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GRAND DÉBAT / Budget : les raisons d'un rejet

« Le récap » par Valérie Brochard

Avec 192 voix pour et 362 voix contre, les députés ont rejeté la partie « recettes » du Projet de Loi de Finances 2025, le mardi 12 novembre. Le texte présenté par l'exécutif début octobre avait été largement remanié en commission. Douze des 41 articles soumis à l'Assemblée ont été supprimés. La hausse de la TVA sur les chaudières à gaz et la taxe sur les billets d'avion ont été maintenues mais les députés de la Droite Républicaine ont estimé que le texte avait été complètement dénaturé. Ils ont donc voté contre un budget porté par un Premier ministre issu de leurs rangs. Est-ce le fruit d'une stratégie interne ? Les amendements votés par les députés vont être effacés, puisque le texte qui sera remis au Sénat sera celui initialement proposé par le gouvernement. Michel Barnier recourra-t-il à l'article 49.3 de la Constitution pour entériner l'adoption du budget, au risque d'engendrer un renversement du gouvernement ?

Invités :
- Laurent Baumel, député socialiste d'Indre-et-Loire,
- Violette Spillebout, députée « Ensemble Pour la République » du Nord,
- Philippe Ballard, député RN de l'Oise,
- Benjamin Morel, maître de conférences en droit public à l'université Panthéon-Assas et auteur de « Le Parlement, temple de la République » (éditions Passés composés),
- En duplex : Corentin Le Fur, député « Droite Républicaine » des Côtes-d'Armor.

GRAND ENTRETIEN / École, République, pouvoir : Jean-Michel Blanquer se confie

Depuis le début du second mandat d'Emmanuel Macron, non moins de cinq ministres se sont succédé au poste de l'Éducation nationale. Dès lors, comment appliquer une politique cohérente sur le long terme ? Dans « La Citadelle », Jean-Michel Blanquer livre un jugement sans concession de sa collaboration avec Emmanuel Macron durant ses cinq années rue de Grenelle. Obligation de l'obtention du brevet pour intégrer le lycée, Bac de mathématiques en classe de première, maintien des groupes de niveaux... Comment Jean-Michel Blanquer évalue-t-il les premières décisions d'Anne Genetet, nommée au même poste que lui le 21 septembre 2024 ?

Grand invité : Jean-Michel Blanquer, ancien Ministre de l'Éducation nationale et auteur de « La Citadelle » (Albin Michel)

BOURBON EXPRESS / Yaël Braun-Pivet en Nouvelle-Calédonie : « rien n'est dicté depuis Paris »

- Patrick Roger, journaliste et auteur de « Nouvelle-Calédonie, la tragédie » (éditions du Cerf),
- Arthur Delaporte, député socialiste du Calvados.

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.

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News
Transcription
00:00:00Générique
00:00:02...
00:00:05Musique rythmée
00:00:07Bonsoir et bienvenue dans Savourgarde.
00:00:10Au sommaire, ce soir, le rejet du budget.
00:00:14C'est inédit. Le vote a eu lieu il y a moins de 2h.
00:00:17Les députés ont voté contre le volet recette
00:00:20de la loi de finances pour 2025, un vote à fond renversé
00:00:23du fait du Bloc central et du RN.
00:00:26Alors, que va-t-il se passer maintenant ?
00:00:28La France aura-t-elle un budget ?
00:00:31Et si oui, lequel ? On va tout vous expliquer
00:00:34dans notre grand débat, dans un instant, sur ce plateau.
00:00:37Un ancien ministre de l'Education nationale
00:00:39dans Francparler ce soir pour évoquer l'acte 2
00:00:42du choc des savoirs annoncés ce matin.
00:00:45Brevet obligatoire, épreuve de maths en première,
00:00:47groupe de niveau.
00:00:49Jean-Michel Blanquer sera avec nous dans la 2e partie.
00:00:52Enfin, dans Bourbon Express, ce soir, la Nouvelle-Calédonie.
00:00:55Yael Brune-Pivet et Gérard Larcher sont sur place
00:00:58pour une mission de conciliation de 4 jours LCP et du voyage.
00:01:01Que peuvent-ils faire pour sortir de la crise ?
00:01:04On en parlera avec nos chroniqueurs à la fin de cette émission.
00:01:07Voilà pour le sommaire. Installez-vous,
00:01:10ça vous regarde, cap générique.
00:01:12Générique
00:01:13...
00:01:23Pendant des années, ils se sont mobilisés
00:01:26pour voter pour les textes du gouvernement.
00:01:28Mais cet après-midi, pas une voix ne manquait
00:01:31dans les rangs macronistes pour voter contre le budget 2025.
00:01:34Effet de la nouvelle donne à l'Assemblée nationale,
00:01:37le volet recette de la loi de finances a été réécrit en séance
00:01:40par la gauche avec le soutien ponctuel du RN,
00:01:42qu'il n'était plus Macron-compatible.
00:01:45Alors, à quoi servent toutes ces manoeuvres ?
00:01:47Et à l'arrivée, quel budget pour la France ?
00:01:50Bonsoir, Violette Spilbou.
00:01:51Merci d'être là.
00:01:52Vous êtes députée ensemble pour la République du Nord.
00:01:55Vous débattez avec deux de vos collègues ce soir.
00:01:58Philippe Ballard, bonsoir.
00:02:00Bienvenue, député Rassemblement national de l'Oise.
00:02:02Bonsoir, Laurent Bommel.
00:02:04Bienvenue à vous, député socialiste d'Indre-et-Loire.
00:02:07Benjamin Morel m'accompagne ce soir
00:02:09parce qu'on a besoin d'un constitutionnaliste,
00:02:11d'un politologue, professeur de droit public
00:02:14à l'Université d'Assas, pour décrypter
00:02:16tous ces inédits constitutionnels dans cette nouvelle Assemblée.
00:02:20Alors, qui a voté pour et qui a voté contre ?
00:02:23Le récap de Valérie Brochard, pour commencer.
00:02:26Générique
00:02:27...
00:02:35Bonsoir, Valérie.
00:02:36Bonsoir, Myriam.
00:02:37Un budget rejeté.
00:02:38Rejeté, Myriam, par le socle commun.
00:02:41Regardez les résultats du vote annoncé
00:02:43par la vice-présidente de l'Assemblée nationale
00:02:46il y a deux heures à peine.
00:02:47L'Assemblée nationale n'a donc pas adopté...
00:02:50S'il vous plaît.
00:02:51L'Assemblée n'ayant pas adopté la première partie
00:02:54du projet de loi de finances pour 2025,
00:02:57l'ensemble du projet de loi est considéré comme rejeté.
00:03:01Tout le Bloc central s'était donné rendez-vous
00:03:04vers 17h30 aujourd'hui pour, vous l'avez dit,
00:03:06voter contre son propre budget.
00:03:08Son propre budget, vous le savez, Myriam,
00:03:11oui et non.
00:03:12La copie originale proposée par le gouvernement
00:03:15était largement remaniée par l'Assemblée.
00:03:17Pour trouver des sous,
00:03:18les députés du RN et du Nouveau Front Populaire
00:03:21ont adopté par amendement
00:03:22presque 35 milliards d'euros d'impôts supplémentaires,
00:03:26une hérésie pour les élus du Bloc central.
00:03:28C'est trop et c'est beaucoup trop.
00:03:30Ca s'ajoute à une copie gouvernementale
00:03:32qui était déjà chargée en impôts et en taxes.
00:03:35Quand on ouvre la boîte de pendants fiscales,
00:03:37on a du mal à la refermer.
00:03:39Ce qui s'est passé à l'Assemblée nationale,
00:03:41c'est qu'on a eu une alliance entre l'extrême droite
00:03:44et l'extrême gauche, un gaucho-lépénisme fiscal
00:03:47qui a augmenté massivement les taxes dans ce budget.
00:03:50C'est inacceptable pour nous.
00:03:51Entre la version du gouvernement et la mouture de l'Assemblée,
00:03:55on est passé de l'austérité d'un Premier ministre de droite
00:03:58au programme promis par la gauche,
00:04:00profitant de la présence plutôt rare des élus macronistes,
00:04:04le Nouveau Front populaire a pu faire adopter,
00:04:06entre autres, un impôt sur le patrimoine des milliardaires,
00:04:10une taxe sur les superdividendes des grands groupes.
00:04:13Mais de son côté, le Rassemblement national
00:04:15a aussi fait passer une taxe étendue
00:04:17sur le chiffre d'affaires des géants du numérique
00:04:20et puis la suppression de l'article prévoyant les prélèvements
00:04:23pour la contribution de la France à l'Union européenne.
00:04:27Cette dernière mesure étant probablement euro-incompatible,
00:04:30d'après le rapporteur du budget Charles de Gaulle,
00:04:33mais qu'importe, les oppositions jubilent.
00:04:35Le président de la Commission des finances,
00:04:38l'insoumis Éric Coquerel, se dit satisfait
00:04:40d'avoir trouvé des dizaines de milliards de recettes nouvelles.
00:04:44Les oppositions triomphent dans une relative indifférence
00:04:47du gouvernement qui n'a pas l'air de s'inquiéter outre mesure
00:04:51à en croire le ministre du Budget.
00:04:53Le débat parlementaire permet de faire tomber les masques
00:04:56et de démontrer que d'un côté, on veut sortir de l'Europe,
00:04:59de l'autre, on veut l'enfer fiscal.
00:05:01Je crois que le texte d'équilibre du gouvernement
00:05:04est non seulement une réponse raisonnable,
00:05:07responsable de réduction de nos déficits publics,
00:05:10mais aussi du maintien de notre activité.
00:05:12Il est plutôt serein, Laurent Saint-Martin,
00:05:15maintenant que la copie de l'Assemblée est rejetée.
00:05:18C'est la version Barnier qui va débarquer au Sénat,
00:05:21vous le savez majoritairement à droite.
00:05:24À l'issue d'une commission mixte paritaire,
00:05:26le gouvernement pourrait rattraper certaines mesures
00:05:29et se rapprocher de sa copie initiale,
00:05:31mais si les deux chambres n'arrivent pas à se mettre d'accord
00:05:35ou si les délais sont dépassés, le Premier ministre pourrait
00:05:38aussi dégainer le fameux 49-3, l'article 49-3 de la Constitution
00:05:42et ainsi faire adopter son budget sans vote.
00:05:44Entre les oppositions qui ont le champ libre
00:05:47et le gouvernement qui joue la montre,
00:05:49on arrive à un budget incompréhensible
00:05:51pour les Français.
00:05:52En tout cas, c'était très clair.
00:05:54L'Assemblée est illisible, mais Valérie Brochard est très claire.
00:05:58Merci beaucoup, Valérie.
00:05:59Pour commencer, je vais vous demander un mot
00:06:02pour qualifier ce budget.
00:06:03Ca permettra de comprendre vos votes.
00:06:05On entendait budget Frankenstein, hérésie fiscale, justice fiscale.
00:06:09Quel est votre mot ? Vous avez voté contre ce budget,
00:06:12Violette Spilbou, pour le qualifier.
00:06:14-"Fouillis".
00:06:15Parce qu'aujourd'hui, quand on est en circonscription,
00:06:18moi, à Lille, tout le week-end,
00:06:20et qu'on discute avec les habitants,
00:06:23on voit bien que la nature du débat budgétaire,
00:06:25la multiplicité des amendements,
00:06:27les différents temps de discussion
00:06:29qui se sont mélangés entre le projet de loi de finances,
00:06:32le projet de loi de financement de la Sécurité sociale,
00:06:35les débats en commission, tout le monde est perdu.
00:06:38-"Fouillis", mais c'est pas le trop-plein fiscal,
00:06:41l'overdose. J'entendais votre collègue, Mathieu Lefebvre.
00:06:44C'est plutôt le désordre.
00:06:45C'est pour ça que j'ai voté contre.
00:06:47Moi, j'ai voté contre parce que je considère à la fois
00:06:50qu'annuler la contribution à l'Union européenne,
00:06:53c'est aller à l'envers de tout ce que nous devons faire
00:06:56aujourd'hui pour sauvegarder la souveraineté française.
00:06:59On voit ce qui se passe en Chine, aux Etats-Unis,
00:07:02les menaces qui sont envers la souveraineté européenne,
00:07:05et donc, le sujet de l'Europe,
00:07:07le sujet du matraquage fiscal avec toutes les nouvelles taxes
00:07:10qui ont été inventées par le NFP, ça ne pouvait pas passer
00:07:13pour moi et pour mes collègues dans l'hémicycle.
00:07:16Philippe Ballard, on entend
00:07:18fouillis, on entend matraquage, il n'était pas votable en l'Etat.
00:07:21Ce qui peut étonner, c'est que vous, vous avez voté
00:07:24pour un certain nombre de mesures dans ce budget,
00:07:27notamment des hausses d'impôts pour les plus riches,
00:07:30pérennisées pour les entreprises également,
00:07:32sur le capital, et puis, à l'arrivée, vous votez contre.
00:07:35Pour ceux qui nous regardent, pourquoi ?
00:07:38Il faut différencier un peu tout.
00:07:40Je voudrais juste revenir sur ce qu'il m'a dit.
00:07:42Ca peut paraître un peu illisible pour nos concitoyens,
00:07:45mais il y a une responsabilité de ce qu'on appelle le Bloc central,
00:07:49qui était souvent absent.
00:07:50On n'a pas pu parer la dinguerie fiscale
00:07:52du nouveau Front populaire.
00:07:54Si je devais employer deux mots, parce qu'il y a deux budgets...
00:07:58-"Dinguerie", j'entends déjà. -"Dinguerie fiscale",
00:08:00voilà votre mot.
00:08:02Il y a soit le budget de M. Barnier,
00:08:04parce que celui qui repart au Sénat, c'est le budget initial.
00:08:07Celui-là, il n'y avait pas de rupture,
00:08:09on faisait comme s'il n'y avait pas eu d'élection européenne
00:08:12et pas d'élection législative.
00:08:14Et puis, à l'autre côté, vous avez ce budget
00:08:17qui a été rejeté à juste titre,
00:08:18parce qu'il y avait de la dinguerie fiscale.
00:08:21C'est un des éléments de langage de Laurent Saint-Martin
00:08:24ou de Mathieu Lefebvre.
00:08:26Si, la fiscalité, nous, on était pour l'ABC.
00:08:28Je vais vous donner trois exemples concrets.
00:08:31Ca ne plaît pas, mais c'est comme ça,
00:08:33les 5 milliards d'économies pour le budget de l'Etat,
00:08:36le malus sur l'automobile ou les taxes, très important,
00:08:40sur l'électricité.
00:08:41-"Sur le malus automobile", c'est en l'Etat...
00:08:45Non, alors, c'est compliqué.
00:08:46Ca a été rejeté par une majorité de députés,
00:08:50mais maintenant, on ne sait pas ce qu'il va en devenir,
00:08:53et de la même manière sur l'électricité.
00:08:55Un mot sur la question de la contribution de la France
00:08:58à l'Union européenne. Vous êtes favorable au Frexit ?
00:09:01Vous avez changé ?
00:09:02Il y a des pays, et pas des moindres,
00:09:04l'Allemagne, les Pays-Bas, le Danemark, la Suède,
00:09:07eux, ils ont obtenu une ristourne à leur contribution,
00:09:10parce que c'est un calcul, tout simplement,
00:09:12par rapport au PIB de chaque pays.
00:09:14Eux ne payent pas ce qu'ils devraient payer,
00:09:17alors que la France, on paye ce qu'on doit payer.
00:09:20Comme d'autres pays, l'Allemagne...
00:09:22A la faveur de ces manœuvres,
00:09:23c'est toute la contribution qui a été supprimée.
00:09:26Là, c'est pas notre fait.
00:09:27Là, c'est un tour de passe-passe.
00:09:29Nous, on a obtenu 5 milliards d'euros,
00:09:32et du coup, le socle commun,
00:09:33et la gauche, je crois, mais je ne suis pas sûr,
00:09:36ont voté, mais ils ont tout rayé, en fait.
00:09:38On arrive à zéro contribution française
00:09:41au budget de l'Union européenne.
00:09:43Moins de milliards de la France à Bruxelles,
00:09:45mais continuez à payer pour l'Europe.
00:09:47C'est pas simple à comprendre.
00:09:49Laurent Baumel, finalement, au fond,
00:09:51c'est le budget de la gauche, pour vous,
00:09:53qui a été rejeté, aujourd'hui ?
00:09:55Bon, d'abord, on est sur LCP,
00:09:56ce qui est intéressant, c'est pas de refaire le débat,
00:09:59on l'a vu pendant des semaines,
00:10:01mais de faire un peu de pédagogie.
00:10:03Vous êtes là pour ça.
00:10:04Moi, j'aurais une approche qui est moins négative.
00:10:07Je pense que ça sert à rien de dire aux Français
00:10:10que c'est fouillis, c'est le bazar,
00:10:12et d'entretenir ce sentiment négatif,
00:10:14qui, dans le fond, n'aura que de l'antiparlementarisme,
00:10:17ce que nous ne souhaitons pas.
00:10:19En réalité, ce à quoi nous avons assisté,
00:10:21c'est à une première étape de reparlementarisation.
00:10:24Elle est complexe, car il n'y a pas de majorité dans le Parlement.
00:10:27Le gouvernement n'a pas de majorité.
00:10:30C'est un gouvernement minoritaire.
00:10:31Donc, bien sûr, il y a eu des...
00:10:33Il a une majorité relative.
00:10:35Il a une majorité...
00:10:36La plus grande des petites majorités.
00:10:38M. Saint-Martin peut faire, aujourd'hui,
00:10:41un peu comme s'il était tranquille,
00:10:43parce qu'il dispose, malgré cette reparlementarisation,
00:10:46d'un outil du parlementarisme rationalisé,
00:10:48qu'est le 49.3, qui peut déclencher à tout moment,
00:10:51et tant que le Rassemblement national
00:10:53décide tactiquement de ne pas le censurer,
00:10:56parce qu'on voit bien que c'est tactique,
00:10:58bon, il peut, finalement, être tranquille.
00:11:01Mais la réalité, c'est que nous avons déjà été
00:11:03dans une première étape de ce que serait et de ce que sera,
00:11:06à un moment ou un autre, un vrai régime parlementaire.
00:11:09Dans un vrai régime parlementaire,
00:11:11à un moment donné, du fait des forces en présence
00:11:14dans l'hémicycle, des évolutions,
00:11:16des corrections importantes de la copie gouvernementale,
00:11:19c'est ce qui s'est passé,
00:11:21parce que les macronistes n'étaient pas très présents,
00:11:24c'est une des raisons,
00:11:25parce que, des fois, le RN a laissé passer
00:11:27des mesures fiscales pour ensuite les contester,
00:11:30enfin, il les a laissées passer dans l'hémicycle,
00:11:33et à l'arrivée, où tout le monde était là,
00:11:35il y a eu une conjonction de la droite, du centre-droit
00:11:38et du RN pour rejeter la copie finale.
00:11:41La gauche a fait son travail.
00:11:42On va voir Benjamin Morel qui va nous expliquer
00:11:45pourquoi c'est la copie initiale du gouvernement qui part au Sénat
00:11:49et pas celle qui a été rejetée.
00:11:50Eric Coquerel, le président insoumis
00:11:53de la Commission des Finances, parle de plus de 70 milliards
00:11:57de recettes fiscales supplémentaires.
00:11:59Le rapporteur général du budget, Charles de Courson,
00:12:03lui dit que, avec tout ce qui est inconstitutionnel,
00:12:06tout ce qui est invalidé, car ce n'est pas eurocompatible,
00:12:09c'est 12, et Laurent Saint-Martin dit que c'est 35 milliards de plus
00:12:13d'impôts en plus, sachant qu'au final,
00:12:15il faut trouver 60 milliards, donc en plus des 60 milliards.
00:12:19Vous comprenez que c'est incompréhensible ?
00:12:21Les chiffrages ne sont pas si simples que ça à faire.
00:12:24La taxe Zucman, les 2 % sur les milliardaires
00:12:26qui ont plus d'un milliard de patrimoine,
00:12:29il faut évaluer réellement. On n'a pas fait les études d'impact.
00:12:32On n'est pas dans un système...
00:12:34C'est anxiogène, les milliardaires en question.
00:12:37Je ne sais pas qui va être anxieux...
00:12:39Quand on parle de la taxe Zucman,
00:12:41on parle des gens qui ont plus d'un milliard de patrimoine.
00:12:44Personnellement, dans ma circonscription,
00:12:47j'en ai aucun. Je ne sais pas qui va être anxieux à cette idée.
00:12:50On va voir ce qui va se passer et ce que vous attendez,
00:12:53parce qu'à trois forces que tout oppose,
00:12:55chacun a des lignes rouges, et peut-être,
00:12:57on peut parvenir à un compromis. On verra.
00:13:00Benjamin Morel, c'est inédit.
00:13:02C'est mon mot à moi, vous ne me l'avez pas demandé,
00:13:04mais c'est inédit.
00:13:06Les consulistes sont ravis, parce que l'inédit,
00:13:08ça produit un certain nombre de choses que l'on découvre,
00:13:11et ça induit une transformation profondément du régime.
00:13:15Qu'est-ce qui va se passer ?
00:13:16C'était votre question.
00:13:18On a un texte qui va être le texte initial du gouvernement
00:13:21qui va être envoyé au Sénat.
00:13:23Ce texte initial, le gouvernement va tenter, malgré tout,
00:13:26de l'amender, de le modifier.
00:13:28Les annonces qui ont été faites,
00:13:29notamment sur les retraites,
00:13:31concernant ce qu'évoquait Laurent Wauquiez,
00:13:34ce sont des amendements du gouvernement
00:13:36qui vont être déposés sur le PLF ou sur le PLFSS
00:13:38pour parvenir à trouver des troupes dans la majorité.
00:13:41Ce qui est en train d'être fait est potentiellement dangereux.
00:13:45Que faisait Michel Rocard ?
00:13:46Premier budget, il le fait passer, il a une majorité,
00:13:49les centristes acceptent de voter le budget,
00:13:52mais ça ne marche pas.
00:13:53Que font les gouvernements minoritaires ?
00:13:55Ils font un 49 alinéa 3,
00:13:57et le 49 alinéa 3, c'est pas le texte du gouvernement sec,
00:14:00c'est le texte du gouvernement avec des amendements,
00:14:03d'y aller avec les oppositions et surtout avec sa majorité
00:14:06pour que la motion de censure ne passe pas.
00:14:09Là, l'Assemblée nationale n'aura mis aucune ligne
00:14:12dans le budget final.
00:14:13On aura une commission mixte paritaire,
00:14:16mais il faut bien comprendre que la commission mixte paritaire
00:14:19et le passage au Sénat ne fait pas que le budget
00:14:22ne va pas revenir ici.
00:14:23Après la commission mixte paritaire,
00:14:25on aura un retour à l'Assemblée nationale,
00:14:28et là, il faudra trouver une majorité
00:14:30pour que le gouvernement ne soit pas censuré
00:14:32sur un 49 alinéa 3.
00:14:33Autre point de procédure,
00:14:35si jamais la commission mixte paritaire échoue,
00:14:37cette députée, cette sénateur, on revient à quoi ?
00:14:40En théorie, on revient au texte.
00:14:42On revient au texte qui a été adopté à l'Assemblée.
00:14:45Il n'y a pas de texte.
00:14:46Donc, en effet, c'est un grand reset.
00:14:48On recommence...
00:14:49On recommence la copie de départ de Michel Barnier ?
00:14:52Exactement. Le gouvernement ne peut pas se payer le luxe,
00:14:55un, d'une commission mixte paritaire qui échoue,
00:14:58et il ne peut pas ensuite se payer le luxe,
00:15:00d'un 49 alinéa 3 qui échoue,
00:15:02parce qu'à ce moment-là...
00:15:04Il est censuré. Malgré tout, ça négocie.
00:15:06On peut dire ça ?
00:15:07Ca négocie, car le gouvernement n'est pas sorti de l'auberge.
00:15:10La situation va être beaucoup plus facile au Sénat,
00:15:13mais les risques qui pèsent sur ce budget
00:15:16sont encore extrêmement importants.
00:15:18Alors, un débat pour rien à l'Assemblée ou pas ?
00:15:20Moi, je ne trouve pas.
00:15:22Après, vous allez nous dire sur quoi ça peut négocier.
00:15:25Déjà, sur cette partie Assemblée,
00:15:26beaucoup de travail a été fait, à la fin, c'est rejeté,
00:15:29la balle est dans le camp des sénateurs.
00:15:32Un débat, je trouve que ça sert.
00:15:33On voit le débat qu'on a pu avoir en commission
00:15:36sur la culture, l'éducation, les associations, le sport.
00:15:39Un débat, ça nous enrichit, ça nous permet d'apprendre
00:15:42sur les positions des autres.
00:15:44On n'est pas experts dans tous les domaines.
00:15:46Moi, je trouve qu'on a eu en commission,
00:15:48en tout cas dans la commission où j'étais avec Philippe Ballard,
00:15:52éducation, affaires culturelles,
00:15:54un débat de bonne qualité où on a même pu voter des dispositions.
00:15:57C'est ce que disent les députés de la gauche
00:16:00sur les sujets culturels ou l'éducation populaire.
00:16:02Il y a beaucoup de gens qui n'étaient pas là.
00:16:05La deuxième chose, c'est qu'au cours de ces débats,
00:16:08on a pu faire passer un certain nombre d'amendements
00:16:11qui se sont fait remarquer par d'autres collègues.
00:16:13Je prendrais l'exemple de la suppression de la licence 3
00:16:16pour les microbrasseries.
00:16:18C'est un cas particulier du Nord, mais dans l'Est et les régions.
00:16:21Il y a ces producteurs qui, aujourd'hui,
00:16:24ont besoin de pouvoir vendre leur production
00:16:26de production.
00:16:27Vous êtes accrochée à vos amendements
00:16:30qui ont été adoptés et puis rejetés finalement.
00:16:32Ils sont rejetés, mais le combat n'est pas fini.
00:16:35Je considère aujourd'hui que je dois avoir des relais au Sénat.
00:16:38J'ai discuté avec Dany Waterblade de ma région,
00:16:41de mon département du Nord, avec d'autres sénateurs
00:16:43que je vais solliciter, et avec le gouvernement.
00:16:46Il y a des amendements qui font qu'on sent l'immense sentiment
00:16:49d'inutilité, qu'on recueille offre, comme on dit,
00:16:52c'est-à-dire en dehors des caméras.
00:16:54Il y a des moments où on peut avoir le doute.
00:16:57On a un combat global qui est au niveau de ce bloc central,
00:17:00qui est partagé par de nombreux députés,
00:17:02c'est de ne pas augmenter le coût du travail
00:17:05sur les bas salaires, parce que ça viendrait obéir
00:17:07l'activité quand il revient aux entreprises.
00:17:10Nous, ce qu'on ne veut pas, c'est que les investissements
00:17:13soient freinés, que les embauches soient freinées.
00:17:16Aujourd'hui, nos entreprises sont tétanisées.
00:17:18Il va falloir rassurer. C'est aussi un combat
00:17:20qu'on va continuer d'avoir avec le relais des sénateurs
00:17:23auprès des membres du gouvernement.
00:17:25Il y a une logique de donnant-donnant.
00:17:27Vous nous avez parlé du coût du travail.
00:17:30C'est central, c'est dans le budget de la Sécurité sociale.
00:17:33ORN, qu'attendez-vous précisément ?
00:17:35Pour pouvoir...
00:17:36De la discussion au Sénat ? On a trois sénateurs.
00:17:39Non, mais pas au Sénat.
00:17:40Comme on le comprend, on entend très clairement
00:17:43les ministres se positionner.
00:17:44On va parler des retraites, vous pourrez nous en dire un mot,
00:17:48mais qu'à partir du Sénat, mais en même temps que le Sénat,
00:17:51il y a aussi des discussions qui sont en cours
00:17:53pour arriver à une commission mixte paritaire conclusive.
00:17:56Vous vous attendez quoi ?
00:17:58On attend... Jordan Bardella et Marine Le Pen
00:18:00l'avaient dit dès le 29 août,
00:18:02quand ils avaient rencontré Emmanuel Macron.
00:18:04Ils l'ont redit au Premier ministre.
00:18:06Il y a des lignes rouges à ne pas franchir dans ce budget.
00:18:10Vous parlez des retraites. Il y a ce dossier.
00:18:12Il y a les taxes sur l'électricité.
00:18:14Il faut redonner du pouvoir d'achat aux Français.
00:18:17Là, ce sont des lignes rouges.
00:18:18On verra quels amendements...
00:18:20On a eu 40 amendements qui ont été votés dans l'hémicycle.
00:18:23Ce qui, en soi, est historique.
00:18:25Ce qui, en soi, est historique.
00:18:27Il y en a eu zéro dans la dernière législature.
00:18:29Quand on passe de zéro à 40, ça fait une très forte progression.
00:18:33On verra quels amendements sont potentiellement retenus.
00:18:36Vous vous réservez aussi le droit de décider,
00:18:38parce que vous êtes en position d'arbitre
00:18:41sur l'éventuelle censure, une fois la copie revenue du Sénat,
00:18:44une fois le texte décidé ou pas, conclusif ou pas,
00:18:48de censurer ou pas. Vous ne pouvez rien nous dire avant.
00:18:51Vous ne pouvez pas nous dire la liste des mesures
00:18:53qui fait que vous ne censurerez pas.
00:18:55On peut fixer des lignes rouges.
00:18:57Il est évident qu'on ne votera pas pour,
00:18:59puisqu'on est dans l'opposition,
00:19:01contrairement aux troupes de M. Wauquiez,
00:19:04qui ont changé CASAC en cours depuis leur élection.
00:19:07On verra.
00:19:08Vous assumez une part de position stratégique jusqu'au bout ?
00:19:11On attend le texte final.
00:19:12S'il va dans l'intérêt de la France et des Français,
00:19:15c'est une abstention. Si ce n'est pas le cas,
00:19:18ça sera contre.
00:19:19On va regarder à l'antenne, en infographie,
00:19:21l'hémicycle de ce rejet.
00:19:23C'est une alliance entre la droite républicaine,
00:19:26les macronistes et le Rassemblement national.
00:19:28Ce budget marqué très à gauche, la marque du programme du NFP,
00:19:32il est rejeté par cette alliance-là.
00:19:34Qu'est-ce que ça dit de la suite ?
00:19:36Est-ce que ça vous inquiète,
00:19:38quant à l'avancée de vos propositions à gauche ?
00:19:40Je redis ce que je disais il y a quelques minutes.
00:19:43Les Français n'ont pas souhaité qu'il y ait
00:19:46une majorité absolue dans cette Assemblée.
00:19:48C'est pas nous qui créons un désordre.
00:19:50Il y a une situation électorale qui est issue des urnes.
00:19:53Les Français ne voulaient plus que le président Macron gouverne.
00:19:57Ils n'ont pas voulu que le RN ait une majorité absolue,
00:20:00mais ils n'ont pas décidé non plus.
00:20:02C'est un fait de donner au NFP une majorité absolue.
00:20:05Le Front républicain...
00:20:06Vous avez trois blocs.
00:20:07Il est un Front républicain,
00:20:09mais lui-même, il est divisé en deux parties.
00:20:11Il y a trois blocs dans l'Assemblée nationale.
00:20:14C'est une réalité politique qui produit
00:20:16une situation parlementaire et institutionnelle
00:20:19complètement nouvelle, inédite.
00:20:21Il reste cette histoire du 49-3
00:20:23qui permet éventuellement un gouvernement ultra-minoritaire,
00:20:26qui n'a en réalité aucune prise sur la réalité
00:20:29de ce qui se passe au Parlement,
00:20:31malgré tout, à la fin, de pouvoir essayer
00:20:33de faire passer son budget,
00:20:35tant qu'il a deux groupes sur trois
00:20:38qui décident de ne pas le censurer.
00:20:40Voilà, en gros, la lecture de la situation.
00:20:43On va voir maintenant ce qui se passe.
00:20:45On va terminer cette période budgétaire.
00:20:47Nous, ce qu'on espère, c'est que ce qu'on a pu voter,
00:20:50ce qu'on a pu imprimer dans la version initiale,
00:20:53il y a des choses qui restent, en matière de justice fiscale,
00:20:56de restauration des moyens des collectivités locales.
00:20:59Vous avez vu ce qu'a dit Laurent Saint-Martin
00:21:02au MoDem, qui faisait cause commune avec la gauche.
00:21:05MoDem, c'est votre camp, le socle commun,
00:21:09le centre allié des macronistes
00:21:11et du groupe Horizon d'Edouard Philippe.
00:21:13Il dit que le gouvernement, sur la contribution au plus aisé,
00:21:16est favorable à une prolongation tant qu'elle sera nécessaire.
00:21:20On n'est pas sur la pérennisation que vous avez votée,
00:21:23mais une prolongation pour la fiscalité sur les plus riches.
00:21:26Je ne doute pas qu'il y aura des choses qui seront reprises.
00:21:29Comme tout le monde, on évaluera à la fin
00:21:32l'ampleur de ce qui a été repris, conservé, gardé.
00:21:35Il y a quand même pas mal de sujets, je trouve,
00:21:37qui ont été assez consensuels.
00:21:39En Commission de développement durable,
00:21:41il y a eu un sujet sur les inondations,
00:21:43la prévention des risques.
00:21:45Ce qui est arrivé dans le Nord-Pas-de-Calais,
00:21:48mais aussi dans le Sud et en Espagne,
00:21:50montre que le pays est sous cette menace
00:21:52des conséquences du réchauffement climatique.
00:21:55Le sujet de renforcer la prévention
00:21:57avec la surveillance des cours d'eau,
00:21:59c'est des coups d'appareil, de modernisation,
00:22:01de digitalisation de tout ce qui est surveillance
00:22:04et prévisibilité des modèles
00:22:06pour avoir moins de dégâts et moins de coûts de réparation.
00:22:10Ca, ça a été assez consensuel.
00:22:12Ca fait partie du PLF côté dépenses,
00:22:14mais nous espérons tous, et je crois qu'on est de nombreux groupes,
00:22:18à ce que ces amendements qui renforcent ce budget-là
00:22:21par rapport à la première copie sur la partie environnement-écologie
00:22:25puissent passer.
00:22:26Je crois qu'il y aura quand même,
00:22:28et Laurent Saint-Martin l'a redit très clairement
00:22:31dans son allocution tout à l'heure,
00:22:33des amendements qui vont être repris,
00:22:35y compris dans les discussions avec le Sénat.
00:22:37Le gouvernement va les redéposer, compléter son projet initial.
00:22:41Le gouvernement va se faire quelque part
00:22:43le porte-voix de certains groupes et de son socle commun
00:22:46dans l'hémicycle du Sénat.
00:22:48On comprend qu'il y a une logique du donnant-donnant
00:22:51pour bâtir des compromis avec le socle commun
00:22:53et avec les autres groupes pour éviter la censure
00:22:56après le 49-3.
00:22:57Je crois que les Français ont bien compris
00:22:59qu'il sera déposé in fine.
00:23:01Sur les retraites, Laurent Wauquiez s'est invité
00:23:04au plateau du 20h de TF1 hier soir
00:23:06pour annoncer l'abandon du gel des pensions de retraite
00:23:09prévues dans le budget de la Sécurité sociale.
00:23:12Toutes les retraites seront revalorisées
00:23:14au 1er janvier.
00:23:15De la moitié, seulement, de l'inflation.
00:23:18Les petites retraites seront protégées.
00:23:20Explication Baptiste Gargi-Chartier.
00:23:27Il y a quelques semaines encore,
00:23:29tout semblait ficelé pour l'exécutif.
00:23:31Cette indexation est due.
00:23:32On va la différer de quelques mois.
00:23:34Cet effort sera juste.
00:23:36Alors que le gouvernement actait
00:23:37une revalorisation des retraites en juillet,
00:23:40l'exécutif se retrouve une nouvelle fois dos au mur.
00:23:43Hier soir, Laurent Wauquiez prend tout le monde de cours
00:23:46et son annonce n'est pas passée inaperçue.
00:23:48Il y aura une revalorisation des retraites
00:23:51dès le 1er janvier pour toutes les retraites.
00:23:53Elle sera de la moitié de l'inflation.
00:23:55Il n'est donc plus question d'un report.
00:23:57Sachant qu'au 1er juillet, la revalorisation complète
00:24:00devrait avoir lieu pour les retraites les plus modestes.
00:24:03Des annonces, mais pas sans conséquence.
00:24:06Le patron de la droite se retrouve sous le feu des critiques
00:24:09avec une question.
00:24:10Aurait-il concircuité le gouvernement
00:24:12par ambition personnelle ?
00:24:14A Bercy, on condamne la méthode.
00:24:15Dans un SMS adressé à son groupe, Antoine Armand contre-attaque.
00:24:19J'ai découvert, comme vous, la manoeuvre de Laurent Wauquiez,
00:24:22dit-il, et m'en suis ouvert franchement
00:24:25auprès du Premier ministre.
00:24:26Mais ce matin, Laurent Saint-Martin,
00:24:28ministre du Budget, temporise.
00:24:30Ce qu'on a vu hier, on ne l'avait jamais vu avant.
00:24:33Eh bien, peut-être que nous avons aussi besoin
00:24:35de démontrer davantage que l'évolution de ce texte
00:24:38vient des compromis entre le gouvernement
00:24:41et les parlementaires du socle majoritaire.
00:24:43Compromis, concertation,
00:24:45des formules reprises, répétées ces derniers mois,
00:24:48mais la posture de Laurent Wauquiez agace et crispe
00:24:51le socle commun, où chacun y va de son commentaire.
00:24:54J'étais étonné que Laurent Wauquiez
00:24:56se fasse le porte-parole du gouvernement.
00:24:59J'ai trouvé ça extrêmement décalé.
00:25:01C'est quand même très surprenant
00:25:03de voir un président de groupe politique
00:25:06revendiquer une victoire pour lui seul.
00:25:08Alors, cet après-midi, dans l'hémicycle,
00:25:10le Premier ministre se justifie.
00:25:12Pour dire la vérité, votre groupe, le tout premier,
00:25:15a porté ce sujet des personnes âgées.
00:25:17Suite à cette annonce,
00:25:19500 à 800 millions d'euros seront nécessaires,
00:25:21réduisant alors les économies espérées sur les retraites
00:25:24à 3 milliards d'euros, selon le ministère du Budget.
00:25:27Bonsoir, Corentin Le Furre.
00:25:29Merci d'être avec nous depuis la salle des quatre colonnes
00:25:32de l'Assemblée.
00:25:33Vous êtes député de la droite républicaine
00:25:36des Côtes-d'Armor. Pourquoi, diable,
00:25:38c'était Laurent Wauquiez qui a fait cette annonce ?
00:25:41C'est un combat qui était très important
00:25:43pour notre famille politique.
00:25:44C'est Laurent Wauquiez, la droite républicaine,
00:25:47qui, les premiers à se séduire du sujet,
00:25:49avait alerté Matignon, les ministres,
00:25:51à cette mesure qui nous semblait injuste,
00:25:54en particulier pour les petites retraites.
00:25:56Ce combat, il l'a porté en premier,
00:25:58et d'autres groupes l'ont porté également,
00:26:00mais c'était important de montrer que les groupes politiques,
00:26:03le Parlement, les députés, par cible,
00:26:06essayent d'enrichir le texte.
00:26:07C'était logique que ce soit Wauquiez qui l'annonce.
00:26:10Ce n'est pas une mesure purement et simplement électoraliste ?
00:26:13Les personnes âgées, traditionnellement,
00:26:16sont de droite.
00:26:17Est-ce que les retraités sont vraiment les boucs émissaires
00:26:20des déficits ?
00:26:21Après tout, les ménages et les entreprises
00:26:24sont mis à contribution.
00:26:25Dans ma circonscription, j'ai de petites retraites,
00:26:28de l'agriculture, des aides-soignantes,
00:26:31des ouvriers, des gens qui avaient des petites retraites,
00:26:34et pour qui c'était indispensable.
00:26:36C'est des gens qui ont souvent des retraites modestes,
00:26:39qui ont des soucis de pouvoir d'achat,
00:26:41qui sont à l'euro près.
00:26:42Pour ces personnes-là, pour ces petites retraites,
00:26:45c'était essentiel qu'on ait ce geste.
00:26:47Je m'en réjouis.
00:26:48C'est une mesure de pouvoir d'achat pour des gens qui le méritent.
00:26:52Les petites retraites seront protégées complètement.
00:26:55Il n'y aura pas de gel de leur pension.
00:26:57En revanche, pour toutes les autres,
00:26:59est-ce que la mesure est vraiment avantageuse
00:27:02pour les retraités les plus aisés ?
00:27:04Vous allez sous-indexer les retraites sur un an
00:27:07au lieu de les désindexer sur six mois.
00:27:11Ca revient au même, non ?
00:27:13Ca revient.
00:27:14La différence, c'est qu'ils sont revalorisés tout de suite.
00:27:18Mais sur l'ensemble de l'année, ça revient au même.
00:27:21Le sujet, le combat, c'était sur les petites retraites.
00:27:24C'est ces petites retraites qui étaient le plus concernées
00:27:27et qui méritaient une avancée, un geste,
00:27:29des gens qui ont bossé toute leur vie.
00:27:32Sur la retraite de base,
00:27:33les plus grosses retraites ont des retraites complémentaires
00:27:36qui, elles, sont revalorisées.
00:27:38En effet, j'aurais préféré que ce geste soit sur toutes les retraites.
00:27:42Mais c'était essentiel qu'on ait ce signal,
00:27:44cette avancée sur les petites retraites.
00:27:47Bien compris. Dernière question.
00:27:49Tout ça coûte un milliard.
00:27:50Où vous les trouvez, pour compenser ?
00:27:52Nous, on propose des économies très précises,
00:27:55notamment dans la sphère administrative,
00:27:57sur la bureaucratie.
00:27:58On a proposé, notamment sur les opérateurs de l'Etat,
00:28:01on a vu qu'on a eu une inflation des défenses,
00:28:03des agences et des opérateurs de l'Etat.
00:28:06On propose des économies conséquentes.
00:28:08On propose moins d'agents publics dans les opérateurs de l'Etat,
00:28:11dans les administrations centrales,
00:28:13et sur le terrain, dans les écoles, les hôpitaux.
00:28:16Est-ce que le compte y est, pour vous,
00:28:18sur les retraites, Philippe Ballard ?
00:28:20Est-ce que ça suffit pour ne pas censurer
00:28:22avec des petites retraites, qui font partie de votre électorat,
00:28:26qui seront complètement protégées ?
00:28:27J'ai écouté Laurent Wauquiez hier devant ma télé,
00:28:30je me suis dit, mais de qui se moque-t-on ?
00:28:32Déjà, Laurent Wauquiez, qui annonce cette mesure,
00:28:35moi, je me suis interrogé, mais de qui se moque-t-on ?
00:28:38Ils vont perdre du pouvoir d'achat, on va faire simple.
00:28:41Y compris les petites retraites.
00:28:43Il va falloir attendre le 1er juillet prochain
00:28:45pour une deuxième revalorisation,
00:28:47mais qui ne compensera pas la perte de leur pouvoir d'achat.
00:28:50Pardon, mais on se moque du monde.
00:28:52Tout ça, donc, pour 400, 500 millions d'euros,
00:28:55800 millions d'euros.
00:28:56Je finirais par là, mais attendez, on parle du budget.
00:28:59Il faut avoir 2-3 chiffres à l'esprit.
00:29:01On va emprunter sur les marchés financiers
00:29:03l'an prochain 325 milliards d'euros.
00:29:06Y a pas un pays d'Europe qui fait pire.
00:29:08On a emprunté 275 milliards.
00:29:09En 2027, quand on devrait arriver au pouvoir,
00:29:12premier poste budgétaire,
00:29:13remboursement de la dette, 80 milliards.
00:29:16Voilà, bilan de sept ans de macronisme.
00:29:18Ca ne suffira pas, en tout cas, en l'Etat.
00:29:21C'est largement insuffisant sur les retraités
00:29:23pour assurer une non-censure.
00:29:25Grosse victoire de Laurent Wauquiez.
00:29:27C'est indéniable.
00:29:28On a été nombreux à porter ce sujet.
00:29:30Dès le début, quand on a vu l'annonce
00:29:32de la première copie de Michel Barnier
00:29:34dans laquelle il y avait un gel des retraites,
00:29:37on s'est mobilisés.
00:29:38Il y a eu des amendements de notre groupe,
00:29:41une mobilisation de la droite républicaine.
00:29:43Là, on est partiellement soulagés,
00:29:45c'est-à-dire déjà de voir qu'il y a plusieurs groupes
00:29:48à l'Assemblée qui sont d'accord sur une chose,
00:29:50c'est qu'il ne faut pas toucher aux retraites.
00:29:53Ca va partir au Sénat, de la même façon.
00:29:55Il ne faut pas toucher aux petites retraites.
00:29:58Les retraites plus larges, plus aisées, les pensions,
00:30:01elles seront forcément touchées.
00:30:03Certains disent, j'ai dans ma circonscription
00:30:05des gens qui m'ont écrit en disant
00:30:07que si on a une grosse retraite, ce n'est pas grave pour nous,
00:30:10c'est pour les petites retraites.
00:30:12On sent cet esprit de solidarité nationale.
00:30:15Simplement, il faut veiller à ce que ça aille jusqu'au bout,
00:30:18à ce que la façon dont c'est traduit dans le PLFSS
00:30:21ne fasse pas qu'en 2026, ça recule encore
00:30:23par des systèmes de sous-indexation.
00:30:25On va être vigilants sur ce point-là.
00:30:27Vous prenez le point, même si c'est Laurent Wauquiez
00:30:30qui bombe le temps.
00:30:32C'est pour les gens qui, chaque jour,
00:30:34ont besoin, ou chaque mois,
00:30:35d'avoir 20, 30, 40, 50, 100 euros de plus.
00:30:38Aujourd'hui, le compte n'y est pas encore.
00:30:41Laurent Baumel, la gauche, comment elle réagit ?
00:30:44C'est impossible de taxer les retraités dans notre pays.
00:30:47Franchement, à chaque tentative, impossible.
00:30:49C'est pas mon sujet. Autant j'ai été positif
00:30:52sur la lecture de ce que nous venons de vivre,
00:30:54autant là, je vais vous dire, on est dans ce que la Ve République
00:30:58fait de pire, en termes de mise en scène.
00:31:00Vous avez un gouvernement
00:31:02qui annonce des restrictions, violentes,
00:31:06et après, vous avez le chef du parti du Premier ministre,
00:31:09qui arrive et qui dit qu'il faut corriger,
00:31:12parce que vous vous êtes pas rendu compte,
00:31:14mais c'est dur pour les petites retraites.
00:31:16C'est qui, le patron, entre les deux ?
00:31:18Il dit que vous avez raison.
00:31:20Les Républicains font 5 %,
00:31:22M. Wauquiez fait 5 %,
00:31:23et c'est lui qui va dans un 20h.
00:31:25C'est quand même original.
00:31:27Oui, je vous ai entendu, et donc, là, ce soir,
00:31:29c'est une grande victoire pour les retraités,
00:31:32grâce à Laurent Wauquiez.
00:31:33Il se moque-t-on ?
00:31:34Tout ça, c'est ce que la Ve République produit de pire.
00:31:37C'est intéressant.
00:31:38Est-ce qu'on avait vu ce genre de choses ?
00:31:41C'est la République des partis,
00:31:43c'est Laurent Wauquiez, fort de sa victoire,
00:31:45chef d'un parti qui permet au Premier ministre d'exister,
00:31:48qui va faire l'annonce à la place du Premier ministre.
00:31:51Sans Wauquiez, il n'y a plus de gouvernement.
00:31:54Je parlais de Michel Rocard.
00:31:56Comment on faisait avec les 49 Aïnats 3 ?
00:31:58Vous donniez des amendements aux communistes,
00:32:00aux centristes, et ils rentraient
00:32:02en disant qu'on n'a pas censuré Michel Rocard,
00:32:05mais il y a une raison, on a obtenu tel amendement.
00:32:08Là, le fait qu'on n'utilise pas le 49 Aïnats 3
00:32:10fait que les députés qui vont entrer en circou
00:32:13ne pourront pas avoir leur amendement
00:32:15dans le texte final.
00:32:16Il va bien falloir qu'ils donnent une raison
00:32:19à leurs électeurs pour ne pas censurer.
00:32:21En faisant ça, qu'est-ce qu'il fait, Laurent Wauquiez ?
00:32:24Il dit à ses électeurs, avec une surreprésentation
00:32:27de l'électorat retraité,
00:32:28regardez, on n'a pas servi à rien,
00:32:30regardez, ce budget, c'est un peu le nôtre,
00:32:33et si jamais on ne censure pas, in fine, Michel Barnier,
00:32:36c'est qu'on a obtenu de vous protéger,
00:32:38nous sommes le bouclier qui vous protège,
00:32:40et dans 8 mois, s'il y a une dissolution,
00:32:43n'oubliez pas de revoter pour moi.
00:32:45Il fait de la politique,
00:32:46mais c'est pour Laurent Wauquiez comme pour Michel Barnier,
00:32:50aujourd'hui, une garantie de survie.
00:32:52On va terminer avec l'autre négociation
00:32:54plus ou moins en coulisse, puisque Laurence Saint-Martin,
00:32:57ministre du Budget, a dit ce matin
00:32:59qu'il faut qu'il y ait moins d'économies
00:33:01faites sur les allégements de charges.
00:33:03C'est le totem de la Macronie.
00:33:05Vous vous battez pour obtenir,
00:33:07on parle même de but de guerre dans ce budget,
00:33:10qu'on n'augmente pas le coût du travail.
00:33:12Comment vous allez négocier ça ?
00:33:15Est-ce que c'est déjà un bon signe ?
00:33:17Le bon signe, c'est qu'effectivement,
00:33:19la taxation qui avait été augmentée sur les entreprises
00:33:22n'aura pas lieu dans ce budget, et c'est important
00:33:25parce qu'on a un signal qu'on envoie
00:33:27à la fois aux investisseurs, qui, depuis des années,
00:33:30réinvestissent, réindustrialisent la France,
00:33:32et aux entreprises qui créent des emplois,
00:33:35qui embauchent.
00:33:36On sait qu'on a plein de métiers.
00:33:38C'est peut-être pas le moment de demander davantage.
00:33:41Dire les salaires au SMIC ou un peu plus élevés que le SMIC,
00:33:44on va réaugmenter les charges, c'était un très mauvais signal.
00:33:47Je pense qu'à la fois les commerçants,
00:33:49les artisans, les TPE, les start-up
00:33:52vont se mobiliser comme elles le font.
00:33:54Il y a déjà la série de temps sociaux,
00:33:56les faillites. Vous avez trouvé les 4 milliards
00:33:58pour compenser ? Parce que si on revient pas sur les charges...
00:34:02Il y a pas mal de propositions.
00:34:03Il y en a notamment sur la dépense centrale de l'Etat,
00:34:06effectivement, comme d'autres collègues.
00:34:09On sait qu'il y a des économies dans les doublons
00:34:11et le millefeuille administratif.
00:34:13Il faut que ça soit plus porté sur les territoires
00:34:16et en local. Moi, je sais qu'à l'écoute des maires,
00:34:19on est bientôt au Congrès des maires la semaine prochaine,
00:34:22il va y avoir ce débat budgétaire aussi,
00:34:24sur moins de budget dans les services centraux de l'Etat
00:34:27et plus de budget déconcentré sur les mairies,
00:34:30les intercommunalités.
00:34:31Très rapidement, sur le coût du travail,
00:34:33vous accompagnez le bloc central ?
00:34:35C'est de la folie d'augmenter les charges sur les bas salaires.
00:34:38Sur l'inscription, il y a des artisans,
00:34:41un, deux salariés, qui me disent qu'ils sont obligés d'en licencier.
00:34:44Là, vous accompagnez la demande des macroys.
00:34:47On va s'arrêter là, parce que c'est sûr
00:34:49qu'il y aura beaucoup de négociations en coulisses.
00:34:51On va suivre un peu de plus loin, ici, à LCP,
00:34:54côté Assemblée, ce débat qui part au Sénat.
00:34:56Tout ça se terminera par un 49-3.
00:34:58C'est une élite.
00:34:59C'est clairement un 49-3.
00:35:01Avec la question de, est-ce que la motion de censure
00:35:04passera ou pas, c'est le pari de Michel Barnier.
00:35:06Merci beaucoup.
00:35:07Je peux rappeler qu'il y a des charges sociales,
00:35:10des cotisations sociales, et qu'à force de les baisser,
00:35:13on a un hôpital public qui est en train de crever.
00:35:16C'est dit. On continuera d'en parler de ce budget.
00:35:19Je vous remercie d'avoir été sur le plateau d'LCP.
00:35:22Bonsoir, Jean-Michel Blanquer.
00:35:23Merci d'être mon invité ce soir pour évoquer les annonces
00:35:26de la ministre de l'Education nationale,
00:35:29mais aussi le climat de ces derniers jours en France,
00:35:32en Europe, avec ces images de lynchage antisémite
00:35:34à Amsterdam, que l'on croyait d'un autre temps.
00:35:37Votre livre aussi, La Citadelle,
00:35:39un livre sans concession sur vos années rue de Grenelle.
00:35:42On apprend plein de choses sur vous, sur votre parcours.
00:35:45De tout cela, nous parlons après l'invitation de Marion Becker.
00:35:49Si on vous invite, Jean-Michel Blanquer,
00:35:52c'est pour avoir votre regard sur l'acte II
00:35:55du choc des savoirs.
00:35:57Ce matin, la ministre de l'Education nationale
00:36:00a dévoilé sa feuille de route.
00:36:02Renforcement des apprentissages fondamentaux,
00:36:05révision des programmes, maintien des groupes de besoins,
00:36:09obtention du brevet obligatoire pour le passage au lycée
00:36:13et épreuve anticipée de mathématiques pour le bac.
00:36:17Si certaines de ces mesures vont dans le sens de votre héritage,
00:36:21rue de Grenelle, d'autres, au contraire,
00:36:23vont à l'encontre de votre bilan.
00:36:26C'est le cas du retour des mathématiques
00:36:28dans le tronc commun au lycée.
00:36:30Car, Jean-Michel Blanquer, vous avez imprimé votre marque
00:36:33au ministère de l'Education nationale.
00:36:36Vous y êtes resté 5 ans, de 2017 à 2022.
00:36:401825 jours, pour être précis, un record.
00:36:45Vous y avez instauré le dédoublement des classes en CP et CE1
00:36:48dans les réseaux d'éducation prioritaire,
00:36:51les évaluations de début d'année,
00:36:53la réforme du collège, puis celle du lycée,
00:36:56avec un objectif en tête, redresser la place de la France
00:37:00dans les classements internationaux.
00:37:03Deux ans après votre départ, les résultats sont mitigés.
00:37:07Si les derniers baromètres sur le niveau des élèves,
00:37:09dévoilés il y a 15 jours, notent une évolution positive
00:37:12pour les élèves d'éducation prioritaire,
00:37:15le bilan global reste alarmant.
00:37:18En sixième, moins d'un élève sur deux
00:37:21a un niveau satisfaisant en compréhension de l'écrit.
00:37:24La France occupe la 26e place du classement PISA.
00:37:29Alors, Jean-Michel Blanquer,
00:37:31comment expliquer que ce décrochage se poursuive ?
00:37:35Bonsoir et bienvenue sur ce plateau, Jean-Michel Blanquer.
00:37:38On va parler dans le détail des différentes annonces
00:37:41de cet acte II du choc des savoirs de la ministre de l'Education,
00:37:45mais c'est vrai que sur les évaluations récentes,
00:37:48on a eu cinq ministres de l'Education nationale
00:37:50depuis 2022, rien ne change,
00:37:53le niveau baisse et baisse plus encore.
00:37:55Comment vous l'expliquez ?
00:37:57C'est pas tout à fait exact, c'est ça qui est fascinant
00:38:00dans la façon dont c'est commenté dans le débat public.
00:38:03L'année dernière, vous avez eu deux évaluations,
00:38:05PISA et PEARLS.
00:38:07PISA, c'est les élèves de 15 ans, PEARLS, c'est les élèves de 8 ans
00:38:10et PEARLS, c'est les élèves de 16 ans.
00:38:12La France est le seul pays au monde, avec le Portugal,
00:38:15à avoir augmenté son niveau dans les cinq dernières années.
00:38:18Vous reconnaissez qu'elle reste vraiment base dans le classement.
00:38:22Je suis le premier à dire qu'il y a eu 30 années
00:38:24à peu près de déclin du niveau,
00:38:26donc je dis pas que tout se rétablit d'un coup du jour au lendemain.
00:38:30Personne ne peut dire une chose pareille
00:38:32et personne ne peut faire une chose pareille.
00:38:35Vous faites pas pousser les plantes en tirant dessus.
00:38:38Par contre, ce que j'affirme,
00:38:40c'est qu'il y a un mouvement de baisse sur 30 années
00:38:43et qu'on est au début d'un rebond.
00:38:45Ce rebond a été mesuré et pas un seul journal,
00:38:47à part vous, ne le dit.
00:38:49C'est-à-dire qu'encore une fois, personne ne sait en France...
00:38:52On est au début de l'inversion de la courbe.
00:38:54Par exemple, les évaluations nationales,
00:38:57je l'entendais dans le reportage que vous venez de passer,
00:39:00il n'est pas exact de dire que l'entrée en sixième
00:39:03se traduit par une baisse du niveau.
00:39:05Il y a effectivement, comme ça a été dit,
00:39:07une amélioration de la situation en éducation prioritaire
00:39:10et une amélioration en français pour l'ensemble des élèves.
00:39:13C'est pas satisfaisant, il y a encore trop d'élèves
00:39:16qui ont un niveau de lecture trop bas,
00:39:18mais cran par cran...
00:39:19-...on avance et on progresse.
00:39:21On s'en donne les moyens, vraiment ?
00:39:23On est, évidemment, avec les déficits publics
00:39:26que l'on connaît, extrêmement dégradés,
00:39:284 000 postes de moins annoncés.
00:39:30Est-ce que vous dites
00:39:32qu'il faut que chacun fasse sa part de sacrifice
00:39:35ou c'est vraiment un très mauvais signal ?
00:39:38C'est vraiment le dernier endroit où il faut faire des économies,
00:39:41l'éducation nationale, chacun le comprend.
00:39:44Les pays qui vont bien, qui sont en forme économiquement,
00:39:47Singapour, certains pays scandinaves ou d'autres,
00:39:49sont les pays qui investissent dans l'éducation.
00:39:52Vous les avez à moyen et à long terme,
00:39:54mais c'est indispensable d'investir dans l'éducation.
00:39:57Vous dites à l'Assemblée qu'il faut revenir sur ces 4 000 postes ?
00:40:01La dépense publique française, j'ai des analyses,
00:40:04j'en lis, sur ce qu'il y a à faire en matière de dépense publique.
00:40:07Je ne suis pas un irresponsable.
00:40:09Je sors d'un séminaire avec mes étudiants
00:40:11sur comment redresser les comptes de la France.
00:40:14Il y a des choses à faire,
00:40:15mais c'est pas l'éducation nationale qui est l'enjeu.
00:40:18La dépense française en matière d'éducation
00:40:21n'est pas divergente par rapport à tous les pays comparables.
00:40:24Il faut améliorer la qualité de ce que nous faisons
00:40:27et la question des moyens,
00:40:28avec la meilleure rémunération des professeurs.
00:40:31Ca commence.
00:40:32Les professeurs sont mieux rémunérés,
00:40:35mais c'est toujours très compliqué d'avoir des candidats.
00:40:38J'ai vu que les concours de recrutement
00:40:41ont été même reportés.
00:40:42Il y a toujours cette crise des vocations.
00:40:45Au milieu de tout ça, vous avez un Nicolas Sarkozy.
00:40:48Vous allez me dire ce que vous pensez de ses propos.
00:40:50Est-ce de la démagogie ? Ou est-ce qu'il touche juste
00:40:53quand il dit que les profs, on sait comment ça fonctionne,
00:40:56il y a trop de vacances, 24 heures par semaine,
00:40:59il dit qu'il faut dire la vérité,
00:41:01on n'a plus les moyens d'avoir un million d'enseignants ?
00:41:04Il y a 850 000 enseignants.
00:41:07Il y a environ un peu plus d'un million de salariés
00:41:09à l'Education nationale.
00:41:11Quand on dit ça, en général, les gens disent
00:41:13qu'il y a 150 000 bureaucrates. Non.
00:41:16Ca veut dire des infirmières scolaires,
00:41:18des assistants d'éducation,
00:41:19les personnels dont on a besoin pour accompagner les élèves.
00:41:23Là encore, le taux d'encadrement des élèves en France
00:41:26n'est pas divergent de ce à quoi on peut les comparer.
00:41:29Donc on laisse Nicolas Sarkozy à sa retraite ?
00:41:32Je ne dirais pas quelque chose d'aussi dur.
00:41:36Je pense que, surtout, l'éducation a besoin de calme,
00:41:39de sérénité. J'ai lutté pour ça
00:41:41en tant que ministre de l'Education nationale.
00:41:44Par exemple, vis-à-vis des syndicats de l'enseignement
00:41:47ou des partis d'opposition,
00:41:48ça peut être vis-à-vis d'un ancien président.
00:41:51On a besoin d'abord de complexité, de nuance,
00:41:54puisque c'est un sujet qui le réclame.
00:41:57On a besoin de calme, de sens du long terme.
00:41:59Autant de choses qui ont existé, autrefois,
00:42:01en France, sous la Troisième République.
00:42:04Vous aviez cette confiance de la société dans l'école,
00:42:07ce sens du long terme. On doit le retrouver.
00:42:09C'est pour ça que j'ai essayé de battre le record de durée.
00:42:12Vous l'avez battu.
00:42:14Il était important d'imprimer cette durée.
00:42:17C'est aussi pour ça que je regrette
00:42:19qu'il y ait eu autant d'instabilité depuis deux ans.
00:42:22Venons-en aux annonces concrètes.
00:42:24On est dans le droit fil de ce qu'avait annoncé Gabriel Attal.
00:42:27La nouvelle ministre va rendre obligatoire l'obtention
00:42:30du brevet des collèges d'ici 2027 pour passer en seconde.
00:42:33Ca va être un brevet, certains le disent, coût-près,
00:42:36d'autres disent valorisant,
00:42:38car c'est le premier diplôme dans la vie d'un collégien.
00:42:41Ca va dans le bon sens ?
00:42:42Oui, ça va dans le bon sens.
00:42:44C'est la suite logique de ce que nous avons accompli.
00:42:47La vision que j'ai pu développer à partir de 2017,
00:42:49c'était une vision sur 10 ans.
00:42:51J'avais une vision sur 5 ans.
00:42:53Mon but n'était pas de rester 10 ans ministre de l'Education,
00:42:56mais c'était qu'après, il y ait, pendant 5 ans,
00:42:58une personne, si possible, une seule,
00:43:01qui continue sur 5 ans.
00:43:02Maintenant, on a Anne Jeuneté, qui est là.
00:43:04Je l'espère qu'elle dure.
00:43:06Il faut la soutenir.
00:43:07Je pense que je soutiens Michel Barnier,
00:43:09non pas parce que je suis d'accord avec tout,
00:43:12mais parce que c'est l'intérêt de la France,
00:43:14qu'il y ait de la stabilité, du sens de la durée.
00:43:17D'une certaine façon, ce que fait Anne Jeuneté,
00:43:20c'est, justement, de tirer un fil
00:43:24entre ce qu'on a pu commencer en 2017 et ce qu'elle fait actuellement.
00:43:28Il y a une filiation très claire.
00:43:30Sur les groupes de niveau, les groupes de besoins,
00:43:32c'est compliqué. On supprime des postes d'un côté,
00:43:35on n'a pas assez de candidats de l'autre,
00:43:37et on nous dit qu'on va dédoubler,
00:43:39on va continuer à faire des groupes de niveau,
00:43:42de besoins, 6e, 5e, mais une fois par semaine,
00:43:44ça sera 4e, 3e. On a les moyens de ça ?
00:43:47Il y a une baisse démographique,
00:43:49hélas, c'est un autre sujet,
00:43:51qui fait que vous avez naturellement
00:43:53une amélioration du taux d'encadrement
00:43:55à l'école primaire, mais même...
00:43:57Parce qu'il y a moins d'élèves.
00:43:59C'est très grave, d'ailleurs.
00:44:00Je trouve que le débat démographique
00:44:03n'est pas assez abordé.
00:44:04Votre vision sur ces groupes de niveau ?
00:44:06Les syndicats disent que les mauvais restent entre eux,
00:44:09il n'y a pas d'émulation, et au contraire,
00:44:12ça fait un système à deux vitesses
00:44:13pour les plus faciles et les plus...
00:44:16Performants.
00:44:17Je revendique même d'être à l'origine de cela,
00:44:20car dans le livre que j'avais écrit en 2016,
00:44:22L'école de demain, il posait cette idée-là,
00:44:25et c'était ce qui avait vocation à s'accomplir après 2022,
00:44:28et donc c'est ce que Gabriel Attal a conclu.
00:44:31Donc faire du sur-mesure quand on le peut, c'est mieux.
00:44:34Dès lors que, ça n'est pas de la relégation d'élèves,
00:44:37mais c'est clair dans la façon dont Anne Geneté le conçoit.
00:44:40C'est des groupes entre lesquels on peut circuler.
00:44:43Il faut de la mobilité, pas des classes de niveau.
00:44:45En revanche, faire des groupes de niveau,
00:44:48ça peut avoir du sens.
00:44:49Le fait qu'on fait du sur-mesure pour chaque élève,
00:44:52non pas en l'enfermant dans un niveau,
00:44:54mais au contraire, en le tirant vers le haut en permanence,
00:44:57quel que soit son niveau de départ.
00:44:59Vous avez porté très haut la question de l'autorité,
00:45:02du respect du professeur,
00:45:04la question de la laïcité à l'école.
00:45:07On est en plein procès des adultes sur l'assassinat de Samuel Paty.
00:45:12Il y a eu sept minutes de silence.
00:45:14Est-ce qu'on progresse ?
00:45:15La chronique quotidienne des atteintes à la laïcité,
00:45:20on a vu à Montreuil une jeune fille avec une tenue inappropriée
00:45:24gifler sa professeure de gym.
00:45:27Est-ce que les formations aux valeurs de la République
00:45:30ont porté ses fruits ?
00:45:31Les profs sont-ils moins seuls et moins dans l'autocensure ?
00:45:34Il y a des éléments de régression et de progression.
00:45:37La régression est largement due à la société telle qu'elle est,
00:45:41faite de violences, de poussées de l'islamisme fondamentaliste,
00:45:44faite de différents phénomènes de société,
00:45:47faite du consumérisme des familles, parfois, vis-à-vis de l'école.
00:45:51Tous ces sujets qui viennent faire pression sur l'école
00:45:54et qui font que c'est dur pour l'école de répondre à cela.
00:45:57L'école progresse un peu dans sa façon de répondre à tout cela.
00:46:00Non pas de façon homogène et parfaite,
00:46:03mais parce que, je crois que, justement,
00:46:05depuis 2017, on a fixé des principes
00:46:07que, parfois, on voit des failles, des trous dans la raquette,
00:46:10on voit que certains personnels n'ont pas intégré cela.
00:46:13On a fait les formations auxquelles vous faites référence.
00:46:16Si on compare la manière de réagir de l'institution,
00:46:19aujourd'hui, par rapport à ce que c'était il y a encore 10 ans,
00:46:23il y a eu d'énormes progrès.
00:46:24Mais sont-ils suffisants pour compenser
00:46:26cette espèce de pression de la société sur l'école ?
00:46:29On peut en discuter.
00:46:31Le fait est qu'aujourd'hui, ce qu'on doit espérer,
00:46:33c'est que l'école ne soit pas sur la défensive
00:46:36par rapport à ces phénomènes de société,
00:46:38mais qu'elle soit à l'offensive,
00:46:40que les principes républicains qu'elle incarne
00:46:43rayonnent vers le reste de la société.
00:46:45C'est possible, et c'est ce qui se passe en partie.
00:46:47Je voudrais aussi vous faire réagir
00:46:49à cette flambée d'antisémitisme depuis le 7 octobre,
00:46:52en Europe, en France.
00:46:54Les images de ce lâchage des supporters israéliens,
00:46:57de l'équipe de foot du Maccabit et la Vive
00:47:00sont dans toutes les têtes,
00:47:02dans les rues d'Amsterdam, elles ont fait le tour du monde.
00:47:05Jeudi dernier, la présidente de l'Assemblée nationale
00:47:08a été accueillie sur le campus de l'Université de Lyon III
00:47:11par des étudiants qui scandaient
00:47:12« Brune Pivet complice », « Brune Pivet génocidaire ».
00:47:16Cet après-midi, Bruno Retailleau s'est exprimé sur le sujet.
00:47:20À quoi fait-on face ?
00:47:22Et estimez-vous que les Français juifs
00:47:25ne sont plus en sécurité dans notre pays ?
00:47:29Je pense que tout ce qui s'est passé est de la plus grande gravité,
00:47:32que c'est très significatif d'une avancée de la barbarie,
00:47:36de l'ensauvagement dans nos sociétés,
00:47:38puisque ce sujet ne concerne pas que les Juifs.
00:47:41À partir du moment où vous avez un groupe humain
00:47:44qui poursuit un être humain, souvent seul,
00:47:46à raison de ses origines,
00:47:48vous êtes dans la régression humaine la pire qui soit.
00:47:51C'est le retour à ce qu'il y a de pire dans l'humanité.
00:47:56C'est ce contre quoi s'est bâti l'Europe à partir de 1945.
00:48:00C'est ce contre quoi est bâti même notre civilisation,
00:48:04les valeurs humanistes.
00:48:05Donc, ceux qui font cela,
00:48:07ceux qui se vautrent dans l'antisémitisme...
00:48:09-..qui l'alimente, cet antisémitisme ?
00:48:12On le voit aujourd'hui dans les débats.
00:48:14On peut le dire, la France insoumise participe à cela
00:48:17de manière lamentable.
00:48:18C'est un parti politique qui a des élus
00:48:21et qui a fait le calcul que cet antisémitisme
00:48:23pouvait lui rapporter quelque chose.
00:48:25C'est gravissime.
00:48:27Comment on fait ? Je m'adresse à l'ancien recteur
00:48:29que vous êtes pour laisser à la fois dans les campus
00:48:32les étudiants manifester, c'est leur libre droit,
00:48:35contre ce qui peut se passer à Gaza,
00:48:38les crimes de guerre qui peuvent être commis parmi les civils.
00:48:41Comment on fait pour que ces étudiants-là
00:48:44puissent dire, au fond, ce qu'ils ont sur le coeur,
00:48:47s'engager, s'ils le souhaitent,
00:48:49et en même temps, ne pas laisser cette haine antisémite déferler ?
00:48:53Comment on arrive à distinguer ces deux sujets-là, aujourd'hui ?
00:48:57C'est pas demander un effort excessif
00:48:59à ceux qui peuvent être contre l'antisémitisme,
00:49:02contre le gouvernement israélien,
00:49:04ce qui est parfaitement leur droit,
00:49:06à ceux qui sont sensibles à ce qui se passe à Gaza,
00:49:09de faire la distinction entre condamner
00:49:11un gouvernement étranger et avoir des actions antisémites
00:49:16ou attaquer n'importe quelle personne juive.
00:49:19C'est catastrophique.
00:49:20Tous ceux qui participent à cette confusion sont lamentables.
00:49:24J'observe aussi que cette sensibilité
00:49:26pour ce qui se passe à Gaza, on ne la retrouve pas sur d'autres sujets.
00:49:30Vous avez tous les jours des bombardements
00:49:33qui viennent de Turquie sur le Kurdistan syrien.
00:49:36Les étudiants, ils manifestent contre ça,
00:49:38contre ceux qui sont complices de ça.
00:49:40Pourquoi cette sensibilité à géométrie variable ?
00:49:43Vous avez des blocages d'université pour les Iraniennes
00:49:46qui risquent leur vie parce qu'elles défendent la liberté des femmes.
00:49:50Pourquoi cette indignation à géométrie variable ?
00:49:53C'est une honte, en réalité.
00:49:55Cet antisémitisme larvé, ce néofascisme qui est devant nous...
00:50:00Bien sûr, l'antisémitisme est toujours la pointe avancée
00:50:03de quelque chose qui a à voir avec le fascisme.
00:50:05Si nous ne réagissons pas à la hauteur,
00:50:08alors, c'est pas que les Juifs qui sont concernés.
00:50:11C'est notre civilisation, c'est notre être au monde.
00:50:14Bien sûr, je m'empresse de dire que je dirais la même chose
00:50:17s'il y avait des personnes qui attaquent des musulmans
00:50:20à raison de leur religion, ou des chrétiens, ou des athées.
00:50:23Le sujet, c'est que personne ne doit faire l'objet de violence.
00:50:27C'est une telle évidence que c'est triste d'avoir à le rappeler.
00:50:31Nous devons être d'une radicalité absolue.
00:50:34Il n'y a pas, par exemple, de place dans notre société,
00:50:37dans notre pays, par exemple, ou même aux Pays-Bas
00:50:40ou ailleurs en Europe, pour des personnes
00:50:42qui s'adonnent à cette barbarie.
00:50:44Merci, Jean-Michel Blanquer, d'être passé sur le plateau de l'LCP.
00:50:48Vous n'êtes pas si loin de la politique.
00:50:50Aujourd'hui, vous avez...
00:50:52Pas loin de l'humanité, ces sujets-là sont fondamentaux.
00:50:55Pour les valeurs de la République, il faut lire aussi Citadelle,
00:50:59parce qu'il y a ce que vous pensez d'Emmanuel Macron,
00:51:01mais il y a aussi tout un parcours sur le ministre que vous avez été
00:51:05et aussi tous vos engagements pour l'éducation nationale
00:51:09en France et à l'étranger.
00:51:10Merci à vous. On va parler de la Nouvelle-Calédonie
00:51:13pour terminer avec nos chroniqueurs,
00:51:15LCP et du voyage de Yael Brown-Pivet et de Gérard Larcher
00:51:19dans l'archipel, reportage Clément Perrault.
00:51:22Regardez.
00:51:23Merci.
00:51:27Deuxième jour de visite en Nouvelle-Calédonie
00:51:30pour Gérard Larcher et Yael Brown-Pivet.
00:51:32Les présidents des deux chambres sont venus sur le terrain
00:51:35constater une situation assez incroyable.
00:51:38Ils sont allés dans la commune du Mont-d'Or,
00:51:40à quelques kilomètres au sud de Nouméa.
00:51:43C'est une ville qui a été coupée du monde.
00:51:45Elle n'est reliée à Nouméa que par une route
00:51:48qui a été bloquée par un barrage
00:51:50mené par des indépendantistes,
00:51:52particulièrement virulant, le barrage de Saint-Louis,
00:51:55où il y a eu de nombreux affrontements.
00:51:57Pour pouvoir relier Nouméa,
00:51:58où beaucoup de ses habitants du Mont-d'Or travaillent ou étudient,
00:52:02ils ont dû prendre tous les jours une navette spécialement affrétée,
00:52:06une traversée de 45 minutes.
00:52:07Yael Brown-Pivet et Gérard Larcher ont pris ce bateau,
00:52:10ils ont pris cette navette
00:52:12et ils ont discuté avec les usagers.
00:52:14Oui, ça a été assez dur, surtout le démarrage.
00:52:17Il n'a fait pas beau. Il a plu, il a fait froid.
00:52:20Au début, il n'y avait pas de toilettes.
00:52:22On les attend.
00:52:23Les navettes ne sont pas comme celles-là.
00:52:26Non, non, non.
00:52:27Il y a des petits zodiacs, des trucs...
00:52:30Il faut faire face.
00:52:31C'est pour ça que, nous, on avait envie d'avoir ces séquences-là.
00:52:36On ne voulait pas que notre déplacement soit uniquement basé,
00:52:39placé sous le signe des institutions
00:52:42et des échanges uniquement politiques.
00:52:44On voulait aussi faire du terrain.
00:52:46Une fois la navette parlementaire arrivée à bon port,
00:52:49Gérard Larcher et Yael Braun-Pivet
00:52:51ont à nouveau pu discuter avec des habitants du Mont-d'Or,
00:52:55particulièrement exaspérés par la situation qu'ils ont vécue.
00:52:58Certains avaient de grandes difficultés
00:53:00à trouver de quoi s'approvisionner.
00:53:02Certains n'avaient plus de gaz, ils étaient coupés du monde.
00:53:06Ecoutez ce qu'ils ont raconté.
00:53:07On a vécu un enfer, même pour aller faire nos courses et tout.
00:53:11On était agressés sur la route.
00:53:14Rien à manger, surtout quand on a des enfants.
00:53:17Devoir faire le tour, magasin par magasin,
00:53:20en espérant trouver un kilo de riz.
00:53:22Gérard Larcher et Yael Braun-Pivet ont rencontré les forces de l'ordre
00:53:26installées sur le barrage de Saint-Louis.
00:53:28C'était l'épicentre des violences.
00:53:30Il y a eu deux gendarmes tués, des échanges de tirs quotidiens.
00:53:33Gérard Larcher et Yael Braun-Pivet ont pu échanger
00:53:36avec les gendarmes qui ont vécu des temps difficiles.
00:53:39Il y a deux gendarmes qui sont décédés.
00:53:42Donc on a effectivement eu une situation à gérer
00:53:46d'une complexité folle.
00:53:47Nos forces de l'ordre ont été à la hauteur.
00:53:51Demain, dernier jour de visite pour le duo parlementaire.
00:53:54Ils vont constater les dégradations dans les entreprises,
00:53:57les conséquences économiques de cette crise.
00:54:00Ils vont aussi se rendre à la prison de Nouméa,
00:54:03considérée comme celle la plus délabrée de France.
00:54:06Et pour essayer d'analyser cette visite
00:54:09des deux visages du Parlement français en Nouvelle-Calédonie,
00:54:13deux bons connaisseurs de l'archipel, Arthur Delaporte.
00:54:16Député socialiste du Calvados et Patrick Roger,
00:54:19journaliste des années au monde,
00:54:21auteur de Nouvelle-Calédonie, La tragédie aux éditions du Serre.
00:54:24Pourquoi ce n'est pas l'Etat ?
00:54:26Est-ce que c'est mieux que ce ne soit pas l'Etat ?
00:54:29Deux parlementaires, deux élus indépendants de l'exécutif
00:54:32pour essayer de concilier, de faire que tout le monde se parle.
00:54:35C'est plutôt une bonne nouvelle,
00:54:37et en tout cas, c'est plutôt bien reçu,
00:54:39parce que l'Etat a fauté.
00:54:41Les gouvernements successifs d'Elisabeth Borne
00:54:44puis de Gabriel Attal ont refusé de gérer le dossier
00:54:46au niveau primo-ministériel et ont perdu ce qui était attendu
00:54:50par les Calédoniens dans le sujet, une forme d'impartialité,
00:54:53de neutralité de l'Etat en proposant une réforme constitutionnelle
00:54:57qui n'était pas consensuelle localement.
00:54:59C'est ce qui a mis le feu aux poutres,
00:55:01qui a créé cette situation insoutenable avec un archipel
00:55:04qui est dans une situation de pauvreté galopante,
00:55:07avec des milliers de personnes au chômage,
00:55:09des entreprises détruites, plus de 6 000,
00:55:12demain, peut-être des meutes de la faim.
00:55:14On est dans une situation grave,
00:55:16avec des enfants qui ne vont plus à l'école,
00:55:18des internats confermés, des parents qui ne peuvent plus payer
00:55:21les transports scolaires ou la cantine,
00:55:24et des collectivités locales qui disent à l'Etat
00:55:26qu'on doit couper dans les aides sociales,
00:55:28donc des personnes qui quittent leur logement.
00:55:31C'est une situation très compliquée.
00:55:33Il y a des attentes fortes, notamment d'un investissement
00:55:36très important pour la reconstruction,
00:55:39pour que les collectivités puissent gérer les affaires.
00:55:42Elles ne peuvent plus assurer leurs dépenses.
00:55:45Est-ce que c'est le préalable, la reconstruction,
00:55:48avant d'essayer de recoudre un processus institutionnel
00:55:51et politique de négociation collective ?
00:55:53Tout est lié.
00:55:54Tout est lié.
00:55:57Il y a à la fois la reconstruction sociale, économique,
00:56:03et puis renouer le dialogue politique,
00:56:10et aussi, encore plus, peut-être,
00:56:13renouer des liens communautaires, intercommunautaires,
00:56:19qui ont été brisés. C'est ça, le plus grave.
00:56:21Entre indépendantistes et loyalistes ?
00:56:23Et c'est pour ça que, je veux dire,
00:56:26le déplacement des deux présidents des assemblées...
00:56:32Je dis pas que ça va être la recette miracle,
00:56:35une baguette magique, mais c'est bien de mettre des mots
00:56:39sur les mots
00:56:41et d'arriver à identifier les causes.
00:56:44Peut-être que c'est là où j'aurais une légère divergence
00:56:47avec Arthur Delaporte.
00:56:49Situation complexe, ça veut dire que les responsabilités, aussi,
00:56:55sont complexes et sont multiples.
00:56:57Quand Arthur Delaporte pointe l'Etat,
00:56:59qui a commis des maladresses, un manque d'impartialité...
00:57:02Les responsabilités sont bien évidemment partagées.
00:57:05Et c'est là...
00:57:06Les loyalistes et les indépendantistes
00:57:08sont à l'origine des violences.
00:57:10Oui, parce qu'il faut pas l'oublier.
00:57:12J'ai l'impression, parfois, quand j'entends les débats
00:57:15à l'Assemblée nationale ou au Sénat,
00:57:18dire que l'Etat, le président de la République,
00:57:20est le seul responsable des émeutes
00:57:23depuis le 13 mai.
00:57:25Non, c'est beaucoup plus complexe que cela.
00:57:28C'est beaucoup plus complexe.
00:57:29Et c'est pour ça que c'est toute la difficulté, aussi,
00:57:33de cette mission parlementaire.
00:57:35C'est comment remettre autour de la table
00:57:38des partenaires qui, depuis deux ans et demi,
00:57:42n'arrivent plus à se causer tous ensemble.
00:57:45Et c'est là, la complexité.
00:57:48Arthur Delaporte.
00:57:49Je pense qu'on est plutôt d'accord là-dessus.
00:57:51L'enjeu de cette mission parlementaire
00:57:54avec les deux présidents de chambre,
00:57:56c'est de montrer qu'il y a aussi de l'espace pour le dialogue
00:57:59et que cette pluralité, les deux chambres,
00:58:01les députés dans leur ensemble qui ont voté
00:58:04pour accompagner la reprise du dialogue.
00:58:06Mais c'est aussi ce que disent tous les acteurs locaux.
00:58:09Ils reconnaissent leur part de responsabilité
00:58:12dans ce qui s'est produit.
00:58:13C'est pas l'Etat qui s'est mis à caillasser des gendarmes.
00:58:17C'est pas l'Etat qui s'est mis
00:58:19à toute cette folie de violence.
00:58:22Evidemment que non.
00:58:23Mais il y a une responsabilité dans le milieu de l'Etat.
00:58:27C'est la partie la plus radicale du camp canaque indépendantiste.
00:58:30Les loyalistes ont durci le ton et ont contribué
00:58:33à l'accompagner. L'Etat n'a pas joué son rôle de médiateur.
00:58:36Il a un rôle dans le déclenchement de cette crise.
00:58:39Il faut mettre tout ceci derrière nous
00:58:41et se dire comment on contribue à accompagner,
00:58:44je parle en tant que député, les Calédoniens
00:58:46pour reprendre le chemin du dialogue.
00:58:48Ce que fait Yael Broun-Pivet et Gérard Larcher aujourd'hui,
00:58:52ça va dans ce sens.
00:58:53Ca va dans le sens d'une médiation.
00:58:55On est vraiment dans le sens vraiment parfait
00:58:59du mot médiation, parce qu'ils ne sont pas directement acteurs,
00:59:02ils vont faire en sorte que les acteurs se reparlent.
00:59:05Ils sont respectés par tout le monde
00:59:07parce qu'ils connaissent bien le dossier,
00:59:09parce qu'ils représentent les assemblées.
00:59:12Ils vont essayer de faire en sorte...
00:59:14Je vais me faire gronder.
00:59:15Est-ce que c'est maintenant une nouvelle méthode possible ?
00:59:18On va parler du corps électoral,
00:59:20mais on va aussi en même temps parler d'un accord plus global
00:59:23sur la question institutionnelle ?
00:59:25Bien évidemment. Encore une fois, je vous répète,
00:59:28tout est lié.
00:59:29On va entrer dans une période très complexe.
00:59:33Encore une fois,
00:59:35oui, il faut lier l'ensemble des choses.
00:59:39Peut-être que les présidents des assemblées
00:59:42seront se liant, je l'espère.
00:59:44Merci beaucoup pour ce décryptage.
00:59:46On écoutera Yael Broun-Pivet au micro de Clément Perbaud
00:59:50pour une interview exclusive demain
00:59:52depuis la Nouvelle-Calédonie.
00:59:54Merci beaucoup. Merci pour la concision.
00:59:56Très belle soirée sur LCP.
00:59:58À demain, même lumière, même heure.

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