L'Assemblée nationale a censuré le gouvernement de Michel Barnier, un geste inédit depuis 1962, qui ouvre une nouvelle période d'incertitude politique et budgétaire. Emmanuel Macron souhaite nommer un nouveau Premier ministre rapidement et s’adressera aux Français jeudi soir à 20 heures.
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00:00Il y a des mots qui ont été prononcés pratiquement dans tous les discours aujourd'hui, Olivier Faure.
00:06Honneur, chaos, morale, moralisation, responsabilité, orgueil ou encore conscience.
00:15Et c'est aussi sur ces questions-là que j'aimerais vous interroger ce matin.
00:19Évidemment avec Emmanuel Lechypre qui vous interrogera sur l'économie,
00:23on va revenir aussi sur la suite, l'après, mais d'abord cette question presque morale qui se pose à vous aujourd'hui.
00:29Vous êtes à la tête du Parti socialiste. Où est votre âme ?
00:32Vous vous êtes associé aujourd'hui à LFI avec qui les tensions sont de plus en plus palpables.
00:37Et vous avez voté avec l'ERN. Où est votre âme ?
00:42Madame de Malherbe, je vous rappelle que si Michel Branier est devenu Premier ministre,
00:48c'est précisément parce que le chef de l'État avait consulté ce qu'on appelle maintenant le socle commun
00:53et que le socle commun avait dit qu'il censurait immédiatement Lucie Castet avec le RN.
01:00Et maintenant venir nous en faire le reproche, je trouve ça un peu fort de café.
01:03La réalité, c'est que dans la vie politique, il y a une règle morale qui est simple.
01:09On respecte le vote des électrices et des électeurs. Et ce vote, il était clair.
01:13Ce n'est pas moi qui ai dit sous l'Assemblée, c'est le chef de l'État qui avait appelé à une clarification.
01:17Cette clarification a eu lieu, alors on peut la considérer comme imparfaite, mais c'était simple.
01:22Il y avait une coalition qui était arrivée en tête qui n'avait pas obtenu de chèque en blanc
01:27puisqu'elle n'avait pas obtenu de majorité absolue.
01:29C'était à elle de prendre l'initiative et c'était ensuite au Parlement de faire en sorte d'accepter ou de ne pas accepter la politique conduite.
01:37Je crois qu'on n'a jamais autant entendu le mot respect de la part de ceux qui ne se sentaient pas respectés,
01:42de la part de ceux qui appelaient à davantage de respect.
01:46Mais qu'est-ce que le respect quand tout à l'heure, par exemple, votre allié Jean-Luc Mélenchon,
01:52qui était à la tribune, dans les loges de l'hémicycle, il faut bien imaginer, pour regarder, mais ostensiblement au balcon,
01:59il a écouté le discours d'Éric Coquerel, il a écouté le discours de Marine Le Pen.
02:05Et lorsque votre orateur, l'orateur du Parti Socialiste, est monté à la tribune, ostensiblement,
02:11Jean-Luc Mélenchon a tourné les talons et il est parti.
02:14Est-ce cela le respect ? Le respect de votre allié ?
02:17Mais vous posez la question à Jean-Luc Mélenchon, vous l'aurez compris, je ne suis pas son porte-parole.
02:21Mais vous êtes son allié.
02:22Mais je ne suis pas son porte-parole pour autant et je ne sais pas s'il avait une pause technique à réaliser pendant que Boris Vallaud parlait.
02:29Il a bien choisi son moment pour la pause technique.
02:32Ce que je sais, c'est que le respect est un impératif et que dans le moment que nous traversons,
02:36et qu'il y a un moment difficile, grave, vous l'avez dit,
02:39et bien ça suppose de la part de chacun des acteurs de ce moment la capacité à se tenir
02:44et à chercher des solutions parce que nous ne pouvons pas jouer avec la France et les Français.
02:49Justement, Olivier Faure, vous dites qu'il faut respecter les électeurs,
02:51mais est-ce que vous respectez les Français dans leur quotidien ?
02:55Dans ce budget, alors qu'il n'était pas parfait, il y avait beaucoup de mesures d'urgence...
02:59Tu viens de le rappeler.
03:00Comment ?
03:01Tu viens de le rappeler.
03:01Oui, oui, non, mais je veux dire, il y avait quand même des mesures d'urgence qui étaient désavancées
03:05pour le secteur du bâtiment, pour les agriculteurs.
03:08Est-ce que vous avez conscience aujourd'hui que vous voulez plonger dans la difficulté en rejetant ce budget 2025 ?
03:15D'abord, ce qui a été rejeté aujourd'hui, et vous le savez très bien,
03:18ce n'est pas le PLF, c'est le PLFSS, donc le budget de la Sécu.
03:22Et j'entends qu'on pourrait...
03:24Pardon, tout tombe en même temps.
03:26Il n'y a plus de gouvernement, il n'y a plus de budget, il n'y a plus rien.
03:28En fait, ce qui était censuré aujourd'hui, c'était le budget de la Sécu.
03:31Mais ce que je veux dire aussi, c'est que l'argument que vous développez,
03:34il est valable pour tous les gouvernements.
03:36Dès lors que, finalement, un gouvernement propose un peu quelque chose quelque part,
03:40il faudrait systématiquement l'approuver.
03:42La réponse est non.
03:43Et nous avions évidemment, nous, cherché à améliorer ce projet de budget.
03:47Vous qui aimez les chiffres, vous savez très bien que nous avons,
03:51sur ce budget de la Sécu, fait des amendements qui avaient,
03:57qui représentaient 1%, un petit pourcent du volume total du budget de la Sécu.
04:02Un petit pourcent.
04:048 milliards d'euros qui auraient permis quoi ?
04:06Qui auraient permis de faire en sorte qu'on puisse donner de l'argent pour les hôpitaux,
04:09pour les EHPAD, de pouvoir réindexer les pensions de retraite,
04:12de pouvoir éviter que le ticket modérateur,
04:14donc que le prix de la consultation médicale, n'explose pas.
04:17Ça, c'était possible.
04:18Et pourquoi le Premier ministre ne l'a pas accepté ?
04:21Nous avons cherché à négocier, nous avons cherché à avancer.
04:24Nous avons, pendant tout le débat, je continue Benjamin Duhamel,
04:27pour dire que nous étions, ce n'était pas écrit la censure,
04:30ce n'était pas en fait un point de départ,
04:32c'était un point d'arrivée parce qu'il ne l'a pas entendu.
04:34Mais c'est pour rebondir, au fond, sur non seulement ce que vous êtes en train de dire
04:37et les deux questions que viennent de vous poser Apolline Desmalerbes et Emmanuel Lechypre.
04:40La question qui se pose est, dans quelle mesure le Parti socialiste
04:43peut encore prétendre être un parti de gouvernement ?
04:45Quand un parti, le Parti socialiste, vote une motion de censure
04:49avec la France insoumise, qu'il voue aux gémonies,
04:51avec le Rassemblement national,
04:53quand un parti, votre parti, le Parti socialiste,
04:55fait effectivement tomber un certain nombre de mesures,
04:57aboutissant par exemple à ce que des Français qui ne payaient pas l'impôt sur le revenu
05:01le payent à partir de l'année prochaine,
05:03compte tenu de ce qu'on appelle l'indexation du barème de l'impôt sur le revenu,
05:06est-ce que c'est responsable, quand on est un parti de gouvernement,
05:10de, au fond, plonger la France dans l'inconnu ?
05:13C'est sans doute aussi ce que se disent certains des Français
05:15qui nous regardent ce soir.
05:16Non, mais je vous trouve un peu gonflé.
05:18Oui, parce qu'en fait, vous nous reprochez,
05:22maintenant, la France insoumise, l'extrême droite, etc.
05:25On ne vous reproche rien, soyons très clairs.
05:26Non, mais un parti de gouvernement...
05:28Notre position n'est pas du tout de vous reprocher.
05:30On pointe des contradictions évidentes.
05:32Oui, oui, d'accord, mais enfin, il n'y a pas de contradictions.
05:35Je vous rappelle quand même que, puisque vous êtes des observateurs attentifs,
05:39qu'il y a quelques jours, sur le projet de loi de finances,
05:43c'est en fait une alliance entre le socle commun et l'extrême droite
05:48qui a battu, en fait, qui a même rejeté le projet de budget
05:52tel que nous l'avions amendé.
05:54À ce moment-là, je ne vous ai pas entendu crier,
05:55je ne vous ai pas entendu dire « ce n'est pas possible,
05:57ce n'est pas un parti de gouvernement ».
05:58Ils gouvernent, donc forcément, c'est un parti de gouvernement.
06:00Un parti de gouvernement, c'est quoi ?
06:01C'est un parti qui, en fait, accepte l'idée de prendre son risque.
06:04Et moi, je suis pour prendre notre risque,
06:06faire en sorte d'aller gouverner.
06:08Je suis pour que nous puissions, demain, être aux affaires
06:11et prendre la responsabilité.
06:12Vous voulez que vous gouvernez, Olivier Faure,
06:13puisque on a entendu, il y a quelques instants,
06:17vos alliés, par la voix de Mathilde Panot,
06:19présidente des députés insoumis, Clémence Guettet,
06:22qui était sur ce plateau il y a un instant,
06:23dire « non, non, nous, on ne veut pas gouverner,
06:24nous, c'est la démission du président de la République qu'on veut ».
06:26Est-ce qu'il n'est pas temps, ce soir, au fond, Olivier Faure,
06:28il est 21h15 sur BFM TV, d'acter, là, pour le coup,
06:31une différence qui est fondamentale entre vous ?
06:33Alors même que, je crois, vous faites encore partie du même ensemble.
06:36Écoutez, je l'ai même dit publiquement déjà,
06:38c'est une divergence fondamentale avec la France insoumise.
06:42C'est une évidence.
06:43– Une de plus.
06:44– Une de plus, si vous voulez.
06:46Ils cherchent, en réalité, à aller vers un blocage institutionnel
06:50pour obtenir la démission du chef de l'État.
06:53Moi, je crois que ce n'est pas une bonne solution.
06:55Pourquoi ?
06:56Parce que, d'abord, qui garantit que ce serait un homme
06:59ou une femme de gauche qui l'emporterait ?
07:01Est-ce que Marine Le Pen n'est pas celle qui est,
07:04finalement, avec celle qui a le plus de chance aujourd'hui ?
07:06Et après la folie de la dissolution que nous avons nous-mêmes condamnée,
07:10dénoncée, est-ce qu'on est prêts à une nouvelle folie
07:13avec la démission du chef de l'État ?
07:15Moi, je ne le crois pas.
07:16Et je ne crois pas non plus que ce soit, franchement, très utile
07:18puisque, de toute façon, le Parlement ne peut pas être dissous
07:21avant le mois de juillet.
07:23– Mais vous dites vous-même, Olivier Faure,
07:26que c'est une divergence fondamentale.
07:28Tout à l'heure, à Pauline, vous vous interrogez sur ce geste,
07:30quand même, de Jean-Luc Mélenchon, de quitter la pièce,
07:33quitter l'hémicycle.
07:34– Attendez, attendez, symboliquement, c'est important.
07:37Est-ce que ce qui est en train de se passer ce soir,
07:40est-ce que ce qui est en train de se passer ce soir, Olivier Faure,
07:43est-ce que c'est la fin du NFP ?
07:48– Je l'assume parfaitement et je dis, c'est une vraie divergence.
07:50– Mais à combien de divergence, Olivier Faure,
07:51ça justifiera de dire sur un plateau de télévision,
07:53nous actons la fin du Nouveau Front Populaire
07:55et nous divorçons avec la France Insoumise ?
07:56– Moi, ce que je crois, c'est que nous avons porté ensemble
07:59un certain nombre de projets et que c'est sur cette base-là,
08:03et par rapport aux engagements que j'ai pris devant celles et ceux
08:07qui m'ont fait confiance dans ma circonscription.
08:08– Mais justement, Olivier Faure, – Et c'est à eux que je m'adresse,
08:10c'est à eux que je pense, et c'est à chaque fois,
08:12en fonction de ce qu'ils me disent, chaque fois que je les rencontre,
08:15chaque matin quand je vais prendre mon pain,
08:17et quand je les rencontre au supermarché,
08:19quand je les rencontre dans les marchés,
08:20dans les manifestations de ma circonscription,
08:22et ceux que je rencontre entre toute la France quand je me balade,
08:24et bien effectivement, c'est à eux que je pense,
08:26plutôt qu'à tel ou tel, et moi, ce que je crois,
08:29c'est qu'aujourd'hui, il faut prendre le risque de gouverner.
08:31– Est-ce que c'est la fin du NFP ?
08:33– Ce que je crois, c'est que nous devons prendre ce risque-là.
08:35– Est-ce que c'est la fin du NFP ce soir ?
08:37– Mais pourquoi voulez-vous me parler du NFP,
08:39là où je vous parle de la France, des Français ?
08:41Là, on verra bien ce que chacun fera,
08:43si demain, le chef de l'État, à 20h, s'exprime sur toutes les antennes,
08:47et dit, je suis prêt à nommer quelqu'un du NFP,
08:50même qu'il donne un nom, très bien,
08:53j'attends de voir quelle sera la position des insoumis,
08:55est-ce qu'ils diront, on boude, et on reste dehors,
08:58ou est-ce qu'ils prendront leur responsabilité,
08:59est-ce qu'ils viendront ?
09:00Ça n'est pas à moi de décider pour eux, moi, je suis socialiste,
09:03et donc, je dis ce que je pense, et je dis ce que font les socialistes,
09:07et ce que je sais, c'est que nous avons 100% des socialistes
09:10qui sont prêts à gouverner, parce qu'ils veulent mettre fin à cette année
09:15pendant laquelle ils ont le sentiment que les Français ont trop souffert.
09:17– Olivier Faure, si vous voulez gouverner, vous avez des propositions,
09:21donc justement, puisqu'on est plongé dans l'incertitude,
09:23qu'est-ce que vous dites aux agriculteurs,
09:25qu'est-ce que vous auriez fait différent de ce qu'il y a dans le projet de loi,
09:28qu'est-ce que vous dites aux Français qui espéraient un prêt à taux zéro
09:30et qui n'en auront sans doute pas,
09:31est-ce que vous remettrez ces mesures en route ?
09:33Est-ce que par exemple, sur la fiscalité écologique,
09:37qui était quand même assez dissuasive dans le budget de Michel Barnier,
09:40est-ce que par exemple, vous serez plus accommodant sur des aides
09:43pour acheter des voitures électriques ?
09:44Concrètement, vous allez proposer quoi ?
09:47– Mais d'abord, pardon, j'ai esprit l'escalier,
09:50mais je veux répondre d'abord à la première question,
09:52première chose que nous ferons,
09:54parce qu'il faudra bien réparer la situation telle qu'elle est,
09:58on ne peut pas rester suspendu en l'air,
10:01et je veux répondre à la question de Benjamin Duhamel,
10:03qui après je compléterai avec votre question à vous,
10:05mais sur ce qui est dit et répété par Michel Barnier lui-même,
10:08que les Français qui ne payaient pas l'impôt jusqu'ici,
10:11350 000 foyers vont rentrer en impôt,
10:13et 18 millions vont voir leurs impôts augmenter,
10:15c'est un peu technique,
10:16mais parce qu'en fait on a gelé le barème de l'impôt sur le revenu.
10:21La première chose que nous ferons,
10:23et d'ailleurs peut-être même que ce sera dans les prochains jours,
10:26il y aura une loi spéciale qui sera votée,
10:28et je peux vous garantir le fait que 100% des parlementaires
10:32voteront le dégège du barème.
10:34– Non, ça n'est pas possible, ça n'est pas possible,
10:35mais attendez, je vous assure, faites-moi confiance,
10:38on a passé la journée avec des fiscalistes, des constitutionnalistes,
10:42vous en avez une très grande majorité qui vous dit
10:44que vous ne pourrez aligner les seuils qu'avec un budget 2025,
10:50qui arrivera peut-être très vite, ce n'est pas la question.
10:52– De toute façon, nous ferons un projet de loi de finances rectificative
10:56en janvier 2025.
10:57– Donc ce n'est pas la loi spéciale ?
10:59– Ça peut être la loi spéciale, moi ce que me disent…
11:01– Ça prend plus de temps, si c'est le budget, ça prend plus de temps.
11:03Ça veut dire qu'en attendant, les Français vont potentiellement
11:05payer davantage.
11:06– Je vous rappelle quand même que l'impôt…
11:07– Mais allons-y, prenons le temps, c'est important.
11:08– Non mais bien sûr que c'est important,
11:09mais la réalité c'est que l'impôt il est prélevé quand ?
11:11Il est prélevé à la fin de l'année,
11:12donc on n'a pas besoin de savoir au mois de janvier ce qui va se passer,
11:16on a besoin de savoir ce qui se passera…
11:17– Jusqu'en mai quoi, jusqu'en mai-juin.
11:19– Oui, enfin, donc ça veut dire qu'on a du temps,
11:21et que, évidemment, aucun groupe parlementaire à l'Assemblée,
11:25et là je peux parler à nos deux tous, n'est prêt à geler le barème
11:28parce que ce serait effectivement une conséquence qui serait grave
11:30pour nombre de Français, soit qu'ils payent davantage,
11:32soit qu'ils rentrent dans l'impôt.
11:33Donc cette histoire-là, déjà, stop !
11:36Ce n'est plus la peine d'en parler, ça n'existe pas.
11:38– Olivier Faure, tout à l'heure, Boris Vallaud,
11:40qui défendait donc votre position du Parti Socialiste,
11:44s'est adressé aux blocs centrales, les ex ou les encore macronistes,
11:50et c'est à eux qu'il s'est adressé.
11:51Il a dit « Le choix est devant vous et désormais clair.
11:54Préférez-vous négocier avec une gauche au pouvoir,
11:56que certains jugent imparfaite, mais avec laquelle la plupart d'entre vous
12:00partagent l'essentiel du combat républicain,
12:02ou continuer de courber les Chines aux injonctions de Marine Le Pen ?
12:04Que préférez-vous, la laisse et le bâton du RN
12:07ou la responsabilité républicaine ? »
12:09Il tend la main, vous tendez la main, aux macronistes.
12:12Ce n'est pas une façon, au fond, de dire ce que vous n'osez pas dire tout haut,
12:18c'est-à-dire que vous êtes en train de changer le centre de gravité
12:21et de préférer vous associer, en effet, à ceux qui, d'ailleurs,
12:26pour la plupart, viennent de vos rangs,
12:27sont des anciens socialistes, comme Gabriel Attal.
12:31– Oui, enfin, ils ne sont pas tous du même jumeau, enfin, peu importe.
12:34D'abord, saluer, effectivement, le très beau discours de Boris,
12:37qui a dit, effectivement, quelle est l'alternative aujourd'hui
12:40pour ceux qui constituent ce fameux socle commun ?
12:43Soit il continue à faire ce que Michel Branier a largement fait
12:47pendant les derniers mois, donc expliquer que son regard
12:50était exclusivement tourné vers l'extrême droite et c'était son choix.
12:53– Mais vous n'aurez pas les deux bouts, vous le savez très bien,
12:55vous ne pourrez pas garder l'FI et récupérer les macronistes,
12:59ça ne marche pas.
13:00– Mais moi, je ne veux récupérer personne.
13:02– Si, quand il dit « que préférez-vous, je vous tend la main,
13:06venez nous gouverner avec nous »…
13:07– Mais qu'est-ce qu'il dit ? Il dit qu'il veut un Premier ministre de gauche
13:09avec un gouvernement de gauche, et il dit, qu'est-ce que vous préférez ?
13:12Est-ce que vous préférez continuer à faire ce que vous avez fait
13:13avec M. Branier et donc aller chercher le soutien de l'extrême droite,
13:17alors même que vous avez, vous-même, été longtemps proclamé,
13:22dire sur tous les tons que vous étiez le barrage à l'extrême droite
13:25et maintenant vous négociez avec elle exclusivement.
13:27– Alors, Olivier Faure…
13:28– Est-ce que vous voulez ça encore ou est-ce que vous voulez au contraire
13:30discuter avec un gouvernement de gauche ?
13:32Mais ça ne veut pas dire qu'on va être dans la confusion absolue,
13:35moi je ne suis pas macroniste et je ne suis pas socialiste.
13:37Donc ça veut dire que nous arriverons au Parlement avec des projets,
13:41mais nous savons très bien, si nous n'utilisons pas le 48.3
13:44et si nous ne forçons pas la décision, comme c'était le cas aujourd'hui,
13:47nous serons astreints au compromis et nous demandons en échange…
13:51– Est-ce que vous pouvez répondre à M. Olivier Faure ?
13:53– Et nous demandons en échange à ce qu'il y ait…
13:54– Vous n'y avez pas répondu à l'échange.
13:55– Oui, mais ce n'est pas de ma faute, vous avez pris la parole.
13:57– Non, c'est vrai.
13:58– Mais rapidement, qui c'est ?
14:00– Vous regarderez en replay, vous verrez que c'est vous qui avez repris la parole.
14:04Et donc, en échange de quoi ?
14:08Et bien effectivement, nous demandons à ce que nous ne soyons pas censurés
14:11pour que nous puissions avoir cette espèce de deal
14:13qui n'est pas un deal sur un programme,
14:16qui est un deal sur une méthode qui change.
14:18– Je ne vous offrirai plus aucune échappatoire.
14:20– Alors, non.
14:20– Vous n'avez pas répondu à la question de l'immobilier.
14:22– L'immobilier, la fiscalité verte, les agriculteurs,
14:26vous leur dites quoi ce soir ?
14:27– Mais moi je leur dis qu'évidemment, il y a des mesures d'abord
14:30sur lesquelles nous pouvons être d'accord.
14:32Et l'idée en matière des compromis avec le Parlement,
14:36c'est de dire que nous n'avons pas seule raison contre tout le monde
14:39puisque nous ne pourrons pas appliquer tout notre programme,
14:42rien que notre programme, selon la formule consacrée.
14:45Et donc, nous irons chercher sur tous ces sujets-là,
14:47y compris des avancées qui sont des avancées collectives.
14:50Moi, ce que je dis, c'est que ce que nous voulons,
14:52c'est revenir avec quelques grandes priorités
14:55qui sont des priorités pour tous les Français.
14:57Qu'est-ce qu'on fait sur le pouvoir d'achat ?
14:58Qu'est-ce qu'on fait sur l'éducation ?
15:00Qu'est-ce qu'on fait sur l'hôpital ?
15:01Qu'est-ce qu'on fait sur la transition écologique ?
15:03Et donc, moi, je souhaite que, par exemple,
15:05il y ait, sur un certain nombre de grands sujets,
15:08une remise à plat qui permette de se poser les bonnes questions.
15:11Sur les salaires, pour prendre cet exemple-là,
15:13pourquoi est-ce qu'on n'organise pas une grande conférence salariale
15:15et qu'on se pose la question de savoir comment est-ce qu'on fait aujourd'hui
15:18pour revisiter l'échelle salariale ?
15:19Pourquoi est-ce que vous avez des gens qui sont ceux, pourtant,
15:21à qui vous confiez vos vieux-parents, vos vieux-grands-parents, etc.,
15:25et qui sont payés une misère ?
15:27Quand vous êtes payé pour vous occuper d'enfants handicapés,
15:30vous gagnez 800 euros par mois, est-ce que c'est acceptable ?
15:34Quand d'autres, pendant cette période de sept ans,
15:37ont vu leur patrimoine multiplié par deux.
15:40Je ne parle pas de gens qui gagnaient...
15:41Mais il y avait de la taxation des riches et des grandes entreprises.
15:44Bien sûr, mais pas suffisamment.
15:45Il aurait fallu aller plus loin.
15:46Je prends l'exemple des cotisations.
15:48Moi, je voudrais souhaiter, par exemple,
15:49que nous puissions, sur le projet de loi de financement de la Sécu,
15:52faire en sorte que nous puissions prélever, par exemple,
15:54des cotisations sur les dividendes.
15:56Pourquoi les gens qui vivent de la rente
15:58ne seraient exonérés de la solidarité collective ?
16:00Olivier Porc, ça, c'est ce que vous défendiez, effectivement,
16:02sur le budget de la Sécurité sociale.
16:04Pour prolonger la question d'Apolline,
16:06j'aimerais juste qu'on essaye d'ouvrir le capot
16:08de cet accord de non-censure que vous défendez.
16:10Ouvrons.
16:10Parce qu'au fond, il y a beaucoup d'ambiguïté,
16:12et tout le monde n'a pas la même définition
16:14de cet accord de non-censure.
16:15D'abord, sur le qui.
16:18Qui a matignon dans un éventuel accord de non-censure ?
16:21Est-ce que, dans votre vision des choses,
16:22celle du Parti socialiste,
16:24c'est forcément un membre du Nouveau Front Populaire ?
16:28Nous avons dit que nous souhaitions que ce soit
16:29un homme de gauche qui porte les priorités du Front Populaire.
16:32Bernard Cazeneuve.
16:33Ça veut dire que, par exemple, si vous aviez un syndicaliste
16:37ou quelqu'un qui vient de la société civile,
16:39quelqu'un qui a assumé des responsabilités d'État
16:44sans avoir jamais, par exemple, fait de la politique.
16:46Donc, ça veut dire que vous dites de nouveau ce soir
16:47Bernard Cazeneuve, c'est niet.
16:49Mais je viens de vous dire que je ne suis pas
16:52celui qui pose des veto.
16:53Je suis celui qui pose des conditions.
16:56Les conditions, c'est de défendre les priorités
16:58qui ont été celles du Front Populaire.
16:59Est-ce que Bernard Cazeneuve peut être cette personne
17:01qui porterait ces priorités ?
17:02Je ne sais pas.
17:04Je ne sais pas parce que, tout simplement,
17:05je ne sais pas ce que défend Bernard Cazeneuve aujourd'hui.
17:07Et donc, si Bernard Cazeneuve dit
17:09« je viens défendre les priorités du Front Populaire »,
17:11il fait partie de cette épure-là.
17:14Simplement, la condition, simple,
17:16c'est qu'il faut des gens qui viennent.
17:18Les gens viennent au nom de quoi ?
17:20Si c'est la gauche qui est appelée,
17:21elle vient parce que c'est bien la gauche qui l'a emportée.
17:24Et cette gauche, c'était celle du Front Populaire.
17:26Donc, ce serait quand même paradoxal d'avoir des gens
17:28qui disent « je viens parce que je le vois bien »,
17:30mais en même temps, je m'affranchis complètement
17:33de ce qui a été adopté.
17:34Encore deux questions précises de mode d'emploi.
17:36Vous dites Bernard Cazeneuve, il faudrait pour cela
17:38qu'il défende le programme du nouveau Front Populaire.
17:39Est-ce qu'il pourrait y avoir des macronistes
17:40dans ce gouvernement ?
17:41Parce que s'il y a un accord de non-censure,
17:44est-ce que cela pourrait être représenté au gouvernement ?
17:46Mais moi, je souhaite qu'on soit le plus clair possible.
17:49On a une situation compliquée.
17:51Il faut des réponses claires et simples.
17:54Et donc, je pense qu'on verra bien
17:57comment la discussion s'engage.
17:58Mais la discussion, elle va changer.
18:00Vous dites qu'il faut que ce soit hyper simple,
18:01mais en même temps, vous relouvoyez un peu quand même.
18:04Mais je ne relouvoie pas du tout.
18:05Mais pourquoi voulez-vous que je relouvoie ?
18:07Parce que je constate.
18:08Au contraire, je dis que je n'aime pas la confusion.
18:11Donc, pas de macronistes dans un gouvernement.
18:13Je pense qu'à un moment, le « en même temps »,
18:14ça conduit à l'extrême droite.
18:16Donc, vous tendez la main aux macronistes,
18:17mais en même temps, vous ne voulez pas
18:18qu'ils viennent non plus complètement.
18:20Là où je tends la main aux macronistes,
18:21c'est de leur dire que nous sommes prêts
18:23à passer des compromis au Parlement,
18:25qui est le lieu de la délibération.
18:26C'est quand même simple.
18:27Il y a un lieu qui a été abandonné,
18:29qui est devenu un théâtre d'ombre, c'est vrai,
18:31mais qui doit redevenir le lieu
18:32où se nouent les grands compromis.
18:34Quand on parle, par exemple, de la loi sur la laïcité,
18:36elle n'a pas été adoptée en cinq minutes.
18:38Il y a eu trois ans de débats.
18:40Jaurès, Briand, etc.
18:41Tous ces gens qui, dans l'hémicycle, ont fait…
18:44Ben voilà, ont accepté de discuter.
18:46Et à un moment, on a fini sur un sujet
18:48qui était très compliqué à l'époque.
18:49Quand même, imaginez qu'on est là
18:51au début du siècle précédent.
18:53Et qu'on a devant soi une société
18:58qui n'est pas du tout désécularisée.
19:00Alors Olivier Faure, un dernier mot sur ce mode d'emploi.
19:03Ils le font parce que le Parlement
19:05est le lieu de la délibération.
19:06Un tout dernier mot sur ce mode d'emploi.
19:08Est-ce que la question de l'abrogation
19:09de la réforme des retraites est une ligne rouge absolue ?
19:12Parce que là encore, si vous voulez un accord de non-censure
19:14avec le socle commun,
19:15eux font de la question de la réforme des retraites
19:17un enjeu absolument identitaire.
19:19Est-ce que là-dessus, vous pourriez dire
19:20non, on met ça de côté et on négocie
19:22sur des objets politiques plus consensuels ?
19:25Je souhaite qu'on l'aborde différemment.
19:26Je souhaite qu'on puisse dire par exemple
19:28qu'on commence par la conférence de financement
19:31et on trouve d'abord...
19:33Donc on n'abroge plus ?
19:34Parce que vous avez voté la nif parlementaire
19:37de la France Insoumise l'année dernière.
19:38J'ai pris des engagements devant les électeurs.
19:40Je vous dis ce que je pense.
19:41Je dis simplement que comme on est responsable
19:43et que c'est vrai qu'il y a un sujet de financement,
19:46on ne peut pas dire j'abroge et je ne fais rien à la place.
19:49On est d'accord.
19:50Donc il faut bien qu'il y ait une conférence de financement
19:54qui réunisse les partenaires sociaux
19:56et qui fasse en sorte que nous puissions ensemble
19:58débattre de la façon dont on finance les retraites.
20:03Est-ce que vous êtes prêt à garder l'âge à 64 ans ?
20:05Non.
20:06Moyennant ?
20:07Non.
20:08Et une fois que la conférence de financement
20:12aura achevé ses travaux,
20:14eh bien oui, à ce moment-là,
20:15nous pourrons abroger cette réforme des retraites
20:16et je souhaite que nous puissions aller le plus vite possible.
20:18Il n'y a pas qu'une seule solution.
20:19L'âge pivot de 64 ans,
20:22c'est ce qui est le plus injuste dans cette réforme.
20:24Pourquoi ?
20:24Parce que vous avez des gens qui devraient pouvoir partir plus tôt,
20:27qui vont continuer à cotiser pour les autres.
20:30Moi, je ne suis pas concerné par la réforme Macron-Borne
20:32parce que la réalité, c'est que je commence à travailler plus tard
20:34parce que j'ai fait des études longues
20:36et donc finalement, cette réforme ne me touche pas.
20:38Et il y a des gens qui, eux, ont commencé à travailler tôt,
20:41qui vont travailler plus longtemps pour me payer ma retraite à moi.
20:43Est-ce que vous trouvez ça juste ?
20:44Moi, pas.
20:45Et donc je préfère qu'on puisse revenir à une réforme juste
20:48et qu'on puisse la financer aussi.
20:50Est-ce que ça passe par les cotisations ?
20:51Est-ce que ça passe par le financement par le capital ?
20:54Peu importe.
20:54Il faut que nous puissions d'abord trouver ces financements
20:56et ensuite, nous abrogerons.