• il y a 3 mois
Demain matin, Emmanuel Macron recevra le Nouveau Front populaire dans le cadre des consultations qu'il mène de vendredi à lundi. La droite, Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau, seront reçus dans l'après-midi, le Rassemblement national et Eric Ciotti lundi. Après presque trois semaines de trêve politique pour cause de Jeux olympiques, le président de la République va-t-il enfin se décider sur le nom d'un Premier ministre ?
Regardez L'invité de RTL avec Stéphane Boudsocq du 23 août 2024.

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Transcription
00:00RTL Matin
00:04Et notre invité ce matin c'est David Lysnard, bonjour à vous.
00:07Bonjour.
00:08Merci d'être sur RTL ce vendredi, vous êtes le président de l'association des maires de France,
00:12on a beaucoup de choses à vous demander au sujet de la multiplication des agressions d'élus
00:16ou des attaques contre les mairies, c'était le cas mercredi encore à Angoulême.
00:20D'abord on va parler politique David Lysnard, vous êtes le maire Les Républicains de Cannes,
00:24votre parti sera reçu tout à l'heure à l'Élysée par Emmanuel Macron,
00:28le président de la République convie les représentants des forces politiques du Parlement
00:33pour former un nouveau gouvernement, on a entendu cette semaine sur RTL
00:36Manuel Bompard de la France Insoumise, Fabien Roussel hier du Parti Communiste,
00:40le nouveau Front Populaire va réclamer Matignon,
00:43dans quel état d'esprit les Républicains, ou plutôt la droite républicaine,
00:47c'est l'appellation à l'Assemblée, iront-ils à l'Élysée tout à l'heure ?
00:51J'espère dans un état d'esprit responsable, parce que la situation dans laquelle elle est insolite,
00:56même sous la Quatrième République il n'y avait pas eu un gouvernement
01:00de transition éprovisoire d'une telle durée, depuis aujourd'hui c'est un record dans l'histoire,
01:05et qu'à la suite de cette décision inconsidérée du président de la République
01:11d'y soudre avec un résultat finalement qui correspond à peu près à tout ce que disaient les sondages,
01:17et qui rend l'Assemblée nationale sans majorité,
01:22il va falloir au moins dans les 11 prochains mois avoir une possible dissolution,
01:27mais il va falloir bien faire preuve de responsabilité,
01:31on ne peut pas jouer la politique du pire, on ne peut pas jouer des positions personnelles,
01:37la politique du pire c'est la pire des politiques,
01:40donc dans ce tel état d'esprit il faut y aller,
01:42parce que les réalités sécuritaires, les réalités démographiques,
01:46les réalités économiques vont nous sauter à la figure dans quelques semaines,
01:51et ce qui compte c'est l'intérêt du pays.
01:53Les députés de cette droite républicaine jouent en fait le rôle d'une force d'appoint
01:58qui est très convoitée notamment par le camp macroniste pour essayer de trouver une majorité,
02:02cette position d'arbitre vous la concevez comment ?
02:05Alors moi je ne suis pas député, donc je ne peux pas parler au nom des députés,
02:08je préside un parti politique qui s'appelle Nouvelle Énergie et je suis membre des Républicains,
02:14ce qu'il faut je crois toujours dans la vie, mais c'est vrai j'ai vécu en entreprise comme en politique,
02:19c'est que plus les circonstances sont troublées et compliquées,
02:22plus il faut être constant dans ses principes et plus il faut être pragmatique au quotidien.
02:26Donc pour moi, mon approche c'est qu'aujourd'hui dans une situation je le disais insolite,
02:32il n'y a même plus d'opposition puisqu'il n'y a plus de majorité,
02:36donc comment on arrive, et j'espérais que ces deux mois d'été allaient permettre
02:43de discuter de quatre ou cinq mesures de fonds à adopter de façon transpartisane pendant un an,
02:50de discuter aussi de la façon dont on allait pouvoir voter un budget
02:54et commencer à saignir les finances publiques parce que ce n'est pas virtuel.
03:00C'est-à-dire que la spirale du déficit public et de la dette,
03:04on a l'impression, beaucoup de gens ont l'impression que c'est virtuel
03:07et que toujours quelqu'un pourra payer, ce n'est pas vrai.
03:09L'histoire le montre et rien que cette année, en 2024, nous contribuables,
03:15nous allons payer cinq fois plus par nos impôts pour les intérêts de la dette que pour la justice.
03:23Or on a besoin de mettre les délinquants en prison,
03:27on a besoin d'avoir des greffiers, on a besoin d'avoir des magistrats, etc.
03:31Donc on est face à des réalités qui ne sont absolument pas abordées dans le théâtre politique
03:37depuis trop longtemps et les deux derniers mois avec les pérégrinations un peu ridicules
03:41de la première ministre putative de gauche voire d'extrême gauche,
03:47enfin mince quoi, on a des réalités de sécurité, on a des réalités économiques,
03:52on a des réalités sociales difficiles, on a une jeunesse en difficulté, etc.
03:56Est-ce qu'on n'est pas capable, non pas par des accords partisans,
03:59mais de dire, allez pendant ces dix mois, voilà les quelques mesures que l'on fait
04:03qui peuvent au moins trouver une majorité relative
04:06et qui ne feront pas l'objet d'une motion de censure.
04:08Et puis ensuite, on passera à une compétition électorale autour de grands projets.
04:12Je crois qu'on a vraiment besoin de retrouver une démocratie vivante,
04:14c'est-à-dire une confrontation civilisée entre une gauche raisonnable et une droite raisonnable.
04:18Vous évoquiez Lucie Castex, vous le savez aussi, David Lissner,
04:22les noms de Xavier Bertrand ou même de Valérie Pécresse,
04:24qui sont donc élus de cette droite républicaine, font partie des potentiels premiers ministres.
04:29Est-ce qu'on ne peut pas aussi comprendre la colère des électeurs du nouveau Front populaire ?
04:33C'est la formation qui est arrivée en tête et Matignon, entre guillemets, pourrait leur échapper.
04:38Il y a peut-être un motif d'insatisfaction, non ?
04:40On peut aussi comprendre la colère des deux tiers des électeurs
04:46qui n'ont pas voté pour le Front populaire.
04:51On peut aussi avoir à l'esprit que beaucoup d'électeurs de droite et du centre
04:55ont voté pour des candidats de gauche après l'injonction morale
04:59d'éviter l'arrivée au pouvoir du Rassemblement national.
05:02Il ne faut pas oublier tout ça.
05:04Ce que je veux dire, c'est que l'agitation qui est faite,
05:07et notamment par LFI, y compris par sa demande de destitution, n'a qu'une volonté.
05:12Ce n'est pas de voir Mme Castex premier ministre.
05:14Ils savent très bien qu'ils n'ont que 30% en tout des suffrages et des députés.
05:19Donc presque 70% n'ont pas voté pour eux.
05:21Tout ça, c'est du théâtre.
05:23Ce qu'ils veulent, c'est attiser une frustration, attiser une violence.
05:28Et objectivement, la grande crainte que nous devons et que nous pouvons avoir,
05:33c'est à l'égard de la violence croissante dans la société française.
05:36Et c'est en cela que les personnalités que vous citiez sont des personnalités très bien.
05:42Il n'y a pas de problème.
05:44Mais l'enjeu, il n'est pas personnel.
05:45L'enjeu est de dire, est-ce que sur un contenu, on est capable ?
05:50Par exemple, aujourd'hui, la question de l'immigration,
05:53elle ne devrait même plus être politicienne.
05:55On sait très bien qu'il faut lutter contre l'immigration illégale
05:58et qu'il faut couper le robinet de l'immigration légale
06:00dans l'intérêt de l'intégration des immigrés,
06:02l'intérêt de la cohérence de la société française,
06:04parce qu'il y a la réalité du logement, de l'emploi, etc.
06:07Il y a une partie de la gauche très raisonnable,
06:09qu'on retrouve entre, enfin pas les filles malheureusement,
06:14mais un peu plus au centre,
06:16et une grande partie de la droite de toute tendance qui serait capable là-dessus.
06:22Est-ce qu'on va regarder enfin en face la question des dépenses publiques ?
06:25On n'a jamais autant dépensé d'argent public,
06:27et on a un service public qui se délite.
06:29Et le fond de gauche nous dit, il faut dépenser 150 milliards de plus.
06:33Mais si c'était ça la politique,
06:35si il suffisait de dire, il faut dépenser plus,
06:37ce serait tellement facile.
06:38Alors oui, on manque d'infirmiers,
06:40ils ne sont pas assez payés, d'infirmières, de policiers, etc.
06:42Mais pourquoi ? Parce qu'il y a trop de bureaucrates.
06:44Parce qu'on a un pays qui, plus il dépense d'argent public,
06:46plus il crée de la bureaucratie qui parasite l'action publique.
06:49Et c'est ce que je propose avec Nouvelle Énergie,
06:51c'est d'en finir avec ça.
06:52Parce qu'on est au bout de ce système
06:54de dépenses social-étatistes
06:56qui déresponsabilisent les individus.
06:58– David Lissenard, je le disais en commençant,
07:00vous êtes aussi le président de l'association des maires de France,
07:02qui représente donc nos élus.
07:04La tentative d'incendie à la mairie d'Angoulême,
07:06c'était mercredi, je pourrais aussi citer très récemment
07:08l'agression du maire de Villiers-sur-Orge,
07:10dans les zones molestées par des gens du voyage
07:13qui s'étaient installés illégalement sur sa commune.
07:15On a l'impression que de plus en plus,
07:17ces agressions, ces attaques se multiplient.
07:20– Oui, malheureusement, ce n'est pas qu'une impression,
07:22c'est une réalité qui se retrouve dans les chiffres.
07:24L'association des maires de France,
07:26qui est transpartisane et qui représente
07:28tous les maires de toutes tendances,
07:30c'est sa force et sa puissance,
07:32avait alerté la première.
07:33Vous savez, on avait tous été marqués
07:35par la mort de Jean-Mathieu Michel,
07:37le maire de Signe, c'était le 5 août 2019,
07:40qui intervenait comme on le fait tous,
07:42moi ça m'arrive quasiment chaque matin
07:44ou chaque journée de demander à des gens
07:46de ramasser un déchet qu'ils ont ramassé par terre.
07:48Lui, il intervenait dans son village
07:50parce qu'il y avait des déchets de gravats
07:52dans un chemin d'une forêt,
07:54et il est mort parce que les délinquants
07:56l'ont écrasé avec leur camionnette, etc.
08:01Et depuis, on a réussi à objectiver
08:04ces phénomènes, puisque, par exemple,
08:07rien que sur 2022 par rapport à 2021,
08:10il y a eu 32% d'augmentation
08:12des agressions d'élus en France,
08:14et 2023 par rapport à 2022,
08:17on a eu 15% d'augmentation.
08:20Donc, on est sur une tendance lourde,
08:22ça s'inscrit dans un phénomène global
08:24d'incivisme, c'est-à-dire de perte
08:26de responsabilité de l'individu
08:28dans l'espace public.
08:29On avait écrit un livre avec Jean-Michel Arnault
08:31il y a maintenant 2017 là-dessus,
08:33qui s'appelait « Refaire communauté
08:35pour en finir avec un civisme »,
08:36et ça pose une question essentielle
08:39de l'état de notre démocratie.
08:41Alors, il faut regarder cela en face,
08:44et le mandat de maire est le plus beau
08:46des mandats.
08:47C'est vraiment un mandat magnifique,
08:49parce que c'est un mandat concret,
08:50parce que c'est un mandat qui n'est pas sectaire,
08:52on essaie tous les jours de créer
08:54du lien social et de la cohérence,
08:57et on n'est pas dans des approches
08:59partisanes, etc.
09:00Mais c'est un mandat qui devient compliqué
09:02par des phénomènes de violence,
09:03mais surtout aussi par la bureaucratie
09:05que l'on affronte,
09:06et l'insécurité juridique,
09:07qui est un autre phénomène,
09:08qui n'est pas l'objet aujourd'hui,
09:09mais qui est un autre sujet
09:11qui est très préoccupant.
09:13D'un mot, en février dernier,
09:15je ne sais pas si vieux,
09:16l'Assemblée a voté un texte
09:17qui devait renforcer la sécurité
09:19des maires et des élus.
09:20Il est appliqué ou pas du tout ?
09:22Alors, il a été promulgué,
09:24de mémoire, le 22 mars.
09:26C'est un texte qui va dans le bon sens.
09:28On avait bien travaillé dessus,
09:29AMF, avec le Sénat,
09:31avec aussi le gouvernement,
09:32avec de nombreux forts,
09:33etc.,
09:34et qui va dans le bon sens.
09:36Tous les décrets d'application
09:37ne sont pas sortis,
09:38mais ce que je veux dire,
09:40c'est qu'on ne demande pas
09:41un privilège des élus.
09:42Un élu, c'est un maire,
09:43en tout cas, c'est un habitant
09:44parmi les habitants,
09:45mandaté par les habitants.
09:46Donc, on ne demande pas du tout
09:47un privilège.
09:48Ça, c'est très important
09:49de le comprendre.
09:50On est des justiciables
09:51comme les autres.
09:52En revanche,
09:53lorsqu'on est attaqué
09:54parce qu'on est dépositaire
09:55d'une autorité publique,
09:56les dispositions qui s'appliquent
09:57lorsqu'on attaque
09:58un policier, un gendarme
09:59ou un pompier, d'ailleurs,
10:00doivent être les mêmes
10:01pour les élus,
10:02parce qu'autrement,
10:03la démocratie,
10:04elle ne peut plus fonctionner.
10:05Et c'est un enjeu
10:06qui est essentiel,
10:07parce que ce qui s'est passé
10:08à Angoulême,
10:09et Xavier Bonnefond
10:11a parfaitement réagi
10:12et je le salue,
10:13mais heureusement
10:14qu'il y avait
10:15la police municipale,
10:16parce qu'une employée de mairie
10:17qui avait reçu
10:18de l'essence sur elle,
10:19le type l'incendiaire,
10:20le pyromane,
10:21est en train de répandre
10:22l'essence,
10:23elle est allumée.
10:24La police municipale,
10:25c'est 10 % des communes
10:26de France
10:27qui en sont dotées.
10:28Ça veut dire que 90 %
10:29des communes
10:30n'ont pas de police municipale,
10:31parce que c'est optionnel,
10:32ce n'est pas du tout obligatoire.
10:33Et donc,
10:34on voit le multiplier
10:35des polices municipales
10:36parce que, malheureusement,
10:37on ne peut pas
10:38multiplier les polices municipales,
10:39parce que, malheureusement,
10:40dans le pays
10:41qui a le record du monde
10:42des prélèvements obligatoires,
10:43impôts et charges,
10:44et de la dépense,
10:45on a de moins en moins
10:46de policiers sur le terrain,
10:47nationaux.
10:48Et ensuite,
10:49on ne va pas nous reprocher
10:50d'ailleurs d'augmenter
10:51nos effectifs pour ça,
10:52mais ça traduit,
10:53je pense,
10:54une nécessité
10:55de retrouver
10:56la cohérence
10:57civique.
10:58Et le civisme,
11:00la lutte contre l'incivisme
11:01doit devenir
11:02une priorité nationale,
11:04majeure,
11:05c'est-à-dire comment,
11:06en tant qu'individu,
11:07on est combatteur
11:08d'espaces publics,
11:09de services publics,
11:10etc.,
11:11mais comment on est
11:12co-responsable
11:13de ce qui se passe
11:14chez nous
11:15et d'apprendre aussi
11:16à ce que le conflit
11:17soit civilisé.
11:18Et lorsqu'il y a
11:19un refus,
11:20moi,
11:21je passe ma journée
11:22à dire non
11:23parce que c'est comme ça,
11:24le mandat de maire
11:25c'est comme ça,
11:26eh bien,
11:27il faut que
11:28la décision
11:29est toujours objectivée,
11:30elle est collégiale,
11:31elle est opposable
11:32et donc,
11:33on doit accepter aussi
11:34les frustrations
11:35et ne pas nous comporter
11:36en tant qu'adultes
11:37comme des adolescents
11:38un peu attardés
11:39et capricieux
11:40et dès qu'on nous dit non,
11:41faire preuve de violence.

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