• il y a 4 mois
Emmanuel Macron, va célébrer ce jeudi 15 août le 80e anniversaire du débarquement de Provence. Cinq semaines après les élections législatives, le gouvernement est toujours démissionnaire et le nom du futur Premier ministre se fait attendre à gauche comme à droite. Faut-il y voir une tentative de prolonger la trêve politique décrétée pour les JO de Paris ? Renaud Muselier, Président du conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur est l'invité de RTL Matin.
Regardez L'invité de RTL avec Stéphane Boudsocq du 15 août 2024.

Category

🗞
News
Transcription
00:00RTL Matin
00:04C'était il y a tout juste 80 ans, le 15 août 1944, 350 000 hommes prenaient d'assaut les côtes de Provence
00:11pour ouvrir un deuxième front dans la libération de la France,
00:14un événement majeur de la fin de la seconde guerre mondiale qui sera commémoré aujourd'hui,
00:18notamment par le chef de l'État.
00:20Renaud Muselier, vous êtes le président de cette région Provence-Alpes-Côte d'Azur.
00:23On dit souvent que cet autre débarquement est oublié, voire même un peu méprisé,
00:27éclipsé en tout cas par celui de Normandie, deux mois plus tôt.
00:31Il faut rendre justice à ce moment, c'est un événement majeur au contraire ?
00:35C'est un événement majeur et puis c'est un événement dans lequel,
00:39sur les 350 000 hommes dont vous avez parlé, il y en avait 260 000 qui étaient français.
00:43Donc c'était les fameux commandos d'Afrique, les Pieds-Noirs, les musulmans, les Corses,
00:49tous ceux qui étaient dans la France libre, qui sont venus ici sur la côte méditerranéenne
00:56avec un choix bien particulier qui était de dire qu'il faut faire la jonction
01:00avec le débarquement là-haut en Normandie et donc il faut se poser dans le Var
01:07près des ports en eau profonde sur Toulon et Marseille.
01:10Donc c'est un enjeu stratégique énorme et c'est ce débarquement
01:14qui a permis à la France d'être à la table des vainqueurs après la guerre.
01:21C'est le deuxième débarquement, c'est un débarquement essentiel pour la puissance de la France et son rayonnement.
01:29Vous parliez de ces 250 000 soldats français, ceux de l'armée B comme on l'appelait,
01:35composée des troupes qui étaient issues des colonies en Afrique.
01:38Ce souvenir de ce débarquement, Renaud Muselier, c'est aussi leur rendre hommage
01:41parce que c'est clair, jusqu'à tard dans notre histoire, on les a un peu oubliés et mis de côté.
01:47Oui, comme on a oublié d'ailleurs ce débarquement au profit de celui de Normandie,
01:53on a oublié les hommes qui ont composé cette liberté.
01:58C'était la France avec ses colonies, c'était les Français libres qui étaient à l'extérieur
02:04et qui très tôt ont pris les armes contre le régime de Vichy et contre les nazis.
02:09Et donc on se retrouve avec aujourd'hui une commémoration avec un certain nombre de responsables africains,
02:15avec aussi un hommage à tous ceux qui ont servi la France,
02:20les pieds-noirs, les musulmans dont vous parlez,
02:23qui ont regagné leur colonie après, commencé par l'Algérie ou l'Indochine, après cette libération.
02:30Alors il y aura en effet, vous le dites, des représentants de la Tunisie, de la Côte d'Ivoire,
02:34du Cameroun, du Sénégal, du Maroc ou encore du Togo qui seront présents.
02:38C'est peut-être aussi l'occasion d'aller donner un petit coup de frais aux relations
02:43qui sont parfois tendues entre notre pays et ces pays.
02:47Oui, c'est des relations comme souvent les relations de pays qui ont accédé à la liberté,
02:55donc à la décolonisation et ça ne s'est pas toujours passé très bien,
03:00mais il y a des endroits où ça s'est plus ou moins bien passé.
03:03Et puis c'est tellement vieux aussi que les jeunes générations,
03:07qui ont souvent fait leurs études en France d'ailleurs pour la plupart,
03:10veulent avoir leur propre liberté et c'est tout à fait normal et légitime.
03:13Et cette liberté-là, elle se fait parfois avec des frottements un peu durs.
03:18Puis les enjeux sur le continent africain sont très différents.
03:21Tout ce que vous avez sur le Maghreb, le Machrek,
03:24c'est en sorte que ce n'est pas sur le plan géopolitique la même chose que sur l'Afrique noire.
03:28Et on voit bien les difficultés en Afrique noire de maintenir la démocratie
03:32au profit d'autocraties ou de dictatures avec notamment une pression des Russes très importante.
03:38Alors ces commémorations commencent à 9h ce matin,
03:40donc dans un peu plus d'une heure, à la nécropole de Bouloris près de Saint-Raphaël.
03:44Est-ce que ce lieu, comme le mémorial du Mont-Faron à Toulon par exemple,
03:48sont très visités au cours de l'année ?
03:50Je pense aux vétérans, c'est le cas, on le sait, en Normandie.
03:53En clair, est-ce que le souvenir de ce débarquement,
03:56c'est une composante du tourisme dans votre région ?
04:00En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'à toutes les fêtes commémoratives
04:06de libération des différentes guerres en fait,
04:09il y a la volonté des élus locaux, des maires,
04:13de mobiliser les jeunes, les anciens combattants,
04:16le drapeau français et faire un rappel historique.
04:19En ce qui concerne, et donc ça existe,
04:22il y a une vraie vie autour de ces centres de villages la plupart du temps,
04:25avec ces commémorations.
04:27Là, sur les opérations du 80e anniversaire,
04:30la région, le comité régional du tourisme,
04:33on a fait des cartes, des kits pour faire en sorte
04:38que tous ceux qui viennent cet été dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur,
04:41au-delà du tourisme et de la joie du tourisme,
04:44profitent de notre beau territoire.
04:46Il y a aussi le passage de ces hommes,
04:48et voir qu'à côté de la plage, là où ils étaient,
04:51il y a des hommes qui se sont battus,
04:53avec le soutien très important aussi, il faut le rappeler,
04:57de toutes les forces intérieures,
05:00les FFI, qui ont préparé le terrain
05:03de façon à faciliter la tâche des hommes qui débarquaient.
05:07Et donc il y a une vie intérieure dans ce département,
05:10et puis après plus tard dans la Provence,
05:12en descendant sur Marseille, très importante,
05:14et donc on a essayé de rappeler ce qui s'était passé,
05:17là où ça s'était passé, comment ça s'était passé,
05:20et c'est un travail pédagogique intéressant,
05:22et qui est très suivi par les touristes.
05:25Donc oui, je pense que ce passé intéresse.
05:29Alors, je le disais en commençant, Renaud Muselier,
05:31Emmanuel Macron va présider cette commémoration,
05:33aujourd'hui et demain.
05:34On attend peut-être une allusion, une déclaration
05:37du Président de la République sur la situation politique
05:40qui est assez inédite en France.
05:42Un gouvernement démissionnaire qui gère les affaires courantes,
05:44comme on dit, pas de nouveau ou nouvelle Premier Ministre.
05:47Vous connaissez bien Emmanuel Macron,
05:49vous l'avez soutenu en 2022,
05:50en rejoignant le parti Renaissance,
05:52après avoir quitté Les Républicains.
05:54Est-ce que vous diriez qu'il est temps,
05:55après l'épisode olympique, de reparler politique ?
06:00Je pense qu'on en a toujours parlé,
06:01puis les Français adorent ça.
06:06Mais on en a parlé avec une fierté autour de la France,
06:11de l'organisation de ces Jeux,
06:13et puis ces Jeux ont calmé les choses, en fait,
06:16parce que la situation était extrêmement tendue
06:19entre les uns et les autres.
06:21Et c'était tous les gronchons, tous les rognons,
06:25tout ce que j'appelle l'épice vinaigre,
06:28qui prenait l'ascendant sur tout,
06:30et les Jeux ont rappelé la puissance de la France,
06:32sa capacité d'action,
06:34sa capacité d'organisation sécuritaire.
06:36Et finalement, quand on est un peu positif de son cerveau,
06:39avec cette espèce d'optimisme combat, en tout cas,
06:41qui est le mien,
06:42ça va toujours beaucoup mieux.
06:43Voilà, ça c'est une première chose.
06:45Bien sûr, la vie politique va reprendre son ascendant,
06:49le Parlement, conformément à la loi, reprendra en octobre.
06:54Très nettement, ça s'est plutôt bien passé cet été.
06:57Donc, il n'y a pas eu de désastre.
07:01Alors bien sûr, il faut avoir une vie parlementaire,
07:03c'est en octobre.
07:04Bien sûr, il faut respecter le vote des Français,
07:06et il sera respecté.
07:07Bien sûr, ce n'est pas dégagé de majorité,
07:10qu'une majorité relative,
07:11qui nous a donné quelque part la victoire.
07:14Si on peut parler de victoire,
07:16tout ça est très relatif.
07:18Et donc, il faut apprendre à apaiser le débat politique,
07:21à se parler,
07:22et à trouver des moyens de faire avancer le pays,
07:25et ne pas se battre toute la journée
07:27sur souvent des choses secondaires et accessoires.
07:29Pour rester dans l'imagerie sportive,
07:31dans la cour,
07:32dans ce marathon vers Matignon,
07:34pour l'instant, en tous les cas,
07:35il y a Lucie Castex pour le Nouveau Front Populaire,
07:37il y a Xavier Bertrand,
07:38votre ancien collègue des Républicains,
07:39et Bernard Casse-Neuve,
07:41qui fut le dernier Premier ministre de François Hollande,
07:43ex-membre du PS.
07:44Qui aurait là, comme ça, votre préférence ?
07:48Castex, c'est sûr que non.
07:52Elle est soutenue par une espèce de truc bizarre,
07:55pilotée par les Insoumises,
07:59qui ne correspond à rien en réalité,
08:03si ce n'est qu'ils ont souvent été élus,
08:07comme les autres d'ailleurs,
08:08en disant qu'on ne veut pas du racisme national,
08:10on ne veut pas des extrêmes,
08:11mais on voit bien que dans les forces de gauche,
08:14tout cela est piloté par les Insoumises,
08:16et ça ne fonctionne pas.
08:17Parallèlement à ça,
08:19je suis très lié, moi, avec Xavier Bertrand,
08:23qui est président de région,
08:24et qui est très efficace.
08:25Est-ce qu'il apporte une solution complémentaire ?
08:28Il y a des solutions politiques,
08:29il peut y avoir des solutions politiques,
08:30il peut y avoir des solutions politico-techniques.
08:32Vous savez, Mme Borne a été un très bon Premier ministre,
08:36c'était une femme issue de la gauche,
08:38qui était plutôt une technicienne,
08:39avant de devenir une politique.
08:41M. Castex, lui, était plutôt issue de la droite,
08:46mais en même temps un haut fonctionnaire,
08:49donc il y a plusieurs hypothèses qui peuvent se mettre en place.

Recommandations