Marine Le Pen assure que le RN votera la censure contre le gouvernement Barnier "si le pouvoir d'achat des Français est amputé" par le budget. Les députés du Rassemblement National pourraient, avec la gauche, faire tomber le gouvernement en décembre, lors du retour du budget à l'Assemblée nationale, si les revendications de leur parti ne sont pas entendues. Écoutez le sentiment de Éric Coquerel, député LFI de la Seine-Saint-Denis, président de la commission des finances.
Regardez L'invité de Yves Calvi du 20 novembre 2024.
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00:00RTL Soir. Yves Calvi et Agnès Bonfillon.
00:03Il est 18h20, bonsoir Eric Coquerel.
00:06Bonsoir.
00:07Bienvenue sur RTL, vous êtes député France Insoumise de Seine-Saint-Denis
00:10et vous présidez par ailleurs la commission des finances de l'Assemblée Nationale.
00:13Vous voulez faire tomber le gouvernement main dans la main avec le Rassemblement National ?
00:17Non, nous on veut faire tomber le gouvernement sur nos bases.
00:20On a déjà montré qu'on était capable de transformer le budget de ce que j'ai appelé NFP compatible,
00:26c'est-à-dire chercher les recettes du côté des ultra-riches et des grandes entreprises.
00:29Et après c'est le Rassemblement National qui est libre de savoir s'il veut continuer à être la béquille de ce gouvernement
00:35comme il l'a été depuis quelques semaines ou s'il entend le faire tomber en votant pour notre motion de censure.
00:41Mais si tel était le cas, ça ne vous gêne pas de mener cette opération politique avec Marine Le Pen ?
00:46Ecoutez, je ne pense pas que ça gêne aujourd'hui le clan gouvernemental de refuser la suppression de l'ISF
00:53avec les voix du Rassemblement National ou la suppression de la flat tax.
00:57Donc ce n'est pas comme ça que se discute un débat parlementaire.
01:01On fait des propositions sur nos bases, c'est important à savoir, et après les députés choisissent.
01:06Moi ce qui me gênerait c'est que ce budget soit adopté parce que je pense qu'il est très mauvais pour le pays,
01:13il ne règle aucune situation et donc ça veut dire qu'il faut faire tomber le gouvernement.
01:17C'est ça mon objectif, mon objectif n'est pas politicien avant tout.
01:21Faire tomber le gouvernement, on a envie de vous dire très bien, c'est la démocratie qui s'exprime.
01:25Mais pourquoi faire ?
01:27Pour proposer par exemple la politique que nous avons réussi à faire adopter dans le budget par voie d'amendement.
01:35D'ailleurs ça a été finalement rejeté pour l'instant par une coalition au moment où on se part entre le clan gouvernemental
01:41et le Rassemblement National et non l'inverse.
01:44C'est-à-dire à trouver des recettes dont le pays a besoin.
01:47On avait trouvé 75 milliards d'euros de recettes en ne touchant qu'aux ultra riches et très grandes entreprises
01:53et pour réduire les déficits et permettre par exemple de budgéter la bifurcation écologique,
01:58les besoins sociaux en matière d'éducation, de santé, etc.
02:02Donc c'est une toute autre politique que celle qui nous est proposée depuis des années
02:06et dont on voit qu'elle échoue, elle échoue même devant le suffrage universel.
02:09On ne veut pas dire que le pays se porte très bien en ce moment.
02:12Tout ce que vous venez de nous dire était parfaitement, on peut l'entendre,
02:16mais on a l'impression que vous êtes prêts à provoquer un chaos démocratique
02:20et est-ce que la situation du pays n'est pas assez compliquée comme ça ?
02:23Écoutez, celui qui a provoqué un chaos démocratique, il habite l'Elysée.
02:26Il ne faut pas se tromper de scénario.
02:30C'est lui qui a choisi de dissoudre.
02:32Il a choisi ensuite, parce que le résultat des élections ne le satisfaisait pas,
02:35de nommer un gouvernement qui n'a même aucune majorité.
02:38Enfin, c'est même pire que ça.
02:39C'est-à-dire que les députés qui aujourd'hui soutiennent M. Barnier,
02:42il faut que vos éditeurs le sachent, c'est une armée en déroute.
02:44Elle est divisée, elle n'est pas mobilisée.
02:47Elle tire à Hue et à Dia.
02:48Donc, c'est lui qui a fait ce choix-là.
02:50Donc, il a un autre choix possible.
02:52C'est de nommer un gouvernement nouveau front populaire.
02:54Et dans ces cas-là, nous ferons la démonstration que nous venons de faire en première lecture.
02:58C'est que nous sommes capables de faire adopter le projet,
03:01le programme qui est arrivé en tête, d'ailleurs législative.
03:04Je pense qu'au niveau démocratique, ça sera un peu meilleur que ce qui se passe aujourd'hui.
03:08Alors, abrogation de la réforme des retraites.
03:10Vous voulez même supprimer la réforme Touraine.
03:12Ça ne va pas plaire à vos amis socialistes.
03:14Écoutez, ils ont quand même voté l'article qui le proposait.
03:16Donc, je constate que...
03:20Et l'article, ils ont voté ce matin en commission la proposition de loi.
03:24Donc, ça ne doit pas les gêner tant que ça.
03:26Peut-être que c'est parce que c'est l'héritage aussi d'un parti socialiste d'antan,
03:30celui de M. Hollande, qui nous a donné M. Macron.
03:33Et non pas peut-être le parti socialiste tel qu'il est aujourd'hui.
03:35Moi, je dis tant mieux.
03:37Si le parti socialiste depuis, notamment le nouveau front populaire,
03:40renoue avec des valeurs de gauche, moi, ça me va très bien.
03:42Et ce matin, c'est ce qui s'est passé.
03:44Donc, c'est un fait important.
03:46Rendez-vous compte que, pour la première fois,
03:48nous avons voté l'abrogation de la réforme des retraites.
03:50Et qu'à partir de maintenant, elle est en sursis.
03:52Mais vous nous dites, ce soir, nous sommes prêts
03:54et nous avons un programme pour prendre le pouvoir dans notre pays.
03:57Bien sûr.
03:58D'ailleurs, encore une fois, nous l'avons montré.
04:00Vraiment, j'insiste.
04:01C'est qu'à la fin de la première lecture du budget,
04:04tous les amendements que nous avons votés,
04:06toutes les recettes, figurez-vous,
04:08et ça, le gouvernement a été obligé d'en convenir.
04:10Dans son article dit d'équilibre, celui qui donne les chiffres,
04:12on a amené le déficit en dessous de 3%.
04:15C'est-à-dire qu'on a fait mieux qu'eux en termes de déficit.
04:18Et on a libéré des marges pour justement investir,
04:20notamment dans les plusieurs questions écologiques.
04:22Donc, si ce n'est pas être capable de gouverner le pays,
04:24qu'est-ce que c'est ?
04:25Par contre, on a en face de nous des gens
04:27qui ont augmenté le déficit,
04:28qui augmentent à nouveau le chômage,
04:30on voit qu'il y a des plans de licenciement à peu près partout,
04:33et qui n'ont rien pu faire en matière de transition écologique.
04:36Je pense que nous avons un programme plus réaliste que le leur.
04:38L'un de vos députés, Thomas Porte,
04:40vient d'être sanctionné par le bureau de l'Assemblée nationale
04:42pour des propos menaçants et insultants tenus dans l'hémicycle.
04:45Un rappel à l'ordre avec inscription au procès-verbal.
04:47C'est mérité ?
04:49Ecoutez, moi je ne sais pas.
04:51Est-ce qu'il faut qu'il apprenne à se tenir ?
04:53C'est ça la question.
04:54Il faudrait peut-être que d'abord apprennent à se tenir
04:56ceux qui, ce jour-là, l'ont provoqué, nous ont provoqué,
04:59en nous traitant d'islamistes, de partisans des terroristes, etc.
05:03C'est-à-dire de leur Assemblée nationale.
05:05Tout ça, c'est rarement entendu dans l'Assemblée nationale
05:07et vous conviendrez que c'est insultant.
05:09On a le droit de ne pas vouloir être calomnié, insulté,
05:12en permanence, de ce point de vue-là.
05:14Il a réagi à sa manière.
05:16C'est une sanction qui est, somme toute, pour l'instant minime.
05:23Et heureusement.
05:24Mais j'aimerais que ceux qui l'ont provoqué
05:26et ceux qui nous agonisent de calomnie
05:28soient tout autant sanctionnés.
05:33La création d'un groupe d'amitié France-Palestine
05:35a donc été actée aujourd'hui à l'Assemblée nationale.
05:37Pourquoi faire ?
05:39Eh bien, j'allais dire pour déjà réparer une injustice,
05:43parce que vous savez que le Sénat l'avait fait depuis maintenant plus de 20 ans
05:46et qu'on voit bien que, comme par exemple le Québec,
05:49il y a un groupe d'amitié France-Québec à l'Assemblée nationale,
05:52la Palestine, en termes de reconnaissance de l'ONU,
05:55en termes d'État que l'ONU souhaite voir naître,
06:00avait toutes les caractéristiques pour qu'il y ait un groupe d'amitié à l'Assemblée.
06:04Donc on répare une injustice.
06:05Mais surtout, je trouve que dans la période très sombre,
06:07absolument abominable que vit aujourd'hui le peuple palestinien,
06:10c'est un rayon d'espoir, un rayon de lumière.
06:13Et que ça pourrait préfigurer par la suite
06:15le fait que la France reconnaisse l'État de Palestine de manière unilatérale.
06:19Donc vous nous dites que c'est une main tendue vers la Palestine ?
06:21Clairement, c'est une main tendue vers la Palestine,
06:24un soutien dans la situation qu'ils vivent et qu'ils subissent aujourd'hui
06:29de la part du gouvernement de M. Netanyahou.
06:31Et surtout, je vous dis, c'est un pas de plus, une pression
06:33pour que la France, maintenant, reconnaisse la Palestine
06:36comme l'ont fait plusieurs États dans le monde.
06:38Merci Éric Coquerel, député France Insoumise de Seine-Saint-Denis
06:41et président de la Commission des Finances de l'Assemblée,
06:43d'avoir pris la parole en direct sur RTL.
06:45Dans un instant, le journal de 18h30, bien entendu.
06:48Puis nous nous demanderons ce qui se passe dans les mers du nord de l'Europe.
06:51Câbles sectionnés, sous-marins étranges,
06:54suspicions de sabotage et l'ombre de la Russie qui plane.
06:57Le spécialiste Guillaume Laganne sera avec nous pour tout nous expliquer.
07:00A tout de suite !