,
01:27enfin je veux dire, on peut continuer.
01:29On a l'impression d'un pays qui n'est pas dirigé en fait, depuis très longtemps.
01:32Depuis très longtemps, ça a commencé avant Macron,
01:35mais avec Macron, disons, ça s'est un peu aggravé.
01:37Et surtout qu'il passe son temps à parler, à expliquer, qu'il fait une politique formidable.
01:43Évidemment, pendant ce temps-là, le fossé se creuse entre les Français et puis le Président de la République.
01:50Ah ben quel éditorial !
01:51Alors justement, je reste un peu sur le Président de la République.
01:55Il est sur la touche ou il reste quand même central dans la vie politique du pays ?
01:59Vous avez raison, on le perçoit très isolé en ce moment.
02:02Le Président est central, par définition.
02:04Mais le problème c'est qu'avec Emmanuel Macron, il y a quelque chose qui ne marche pas.
02:08Il ne sait pas se faire oublier.
02:10Il ne sait pas que dans les périodes un peu difficiles,
02:12quand la parole, par exemple, votre parole n'est pas audible,
02:15il faut mieux disparaître un peu, s'estomper, s'effacer.
02:18Mitterrand savait très bien faire ça.
02:20C'était même une stratégie chez Mitterrand.
02:22Quand ça allait bien, il se montrait.
02:24Quand ça n'allait pas, il était moins présent.
02:26Mais Macron, il faut toujours qu'il soit sur la photo.
02:28Et donc, c'est en permanence avec une forme de frénésie.
02:31Et d'ailleurs, regardez, là, c'est presque sa semaine.
02:33Alors que, bon, on ne peut pas dire que la popularité soit à son sommet aujourd'hui,
02:41puisqu'il y a quand même 62% des Français qui veulent qu'il parte.
02:43Qui le rejettent.
02:44Et alors, il est quand même le seul Président de la République française
02:47à s'être mis dans une situation pareille sous la Ve République.
02:50C'est pire que Jacques Chirac en 97 avec sa dissolution ratée, non ?
02:53Ah bah évidemment, c'est bien pire pour une raison très simple.
02:56C'est que là, vous avez vu, avec cette espèce de micmac qu'il y a eu, électorale,
03:01on arrive avec un machin totalement ingouvernable.
03:05Enfin, de toute façon, cette dissolution était une bêtise, c'est évident.
03:09Mais à l'arrivée, évidemment, la bêtise devient absolument monumentale,
03:13puisqu'on se retrouve avec une Assemblée nationale sans majorité.
03:18Et tout ça doit durer un an, puisqu'il ne peut pas dissoudre avant le 8 juillet prochain.
03:23Tout ça est dément.
03:24On vit en ce moment une sorte de...
03:28Enfin, sur le plan politique, parce que je le répète, ce n'est pas fondamental.
03:31Si on voit comment va l'éducation, si on parle de l'industrie,
03:35si on parle de tous ces sujets, si on parle des Français qui travaillent de moins en moins,
03:38si on regarde bien, on est aujourd'hui l'un des pays en...
03:41Oui, pas l'un des pays, on est le pays au monde qui travaille le moins...
03:44Par habitant, pas par salarié.
03:46Par habitant, ça change un peu les statistiques,
03:48mais ça veut dire qu'il y a beaucoup d'inactifs dans ce pays par rapport aux autres.
03:51Et ça, tout ça, ce sont vraiment des sujets.
03:54Et tous ces sujets ne sont pas traités,
03:56parce qu'il y a une espèce de camouflage qui a été fait depuis des années,
04:01par le Président de la République, qui, à chaque fois qu'il apparaît,
04:04nous explique que ça va très bien, que tout va bien, etc.
04:06Je pense qu'il serait temps que quelqu'un dise, voilà,
04:08il y a des problèmes, il faut qu'on les règle, et on va les régler ensemble,
04:12parce que ce pays, il n'est pas fini, évidemment.
04:15Pour ça, il nous faut quand même un Premier Ministre.
04:17Alors, vous qui connaissez ça de l'intérieur,
04:19ça se passe comment, les consultations pour former un gouvernement ?
04:21Et est-ce qu'on peut avoir des surprises sur le nom de notre prochain Premier Ministre ?
04:25Alors, Emmanuel Macron a déjeuné avec François Bayrou ce matin.
04:27Bayrou à Matignon, c'est possible ? C'est une bonne idée ?
04:30Ah bah oui, c'est possible.
04:31C'est pas une mauvaise idée.
04:32C'est pas une mauvaise idée, il connaît le boulot.
04:34Moi, je pense que, pour être plus tranquille,
04:38c'est sûr que le choix de Sébastien Lecornu,
04:41qui apparemment a ses entrées au RN, ce serait certainement un bon choix.
04:45C'est pas parce que c'est peut-être le meilleur choix pour lui qu'il le fera forcément,
04:51parce qu'on a bien vu dans le passé, souvent, c'est un peu le dernier qui a parlé,
04:54on ne sait pas trop, il promet le poste à un tel, après, il va le donner à un autre.
04:58Vous avez vu l'histoire absolument comique de Vautrin, vous vous souvenez ?
05:03Quand ça a été Élisabeth Borne, il avait promis le poste à Vautrin, il l'avait convoquée.
05:07Elle l'avait en partie déménagée.
05:09Puis après, allez hop, on passe à autre chose.
05:12Et puis, elle n'en rappelle même pas pour lui le dire.
05:14Donc, si vous voulez, vous avez...
05:16En fait, c'est un peu un film, y a-t-il un pilote dans l'avion ?
05:19Vous savez, c'était un film comique, mais on se demande parfois s'il y a vraiment un pilote.
05:24Si l'avion est la France, oui, il faut s'en inquiéter.
05:26François Bayrou s'est entretenu aujourd'hui avec un autre prétendant à Matignon,
05:29le socialiste Bernard Cazeneuve.
05:31Ça a une signification ?
05:33Certainement, de toute façon, tous ces gens-là, ils sont dans l'histoire.
05:38La solution idéale, c'est d'avoir un peu tout le monde.
05:42Et je pense que, d'ailleurs, moi, à ce moment-là, j'avais pensé que Michel Barnier avait fait une erreur.
05:47C'est pour être un peu tranquille, il n'avait pas mis les grandes gueules.
05:49Mais je crois qu'il faut mettre toutes les grandes gueules dans ce gouvernement.
05:53C'est-à-dire Bruno Retailleau, Bernard Cazeneuve, Laurent Wauquiez.
05:58Tous ces gens-là doivent être...
06:00Travailler ensemble, Valéry Pécresse, je sais pas, enfin, vous voyez.
06:03Et puis d'autres aussi.
06:05Les socialistes, c'est un peu compliqué, parce qu'on voit très bien qu'ils sont tenus par Eléfie.
06:09C'est-à-dire qu'ils ont très peur qu'Eléfie casse les accords électoraux,
06:13et donc qu'il y a des municipales bientôt.
06:16Donc là, on voit très bien, ils filent doux, ils rasent les murs, et puis ils ont voté la censure.
06:20Alors qu'ils ont quand même tous, les socialistes, des vérités d'indépendance.
06:25Il y a un nom que vous n'avez pas cité, excusez-moi de vous interrompre,
06:29c'est celui de Xavier Bertrand.
06:31C'est un oubli ou il est, d'après vous, en dehors de la course ?
06:35Je pense qu'il est un petit peu en dehors de la course, parce qu'il y a un veto du RN.
06:38Donc c'est un peu difficile.
06:40Le RN, quand même, il a la possibilité, il vient de le démontrer,
06:43de saquer les premiers ministres.
06:46Donc si Macron nomme régulièrement à Matignon, il peut faire ça,
06:50ou le FI, parce qu'il peut tout faire, il a tout fait déjà dans le passé.
06:53Nommer régulièrement des premiers ministres que le RN saque,
06:57il y a une motion de censure de l'FI, le RN la vote, et puis voilà.
07:01Donc il a intérêt quand même, là, à essayer de prendre un premier ministre
07:04qui tienne quelque temps, je pense.
07:05Et c'est vrai que dans ce choix-là, il y a soit Bayrou,
07:08qui a fait quelques petits signaux quand même en direction du RN ces derniers temps,
07:11et puis soit Sébastien Lecornu,
07:14c'est quelqu'un autour duquel Emmanuel Macron tourne depuis longtemps.
07:18Et c'est vrai qu'il est très habile, il est malin, il va vite.
07:21Enfin bon, ce ne serait pas un mauvais choix.
07:24Et puis, simplement, il donnerait aussi, parce qu'il y a toujours ça chez Macron,
07:28le centainement qu'il reprend la main, parce que c'est quand même...
07:31Bon, il est d'origine LR, mais c'est devenu un bébé Macron.
07:34Et puis il est jeune, mais il a eu tous ses postes sous Macron.
07:38À la lumière de ce que l'on vient de vivre,
07:40comment le ou la prochaine chef de gouvernement peut-il
07:43rester plus de trois mois à Matignon ? Je vous donne 30 secondes.
07:46Ah ben c'est très compliqué. Ah non, mais alors attendez, ne me donne pas ça.
07:50Je pense qu'on est rentré... On a eu quatre chefs de gouvernement
07:54pendant cette année-là,
07:56et je pense que l'année prochaine, peut-être qu'on en aura cinq ou six.
07:58Parce que ça devient très compliqué.
08:01C'est-à-dire qu'on a, je vous le répète, une chambre ingouvernable.
08:05C'est très rare en politique, mais ça arrive.
08:07Et donc c'est une chambre qui penche plutôt à droite,
08:10mais donc il faut trouver plutôt un centre de gravité à droite.
08:14Mais en même temps, aucun Premier ministre ne sera à l'abri d'une motion de censure.
08:18C'est pour ça qu'il faut qu'il fasse attention de prendre plutôt quelqu'un
08:21que le RN ne va pas tout de suite saquer.
08:23Alors, ce sera ma dernière question. On a 30 secondes cette fois-ci, vraiment.
08:28Vous m'avez cité Sébastien Lecornu et François Bayrou.
08:31Vous m'en mettez un troisième juste pour la route ?
08:35Un ou une ?
08:3615-9, j'ai du mal à y croire. Et Bruno Rotailleau non plus.
08:39Je pense que...
08:39Alors, Baroin, Thierry Breton, qui sont cités aussi ?
08:42Oh, ça, je n'y crois pas beaucoup, parce que...
08:45Ça, je n'y crois pas, c'est très compliqué.
08:48Je pense qu'il va plutôt aller vers le plus simple.
08:52Déjà, Barnier, c'était un petit peu compliqué, parce que ça venait de loin.
08:55Là, je pense que ça va se jouer plutôt, à mon avis, entre Lecornu et Bayrou.
08:59Mais enfin, on est à quelques secondes.
09:02On est à quelques secondes de la décision.
09:04Je vais peut-être avoir l'air totalement stupide.
09:05Oui, et puis surtout, si vous avez raison, je vous rappellerai...
09:07Je me suis fait avoir comme un bleu, là, de répondre à cette question.
09:10Parce que si près de l'annonce...
09:12Parce que je ne vois pas comment il ne peut pas annoncer le Premier ministre ce soir.
09:16Merci.
09:18Pardonnez-moi de vous interrompre.
09:19Merci, François-Olivier Gisbert, d'avoir pris la parole sur RTL,
09:22à une heure et demie, en fait, de l'intervention présidentielle.
09:25Le chef de l'État, que vous pourrez entendre en direct dès 20h sur RTL.
09:29Dans un instant, toute l'actualité dans le journal de 18h30.
09:31Puis à 18h40, nous accueillerons le préfet de police de Paris, Laurent Nunez.
09:36Il va nous expliquer le dispositif de sécurité autour de Notre-Dame pour sa réouverture.
09:41A-t-il des inquiétudes ? Et si oui, lesquelles ?
09:43Il va devoir notamment gérer un certain Donald Trump.
09:46Yves Kelvin et Agnès Bonfillon.