"La Russie, un adversaire ? Je n'en suis pas persuadé" : voici les mots de Eric Coquerel, député LFI, sur RTL. Comment réagit son homologue Jérôme Guedj, êtes député socialiste de l'Essonne ?
Regardez L'invité de Yves Calvi du 06 mars 2025.
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00:00RTL Soir. Yves Calvi et Agnès Bonfillon.
00:03Il est 18h19. Bonsoir Jérôme Gage.
00:05Bonsoir.
00:07Merci d'être avec nous sur RTL.
00:09Vous êtes député socialiste de l'Essonne, je le rappelle.
00:11Il se trouve qu'à la mi-journée, c'est votre confrère de la France Insoumise,
00:14Éric Coquerel, qui était au micro de notre antenne.
00:17Écoutez-le si vous le voulez bien.
00:19La Russie n'est pas un adversaire, selon vous, de l'Europe occidentale et de la France ?
00:23Je n'en suis pas persuadé.
00:25Est-ce que la Russie menace la France ?
00:26Est-ce que la Russie menace nos voisins immédiats dans les années à venir ?
00:29Moi, je ne crois pas que c'était le début de guerre de M. Poutine.
00:32La Russie est un adversaire, je n'en suis pas persuadé.
00:35Vous avez compris cette prise de parole ?
00:38Non. Je crois que quand les faits sont têtus, il n'y a rien de pire que le déni.
00:43Oui, la Russie est un adversaire d'abord d'une conception que nous avons du droit international,
00:49du respect de la souveraineté des États et de l'intégrité territoriale.
00:53Dire ça, c'est passer l'éponge sur l'agression.
00:59Il faut la nommer comme telle, de Vladimir Poutine sur un État souverain qui s'appelle l'Ukraine.
01:04Et on ne peut pas se dire, tout ça n'existe pas, ça ne menace pas cette conception du droit international.
01:11Et si on est comme ça, comme je l'entends à l'instant, à relativiser, alors c'est un blanc-seing qui est donné.
01:19C'est le défi principal auquel on est confronté face à Vladimir Poutine aujourd'hui.
01:25C'est que la nature de la réaction des pays européens, notamment de la France,
01:31et on va dire plus largement de la communauté internationale, c'est de savoir s'il peut aller plus loin.
01:36Et c'est d'une certaine manière, il n'a pas commencé avec l'agression de février 2022 et l'invasion de février 2022.
01:42Dès 2008 en Géorgie, c'était une sonde, puis en 2014 sur le Donbass et la Crimée, c'était aussi une sonde.
01:49Et comme à chaque fois, il y a cette espèce de procrastination, on regarde ailleurs, on essaye de transiger,
01:56et bien il repousse les limites.
01:57Donc oui, c'est une menace à la sécurité mondiale, c'est une menace au droit international.
02:02Et c'est d'abord et avant tout, plus qu'une menace, un drame pour nos frères et sœurs ukrainiens aujourd'hui.
02:08Vous avez compris que je ne suis pas d'accord avec ce qu'a écrit Éric Coquerel.
02:11Oui, c'est parfaitement clair.
02:12Je me demandais si ça n'était pas une raison de plus pour enterrer le nouveau Front populaire.
02:17On va se les dire les choses franchement, j'ai l'habitude avec vous.
02:20Dans la période, je ne crois pas que ce soit le sujet de préoccupation premier pour l'ensemble de nos concitoyens,
02:25mais la lucidité oblige à voir que sur un certain nombre de principes,
02:30parfois sur des valeurs, parfois sur des questions essentielles, républicaines, laïcité,
02:34ou sur les questions internationales, ça a été des points de divergence qui préexistaient,
02:39mais qui se sont amplifiés, on va dire, confrontés au réel.
02:43Et donc, la situation en Ukraine est aussi une ligne de fracture,
02:49et depuis le mois de février 2022, assurément.
02:52Le président de la République entend nous protéger de la menace russe.
02:56Ce sont les termes qu'il a employés, notamment hier soir, lors de son allocution.
03:00La question, c'est à quel prix ? Est-ce que vous êtes d'accord, vous, pour sortir le carnet de chèques ?
03:05D'abord, je veux dire que moi, j'ai apprécié la solennité et la gravité de l'intervention du président de la République.
03:10Il était dans son rôle d'avoir ce discours de vérité sur, en gros, la fin de l'angélisme,
03:17et le fait qu'on est réellement dans une époque nouvelle au regard de l'agression russe dont on vient de parler,
03:21mais aussi, et c'est peut-être le plus terrible, de la, lâchons le terme, la trahison américaine,
03:27ou la trahison, en tous les cas, de l'administration américaine sous direction de Donald Trump,
03:33et que cette nouvelle donne géopolitique oblige les Européens,
03:39et parmi eux, en premier rang, les Français, à changer de braquet, à sortir de l'angélisme,
03:44à sortir de, là aussi, une sorte d'inertie dans laquelle nous étions plongés consciemment, si j'ose dire, depuis 80 ans,
03:52qui était la protection américaine, qui était assurément une protection,
03:58mais qui était une forme de soumission, de vassalisation, appelons ça comme on veut.
04:02Donc, il va falloir, dans un temps le plus bref possible, sortir de cela.
04:07Donc, sur cette partie, l'intervention du Président de la République,
04:10je salue la lucidité et le fait d'en parler à l'ensemble des Français.
04:15C'est d'ailleurs, nous, on l'avait souhaité le faire lundi dernier à l'Assemblée nationale, en provoquant,
04:19c'était une demande des socialistes, un débat avec François Bayrou, avec le ministre de la Défense,
04:23qui a apporté des réponses très précises, le ministre des Affaires étrangères.
04:26Sur cette partie-là, je n'ai pas de problème.
04:28Après, il faut être prudent sur ce que nous dit le Président.
04:34Sans hausse d'impôts.
04:36Et quand je dis prudent, voilà.
04:37Donc, il y a des postes sur lesquels il va falloir économiser.
04:40Vous avez tout compris.
04:41C'est-à-dire de préempter d'emblée les réponses que, collectivement, nous pouvons apporter.
04:45Moi, je suis un patriote, je n'ai pas d'état d'âme à dire en effet,
04:49il faut apporter des réponses, peut-être changer le braquet.
04:51On a nous-mêmes demandé la révision le plus rapidement possible de la loi de programmation militaire
04:55qui a été adoptée en 2023, pour s'adapter à la nouvelle donne.
04:59Mais d'emblée, définir le périmètre qui consiste à dire, ça se fera sans augmentation des impôts.
05:05Alors, ça veut dire que ça se fera par des arbitrages dans les dépenses existantes dans le pays.
05:10Et je trouve que ce n'est pas raisonnable.
05:13Et je vais vous expliquer pourquoi.
05:15Vous refusez d'une façon ou d'une autre, d'économiser sur des postes quels qu'ils soient.
05:21Moi, je ne suis pas hostile à faire des économies.
05:23Tout gestionnaire de budget, j'étais président d'un département,
05:26il m'arrivait de faire des économies, fort heureusement, pour pouvoir financer et hiérarchiser des priorités.
05:32Donc, examiner des budgets et faire des économies, ce n'est pas un gros mot en soi.
05:36Par contre, si c'est remettre en question des éléments qui sont,
05:41et c'est ce que je voulais vous dire, consubstantiels, essentiels de l'identité du pays,
05:45au risque de fragiliser la cohésion nationale, alors je ne serais pas d'accord.
05:48Je m'explique, dans ce moment-là, on a besoin de cette cohésion nationale,
05:52on a besoin de cette concorde de l'ensemble de la nation.
05:57Et si on explique aux gens, je caricature, pour financer des canons,
06:01on va revenir sur le modèle social, on va revenir sur des dépenses sociales
06:06qui sont l'identité républicaine de ce pays.
06:07La sécurité sociale, en fait, les 80 ans aujourd'hui, c'est l'identité de ce pays.
06:12Et si donc on dit, on revient sur ce qui fait la cohésion du pays pour financer la guerre,
06:16alors on n'aura pas ce mouvement de solidarité et de consensus dans le pays.
06:20Et c'est la raison pour laquelle, dire d'emblée,
06:22il ne peut pas y avoir de mise à contribution de qui que ce soit.
06:26Voilà, dans ce moment-là, moi j'en appelle le patriotisme,
06:29ça passe par une forme de patriotisme fiscal.
06:31Une forme de justice fiscale.
06:33Si on doit dégager les prélèvements,
06:35eh bien il faut remettre sur le métier toute la question du partage des richesses plus justes,
06:40notamment de la taxation des plus hauts revenus,
06:42des plus hauts capitaux, des plus hauts patrimoines,
06:45des plus grosses entreprises,
06:46notamment de celles qui ont pu profiter, pour certaines d'entre elles,
06:48dans les années qui se sont écoulées,
06:50des bénéfices de l'inflation elles-mêmes liées à la guerre.
06:53Bref, de poser la question de la justice fiscale.
06:56Parce que si on dit...
06:57Quand on dit poser la question de la justice fiscale,
07:00on veut dire, en fait, on augmente les impôts des plus riches.
07:03Pardonnez-moi d'être un peu plus direct dans l'expression,
07:05mais c'est ce que vous êtes en train de nous dire.
07:08C'est ce que je suis en train de vous dire.
07:09D'accord.
07:09Assurément, parce que si, à l'inverse,
07:14on ne touche à rien et donc l'effort est porté par qui ?
07:17C'est par le plus grand nombre.
07:18C'est par les salariés, c'est par les jeunes,
07:21c'est par les actifs, c'est par aussi les retraités.
07:26C'est donc par des baisses de prestations sociales,
07:28c'est par demander de travailler plus
07:31pour pouvoir financer ce qu'on pourrait appeler un effort de guerre.
07:36Et donc là, on aurait d'un côté quelque chose
07:38qui ne répond pas à de la justice.
07:40Parce qu'on ferait porter par une catégorie de la population,
07:43le plus grand nombre,
07:44au détriment de ce que la justice fiscale nous permet de faire,
07:47de mettre à contribution, et je le redis,
07:48notamment ceux qui ont pu bénéficier dans la période récente.
07:51On a vu exploser des dividendes ou des profits
07:54dans certaines entreprises dont certaines, je le redis,
07:56sont liées pour partie au contexte de la guerre
08:00qui est intervenue en Ukraine.
08:01L'appel à la justice sociale de Jérôme Getsch,
08:03député socialiste de l'Essonne.
08:05Merci Jérôme Getsch d'avoir pris la parole en direct sur RTL ce soir.
08:09Dans un instant, on va s'intéresser à une vente aux enchères
08:11très particulière qui s'est déroulée à Paris cet après-midi.
08:13L'exemplaire du code civil personnel, je dis bien personnel,
08:17de Napoléon a été adjugé bien au-delà des estimations.
08:20Notre journaliste était dans la salle
08:22et il va nous expliquer tout cela dans un instant.
08:24RTL Soir