Éric Coquerel, député LFI-NFP de Seine-Saint-Denis et président de la commission des finances, était l'invité d'Apolline de Malherbe dans le Face à Face sur RMC et BFMTV. Il réagit sur les débats sur le budget 2025 à l'Assemblée nationale.
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00:00Il est 8h32 et vous êtes bien sur RMC et BFM TV. Bonjour Éric Coquerel, merci d'être dans ce studio pour répondre à mes questions, d'autant plus que votre temps est compté.
00:09Vous étiez hier soir jusqu'à minuit dans l'hémicycle, vous y serez à nouveau à partir de 9h ce matin. Vous êtes le personnage central dans la série Budget qui se joue en ce moment même à l'Assemblée.
00:20Dans l'hémicycle, vous êtes d'ailleurs carrément assis à côté du ministre de l'Économie et du ministre du Budget. Vous êtes bien sûr le député de la France Insoumise de Seine-Saint-Denis,
00:28président de la Commission des Finances. Vous avez déclaré hier que le gouvernement a deux options, le 49-3 ou laisser pourrir les débats. Qu'est-ce qu'il y a de mieux entre les deux ?
00:39Pour eux, je pense que c'est de laisser pourrir les débats s'ils y arrivent. C'est-à-dire, pour bien comprendre, s'ils laissent pourrir les débats, à la fin du fin, le texte, en préalablecture, s'il n'est pas voté,
00:48il part au Sénat dans sa version initiale. – Et il n'y a pas de vote. – Et il n'y a pas de vote. – Donc c'est le même effet que le 49-3, mais sans avoir à sortir le carton 49-3.
00:56– Oui, et sans risque de motion de censure. Donc ils peuvent évidemment être tentés par ça. Alors la difficulté, c'est que, et on compte bien continuer, pour l'instant, ils accumulent
01:04défaites sur défaites quand même, globalement, sur des amendements qui sont proposés principalement par le Nouveau Front Populaire, mais pas que. Il y a des groupes de la majorité
01:12comme le MoDem, la majorité avec des gros guillemets. – Oui, on a bien compris que cette majorité, elle était de plus en plus fragmentée. Vous vous glissez aussi dans ces brèches, évidemment.
01:22– Et donc, si tous les jours, ils ont une série de défaites qui montrent qu'en réalité, ils sont incapables de faire passer leur budget, je pense qu'au bout d'un moment, c'est un peu compliqué
01:30d'accumuler ça. Mais ils peuvent être tentés de le faire. À la fin du fin, il faudra bien un vote quand même. – Alors je voudrais bien qu'on comprenne, parce qu'au fond, depuis quelques jours,
01:37nous sommes tous, alors évidemment, plus encore nous-mêmes qui sommes vraiment plongés, évidemment, dans cette actualité, mais je crois que globalement, tous les Français
01:46se sont à la fois particulièrement intéressés au contenu de vos débats, c'est-à-dire la question du doublement ou non d'un certain nombre de taxes, la question du retour ou non de l'ISF,
01:56la question des impôts sur les très grands revenus. Tout cela, on a tous bien compris. Et puis, il y a un autre aspect. – Ce qui est très positif, d'ailleurs.
02:03– Et il y a un autre aspect, effectivement, parce que les Français s'emparent du débat, mais il y a un autre aspect qui est aussi très complexe et qui se rajoute à tout cela,
02:10qui est la question de la procédure du fonctionnement de l'hémicycle. Ce que vous évoquez à l'instant, c'est l'article 47 de la Constitution. Donc il faut bien l'avoir en tête.
02:20Le 49.3, ça, je crois qu'on maîtrise. Le 47, c'est l'idée qu'effectivement, l'Assemblée nationale doit se prononcer sur une loi de finances dans un délai de 40 jours.
02:27Donc quand vous dites « laisser pourrir les débats », l'idée, c'est que si ça dure plus de 40 jours, effectivement, il n'y a pas de vote.
02:34Ça part directement au Sénat. Et le Sénat étant largement plus favorable à cette petite majorité fragile, effectivement, ce serait plutôt de bon augure pour eux.
02:43Éric Coquerel, est-ce que vous avez des signaux ? – Vous voyez le président de la Commission des finances. – Oui, j'ai bossé, j'ai bossé.
02:47Éric Coquerel, est-ce que ça veut dire que vous voyez aussi des signaux de cette option-là ? – Oui, bien sûr. – Vous le voyez à quoi ?
02:53– Je le vois principalement parce que figurez-vous que traditionnellement, ceux qui déposent les amendements dans un budget ou dans une loi, c'est l'opposition.
03:01Parce que la majorité est du côté du gouvernement, donc ils ne cherchent pas beaucoup bouger le texte.
03:05Et bien là, figurez-vous, près de la moitié des amendements viennent des groupes gouvernementaux.
03:10– Donc c'est des amendements de… c'est comme des ralentisseurs. – Voilà, moi je pense que c'est un peu des ralentisseurs.
03:14Et principalement d'ailleurs… – Pour qu'on atteigne les 40 jours.
03:16– Voilà, tous n'ont pas la même responsabilité parce que principalement, c'est EPR, les macronistes pour aller vite, et les autres sont la droite républicaine.
03:22– Ça veut dire qu'ils font leurs propres obstructions ?
03:25– Bah écoutez, on va voir là maintenant, parce que nous on essaie, on a mis beaucoup moins d'amendements.
03:29Quand je dis nous, c'est le Nouveau Front Populaire, mais le Rational aussi en a mis très peu.
03:34On va essayer d'en retirer, je vous le dis, on va travailler… – Vous allez retirer des amendements ?
03:38– Oui, on va essayer de retirer des amendements. – Ça c'est très intéressant, c'est rare.
03:41– Pour essayer justement de déjouer cette espèce de piège, de faire en sorte qu'on puisse s'exprimer et qu'on puisse aller jusqu'au vote.
03:47– Vous n'allez garder que les amendements auxquels vous tenez particulièrement ? – Voilà, c'est ce qu'on va essayer de faire.
03:51– Il y a tous les amendements sur la question de l'ISF, sur la question de l'imposition des multinationales par exemple,
03:58en fonction des profits réellement réalisés en France et dans d'autres pays à fiscalité privilégiée.
04:03Vous avez la question des amendements par exemple sur les collectivités locales,
04:09vous savez qu'ils sont lourdement impactés par ce budget.
04:14– On leur demande 5 milliards d'euros d'économie. – Ouais, 5 milliards d'économie.
04:18Vous avez quand même pas mal d'amendements, mais l'idée par exemple ça peut être de retirer des doublons,
04:22ça peut être de retirer des amendements mineurs, de façon à voir s'ils eux font la même chose,
04:27parce que s'ils ne font pas la même chose avec leur amendement, ça sera clair quoi.
04:30– En gros on leur dit chiche, regardez, nous on est prêts à en retirer une partie,
04:33est-ce que vous êtes prêts à faire la même chose, ce qui montrera votre bonne volonté réelle et pas supposée.
04:38On va revenir d'ailleurs dans le détail de ce que vous veniez de dire, notamment sur l'ISF etc,
04:42mais encore un mot de procédure, parce qu'on l'a appris donc hier lors du Conseil des ministres,
04:46l'option 49.3 a été activée, c'est-à-dire là encore c'est de la procédure,
04:50mais pour pouvoir dégainer un 49.3, encore faut-il que ça ait été autorisé en Conseil des ministres,
04:55cette étape-là elle est faite, ce qui veut dire qu'à tout moment,
04:58le gouvernement sans avoir à convoquer un Conseil des ministres extraordinaire peut sortir le 49.3.
05:03S'il finissait par le faire, découragé par les échecs successifs comme vous dites,
05:08il y aurait automatiquement une censure de votre part.
05:10– Ah bah bien sûr, et là on verra bien ce que fait le Ration nationale.
05:14Pour comprendre que depuis le début de la discussion en séance,
05:18ceux qui tiennent, qui supportent, qui soutiennent le gouvernement,
05:21c'est le Ration nationale, numériquement,
05:24c'est-à-dire les groupes gouvernementaux sont très très peu dans l'hémicycle,
05:28donc tous nos amendements pourraient passer,
05:30et ceux qui arrivent à leur rescousse notamment pour éviter les amendements
05:34qui touchent les superdividendes,
05:38éviter les amendements qui touchent les revenus du capital,
05:41eh bien c'est le Ration nationale qui est très très mobilisé
05:44et qui soutient quelque part le gouvernement de M. Barnier.
05:47Voilà ce qui se passe depuis deux jours,
05:49sans le Ration nationale, quelque part, le budget devient le nôtre.
05:52– Et quand vous dites, on verra à ce moment-là ce que fera le Ration nationale,
05:55la question effectivement c'est de savoir si le Ration nationale
05:58voterait une censure déposée par le nouveau Front populaire.
06:02– Exactement.
06:02– Ça vous paraît envisageable ?
06:03J'avais ici même Sébastien Chenu, qui est le vice-président du RN,
06:09qui quand même laissait vaguement ouverte cette porte.
06:11– J'ai l'impression qu'il y a des débats chez eux, pour tout dire.
06:13J'ai cru comprendre, je lis aussi à travers la presse,
06:16il y a des débats d'ailleurs aussi sur la ligne politique, plus ou moins libérale.
06:19J'ai vu que M. Bardella, pendant ce week-end,
06:21n'était pas très content parce que M. Tanguy,
06:24qui est le chef de file en commission finance du Ration nationale,
06:28avait laissé passer justement une augmentation du seuil de la flat tax,
06:32c'est-à-dire cette imposition du capital qui protège le capital.
06:35– Qui n'a finalement pas été adoptée.
06:36– Non, en séance ils sont revenus dessus,
06:37ce qui montre que finalement c'est peut-être la ligne Bardella qui l'a emportée,
06:40c'est une ligne d'extrême droite et libérale.
06:42Des fois, vous savez, on a tendance à oublier que dans l'extrême droite il y a droite,
06:45notamment sur le plan économique, là on est en train de le voir forcément.
06:49Donc on a une situation dans laquelle cette motion de censure,
06:55effectivement on a le RN qui hésite.
06:56Moi, mon fort intérieur, c'est que je pense qu'à la fin du fin,
07:00peut-être pas ce coup-là, mais ça sera très compliqué
07:02pour le Ration nationale vis-à-vis d'une frange de son électorat,
07:06je pense aux retraités, je ne dis pas que tous les retraités, votre RN,
07:09mais eux, ils comptent beaucoup là-dessus,
07:11je pense à certaines classes populaires de certains territoires de France
07:16qui souffrent aussi de la politique de M. Macron,
07:18de finalement permettre que le budget de M. Macron,
07:23en faveur des ultra-riches, finisse par passer.
07:24– Ce que vous voulez dire, c'est qu'ils auront du mal à assumer vis-à-vis de leurs électeurs,
07:27d'avoir été en réalité ceux qui auront soutenu ce…
07:29– Ça sera compliqué quand même.
07:30– Donc vous dites qu'ils finiront par voter une motion de censure,
07:33ou par déposer une motion de censure.
07:34– Je pense que c'est possible qu'ils le fassent.
07:36– Ensuite, il y a encore d'autres options,
07:37la question c'est s'ils déposent leur propre motion de censure,
07:39puisque vous ne la voterez pas, elle n'a aucune chance de passer,
07:41mais ils pourront dire qu'on avait tenté le coup.
07:43– Oui d'accord, enfin…
07:44– Ça c'est aussi un petit peu de votre faute,
07:45parce qu'il n'y a pas beaucoup de cohérence quand même là-dessus.
07:47– Pourquoi ?
07:48– Sur la retraite par exemple,
07:49je ne comprends pas très bien que vous ne vous mettiez pas d'accord,
07:50vous aviez quand même un objectif, vous aussi vis-à-vis de vos électeurs,
07:53votre objectif c'est de leur dire on va abroger la réforme des retraites,
07:56c'était d'ailleurs tout en haut de la liste de votre programme du Nouveau Front Populaire,
08:00et là le RN dit faisons-le ensemble et ne le faites pas.
08:03– Alors c'est une chose de prendre tout ce qu'on peut pour abroger la réforme des retraites,
08:08c'est une autre de participer à une arnaque,
08:09parce que c'est une arnaque sur le rôle de la Ration Nationale.
08:12Il faut comprendre qu'en réalité, le texte qu'ils vont préparer,
08:15qu'ils vont présenter en leur niche,
08:16comme ils n'ont aucun groupe au Sénat, ça va s'arrêter là,
08:19ça n'ira pas au Sénat, alors que le texte que nous allons proposer
08:22dans notre niche trois semaines après,
08:23– Ce sera le même ?
08:24– Nous et les filles, il est légèrement différent,
08:26notamment parce qu'il prévoit des financements qui, pour aller vite,
08:30comptent aussi sur par exemple aller taxer les superdividendes,
08:34des choses qui sont des valeurs de gauche
08:36et qui ne font pas reposer l'effort uniquement sur les salariés.
08:39Donc on a cette niche, on sait déjà qu'il y a la niche du Parti Communiste
08:43qui nous accueille au Sénat en janvier,
08:45et la niche écologiste qui nous accueille en retour à l'Assemblée.
08:48Donc déjà ça c'est crédible, ça c'est la première chose.
08:51Mais la deuxième chose qu'il faut que vos téléspectateurs entendent,
08:56c'est que fiorez-vous que le RN, on a mis des textes,
08:59cette fois-ci dans le projet de loi de finances de la Sécurité Sociale,
09:01deux amendements qui permettent au moins de faire voter sur la brogation.
09:06– Je posais exactement cette question-là à Sébastien Cheminière,
09:08je lui disais eux c'est un amendement, nous c'est une vraie loi.
09:10– Mais oui d'accord, mais fiorez-vous un amendement c'est mieux qu'une loi,
09:14parce que la loi il faut que ça fasse des allers-retours avec le Sénat,
09:16l'amendement s'il est voté, il y a le vote de la brogation à la fin de notre…
09:20Eh bien comme par hasard, le RN, et c'est bien là qu'on voit
09:23que c'est uniquement de la communication, a voté contre ces deux amendements.
09:27Et pire encore, dans le texte qu'ils ont mis sur la table,
09:30il y a des mesures de financement qui là par contre,
09:34comment dire, imaginent, supportent l'idée que les gens doivent travailler plus longtemps,
09:40ce qui est exactement… – L'inverse de l'objectif.
09:42– Donc tout ça c'est de l'arnaque, nous on ne va pas cotiser à une arnaque du RN.
09:46– Il y a quand même Fabien Roussel qui est le patron d'un des morceaux
09:49de votre coalition, il n'est plus député, mais il dit si j'étais encore député,
09:53je voterais le texte du RN, les Français veulent la brogation,
09:57ils se foutent de savoir d'où ça vient.
09:58– Oui mais il faut comprendre que le texte,
10:02il n'y aura pas d'abrogation avec la niche du RN.
10:05Peut-être que M. Roussel ne suit plus tellement les travaux parlementaires,
10:08il n'a peut-être pas très bien compris ça.
10:10Le texte du RN ne permet pas l'abrogation tout simplement parce que ça sera morné.
10:14Donc arrêtons de laisser croire ça et je trouve que c'est dommage
10:18que M. Roussel cotise à ça.
10:19– Les échecs donc du gouvernement sur le budget avec un certain nombre de votes
10:25qui ont eu lieu déjà depuis un peu plus de 48 heures et qui quasiment tous
10:29se sont soldés par une modification du budget telle qu'il le souhaitait,
10:33il y a notamment cette contribution exceptionnelle sur les très hauts revenus,
10:37certes il la souhaitait mais il voulait qu'elle soit limitée dans le temps,
10:41elle ne sera plus exceptionnelle mais pérennisée, c'est cela ?
10:45– Oui, alors elle est pérennisée et on a élargi son efficacité
10:48parce que le petit problème c'est qu'il y a fort à Paris
10:51que tout ça ne rapporte pas 2 milliards tel qu'elle était prévue.
10:53Vous savez, ils avaient dit au début il y a 64 000 personnes concernées
10:56mais finalement il n'y en a plus qu'un tiers.
10:57– Pourquoi ?
10:58– Parce qu'ils avaient fait des mesures…
11:01– Parce qu'il y avait des petites astérix, des petites exceptions ?
11:03– Oui, ils avaient fait des mesures qui permettaient finalement
11:06de limiter l'impact de cet article et avec deux amendements
11:10on a effectivement réussi à le renforcer et à le pérenniser,
11:13ce qui est une bonne chose.
11:14– Vous avez également obtenu une victoire sur l'exit tax
11:18qui va être renforcée, l'exit tax c'est l'idée que
11:20si l'on quitte la France fiscalement, on ait une sorte de péage sorti
11:26qu'on doit payer très cher ?
11:27– Non, non, ce n'est pas celui-là, excusez-moi.
11:29– Alors allez-y.
11:29– L'exit tax c'était imaginé par Nicolas Sarkozy,
11:32vous voyez on reprend la version de Nicolas Sarkozy.
11:34– Dis donc !
11:35– Bah ouais, écoutez, il n'y a pas de raison, on n'est pas sectaires,
11:37s'il y a des bonnes choses qui viennent, qui sont venues du côté de la droite,
11:40on les reprend.
11:42C'était faire en sorte que quand vous essayez de spéculer
11:44sur la vente de votre entreprise à l'étranger,
11:46notamment pour des start-up,
11:48vous ne puissiez pas comme ça le faire aussi tranquillement,
11:51donc c'était un aspect préventif au départ.
11:54Et puis quand M. Macron est arrivé, il a supprimé l'ISF,
11:58il a amoindri la portée de l'exit tax,
12:02et il a imposé ce fameux flat tax,
12:05c'est-à-dire la protection du revenu capital.
12:06– Là-dessus vous n'avez pas réussi à le modifier ?
12:07– Non, ça on n'a pas réussi puisque le Ration national
12:09a sauvé le gouvernement là-dessus.
12:11– L'ISF non plus ?
12:12– Ça, ça va venir, donc j'espère bien qu'on arrivera
12:14au moins à rétablir l'ISF.
12:15Pourquoi il faut faire ça ? Juste, je m'arrête là-dessus.
12:18C'est qu'il faut comprendre que l'origine du déficit dans ce pays,
12:21c'est principalement les 62 milliards de recettes en moins
12:24que le gouvernement a imposé.
12:26Et dans ces 62 milliards, ça avantage surtout les très riches,
12:30et c'est les très riches détenteurs du capital,
12:32grâce aux mesures que je viens de vous dire.
12:33Donc là-dessus, il n'y a pas de raison,
12:34tous les Français payent les cadeaux aux plus riches,
12:36chacun le comprendra, donc c'est là-dessus que nous voulons revenir.
12:39– Sur l'ISF, est-ce que le modem, j'imagine que vous discutez
12:42régulièrement avec eux, pourrait être avec vous
12:44et pourrait voter avec vous le retour de l'ISF ?
12:46– J'espère, j'espère.
12:47– S'ils votent avec vous, ça passe ?
12:48– Ah oui, oui, s'ils votent avec nous, ça passe.
12:50Et peut-être qu'à un moment donné, le Ration national va se rappeler
12:54que soi-disant, il fait un peu de social et qu'il aura quand même du mal
12:59à ne pas au moins accepter le rétablissement de l'ISF.
13:01Parce que nous, on propose un ISF climatique,
13:03mais je vous l'expliquerai un autre jour,
13:04parce que là, ça va être trop long.
13:05– Des propositions qui ont été mises dans le débat ces derniers jours,
13:08la question du retour de la taxe habitation,
13:11la question de la rentabilité record des sociétés d'autoroutes
13:14dont le gouvernement pourrait reprendre la main sur les contrats.
13:17D'abord, la taxe d'habitation, on sent bien que ça pourrait être
13:19l'une des solutions, avec les efforts supplémentaires
13:22qui sont demandés aux collectivités locales.
13:24Sauf que la taxe d'habitation, certes, avait été supprimée,
13:27mais la taxe foncière a quasi doublé.
13:29Ça veut dire que ce serait presque la double peine, non ?
13:31– Oui, mais non.
13:33Le problème, c'est que le gouvernement a organisé un rapte
13:37sur les revenus des collectivités, notamment en n'indexant pas la DGF.
13:42Il y a des calculs… – La DGF ?
13:44– La DGF, c'est la dotation globale de financement, excusez-moi,
13:47qui est donnée par l'État en échange de prestations
13:50qui sont assurées par les collectivités territoriales.
13:51– Donc, en fait, on leur a déjà demandé des efforts.
13:53– On leur a pris beaucoup d'argent.
13:54Il y a des calculs qui expliquent qu'en 10 ans,
13:56ça équivaudrait peut-être à 211 milliards,
13:58pour vous dire quand même la somme.
14:00En tout cas, c'est énorme.
14:01Donc, on a organisé ça, on a organisé la fin de leur autonomie fiscale.
14:06Et donc, cet argent-là manque.
14:08Donc, s'il se passe, ils augmentent la taxe foncière.
14:10– Mécaniquement, ils ont été gonflés, la taxe foncière.
14:12– Donc, nos concitoyens peuvent se dire qu'ils payent peut-être plus la taxe d'habitation,
14:16mais que mécaniquement, ils payent plus la taxe foncière de ce fait-là.
14:19– Ça veut dire que vous êtes favorable au retour de la taxe d'habitation ?
14:22– Ah ben, je suis favorable, oui.
14:24Je préfère qu'il y ait une taxe d'habitation plutôt qu'on paye tous,
14:27en réalité, ça, parce que c'est par la TVA qu'on le paye,
14:29c'est l'impôt le plus injuste.
14:30– Qu'est-ce qui fait que, du coup, ils vont baisser la taxe foncière ?
14:32Non, ils vont garder la taxe foncière très haut et rajouter la taxe d'habitation.
14:35– Pourquoi vous pensez du mal des collectivités locales ?
14:37– Je ne pense pas du tout du mal, mais je vois bien la difficulté dans laquelle ils sont.
14:39– Non, je ne crois pas que les collectivités locales veulent organiser une pression fiscale.
14:43Je pense qu'elles veulent pouvoir accomplir leur mission
14:45avec un financement au moins égal à celui qu'ils avaient l'année d'avant.
14:49– Donc, vous pariez sur une baisse de la taxe foncière,
14:53alors qu'on rajoutera la taxe d'habitation.
14:55– S'il y avait plus d'autonomie fiscale et qu'on revenait sur ce qu'on a supprimé,
14:59je pense notamment à la CVAE qui est un impôt de production sur les entreprises,
15:02ce qu'on a supprimé, la taxe d'habitation qu'on a supprimée,
15:05on l'a remplacée par la TVA qui manque aux revenus de l'État
15:08et qui, je l'ai dit, est payée par tous les Français de manière injuste.
15:11C'est un impôt non proportionnel, d'accord ?
15:13Eh bien, peut-être que la taxe foncière baisserait plus fort.
15:15– Quand je vous écoute, je vous avoue, Éric Coquerel, que je pense un peu à la…
15:18– Vous comprenez ? – Non, non, je comprends, je comprends très bien.
15:20Mais ce que je comprends surtout, c'est aussi que je me dis,
15:23je repense à la chanson des inconnus sur les taxes.
15:27C'est vrai que vous faites presque un cadeau à Michel Barnier.
15:30Et d'ailleurs, vous avez remarqué que dans leur discours,
15:32depuis lundi, je recevais le ministre du Budget, il ne s'en prive pas.
15:36Ils disent sans arrêt qu'au fond, presque en vous caricaturant,
15:40en rajoutant des taxes, en les pérennisant,
15:42là où honnêtement, par exemple, la taxe sur les très hauts revenus,
15:45vous pouviez très bien la voter telle qu'elle,
15:47sans rajouter absolument qu'elle était pérennisée.
15:49Vous saviez que dans deux ans, on pouvait la pérenniser.
15:51Le faire, est-ce que ce n'est pas leur donner un cadeau politique ?
15:54– Qu'est-ce qu'on préfère ?
15:55Est-ce qu'on préfère une taxe qui augmente les prix de l'électricité
15:59pour tous les Français, ce qui est prévu dans le budget de M. Barnier ?
16:03Est-ce qu'on préfère pénaliser tous les retraités,
16:06ce qui est prévu dans le budget de M. Barnier ?
16:08Ou est-ce qu'on préfère qu'à un moment donné, ça, on le supprime
16:10et qu'on prenne à ceux qui ont accumulé
16:12pendant mille milliards de plus d'euros de patrimoine depuis 20 ans ?
16:15Ma réponse, elle est là.
16:16– Mais en l'occurrence, ils le faisaient.
16:18– Donc, ça ne concerne pas, ça ne concerne qu'une infime compension de Français.
16:21– C'est là que je vous dis que vouloir coûte que coûte, par exemple,
16:23dire que cette taxe serait pérennisée dès maintenant,
16:28c'est surtout pour dire que vous l'avez fait,
16:30parce que dans les faits, vous auriez pu la pérenniser,
16:31mais vous auriez pu la pérenniser dans un an, dans deux ans.
16:33– Vous trouvez ça juste, vous, qu'à chaque fois qu'il y a des mesures
16:36qui touchent les classes moyennes, les classes populaires,
16:38elles soient toujours permanentes ?
16:39– Ce n'est pas une question de juste ou de pas juste.
16:40C'est que dans la bataille politique, vous leur donnez ce argument.
16:43– Quand on ose prendre, par exemple, 2 milliards sur les centaines de milliards
16:47qui se sont accumulés dans la richesse de vraiment quelques milliers de Français,
16:52il faut le comprendre, depuis 2017, on nous dit,
16:54ah mais là, non, non, là, ça doit être exceptionnel,
16:56là, il faut le réduire par deux au bout de deux ans,
16:58enfin, tout ça, c'est insupportable.
17:00M. Macron, ça a été la politique pour favoriser les ultra-riches.
17:04Nous, on veut récupérer un peu de cet argent,
17:05parce que figurez-vous, c'est nous tous qui la payons,
17:07par les déficits, par la baisse de pouvoir d'achat,
17:11donc ça, c'est plus supportable.
17:13Donc, nous assumons de vouloir imposer un peu plus,
17:16quelques milliers de personnes,
17:17pour faire en sorte que les autres, un, soient moins imposés
17:19et récupèrent du pouvoir d'achat, c'est tout ça.
17:21– Côté impôts, on a bien compris,
17:23côté réduction de la dépense, on vous entend moins.
17:26– Ah non, non, je vous propose plein de réductions de dépenses,
17:30ben ouais, quand, par exemple, je dis qu'il faut,
17:32on pourrait diviser par deux le crédit impôt recherche
17:34qui favorise des entreprises comme Sanofi,
17:36c'est de la dépense, c'est de la dépense fiscale, d'accord ?
17:38Quand je dis, il y a des niches fiscales,
17:40aujourd'hui, inutiles dans ce pays, voire polluantes,
17:43c'est des dépenses fiscales que je vous propose de réduire.
17:45Quand je propose d'en finir avec le SNU,
17:48le service national extérieur,
17:50qui pourra coûter jusqu'à 6 milliards à l'État,
17:54c'est des dépenses que je propose de réduire.
17:55Vous voyez, on propose beaucoup de dépenses en moins,
17:57par contre, je ne propose pas…
17:59– Mais là, en l'occurrence, le SNU, ce n'est pas encore une dépense,
18:00c'est que vous réduisez une potentielle dépense.
18:02– Oui, peut-être, si vous voulez, mais enfin, vous avez compris,
18:04il y a des dépenses compétentielles.
18:05Par contre, tout ce qui est dépense sociale et publique,
18:07sur l'éducation, sur l'hôpital public, etc.,
18:10ça, il est hors de question de le baisser.
18:12Et vous savez pourquoi il est hors de question de le baisser ?
18:13D'abord, parce que les Français ont moins de services,
18:17ceux qui ont de l'argent pour aller le chercher en privé,
18:19c'est l'objectif, et en plus de ça,
18:20c'est un effet récessif sur l'économie.
18:23Moins 0,8%, c'est l'OFCE qui le dit…
18:25– Qui redoute, effectivement, que ce soit l'État inverse.
18:27– Et moins 0,8%, laissez-moi terminer,
18:29parce qu'il faut bien comprendre,
18:30moins 0,8%, c'est 30 milliards à la fin de recette en moins
18:33pour l'État fiscal et social.
18:34Donc on nous dit, on va mettre 40 milliards de baisse de dépense,
18:38il y a 30 milliards qu'on va perdre là-dessus,
18:40à quoi ça sert d'enquiquiner les gens
18:42avec une politique de gribouille de ce type ?
18:44– Éric Coquerel, le Sénat appelle le gouvernement
18:46à reprendre la main sur les contrats des autoroutes
18:49pour récupérer une partie de la rentabilité.
18:50Vous êtes pour ou contre ? – Bien sûr.
18:52– Bien sûr, donc ça, ça vous paraît une des choses simples
18:54qu'on peut faire vite.
18:55Une dernière question aussi sur l'un de vos camarades,
18:59Andy Kerbrath, on en a parlé hier,
19:00il a été pris en flagrant délit d'achat et de possession
19:04de drogue de synthèse, de la 3-MMC,
19:07c'est la drogue qu'avait pris par exemple Pierre Palmade.
19:10Est-ce qu'il peut continuer, d'après vous,
19:12à exercer son mandat de député ?
19:14– Bien sûr.
19:15– Bien sûr, donc on peut être sous l'effet de la drogue
19:18et exercer son mandat de député.
19:21On peut enfreindre la loi et exercer son mandat de député.
19:24– Andy Kerbrath, il demande des soins,
19:25parce que ça fait longtemps qu'il se bat justement contre l'addiction.
19:29– Il demande des soins une fois qu'il a été pris en flagrant délit,
19:31ce n'est pas tout à fait spontané quand même.
19:32– Non, vous trompez, vous ne connaissez pas sa situation,
19:35ce n'est pas le cas, contre les addictions, etc.,
19:37il est très engagé pour lui et pour les autres.
19:40– Je veux bien, mais enfin là, il était en train d'acheter de la drogue.
19:41– Mais je vais vous répondre, moi je pense que pour lutter
19:44contre la drogue, contre l'usage de la drogue,
19:47il faut une politique sanitaire.
19:48Cette politique sanitaire, elle passe à mon avis
19:50par la dépénalisation de l'usage.
19:52– Est-ce qu'il a tout de sa tête quand il prend des décisions si importantes ?
19:54– Attends, laissez-moi répondre, je vous réponds politiquement,
19:55il faut dépénaliser l'usage comme on l'a fait au Portugal.
19:58Au Portugal, on a dépénalisé l'usage,
20:00eh bien, on a divisé par 10 le nombre de verdoses,
20:03on a divisé par 3 la consommation d'héroïne,
20:07on a divisé, je ne sais plus combien, c'est énorme, le VIH, etc.,
20:11et il y a trois fois moins d'emprisonnements.
20:12C'est une politique qui fonctionne, qui marche,
20:15je ne parle évidemment pas des trafiquants,
20:16vous l'avez compris, je parle des usagers,
20:18et donc, ce que je crois nécessaire,
20:20ne croyez pas que je vais l'appliquer de manière double peine
20:23à un handicapat, donc évidemment, on va le conserver avec nous.
20:27– Eric Coquerel, député de la France Insoumise de Seine-Saint-Denis
20:29et président de la Commission des finances.
20:30Merci d'avoir répondu à mes questions.
20:328h53 sur AMC BFM TV.