• il y a 12 heures
L'examen du projet de loi de finances pour 2025 débute à l'Assemblée. Écoutez l'interview de Éric Coquerel, député LFI de la 1re circonscription de Seine-Saint-Denis, président de la Commission des Finances à l'Assemblée nationale.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 21 octobre 2024.

Category

🗞
News
Transcription
00:00Et tout de suite, l'invité de RTL Matin. Alors que le budget arrive aujourd'hui en débat dans l'hémicycle,
00:07vous recevez Thomas-Éric Coquerel, député LFI de Seine-Saint-Denis et président de la Commission des Finances à l'Assemblée.
00:12Bonjour et bienvenue sur RTL, Éric Coquerel. Vous n'en avez pas marre, vous ?
00:15De quoi ?
00:17Je n'ai pas marre de voir des partis qui ne sont que des caricatures, des députés de tous bords qui ne sont que dans les postures
00:22et au final, une assemblée qui pédale dans la smoule et rien qui n'avance.
00:25Non, je vous trouve injuste. Pourquoi ?
00:27Parce que pour les gens qui ont suivi la Commission, les débats étaient de qualité. On était en désaccord.
00:32Il y a un problème, mais qui n'est pas le nôtre, qui est celui de M. Macron.
00:36C'est qu'il a nommé Michel Barnier qui est appuyé sur une majorité qui n'en est pas une,
00:42qui est complètement éclatée, on l'a vu pour la Commission, qui est divisée entre elles.
00:46Bon, du coup, ils ne peuvent pas faire passer le budget.
00:48Mais ça, c'est, j'allais dire, ça c'est les conséquences du choix de M. Macron quand il n'a pas respecté les suffrages de Verselles en juillet.
00:54C'est la même chose dans l'autre sens.
00:55Non, pas vraiment, non.
00:56La majorité aurait été relative de la même manière.
00:57Eh bien oui, mais à la différence, c'est qu'on a prouvé depuis une semaine que nous avions une majorité potentielle pour notre programme.
01:03Après, le choix politicien des uns et des autres de voter une motion de censure ou autre, c'est une chose.
01:08Mais par contre, nous avons, dans la Commission, fait adopter et avec d'autres forces, je pense au MoDem notamment,
01:15nous avons fait voter pour 60 milliards d'euros, où on a pris uniquement aux grandes entreprises multinationales,
01:20aux très riches, aux niches fiscales, et on a commencé à reverser pour tous les Français.
01:24Et ça, c'est une démonstration.
01:26Et ça a été rejeté.
01:27Et ça a été rejeté.
01:28Donc ça ne sert à rien.
01:29Donc tout ce qui s'est passé la semaine dernière ne sert à rien.
01:30On repart à zéro ce soir dans l'hémicycle.
01:32Mais de toute façon, Thomas Soto, comme vous suivez la vie parlementaire, vous savez très bien que quand on retourne à l'hémicycle,
01:37de toute façon, c'est avec le budget initial.
01:38Là, on a fait une démonstration.
01:40Et cette démonstration, à mon avis, c'est ce qui inquiète Michel Barnier.
01:43Parce qu'il sait très bien que dans l'hémicycle, ça va recommencer.
01:45On va être à nouveau majoritaire.
01:46Il n'y a pas de raison qu'on ne soit pas sur les mêmes amendements.
01:48Donc on va détricoter son budget.
01:50Qu'est-ce qu'il fera dans ces cas-là ?
01:52Il pourrait décider que finalement, il co-construit avec l'Assemblée.
01:55C'était ses mots.
01:56Vous vous rappelez.
01:57Bon là, manifestement, comme les amendements ne lui plaisent pas, on y est passé à autre chose.
02:00Il dit que c'est devenu insoutenable des dizaines de milliards d'impôts supplémentaires qui conduiraient à fragiliser nos entreprises
02:05et le pouvoir d'achat de nos concitoyens.
02:07Les citoyens méritent du sérieux et de la responsabilité.
02:09C'est ce qu'il disait hier dans le Journal du Diable.
02:10C'est insupportable pour les très riches et ses amis, manifestement.
02:13Parce qu'il faut comprendre qu'on a repris quelques milliards, des dizaines, voire des centaines de milliards
02:19que Emmanuel Macron, soit par la fiscalité, soit par une logique économique, a distribué aux très riches.
02:25Et c'est documenté.
02:26Ce que je vous dis, c'est documenté.
02:27Considérez que les 500 plus riches personnes de ce pays ont vu leur patrimoine passer de 25% de la richesse nationale en 2017
02:37à aujourd'hui 42%.
02:39Jamais on n'a vu des inégalités se développer pareilles.
02:41Donc on a été récupérer quelques milliards.
02:43Peu de choses, ce n'est pas l'enfer, c'est juste un purgatoire.
02:46Et au contraire, on a commencé à les redistribuer aux Français,
02:49notamment en supprimant l'augmentation de la taxe électrique qui était prévue par le gouvernement
02:54et puis en réduisant la TVA sur des produits de première nécessité par un point en Outre-mer et autres.
02:58Donc au contraire, on a fait oeuvre inverse à ce que dit M. Arnabé.
03:01C'est quoi la suite ? Il va se passer quoi là, Eric Coquerel ?
03:03Il y aura une motion de rejet que vous allez présenter aujourd'hui ?
03:05Oui, mais on sait qu'elle ne passera pas.
03:07Et on n'a pas envie qu'elle passe, pour tout vous dire.
03:09On va l'utiliser. Je vous explique.
03:11Ne faites pas ça. On va utiliser le temps.
03:13Mais je reviens à ma question au début, vous n'en avez pas marre.
03:15Vous nous dites, on va poser une motion de rejet, on sait qu'elle ne va pas passer.
03:18On sait qu'elle ne va pas passer. Le Rassemblement National a dit qu'il ne la voterait pas.
03:21Donc elle ne va pas passer. Nous, de toute façon, on veut le débat.
03:23On veut le débat parce qu'on sait qu'on est majoritaire pour faire passer les amendements.
03:25Et puis on ne veut pas faire le cadeau au gouvernement de pouvoir passer directement un budget au Sénat
03:30et puis de ne pas avoir recours au 49.3.
03:32Parce que s'il y a 49.3, il y a motion de censure.
03:34Et là, il y a une chance d'arrêter les frais.
03:36Donc vous voulez le débat, mais vous déposez une motion qui est là pour empêcher le débat.
03:40On pose une motion parce qu'il faut comprendre qu'elle nous donne 10 minutes de temps de parole
03:43et que ce n'est pas trop pour justement arriver à expliquer en quoi ce budget est mauvais.
03:47Mais pour comprendre les choses, cette motion ne sera pas votée.
03:51Donc on va débattre. Nous, on veut débattre.
03:53On ne veut pas bloquer le débat, comme j'ai entendu M. Barnier le faire, le dire.
03:56Et on veut faire en sorte de pousser le gouvernement soit à accepter sa défaite,
04:00parce qu'on gagnera la fin, soit à mettre un 49.3 qui nous permettra de faire une motion de censure.
04:05Et on verra bien ce que fait l'ERN dans ces cas-là.
04:07L'objectif, c'est vraiment de faire tomber le gouvernement sur ce budget ?
04:09Bien sûr, parce que c'est un budget qui est très mauvais pour les Français.
04:12Cette politique économique qui vise depuis 2017 à favoriser les revenus capitals,
04:17soi-disant pour ruisseler sur l'économie, il n'y en a pas trace.
04:19C'est une politique qui doit s'arrêter.
04:21On doit redistribuer l'argent.
04:23On doit faire une réforme fiscale en faveur de 90% des Français.
04:27Et puis, on doit aussi, au-delà de réduire le déficit, investir.
04:30Considérez qu'au niveau écologique, c'est une catastrophe.
04:33Il manquera 50 milliards d'investissement de l'État en 2030,
04:37pour ne serait-ce qu'atteindre les objectifs climatiques.
04:41Et croyez-moi, je pense que la dette écologique, elle est bien plus dramatique que la dette financière.
04:45Éric Coquerel, pour retrouver un peu d'oxygène, pour remplir ses caisses,
04:48l'État doit-il vendre ses bijoux de famille ?
04:50Non, bien sûr que non.
04:51Et là, c'est la suggestion de Gérald Darmanin et d'Olivia Grégoire.
04:54C'est une démonstration pédagogique.
04:57Parce que si on baisse les dépenses publiques, et si on baisse les dépenses sociales,
05:01évidemment, c'est une petite austérité,
05:04mais c'est fait aussi pour que certains Français aillent chercher dans le privé
05:07ce que l'État leur permettait d'avoir gratuitement, ou en tout cas, à peu de frais.
05:12Donc, c'est un transfert vers le privé de services publics et autres.
05:18Et cette privatisation voulue par certains, c'est la démonstration.
05:21L'État possède 180 milliards dans des entreprises cotées, et il dit vendons-en 10%.
05:26Oui, je refuse qu'on privatise l'État.
05:29Parce que je pense que le but final, c'est de passer une partie de l'éducation, de la santé, tout ce qui rapporte.
05:36Ce n'est pas le sujet, on parle de la FDJ, on parle de Orange, on parle de Stellantis.
05:39Est-ce que l'État a besoin d'être actionnaire de Stellantis aujourd'hui ?
05:42Je pense que l'État a besoin d'être actionnaire d'un secteur stratégique comme celui de l'automobile,
05:47qui, on le voit, est en crise. Je pense que c'est bien que l'État soit actionnaire.
05:51En plus de ça, en général, ça lui rapporte plutôt ses actions plutôt que de les vendre.
05:55Parce que je vous fais remarquer que les dividendes et les bénéfices de ses actions sont plus importants en général que le fruit de la vente.
06:01C'est la bêtise qu'on avait failli faire avec les aéroports.
06:04On avait failli vendre pour 10 milliards nos actions, alors même que les intérêts nous permettent de gagner plus.
06:12Donc c'est bien une logique idéologique qui est transférée au privé des choses que le public normalement assure.
06:17Est-ce que l'État a raison d'entrer au capital du groupe qui fabrique le Doliprane ?
06:21Moi je pense même qu'il faut nationaliser.
06:23Nationaliser ?
06:24Oui, il faut nationaliser.
06:25Sanofi ?
06:26Non, pas Sanofi. Je parle de Orpella qui est la société filiale.
06:30Pourquoi ? Parce qu'on voit bien avec l'histoire de Doliprane que le médicament, ce n'est pas un bien comme un autre.
06:35Ce n'est pas un bien qui peut être soumis aux intérêts uniquement du marché, des actions à court terme, etc.
06:40Il faut faire en sorte qu'on ait une souveraineté, chacun le comprendra, sur les médicaments essentiels.
06:44Donc il faut un pôle public du médicament, peut-être pas tous les médicaments, mais il faut un pôle public du médicament
06:50pour assurer ne serait-ce que nous ayons les médicaments nécessaires à la santé des Français.
06:55Donc je pense qu'il serait bien de visualiser la nationalisation d'Orpella.
06:58Et du coup ça ne va pas ranger les finances publiques ?
07:00Peut-être, mais peut-être qu'à terme c'est peut-être un investissement rentable.
07:03Parce que figurez-vous quand tout d'un coup on se retrouve sans Doliprane,
07:07même il y a quelques années, parce qu'on ne fabriquait même plus les Doliprane à un moment donné,
07:11et que manifestement c'est un problème de santé, je pense qu'à court terme c'est mauvais.
07:15Puis réfléchissez bien une chose, qu'est-ce qui permet d'acheter le Doliprane ?
07:18Qu'est-ce qui fait le chiffre d'affaires du Doliprane ? C'est la sécurité sociale.
07:22C'est-à-dire que tous, c'est nous en commun qui produisons l'argent pour pouvoir acheter les médicaments
07:29et des gens font des bénéfices dessus, c'est peu acceptable.
07:32La dernière question, parmi les entreprises qui font plus d'un milliard de chiffre d'affaires
07:35et qui devraient donc payer la contribution exceptionnelle, il y a Amazon.
07:38Le patron d'Amazon France sera l'invité d'Amandine tout à l'heure à 8h15.
07:41Vous lui dites quoi ce monsieur ?
07:43Je lui dis qu'il est peut-être temps de payer ce qu'il doit à l'État français, c'est-à-dire des impôts normaux.
07:48Pourquoi voudriez-vous que le petit commerçant lui paye ses impôts et que des entreprises de ce type,
07:53par des prix de transfert, par des optimisations fiscales, payent finalement peu d'impôts dans ce pays ? C'est anormal.
07:59Mais on peut cohabiter dans ce pays avec aussi des gens comme Amazon.
08:02Il y a 24 000 emplois salariés en France Amazon.
08:04Oui, mais à partir du moment où il accepte les règles qui s'appliquent à toutes les entreprises françaises.
08:09Quelle est la morale, quelle est la logique qui voudrait que ces entreprises-là échappent à l'impôt ?
08:14Est-ce que c'est parce qu'ils font moins de bénéfices ? Non.
08:16C'est parce qu'ils peuvent jouer avec des prix de transfert en déclarant des bénéfices
08:20là où ça les arrange dans les pays à fiscalité privilégiée.
08:22C'est d'ailleurs pour ça qu'on a fait passer une taxe, la taxe dite Zucman du non économiste,
08:26qui rapporterait 26 milliards et qui permettrait de regarder là où les bénéfices se font
08:31pour finalement payer l'impôt normal dans le pays où vous faites vos richesses.
08:35Merci Eric Coquerel. Il y a donc de la morale en politique.
08:37Bien sûr, bien sûr il y a de la morale.

Recommandations