A l'heure où la question du prochain Premier ministre et de fait, du prochain gouvernement se fait attendre, la droite et la gauche ne semblent pas près à rentrer dans une logique de coalition de gouvernement. Le ministre de l'Intérieur a considéré qu'il y avait "des socialistes sincères, républicains, de gauche", citant notamment Bernard Cazeneuve, "avec qui nous pouvons travailler". Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, répond aux questions d'Olivier Bost.
Regardez L'invité de RTL avec Olivier Bost du 12 juillet 2024.
Regardez L'invité de RTL avec Olivier Bost du 12 juillet 2024.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00RTL Matin
00:038h moins le quart, Olivier Bost, votre invité ce matin est le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer.
00:08Gérald Darmanin, c'est une information de Thomas Dépré du service politique de RTL.
00:12Vous avez rendez-vous ce matin à 11h30 avec le Président de la République
00:16et les principaux responsables de la majorité, le Président de la République revient des Etats-Unis.
00:21Est-ce qu'une solution pour gouverner est en vue ?
00:24Je le souhaite, je le souhaite évidemment pour les Français.
00:27On a une grande responsabilité, c'est de pouvoir gouverner ce pays
00:31et éviter le drame des extrêmes, qu'il soit l'extrême droite ou l'extrême gauche.
00:34Donc je le souhaite profondément.
00:36Mais c'est quoi la solution ? Vous excluez bien évidemment de gouverner avec la France insoumise,
00:41avec le Rassemblement National, avec les écologistes ?
00:45Les socialistes sont fréquentables par exemple ?
00:48Ou ils ont pactisé avec El-Effi ?
00:50C'est pas comme ça qu'il faut raisonner parce que dans ces cas-là vous ne trouverez jamais de majorité.
00:53Pourquoi faire ? Ce qui serait intéressant...
00:56Est-ce que vous êtes plus ouvert ?
00:58Parce que jusque-là par exemple, les écologistes, pour vous, il était impossible d'envisager de gouverner avec eux.
01:03Pourquoi faire ? C'est la question.
01:05Est-ce qu'on est d'accord sur l'essentiel ?
01:07Moi je ne suis pas d'accord avec les Verts, avec Mme Tourdelier, avec Mme Rousseau,
01:11parce qu'on n'est pas d'accord sur le respect qu'on doit aux forces de l'ordre.
01:14On n'est pas d'accord sur manifestement la laïcité.
01:17Quand on invite Médine à l'université d'été, on a une petite différence.
01:19On n'est pas d'accord sur le nucléaire ?
01:21Pas faire une alliance politique avec les Verts alors qu'ils veulent mettre fin au nucléaire, à l'énergie nucléaire.
01:25Donc la question c'est pourquoi faire ?
01:27Dans cette campagne, on a peu parlé d'entreprise, d'ouvriers.
01:30On n'a pas utilisé les mots, d'intelligence artificielle.
01:32C'est quand même les enjeux, me semble-t-il, très importants de notre économie et de notre avenir.
01:36Le handicap, si on veut faire des choses plus sociales.
01:38Donc la question c'est pourquoi faire ?
01:40Et donc si nous avons une majorité des socialistes jusqu'au LR pour être d'accord,
01:46pour une politique pro-entreprise, pour donner davantage de moyens aux ouvriers,
01:50pour continuer le nucléaire, pour soutenir nos armées, pour respecter les forces de l'ordre,
01:54moi je soutiendrais un gouvernement qui peut-être serait un peu nouveau par rapport à notre habitude électorale.
02:01C'est notre responsabilité d'homme et de femme politique.
02:03Mais pas un gouvernement juste comme le simulateur d'un journal,
02:07là où on a juste à rajouter des groupes politiques comme dans un domino.
02:10C'est pas un jeu la politique. Pourquoi faire ?
02:12La question c'est quel contrat de gouvernement ?
02:14Pour l'instant, je constate que le Parti Socialiste est toujours attaché à la France Insoumise.
02:18Je m'en désole.
02:20Nous pourrions tout à fait travailler avec les leaders socialistes
02:23s'ils rompaient fondamentalement avec le programme délirant de la France Insoumise.
02:28Mais dans ce que vous dites, est-ce que ça veut dire que ça pourrait vous intéresser de diriger
02:32ou de participer à un gouvernement avec ce type de coalition ?
02:35J'ai déjà expliqué que je souhaitais redevenir député.
02:38Les électeurs de Tourcoing et d'Hallua dans ma circonscription m'ont élu.
02:41Ça fait 7 ans que je suis au gouvernement, donc je souhaite revenir député.
02:43Mais en tant que député, je souhaite soutenir, évidemment, un gouvernement qui soit conforme à ce que je pense.
02:50Et ne pas laisser la France Insoumise rentrer en responsabilité.
02:53Êtes-vous impatient qu'Emmanuel Macron accepte la démission du gouvernement,
02:56justement pour redevenir député ?
02:59Je pense qu'il est sain et qu'il est bon qu'après des élections législatives,
03:03nous ayons un nouveau gouvernement.
03:05Après, il y a des événements exceptionnels.
03:07D'abord, il n'y a pas de majorité à l'Assemblée Nationale.
03:09Le président de la République a eu raison de le rappeler.
03:11Personne n'a gagné.
03:12Nous, on a perdu.
03:13Je pense qu'il faut aussi qu'on se le dise.
03:14Il faut dire qu'on fasse notre autocritique.
03:16C'est un mot que je n'entends pas non plus beaucoup.
03:18Quand on est depuis 7 ans au gouvernement en majorité et qu'on perd,
03:21c'est qu'on a fait des choses pas bien.
03:22Donc, il faut savoir pourquoi on a fait des choses pas bien.
03:25Et puis, il y a les Jeux Olympiques.
03:26Donc, il y a deux événements
03:27qui peuvent permettre de comprendre pourquoi on prend quelques jours de plus.
03:30Mais il est certain qu'il est tout à fait sain qu'un nouveau gouvernement soit nommé.
03:33Ce que vous êtes en train de nous dire,
03:35c'est que vous ne voulez pas que la situation dure trop longtemps.
03:37Vous ne voulez pas être ministre chargé des affaires courantes trop longtemps.
03:40Mon destin personnel importe assez peu.
03:44Quand vous êtes ministre, ce n'est pas la mine.
03:46Moi, mon grand-père a travaillé dans la mine.
03:48Je sais ce que c'est.
03:49– Au-delà de votre sort, je voulais dire, pour le pays,
03:51vous ne voulez pas que la situation dure trop longtemps.
03:53– Je trouve que c'est normal et légitime qu'après des élections
03:55où les Français ont voté en plus grand nombre depuis 1981
03:58pour une élection législative,
04:00avant mon année de naissance, sans doute avant la vôtre, je vous regarde,
04:04je pense que c'est normal qu'on en tire des conclusions politiques.
04:08Après, on constate tous, contrairement à ce que dit le Front Populaire,
04:12qu'il n'y a pas de majorité aujourd'hui.
04:14Dans quelques jours, pour former une majorité, ce n'est pas anormal.
04:17Mais oui, il faudra évidemment qu'il y ait des changements à la tête du gouvernement.
04:20– La semaine prochaine, vous serez donc ministre chargé des affaires courantes
04:23et député élu.
04:25Nous vous verrons plus souvent à l'Assemblée nationale ou à la place Beauvau ?
04:28– Je ferai mon travail de ministre de l'Intérieur
04:31parce que c'est un travail important pour la sécurité des Français.
04:34Il y a la sécurisation du 14 juillet.
04:36Il y a 130 000 forces de l'ordre qui sont là partout en France.
04:39Il y a malheureusement des événements à Sainte-Soline de nouveau,
04:42le week-end du 20 juillet, avec beaucoup de violence.
04:44On attend 5000 événements radicaux.
04:46Et moi, je suis là pour protéger les agriculteurs et pour aider les gendarmes.
04:50Il y a la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques.
04:52Donc quand vous êtes ministre de l'Intérieur, vous l'êtes à plein temps.
04:54Donc je serai ministre de l'Intérieur.
04:56– On va revenir sur cette situation sécuritaire.
04:58Mais auparavant, quelle est votre prochaine ambition politique ?
05:01– Vous savez, moi j'ai l'impression qu'on fait chambre commune.
05:04Et peut-être que la question de savoir si on ne fait pas Révapard en ce moment.
05:08Donc moi, je souhaite qu'on fasse chambre commune
05:10avec les leaders de la majorité, avec la majorité.
05:12– Qu'est-ce que ça veut dire ?
05:14– Qu'on continue à être dans le même mouvement.
05:16Renaissance de la majorité présidentielle,
05:18devenue désormais minorité incontestablement.
05:21Mais c'est de la démocratie, il faut l'accepter.
05:23Et il faut qu'on fasse des rêves communs.
05:25J'ai l'ambition, tout le monde a l'ambition, et c'est tout à fait normal.
05:27Mais l'ambition, elle n'a l'intérêt que si elle est collective.
05:29Parce que si chacun vit dans sa chacunière, alors...
05:33– Ce que vous êtes en train de nous dire, c'est que vous avez peur
05:35que les ambitions de Gabriel Attal, par exemple,
05:38ou Edouard Philippe... – Tout le monde est concerné.
05:40– C'est déjà à 2027.
05:43– C'est des gens de grands talents.
05:45Chacun a ses ambitions, on peut citer Elisabeth Borne,
05:47on peut, très modestement, Bruno Le Maire,
05:50je pourrais aussi y contribuer.
05:52Et donc il faut que nous nous posions quelques instants,
05:55que nous comprenions pourquoi nous avons perdu,
05:57plutôt qu'une fuite en avant sans cesse de responsabilités.
06:00Que nous parlions de la ligne politique, c'est pas si évident que ça.
06:02Qu'est-ce qu'on veut faire pour le pays ?
06:04Et ensuite, les ambitions, elles s'exprimeront individuellement,
06:06et c'est tout à fait normal.
06:07– Il n'y a pas, il n'y a pas, il n'y a pas, me semble-t-il,
06:10il n'y a pas de place que pour l'ambition individuelle.
06:12– Donc le temps des ambitions n'est pas encore venu.
06:14Est-ce que vous confirmez que vous ne serez pas candidat
06:16pour être le patron des députés Renaissance ?
06:18– Alors ça, je le dirais, vous le comprendrez bien, mes collègues députés.
06:21– Oui, mais l'élection, c'est demain.
06:23– Oui, mais je pense que tout le monde se connaît dans ce groupe,
06:26d'une centaine de personnes.
06:27Tout le monde a été très courageux, a été élu.
06:29J'en parlerai ce matin à mes collègues députés.
06:31– Gabriel Attal sera probablement candidat,
06:34probablement aussi élu.
06:36On peut être Premier ministre et président de groupe ?
06:39– Je pense qu'on n'est pas là pour savoir qui est le plus beau,
06:42qui est le plus fort, qui est le plus ambitieux.
06:44J'espère que nous aurons une direction de notre groupe et de notre parti,
06:48parce que le plus important, me semble-t-il, c'est notre parti,
06:51qui se remettra en cause, et j'en fais partie,
06:54il faut que chacun fasse son examen de conscience,
06:56si je veux dire, de ce qui n'a pas fonctionné,
06:58et qui prendra en compte toutes les sensibilités.
07:00Je pense que c'est l'occasion d'en parler ce matin avec Gabriel,
07:03qui a été un excellent Premier ministre,
07:05qui a très bien dirigé la campagne, aussi avec d'autres personnalités,
07:08personne n'a de hégémonie,
07:09et tout le monde doit travailler collectivement pour la France.
07:11Et surtout, qu'est-ce qu'on veut faire pour la France ?
07:13Moi, ce qui m'intéresse, ce n'est pas savoir qui dirige quoi.
07:15Quelle ligne politique, quelle coalition on veut ?
07:17Est-ce qu'on veut ou pas que le nucléaire continue dans notre pays ?
07:20Ou est-ce qu'on sacrifie le nucléaire sous l'autel d'une alliance politique ?
07:22– Ce n'est pas la question qui divise la majorité aujourd'hui ?
07:24– Si, je pense que si.
07:25Je pense que nous ne savons pas exactement ce que nous souhaitons.
07:28Et ça, c'est un problème important quand on fait de la politique.
07:31Quand on fait de la politique, il faut appliquer des convictions politiques.
07:34Moi, mes convictions politiques, c'est assez clair.
07:36Je suis pour une majorité et une coalition,
07:38pour pas qu'il y ait d'instabilité dans le pays, mais pas à n'importe quel prix.
07:40– Vous avez désapprouvé le dîner d'Edouard Philippe
07:42avec Marine Le Pen en décembre dernier, révélé par le journal Libération.
07:45– Non, je n'ai pas leçon de morale.
07:46Je n'aurais pas dîné avec Mme Le Pen, mais je ne donne pas de leçon de morale.
07:49– Vous n'avez jamais échangé déjeuner ou dîner avec des responsables
07:52ou des élus du Rassemblement National,
07:54notamment pendant les discussions sur la loi immigration ?
07:57– Ah non, je n'ai jamais dîné avec des responsables du Rassemblement National,
08:01donc je n'ai pas de leçon de morale.
08:04Ce qui est sûr, c'est que j'essaye de garder mes dîners
08:07pour des personnes que j'apprécie.
08:09– Je reviens sur la situation sécuritaire.
08:11Environ 45 000 forces de sécurité hors sécurité privée
08:14sont mobilisées pour les cérémonies des JO.
08:17Comment allez-vous assurer le maintien de l'ordre,
08:19je dirais parallèlement avec les manifestations qui s'annoncent, les grèves aussi ?
08:24– D'abord, ces Jeux Olympiques sont un événement extraordinaire.
08:28C'est le premier événement mondial qu'organise un pays.
08:32Et je pense qu'aucun pays ne l'a aussi bien préparé que la France.
08:34– Est-ce que la question que je vous pose se pose ?
08:36– Mais je vais vous répondre.
08:38Si vous me permettez quelques instants, c'est le plus grand événement du monde à organiser.
08:40C'est normal de prendre quelques instants.
08:42Et c'est grâce à nos services de renseignement, à nos policiers, à nos gendarmes
08:45que nous arriverons effectivement à organiser ce plus grand événement du monde
08:49tout en assurant la sécurité des Français ailleurs.
08:52Et c'est pour cela que nous avons prévu des réserves d'intervention de policiers et de gendarmes.
08:56S'il y avait des méga-feux de forêt dans le sud de la France,
08:58s'il y avait une crise migratoire, s'il y avait des grandes manifestations.
09:01Et nous sommes capables aujourd'hui de faire face à plusieurs fronts sécuritaires.
09:04Donc je suis extrêmement serein pour ces Jeux Olympiques et Paralympiques.
09:08– Combien d'hommes, gendarmes mobiles, GIGN, CRS, sont encore mobilisés en Nouvelle-Calédonie ?
09:13Quelle est la situation là-bas ?
09:15– Alors la situation est toujours difficile.
09:17Il y a eu un dixième mort à tir de riposte du GIGN,
09:20puisque cette personne tirait sur nos gendarmes.
09:23– Un dixième mort cette semaine, oui.
09:24– Exactement. La situation se déroule dans de meilleures conditions sécuritaires.
09:28On a pu tenir deux élections, une européenne et une législative, en Nouvelle-Calédonie.
09:32Encore cette nuit, j'ai travaillé avec le haut-commissaire
09:35et l'ensemble des 30 unités de force mobile pour répondre à votre question,
09:39pour libérer ce qu'on appelle la route de Saint-Louis,
09:41qui est le lieu le plus difficile en Nouvelle-Calédonie.
09:43Donc nous regagnons du terrain, encore.
09:45Mais la situation est difficile en Nouvelle-Calédonie.
09:47– Une toute dernière question.
09:49Si vous deviez donner un conseil à votre futur successeur au ministère de l'Intérieur,
09:53c'est lequel ?
09:54– De dormir quand on peut dormir.
09:56– Ça vous manque ?
09:57– De dormir ?
09:58– Oui.
09:59– Ça fait 4 ans que je suis ministre de l'Intérieur, le jour où je ne le serai plus,
10:01je dormirai sans doute un peu plus, parce que j'aurai plus de temps,
10:04mais je dormirai mieux.
10:05Parce que quand vous avez en charge la sécurité des Français,
10:07vous vous inquiétez pour eux.
10:08Et oui, ça fait 4 ans que je m'inquiète pour la sécurité des Français.
10:11Et c'est une magnifique fonction d'être ministre de l'Intérieur,
10:15extrêmement exigeante, et surtout ne jamais oublier qu'on est là
10:18pour aider des policiers et des gendarmes qui risquent leur vie tous les jours.
10:21Ça n'aide pas beaucoup à dormir d'avoir en responsabilité des femmes et des hommes
10:24qui sont pères et mères de famille et qui meurent pour nous.
10:26– Gérald Darmanin, merci.
10:27– L'Entretien du matin, bien sûr, à retrouver dès maintenant
10:30en cliquant sur notre site rtl.fr