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Les députés examinent ce jeudi la proposition de loi des Insoumis pour revenir sur l'âge de départ à 64 ans. Les députés "socle commun ont déposé près de 1.000 amendements pour empêcher l'adoption de la proposition de loi avant minuit. De son côté Michel Barnier, menacé de censure par le Rassemblement national, a annoncé, dans un grand entretien au "Figaro", "une baisse des prix de l'électricité de 14%", une exigence de Marine Le Pen que le Premier ministre s'apprête donc à satisfaire. Àcoutez le point de vue de Eric Woerth, député (EPR) de l'Oise, ancien ministre du Budget.
Regardez L'invité de Yves Calvi du 28 novembre 2024.

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Transcription
00:00RTL Soir. Yves Calvi et Agnès Bonfillon.
00:03Bonsoir Éric Woerth. Oui bonsoir.
00:06Vous êtes notre ancien ministre du budget et ex-président de la commission des finances de l'Assemblée Nationale,
00:10député macroniste de l'Oise.
00:12Aujourd'hui nous avons le droit, nous avons eu le droit d'ailleurs, à un grand débat confié à ce qu'on appelle la niche France Insoumise.
00:18Elle était consacrée à la réforme des retraites que les insoumis entendent ramener à 62 ans au lieu de 64.
00:23Et vous n'étiez pas à la niche, puisque vous nous parlez depuis Chantilly. Pourquoi Éric Woerth ?
00:28Écoutez, j'étais ce matin jusque là, mais ça n'a pas de sens parce que cette niche ne s'en ira pas jusqu'au bout.
00:34Cette niche c'est juste un temps réservé aux différents groupes, c'est le moment du groupe LFI.
00:40Il a décidé de supprimer la réforme des retraites, c'est-à-dire la réforme d'Elisabeth Borde,
00:44et de supprimer en même temps celle de François Hollande, qui lui-même est membre de la coalition LFI Parti Socialiste,
00:50sur l'augmentation du nombre de trimestres, ça on appelle ça la réforme Tourette.
00:55C'est une drôle d'idée, parce que c'est la meilleure façon de plomber définitivement le système de retraite.
00:59Il faut bien le financer. Si jamais ce texte était voté, ce serait entre 14 et 15 milliards d'euros
01:05qu'il faudrait rajouter au déficit de notre système de retraite.
01:09Et ça c'est juste pas possible, c'est donc la fin du système par répartition.
01:13Et je ne mets aucun grand mot là-dedans.
01:15On comprend bien que vous y êtes hostile et que vous pensez que c'est dangereux pour l'avenir du pays.
01:19Mais est-ce que justement, à ce titre-là, vous ne deviez pas être présent ?
01:23Écoutez, tout le monde est présent, mais il n'y aura pas de vote.
01:26La vérité c'est qu'il y a mille amendements, donc ce texte se clôt ce soir à minuit.
01:32Donc il n'y aura pas de vote, et d'ailleurs ils le savent très bien.
01:34Donc c'est une discussion de café du commerce, en ce moment à l'Assemblée,
01:39là-dessus, avec toutes les interruptions de séance qui vont bien.
01:42Donc j'en suis parti à 16h pour aller dans ma circonscription, comme d'autres.
01:46Je comprends que vous ayez envie de rejoindre votre circonscription.
01:48Mais enfin, en gros, d'une certaine façon, vous faites de l'obstruction par absence.
01:53Et ce que vous reprochiez d'ailleurs, quand vous étiez à la tête du pays,
01:57à ceux qui étaient en face de vous, ça ne pose pas de problème ?
02:01Non, je ne crois pas. On est tous très présents, c'est le moins qu'on puisse dire.
02:04Mais ce n'est pas de l'obstruction, on utilise tous les moyens qui sont à notre portée
02:10pour éviter des réformes profondément nefastes au pays.
02:15Et donc on a raison de procéder ainsi.
02:18Il n'y a aucune raison de laisser des réformes comme celle-là,
02:22évidemment impopulaires, être détruites par un coup de tête de la coalition,
02:28de l'extrême droite et de l'extrême gauche.
02:30Au nom de tout ce que l'on connaît de vous, Eric Woerth,
02:32est-ce que vous pouvez à ce point vous désintéresser d'un débat sur la réforme des retraites,
02:36qui fut lui-même l'un de vos combats ?
02:38J'ai décidé de ne pas prendre la parole parce que la parole est dans un univers
02:45et un hémicycle qui n'écoute plus rien.
02:48Donc ça ne sert à rien.
02:50Nous parlons d'une stratégie d'amendement, j'y ai travaillé avec l'ensemble du groupe.
02:56Cette stratégie d'amendement est en cours de discussion,
02:59et la niche, ou plutôt ce projet, cette proposition de loi de LFI
03:05alliée au Rassemblement National ne perdurera pas.
03:09Mais si ça ne sert à rien, il y a quand même un grave problème démocratique quand je vous écoute.
03:13Mais j'entends bien, et je suis le premier à le regretter,
03:18c'est qu'on est trois blocs qui sont une sorte de proportionnels,
03:23mais dans le cadre d'un scrutin majoritaire.
03:26Ça donne quelque chose d'absolument infernal.
03:29On a eu la même chose sur le budget.
03:31J'ai passé des heures et des heures sur le budget, quasiment trois semaines jusqu'à minuit chaque jour.
03:37Ce texte allait évidemment vers une impossibilité de conclure.
03:44C'est pour ça que la partie recette n'a pas été votée.
03:48La partie dépenses n'a pas eu le temps non plus d'être votée.
03:51Elle est passée au Sénat.
03:52C'est beaucoup de temps perdu parce qu'il n'y a pas de majorité.
03:56Passons à l'autre sucrerie du jour, si vous me permettez.
03:58Michel Barnier a finalement renoncé à augmenter les tarifs de l'électricité.
04:02C'est une concession qui est faite au Rassemblement national et à Madame Le Pen.
04:05Vous trouvez ça courageux ?
04:07D'autres groupes l'avaient proposée, pas uniquement Madame Le Pen.
04:11Non, tout ça ne me plaît pas non plus beaucoup, mais il y a un principe de réalité.
04:15Ce budget, c'est un budget au moins clair dans son objectif.
04:19C'est celui de réduire l'excédent de déficit, si je puis dire.
04:25On voit bien que les comptes publics sont dans le rouge, plus qu'on ne le pensait.
04:31Mais le budget est là pour rectifier les choses et pour les remettre dans une bonne trajectoire, dans un bon sens.
04:37Je comprends le Premier ministre d'essayer de trouver un moyen de parvenir quand même à ce que la France ait un budget.
04:43Si la France n'a pas de budget, c'est un vrai sujet.
04:47Bien sûr, on peut dire que c'est une catastrophe.
04:50Mais le Premier ministre annonce aussi vouloir diminuer l'aide médicale d'État.
04:55C'est absolument nécessaire ? Prise en charge notamment pour les sans-papiers.
04:59Je crois qu'il ne faut pas mélanger la politique et le budget.
05:04Le budget n'est que la traduction d'une politique, ça ne doit pas être le contraire.
05:08Mais l'AME coûte à peu près un milliard d'euros.
05:10Peut-être qu'il y a quelques dizaines de millions d'euros à essayer de gagner en productivité.
05:17Soyons précis, vous connaissez tout ça par cœur.
05:20Il faut continuer à soigner les étrangers en France.
05:23Parce qu'on ne voit pas comment le système médical les soignera.
05:27Il n'y a pas à dresser des hommes et des femmes.
05:30Ils doivent être évidemment soignés pour plein de raisons.
05:33Mais il ne peut pas y avoir d'abus.
05:35C'est les abus qui sont souvent combattus au titre de l'AME.
05:38Venons-en finalement à la question politique centrale du moment.
05:40Avant de nous séparer, Jean-François Copé n'est pas le seul appel à la démission du Président de la République.
05:44Que lui répondez-vous ?
05:46Aujourd'hui, le sujet ne se pose pas.
05:48Le Président de la République a été élu.
05:50Il a été élu pour cinq ans.
05:52C'est l'élu le plus légitime du pays, puisqu'il est élu par tous les Français.
05:57Il a respecté une période de silence.
06:01Pas la démission, mais la dissolution de l'Assemblée nationale.
06:06J'imagine qu'à un moment donné ou un autre, en dehors de son agenda international,
06:10il reviendra plus directement dans les affaires nationales.
06:13Cela ne permettrait pas une vraie clarification ?
06:15C'est ce que suggère Jean-François Copé.
06:17Un retour aux urnes ?
06:19Faut-il que le Président accepte son sacrifice ?
06:21Oui, à la limite.
06:24Mais la clarification, ce serait Madame Le Pen à la présidence du pays.
06:28C'est probablement.
06:30Je ne suis pas sûr que ce soit ce que veulent la majorité des Français.
06:34Mais pour l'instant, il n'y a pas de majorité au fond des Français.
06:37Vous venez d'envisager sur RTL la possibilité de l'arrivée de Marine Le Pen à la tête du pays.
06:43C'est quelque chose qui aujourd'hui est possible.
06:45Comment ne pas y penser ?
06:47Il faut être lucide.
06:49Je ne crois pas que le Rassemblement national, on le voit tous les jours,
06:52même si on doit leur parler, même si tout ça ne doit pas être ostracisé, ni diabolisé.
06:58Chacun ses convictions.
07:00Mais ce ne sont pas évidemment les miennes.
07:02Je ne vois bien qu'en dehors des questions d'immigration, il n'y a pas de ligne politique du Rassemblement national.
07:07Aujourd'hui, ils votent avec LFI sur le retour à 62 ans.
07:11On voit bien qu'il y a là-dedans de la démagogie, du populisme,
07:14qui n'est pas encore véritablement le signe d'un parti de gouvernement,
07:18même si les partis de gouvernement ont leur propre faute.
07:20Et ça, en démocratie, c'est malheureusement souvent le cas.
07:23En tout cas, ce soir, nous sommes témoins de votre grande sérénité dans une situation politique quasi infernale.
07:28Merci beaucoup, Éric.
07:30Je pense qu'on peut s'en sortir par le haut, parce que j'entends beaucoup de gens qui pensent qu'on peut sortir par le bas
07:35et qu'on y va vers la démission d'un tel, etc.
07:37Je pense aussi qu'on peut sortir par le haut en réussissant.
07:40Et je pense que Michel Barnier peut réussir.
07:42La voie est étroite, mais il peut réussir.
07:44Je crois qu'on doit jouer cela.
07:46C'est la réussite du pays qui compte.
07:48Et elle est possible aujourd'hui.
07:49Éric Woerth joue Barnier.
07:51Merci beaucoup.
07:52Vous êtes notre ancien ministre du budget et ex-président de la commission des finances de l'Assemblée nationale, député de l'Oise.
07:57Merci d'avoir pris la parole ce soir.
07:59Bonne soirée, Eric Woerth.
08:00Bonne soirée.
08:01Merci, au revoir.
08:02Et dans un instant, le journal de 18h30, puis à 18h40, nous allons revenir sur ces remèdes soi-disant, je dis bien soi-disant miracles,
08:08qu'utilisent certains patients atteints d'un cancer, coût moyen 20 000 euros.
08:12Le directeur de l'Institut Curie s'en inquiète.
08:14Il sera avec vous.
08:15A tout de suite.

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