Le gouvernement est prêt à recourir au 49.3 pour l'adoption du budget. Pour en parler, Jean-François Copé, Maire (LR) de Meaux et ancien ministre du Budget.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 24 octobre 2024.
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00:007h42 sur RTL, l'invité d'RTL Matin alors que le débat se fait chaque jour un peu plus catastrophique à l'Assemblée que les taxes.
00:11On l'entendait à l'instant avec François Saccumule, vous recevez ce matin Thomas Le Maire de Meaux, ancien ministre du budget Jean-François Copé.
00:18Bonjour et bienvenue sur RTL Jean-François Copé.
00:20Bonjour.
00:21Faut-il en finir ? Faut-il achever ce budget à grands coups de 49.3 et passer à autre chose ?
00:25Bah écoutez on verra bien, moi ce que je constate c'est qu'il y a finalement certaines circonstances dans lesquelles les politiques peuvent devenir complètement fous.
00:33Et on est en train d'assister à un spectacle qui confine à la folie.
00:38Qui devient ?
00:38L'Assemblée Nationale.
00:39Vos amis ? Vos alliés politiques ?
00:40Ecoutez, comment vous dire ? D'abord cette désastreuse dissolution elle a ouvert un boulevard aux deux partis extrémistes.
00:48Ils sont 319 entre le RN et le Front Populaire là.
00:52319 à se lâcher dans un délire fiscal dans la grande tradition des extrémismes avec les boucs émissaires désignés.
01:00Donc là les riches, les patrons, les entreprises etc.
01:03Moyennant quoi on assiste à une folie fiscale complète où on raconte tous les jours n'importe quoi avec des amendements qui n'ont plus aucun sens pour augmenter les impôts.
01:12Au passage ils ne proposent jamais de baisse de dépense publique de peur que la démagogie en prenne un coup.
01:18Et puis vous avez de l'autre côté une coalition gouvernementale dont on a compris qu'elle était très fragile.
01:23Et au lieu d'avoir des députés de cette coalition qui comprennent la gravité de la situation et qui même s'ils se sont tapés dessus avant,
01:30je pense entre les LR et les macronistes, ont compris que là il n'y avait pas d'autre choix que de soutenir le gouvernement Barnier parce que sinon c'est le chaos.
01:37En fait ils se transforment en régleurs de comptes.
01:40Vous pensez à qui là ? C'est Gabriel Attal et Laurent Wauquiez c'est ça ?
01:44Et puis c'est ceux qui votent derrière eux quand même parce que du coup ils donnent à l'extrême gauche une vice-présidence,
01:50une présidence de commission et pas la moindre, celle des affaires économiques.
01:54Et le tout dans une ambiance où pour le même prix vous avez le Modem qui est censé être le parti de François Bayrou,
02:00donc de la modération, qui invente les pires amendements et les vote avec l'extrême gauche.
02:05Et puis alors ça ne se termine pas. Dans le gouvernement vous avez même des ministres qui expliquent que si leur budget se réduit,
02:10alors que tout le monde explique qu'il faut baisser les dépenses publiques, ils démissionnent.
02:13Bon, on se dit mais à quel moment ce cauchemar va s'arrêter ?
02:17A quel moment alors ? Qu'est-ce qui va faire que ça va s'arrêter ?
02:19Écoutez, c'est une très bonne question parce que vous avez des gens qui jouent au pyromane.
02:23Le Modem qui a voté la pérennisation de la hausse d'impôts pour les plus riches, ça devait durer trois ans, ça devait être temporaire.
02:30Ils ont dit il faut que ça soit pérenne.
02:32Mais je ne sais pas où ils habitent. C'est quoi l'idée ? C'est de taper absolument sur les impôts et surtout de ne pas proposer de baisse de dépense
02:39pour être bien sûr d'énervé et de ne pas perdre de voix.
02:43Cette espèce de match entre d'un côté les idéologues de l'extrême droite et de l'extrême gauche qui veulent la déstabilisation en vérité du pays
02:51et de l'autre des gens qui sont devenus des calculateurs par rapport à 2027
02:56fait qu'on a un spectacle pour les français, mais qui est effroyable, de l'Assemblée Nationale.
03:01Et je passe sur le fait d'arriver avec des jeans troués, des t-shirts ou du député qu'on interpelle parce qu'il est en train d'acheter de la drogue
03:09et dont M. Coquerel dit qu'il est en traitement thérapeutique alors qu'il a acheté de la drogue à un mineur.
03:15Il doit démissionner en équerre-brasse ou pas ce député gauche ?
03:18Je ne sais pas. L'extrême gauche donne des leçons de morale absolument sur tous les sujets.
03:21Donc il y a quand même là, en ce qui concerne ce point-là, de quoi se poser quelques traits graves.
03:26Il a encore sa place à l'Assemblée ou pas selon vous ?
03:28De mon point de vue absolument pas. C'est un combat que nous menons contre la drogue dans tous les sens.
03:32Enfin bon, je ne peux pas faire tous les sujets ce matin, Thomas Soto, mais tout ça est délirant.
03:38Mais attendez, notre pays était heureux jusqu'au 9 juin et il est en train de sombrer
03:44parce que livré à une bande d'un côté d'idéologues et de l'autre de calculateurs par rapport à 2027.
03:49Vous les mettez dans le même sac en fait, les idéologues, les calculateurs, l'extrême gauche, l'extrême droite ?
03:53Non, les idéologues c'est l'extrême droite et l'extrême gauche qui votent ensemble
03:56alors que Mme Le Pen a besoin de notabilité, de crédibilité, elle vote avec l'extrême gauche.
04:01Donc on est chez les dingues quand même.
04:03C'est-à-dire en matière de matraquage fiscal, vous êtes pas mal non plus,
04:05parce qu'il paraît que vous souhaitez le retour de la taxe d'habitation, Jean-François Collet.
04:08Que vous appelez la taxe de résidence.
04:10Non mais écoutez, moi je veux bien, mais il faut se poser deux secondes.
04:13L'idée elle est simple, la taxe d'habitation en fait, elle n'a pas disparu.
04:17Elle a été payée par l'État à la place des contribuables,
04:19ça veut dire que c'est les contribuables qui la payent quand même.
04:21Bon, pour 20 milliards d'euros, bah oui.
04:23Ça veut dire que si c'est pas payé par la collectivité, c'est payé par l'État
04:26et qui rend flou l'État, c'est les contribuables.
04:29Bon, 20 milliards d'euros.
04:30Pendant ce temps-là, les collectivités bien gérées n'ont plus de ressources autres que des subventions.
04:34Donc mon idée, elle est de dire, ces 20 milliards d'euros que l'État paye quand même,
04:39eh bien il vaut mieux que ce soit les collectivités locales,
04:42sous la forme d'une taxe de résidence qui remplacerait taxe foncière et taxe d'habitation.
04:47Ils fusionneraient les deux en fait.
04:48Bien sûr, qui serait beaucoup plus modérée, et on y veillerait, la loi peut le permettre,
04:53et qu'il faudrait que le citoyen voit au moins où va son argent
04:56quand la commune finance une école, un rond-point ou une police municipale.
05:02Aujourd'hui, tout ça est complètement déconnecté.
05:04Et quant à l'État, par démagogie, c'est encore une des innombrables démagogies du gouvernement Macron,
05:09à supprimer cette taxe d'habitation, il l'a quand même payée.
05:11Voilà, donc 20 milliards d'euros, alors qu'on en cherche 40 ou 50.
05:15Ça n'exonère en rien le fait que l'État doit continuer de baisser les dépenses,
05:18mais qu'au moins on soit un peu plus raisonnable.
05:21Et aujourd'hui, il faut bien le dire que la place au raisonnable, elle n'est pas très importante.
05:25Toutes les cinq minutes, il y a une nouvelle idée qui sort.
05:26Là, les députés ont voté contre la défiscalisation des primes pour les médaillés olympiques.
05:31C'est symbolique, ils ont raison, c'est la justice sociale, c'est la justice fiscale.
05:35Qu'est-ce que vous en pensez ?
05:36C'est 80 000 euros pour une médaille d'or, un petit peu moins pour les deux autres.
05:39Oui, enfin, excusez-moi, c'est d'une démagogie totale.
05:43À partir du moment où on a la chance de pouvoir honorer nos médaillés olympiques,
05:49comme d'ailleurs un certain nombre d'autres incarnations de l'excellence en France,
05:55on n'est pas obligé d'y mettre tout de suite de l'impôt.
05:57Mieux vaudrait qu'on baisse un certain nombre de dépenses.
05:59Parce que le sujet, en réalité, Thomas Soto, c'est que, comme vous l'avez vu,
06:02il n'y a pas du tout de promesses de baisse de dépenses.
06:05L'extrême droite comme l'extrême gauche veillent scrupuleusement à ce qu'il n'y en ait aucune.
06:08Or, on sait très bien qu'il faut donner un message au marché financier.
06:12Sinon, on va avoir des taux d'intérêt énormes pour financer la dette.
06:15Donc, il faut leur montrer qu'on va vraiment baisser nos déficits.
06:18Et ensuite, à moyen terme, il va falloir faire ce que tous les autres pays européens ont fait.
06:22Revoir l'âge de la retraite à nouveau.
06:24Travailler plus.
06:25Donc le monté.
06:26Bien sûr.
06:27Travailler plus.
06:28Ils sont à 67 ans en Europe.
06:29On est poussivement à 64 avec des exonérations dans tous les sens.
06:32En ce moment-là, il y a combien, nous ?
06:33Écoutez, on peut déjà peut-être passer à 65.
06:35Voir un peu dans quelle mesure on peut revoir le temps de travail.
06:3835 heures, on est en dessous de la moyenne européenne.
06:40Au nom de quoi ?
06:41Alors qu'on est un des pays, désolé de devoir le dire,
06:44le plus heureux et le plus parmi les plus protégés du monde.
06:47Et ça, les Français ?
06:48Ce n'est pas pour nous qu'on le dit.
06:50Ce n'est pas par plaisir.
06:51Je préférerais dire l'inverse.
06:52Mais il faut avoir ce dialogue avec les Français.
06:54Les Français n'ont pas l'impression d'être dans un pays les plus heureux du monde.
06:56Ils n'ont plus confiance en rien, semble-t-il.
06:58Il y a même un rapport très sérieux du Conseil environnemental et social.
07:01Conseil économique et social, pardon.
07:03Qui nous explique que les Français remettent en cause le principe même de la démocratie.
07:06On est chez les dingues.
07:07Une bonne dictature.
07:08Mon bon monsieur, tout ira mieux.
07:09On n'en est pas en France.
07:10Vous savez, il est très intéressant ce sondage.
07:12Il montre quoi ?
07:13Il montre qu'en réalité, les Français font un procès en inefficacité à l'État.
07:17Ils considèrent qu'aujourd'hui, en démocratie, ce qu'ils attendent en premier, c'est l'ordre.
07:22L'ordre dans la rue.
07:23L'ordre dans les comptes.
07:24L'ordre à l'école.
07:25L'ordre aux frontières.
07:26Et que l'État est aujourd'hui, dans un cadre démocratique, impuissant à le faire.
07:30Alors qu'il n'a jamais été écrit nulle part que la démocratie, c'était l'impuissance.
07:33Qu'est-ce qui empêche un État démocratique d'assumer l'ordre ?
07:36Il faut de la volonté politique.
07:37C'est à un parti de gouvernement de le faire.
07:39C'est l'ADN de la droite de gouvernement, normalement, de le faire.
07:42Comme la droite de gouvernement, elle doit incarner demain le progrès économique, social, environnemental, scientifique.
07:49Mais il y a une deuxième explication à ce sondage, sur le rejet de la démocratie.
07:53C'est qu'aujourd'hui, beaucoup de nos concitoyens en France, et même dans d'autres pays d'Europe d'ailleurs,
07:58ils ont perdu le sens du tragique.
08:00Vous savez, le tragique, c'est la guerre.
08:01Et ça fait 80 ans qu'on n'a plus de guerre sur notre continent.
08:03Heureusement, c'est merveilleux, et tout le monde l'a oublié.
08:07La guerre, c'est quoi ?
08:08Depuis 2000 ans en Europe, c'est de père en fils.
08:10On perd son père.
08:11Son fils à la guerre.
08:12Son mari à la guerre.
08:13Et aujourd'hui, on n'a plus cette perception.
08:15On ne sait plus ce que c'est.
08:16Vous leur dites, réveillez-vous les Français, là ?
08:17Vous savez, on a tous des enfants.
08:19Moi, j'ai vécu ça.
08:20Je l'ai parfois raconté.
08:21Moi, j'ai une de mes filles, un jour, qui m'a dit,
08:23Papa, c'est tragique.
08:24Je lui ai dit, qu'est-ce qui se passe ?
08:25Elle m'a dit, mon portable ne marche plus.
08:27Et je lui ai dit, en fait, non.
08:28Ce qui était tragique, par exemple, c'est ton grand-père,
08:30qui a échappé à une rafle à Aubusson en 1943.
08:33Ça, c'est tragique.
08:36Eh bien, de temps en temps, je pense qu'il faut partager avec les Français
08:39la réalité du tragique et la chance immense que nous avons en France
08:43d'avoir, et en Europe, un continent préservé de tout cela
08:47par le travail, par l'effort, par la raison.
08:51Et il faut retrouver la raison, parce qu'aujourd'hui,
08:53nous sommes en train de revivre la parabole des aveugles.
08:55J'ai une dernière question, qui va peut-être vous paraître un peu dérisoire,
08:58mais ce matin, dans le Figaro, Rachida Dati dit qu'elle veut faire payer
09:01l'entrée de Notre-Dame de Paris, 5 euros par visiteur,
09:03pour financer, dit-elle, la rénovation de toutes les églises de France.
09:06C'est une bonne idée, là encore, de faire payer ou pas ?
09:08Bien sûr, parce que ce n'est pas tout à fait la même idée
09:10qu'un gros impôt global qui va sombrer dans la cuve
09:13des dépenses publiques inutiles.
09:14Là, il s'agit de montrer aux gens qui vont payer cette somme
09:18que cela va directement financer la rénovation de notre patrimoine,
09:22qui est un élément clé de notre identité.
09:24C'est une de ces bonnes idées qu'il faut mettre sur la table.
09:27Ce que vous dites, c'est qu'on peut payer quand c'est fléché,
09:29quand on comprend pourquoi on paye.
09:30Il y a une partie qui ne peut pas l'être, et c'est très bien comme ça.
09:32Au nom de la solidarité.
09:33Mais il est bien que, de temps en temps, on sache aussi où va son argent.
09:36D'où l'intérêt d'avoir, par exemple, des impôts locaux
09:39qui font que les gens savent si leur maire gère bien leur ville ou pas.
09:43Ça fait une différence entre les villes bien gérées et mal gérées.
09:45Là, tout est dans une espèce d'énorme marmite.
09:48L'État compense pour tout le monde, et c'est devenu illisible.
09:52Et ça incarne l'impuissance de l'État et de la démocratie.
09:54Merci beaucoup, Jean-François Copé, d'être venu ce matin sur RTL.
09:56Vous restez avec nous, ce n'est pas fini.