GRAND DÉBAT / Destitution : à quoi joue le « Nouveau Front Populaire » ?
« Le récap » par Valérie Brochard
Le mardi 17 septembre 2024, le Bureau, nouvellement élu, de l'Assemblée nationale a jugé recevable la procédure de destitution du Président de la République. Cette initiative de La France Insoumise a reçu l'aval de 12 des 22 membres du Bureau. Les trois membres socialistes ont fait basculer le vote. Après un vote interne au groupe parlementaire très serré, ils ont décidé d'accepter la recevabilité du texte tout en précisant qu'ils ne voteraient pas ensuite en faveur de la destitution si elle devait être soumise au vote des députés dans l'hémicycle. La procédure de destitution devrait donc maintenant être examinée en commission des lois. Pourquoi n'a-t-elle pourtant quasiment aucune chance d'aboutir ?
Invités :
- Nathalie Saint-Cricq, éditorialiste politique à France Télévisions,
- Anne-Charlène Bezzina, maitresse de conférences à l'Université de Rouen et à Sciences Po Paris,
- Arthur Delaporte, député socialiste du Calvados,
- François Cormier-Bouligeon, député « Ensemble pour la République » du Cher.
GRAND ENTRETIEN / Éric Coquerel : budget, l'épreuve de force
Après la dissolution, le député insoumis Éric Coquerel a été réélu au poste stratégique de Président de la commission des finances. Il lui incombe donc la tâche délicate de mener les discussions sur le projet de loi de finances. Afin de mener à bien sa mission, il a réclamé au Président de la République les lettres-plafonds qui fixent les crédits pour chaque ministère. Après s'être rendu à Matignon avec Charles de Courson pour les récupérer en mains propres, il s'est vu opposer une fin de non-recevoir. Le projet de loi de finances qui doit déterminer le budget annuel de l'Etat pourra-t-il être adopté sans recourir au 49.3 ?
Grand invité : Éric Coquerel, député LFI de Seine-Saint-Denis, Président de la commission des finances
LA QUESTION QUI FÂCHE / Europe : la France a-t-elle perdu la main ?
- Guillaume Klossa, co-président du think-tank « EuropaNova »,
- Paul Melun, écrivain.
Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.
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« Le récap » par Valérie Brochard
Le mardi 17 septembre 2024, le Bureau, nouvellement élu, de l'Assemblée nationale a jugé recevable la procédure de destitution du Président de la République. Cette initiative de La France Insoumise a reçu l'aval de 12 des 22 membres du Bureau. Les trois membres socialistes ont fait basculer le vote. Après un vote interne au groupe parlementaire très serré, ils ont décidé d'accepter la recevabilité du texte tout en précisant qu'ils ne voteraient pas ensuite en faveur de la destitution si elle devait être soumise au vote des députés dans l'hémicycle. La procédure de destitution devrait donc maintenant être examinée en commission des lois. Pourquoi n'a-t-elle pourtant quasiment aucune chance d'aboutir ?
Invités :
- Nathalie Saint-Cricq, éditorialiste politique à France Télévisions,
- Anne-Charlène Bezzina, maitresse de conférences à l'Université de Rouen et à Sciences Po Paris,
- Arthur Delaporte, député socialiste du Calvados,
- François Cormier-Bouligeon, député « Ensemble pour la République » du Cher.
GRAND ENTRETIEN / Éric Coquerel : budget, l'épreuve de force
Après la dissolution, le député insoumis Éric Coquerel a été réélu au poste stratégique de Président de la commission des finances. Il lui incombe donc la tâche délicate de mener les discussions sur le projet de loi de finances. Afin de mener à bien sa mission, il a réclamé au Président de la République les lettres-plafonds qui fixent les crédits pour chaque ministère. Après s'être rendu à Matignon avec Charles de Courson pour les récupérer en mains propres, il s'est vu opposer une fin de non-recevoir. Le projet de loi de finances qui doit déterminer le budget annuel de l'Etat pourra-t-il être adopté sans recourir au 49.3 ?
Grand invité : Éric Coquerel, député LFI de Seine-Saint-Denis, Président de la commission des finances
LA QUESTION QUI FÂCHE / Europe : la France a-t-elle perdu la main ?
- Guillaume Klossa, co-président du think-tank « EuropaNova »,
- Paul Melun, écrivain.
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NewsTranscription
00:00Bonsoir et bienvenue, je suis absolument ravie de vous retrouver avec toute la rédaction
00:11de LCP pour cette nouvelle saison de Savour Garde, dont voici le sommaire tout de suite.
00:17Destitution, c'est le mot du jour, le bureau de l'Assemblée nationale a jugé recevable
00:22la proposition de destitution du chef de l'État lancée par la France Insoumise, les voix
00:27des socialistes ont été déterminantes, on verra pourquoi, alors à quoi joue le
00:32nouveau front populaire dans cette nouvelle Assemblée, c'est notre grand débat.
00:36Ce soir, la préparation du budget tourne à l'épreuve de force, notre invité s'est
00:44rendu aujourd'hui à Matignon pour récupérer, mais sans succès, les lettres plafond des
00:49ministères.
00:50Il est en colère ce soir, interview franc-parlé avec Éric Coquerel, le président de la commission
00:56des finances.
00:57Un nouveau rendez-vous, la question qui fâche, la France a-t-elle perdu la main en Europe
01:02après le départ fracassant du commissaire français européen Thierry Breton ?
01:07Tire-croisé avec nos chroniqueurs à découvrir à la fin de cette émission.
01:10Et voilà donc pour le programme Savour Garde, on y va, top générique.
01:14Générique
01:26La guerre aux institutions est-elle déclarée, comme le dit aujourd'hui Gabriel Attal ?
01:31Un débat va donc se tenir à l'Assemblée nationale sur la destitution d'Emmanuel Macron,
01:36même s'il n'a aucune chance d'aboutir, ce sont les socialistes, au terme d'un vote
01:39très serré, on va le voir, qui l'ont rendu possible, ce débat initié par les Insoumis.
01:44Alors nous ne sommes pas aux Etats-Unis, mais bien en France.
01:46Qu'est-ce que ça dit cette destitution, cette procédure de la future Assemblée ?
01:52Le bruit et la fureur vont-ils dominer le nouvel hémicycle ?
01:56Bonsoir, François Cormier-Bolligian.
01:58Bonsoir, Mériane.
01:59Bienvenue, députés, ensemble pour la République du Cher, ce sont les macronistes à l'Assemblée.
02:04Bonsoir, Arthur Delaporte.
02:05Bonsoir.
02:06Ravi de vous retrouver, député socialiste du Calvado, porte-parole du groupe socialiste à l'Assemblée.
02:11Bonsoir, Anne-Charlene Bézina.
02:12Bonsoir, Myriam.
02:13Grand plaisir de vous retrouver cette saison parmi nous,
02:16constitutionnaliste et maîtresse de conférences en droit public.
02:19Et bonsoir, Nathalie Saint-Cricq, que je ne présente plus,
02:22éditorialiste politique à France Télévisions.
02:25On est également très heureux de vous avoir sur ce plateau.
02:28Merci d'être là, merci d'être en direct.
02:30Un débat qui s'ouvre, comme chaque soir, par le billet, par le récap de Valérie Brochard.
02:42Bonsoir, Valérie.
02:43Bonsoir, Myriam.
02:44La procédure de destitution est lancée à l'Assemblée.
02:47Eh oui, Myriam, avec 12 voix contre 10.
02:49Le bureau de l'Assemblée nationale s'est donc prononcé
02:52pour la destitution du président de la République.
02:55Alors, ce n'est pas encore fait.
02:56Le bureau n'a fait qu'examiner la recevabilité de cette motion
03:01portée par la France insoumise.
03:03Et cette idée, cette volonté, elle ne date pas de ce matin.
03:06Cette volonté de démettre le président,
03:08cette volonté de démettre le président,
03:10elle naît du refus d'Emmanuel Macron
03:12de nommer Lucie Castex à la tête du gouvernement.
03:15Depuis, un seul mot d'ordre pour le nouveau front populaire,
03:18c'est Macron, destitution, qu'on retrouve même
03:21sur le pupitre de Jean-Luc Mélenchon,
03:23c'était à la fête de l'UMA.
03:25Eh bien, c'est enclenché,
03:26et ça, je peux vous dire que ça réjouit Mathilde Panot.
03:29C'est la première fois dans toute l'histoire de l'Assemblée nationale
03:32qu'une proposition de résolution
03:35sur la destitution du président
03:38est jugée recevable,
03:39où, en majorité, les membres du bureau ont considéré
03:42que le président de la République
03:44n'était plus le garant du bon fonctionnement
03:46des institutions républicaines
03:48et que, donc, le débat devait avoir lieu
03:50devant l'ensemble du peuple français
03:52et que ce débat était sain pour la démocratie.
03:56Alors, oui, mais pas sûr sûr
03:58que les trois élus socialistes
04:00qui se sont ralliés aux insoumis
04:02et qui ont donc fait basculer le vote
04:04en soi aussi convaincus, incapables de trancher,
04:07ils ont tout simplement choisi un entre-deux.
04:10Regardez leur communiqué, plutôt alambiqué.
04:13Nos représentants voteront en faveur de sa recevabilité.
04:17Pour autant, nous sommes résolument opposés
04:19à cette procédure de destitution.
04:22Oui, mais non.
04:23L'idée, c'est de voter oui pour la recevabilité,
04:26mais non en commission,
04:28puis en débat public,
04:29qui devra avoir lieu dans les 13 jours
04:31après son passage en commission des lois.
04:33Alors, destitution ou pas ?
04:35Eh bien, on a posé directement la question
04:37aux députés socialistes Iñaki et Chéniz.
04:40Et vous allez le voir, Myriam,
04:41c'est pas beaucoup plus clair.
04:43Nous jugeons nécessaire
04:45que ce débat puisse avoir lieu ouvertement
04:47en commission des lois,
04:49puis en hémicycle.
04:50Effectivement, nous jugeons que la temporalité
04:53et l'opportunité n'est pas à destituer
04:56le président de la République,
04:57mais bien d'avancer sur d'autres sujets.
04:59Bon, alors c'est très simple.
05:01Myriam, mathématiquement,
05:02cette motion n'a donc aucune chance
05:04d'être adoptée,
05:05puisqu'il lui faut les deux tiers
05:07de l'hémicycle.
05:08Et je vous passe évidemment
05:09à l'étape du Sénat,
05:10où il faudra également un vote
05:11aux deux tiers de la Chambre haute.
05:13Bref, pas vraiment de panique
05:15chez les macronistes,
05:16mais ce qui les agace au plus haut point,
05:18c'est la mainmise de la France insoumise
05:20sur le Parti socialiste,
05:21comme le développe Roland Lescure.
05:24Ce qui est grave,
05:25c'est qu'on ait un parti de gouvernement,
05:27le Parti socialiste,
05:28qui nous disent que cette motion n'a aucun sens,
05:30qui nous disent que cette motion est grotesque,
05:32mais qui votent quand même
05:34sa recevabilité, entre guillemets,
05:36pour que le débat ait lieu.
05:37Et ça, ça affaiblit
05:39de manière extrêmement forte
05:41l'Assemblée nationale elle-même,
05:43le bureau de l'Assemblée nationale lui-même.
05:45Ce que sous-entend le député
05:47Ducamp en présidentielle,
05:48c'est qu'en ne résistant pas
05:49aux sirènes protestataires
05:51de la France insoumise,
05:52le Parti socialiste s'éloigne encore
05:54un peu plus de son ancienne culture
05:56de gouvernement.
05:57Pendant que la France insoumise,
05:58elle, se frotte les mains,
05:59elle entretient la conflictualisation
06:01du débat et va donc occuper
06:03le terrain parlementaire et médiatique
06:05pendant quelques épisodes encore.
06:07Mais le président, dans tout ça,
06:09est-ce qu'une procédure de destitution
06:11vouée à l'échec peut concrètement affaiblir
06:13Emmanuel Macron ou bien au contraire
06:15renforcer la stabilité
06:17Ducamp en présidentielle ?
06:18Vous savez quoi, Myriam,
06:19je vais vous faire une réponse de socialiste.
06:20Peut-être d'un coup, oui.
06:21Peut-être d'un coup, non.
06:23Les socialistes sont très normands
06:25ce soir.
06:26Arthur Delaporte,
06:27merci beaucoup,
06:28Valérie.
06:29Vous déclarez la guerre aux institutions,
06:31comme le dit Gabriel Attal ?
06:33Au contraire.
06:34Moi, je pense que la décision
06:35qui a été celle des socialistes,
06:36c'est-à-dire de voter la recevabilité
06:38au stade du bureau,
06:39c'est-à-dire, en fait,
06:40de laisser le débat avoir lieu,
06:41c'est avoir des institutions
06:43qui sont apaisées.
06:44Qu'est-ce qui s'est passé
06:45depuis sept ans maintenant ?
06:46On a un gouvernement
06:47qui a écrasé le Parlement,
06:48qui a empêché le Parlement
06:50de débat, de légiférer.
06:52On a des Insoumis
06:53qui ont, de leur côté,
06:55eu des pratiques
06:57qu'on a pu critiquer
06:58aussi,
06:59mais ce qui s'est passé,
07:00c'est qu'il y avait
07:01une tentative
07:02de verrouillage
07:03de l'institution.
07:04Et aujourd'hui...
07:05Alors, expliquez-nous,
07:06parce que les mots sont très forts.
07:07Vous verrouillez l'institution,
07:08comment, précisément,
07:09en quoi ?
07:10Parce que vous avez eu,
07:11par exemple,
07:12une commission d'enquête
07:13des socialistes.
07:14En 2020, on avait une demande
07:15de commission d'enquête
07:16sur les retraites.
07:17Normalement,
07:18le bureau de l'Assemblée
07:19ne fait que valider
07:20les demandes des groupes.
07:21C'est le droit,
07:22chaque année,
07:23on peut décider d'avoir un sujet.
07:24Et là,
07:25le bureau de l'Assemblée
07:26avait dit aux socialistes
07:27que ce n'était pas le bon sujet,
07:28choisissez-en un autre.
07:29Et puis,
07:30il s'est passé quelque chose
07:31il y a un an,
07:32toujours sur la question
07:33des retraites,
07:34avec l'Eliott.
07:35L'Eliott,
07:36le groupe Eliott...
07:37L'article 40
07:38sur l'abrogation.
07:39On ne va pas refaire le film
07:40parce que ça,
07:41c'est le passé.
07:42Le bureau l'avait laissé passer,
07:43il avait laissé cette proposition
07:44être recevable,
07:45le débat avait eu lieu,
07:46et quand les Insoumis
07:47ont déposé la même proposition,
07:48le bureau a dit
07:49que cette proposition
07:50de loi n'est pas recevable.
07:51Tout ça,
07:52ça justifie
07:53de destituer Emmanuel Macron ?
07:54Non, mais je reviens
07:55juste sur la fonction du bureau.
07:56Le bureau, son rôle,
07:57c'est de dire
07:58est-ce qu'il y a lieu
07:59d'avoir débat
08:00ou est-ce qu'il y a lieu
08:01de ne pas avoir un débat ?
08:02Est-ce que les critères
08:03sont respectés
08:04ou est-ce que les critères
08:05ne sont pas respectés ?
08:06On va y revenir
08:07à ce bureau qui devient
08:08très politique
08:09dans un instant.
08:10Globalement,
08:11ce qu'on a considéré,
08:12c'est que le rôle du bureau
08:13c'est un rôle technique.
08:14Est-ce que cette proposition
08:15de loi remplissait
08:16les critères fixés
08:17par la loi organique
08:18qui vise à appliquer
08:19l'article 68 de la Constitution ?
08:20Pour ceux qui nous regardent,
08:21Monsieur Delaporte,
08:22vous, clairement,
08:23vous prêtez la main
08:24à une procédure
08:25que vous réprouvez
08:26sur le fond.
08:27Est-ce que vous trouvez
08:28ça cohérent ?
08:29Bien sûr, parce qu'en fait,
08:30on ne peut pas dire
08:31qu'on est des démocrates
08:32et refuser le débat.
08:33Moi, je n'ai pas de problème
08:34à dire aux insoumis
08:35dans l'hémicycle
08:36que je ne suis pas d'accord
08:37avec l'idée de la destitution.
08:38Je n'ai pas de problème
08:39à le faire.
08:40Et ceux qui refusent
08:41d'avoir le débat,
08:42ce sont ceux qui finalement
08:43leur servent la possibilité
08:44de se présenter
08:45comme des victimes.
08:46Allons au débat,
08:47les insoumis perdront
08:49et derrière,
08:50on pourra clore ce sujet
08:51de la destitution.
08:52Mais vraiment,
08:53je le dis,
08:54on n'a pas à dévoyer
08:55le sens des institutions...
08:56Donc vous, vous avez voté
08:57clairement pour, hier,
08:58pour la recevabilité
08:59en réunion de groupe hier soir.
09:00Vous savez que le vote
09:01au sein du bureau
09:02du groupe socialiste,
09:03il est secret,
09:04mais ce qui est sûr,
09:05c'est que la position
09:06est désormais partagée.
09:07Vous ne l'assumez pas,
09:08votre vote ?
09:09Moi, je n'ai pas de problème
09:10à dire que j'étais plutôt
09:11en faveur de cette ligne-là.
09:12C'est très clair.
09:13Parfait.
09:14C'est un vrai débat.
09:15On y va.
09:16François Comme,
09:18allons au débat.
09:19Et puis, sur le fond,
09:20les socialistes sont très clairs.
09:21Unanimement,
09:22ils voteront contre la destitution.
09:23Qu'est-ce que vous répondez ?
09:24On voit bien que mon collègue
09:25de La Porte
09:26est très ennuyé
09:27et qu'il a le cul
09:28entre les deux chaises.
09:29Et quand on est dans
09:30ces positions-là,
09:31on finit le jour par tomber.
09:32Et donc,
09:33il nous fait une démonstration
09:34très jésuite
09:35de, finalement,
09:36on n'est pas d'accord
09:37sur le fond,
09:38mais on veut le débat,
09:39donc on a voté pour.
09:40C'est une décision
09:41très politique
09:42qui a été prise
09:43par le bureau
09:44de l'Assemblée nationale,
09:45une décision
09:47fondée
09:48et qui répond
09:49à une stratégie
09:50de la France insoumise
09:51et de M. Mélenchon
09:52de trumpiser
09:53la vie politique française.
09:55Trumpiser la vie politique française,
09:57c'est-à-dire
09:58créer
09:59une réalité parallèle
10:01qui n'a rien à voir
10:02avec la vraie réalité,
10:04violenter les institutions,
10:06mettre de l'outrance
10:08partout.
10:09Et aujourd'hui,
10:10ce que je regrette,
10:11à titre personnel,
10:12c'est que les socialistes
10:13soient complices
10:14de cette trumpisation.
10:15Je rappelle que vous-même,
10:16vous avez été membre
10:17du Parti socialiste
10:18pendant de nombreuses années.
10:20C'était il y a plus de dix ans
10:21et je ne regrette pas
10:22d'être parti du Parti socialiste
10:24quand je vois
10:25à quel point
10:26il s'abaisse aujourd'hui
10:27par le fait du syndrome
10:29de Caracas
10:30dont souffre M. Olivier Faure.
10:31C'est-à-dire que c'est
10:32le syndrome de Stockholm
10:33à la sauce bolivarienne
10:35et ce pauvre Olivier Faure
10:37en est réduit...
10:38Ce pauvre Olivier Faure
10:39en est réduit
10:40à être le complice
10:41des décisions
10:42de Jean-Luc Mélenchon.
10:43C'est Jean-Luc Mélenchon
10:44le patron
10:45et on ne casse pas
10:46l'unité de la gauche
10:47sur ce sujet-là.
10:48C'est bien compris.
10:49Trumpiser le débat,
10:50l'Assemblée nationale,
10:51Nathalie Saint-Cricq,
10:52c'est vrai que Donald Trump
10:53avait soutenu
10:54une procédure
10:55de destitution
10:56contre Joe Biden.
10:57Est-ce que la comparaison
10:58vous semble légitime ?
10:59Je la trouve valide
11:00d'un point de vue
11:01du marketing
11:02et de la politique.
11:03On verra que d'un point de vue
11:04juridique,
11:05elle n'a aucun sens
11:06parce qu'on est quand même
11:07dans un état de droit
11:08avec une constitution
11:09avec un article
11:10qui dit si oui ou non
11:11c'est recevable
11:12mais pas recevable
11:13parce que ça nous fait plaisir
11:14ou alors on en revient
11:15à la phrase d'André Léniel
11:16en 1981
11:17qui disait
11:18vous avez juridiquement mis en tort
11:19parce que vous êtes
11:20politiquement minoritaire
11:21ce qui est quand même particulier
11:22dans un état de droit.
11:23Donc c'est une opération
11:24marketing assez bien menée.
11:26Il faut d'ailleurs dire
11:27que Jean-Luc Mélenchon
11:28avec l'aimable soutien
11:29des socialistes
11:30et des écologistes
11:31a réussi à faire des législatives
11:33le troisième tour
11:34de la présidentielle
11:35et à chaque fois
11:36il a une sorte de génie politique
11:38pour être au centre du débat,
11:40au centre des médias,
11:42à envoyer des mots
11:43très forts
11:44d'institution.
11:45Pour mémoire
11:46il y en a eu un
11:47qui a été destitué
11:48parce qu'il était légèrement
11:49dérangé psychologiquement
11:50c'était Monsieur Deschanel.
11:51Donc c'est quelque chose
11:52d'effectivement violent
11:53et qui accrédite
11:55cette thèse
11:56qui est que le président
11:57de la République
11:58n'a aucune légitimité
11:59et que le vote est secondaire.
12:00Pour vous dans cette stratégie
12:01au fond de la conflictualité
12:03le parti socialiste
12:05offre une tribune
12:06au LFU ?
12:07Le parti socialiste
12:08ce que je ne comprends pas
12:09c'est l'énervement
12:10de la Macronie
12:11c'est-à-dire
12:12vous voulez des socialistes
12:13tels qu'ils devraient être
12:14et non pas tels qu'ils sont.
12:15Au bout d'un moment
12:16quand vous avez vu
12:17l'ANUPS
12:18quand vous avez vu
12:19les accords
12:20quand vous avez vu
12:21le vote du bureau national
12:22où on a blackboullé
12:23Cazeneuve
12:24qui est quand même
12:25insensé
12:26On y reviendra si vous voulez
12:27Alors on y reviendra
12:28les résultats
12:2928-33
12:30si je me souviens bien
12:3133 pour pas le soutenir
12:32ou pour même pas dire
12:33qu'on le censurera pas
12:34Il y a une cohérence
12:35c'est préférer
12:36un accord électoral
12:37préférer pour des raisons
12:38de municipales
12:39ou de législatives
12:40préférer l'emprise
12:41de LSI
12:42L'emprise vous dites ?
12:43Bah écoutez
12:44oui on n'arrête pas
12:45de parler d'emprise
12:46donc même
12:47Non mais les mots sont très forts
12:48Non mais on n'est pas
12:49tellement énervé
12:50Nathalie Saint-Cricq
12:51En réalité
12:52vous connaissez la phrase
12:53de Jaurès
12:54Allez vers l'idéal
12:55en prenant en compte le réel
12:56L'idéal on l'aime bien
12:57mais le réel
12:58socialiste
12:59on le déplore
13:00D'accord
13:01mais on va revenir
13:02sur des bases juridiques
13:03parce que c'est intéressant
13:04au fond Nathalie Saint-Cricq
13:05nous dit que politiquement
13:06c'est plutôt bien joué
13:07de la part de Jean-Luc Mélenchon
13:08et des associations soumises
13:09parce qu'ils installent
13:10ce mot dans le débat
13:11on verra comment
13:12les manifestants
13:13s'en serrent
13:14comme slogan
13:15mais juridiquement
13:16ça ne tient pas
13:17mais sur les socialistes
13:18et on vient au débat
13:19et à l'article 68
13:20dans un instant
13:21Arthur Delaporte
13:22qu'est-ce que vous répondez ?
13:23Emprise
13:24du PS
13:25de Jean-Luc Mélenchon
13:26et trumpisation du débat
13:27Vous voyez bien
13:28qu'on est tellement sous emprise
13:29qu'on explique
13:30qu'on va voter
13:31contre la proposition
13:32des insoumis
13:33Comment voulez-vous
13:34que les gens normaux
13:35enfin les gens
13:36qui aiment la politique
13:37comprennent
13:38qu'il va y avoir
13:39un débat sur la destitution
13:40on va aller dire
13:41qu'on est contre la destitution
13:42et vous appelez ça
13:43être sous emprise
13:44de la destitution
13:45Mais votre communiqué
13:46de presse
13:47c'est un retour au molettisme
13:48il fait rire tout le monde
13:49Non mais là
13:50vous pouvez parler de molettisme
13:51comme vous voulez
13:52la question c'est
13:53est-ce qu'on va voter
13:54contre cette destitution
13:55ou pas ?
13:56Moi je vais pouvoir
13:57voter dans l'hémicycle
13:58et je suis content de le faire
13:59et je pourrais dire
14:00que je ne suis pas en accord
14:01avec la proposition
14:02Vous allez accréditer
14:03ce que dit
14:04M.Mélenchon
14:05au niveau de la destitution
14:06du président de la République
14:08Là où j'ai un point
14:09de désaccord
14:10avec Nathalie Saint-Cricq
14:11et Mme Mankawa
14:12c'est qu'en réalité
14:13vous dites que c'est
14:14diablement bien joué
14:15de la part de Jean-Luc Mélenchon
14:16Mais Jean-Luc Mélenchon
14:17évidemment il se replace
14:18au centre des débats
14:19à chaque fois
14:20mais il conteste
14:21toutes les élections
14:22et il les perd toutes
14:23et plus ça va
14:24plus il est détesté
14:25dans le pays
14:26et plus il fait détester
14:27la gauche
14:28On ne va pas faire un débat
14:29sur les résultats électoraux
14:30de Jean-Luc Mélenchon
14:31Pardon je termine d'un mot
14:32et plus ça va
14:33plus on accrédite
14:34la notabilité
14:35du Rassemblement National
14:36et ça c'est grave
14:37C'est vrai que Marine Le Pen
14:38a à peine réagi
14:39on n'a pas beaucoup entendu
14:40le Rassemblement National
14:41aujourd'hui
14:42Anne-Charlene Bézina
14:43il s'agit de l'article 68
14:44de la Constitution
14:45qui est héritée
14:46d'une procédure
14:47pour haute trahison
14:48qui doit renvoyer
14:49je crois
14:50à la haute cour de justice
14:51expliquez-nous
14:52si cet article
14:53est adapté
14:54à la destitution
14:55et à les situations
14:56politiques
14:57qu'on connaît aujourd'hui
14:58Alors moi
14:59je suis persuadée
15:00que l'article 68
15:01est adapté à son temps
15:02notamment parce qu'il a été révisé
15:03précisément en 2007
15:04puisqu'auparavant
15:05on parlait
15:06de haute trahison
15:07qui était le vocabulaire
15:08justement hérité
15:09de Deschanel
15:10avec cette idée
15:11de la prévarication
15:12de l'intelligence
15:13avec l'ennemi
15:14et aujourd'hui
15:15cette idée
15:16d'un manquement
15:17manifestement incompatible
15:18avec la poursuite
15:19d'un mandat présidentiel
15:20va un petit peu
15:21plus clairement
15:22à son objectif
15:23même si on perçoit
15:24dans l'importance
15:25des mots
15:26manifestement incompatibles
15:27avec la poursuite
15:28d'un mandat
15:29que le même sens
15:30de la gravité
15:31à mon avis
15:32c'est l'article 68
15:33qui est une procédure
15:34il faut le dire
15:35exceptionnelle
15:36d'accord ?
15:37L'idée que le bureau
15:38soit uniquement là
15:39Véro chance d'être adopté
15:40Alors aujourd'hui
15:41il faut deux tiers
15:42de l'Assemblée nationale
15:43alors admettons
15:44que ce soit même possible
15:45il faut encore deux tiers
15:46du Sénat
15:47ce qui là
15:48semble très compliqué
15:49et il faut ensuite
15:50trois cinquièmes
15:51de ces membres-là
15:52réunis en haut de cour
15:53avant que cette destitution
15:54ne soit considérée
15:55comme effective
15:56constitutionnellement
15:57donc oui
15:58il y a très peu de chance
15:59pour qu'elle n'aboutisse
16:00mais la question
16:01c'est de savoir
16:02est-ce qu'il y a un bureau
16:03qui va dire oui ou non
16:04les conditions sont remplies ?
16:05On peut considérer
16:06que c'est un filtrage
16:07purement procédural
16:08sauf que les mots
16:09ont un sens
16:10et qu'à partir du moment
16:11où on considère
16:12que la recevabilité
16:13c'est-à-dire que le critère
16:14de manquement
16:15manifestement incompatible
16:16avec la poursuite
16:17du mandat de Président
16:18est ici remplie
16:19par rapport au fait
16:20que le Président de la République
16:21n'a pas choisi
16:22un Premier ministre
16:23dans un rang
16:24ou dans un autre
16:25on poursuit
16:26le sérieux
16:27d'une interprétation
16:28de la Constitution
16:29qui à mon sens
16:30n'a pas de sens
16:31factice et politique.
16:32Donc pour vous
16:33il n'y a pas de cohérence
16:34dans la position des socialistes ?
16:35Je crois en tout cas
16:36que juridiquement
16:37déconnecter la décision
16:38du bureau du fond
16:39que cela apporte
16:40à cette procédure
16:41de destitution
16:42est un peu facial
16:43en réalité
16:44parce qu'au fond
16:45ça donne quand même du poids
16:46et c'est une démarche
16:47il faut dire hautement politique.
16:48Pierre Avril
16:49qui est à l'origine
16:50de la réforme constitutionnelle
16:51regrettée
16:52qui est à l'origine
16:53de cette réforme constitutionnelle
16:54de 2007
16:55avait dit justement
16:56que ces mots-là
16:57auraient une charge politique.
16:58Mais il avait aussi dit
16:59qu'il n'y avait pas
17:00de rôle d'appréciation
17:01sur le fond
17:02mais uniquement technique.
17:03Pas du tout technique
17:04mais politique.
17:05Donc il avait dit
17:06que ce n'était pas au bureau
17:07de faire une appréciation.
17:08Je suis sûre
17:09que nos téléspectateurs
17:10sont grands fans
17:11de Pierre Avril.
17:12On a peut-être
17:13même des étudiants
17:14en droit
17:15en faculté
17:16qui nous regardent.
17:17On les laissera trancher
17:18n'hésitez pas
17:19à nous répondre
17:20politique ou technique
17:21la question du bureau
17:22et de la recevabilité.
17:23Quand même
17:24c'est intéressant
17:25on a des arguments politiques
17:26on a des arguments juridiques.
17:27Au fond
17:28on a regardé
17:29le fond
17:30d'une procédure
17:31quand il s'agit
17:32de décider
17:33de la recevabilité
17:34d'un débat.
17:35Est-ce qu'il n'y a pas
17:36un clivage intenable ?
17:37Sur la place de la démocratie.
17:38Parce qu'on a un sujet
17:39qui intéresse
17:40beaucoup de Français
17:41la question de la destitution.
17:42Vous avez la moitié
17:43des Français qui sont pour.
17:44Et vous avez
17:45une petite chambre
17:46qui pourrait dire
17:47ceci n'a pas sa place
17:48dans le débat public.
17:49C'est la même chose
17:50qui se passe par exemple
17:51quand on reçoit des pétitions
17:52très souvent on va les classer
17:53parce que finalement
17:54elles ont reçu des signataires
17:55mais on les classe
17:56alors qu'en fait
17:57il n'y a pas de débat
17:58dans le débat public.
17:59C'est pour cela que
18:00le Parlement c'est le lieu
18:01la caisse de résonance
18:02des débats de la société.
18:03Même s'il s'agit d'un coup
18:04d'éclat institutionnel
18:05sans lendemain ?
18:06Vous voyez bien
18:07qu'il va se retourner
18:08à la fin contre les insoumis
18:09parce que vous pouvez dire
18:10que Jean-Luc Mélenchon
18:11est gagnant
18:12mais à la fin
18:13qui est-ce qui va sortir
18:14finalement
18:15avec une destitution avortée ?
18:16Vous êtes allié
18:17avec les insoumis
18:18ou vous n'êtes pas allié
18:19avec les insoumis ?
18:20Je vous dis
18:21sur cette procédure-là
18:22vous allez aux élections
18:23avec eux
18:24et là vous êtes en train
18:27de dire qu'on a été
18:28extrêmement constant
18:29dès qu'ils ont sorti
18:30cette idée dans le débat public
18:31le 18 août
18:32on a dit
18:33en fait c'est un coup d'épée
18:34dans l'eau
18:35parce que vous allez faire
18:36un débat
18:37et vous allez afficher
18:38votre opinion.
18:39Mais là vous changez
18:40quand même un peu d'avis
18:41parce qu'à la mi-août
18:42vraiment aucun socialiste
18:43n'était chaud
18:44j'ai regardé
18:45les communiquer.
18:46Mais en fait
18:47il vient précédent
18:48en 2016
18:49le groupe LR
18:50à l'instigation
18:51de Monsieur Lelouch
18:52qui n'était pas un tendre
18:53décide de faire
18:54une procédure de destitution
18:55de François Hollande.
18:56C'est un président socialiste
18:57je crois.
18:58Je sais que depuis
18:59votre nouveau maître
19:00c'est Monsieur Mélenchon
19:01je sais que vous laissez siffler
19:02Monsieur Cazeneuve
19:03qui fut Premier ministre socialiste
19:04mais Claude Bartholone
19:05qui a été président socialiste
19:06de l'Assemblée nationale.
19:07Dans exactement
19:08le même cas de figure
19:09qu'est-ce qu'il dit
19:10en bureau
19:11de l'Assemblée nationale
19:12c'est qu'on doit regarder
19:13si les faits incriminés
19:14rentrent dans le cadre
19:15de cet article
19:16ou pas
19:17de l'article 68.
19:18La dénonciation
19:19de forme
19:20et de fond sont liées.
19:21C'est très clair.
19:22Et donc voyez
19:23vous tournez le dos
19:24aussi
19:25à l'interprétation
19:26que faisait
19:27un socialiste président.
19:28J'en vois la lecture
19:29du bureau
19:30au site de 2016
19:31et il y a la question
19:32du sérieux ou pas
19:33de ce qui est...
19:34On voit bien
19:35mais peut-être qu'on est
19:36au fond du sujet.
19:37C'est un sujet sérieux.
19:38Ce qui est intéressant
19:39c'est que ce mot
19:40de destitution
19:41il est très fort.
19:42On démet
19:43le chef de l'Etat.
19:44Ca veut dire quand même
19:45que ce mot
19:46s'installe.
19:47Le mot derrière
19:48c'est le mot de démission
19:49dont beaucoup de responsables
19:50politiques de premier plan
19:51n'hésitent pas
19:52à employer.
19:53C'est une façon
19:54dans le cerveau
19:55des gens
19:56de légitimer
19:57quelque chose
19:58qui n'est en soi
19:59pas légitime
20:00ni justifiée.
20:01Mais si votre argument
20:02est uniquement
20:03un argument
20:04à la Voltaire
20:05c'est-à-dire
20:06je me barterai toujours
20:07pour que mes ennemis
20:08puissent s'exprimer
20:09il faudrait juste
20:10s'inquiéter d'une chose.
20:11Alors déjà
20:12je n'ai pas dit
20:13mes ennemis.
20:14Vous avez dit
20:15après ils seront...
20:16La référence à Voltaire
20:17c'est simplement
20:18en gros je ne suis pas d'accord
20:19mais je me barterai
20:20pour que vous puissiez
20:21exprimer vos...
20:22C'est une situation apocryphe
20:23du voltairisme.
20:24Alors on va finir sur Voltaire.
20:25Simplement
20:26moi ce qui m'inquiète un peu
20:27c'est que probablement
20:28un certain nombre
20:29d'électeurs
20:30ou de gens
20:31et il y en a de moins en moins
20:32qui se demandent
20:33moi je vois les gens
20:34qui demandent
20:35on va avoir un gouvernement
20:36il se passe quoi
20:37est-ce que c'est grave
20:38qu'il n'y en ait pas ?
20:39Que ce soit une énième
20:40manip
20:41politicienne
20:42non mais
20:43qu'on ait besoin
20:44de plus de démocratie
20:45plus de débats
20:46à l'Assemblée
20:47plus de un tas de choses.
20:48Je suis content
20:49que vous le reconnaissiez.
20:50On a un débat
20:51d'importance
20:52et qu'on en arrive
20:53à
20:54essayer
20:55d'être dans la roue
20:56quand même
20:57d'une démarche
20:58parce que je veux bien
20:59la démocratie
21:00mais je pense que vos camarades
21:01de Elle est fine
21:02ne sont pas non plus
21:03les plus grands adeptes
21:04de la démocratie
21:05qui ont pris dans leur rang
21:06où vous faites des votes
21:07au risque peut-être
21:08d'être incompris
21:09c'est tout votre rang
21:10dans l'hémicycle.
21:11Ça peut dégoûter
21:12au bout d'un moment
21:13des gens
21:14qui espèreraient
21:15qu'on parle sérieusement
21:16d'un certain nombre de choses
21:17qu'on ne soit pas
21:18dans l'emphase
21:19ou dans le marketing
21:20parce que
21:22ça ressemble à ça.
21:23Avant d'accueillir Stéphanie Despierre
21:24parce qu'on va faire
21:25un petit gros plan
21:26sur ce bureau
21:27dont on comprend bien
21:28que ça va devenir
21:29l'instance politique majeure
21:30de ce palais-bourbon
21:31ici.
21:32Quelle est la prochaine étape
21:33Anne-Charline Bézina ?
21:34Ca veut dire que
21:35ce texte
21:36cette proposition
21:37de résolution
21:38pour la destitution
21:39du chef de l'Etat
21:40va forcément se retrouver
21:41d'abord en commission
21:42puis dans
21:43l'hémicycle de l'Assemblée
21:44c'est une certitude ça ?
21:45C'est une certitude,
21:46en effet, c'est la loi organique
21:47qui prévoit
21:48une procédure très originale
21:49c'est qu'elles sont regardées obligatoirement
21:51par la commission et par l'ensemble des députés,
21:54de même au Sénat, ensuite.
21:56L'idée, c'est, en réalité, de permettre qu'il y ait un vote.
21:59Il n'y a aucun amendement possible.
22:02C'est oui ou non.
22:03Est-ce qu'il y a un sérieux à cette procédure de destitution ?
22:06Est-ce qu'on appuie sur le bouton pour destituer ce président ?
22:10Il y a cette procédure qui va être suivie.
22:12Il faut des majorités particulièrement solides.
22:15C'est quelque chose de très exceptionnel.
22:17Il y a les seuils de vote, mais il y a la tribune.
22:20Il y a les seuils de vote, mais il y a...
22:22Je rejoins ce qu'a dit Nathalie Saint-Cricq.
22:25La caisse de résonance de ce terme de destitution
22:28est particulièrement forte.
22:29On l'avait réservé, dans l'article 68,
22:32à quelque chose de très grave, la haute trahison,
22:34si bien que c'était rangé dans l'esprit de notre Constitution.
22:38Est-ce qu'en 2007, on n'a pas ouvert la boîte de pendants
22:41en permettant que ce Parlement se saisisse de la destitution ?
22:44Peut-il y avoir des détournements pour une arme d'opposition ?
22:47Je ne suis pas d'accord avec l'idée
22:49qu'on dise que l'Assemblée nationale
22:51est une caisse de résonance de la démocratie.
22:54La démocratie est-elle complètement servie
22:56par cette idée qu'on puisse nourrir l'idée
22:58qu'un président de la République a son pouvoir
23:01lié par la Constitution et que, sans cela, il serait démis ?
23:04La Constitution n'impose absolument pas
23:06au président de la République de choisir Lucie Castex.
23:09C'est désormais ce que cette proposition
23:12de destitution installe dans l'esprit de Français.
23:14Sur le fond, article 68,
23:16manquement à l'exercice de son mandat,
23:18n'est pas adapté à la situation politique,
23:20le refus de choisir Lucie Castex.
23:22On va pas refaire le débat,
23:24on s'arrête un instant sur ce bureau.
23:26C'est vrai, pour nos téléspectateurs,
23:28on en parle très peu, peut-être un peu plus sur LCP,
23:31mais désormais, ce bureau de l'Assemblée nationale
23:34va avoir une importance politique majeure.
23:36Pourquoi Stéphanie Despierre nous rejoint tout de suite
23:39pour nous expliquer tout ça ?
23:42Sonnette
23:43...
23:47Bonsoir.
23:48Bonsoir.
23:49Bonsoir, Stéphanie.
23:50Qu'est-ce que le bureau de l'Assemblée ?
23:52A quoi sert-il ?
23:54Le bureau, c'est la plus haute autorité
23:56de l'Assemblée nationale, une sorte de gouvernement
23:59qui organise la vie au Palais-Bourbon,
24:01le déroulement des séances,
24:02qui fait respecter le règlement
24:04et qui dirige l'administration de cette Assemblée.
24:07Il est composé de la présidente de l'Assemblée,
24:09Yael Brown-Pivet, de six vice-présidents,
24:11de trois casters et de 12 secrétaires.
24:14Rappelez-vous, c'est un peu loin, il y a eu les JO entre-temps,
24:17mais fin juillet, les députés membres de ce bureau
24:20ont été élus par un vote dans l'hémicycle
24:22lors de l'installation de la nouvelle Assemblée.
24:25La bataille pour les postes a été extrêmement rude
24:28et le camp présidentiel a perdu, puisque c'est désormais
24:31le Nouveau Front Populaire qui a la majorité au bureau.
24:34Ils ont 12 députés de gauche autour de la table,
24:36sur les 22 membres, alors c'est inédit,
24:38c'est la première fois, sous la Ve République,
24:41que la majorité du bureau est d'une autre couleur politique
24:44que la présidente ou le président de l'Assemblée.
24:47Qu'est-ce que ça peut changer, concrètement ?
24:49Cette instance très organisationnelle
24:51va devenir une instance très politique,
24:54parce qu'elle a la main sur des décisions importantes.
24:56C'est le bureau, par exemple, qui valide les sanctions,
24:59comme celle contre l'insoumis Sébastien Delogue,
25:02qui avait brandi, rappelez-vous, en mai dernier,
25:05le drapeau palestinien dans l'hémicycle.
25:07Concernant les sanctions les plus dures,
25:09dès que le Nouveau Front Populaire a obtenu la majorité dans ce bureau,
25:13en juillet, la chef des Insoumis a clamé que beaucoup de choses
25:16allaient changer sur ce point de vue.
25:18Je vous rappelle aussi que c'est le bureau
25:20qui lève l'immunité parlementaire d'un député.
25:23C'est aussi le bureau qui donne le feu vert, ou pas,
25:25à l'examen des propositions de loi.
25:27Alors, chaque réunion risque de tourner au bras de fer.
25:31On fait de la politique, on est là pour ça.
25:33Assume la France insoumise,
25:35perdre la majorité au bureau,
25:37c'est la pire chose qui nous soit arrivée,
25:39confiée une députée du camp présidentiel qui s'inquiète.
25:43Je ne sais pas comment Yael Broun-Pivet va tenir,
25:46ça me paraît impossible,
25:48et à gauche, certains n'hésitent pas à parler de cohabitation
25:51entre la présidente de l'Assemblée et le Nouveau Front Populaire.
25:55Merci, Stéphanie.
25:56Nathalie Saint-Criquel est là, la cohabitation ?
25:58En partie, oui.
26:00Plus que jamais.
26:01Dès ce matin, Yael Broun-Pivet...
26:03Il est tenable, ce bureau ?
26:05Il est tenable.
26:06Il y a eu un vote, on ne peut pas...
26:09Après, il y a eu un certain nombre de personnes
26:11qui se sont mal débrouillées et que le résultat soit assez baroque
26:15par rapport à ce qui était prévu.
26:17En plus, on n'a pas...
26:19Vous nous rappelez, peut-être ?
26:20Les macronistes n'ont pas réussi...
26:22...à faire acte de présence des potrominés.
26:25Je n'ai pas dit que vous dormiez,
26:27pas vous, personnellement, dans l'hémicycle.
26:30Il manquait 40 macronistes.
26:31Il manquait des socialistes aussi.
26:33Il manquait des gens de tous les bords.
26:35Il y a des brèches possibles dans le débat parlementaire,
26:39dans des votes, et on les connaît depuis une éternité.
26:42Ca peut être la nuit, ça peut être quelqu'un qui n'est pas là.
26:45Il se trouve que c'est effectivement...
26:47Mais il n'y a pas de raison de remettre en cause...
26:50C'est la démocratie la plus parfaite et la plus pure.
26:53On peut s'en plaindre, on peut le déplorer.
26:55On peut surtout voir s'il y a peut-être aussi une magie...
26:59Comment dire ? Une magie de responsabilité
27:01qui fait que, pour ce qui est des sanctions,
27:03éventuellement, on pourra affliger...
27:06Affliger, pardon, aux personnes qui se sont mal conduites
27:09dans l'hémicycle. Il y en a eu récemment.
27:11Peut-être que tout d'un coup, il y aura un sursaut.
27:14Ca ne sera pas politique.
27:16Vous avez un grand sourire.
27:17Qu'est-ce que ça va changer, pour ceux qui nous regardent,
27:20la gauche majoritaire dans ce bureau ?
27:23Les sanctions tomberont, mais elles seront plus clémentes ?
27:26Moi, j'ai toujours, en effet, défendu une position
27:29que les sanctions sur la précédente législature
27:32avaient été trop importantes
27:33par rapport à ce qui avait été donné sur les législatures d'avant.
27:37Si on reprend des législatures un peu houleuses,
27:40il y avait moins de sanctions,
27:41alors que l'hémicycle était tendu pour les mêmes mots.
27:44Le mot assassin, qui a donné l'objet d'une exclusion sur l'hémicycle,
27:49ce mot-là a été employé 12 fois pendant la Ve République
27:52et à aucun moment il n'avait donné lieu au préalable à des sanctions.
27:56Vous nous dites que les socialistes au bureau
27:59sanctionneront moins facilement les insoumis ?
28:01Je ne parle pas des insoumis,
28:03car il y a des choses qui ont été sanctionnées et d'autres non.
28:06Yael Brown-Pivet a beaucoup sanctionné,
28:09mais d'autres n'ont pas sanctionné.
28:11On est ici sur l'épisode où il y a eu 10 fois plus de sanctions
28:14en l'espace de deux ans qu'il y en avait eu...
28:17Yael Brown-Pivet n'était pas impartial.
28:19Je dis juste qu'elle a eu une sanction facile.
28:21Est-ce que la sanction a permis de rétablir l'ordre ?
28:24Dans l'hémicycle, la réponse est non.
28:26Est-ce qu'il y a eu des comportements
28:28qui, pour moi, étaient trop expressifs dans l'hémicycle ?
28:32Oui, mais la question, c'est,
28:33est-ce que la sanction a été proportionnée ?
28:36La réponse est non.
28:37Le drapeau a donné lieu à une exclusion de 15 jours.
28:40Il y avait déjà eu des pancartes brandies précédemment
28:43et elles n'avaient pas donné lieu à de telles sanctions.
28:46Elles avaient donné lieu à un rappel à l'ordre,
28:49mais des choses de gravité.
28:51Il y a eu, en effet, un usage disproportionné de la sanction.
28:56Yael Brown-Pivet, je lui disais, je demande ça,
28:59elle avait la majorité au bureau, elle était suivie,
29:02mais je note que certains de la majorité,
29:04par exemple Jean-Paul Matéi, du Modem,
29:07étaient choqués eux-mêmes par la sévérité de certaines sanctions.
29:10Il y a eu des sanctions qui ont été infligées
29:13à des gens de la majorité sortante.
29:15C'est important, quand même.
29:17Vous êtes inquiets ou, au contraire,
29:19vous faites confiance à la démocratie.
29:21Un bureau exécutif qui aura beaucoup de pouvoir,
29:24mais qui est tenu par une majorité d'opposants.
29:28C'est pas forcément un mal.
29:30Je vais vous dire sur quoi porte mon inquiétude.
29:33Sur ce que dit Arthur Delaporte, je suis plutôt d'accord avec lui.
29:37L'hémicycle, c'est le lieu de la liberté de débat
29:40et qu'on ne doit pas être sanctionné pour tel ou tel propos
29:43à condition qu'il ne dépasse pas certaines limites.
29:46Madame Pannotian a été rappelée à l'ordre
29:48parce qu'elle avait qualifié le rassemblement national
29:51de partis xénophobes.
29:52Je pense que l'hémicycle est le lieu de la liberté
29:55et qu'il y a eu trop de sanctions.
29:57Ce qui m'inquiète, je vais vous le dire,
29:59c'est que 2022, majorité relative, 2024, pas de majorité du tout.
30:04C'est une opportunité, en réalité,
30:06pour que l'Assemblée nationale reprenne du pouvoir
30:09alors que la pratique de la Ve République
30:12a donné trop de pouvoir à l'exécutif
30:14et à la haute administration.
30:16Par l'irresponsabilité d'un certain nombre de groupes politiques,
30:20nous sommes incapables de reprendre le pouvoir
30:22à l'Assemblée nationale. Ce que recouvre l'épisode de ce matin,
30:26c'est une chose très claire, c'est que alors que nous pourrions
30:29constituer une grande coalition des Républicains modérés,
30:33des sociodémocrates augaulistes...
30:35Les socialistes sont les otages de Mélenchon.
30:37Le mot de la fin, je vous le donne rapidement, Anne-Charlène Bézina.
30:41Ce bureau, c'est vrai que c'est inédit.
30:43Vous êtes optimiste, la juriste que vous êtes.
30:46Je rejoins Nathalie Saint-Cricq.
30:48On peut espérer une patine des institutions,
30:50même si la décision de ce matin ne semble pas aller dans ce sens.
30:54Le bureau est un organe central.
30:56C'est lui qui va incarner l'hémicycle qu'on veut pour demain.
30:59Est-ce que la conflictualité est la voie de l'opposition ?
31:02Merci beaucoup.
31:04On s'arrête là. Merci infiniment.
31:06C'est fini.
31:07C'est le président de la République.
31:09On ne refait pas le débat.
31:10On termine.
31:12Merci à vous.
31:13Merci infiniment d'avoir accepté l'invitation d'LCP.
31:17Bonsoir, Éric Coquerel.
31:18Bonsoir.
31:19On est ravis de vous accueillir
31:21pour ce retour de savant-garde de la saison qui commence.
31:25Vous êtes l'invité ce soir franc-parlé,
31:27un invité qui préside la Commission des finances,
31:30un invité en colère.
31:31Pourquoi l'invitation de Maïté Frémont,
31:34interview juste après ?
31:35Si on vous invite, Éric Coquerel,
31:37c'est parce que vous, le président de la Commission des finances,
31:41de l'Assemblée,
31:42vous êtes au coeur d'une situation inédite.
31:45Pour le moment,
31:46aucune grande ligne budgétaire ne se dessine.
31:49Sans matière pour travailler sur le projet de loi de finances,
31:52vous avez décidé d'aller les chercher,
31:55ces documents, et à la source.
31:56Je n'ai pas envie de perdre une semaine de plus.
31:59Vous voilà donc avec le rapporteur du budget,
32:02direction Matignon,
32:03pour récupérer les lettres de plafond,
32:05les détails ministère par ministère
32:08des budgets alloués
32:09pour 2025.
32:10Nous ressortons aujourd'hui
32:12100 documents qui ont été signés par le Premier ministre.
32:15Nous avons besoin de cela pour travailler
32:18dans la préparation de la loi de finances
32:20et des débats de la loi de finances.
32:22Sinon, comment est-ce qu'on va pouvoir travailler ?
32:25Pour bien comprendre la situation, prenons un calendrier.
32:28Les informations budgétaires
32:30auraient dû vous parvenir court en juillet
32:33et le texte du gouvernement
32:34devait arriver sur votre bureau le 1er octobre.
32:37Il y aura au moins neuf jours de retard.
32:39C'est une situation anormale où, à chaque jour,
32:42on s'approche de la deadline
32:44de manière de plus en plus inquiétante.
32:46Il y a de quoi s'inquiéter.
32:48L'attente, d'un côté, de plus en plus longue,
32:51et de l'autre, l'urgence,
32:52parce que, oui, les jours défilent
32:54et le temps presse.
32:56Le déficit de la France se creuse.
32:58Les prévisions du Trésor,
33:00les voici, 5,6 % du PIB,
33:01et le déficit de la France,
33:03c'est de plus en plus élevé.
33:05Voici 5,6 % du PIB en 2024,
33:096,2 en 2025.
33:11Des chiffres bien loin de l'engagement
33:14pris par le gouvernement.
33:154,1 % pour 2025.
33:18Toujours selon le Trésor,
33:20pour respecter les règles européennes,
33:2330 milliards d'euros seraient à trouver
33:25pour 2025,
33:27100 milliards d'ici quatre ans.
33:29Alors, ce soir, Eric Coquerel,
33:31vous vous dites en colère
33:33et vous l'affirmez,
33:34vous amenderez en profondeur
33:37ce projet du loi de finances.
33:42Rebonsoir, Eric Coquerel.
33:44Vous avez donc essuyé une fin de non recevoir
33:47de Matignon, dont vous êtes ressorti
33:49bredouille au bout de 40 minutes.
33:51Vous êtes en colère, on l'a bien compris.
33:54Expliquez-nous concrètement ce qui s'est passé.
33:56Nous sommes en colère,
33:58Charles de Courson et moi-même.
33:59Le rapporteur général.
34:01Nous ne sommes pas en colère par rapport à nous,
34:03mais nous nous sommes serrés avec l'entrave
34:06sur des droits constitutionnels
34:08qu'ont le rapporteur général du budget
34:10et le président de la Commission des Finances.
34:13Et donc, pour moi,
34:15c'est une manière de balayer,
34:18une fois de plus, de contourner,
34:20de retarder les droits du Parlement
34:23à débattre du budget,
34:25à s'en saisir,
34:27ensuite à l'adopter ou pas,
34:28et à le contrôler.
34:30Vous parlez d'entrave, d'une extrême gravité.
34:32Vous avez dit un peu plus tôt dans La Journée
34:35que le gouvernement était hors la loi.
34:37Les mots sont très forts.
34:38C'est un droit constitutionnel
34:40que vous avez d'accéder à ces fameux documents.
34:43On va y venir, mais est-ce que vous avez des voies de recours ?
34:46Dire que le gouvernement est hors la loi,
34:48ça doit appeler à des conséquences.
34:50Lesquelles ?
34:51C'est factuellement vrai.
34:53Il est déjà hors la loi organique,
34:55puisque la loi organique prévoit que, théoriquement,
34:58nous ayons un document budgétaire officiel,
35:00ce qu'on appelle le tiré-à-part,
35:02qui résume ces fameuses lettres plafond
35:04d'une manière assez détaillée, mi-juillet.
35:07C'est la loi organique.
35:08On est deux mois après, on ne les a pas.
35:11La loi organique prévoit que, le 1er mardi d'octobre,
35:14nous, nous discutons du budget.
35:15Le gouvernement compte prendre huit jours de plus.
35:18Enfin, à ce sujet-là, je l'ai dit,
35:21nous avons ce droit constitutionnel
35:23de consulter des documents sur le budget.
35:26Concrètement, on en reste là ?
35:27Vous avez dit votre colère.
35:29Qu'allez-vous faire ?
35:30On n'en reste pas là.
35:31C'est mal connaître, Charles de Courson et moi-même.
35:34Demain, nous allons aller à Bercy,
35:36c'est-à-dire là d'où ont été faites
35:39ces fameuses lettres plafond,
35:42pour voir si Bercy a une plus grande conscience
35:45des droits des parlementaires, en l'occurrence, de nos droits.
35:48Voilà ce que nous allons faire.
35:50On verra bien ce que fera Bercy.
35:52Le motif de refus de Matignon,
35:54on verra ce que vous dira Bercy,
35:56c'est de dire que ce sont des documents provisoires.
35:59La situation politique, évidemment, sans gouvernement,
36:02Michel Barnier doit mettre sa patte,
36:05il doit faire ses arbitrages, il ne les a pas encore faits,
36:08donc attendez une semaine, c'est ce qu'il vous réclame.
36:11Une semaine de plus, ça ne suffit pas ?
36:13Plus exactement, ils nous disent que ce sont des documents
36:16préparatoires à la finalisation du budget.
36:19Ce que nous disons, ce n'est pas le cas,
36:21ce ne sont pas n'importe quels documents.
36:23C'est des documents signés par le Premier ministre du moment,
36:26Gabriel Attal, et envoyés à tous les ministères.
36:29C'est des lettres plafond.
36:31Ce ne sont pas des notes, je veux dire,
36:33ce ne sont pas des notes internes.
36:35Ce sont clairement les fléchages des économies,
36:3825 à 30 milliards pour 2025.
36:39Là où M. le Premier ministre est contradictoire aussi,
36:43c'est qu'il nous dit, je ne vous les donne pas,
36:45mais attendez, dans une semaine, je vous donnerai un document,
36:49mais on ne connaît pas vraiment quels seront les détails,
36:52qui s'appuieront sur ces lettres plafond.
36:54Il dit qu'il va construire le budget sur ces lettres plafond
36:57et qu'il nous donnera un document préparatoire.
37:00S'il nous donne ça en une semaine,
37:02pourquoi perdre une semaine pour ne pas avoir des lettres plafond
37:05dont il dit qu'il va appuyer son budget dessus,
37:08même s'il l'amende, même s'il le modifie,
37:10mais ça sera la base de son budget.
37:12Ca nous fait perdre encore plusieurs jours.
37:14Cette question du calendrier est centrale.
37:17On sait que le débat parlementaire sur le budget
37:20est contraint par la Constitution.
37:22Ce que dit Charles de Courson va beaucoup plus loin
37:25que ce que vous dites vous.
37:27On sait que les finances publiques, elles sont exsangues.
37:30On a vu la note du Trésor, le dérapage, il est massif.
37:34Charles de Courson, lui, considère que le gouvernement a menti
37:38et qu'Emmanuel Macron a volontairement dissimulé
37:41l'ampleur des déficits aux Français.
37:45Êtes-vous d'accord avec lui ?
37:47Très clairement, en tout cas,
37:49il a voulu retarder au maximum le débat.
37:52C'est sûr. Il a profité de la période
37:54alors qu'il a voulu la dissolution.
37:57C'était urgent d'avoir la dissolution.
37:59Après, vu que le résultat ne convenait pas à ce qu'il en espérait,
38:02il n'était plus urgent de mettre un gouvernement.
38:05On décide une trêve parlementaire pendant les Jeux olympiques.
38:09Mais ils ont travaillé.
38:10Vous suggérez que parce qu'il savait qu'il voulait dissoudre,
38:13il n'a pas dit la réalité des finances ?
38:15Je suggère qu'entre le moment où il a dissous,
38:18le moment où il a perdu les élections,
38:20il y a eu toute une période où il a utilisé les Jeux olympiques
38:24pour, en réalité, reculer au maximum le débat budgétaire,
38:28tellement, effectivement, ce qu'il voulait faire
38:31dans ce budget, via son ministre des Finances,
38:34était une politique d'austérité comme on en a rarement connue.
38:38Il nous annonce, là, c'est déjà 15 milliards
38:41qui seraient, dans les lettres plafond actuelles,
38:43économisés pour l'an prochain sur les dépenses publiques.
38:46On nous dit qu'il en faudrait 30 pour lancer l'objectif.
38:49Ils ne veulent pas toucher aux recettes.
38:52Je ne suis pas sûr que ça soit dissimulé.
38:54En fait, c'est gagner du temps pour faire en sorte
38:56que son budget devienne irrémédiable.
38:59C'est pas acceptable.
39:00Est-ce rattrapable, ce retard ?
39:02Pour la première fois, le budget ne sera pas présenté
39:04le projet de loi de finances du gouvernement le 1er octobre,
39:08mais une petite semaine après, au lieu du 1er octobre,
39:11ce sera le 9 octobre.
39:12C'est rattrapable ?
39:13Les députés vont s'emparer de ce budget ?
39:15Vous dites que c'est trop tard ?
39:17J'arrête tout.
39:18On verra ce que ça donnera à l'arrivée.
39:20Je vous demande un peu quels étaient nos recours.
39:23Traditionnellement, dans les budgets,
39:25il y a des recours au niveau du Conseil constitutionnel.
39:28Là, les recours, on verra comment le Conseil constitutionnel
39:31les juge, tous ces problèmes de calendrier, de retard...
39:34Vous pouvez saisir le Conseil dès maintenant ?
39:37Il faut attendre la fin du débat.
39:39Je peux déjà vous dire que de toute façon, il sera saisi.
39:43J'y réfléchis.
39:44A cette heure, en tout cas, rien ne dit que tout ça
39:46va passer au niveau du Conseil constitutionnel,
39:49tout ce qui s'accumule.
39:50Est-ce qu'il est trop tard ? J'ai un conseil à donner
39:53à Michel Barnier pour s'éviter, justement,
39:56cette accumulation de retard.
39:58Il dit lui-même que le travail budgétaire
40:00va partir de ces documents, de ces lettres plafond.
40:03Ca veut dire qu'en réalité, il y a un budget qui est préparé.
40:07Moi, je serais lui... C'est ce budget que je présenterais,
40:10quitte à dire qu'après, il souhaitera l'amender...
40:12-"Un projet de loi de finances rectificative".
40:15-"Partir du budget du gouvernement démissionnaire".
40:18C'est votre proposition.
40:19Au moins, on ne reculerait pas par rapport au débat,
40:22on ne reculerait pas par rapport aux dates...
40:25Vous allez jouer le jeu de ce débat
40:27en tant que président de la Commission des Finances.
40:30Vous avez même dit qu'il fallait largement réformer
40:33ce budget en profondeur.
40:34On connaît le programme du nouveau Front populaire
40:37pour faire rentrer de l'argent dans les caisses de l'Etat,
40:41taxer le capital et les hauts revenus.
40:43Ca tombe bien, puisque vous avez vu les informations
40:45de nos collègues du Parisien.
40:47Michel Barnier vous a entendu.
40:49Il envisage d'augmenter les impôts sur les sociétés,
40:52sur les superprofits et sur les superriches.
40:54Matignon dément, mais vous savez comment ça se passe
40:57dans nos métiers. Il y a toujours une source bien informée.
41:00Est-ce que vous dites bonne nouvelle ? Vous restez prudent.
41:04Ce que je note, c'est que Matignon dément.
41:06Excusez-moi, mais on nous l'a déjà fait,
41:09c'est-à-dire que ça fait 2-3 ans que...
41:11-...c'est un ballon d'essai ?
41:12-...que, à la fin de l'été, tout d'un coup, Bercy nous dit
41:15qu'on comprend que c'est pas tenable,
41:18que les richesses s'accumulent au service de quelques-uns,
41:21donc il va falloir faire quelque chose.
41:23Il y a deux ans, c'était le rachat d'actions.
41:26Emmanuel Macron a même dit que c'était nécessaire.
41:28Et puis, il n'y a rien eu à l'arrivée.
41:31Donc, si vous voulez, je suis, j'attends de voir,
41:33mais je ne crois pas...
41:35-...qu'il y ait une petite musique.
41:37On sent bien que le tabou, la ligne rouge sur les impôts,
41:40la hausse d'impôts est en train d'être franchie.
41:42-...pour calmer les choses et pour avoir des miettes.
41:45Ce ne sont pas des miettes que nous devons avoir.
41:48-...de la Cour des comptes, le gouverneur de la Banque de France
41:51dit qu'il faudra augmenter les impôts.
41:54-...Pierre Moscovici, ce n'est pas le gouvernement.
41:56Ce que j'entends de l'émanuel Macron jusqu'à maintenant,
42:00et je crois que ce n'est pas un hasard
42:02de l'idée du Premier ministre,
42:03mais qu'il a choisi M. Barnier,
42:05c'est qu'il veut maintenir cette politique
42:08qui a fait en sorte que les super-riches s'enrichissent.
42:11C'est ça, la compréhension de la politique de M. Macron.
42:14-...M. Barnier sait bien qu'il n'y a pas de majorité
42:17sans hausse d'impôts.
42:18-...je suis très circonspect sur les effets d'annonce en ce moment
42:22et j'ai bien peur que, si nous ne les poussons pas,
42:25et nous allons les pousser, du coup, on verra bien,
42:28car je pense qu'il y a une majorité dans ma commission
42:31pour, effectivement, taxer davantage les super-dividendes,
42:34les rachats d'actions, les transactions financières,
42:37cette façon aussi des grandes entreprises multinationales
42:41de déclarer qu'une partie de leurs bénéfices en France,
42:44en profitant de pays à fiscalité privilégiée,
42:46il y a tout un tas de mesures que nous avons.
42:49Ca peut rapporter des dizaines de milliards.
42:51On verra bien ce que M. Barnier en dit.
42:53-...il y a une majorité, y compris avec quelques députés du Modem,
42:57qui avancent sur ces propositions.
43:00En attendant, la droite et le Bloc central
43:02considèrent que le gros des économies,
43:0425 à 30 milliards, donc pour 2025,
43:07sont à trouver dans les dépenses, en baissant les dépenses.
43:10Est-ce que, chez les Insoumis, ce débat, il est possible ?
43:14Est-ce que vous pouvez voter des mesures d'économie
43:18ou vous l'excluez d'entrée de jeu ?
43:20-"Mesures d'économie qui s'attaquent
43:22à des dépenses fiscales", oui.
43:24-"Mais je parle pas d'impôts,
43:26je vous parle d'économies sur les dépenses,
43:28les collectivités locales, le fonctionnement d'Etat."
43:31-"Je vous parle de dépenses fiscales,
43:34ce n'est pas des impôts, c'est le fait de payer moins d'impôts,
43:37des niches, d'accord ?
43:38Il y a la niche copée,
43:40il y a une partie du crédit impôts-recherche
43:42qui favorise les grandes entreprises...
43:44-"Les volets-recettes", dans un deuxième temps.
43:47C'est sur les dépenses de l'Etat.
43:49-"Il y a des dépenses d'aides aux entreprises
43:51qu'il faut remettre à plat,
43:53car sur les 200 milliards,
43:54il y en a plein qui vont à des entreprises
43:56pour créer de l'emploi, etc.
43:58Ca, on est prêts à l'examiner, bien évidemment.
44:01Maintenant, si, pour vous répondre,
44:03l'idée d'attaquer les dépenses publiques,
44:05c'est-à-dire, en réalité, c'est toujours la même chose,
44:08la protection sociale des Français,
44:10c'est-à-dire les dépenses publiques
44:12en faveur de l'éducation, de la santé, de la culture,
44:15comme ils s'apprêtent à le faire,
44:17on va sabrer dans tous ces ministères.
44:20-"Les plus pénalisés, les plus sacrifiés pour vous ?"
44:23En pourcentage, dans ce que j'ai vu,
44:25la culture, le sport sont très stratifiés,
44:27mais en termes de masse financière,
44:29le ministère de la Transition écologique,
44:31qui devrait être prioritaire, si on les suit,
44:34y compris pour 2024, puisqu'il veut instaurer
44:37des annulations de crédit pour 2024,
44:39c'est des milliards qui seront économisés.
44:41Là, on ne compte pas sur nous.
44:43-"Un compromis, pour se le dire franchement,
44:45avec la gauche sur le budget au global,
44:48n'est pas possible."
44:49Par contre, je vais vous dire avec qui nous pouvons trouver
44:52un compromis sur les mesures que nous allons proposer,
44:55c'est avec l'Assemblée nationale.
44:57Paradoxalement, il y a ce que vous dites,
44:59le Bloc central, la droite, mais dans l'Assemblée nationale,
45:03on arrive à avancer sur des mesures
45:05qui, finalement, sont assez proches de ce que le Nouveau Front
45:08disait, raison pour laquelle je pense qu'un gouvernement
45:11aurait pu tenir à certains temps...
45:13-"Vous souhaitez avancer sur ce budget
45:15avec un Premier ministre de droite ou vous souhaitez,
45:18avec ce gouvernement, s'il passe par 49-3.
45:20Quel est l'objectif des insoumis ?
45:22-"Notre objectif n'est pas que des insoumis.
45:25L'objectif du Nouveau Front populaire,
45:27c'est qu'on va faire notre travail de parlementaire,
45:30donc on va essayer de transformer ce budget en profondeur."
45:33Le gouvernement a un choix.
45:34Pourquoi ne pas poser la question au gouvernement
45:37de dire que si ce budget est transformé,
45:39vu la nouvelle situation, vous acceptez d'en faire votre ?
45:42Ils ne l'ont pas fait pendant deux ans.
45:45Ils ont fait des 49-3.
45:46Si ça passe outre, notre rôle,
45:48c'est d'empêcher que ce budget sévisse dans le pays
45:50et donc de le battre.
45:52-"En faisant voter une motion de censure."
45:54-"En votant déjà contre le budget
45:56et en faisant voter des motions de censure."
45:58-"La route est longue, le marathon budgétaire,
46:01c'est tout l'automne, il va y avoir beaucoup de rebondissements.
46:04Merci beaucoup, Éric Coquerel.
46:06C'est la dernière séquence de l'émission,
46:09ça s'appelle La question qui fâche,
46:11et c'est un tir croisé avec nos chroniqueurs.
46:16Générique
46:17...
46:24Et pour inaugurer cette nouvelle rubrique,
46:26tir croisé, ce soir, entre Guillaume Clossat,
46:29bonsoir, Guillaume, du think tank Terra Nova,
46:32et puis Paul Melun.
46:33-"Europa Nova". -"Europa Nova", pardon.
46:35Et pardon à Thierry Pêche,
46:37Europa Nova, bien sûr.
46:38Spécialiste des questions européennes,
46:40ça nous sert pour notre question.
46:42Bonsoir, Paul Melun. Merci d'être avec nous.
46:45Beau visage dans Savourgarde, écrivain et essayiste.
46:47Bienvenue.
46:49Installez-vous, préparez vos arguments.
46:52Voici La question qui fâche.
46:56-"Notre question qui fâche nous arrive tout droit de Bruxelles,
47:00et c'est un petit missile envoyé à la France.
47:02Ce matin, la présidente de la commission
47:04présente les 27 nouveaux commissaires européens,
47:07mais dans le trombinoscope, une figure manque à l'appel,
47:10une figure française, Thierry Breton,
47:12écarté par Ursula von der Leyen.
47:15Il était un commissaire influent aux attributions élargies,
47:18presque un super-commissaire,
47:20chargé du marché intérieur européen.
47:22Il intervenait sur les politiques industrielles,
47:24le tourisme, le numérique, l'audiovisuel, la défense et l'espace.
47:28Alors, forcément, sa disparition du paysage bruxellois
47:31a de quoi désoler à Paris.
47:32Je suis quand même très choqué
47:34par la façon dont on procède vis-à-vis de M. Breton.
47:37Il incarnait une certaine politique, une certaine exigence
47:40de relève du défi technologique pour les Européens,
47:43imposé par les Américains.
47:45Cette éviction de Thierry Breton peut être interprétée
47:48comme un recul de l'influence française en Europe.
47:50Quand la présidente de la commission européenne
47:53parvient à, je dirais, forcer le choix
47:55d'un Etat fondateur de l'Union,
47:57en lui faisant un chantage au portefeuille,
48:00on montre bien que l'influence de la France s'est affaiblie.
48:03Dans le nouvel organigramme,
48:05la France hérite du poste de commissaire chargé de l'industrie.
48:08Il est confié à Stéphane Séjourné,
48:10ministre des Affaires étrangères démissionnaire
48:13et proche d'Emmanuel Macron.
48:15Son portefeuille est présenté comme stratégique,
48:18suffisant pour faire oublier Thierry Breton.
48:20Pas sûr. La question qui fâche se pose ce soir.
48:23La France est-elle en train de perdre la main en Europe ?
48:26Je commence avec vous, Paul Melun.
48:28Elle provoque cette question, mais elle se pose
48:31avec cette démission fracassante de Thierry Breton.
48:33Il faut y voir le signe d'un affaiblissement
48:36du poids de la France à Bruxelles ?
48:38C'est pas comme ça que je l'interprète.
48:40Je pense qu'il y a deux sujets.
48:42Il y a le sujet personnel de M. Breton.
48:44Probablement, en tout cas,
48:46c'est ce que rapportent les commentateurs,
48:48une inimitié vis-à-vis de Mme von der Leyen,
48:50des différences sur des questions,
48:53le nucléaire, peut-être le numérique.
48:55Et ce départ, ça, c'est le sort de M. Breton.
48:57Par rapport à ce que disait, par exemple,
49:00M. Bourlange, dans votre reportage,
49:02on peut se dire que c'est une mauvaise manière
49:04faite à notre commissaire.
49:06Et puis, un deuxième sujet,
49:08c'est le coeur de votre question,
49:10est-ce que la France perd en influence ?
49:12La France perdrait en influence
49:14si on n'avait pas un nouveau membre de la commission,
49:17en l'occurrence, vice-président,
49:19qui avait, lui, des attributions renforcées.
49:21Il va pouvoir travailler sur des sujets
49:24au combien stratégiques, notamment l'industrie.
49:26Je pense qu'Emmanuel Macron a mené,
49:28vis-à-vis d'Ursula von der Leyen
49:30et vis-à-vis de la Commission européenne,
49:33une action, au contraire, si ce n'est de lobbying,
49:36quand on parle des questions européennes,
49:38ça peut porter malheur,
49:40mais une action suffisamment forte
49:42pour montrer que la voix de la France compte encore,
49:45puisqu'aujourd'hui, M. Séjourné va s'occuper
49:47notamment de l'industrie.
49:49C'est un portefeuille important.
49:51Il perd le marché intérieur, il est vice-président,
49:53c'est un portefeuille équivalent,
49:56les périmètres sont-ils comparables ?
49:58Et surtout, vous, qui êtes dans la coulisse
50:00des questions européennes, Guillaume Clossat,
50:03qu'est-ce qui s'est passé ?
50:04Deux choses. D'abord, sur le fond,
50:06l'enjeu aujourd'hui pour les Européens,
50:09c'est la compétitivité face à la Chine et aux Etats-Unis.
50:12Compétitivité à la fois pour les industries
50:14mais aussi pour la technologie,
50:16avec une nécessité d'une relance scientifique et technologique,
50:20notamment en matière de recherche.
50:22Ca, on le sait.
50:23Mais c'est important.
50:24C'est important d'avoir une stratégie systémique,
50:27globale, sur ces sujets,
50:29avec à la fois les leviers économiques traditionnels,
50:31la capacité de reforger des règles de commerce mondiales
50:35à une époque où il y a une tension très forte
50:38entre les Etats-Unis et la Chine,
50:40où on est un peu pris en étau,
50:42rebooster notre économie
50:44et s'appuyer sur le levier technologique et scientifique.
50:48Quand on regarde le portefeuille de Stéphane Séjourné,
50:51toutes ces dimensions sont intégrées.
50:53Il a un portefeuille complet
50:56pour rebooster la compétitivité européenne.
50:58Par ailleurs...
50:59C'est pas exactement le même profil,
51:01pas la même expérience, pas le même poids politique.
51:04Thierry Breton voulait la place d'Ursula von der Leyen.
51:07C'est un secret de politiciennelle.
51:10Mais juste sur le portefeuille, c'est le sujet du moment.
51:13Le commissaire français a le sujet du moment
51:16et c'est un sujet de surgie vital pour les Européens.
51:21Pour la première fois, le marché intérieur.
51:23Non, la direction, la DG Gro, dépend de lui.
51:26La DG Gro, c'est le marché intérieur plus les industries.
51:29Vous voulez nous dire ce soir qu'il n'y a pas de perte d'influence
51:33sur les périmètres, sur le poids des commissaires.
51:36Ces journées, Breton, auront autant de défis à relever.
51:40Les défis de ces journées, pour moi,
51:42sont plus importants...
51:43Même plus.
51:45...que ce que Breton a eu à relever.
51:47Il y a une urgence vitale.
51:49En plus, il a le fonds de compétitivité.
51:51C'est peut-être juste un point sur sa feuille de mission,
51:55mais le fonds de compétitivité, c'est l'idée de regrouper
51:59tous les fonds européens pour soutenir les entreprises.
52:03Il y en a des dizaines.
52:04Il a un outil budgétaire que n'avait pas tiré Breton.
52:07Il a le commerce que n'avait pas tiré Breton.
52:10Vous nous dites que c'est gagnant-gagnant.
52:12Je vois Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission,
52:15qui, franchement, choisit de débarquer Breton.
52:20Elle l'impose, alors que, normalement,
52:22c'est le président de la République française.
52:25Chaque pays membre a un commissaire
52:27représenté par pays qui décide.
52:29Est-ce qu'on n'a pas inversé un peu les rôles ?
52:32Qu'Ursula von der Leyen ait un rôle très important,
52:34que ce soit une femme influente qui préside au destiné de ce continent,
52:38c'est une évidence.
52:40C'est normal qu'elle ait un peu dicté le choix à Emmanuel Macron ?
52:43En tout cas, la sortie à Breton.
52:45Si jamais elle lui avait dicté le choix, ce ne serait pas normal.
52:49Mais je soupçonne le président de la République
52:52d'être suffisamment finlimié et bon manoeuvrier
52:54pour avoir pensé cette question et s'être dit,
52:57de toute façon, monsieur Breton, quoi qu'il en soit,
53:00il y a cette inimitié, donc je vais proposer Stéphane Séjourné,
53:03dont on sait que c'est un proche du chef de l'Etat.
53:06Vous parliez du profil.
53:07Il est vrai que le profil de Séjourné est plus jeune
53:10et moins expérimenté que celui de Thierry Breton,
53:13patron d'Atos, mais il se trouve que Séjourné a placé des pions.
53:16Il connaît bien, quant au Parlement européen.
53:19Il a été chef de son groupe au Parlement européen.
53:21Il connaît très bien les rouages de Bruxelles.
53:24Ce n'est pas un perdrot de l'année.
53:26Il arrive du Quai d'Orsay en France.
53:28Moi, je pense que, que ce soit sur la personne
53:30de Séjourné ou que ce soit sur ses attributions,
53:33il y a une volonté du chef de l'Etat
53:35de conserver une parole forte de la France en Europe.
53:38Et ça, après, on peut en dire ce que l'on veut,
53:41mais sur la méthode, si on conçoit
53:43que la France doit rester dans l'Union européenne
53:46et travailler en européen, dans ces cas-là,
53:48il faut se donner les moyens de peser dans ces discussions.
53:51Cette vice-présidence, pour moi,
53:53fait partie des moyens de peser dans ces discussions.
53:56Point à Macron.
53:57Il y a un sujet sur le profil de Stéphane Séjourné
54:00qui est plutôt favorable à sa nomination
54:02comme vice-président.
54:03Si le vice-président exécutif est trop fort,
54:06il a du mal à gérer un collectif de commissaires
54:10qui ont aussi des personnalités assez fortes.
54:12Thierry Beauteau aurait été en une situation très compliquée
54:16pour gérer deux anciens vice-présidents
54:18de la Commission européenne,
54:20qui sont des gens très forts,
54:21donc dans le périmètre élargi de Stéphane Séjourné.
54:26Il y a le commerce que gère Marousse Révkovitch,
54:30qui a été vice-président de la Commission européenne
54:33plusieurs fois et qui l'a depuis 20 ans.
54:35C'est quelqu'un de très corseté.
54:37Il y a les questions économiques que gère
54:39l'ancien Premier ministre letton Dombrovskis,
54:42qui a été premier vice-président exécutif de la Commission.
54:45Il y a une commissaire bulgare à l'ARD
54:48avec des budgets considérables.
54:51Pour gérer ce type de portefeuille très important,
54:56il faut des gens qui savent mettre leur égo de côté.
54:59Et leur influence...
55:00C'est vachement important.
55:02Leur influence dépend aussi de leur capacité
55:04à mettre les gens qu'il va gérer...
55:06C'est un trait proche du chef de l'Etat.
55:08Vous avez ce que dit la gauche.
55:10La gauche dit qu'il en profite
55:12pour, sans prévenir Michel Barnier,
55:14placer l'un de ses proches.
55:16En tout cas, le président de la République,
55:18quand vous détaillez les sujets
55:20dont il va s'occuper,
55:21ce sont des sujets stratégiques,
55:23dont le président a fait des priorités sur l'Europe.
55:26L'autonomie stratégique,
55:27la puissance de l'Europe ou la souveraineté européenne,
55:31notamment, vous en parliez tout à l'heure,
55:33par rapport à la Chine ou aux Etats-Unis,
55:35c'est comment se doter d'une recherche
55:37d'une technologie de pointe en Europe,
55:40comment avoir une industrie capable de concurrencer
55:43les Chinois, les émergents, les Américains...
55:46Vous imaginez le travail qu'il y a à fournir.
55:49Ce travail-là, par-delà la personnalité,
55:51je ne veux pas faire offense à M. Séjourné,
55:53c'est la voix de la France qui s'exprime,
55:56c'est quelle place pour la France dans cette commission.
55:59La place de la France, c'est là que je trouve
56:01que c'est porteur d'espoir.
56:03Il faut se modérer.
56:04On garde la main en France.
56:06Quand je voyais Thierry Breton
56:07bagarrer directement avec les GAFA,
56:09directement avec Elon Musk,
56:11qu'il y avait là un poids politique extraordinaire,
56:14il voulait rester ou même s'imposer
56:16à la tête de la commission,
56:17c'est raté.
56:19Ca n'est qu'une question.
56:20Il y avait une question de méthode.
56:22J'ai fait, pour la commission,
56:24le premier rapport sur les GAFA
56:26et sur la souveraineté numérique et technologique.
56:28Le sujet, c'est que si vous voulez affronter les GAFA,
56:31il ne faut pas se confronter directement à eux.
56:34Il fallait récupérer des informations
56:36sur les GAFA aux Etats-Unis
56:38en faisant intervenir au Parlement européen
56:40toutes les personnalités anti-GAFA aux Etats-Unis.
56:43Ca a pu faire tousser au sein même de l'Union.
56:46Du coup, on a forcé le gouvernement américain
56:48à soutenir les GAFA et on a eu des régulations
56:51moins fortes que celles qu'elles auraient dû être.
56:53La confrontation, ce n'est pas toujours ce qu'il y a de mieux
56:57pour faire avancer les intérêts nationaux et européens.
57:00-"Balayer les idées reçues sur une perte d'influence",
57:03c'est aussi intéressant de vous avoir.
57:05Vous reviendrez, j'espère.
57:06C'est la fin de cette question qui fâche.
57:09Avant de se quitter, on va regarder ces femmes en or
57:12dans la cour d'honneur de l'Assemblée nationale.
57:14Vous les reconnaissez au limp de goût.
57:16Simone Veil, Louise Michel, Gisèle Halimi, Simone de Beauvoir.
57:20Ce sont les statues des dix femmes mises à l'honneur
57:22lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris.
57:26Elles sont exposées en majesté au Palais Bourbon,
57:29inauguration de Yael Brune-Pivet.
57:31Exposition ouverte au grand public à partir du week-end prochain
57:34pour les Journées du patrimoine.
57:36Jusqu'au 5 octobre, il va y avoir plein de créneaux horaires
57:40sur le site de l'Assemblée.
57:41Tout de suite, soirée documentaire Jean-Pierre Gratien.
57:44On revient demain avec beaucoup de plaisir,
57:47même lieu, même heure. Très belle soirée sur LCP.
57:50SOUS-TITRAGE REINC.E.S
57:51Générique
57:53...