Avec Constance, ingénieur agro-alimentaire et diététicienne, fondatrice de "Au nom du goût" / Emmanuel Bernard, président de la filière bovine INTERBEV / Sébastien Mery, secrétaire général de l'AGPM / Olivier, entrepreneur, crieur de journaux et createur de la Gazette des Marchés / Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération paysanne / Henri Guaino, ancien député, ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy
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NewsTranscription
00:00:00Un salon de l'agriculture exceptionnel.
00:00:03Sud Radio, midi 14h, Alexis Poulin, sans réserve.
00:00:12Les chats, les chiens, les vaches, les cochons, tout le monde est là.
00:00:17C'est le salon de l'agriculture, on est en direct jusqu'à 14h sur Sud Radio.
00:00:20On va parler évidemment de manger mais aussi de l'agriculture
00:00:25avec nos invités en première partie.
00:00:27Constance Alonso qui parlera du nom du goût et de comment bien manger en France.
00:00:31Emmanuel Bernard, président de la filière Bovine Interbev pour la viande.
00:00:35On parlera également du maïs avec Sébastien Méry, secrétaire général de l'AGPM
00:00:40et puis de cette initiative d'Olivier qui lance une gazette
00:00:44pour encourager les Français à aller faire le marché où on y trouve tous les produits.
00:00:48On aura ensuite à 13h un bilan de ce salon de l'agriculture
00:00:51mais aussi d'où en est la crise agricole
00:00:54avec Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération Paysanne.
00:00:58Et puis on retrouvera Henri Guénaud qui sera notre invité en deuxième partie
00:01:01pour parler de souveraineté alimentaire et aussi bien sûr des sujets de politique internationale et nationale.
00:01:08Voilà, on marque une courte pause et puis on se retrouve tout de suite en direct du salon de l'agriculture sur Sud Radio.
00:01:17Et on se retrouve avec notre invité, excusez-moi je m'étais totalement trompé de nom,
00:01:20Constance Régnier qui est ingénieure dans l'agroalimentaire, diététicienne fondatrice de Onont du Goût
00:01:26et Emmanuel Bernard, présidente de la filière Bovine Interbev pour parler du bien-manger.
00:01:33Alors le salon de l'agriculture c'est évidemment l'occasion de rencontrer tous ces animaux
00:01:38qui vont ensuite être dans nos assiettes pour certains.
00:01:41Il y a aussi la filière végétale.
00:01:43Alors d'abord pour le bien-manger, pourquoi cette initiative ?
00:01:45Est-ce qu'il y a même en France un problème sur l'apprentissage à la bonne diététique en fait ?
00:01:52Bonjour Alexis, oui totalement.
00:01:55Aujourd'hui le bien-manger ça englobe tous les sujets, nutrition, goût.
00:02:00On a perdu énormément de savoir en trois générations.
00:02:02Moi je reprends souvent cet exemple.
00:02:04Ma grand-mère qui a tué ses poulets à la ferme.
00:02:06Nous on est en train de consommer tous des poulets.
00:02:0850% des poulets viennent des pays de l'Est.
00:02:11Moi pour réapprendre à tuer mes poulets, j'ai regardé une chaîne YouTube
00:02:14donc je me dis qu'il y a énormément de transmissions qui ont été perdues.
00:02:17On a des initiatives comme par exemple le Nutri-Score.
00:02:21On se dit qu'acheter par exemple des produits que Nutri-Score A c'est bon pour la santé
00:02:24mais on se retrouve avec des Chocapics Nutri-Score A et un Roquefort Nutri-Score E.
00:02:28Ce n'est pas vraiment une réalité diététique.
00:02:32Le but c'est quand même de soutenir des filières.
00:02:35Le Roquefort, le Bleu d'Ecosse, c'est des endroits où il y a très peu d'agriculture,
00:02:38beaucoup d'élevage et aujourd'hui on a perdu beaucoup de savoir.
00:02:42C'est ce que j'essaie de transmettre avec mon activité.
00:02:45La perte du goût c'est lié aussi à cet exode rural qui a eu lieu
00:02:50et où on est de plus en plus loin des producteurs.
00:02:53Oui aujourd'hui on consomme énormément de produits ultra transformés.
00:02:56C'est ce que je faisais avant en tant qu'ingénieur R&D.
00:02:59Et quand on développe des produits industriels, il y a rarement beaucoup de goût à l'intérieur.
00:03:03C'est beaucoup des projets qui sont driveés par le prix, par la grande distribution,
00:03:07par des DLC qui doivent être longues et on a peu de goût.
00:03:11Quand on remet le goût au cœur de nos assiettes, on se retrouve à manger du bon poulet du Gers,
00:03:15comme on fait du guistet sur la région Occitanie.
00:03:18Un poulet qui est tendre, qui a combatté dehors en toute liberté
00:03:21et pas avec des poulets qui sont élevés à l'intérieur.
00:03:24Avec nous également Emmanuel Bernard, président de la filière Bovine Interbev.
00:03:29Votre slogan c'est manger de la viande mais mieux.
00:03:32L'idée ce n'est pas de dire qu'il faut manger de la viande à tous les repas, surtout pas.
00:03:37Mais que la viande fait partie aussi du bol alimentaire et du mix éthétique, de la saveur aussi.
00:03:42Est-ce que la filière a souffert, on se rappelle il y a de ça quelques mois,
00:03:47les attaques contre les bouchers, la viande qui est mal vue,
00:03:51maintenant les vaches qui sont aussi responsables du réchauffement climatique,
00:03:55en partie du fait de méthane.
00:03:58Est-ce que la filière est en souffrance ou est-ce que tout va bien pour la filière viande ?
00:04:03Alors d'abord merci de m'inviter et peut-être dire que je suis éleveur de bovins charolais dans la Nièvre.
00:04:10Donc à la fois les attaques c'est une chose,
00:04:13mais peut-être dire d'abord que vous parlez mangez en mieux,
00:04:16c'est un slogan que l'on porte depuis des années.
00:04:19Mais quand je dis des années, on n'a pas attendu.
00:04:21On s'est engagé au niveau de la filière dans une démarche de responsabilité sociétale en 2016-2017.
00:04:28Donc c'est pour dire qu'on avait bien vu que de toute façon,
00:04:31je partage le fait qu'au-delà de manger un produit,
00:04:35ce qui est important c'est quand on l'associe,
00:04:38donc on a dit flexitarien,
00:04:40parce que ça veut dire qu'on laisse la liberté aux gens de manger,
00:04:44mais de faire attention à l'origine.
00:04:47Donc on est très intransigeant par rapport à la distribution,
00:04:52à tout ce qui est origine dans les restaurants.
00:04:55Et on veut que ça aille dans les plats préparés, dans les plats transformés,
00:04:58parce qu'en fait la viande, l'ingrédient, fait partie aujourd'hui de ce que l'on consomme.
00:05:03Et donc il nous faut une origine partout et pour tout.
00:05:07Ensuite le choix du consommateur, on le laisse libre.
00:05:09On le laisse libre de son régime alimentaire,
00:05:11et on le laisse libre du mode d'achat qu'il veut.
00:05:15Ce que l'on veut par contre, c'est qu'il ait les informations,
00:05:18et quand c'est français, ça répond à des critères de durabilité qu'on n'a nulle part ailleurs.
00:05:24La qualité ça vient souvent quand même de l'ensemble,
00:05:28à la fois de la traçabilité, du mode d'élevage,
00:05:31et de tout ce qui se passe dans la filière ensuite.
00:05:34Donc on met des éléments de bien-être, de bien-traitance dans les centres de rassemblement.
00:05:40On essaye d'aller toujours un petit peu plus loin.
00:05:44Evidemment derrière ce qu'il faut c'est que les éleveurs aient du revenu,
00:05:47parce que je pense que la place prioritaire de l'élevage en France,
00:05:51par remise en cause, on peut imaginer que dans le monde,
00:05:54il y a des modèles qu'on n'a pas envie de défendre.
00:05:56Le modèle français, le modèle d'élevage durable,
00:05:59avec 13 millions d'hectares de prairies,
00:06:01avec un territoire sur lequel vous avez de l'élevage,
00:06:05mais vous avez tous les éléments économiques derrière,
00:06:08parce que dans un territoire il faut un abattoir, il faut un vétérinaire,
00:06:11et ça c'est très important pour nous, et c'est caractéristique de notre pays.
00:06:15Mais vous êtes éleveur, en ce moment on parle beaucoup du Mercosur,
00:06:19qui va ouvrir grand les vannes de l'élevage d'Amérique du Sud.
00:06:24Où en sont les discussions, les tractations ?
00:06:28On se rappelle qu'Emmanuel Macron a dit qu'il ferait tout pour limiter, empêcher,
00:06:32et en même temps Ursula von der Leyen est allée signer directement en Amérique du Sud.
00:06:36Est-ce que vous êtes inquiet avec ce nouveau traité ?
00:06:39Alors, encore une fois, nous c'est vraiment pour ça qu'on prône l'origine
00:06:43et qu'il y ait une vraie transparence.
00:06:45Deuxièmement, on s'aperçoit qu'on a une variable d'ajustement
00:06:48tout bêtement au niveau international.
00:06:50Pourquoi le Brésil, l'Argentine veulent à tout prix nous envoyer leurs produits ?
00:06:56C'est juste parce que les Allemands veulent envoyer leurs voitures.
00:06:59Donc ce n'est pas le schéma dans lequel nous on s'inscrit.
00:07:02On s'inscrit dans une traçabilité, une qualité et une satisfaction des consommateurs.
00:07:06Et on voit que l'Europe s'inscrit dans une géopolitique, une géoéconomie
00:07:10qui en plus est terrible parce que vous savez,
00:07:13on n'a pas peur que le bœuf brésilien ou le bœuf argentin
00:07:17envahissent nos assiettes.
00:07:19J'ai confiance même dans les distributeurs, dans les restaurateurs.
00:07:23Par contre, encore une fois, dans le volet ultra transformé,
00:07:28et en fait on parle d'Europe,
00:07:30vous avez des pays en Europe qui ont moins cette attente gastronomique
00:07:34et donc on a peur de détruire ce modèle-là.
00:07:38Et deuxième élément, c'est qu'en gros,
00:07:40pourquoi importer des produits que l'on peut produire chez nous ?
00:07:44Parce qu'en fait on nous dit qu'il n'y a pas de risque.
00:07:47Je vais donner un exemple et le public va comprendre.
00:07:50On nous explique que ce n'est pas grave et que c'est peu,
00:07:53finalement on regarde de ce qu'on produit ou de ce qu'on consomme.
00:07:56Seulement on dit qu'on va vous mettre un milliard d'euros pour vous compenser.
00:08:00N'acceptons pas cet accord et on économise un milliard.
00:08:03C'est simple, ce n'est pas compliqué.
00:08:05Et Constance Regnier, vous, vous parlez du bien-manger.
00:08:08Le fait que ce soit une production locale, ça compte beaucoup aussi ?
00:08:13Vous parliez des poulets du Vers tout à l'heure.
00:08:15Est-ce que c'est important cet aspect-là aussi dans l'assiette ?
00:08:19Totalement, il faut quand même noter que la France a les plus grandes restrictions
00:08:24en termes de réglementation d'agriculture.
00:08:27C'est important de comprendre et de revenir aux bases.
00:08:30Moi je fais des animations.
00:08:32Quand je demande ce que c'est que l'agneau,
00:08:34c'est le petit du cochon, de la vache ou du porc,
00:08:37on me dit il y a le petit du veau.
00:08:38Et en fait je me rends compte de la déconnexion que l'on a.
00:08:41On devrait tous aller dans des fermes,
00:08:43passer au moins une semaine à comprendre vraiment comment ça se passe.
00:08:46Et quand on se tourne vers des produits français,
00:08:49parfois labellisés, on est à peu près sûr qu'il y a de la qualité
00:08:52puisqu'il y a des cahiers des charges, des contrôles qui sont bien spécifiques.
00:08:56Et surtout, consommer français, c'est déjà une belle base
00:08:59qui n'est pas toujours appliquée.
00:09:01Et après on a d'autres labels par-dessus, mais ce n'est pas toujours le cas.
00:09:05Sur les labels, justement, vous parliez tout à l'heure du Nutri-Score.
00:09:08C'est un peu trompeur le Nutri-Score sur la qualité réelle des aliments.
00:09:12Oui, on se base tout simplement sur la nutrition,
00:09:14donc sur les valeurs nutritionnelles.
00:09:16Protéines, sel, c'est un calcul entre des ingrédients positifs,
00:09:20des nutriments positifs et d'autres négatifs.
00:09:22Et on ne va pas chercher derrière s'il y a des additifs.
00:09:25Vous vous retrouvez avec des produits ultratransformés remplis d'additifs, de fibres.
00:09:29Je prends l'exemple d'un morceau de viande.
00:09:31La dernière fois, j'ai tourné une vidéo, je voulais faire un burger maison
00:09:34dans un supermarché, donc vous aviez la boucherie à la coupe.
00:09:37Et le stand des rayons avec les steaks hachés en barquettes pour le même prix au kilo.
00:09:43C'est ça qui est important de dire.
00:09:45J'avais une viande fraîche faite par le boucher.
00:09:48Il prenait des beaux morceaux de viande, il me le faisait totalement à la minute.
00:09:52Et dans l'autre, vous aviez une barquette avec de la viande, des fibres de blé, de l'eau.
00:09:55Il faut quand même rajouter un peu d'arôme parfois, sinon les fibres donnent trop de goût.
00:09:59Et c'est important de dire que ça, c'est pour le même prix au kilo.
00:10:02Et on ne se rend plus compte, on ne cherche plus à comprendre ce que l'on achète.
00:10:05Il faut que ce soit le même prix quand on a deux produits, un de bonne qualité et l'autre,
00:10:09visiblement, pas vraiment de bonne qualité alimentaire.
00:10:12Les marges ne sont pas redistribuées pareil.
00:10:14C'est-à-dire que de l'autre côté, j'habite dans le Périgord,
00:10:17donc c'était l'abattoir de Bergerac juste à côté, un éleveur du coin.
00:10:20Et de l'autre, c'est un produit industriel, vous avez les fournisseurs,
00:10:24vous avez les industriels, la grande distribution, il y a beaucoup de marges.
00:10:27Et au final, on se retrouve avec le même prix.
00:10:29Autre attaque coup de couteau dans la filière bovine pour les protéines,
00:10:33c'est l'Europe qui autorise maintenant 4% de farine d'insectes dans les produits transformés.
00:10:38Pourquoi ? Est-ce que vous êtes pour, déjà ?
00:10:41Quand on pose la question, généralement, les gens sont interloqués.
00:10:44Et ça, c'est encore la Commission européenne qui met ça sur la table en disant
00:10:47« Mais c'est très bien, vous ne le voulez pas, mais on vous l'impose quand même ».
00:10:51Est-ce que vous avez lutté contre cette directive ?
00:10:55En fait, nous, on part du principe que la majorité,
00:10:59la grande, grande majorité du bœuf consommé,
00:11:02elle est consommée soit en produits bruts, soit uniquement hachés.
00:11:06Et c'est un élément hyper important, et je pense que le consommateur,
00:11:09il faut qu'il se pose cette question-là.
00:11:11C'est-à-dire, je peux manger un burger, je peux manger un morceau de biftec,
00:11:17et surtout, dès que je commence de rentrer dans des produits transformés,
00:11:21je dois regarder ce qu'il y a dedans.
00:11:23À la rigueur, que ce soit de la farine d'insectes ou des excipients,
00:11:28la vraie force de notre filière, clairement,
00:11:34c'est que nous ne sommes pas dans l'hypertransformation.
00:11:38On explique, on dit, on est dans le haché et dans l'élaboré.
00:11:41C'est quoi l'élaboré ?
00:11:43C'est en fait, vous achetez un tartare, vous achetez un carpaccio,
00:11:47parce qu'il y a des gens qui vous ont préparé à partir d'un bus,
00:11:51et vous regardez, vous pouvez regarder l'origine, c'est du français.
00:11:54Donc, le vrai enjeu vis-à-vis du consommateur,
00:11:57en fait, on n'arrive pas à lutter contre cette fameuse réglementation européenne.
00:12:01On a bien les directives, et dernier élément, je pense,
00:12:05c'est qu'on sous-estime énormément les intérêts que ça représente
00:12:10au niveau international, au niveau géopolitique,
00:12:14et les gens qui poussent la Commission à prendre cette décision-là
00:12:17poussent souvent des organisations qui sont très manipulées.
00:12:20On est dans une immense manipulation.
00:12:23Vous, vous êtes un lobby, celui de l'EPG.
00:12:25J'ai aucun problème.
00:12:26Mais en face, vous avez le lobby de la farine d'insectes, par exemple,
00:12:29et les lobbies écolos aussi.
00:12:30Sauf que je pense que, à la rigueur, le représentant de la farine d'insectes,
00:12:35il fait son travail.
00:12:36Sauf que vous avez aujourd'hui une manipulation.
00:12:38On le dit dans les élections, on le dit ailleurs.
00:12:40Vous savez bien, on sait tous qu'aujourd'hui,
00:12:43on arrive à obtenir des textes dans des endroits
00:12:45qui ont été portés pour d'autres intérêts.
00:12:47Donc, vous avez des gens dans la Silicon Valley
00:12:50qui payent des milliards de dollars pour essayer d'influencer.
00:12:55Parce que derrière cette hyper-transformation,
00:12:58vous avez un intérêt derrière,
00:13:00c'est que ce n'est pas le boucher qui va faire sa vie.
00:13:02Et on est dans ce monde-là.
00:13:04Et c'est justement, Constance Rennier, sur le bien-manger,
00:13:07il y a quand même une filière industrielle de malbouffe
00:13:10qui a énormément de pouvoir.
00:13:12On a vu le greenwashing de Coca-Cola, par exemple,
00:13:15pour ne citer qu'eux, pendant les JO.
00:13:17Ils sont accoutumés du fait, quand même.
00:13:19Et là, comment se prémunir face à cette propagande de la malbouffe ?
00:13:25Je vais rebondir sur les insectes. Je trouve ça intéressant.
00:13:27Parce qu'aujourd'hui, il n'y a plus de bon sens.
00:13:29On va parler de bon sens paysan, de bon sens en général.
00:13:32Pour manger de la viande, normalement, une vache,
00:13:34elle va brouter son herbe.
00:13:36Nous, on met en avant, par exemple, le bœuf fermé de l'Aubrac.
00:13:38C'est des bœufs qui pâturent, qui partent 6 mois
00:13:41à plus de 800 mètres d'altitude.
00:13:43Moi, j'ai été dans l'industrie agro.
00:13:45On avait des briefs marketing, des nouvelles tendances
00:13:48où il fallait trouver comment nourrir 9 milliards de personnes en 2050,
00:13:53avec des insectes, des algues, etc.
00:13:55Et en fait, on oublie de dire qu'aujourd'hui,
00:13:57on meurt plus de trop manger que de pas assez.
00:13:59On meurt plus d'obésité, de surpoids que de personnes
00:14:01qui n'ont pas assez à manger sur cette planète.
00:14:0330% de gaspillage alimentaire sur toute la chaîne agroalimentaire, industrielle.
00:14:08Donc, remettre du bon sens, c'est-à-dire que peut-être
00:14:10on va en consommer moins.
00:14:12J'ai exactement ce discours-là.
00:14:14On consomme moins de viande, mais mieux.
00:14:16On va être sur de nos races, des races rustiques.
00:14:18Et c'est vraiment le bon sens qu'il faut mettre au cœur de l'assiette.
00:14:21Et la question du prix, parce que vous dites qu'effectivement,
00:14:25au même prix, on va avoir une viande pure et puis une viande coupée.
00:14:29Alors, pas toujours, mais là, c'est l'exemple.
00:14:31Il y a l'exemple.
00:14:32Est-ce qu'il y a quand même la question du prix qui compte pour beaucoup ?
00:14:36Une étude a montré que c'était les retraités qui consommaient le plus de viande.
00:14:39La question du pouvoir d'achat.
00:14:41Aujourd'hui, est-ce qu'il y a des aliments qui deviennent des produits de luxe,
00:14:44comme la viande, en l'occurrence, ou le poisson ?
00:14:46La viande est un produit de luxe.
00:14:48Mais en fait, j'ai fait une autre chronique télé,
00:14:51une fois où je prenais un caddie qui était à 60 euros en supermarché.
00:14:54Un autre caddie où je suis allée chercher des produits chez les producteurs,
00:14:57que ce soit fruits, légumes, viande.
00:14:59Pour le même argent, j'avais forcément différents produits dans mon assiette,
00:15:04dans mon caddie.
00:15:05Il fallait que je cuisine.
00:15:06Quand j'achète chez le producteur une viande, que j'achète un légume,
00:15:09il faut le cuisiner, le transformer.
00:15:12Et voilà.
00:15:14Souvent, on pense que bien consommer, c'est plus cher.
00:15:17C'était le combat, d'ailleurs, de Coffre avec Leader Price à l'époque.
00:15:20Quand vous voyez les caddies, que vous allez à la caisse,
00:15:22que vous voyez les sodas, les chips, etc.
00:15:24Avec cette même quantité d'argent, on peut vous faire un caddie de bien meilleure qualité.
00:15:28Merci beaucoup.
00:15:29On va devoir marquer une pause.
00:15:31Et on se retrouve dans un instant.
00:15:33Merci à tous les deux d'avoir répondu à nos questions sur cette qualité.
00:15:36Et puis sur la filière bovine, on va parler dans un instant du maïs.
00:15:39C'est un tout autre sujet, mais on reste dans le monde agricole.
00:15:41On est en direct sur Sud Radio du Salon de l'Agriculture.
00:15:43A tout de suite.
00:15:49Et on continue en direct du Salon de l'Agriculture sur Sud Radio.
00:15:53Cette fois-ci, on va parler avec Sébastien Méry, secrétaire général de l'AGPM,
00:15:57du maïs français et européen.
00:16:00Bonjour.
00:16:01Alors, est-ce que vous pouvez nous expliquer déjà que recouvre la filière maïs,
00:16:05au-delà de ce qu'on retrouve dans nos assiettes ?
00:16:09La filière maïs regroupe plusieurs productions.
00:16:12Comme vous l'avez dit, ce que l'on retrouve dans nos assiettes,
00:16:15ce que l'on retrouve dans nos assiettes via l'alimentation animale,
00:16:18toute la volaille qu'on retrouve, mais autres dans notre tête,
00:16:22à consommer du maïs.
00:16:24Mais bien plus que dans nos assiettes,
00:16:26on retrouve aussi du maïs dans tout notre quotidien,
00:16:31de par l'amidonnerie.
00:16:33Le maïs est un support pour les médicaments,
00:16:35alors pas pour le quotidien, mais pour le dentifrice.
00:16:38On se lave les dents trois fois par jour
00:16:40et on utilise du maïs trois fois par jour.
00:16:42Dans les moments festifs en alimentation humaine, le popcorn.
00:16:46Le maïs est une filière qui crée de la valeur sur les territoires
00:16:50avec de nombreux débouchés
00:16:52et qui en fait une céréale vitale et importante à produire sur notre territoire.
00:16:56Aujourd'hui, en Europe, la France est un des plus gros producteurs de maïs.
00:17:00Quelle est la place de la France ?
00:17:02La place de la France est très importante pour l'Europe
00:17:05puisque l'Europe n'est pas souveraine en maïs.
00:17:08L'Europe importe 25% de ses besoins en maïs
00:17:13d'autres territoires, Amérique du Sud, Ukraine.
00:17:17Et nous, producteurs français, on exporte 50% de notre maïs en Europe.
00:17:24Donc la France est capitale pour la souveraineté en maïs de l'Europe.
00:17:30Et le Mercosur, j'imagine que le maïs est dans la balance.
00:17:35Quelle est votre position par rapport à ce traité transatlantique de libre-échange ?
00:17:40Nous ne sommes pas contre les accords de libre-échange.
00:17:47Par contre, le bémol qu'on attire, c'est qu'il faut une réciprocité des normes dans les échanges.
00:17:54Et donc aujourd'hui, sur le Mercosur, puisque vous me posez la question,
00:17:58les producteurs français et les producteurs européens sont contre la concurrence déloyale
00:18:05puisqu'on va en venir sur la nécessité de production du maïs sur notre territoire,
00:18:11du maïs en France et du maïs en Europe.
00:18:13Il nous faut des moyens de production.
00:18:15Et en fait, en France, les moyens de production nous sont confisqués.
00:18:19Et on va derrière importer du maïs qui ne respecte pas nos normes,
00:18:25qui ne respecte pas nos standards de production.
00:18:27Donc sur le Mercosur, c'est bien là le point d'achauffement
00:18:30où aujourd'hui, on ne peut pas ouvrir nos marchés à des céréales
00:18:36qui ne respectent pas nos standards voulus par le consommateur.
00:18:39C'est-à-dire en matière phytosanitaire, en matière de production,
00:18:42quel est le bémol, le risque d'avoir ce maïs sud-américain ?
00:18:47Déjà, il y a deux bémols, puisque vous m'interrogez sur les moyens de production,
00:18:52sur les produits phytosanitaires ou que ça soit aussi, j'irais, l'accès à l'eau.
00:18:57Aujourd'hui, il nous faut retrouver ces moyens de production
00:19:00pour les producteurs français, parce que, vous l'avez dit,
00:19:02le maïs est une production très importante au niveau national
00:19:05pour alimenter l'Europe.
00:19:06Il faut retrouver ces moyens de production.
00:19:08Ces dix dernières années, à cause de contraintes, à cause d'entraves,
00:19:11on a perdu 500 000 hectares de maïs sur nos territoires.
00:19:14Mais quelle entrave, en fait, concrètement ?
00:19:17Que ça soit concrètement sur les produits phytosanitaires,
00:19:20que ça soit sur la capacité de pouvoir stocker de l'eau aussi,
00:19:27mais sur le sujet de l'eau...
00:19:30L'affaire des mégabassines, par exemple ?
00:19:32Oui, par exemple, et qui dépasse, là, pour ouvrir le débat,
00:19:35qui dépasse le simple cadre du maïs.
00:19:38Aujourd'hui, ne pas pouvoir stocker de l'eau,
00:19:41ne pas pouvoir réutiliser l'eau qu'on a en excès, par exemple,
00:19:44en cette période, pour la réutiliser en période de manque,
00:19:47c'est une ineptie, et en fait, on se tire une balle dans le pied.
00:19:50Mais pourquoi ? Ce sont des règles qui ont été dictées par la France
00:19:54ou la Commission européenne, aujourd'hui, sur cette rétention de l'eau ?
00:19:58Il y a des règles françaises qui empêchent de réaliser des ouvrages.
00:20:06Aujourd'hui, il faut qu'on dépasse ce cadre-là
00:20:09pour pouvoir mobiliser de l'eau, avoir une agriculture compétitive,
00:20:13une agriculture qui puisse continuer à produire,
00:20:16à faire vivre nos filières, à alimenter nos filières, à alimenter nos territoires.
00:20:19C'est une question, en fait, d'économie, de souveraineté
00:20:23et de pouvoir produire sur notre territoire.
00:20:26Et quand je dis de souveraineté, c'est une question de ne pas remettre
00:20:30l'acte de produire pour nous nourrir dans d'autres mains.
00:20:33Oui, parce que quand vous dites qu'on perd des hectares en maïs,
00:20:36ça veut dire que les producteurs mettent en jachère
00:20:39ou passent à une production d'autres céréales ? Comment ça se passe ?
00:20:43Alors, dans votre question, si on passait à une production d'une autre céréale,
00:20:46je dirais pourquoi pas. Mais aujourd'hui, on a aussi de la déprise.
00:20:51On a des terres qui sont perdues à la production agricole.
00:20:55C'est-à-dire, elles deviennent quoi ?
00:20:57Je vais prendre un exemple. Moi, je suis dans le département du Loiret.
00:21:00On a toute une partie où ces terres finissent par être des friches, des ronces.
00:21:04Ce sont des terres non productives parce qu'on a perdu des moyens de production.
00:21:07Et dans ces 500 000 hectares perdus,
00:21:10on a des terres qui sont plus vouées à la production.
00:21:13Donc, juste une image pour que vous compreniez.
00:21:16On a des terres qui sont plus vouées à la production.
00:21:19On a des terres qui sont plus vouées à la production.
00:21:21Les terres qui sont plus vouées à la production,
00:21:23elles sont plus vouées sur l'industrie.
00:21:25On a mis des usines, des usines, des usines,
00:21:28on a mis des friches industrielles,
00:21:30et on s'en est remis à des pays étrangers.
00:21:34Et ça, c'est bien les accords de libre-échange aussi sur lesquels on entend dénoncer.
00:21:39On a remis notre acte de production à l'étranger.
00:21:42Et nous, ce qu'on dit en tant que représentant de la filière maïs,
00:21:45il y a nécessité de pouvoir produire,
00:21:47de pouvoir avoir des moyens de production pour produire sur nos territoires.
00:21:50C'est la vitalité et l'enjeu de nos territoires et l'économie de nos territoires
00:21:54pour nous alimenter et pour être souverains sur la céréale de maïs comme sur d'autres céréales.
00:21:59Et aujourd'hui, c'est combien de producteurs de maïs en France ?
00:22:04C'est à peu près 150 000 producteurs de maïs en France.
00:22:08Oui, c'est beaucoup.
00:22:10Et c'est partout sur le territoire où il y a des régions qui sont plus en pointe sur la céréale ?
00:22:15Il y a des régions historiques, mais le maïs, on le retrouve partout sur le territoire avec des débouchés,
00:22:21même si on a plutôt les régions historiques sud-ouest, Alsace,
00:22:26où on a une culture autour de la production du maïs.
00:22:30Et vous parlez donc de la nourriture animale.
00:22:34Aujourd'hui, quel est le pourcentage de maïs qui sert à la consommation, à l'industrie ?
00:22:39Est-ce que là aussi, on sait comment tout ça est ventilé ?
00:22:43On sait comment tout est ventilé.
00:22:45Alors après, ça va être très technique pour l'auditeur,
00:22:49mais on a une bonne partie qui va en alimentation animale.
00:22:54Et après, on a des marchés plus spécifiques qui sont sur de l'alimentation humaine,
00:22:59mais qui sont toujours sources de filières d'excellence.
00:23:04Et quand vous me posez la question sur l'alimentation animale,
00:23:07les animaux finissent aussi dans notre assiette.
00:23:09Oui, c'est ça, on en parlait à l'instant avec Intermem.
00:23:12Donc on a 100% du maïs qui va pour la consommation humaine.
00:23:16Est-ce qu'il n'y a pas un risque, si on parle du marché européen,
00:23:20avec la guerre en Ukraine et on espère sa résolution prochaine,
00:23:24de déstabilisation du marché avec l'entrée de l'Ukraine dans l'Union Européenne,
00:23:28puisque c'est un pays immense et qui produit énormément de céréales, notamment du maïs ?
00:23:33Et donc, je reviens là, on est sur les échanges commerciaux.
00:23:37Notre filière ne se positionne pas en disant on va fermer les frontières et tout va bien se passer.
00:23:43Notre filière se positionne en disant ne pas importer de maïs
00:23:49qui ne correspond pas à nos normes de production et à nos standards de production.
00:23:53Donc c'est bien pour ça le premier point où il faut retrouver de la compétitivité
00:23:57et des moyens de production en France pour pouvoir déjà produire et qu'on ne ferme pas les yeux.
00:24:02Et derrière, une certaine protection aussi, parce que quand les normes ne sont pas là,
00:24:08qu'on ait des droits de douane qui protègent aussi les producteurs français.
00:24:12Mais on ne peut pas avoir ça dans le cadre du marché européen, en l'occurrence ?
00:24:15Non, mais aujourd'hui, dans le cadre de pays en dehors de l'Europe,
00:24:19on peut avoir des droits de douane qui protègent.
00:24:22En fait, c'est une question de volonté.
00:24:24Veut-on continuer à produire sur notre territoire ou veut-on être dépendant ?
00:24:29Et la dépendance entraîne des risques.
00:24:33Je prends l'exemple, quand les routes commerciales se ferment pour des raisons,
00:24:38que ce soit la guerre ou que ce soit une pandémie,
00:24:40si on est dépendant et qu'on n'arrive pas à avoir d'alimentation qui arrive,
00:24:45il vaut mieux la produire sur notre territoire.
00:24:47Et c'est bien là le combat qu'on mène, c'est de continuer à avoir une production sur notre territoire.
00:24:51Mais aujourd'hui, l'enjeu, c'est quoi ?
00:24:53C'est de jouer entre des normes qui sont suffisantes pour le consommateur,
00:24:58mais en déréguler quand même, laisser plus de latitude
00:25:01pour notamment l'utilisation des produits phytosanitaires ?
00:25:05L'enjeu, c'est d'avoir une cohérence.
00:25:07On ne peut pas mettre un niveau d'exigence sur les producteurs français
00:25:11et fermer les yeux sur les importations qui nous alimentent au quotidien.
00:25:16C'est là l'enjeu, en fait, c'est d'avoir de la cohérence.
00:25:19Mais la cohérence, elle est là aujourd'hui
00:25:21ou on est dans une ambiguïté stratégique qui pose question ?
00:25:26Le Salon nous donne la déclaration du Président de la République
00:25:31au premier jour à l'inauguration du Salon
00:25:33qu'il était nécessaire de produire pour nourrir.
00:25:37C'est la cohérence.
00:25:39Maintenant, la cohérence, ce sont les actes qui vont se décliner au quotidien.
00:25:44Mais justement, vous attendez quoi comme actes ?
00:25:46Parce que ça fait un an qu'on parle de la crise agricole,
00:25:48on en parlera d'ailleurs tout à l'heure avec une de nos invitées.
00:25:51Aujourd'hui, quels sont les actes attendus ?
00:25:55L'acte prioritaire, c'est comme je vous l'ai dit,
00:25:57de retrouver des moyens de production et ça passe aussi par la loi.
00:26:01Il y a une loi pour lever des entraves en agriculture et on attend...
00:26:05Donc sur les méga-bassines, sur l'eau, sur le phyto ?
00:26:09En fait, sur plein de sujets, que ce soit sur les phyto
00:26:12ou que ce soit sur l'accès à l'eau, il faut une vraie politique courageuse
00:26:16qui permette à nos producteurs français de pouvoir être compétitifs.
00:26:20Donc vous m'interrogez sur l'eau.
00:26:22Il faut pouvoir mobiliser de l'eau.
00:26:24Quand on en a en excès, il faut pouvoir la garder pour la réutiliser en période de manque.
00:26:27Et donc là, ça sera une décision courageuse
00:26:30et c'est ce qui est attendu par les producteurs français et européens.
00:26:33Et vous avez eu des signaux positifs de la part des décideurs politiques en ce sens-là
00:26:37ou est-ce que c'est silence radio ?
00:26:39Comme je vous l'ai dit, le salon a bien commencé
00:26:41avec un président qui a déclaré la nécessité de produire pour nourrir,
00:26:45de marteler l'acte de production et l'importance d'actes de production sur nos territoires.
00:26:49C'est un signal positif.
00:26:51Après, le salon, on attend les actes pour raffiner ces choses-là
00:26:55et la réalisation d'ouvrages pour pouvoir stocker de l'eau,
00:26:59d'avoir des moyens de pouvoir produire sur nos territoires,
00:27:04et de l'innovation aussi, parce qu'on n'est pas purement arrêté sur les produits phyto,
00:27:11mais de l'innovation, de la génétique.
00:27:13Ce sont des attentes des producteurs.
00:27:16Merci.
00:27:19On a, avec vous, regardé l'ensemble de cette filière maïs.
00:27:23Vous dites maintenant que vous attendez des actes à l'issue de ce salon de l'agriculture.
00:27:28On va marquer une courte pause et se retrouver dans un instant sur Sud Radio,
00:27:32toujours en direct du salon de l'agriculture,
00:27:34pour parler ensuite des marchés.
00:27:36Vous faites sans doute le marché, on va en parler dans un instant.
00:27:39Merci beaucoup.
00:27:40Alexis Poulin, sans réserve, l'invité.
00:27:43Et on est toujours sur Sud Radio et au salon de l'agriculture.
00:27:47Notre invité est Olivier Rouvraud, qui lance un nouveau titre de presse,
00:27:52la Gazette des marchés, qu'il vend à la criée.
00:27:56Bonjour.
00:27:57Bonjour, merci.
00:27:58Expliquez-nous un peu l'idée derrière cette Gazette des marchés
00:28:03et ce format pour promouvoir le marché en France.
00:28:06Merci beaucoup.
00:28:07Bonjour Alexis.
00:28:09L'idée, c'est la promotion des marchés et le changement des habitudes de consommation.
00:28:14Pourquoi sur un format journal ?
00:28:16Moi, j'ai commencé à aller un peu sur les marchés,
00:28:20prendre des photos et vidéos dans le cadre d'une série de documentaires
00:28:23pour lesquelles j'avais envie de créer du contenu sur les réseaux.
00:28:28Je le partage différemment.
00:28:30C'est un journal qui est à destination du grand public
00:28:32et qui a repris toutes les grandes idées et les grands enjeux des marchés.
00:28:35C'est aussi les cinq bonnes raisons d'y aller.
00:28:38Dans le marché, on a l'enjeu social,
00:28:40qui est un peu l'élément déclencheur au final,
00:28:42contrairement à ce qu'on peut imaginer au premier abord.
00:28:45L'enjeu agricole, c'est le thème du salon aujourd'hui.
00:28:48L'enjeu écologique, l'enjeu santé et l'enjeu gastronomique.
00:28:52Vous dites que c'est le canard ennemi juré de Tricatel.
00:28:56L'idée aussi, c'est de sortir les gens de la grande distribution
00:29:00ou de leur dire qu'il y a d'autres façons d'acheter votre nourriture ?
00:29:04C'est fait avec humour et ça tire.
00:29:07C'est tellement facile d'aller prendre plein d'exemples
00:29:11assez extrêmes de l'agro-industrie et des supermarchés
00:29:15pour valoriser les marchés.
00:29:16Je ne valorise pas les marchés que comme ça.
00:29:18J'essaie de valoriser aussi en montrant le beau, l'inspirant.
00:29:21On a des gens passionnés sur les marchés.
00:29:23Je le vois aussi sur ce ton-là.
00:29:26Pour l'opposition, j'ai choisi la satire et l'humour
00:29:29avec la référence à Tricatel, que vous connaissez sûrement, j'imagine.
00:29:32Sur le film où c'est Louis de Funès qui est patron de Tricatel.
00:29:36C'est Louis de Funès, Delu la cuise.
00:29:38On suit Charles Duchemin qui fait la promotion des restaurants gastronomiques
00:29:42par opposition à la malbouffe de l'époque.
00:29:46Voilà, c'est ça.
00:29:47La nourriture en plastique.
00:29:48Et les restauroutes.
00:29:50Alors, qu'est-ce qu'on y trouve dans cette gazette des marchés ?
00:29:53C'est des portraits de producteurs ?
00:29:55C'est des conseils ?
00:29:57Il y a cinq articles de fond sur les cinq enjeux majeurs des marchés
00:30:01dont je vous ai parlé tout à l'heure.
00:30:04C'est important pour moi de les décomposer en cinq enjeux
00:30:08parce qu'en fait, pour changer les habitudes de consommation
00:30:12et passer à l'acte, je pense qu'il faut, entre guillemets,
00:30:15convaincre de tous les côtés.
00:30:17Pour l'enjeu social, l'enjeu agricole.
00:30:20L'enjeu social n'est pas suffisant.
00:30:22Le premier frein à aller au marché, par exemple,
00:30:24on dit j'ai pas le temps.
00:30:26C'est pareil que faire ses courses.
00:30:28Parce que c'est pas les mêmes horaires.
00:30:30Donc il faut quelque chose qui...
00:30:32Un argument, ok, on n'a pas le temps,
00:30:34mais on ne va pas marcher uniquement pour faire ses courses.
00:30:36On va au marché aussi pour se retrouver, échanger, boire le café.
00:30:42L'enjeu agricole, le soutien aux agriculteurs.
00:30:44Quand on est au marché, on est souvent en contact.
00:30:47Il faut rester vigilant sur les marchés.
00:30:49Tout n'est pas parfait, mais en grande majorité,
00:30:51on est quand même en contact de gens qui sont passionnés,
00:30:53qui vont proposer des produits locaux de très bonne qualité.
00:30:57Pour l'enjeu agricole, c'est très important.
00:30:59Après, l'enjeu écologique, des circuits courts,
00:31:01il y a beaucoup de choses.
00:31:04Au niveau de la santé et gastronomie,
00:31:06quand on va sur le marché, on a souvent des gens passionnés par la cuisine,
00:31:09la gastronomie.
00:31:10Mais la gastronomie, ce n'est pas forcément dans les restaurants étoilés.
00:31:13C'est aussi se faire une cuisine simple, mais bonne,
00:31:16avec des bons produits à la maison.
00:31:18Avec des produits locaux.
00:31:19Et puis l'aspect local aussi, très important, la filière courte.
00:31:22Vous le disiez.
00:31:23Ce n'est pas évident partout,
00:31:25mais est-ce qu'aujourd'hui, le marché retrouve des couleurs ?
00:31:31On voit les amabes, par exemple, dans les milieux urbains.
00:31:35Où en est l'état des lieux sur les marchés ?
00:31:39Oui et non, ils retrouvent des couleurs.
00:31:42En zone urbaine, par exemple,
00:31:44on a le développement un peu d'algourmonde,
00:31:47qui peut se développer,
00:31:48ou même de la restauration sur les marchés classiques.
00:31:51C'est une bonne chose,
00:31:52que les gens aillent au marché d'une manière ou d'une autre.
00:31:55Il ne faut juste que ça ne tombe pas dans l'excès,
00:31:57et que ça laisse la place aux gens qui viennent vendre des produits.
00:32:00Je le dis à André,
00:32:01même si ce n'est pas une mauvaise chose,
00:32:03c'est un écran de fumée sur la consommation pure
00:32:05qu'on fait sur les marchés.
00:32:07Et pour ça, on a un chiffre,
00:32:08au-delà du ressenti qu'on peut avoir.
00:32:09Je suis beaucoup sur le terrain,
00:32:10partout dans la France, sur les marchés.
00:32:12On a un ressenti, on a le témoignage des anciens,
00:32:14qui me disent que ça fait 50 ans que je fais le marché.
00:32:16Avant, mon étal, quand je partais en tant que producteur,
00:32:18était vide.
00:32:19Maintenant, j'en ramène une partie.
00:32:21C'est le problème du pouvoir d'achat ?
00:32:24Ou il y a moins de consommateurs qui font le marché ?
00:32:26Pas du pouvoir d'achat,
00:32:27parce qu'on l'a entendu juste avant,
00:32:29bien manger, ce n'est pas forcément plus cher.
00:32:31Ou en tout cas, c'est moins coûteux.
00:32:34Ce qui a changé, c'est les habitudes de consommation.
00:32:37Et au-delà des marchés,
00:32:38on voit encore cette année,
00:32:40l'achat de fruits et légumes,
00:32:41même en grande distribution, a baissé.
00:32:43Donc, c'est le souci.
00:32:45Et qu'est-ce que je disais juste avant ?
00:32:47Sur l'état des marchés, s'ils reprenaient de la vigueur ou pas ?
00:32:50En valeur, la consommation alimentaire sur les marchés,
00:32:53il y a un chiffre qui existe,
00:32:55c'est moins de 2,3% de la consommation totale alimentaire.
00:32:59Et le reste, c'est la grande distribution ?
00:33:01Les magasins spécialisés également,
00:33:03les commerces de proximité,
00:33:05même si on sait qu'il y en a beaucoup moins.
00:33:08En majorité, à environ 60%.
00:33:12Je ne me souviens plus du chiffre exact.
00:33:14Je n'ai pas inondé de chiffres sur la gazette.
00:33:16C'est celui qui m'intéressait, mais il était décomposé.
00:33:18Et en majorité, c'est la grande distribution.
00:33:20Et qu'est-ce qui fait la saveur des marchés ?
00:33:24Pourquoi vous avez choisi de faire ce format-là ?
00:33:26C'était pour mettre la lumière sur les marchés ?
00:33:29Ou parce qu'il y a, au-delà de ça,
00:33:31vraiment beaucoup de choses à dire,
00:33:32et un tour de France à faire ?
00:33:34Le marché, j'ai commencé à le faire
00:33:36parce que j'étais un passionné de documentaires,
00:33:38j'avais un projet de série de documentaires.
00:33:40Et le sujet des marchés est venu assez naturellement
00:33:42parce que j'y étais tout le temps.
00:33:43Je ne suis pas fils d'agriculteur.
00:33:45Je ne m'intéresse pas au sujet agricole.
00:33:47Vous venez plutôt de la production audiovisuelle, c'est ça ?
00:33:49C'est ça.
00:33:50C'est en découvrant le marché que vous vous êtes dit
00:33:51« Ah, là, il y a un truc ».
00:33:52Je le connaissais déjà,
00:33:54mais je l'ai apprivoisé de façon différente.
00:33:56Et en fait, c'est un prétexte aux rencontres, le marché.
00:33:58Pour moi, à la base,
00:33:59et c'est en allant sur le marché
00:34:01que j'ai rencontré des producteurs,
00:34:03des commerçants,
00:34:04et j'ai passé deux semaines en Haute-Savoie
00:34:07avec un producteur de Roblechon,
00:34:09deux semaines avec des sauniers à Noirmoutier,
00:34:11deux semaines avec des producteurs Caprin dans le Gers.
00:34:14Et on rencontre des gens,
00:34:16et on découvre aussi des choses.
00:34:17Moi, j'aime bien dire que je suis monsieur de tout le monde
00:34:19quand j'appréhende toutes ces problématiques.
00:34:21Et elles sont très compliquées
00:34:23et vastes, ces problématiques.
00:34:26Donc j'aime bien les appréhender avec un œil neuf
00:34:28et creuser les sujets quand même,
00:34:31que ce soit en lisant des articles,
00:34:34en écoutant des podcasts ou autres,
00:34:36mais aussi sur le terrain avec le ressenti des gens.
00:34:38Et faire un mix pour essayer de le restituer
00:34:41de manière populaire,
00:34:43abordable et avec un impact réel
00:34:45au niveau de ce qu'on doit faire concrètement
00:34:47pour faire un peu mieux.
00:34:49Et alors, qu'est-ce qu'on doit faire concrètement ?
00:34:51Aller au marché.
00:34:53Vous vendez cette gazette des marchés à la criée,
00:34:57donc ce n'est pas évident de le trouver ce journal.
00:34:59Ce n'est pas évident de le trouver.
00:35:00Comment vous choisissez le marché
00:35:02sur lequel vous allez débouler
00:35:04pour vendre la gazette ?
00:35:06Je vais au bistrot du coin,
00:35:07et on m'indique le bon marché à faire.
00:35:10Je choisis de diverses manières,
00:35:11on me recommande.
00:35:13Il y a un truc que j'aime beaucoup,
00:35:14c'est depuis que j'ai commencé,
00:35:15donc ça fait deux ans quand même
00:35:16que j'ai commencé à raconter les marchés,
00:35:18et quand j'en parle, j'aime bien
00:35:20parce que tout le monde a son marché.
00:35:22Vous avez le vôtre peut-être ?
00:35:23Bien sûr, le marché de créé, j'aime bien.
00:35:26J'ai plein de recommandations tout le temps,
00:35:27et on me dit tout le temps,
00:35:28va sur ce marché.
00:35:29Et après, c'est en fonction de là où je me trouve,
00:35:31du jour de marché.
00:35:34Donc c'est des gens qui vous contactent
00:35:36en disant, venez, on aimerait vous voir.
00:35:38Ça peut, ou c'est des choix
00:35:42dans l'initiative, parce que ça m'a inspiré,
00:35:44je le trouvais joli.
00:35:45Ou il y a une personne sur ce marché qui est connue,
00:35:47qui fait du travail exceptionnel.
00:35:49Je me dis, je force un peu les rencontres.
00:35:51Des fois, je sais qu'il y a une personne qui me présente,
00:35:52je me dis, allez, je vais faire le marché.
00:35:55Et vous parlez de bonnes pratiques
00:35:57et de mauvaises pratiques
00:35:59dans le cadre des marchés.
00:36:00C'est quoi les bonnes ou les mauvaises pratiques,
00:36:02en l'occurrence ?
00:36:03C'est comme partout, rien n'est parfait.
00:36:05Rien n'est parfait.
00:36:08Moi, je fais la promotion des marchés, etc.
00:36:10Et souvent, on me dit, oui, mais sur les marchés,
00:36:12j'ai des détracteurs, en fait, des marchés.
00:36:14C'est trop cher, c'est jamais au bon moment.
00:36:16Puis de toute façon, sur les marchés,
00:36:18on sait qu'il y a des arnaques, les olives, etc.
00:36:20Et il faut lutter contre ça,
00:36:22comme il faut lutter contre les dérives un peu partout.
00:36:24C'est vrai qu'il y a des marchés à touristes,
00:36:26notamment l'été, où on voit que
00:36:28ce n'est pas de la production locale,
00:36:30c'est vraiment pour vendre des babioles, des trucs
00:36:32à des gens de passage.
00:36:35Moi, je pense qu'il ne faut pas s'arrêter à ça.
00:36:37Il y a une majorité de gens passionnés
00:36:39partout en France sur les marchés,
00:36:42comme sur la grande distribution.
00:36:44Il ne faut pas s'arrêter au fait que
00:36:46c'est majoritairement du superflu.
00:36:48Il y a des très bonnes initiatives qui existent
00:36:50en grande distribution,
00:36:52sur des marques qui existent,
00:36:54ou des labels qui rémunèrent au juste prix
00:36:56les producteurs.
00:36:59Et c'est eux qui ont un impact
00:37:01sur l'enjeu agricole réel aujourd'hui.
00:37:05On peut aller acheter sa brique de lait
00:37:07au supermarché, mais pour le reste,
00:37:09on va sur les marchés.
00:37:11Vous parliez aussi du changement
00:37:13d'habitude de consommation.
00:37:15Est-ce qu'il y a un aspect générationnel
00:37:17par rapport à une nouvelle génération
00:37:19qui va se désengager du marché,
00:37:21qui ne va pas prendre l'habitude
00:37:23de faire le marché ?
00:37:25Ou est-ce qu'au contraire,
00:37:27on va retrouver le plaisir du marché
00:37:29chez les plus jeunes ?
00:37:31Ça dépend des marchés,
00:37:33mais même dans ce cas-là,
00:37:35je trouve qu'il y a toute génération
00:37:37qui se rencontre sur les marchés.
00:37:39Et c'est un truc que j'aime bien
00:37:41sur les marchés, d'ailleurs.
00:37:43Dans la gazette, il n'y a pas de politique
00:37:45si ce n'est celle du bon sens,
00:37:47et c'est le marché avant tout.
00:37:49Et ce que j'aime bien sur les marchés,
00:37:51c'est que peu importe sa classe sociale,
00:37:53peu importe sa génération,
00:37:55peu importe ce qu'on pense, chaud ou froid,
00:37:57on peut se retrouver, on peut échanger,
00:37:59on peut parler.
00:38:01Je pense au marché de mes grands-parents
00:38:03à Villebois-la-Valette.
00:38:05C'est un village rural comme beaucoup d'autres
00:38:07où, au final,
00:38:09on a eu une fermeture
00:38:11de beaucoup de commerces de proximité.
00:38:13Et le marché est le seul endroit
00:38:15îlot de lien social,
00:38:17une fois par semaine, qui continue d'exister.
00:38:19Sans ça, il n'y a plus de café,
00:38:21il n'y a plus de boulangerie.
00:38:23Il y a encore des choses.
00:38:25La Villebois-la-Valette,
00:38:27ce n'est pas le village mort.
00:38:29Il y a certains villages où c'est la seule chose.
00:38:31Et quand bien même,
00:38:33même s'il reste encore beaucoup de choses à Villebois-la-Valette,
00:38:35c'est un super village, c'est plus ce que c'était avant.
00:38:37Quand mes grands-parents y vont,
00:38:39ils me disent « Tu te souviens comment c'était avant ? »
00:38:41Et moi, j'aimerais bien
00:38:43retrouver des fois, ou en tout cas
00:38:45inciter à retrouver ce côté un peu
00:38:47les relations sociales
00:38:49d'avant.
00:38:51Et vous avez retrouvé ça dans certains marchés ?
00:38:53Vous avez un marché préféré de tous ceux que vous avez vus ?
00:38:55À Villebois-la-Valette, on le retrouve.
00:38:57Ça dépend juste de la période de l'année.
00:38:59Mais l'été,
00:39:01il fait beau, on va se promener,
00:39:03on le retrouve un petit peu.
00:39:05J'y étais encore il n'y a pas si longtemps en hiver.
00:39:07C'est triste.
00:39:09En même temps, ce n'est pas la même production de fruits et légumes.
00:39:11Ce n'est pas non plus les mêmes produits.
00:39:13Et puis on n'a pas forcément envie de faire le marché
00:39:15quand il fait moins de degrés.
00:39:17Moi j'ai tendance à dire, peu importe le temps,
00:39:19tant qu'il y a des conversants,
00:39:21il y a marché en fait.
00:39:23Et très tôt le matin,
00:39:25c'est un travail incroyable d'installer son étal,
00:39:27de faire le marché,
00:39:29et puis de repartir.
00:39:31Merci beaucoup Olivier Rouvraud
00:39:33pour ce zoom
00:39:35sur la gazette
00:39:37des marchés.
00:39:39Ce journal que vous trouvez à la criée
00:39:41sur les marchés,
00:39:43à l'entrée du salon de l'agriculture,
00:39:45et aussi sur internet.
00:39:47Il y a un abonnement participatif
00:39:49qui existe pour l'ensemble du projet.
00:39:51Que ce soit la série documentaire, un format d'émission et le journal.
00:39:53Effectivement, ceux qui sont abonnés au financement participatif,
00:39:55s'ils me le demandent, je leur envoie par la poste.
00:39:57Très bien.
00:39:59Merci beaucoup.
00:40:01On va marquer une courte pause et se retrouver
00:40:03pour la deuxième partie de l'émission à 13h.
00:40:05A tout de suite sur Sud Radio.
00:40:07Alexis Poulin,
00:40:09sans réserve, l'invité.
00:40:11Et on continue en direct
00:40:13du salon de l'agriculture sur Sud Radio
00:40:15avec notre invité
00:40:17Laurence Marandeau, la porte-parole
00:40:19de la Confédération Paysanne. Bonjour.
00:40:21Alors vous avez fait une action
00:40:23à l'instant sur le salon, est-ce que vous pouvez nous en dire plus ?
00:40:25Oui, bien sûr.
00:40:27La Confédération Paysanne avec un grand groupe
00:40:29d'apicultrices, d'apiculteurs
00:40:31et de paysannes et paysans,
00:40:33on a souhaité absolument montrer notre colère
00:40:35sur les décisions qui viennent d'être prises
00:40:37ou qui pourraient être prises
00:40:39sur des reculs extrêmement graves
00:40:41au sujet des pesticides.
00:40:43Par exemple, l'autorisation du retour des néonicotinoïdes,
00:40:45qui sont des pesticides
00:40:47reconnus tueurs d'abeilles, qui sont interdits en France
00:40:49et que certains au Sénat
00:40:51et à l'Assemblée souhaiteraient faire revenir.
00:40:53Voilà, c'était pour montrer. On est venus
00:40:55sur le stand d'un stand juste
00:40:57à côté de nous ici, où il y a 18 fournisseurs
00:40:59et vendeurs de pesticides en France
00:41:01leur amener des abeilles
00:41:03mortes et
00:41:05expliquer combien
00:41:07la question des pesticides
00:41:09est difficile pour les agriculteurs
00:41:11eux-mêmes d'abord, pour des questions
00:41:13de santé, pour des questions d'environnement
00:41:15et pour des questions des pollinisateurs
00:41:17et des abeilles.
00:41:19Pourquoi ce recul, alors qu'on pensait avoir quand même réussi
00:41:21à mettre ces néonicotinoïdes
00:41:23derrière nous ? Pourquoi ce retour
00:41:25de particulièrement cet incesticide ?
00:41:27Alors je pense qu'il faudrait demander
00:41:29à ceux qui demandent ce retour.
00:41:31C'est effectivement complètement inconcevable.
00:41:33Mais qui demande ce retour ?
00:41:35Quels sont les producteurs
00:41:37qui demandent ce retour ?
00:41:39Globalement, les producteurs
00:41:41de betterave, le néonicotinoïde
00:41:43sont extrêmement
00:41:45utilisés dans la production
00:41:47de betterave. On convient parfaitement
00:41:49qu'il y a des complications techniques.
00:41:51Ce qu'on appelle nous, la Confédération Paysanne,
00:41:53c'est l'interdiction des molécules
00:41:55les plus dangereuses. Les néonicotinoïdes
00:41:57en font partie.
00:41:59Un accompagnement fort pour trouver
00:42:01des alternatives, des alternatives au sens large.
00:42:03On ne remplace pas forcément une molécule
00:42:05par une autre. Mais ça peut être
00:42:07d'avoir plusieurs cultures qui se succèdent différentes,
00:42:09d'avoir des espaces de biodiversité
00:42:11pour avoir les prédateurs
00:42:13des insectes qui nous embêtent.
00:42:15Et puis surtout, surtout
00:42:17des prix rémunérateurs.
00:42:19Parce que sans revenus, on a
00:42:21du mal à faire face aux difficultés.
00:42:23On aura du mal à faire évoluer nos pratiques
00:42:25et à nous passer des pesticides.
00:42:27Ce qu'il nous faut, c'est des prix du revenu
00:42:29pour éviter ça. Et on imagine bien
00:42:31que ceux qui souhaitent le retour, c'est ceux qui ne veulent
00:42:33pas affronter
00:42:35courageusement la question des prix.
00:42:37Nous, on a des politiques sur les prix, plutôt qu'une politique
00:42:39pour le retour des
00:42:41pesticides en général.
00:42:43Mais justement, on a l'impression de cette crise agricole
00:42:45qui a éclaté
00:42:47depuis un an. Ce qu'il en ressort,
00:42:49c'est que les pouvoirs publics vont dire
00:42:51on va déréguler davantage et on va vous autoriser à polluer
00:42:53plus. Ce n'est pas une réponse.
00:42:55Pour nous, Confédération Paysanne,
00:42:57ce n'est absolument pas une réponse.
00:42:59C'est même cacher le fait qu'on refuse
00:43:01de voir la réalité en face et de prendre
00:43:03des mesures politiques structurelles
00:43:05fortes pour protéger
00:43:07les prix, la rémunération
00:43:09des agriculteurs. Et que comme ça,
00:43:11on ne l'affronte pas, on se dit vous allez vous battre sur les marchés,
00:43:13on vous donne plus de pesticides,
00:43:15on dérégule largement.
00:43:17Et sur les règles environnementales, mais aussi sociales,
00:43:19sur notre rémunération, nos conditions de travail.
00:43:21On ne répond pas à ça, on assouplit
00:43:23les règles. Et c'est vraiment,
00:43:25pour nous, d'une très grande irresponsabilité
00:43:27politique et de mettre en danger les agriculteurs.
00:43:29Parce que, je le redis, les premières
00:43:31victimes des pesticides, c'est les agriculteurs.
00:43:33Et ça handicape
00:43:35complètement la façon de voir autrement les choses
00:43:37et de pouvoir continuer à produire demain, après demain
00:43:39ou dans quelques générations.
00:43:41Pourquoi il y a ce déni aussi des autorités
00:43:43sur la question sanitaire de ces
00:43:45produits chimiques en disant que finalement,
00:43:47ce n'est pas une vraie question. On a vu
00:43:49dans l'affaire du chlordécone
00:43:51sur la banane,
00:43:53le déni de justice des victimes
00:43:55de ce produit.
00:43:57C'est pareil pour le reste des produits
00:43:59qui facilitent la maladie d'Alzheimer, Parkinson,
00:44:01comme si c'était normal finalement
00:44:03et que ça faisait partie des risques du métier.
00:44:05On dénonce fortement le fait
00:44:07qu'on ne peut pas considérer comme normal
00:44:09que des agriculteurs s'empoisonnent, que des
00:44:11sols sont empoisonnés, que des enfants
00:44:13naissent avec des malformations, qu'il y a une
00:44:15surincidence
00:44:17de certaines maladies liées à l'utilisation
00:44:19des pesticides. C'est effectivement
00:44:21un déni dramatique
00:44:23et extrêmement dangereux
00:44:25et qui, pour nous à la Confédération
00:44:27Paysanne, on pense qu'on continue à utiliser
00:44:29les pesticides comme un
00:44:31outil pour nous battre sur des marchés mondiaux
00:44:33et pour ne pas affronter la question des prix.
00:44:35Et c'est vraiment...
00:44:37On est dans le mur sur la question des pesticides.
00:44:39C'est aussi la question de la qualité de l'eau.
00:44:41Aujourd'hui, ça nous coûte des milliards
00:44:43chaque année en France,
00:44:45des centaines de millions, à essayer
00:44:47d'avoir de l'eau à peu près potable au robinet
00:44:49et on est au bout de ce système.
00:44:51On ne sait même plus comment décontaminer.
00:44:53Toutes les semaines, il y a des villages
00:44:55qui sont privés d'eau du fait d'une pollution.
00:44:57Il y a des coûts qu'on supporte chacun d'entre nous,
00:44:59citoyens, dans nos impôts
00:45:01pour panier, pour essayer de corriger
00:45:03les effets des pesticides.
00:45:05On a l'impression, quand même,
00:45:07qu'aujourd'hui, du côté des pouvoirs publics,
00:45:09on regarde plutôt sur les accords
00:45:11de libre-échange internationaux,
00:45:13sur la dérégulation. Est-ce que vous êtes
00:45:15entendus, quand même,
00:45:17sur cette qualité, sur cette question des prix ?
00:45:19Pas complètement.
00:45:21Nous, du coup, on est sur le salon de l'agriculture.
00:45:23Il y a un an pile, le président Macron,
00:45:25c'était un peu une réponse à des demandes
00:45:27de notre part, a annoncé
00:45:29des prix planchers.
00:45:31Et on est venu lui dire, la semaine dernière,
00:45:33où sont passés les prix planchers.
00:45:35Il dit qu'il ne les a pas enterrés.
00:45:37Il vous l'a dit à vous, la presse.
00:45:39Mais n'empêche que s'ils ne sont pas enterrés,
00:45:41en tout cas, il n'y a eu aucune avancée
00:45:43durant toute cette année pour améliorer
00:45:45les prix, ni égaliers, ni les négociations
00:45:47commerciales. Tout ça n'a aujourd'hui
00:45:49aucun effet sur la rémunération.
00:45:51Il n'y a eu que du blabla, que des annonces,
00:45:53mais rien n'a été fait.
00:45:55Rien n'a été fait sur des prix
00:45:57minimum garantis pour les agriculteurs.
00:45:59Rien, au moment où on se parle.
00:46:01Est-ce qu'il y a eu des choses positives depuis janvier dernier
00:46:03pour le monde agricole ?
00:46:05La seule chose que je pourrais
00:46:07souligner comme positive, mais c'est quelque part
00:46:09un dû, c'est des mesures d'urgence.
00:46:11Des aides d'urgence pour les éleveurs qui
00:46:13ont été touchés par la fièvre catarlovine,
00:46:15qui ont perdu des troupeaux, des aides
00:46:17d'urgence suite
00:46:19en partie à des calamités, parce qu'on
00:46:21sort quand même d'une année climatique
00:46:23extrêmement dure. Beaucoup d'agriculteurs
00:46:25ont perdu des récoltes, des faibles
00:46:27rendements, donc il y a eu des aides d'urgence.
00:46:29D'urgence, ça porte bien son nom.
00:46:31C'est pour passer ce moment-là,
00:46:33mais ça ne permet pas d'envisager
00:46:35sereinement d'avoir une visibilité pour nous
00:46:37pour les années qui viennent.
00:46:39Et vous attendez quoi aujourd'hui des pouvoirs publics ?
00:46:41Des prix.
00:46:43C'est la boussole totale. Sans prix,
00:46:45sans revenus, on ne gardera
00:46:47pas d'agriculteurs. Sans prix, sans revenus,
00:46:49on n'installera pas, il n'y aura pas de renouvellement
00:46:51des générations, on n'arrivera pas à remplacer
00:46:53toutes ces personnes. Mais ça l'est déjà, bien sûr.
00:46:55Tous ces agriculteurs qui vont bientôt
00:46:57partir à la retraite, et sans revenus,
00:46:59sans prix, on ne pourra pas faire de la transition agroécologique,
00:47:01on ne pourra pas protéger nos sols, on ne pourra pas
00:47:03se donner les moyens de continuer à produire
00:47:05dans les années qui viennent. On ne pourra pas non plus,
00:47:07pour revenir à la première question,
00:47:09sortir des pesticides,
00:47:11trouver des alternatives.
00:47:13Mais est-ce qu'il n'y a pas aussi
00:47:15de cette improvisation
00:47:17des pouvoirs publics, la pensée
00:47:19de dire finalement l'agriculture c'est mondial
00:47:21et on n'en a que faire
00:47:23d'une agriculture française ? On se débrouillera
00:47:25avec les traités de libre-échange pour importer
00:47:27les produits qu'on ne fait plus ?
00:47:29Clairement, on a cette analyse qu'on est
00:47:31la variable d'ajustement, même si
00:47:33Président Macron s'en défend, que les agriculteurs,
00:47:35nos produits et des prix
00:47:37sont clairement la variable d'ajustement
00:47:39sur un marché mondialisé. Nous, à la Confédération
00:47:41de Paysannes, on est absolument opposés
00:47:43à cette vision. On parle clairement
00:47:45d'agriculture, d'alimentation,
00:47:47de souveraineté alimentaire, et pour nous
00:47:49ça appelle des politiques
00:47:51de protection, de régulation des marchés
00:47:53pour pouvoir
00:47:55continuer à produire demain et nourrir la population.
00:47:57La bonne nouvelle, c'est qu'on sait le faire.
00:47:59On sait le faire avec moins de pesticides,
00:48:01on sait en France encore produire des fruits et des légumes
00:48:03de l'élevage, mais à continuer cette politique
00:48:05d'accord de libre-échange, de faire rentrer
00:48:07des produits
00:48:09traités comme on ne le fait pas en Europe,
00:48:11on va bientôt
00:48:13disparaître et
00:48:15là on sera en grande difficulté.
00:48:17L'agriculture et l'alimentation requièrent
00:48:19des politiques de protection.
00:48:21La France est prise aussi
00:48:23par ces politiques européennes. Est-ce qu'il y a du bon
00:48:25dans les politiques européennes agricoles ?
00:48:27Il y a du bon, il y a un budget
00:48:29et travailler en Européen
00:48:31pour se donner des ambitions
00:48:33communes, éviter la concurrence
00:48:35des loyers entre nos pays européens,
00:48:37ça nous semble être
00:48:39le bon chemin, absolument.
00:48:41Et d'avoir un budget conséquent,
00:48:43c'est le sujet en ce moment, on a vu le commissaire hier
00:48:45de ce cadre financier pour l'Europe,
00:48:47avec un budget dédié à l'agriculture
00:48:49et des règles
00:48:51communes, en tout cas
00:48:53discuter ensemble, ça nous semble important, sinon
00:48:55on va rentrer aussi, enfin on l'est déjà,
00:48:57on va encore exacerber la concurrence
00:48:59entre nous et on n'aura rien à y gagner
00:49:01ni nous agriculteurs français, ni les
00:49:03espagnols, ni personne. Parce que c'est déjà le cas,
00:49:05on se rappelle des convois
00:49:07arrêtés à la frontière de fruits espagnols,
00:49:09etc. Aujourd'hui ça s'est
00:49:11calmé, cette guerre-là, ou
00:49:13est-ce que c'est toujours le cas ?
00:49:15Pour nous il n'est pas question de guerre,
00:49:17de guerroyer avec nos collègues
00:49:19espagnols, ou d'où que ce soit, parce que
00:49:21tous en ont embarqué dans les mêmes difficultés.
00:49:23Donc c'est plutôt
00:49:25collectivement, en
00:49:27européen, de pouvoir
00:49:29avancer des choses ensemble, pour ensemble
00:49:31pouvoir revendiquer, accéder
00:49:33à une rémunération, pouvoir vivre de nos travails,
00:49:35pouvoir faire face aux dérèglements climatiques,
00:49:37c'est pas ensemble, c'est pas en se battant aux frontières.
00:49:39Et ça, aujourd'hui,
00:49:41quand on voit
00:49:43la façon, la rapidité avec laquelle
00:49:45Mme von der Leyen est allée signer le Mercosur,
00:49:47on n'a pas l'impression que c'est pour
00:49:49protéger les agriculteurs qui sont là,
00:49:51vraiment une variable d'ajustement dans l'industrie
00:49:53européenne, etc.
00:49:55C'est le meilleur exemple, l'avancée du Mercosur,
00:49:57on le sait tous, c'est un traité,
00:49:59nous on a fait des actions à l'automne,
00:50:01limousine contre limousine, des bagnoles contre des vaches,
00:50:03pour bien montrer
00:50:05le...
00:50:07dans le symbole,
00:50:09c'était insensé, cet accord,
00:50:11à tel point que même l'Europe prévoit
00:50:13une espèce de fonds de compensation, parce qu'on sait
00:50:15déjà, on sait déjà les effets dramatiques
00:50:17que ça aura, en particulier sur l'élevage
00:50:19européen, c'est pas possible de condamner
00:50:21des filières de cette façon.
00:50:23Mais c'est ce qui est prévu, malheureusement.
00:50:25Et en...
00:50:27Nous, on s'est mobilisés depuis toujours,
00:50:29la Confédération Paysanne, le démontage du McDo
00:50:31en 99, c'était
00:50:33déjà, déjà pour dénoncer
00:50:35ces dérégulations, cette mise sur le marché
00:50:37mondialisé, sans protection aucune de matière
00:50:39première agricole. Voilà, on reste
00:50:41extrêmement mobilisés, mais en face,
00:50:43il y a un agenda
00:50:45d'ultralibéralisation, de dérégulation
00:50:47qui est à l'oeuvre, et qui est
00:50:49dangereux pour toutes les populations, pour nous en Europe,
00:50:51mais également pour nos camarades
00:50:53d'Amérique du Sud. Bien sûr, oui, qui vont aussi
00:50:55être des variables d'ajustement. Est-ce qu'il y a quand même
00:50:57des messages positifs,
00:50:59des signaux positifs que vous voyez
00:51:01pour une agriculture plus
00:51:03responsable, et qui permettrait de faire vivre
00:51:05les agriculteurs ? Alors, j'en vois deux
00:51:07spontanément. Le premier, c'est qu'il n'y a
00:51:09pas de crise d'évocation. On voit
00:51:11dans nos réseaux, dans nos départements,
00:51:13sur le terrain, beaucoup de jeunes, ou moins jeunes
00:51:15d'ailleurs, en reconversion, qui ont
00:51:17envie de ce métier, qui ont envie
00:51:19de produire
00:51:21de façon plutôt durable. Après, il faut
00:51:23qu'ils soient accompagnés, et qu'on puisse aboutir
00:51:25sur des projets viables. Le deuxième,
00:51:27c'est qu'on sait faire,
00:51:29on sait produire
00:51:31durablement, et
00:51:33la majorité, contrairement à ce qu'on
00:51:35pourra entendre parfois dans certaines manifestations
00:51:37ou certains dirigeants syndicaux,
00:51:39des chercheurs nous disent que 70
00:51:41à 80% des agriculteurs français
00:51:43sont prêts, ont besoin
00:51:45de faire évoluer
00:51:47leur système, leur ferme, à cause
00:51:49du changement climatique, à cause de
00:51:51ces nouvelles données. Et pour ça, il faut deux choses.
00:51:53Il faut des prix, il faut être rémunéré,
00:51:55et il faut être accompagné pour ça, et avoir des signaux
00:51:57qui vont dans ce sens-là. Et aujourd'hui,
00:51:59les signaux qui nous arrivaient
00:52:01du Parlement et du gouvernement ne sont pas
00:52:03dans ce sens-là, et c'est vraiment faire offense
00:52:05à la majorité des agriculteurs français.
00:52:07Merci beaucoup, Laurence Marandola,
00:52:09porteur de la Confédération Paysanne, d'avoir
00:52:11répondu à nos questions, d'avoir fait un point sur
00:52:13cette crise agricole au Salon de l'Agriculture.
00:52:15On va marquer une courte pause et se retrouver
00:52:17dans un instant avec notre invité pour
00:52:19cette deuxième heure, Henri Guénaud, pour
00:52:21parler, bien sûr, agriculture,
00:52:23mais aussi géopolitique
00:52:25et politique nationale. A tout de suite
00:52:27sur Sud Radio.
00:52:31Et on se retrouve en direct du Salon de l'Agriculture
00:52:33avec notre invité Henri Guénaud.
00:52:35Bonjour. Bonjour.
00:52:37D'abord, on va commencer par ce sujet,
00:52:39agricole. On a reçu
00:52:41ici la filière de l'élevage
00:52:43bovin, le maïs, la Confédération
00:52:45Paysanne, qui nous disait qu'il y avait encore
00:52:47beaucoup à faire pour les prix.
00:52:49Aujourd'hui, est-ce qu'il y a un risque
00:52:51sur la filière agricole française,
00:52:53de par le Mercosur, qui a été largement
00:52:55critiqué et qui pourtant est encore dans les tuyaux,
00:52:57ou est-ce que les pouvoirs
00:52:59publics vont se ressaisir et protéger
00:53:01l'agriculture française ?
00:53:05Je crois que
00:53:07les pouvoirs publics, depuis très longtemps, se moquent
00:53:09du monde,
00:53:11parce qu'ils promettent et promettent, mais ils
00:53:13ne tirent jamais les conséquences de leurs promesses.
00:53:15C'est-à-dire que la plupart des promesses
00:53:17qui sont faites sont des promesses qui ne peuvent pas être tenues
00:53:19dans le cadre juridique
00:53:21et politique actuel.
00:53:23C'est l'histoire des galimes.
00:53:25On peut toujours dire qu'on va
00:53:27faire beaucoup de contrôles
00:53:29et poursuivre les
00:53:31distributeurs qui vont s'alimenter,
00:53:33se fournir
00:53:35sur des plateformes en dehors
00:53:37de la France, mais sauf que le droit européen
00:53:39donne raison
00:53:41aux producteurs, donc il faut
00:53:43aux distributeurs.
00:53:45Je pense qu'il faut arrêter
00:53:47de se moquer du monde.
00:53:49Il en va de même
00:53:51pour les traités de libre-échange.
00:53:53L'Europe se targue d'avoir signé
00:53:55le plus grand nombre de traités
00:53:57de libre-échange.
00:53:59Chaque traité,
00:54:01le bilan de chaque traité,
00:54:03nous dit-on, est positif
00:54:05et à la fin, c'est un désastre.
00:54:07Donc on se moque encore du monde.
00:54:09C'est-à-dire que ces traités
00:54:11ne sont pas tous bénéfiques
00:54:13et il faut
00:54:15arrêter de dire que tout va
00:54:17très bien, que ça ne peut pas aller mieux.
00:54:19L'Europe est la zone
00:54:21la plus ouverte
00:54:23du monde et c'est une zone
00:54:25de dépression économique
00:54:27comparée aux Etats-Unis
00:54:29ou aux autres pays de la planète.
00:54:31Donc voilà,
00:54:33je pense qu'il faut vraiment arrêter de se moquer du monde,
00:54:35prendre conscience de l'importance du phénomène,
00:54:37prendre conscience de l'importance
00:54:39de l'agriculture
00:54:41qui est économique, bien sûr,
00:54:43mais qui va bien au-delà.
00:54:45Il y a un enjeu
00:54:47de civilisation, il y a un enjeu de culture
00:54:49qui est
00:54:51très profond et ça n'est qu'en ayant
00:54:53pris conscience au-delà
00:54:55des discours qu'ont venus
00:54:57de cette importance que
00:54:59on finira peut-être
00:55:01par prendre des mesures
00:55:03nécessaires, même si elles sont politiquement
00:55:05très difficiles à prendre et à assumer.
00:55:07Mais vous regardez le Japon par exemple,
00:55:09le Japon a une agriculture
00:55:11qui n'est pas rentable et pour autant
00:55:13le Japon a protégé
00:55:15énormément son agriculture parce qu'elle
00:55:17fait partie de sa culture, parce que
00:55:19c'est l'agriculture qui a façonné les paysages,
00:55:21elle est
00:55:23très profondément,
00:55:25elle imprègne très profondément
00:55:27la mentalité japonaise et nous
00:55:29elle imprègne aussi que nous voulions ou non
00:55:33nos façons d'être
00:55:35au monde, nos façons de penser.
00:55:37Nous sommes une vieille société paysanne
00:55:39donc là il y a vraiment un effort à faire
00:55:41considérable mais on ne le fera pas
00:55:43si on ne va pas
00:55:45plus loin dans l'analyse et dans
00:55:47l'analyse de conscience.
00:55:49Parce qu'on voit l'attachement des français
00:55:51à leurs agriculteurs, à l'agriculture, au terroir
00:55:53il n'y a que voir le succès du salon de l'agriculture
00:55:55mais même en général, la vie
00:55:57quotidienne, on avait la gazette des marchés
00:55:59pour parler de ce lien
00:56:01de sociabilité qu'est le marché
00:56:03et de l'autre côté des élites politiques
00:56:05et commerciales
00:56:07qui pensent monde globalisé,
00:56:09qui font des agriculteurs une variate d'ajustement
00:56:11et qui ne défendent pas à la hauteur
00:56:13ces agriculteurs. On voit bien qu'il y a un fossé là.
00:56:15Oui mais ça c'est
00:56:17c'est une erreur
00:56:19constante depuis
00:56:21plusieurs décennies. L'erreur
00:56:23c'est de penser que
00:56:25d'abord c'est de penser qu'on pouvait
00:56:27tout ouvrir sans précaution
00:56:29en se mettant en concurrence avec
00:56:31des pays, des producteurs
00:56:33qui n'avaient pas les mêmes règles, pas les mêmes contraintes
00:56:35pas de protection sociale
00:56:37qui avaient des monnaies souvent dévaluées
00:56:39donc la façon dont nous avons
00:56:41fait la mondialisation était une erreur
00:56:43et qu'il faut corriger parce qu'elle
00:56:45est en train de détruire toutes les sociétés
00:56:47occidentales et pas seulement en Europe
00:56:49regardez les Etats-Unis
00:56:51donc là
00:56:53il faut
00:56:55complètement changer
00:56:57de point de vue et d'autre part
00:56:59on a passé des décennies
00:57:01à penser que
00:57:03la seule réponse
00:57:05à la faiblesse du pouvoir d'achat
00:57:07c'était des prix bas
00:57:09et moi
00:57:11je me souviens d'une discussion avec
00:57:13avec Mario Monti
00:57:15il y a des années qui a été le commissaire
00:57:17à la concurrence européen
00:57:19et à chaque phrase
00:57:21il disait c'est l'intérêt du consommateur
00:57:23et je vous l'avais dit un jour
00:57:25mais c'est très intéressant l'intérêt
00:57:27du consommateur mais quand le consommateur il a
00:57:29plus de travail, plus de salaire, c'est quoi le consommateur
00:57:31donc c'est pas une solution
00:57:33la solution
00:57:35des prix bas, toujours plus bas
00:57:37n'est pas une solution et elle se
00:57:39retourne contre le consommateur qui est aussi un producteur
00:57:41qui perd son travail
00:57:43qui voit écraser son
00:57:45qui voit écraser
00:57:47par la concurrence ses salaires
00:57:49son salaire
00:57:51mais là il y a
00:57:53vraiment un virage à prendre
00:57:55qui est considérable
00:57:57et c'est un virage
00:57:59politique mais aussi intellectuel
00:58:01c'est à dire qu'il faut penser
00:58:03l'économie autrement
00:58:05et la question sociale autrement
00:58:07et si les gens n'ont pas le pouvoir d'achat
00:58:09évidemment ils ne vont pas
00:58:11acheter des produits d'une agriculture
00:58:13qui coûte plus cher même si elle est de bien meilleure qualité
00:58:15parce qu'ils n'ont pas le choix
00:58:17mais est-ce que justement
00:58:19il n'y a pas un événement qui fait que ce virage
00:58:21va être pris de force, de gré ou de force
00:58:23c'est l'élection de Donald Trump aux Etats-Unis
00:58:25qui va mettre
00:58:27des droits de douane un peu partout
00:58:29qui déclare la guerre à l'Union Européenne
00:58:31enfin la guerre entre guillemets mais en disant
00:58:33l'Union Européenne vous êtes là contre les intérêts américains
00:58:35et la réponse des européens c'est mais pas du tout
00:58:37regardez notre marché ouvert au lieu de dire
00:58:39bah oui si c'est ça
00:58:41nous on est là pour se protéger aussi et on n'a pas l'impression
00:58:43qu'aujourd'hui ça connecte
00:58:45dans la tête des responsables européens
00:58:47de ce changement de paradigme
00:58:49le protectionnisme pour le meilleur ou pour le pire
00:58:51revient partout
00:58:53dans le monde
00:58:55parce que ce qu'on a mis en place
00:58:57le libre-échange c'est toujours mieux c'est très bien
00:58:59mais la façon dont on l'a fait
00:59:01et ce qu'on a mis en place aujourd'hui détruit les sociétés
00:59:03donc
00:59:05la plupart des pays en ont conscience
00:59:07surtout les pays développés
00:59:09et les Etats-Unis nous montrent un peu
00:59:11le chemin à suivre
00:59:13le problème c'est que c'est très difficile
00:59:15de gérer la transition
00:59:17parce que protéger c'est bien à condition
00:59:19d'avoir encore la production
00:59:21ou de pouvoir reconstituer la production
00:59:23sinon ça ne fait qu'augmenter les prix
00:59:25et ça ne résout pas le problème
00:59:27donc si on se protège
00:59:29il faut qu'en même temps on développe
00:59:31c'est vrai pour l'industrie
00:59:33l'agriculture
00:59:35mais
00:59:37là encore il n'y a pas
00:59:39de prise de conscience et il n'y a pas de stratégie
00:59:41pour
00:59:43à la fois protéger et développer
00:59:45une production nationale
00:59:47pour l'industrie c'est une évidence
00:59:49et pas seulement pour les industries
00:59:51traditionnelles mais l'industrie agroalimentaire
00:59:53c'est la même chose
00:59:55donc on se retrouve dans une espèce
00:59:57de piège et de cercle vicieux
00:59:59qui est en train de tout détruire
01:00:01alors la façon dont le fait Donald Trump
01:00:03elle est
01:00:05à mon sens trop brutale
01:00:07la guerre, la vraie guerre commerciale n'est bonne
01:00:09pour personne comme la guerre tout court
01:00:11mais en tout cas il nous oblige
01:00:13à réfléchir et à repenser
01:00:15notre façon de voir les choses
01:00:17mais pour l'instant on ne le fait pas
01:00:19on reste sur
01:00:21une vision du monde qui a changé
01:00:23mais encore une fois c'est parce que
01:00:25c'est vrai pour l'industrie
01:00:27c'est vrai pour l'agriculture
01:00:29si vous ne pensez pas à l'importance
01:00:31de ces productions
01:00:33sur le sol national
01:00:35vous ne faites rien
01:00:37et
01:00:39au fond il y a beaucoup de gens qui se sont dit
01:00:41bon bah l'agriculture c'est
01:00:43ringard c'est le passé
01:00:45de toute façon si on a besoin on achètera
01:00:47et pas cher ailleurs
01:00:49et pareil pour l'industrie on se dit
01:00:51l'industrie ça pollue c'est pas bien
01:00:53vous vous rappelez c'était la France sans usines
01:00:55c'était le tertiaire qui faisait tout
01:00:57voilà ce sera l'atelier du monde
01:00:59ah mais ça c'est une folie
01:01:01aujourd'hui on voit bien que
01:01:03avec un temps de retard
01:01:05certains réagissent, Emmanuel Macron souhaite
01:01:07réindustrialiser la France
01:01:09bon c'est très lentement
01:01:11avec surtout des investissements
01:01:13étrangers, est-ce que c'est possible
01:01:15de réindustrialiser aujourd'hui
01:01:17et puis deuxième piège
01:01:19c'est parler de souveraineté européenne
01:01:21et d'oublier la souveraineté nationale
01:01:23j'ai l'impression que là c'est un peu encore
01:01:25un cercle vicieux qui se met en place de dire
01:01:27mais là encore le problème qui se pose
01:01:29c'est celui de la pensée, de la façon de penser
01:01:31d'abord il n'y a pas une souveraineté européenne
01:01:33et une souveraineté nationale, la souveraineté ça ne se divise pas
01:01:35ça ne s'additionne pas
01:01:37ou elle est nationale ou elle est européenne
01:01:39c'est un absolu
01:01:41la nationalité
01:01:43la souveraineté, la seule chose
01:01:45qui se superpose c'est la souveraineté de l'individu
01:01:47et la souveraineté de la nation
01:01:49ou
01:01:51en tout cas la souveraineté
01:01:53d'un peuple
01:01:55il n'y a pas de peuple européen
01:01:57il y a des peuples nationaux
01:01:59et donc la souveraineté
01:02:01elle est dans la nation
01:02:03et plus on essaye de la noyer
01:02:05dans une souveraineté européenne
01:02:07plus on perd la maîtrise de notre destin
01:02:09et c'est vrai dans tous les domaines
01:02:11ça va de l'immigration à l'agriculture
01:02:13en passant par l'industrie
01:02:15oui on peut réindustrialiser
01:02:17oui on peut redresser notre agriculture
01:02:19et oui on a besoin de l'état pour ça
01:02:21et on a besoin de sa capacité à mobiliser
01:02:23des capitaux
01:02:25à mettre en place des protections raisonnables
01:02:27pour protéger certains secteurs
01:02:29et puis on en a besoin
01:02:31on a besoin que l'état fasse une politique
01:02:33macroéconomique qui permette
01:02:35de voir remonter le pouvoir d'achat
01:02:37des français, pas de pouvoir d'achat
01:02:39une personne pour acheter
01:02:41des produits industriels ou des produits agricoles
01:02:43qui sont un peu plus chers qu'ailleurs
01:02:45si les frontières sont ouvertes
01:02:47est-ce que c'est possible d'avoir cette politique-là
01:02:49dans le cadre des traités européens actuels
01:02:51quand on voit par exemple le scandale du prix de l'électricité
01:02:53où la France a un avantage comparatif
01:02:55du fait du parc nucléaire
01:02:57et par le biais des taxes du marché unique
01:02:59de l'électricité
01:03:01on se retrouve à payer 3 fois plus l'électricité
01:03:03mais ça c'est une des plus grandes aberrations
01:03:05de tout ce qu'on a pu faire
01:03:07puisqu'on en est arrivé à subventionner
01:03:09à obliger EDF à subventionner
01:03:11ses concurrents pour qu'ils nous fassent concurrence
01:03:13on marche sur la tête
01:03:15mais je ne comprends toujours pas pourquoi
01:03:17nous ne sommes toujours pas sortis
01:03:19du marché unique de l'électricité
01:03:21c'est un marché de règles
01:03:23donc on peut produire
01:03:25avant on produisait à bas coût
01:03:27et on vendait au moins chez nous à bas coût
01:03:29maintenant on produit à bas coût
01:03:31et on vend au prix du marché
01:03:33et en plus on subventionne les concurrents
01:03:35et le prix du marché européen
01:03:37il est en général
01:03:39même s'il est très volatil
01:03:41il est en général supérieur à notre coût de production
01:03:43c'est à dire qu'on a investi pendant des décennies
01:03:45et des décennies finalement pour rien
01:03:47il faut en sortir
01:03:49mais comme
01:03:51personne n'arrive à penser
01:03:53cette question sérieusement
01:03:55on n'en sort pas, on vous renvoie la figure
01:03:57que si on sort du marché unique
01:03:59on ne pourra plus exporter
01:04:01notre production électrique quand on en a trop
01:04:03et on ne pourra plus importer quand il nous en manque
01:04:05mais ça n'est pas vrai, ça n'a rien à voir avec
01:04:07les interconnexions et la capacité
01:04:09d'aller sur le marché
01:04:11pour ajuster l'offre et la demande
01:04:13c'est pas pareil
01:04:15d'intégrer
01:04:17dans le prix final
01:04:1910%
01:04:21de ce qu'on vend
01:04:23ou de tout vendre
01:04:25de vendre 100% au prix du marché
01:04:29tout ça est totalement absurde
01:04:31et là encore on se moque du monde
01:04:33mais si on ne veut pas tirer les conséquences
01:04:35de tout ça
01:04:37il y a un autre sujet qui est plus général
01:04:39qui touche tous les secteurs
01:04:41c'est le problème de la hiérarchie des normes
01:04:43est-ce que le droit européen
01:04:45est-ce que les conventions internationales
01:04:47est-ce que les traités sont tous
01:04:49systématiquement supérieurs à la loi française
01:04:51et s'ils le sont
01:04:53ça veut dire que le législateur ne sert plus à rien
01:04:55on va en parler justement
01:04:57de ces normes et de l'international
01:04:59dans un instant, on va marquer une courte pause
01:05:01et on va se retrouver en direct du salon de l'agriculture
01:05:03avec notre invité Henri Guaino
01:05:05à tout de suite sur Sud Radio
01:05:09et on se retrouve toujours en direct
01:05:11du salon de l'agriculture sur Sud Radio
01:05:13avec Henri Guaino, on parlait à l'instant de cette hiérarchie
01:05:15des normes qui pose question
01:05:17qui décide en France finalement
01:05:19est-ce qu'encore le législateur
01:05:21a son mot à dire quand on voit le spectacle
01:05:23de l'Assemblée Nationale, on peut se poser des questions
01:05:25ça ne tient pas qu'au spectacle actuel
01:05:27de l'Assemblée Nationale, ça tient
01:05:29à l'organisation juridique dans laquelle
01:05:31nous sommes impliqués aujourd'hui
01:05:33que nous avons accepté de traiter
01:05:35en traiter de jurisprudence
01:05:37en jurisprudence
01:05:39et qui fait qu'en fait dans beaucoup de domaines
01:05:41ce n'est plus le législateur qui décide
01:05:43c'est le juge qui peut écarter
01:05:45la loi française parce qu'il y a
01:05:47une loi européenne, un règlement européen
01:05:49ou une directive européenne, parce qu'il y a
01:05:51une jurisprudence de la Cour de Justice
01:05:53parce qu'il y a une convention internationale
01:05:57là encore on se moque du monde
01:05:59c'est-à-dire que la seule
01:06:01façon de rétablir la responsabilité
01:06:03politique, c'est-à-dire arrêter avec ce système
01:06:05dans lequel la veille
01:06:07de l'élection on vous dit, vous allez voir ce que vous allez voir
01:06:09le lendemain des élections
01:06:11c'est pas moi, j'y peux rien
01:06:13il y a les juges, il y a l'Europe
01:06:15la seule façon d'arrêter ça
01:06:17et de reprendre en main
01:06:19à la fois la responsabilité politique
01:06:21et notre destin
01:06:23c'est de changer ce qu'on appelle
01:06:25la hiérarchie des normes et de revenir
01:06:27à ce qui était au début de la 5ème République
01:06:29le rapport
01:06:31entre la loi française
01:06:33et la loi internationale
01:06:35ou la loi européenne
01:06:37à l'époque on disait
01:06:39c'est la dernière volonté du législateur qui doit l'emporter
01:06:41c'est-à-dire si le traité
01:06:43il est postérieur à la loi
01:06:45c'est lui qui l'emporte
01:06:47le législateur a décidé de le ratifier
01:06:49et si c'est la loi
01:06:51qui est postérieure au traité
01:06:53c'est la loi qui l'emporte
01:06:55ça, ça suppose d'avoir le courage de changer
01:06:57l'article 55 de la Constitution
01:06:59ça suppose aussi, si on veut y arriver
01:07:01de le faire par l'article 11
01:07:03alors c'est un peu abscond pour beaucoup de gens
01:07:05mais il y a deux solutions
01:07:07pour changer la Constitution
01:07:09l'article 89 qui oblige les deux assemblées
01:07:11à voter en termes identiques
01:07:13ensuite il y a un congrès, le président peut choisir
01:07:15soit le référendum
01:07:17soit le vote par le congrès
01:07:19au 3-5ème
01:07:21mais si vous faites ça vous n'y arriverez jamais
01:07:23et donc la seule façon
01:07:25c'est de faire ce qu'a fait le Général de Gaulle en 62
01:07:27pour l'élection du Président de la République
01:07:29il avait tous les notables
01:07:31contre lui
01:07:33il a choisi l'article 11
01:07:35qui permet au Président de la République
01:07:37de saisir directement le peuple
01:07:39par référendum
01:07:41en disant
01:07:43dans l'article 11
01:07:45il concerne
01:07:47l'organisation des pouvoirs publics
01:07:49la Constitution c'est l'organisation des pouvoirs publics
01:07:51donc c'est vous qui allez trancher
01:07:53et c'est la seule solution
01:07:55mais il faut bien comprendre
01:07:57qu'on va se heurter à un mur aussi haut
01:07:59que celui auquel s'est heurté le Général de Gaulle en 62
01:08:01avec des gens qui vont dire
01:08:03c'est inconstitutionnel
01:08:05c'est un coup d'État juridique
01:08:07mais si on ne fait pas ça
01:08:09on ne va pas s'en sortir
01:08:11et la crise de la démocratie
01:08:13elle ne va cesser de s'aggraver
01:08:15Emmanuel Macron passe son temps à faire des promesses de référendum
01:08:17tous les ans il annonce un référendum qui n'a jamais lieu
01:08:19et il n'a pas de sujet
01:08:21pourtant c'est pas les sujets qui manquent
01:08:23il n'y avait pas besoin de changer la Constitution
01:08:25par exemple sur les retraites
01:08:27le Président de la République aurait dû
01:08:29devant les divisions
01:08:31que ce projet de loi
01:08:33provoquait
01:08:35il aurait dû dire
01:08:37les Français c'est vous qui allez trancher
01:08:39ça l'article 11 le permet très bien
01:08:41il n'y a pas besoin de changer la Constitution
01:08:43il ne s'agit pas de poser une question en l'air
01:08:45il s'agit de mettre le projet de loi
01:08:47de réforme des retraites
01:08:49au référendum
01:08:51et les Français disent oui non
01:08:53et puis s'ils disent non
01:08:55on fait autre chose
01:08:57ça ça suppose aussi
01:08:59que le Président de la République
01:09:01est conscient que son devoir
01:09:03c'est de garantir l'unité de la nation
01:09:05et non pas de la diviser
01:09:07On en est loin, haute question de règle internationale
01:09:09en ce moment il y a cet imbroglio perpétuel
01:09:11entre la France et l'Algérie avec les OQTF
01:09:13obligation de quitter le territoire français
01:09:15de nationalité algérienne
01:09:17refusée systématiquement par l'Algérie
01:09:19là encore
01:09:21on a l'impression que l'état français
01:09:23ne peut rien, Bruno Retailleau
01:09:25passe son temps à faire des annonces
01:09:27et puis la réalité c'est qu'il ne se passe rien
01:09:29la vérité c'est qu'il ne peut pas
01:09:31grand chose par la voie qui a été choisie
01:09:33c'est bien
01:09:35on ne peut pas faire de la
01:09:37diplomatie avec des états qui sont
01:09:39des états souverains
01:09:41je vais revenir sur les difficultés que ça pose en particulier
01:09:43avec l'Algérie
01:09:45se taper
01:09:47ça ne sert à rien de se taper
01:09:49sur la poitrine
01:09:51en disant vous allez voir
01:09:53ce que vous allez voir, on voit c'est-à-dire
01:09:55rien, vous ne pouvez pas
01:09:57lancer des ultimatums ne sert à rien
01:09:59si on lance un ultimatum à la France elle dira non
01:10:01donc
01:10:03ça n'est pas une solution
01:10:05on peut appeler ça de la fermeté
01:10:07mais ça n'est pas de la fermeté
01:10:09les discussions
01:10:11les pressions
01:10:13les marchandages
01:10:15parce que la diplomatie se fait aussi avec des marchandages
01:10:17n'ont rien à faire sur le théâtre
01:10:19de la scène publique
01:10:21sinon ça ne fonctionne pas
01:10:23d'autre part
01:10:25il faut bien comprendre qu'aussi inadmissible
01:10:27que soit la position
01:10:29algérienne, l'Algérie
01:10:31n'est pas dans la situation
01:10:33par rapport à la France de la Colombie par rapport aux Etats-Unis
01:10:35donc
01:10:37quand on me dit il faut être ferme
01:10:39il faut les forcer
01:10:41il faut un rapport de force et je réponds
01:10:43très bien alors on fait quoi ?
01:10:45on fait quoi ?
01:10:47on envoie quelqu'un là-bas
01:10:49ils ne le veulent pas, ils l'envoient
01:10:51là il est question des visas
01:10:53de faire un moratoire
01:10:55tout ça ne va pas changer profondément les choses
01:10:57et nos moyens
01:10:59dits de fermeté sont très limités
01:11:01c'est à dire le rapport de force
01:11:03l'ultimatum, ça marche quand vous êtes
01:11:05capable d'écraser
01:11:07le pays auquel
01:11:09vous vous adressez, ça n'est pas le cas
01:11:11et nous payons aussi dans cette histoire
01:11:13l'évolution
01:11:15de la géopolitique mondiale
01:11:17et le rôle que nous avons décidé
01:11:19d'y jouer depuis quelques années
01:11:21je pense en particulier à la question
01:11:23russe, parce que
01:11:25qui est le principal allié
01:11:27de l'Algérie
01:11:29qui fournit tout l'armement algérien
01:11:31qui déverse
01:11:33beaucoup d'argent sur une partie du pouvoir
01:11:35algérien, la Russie
01:11:37et la Russie
01:11:39tout a changé dans cette région du monde
01:11:41la Russie, nous étions partout dans le Sahel
01:11:43on s'est fait jeter
01:11:45dehors de partout
01:11:47et c'est la Russie qui a pris la place
01:11:49les Etats-Unis aussi et la Chine
01:11:51il y a aussi les Etats-Unis et la Chine
01:11:53on va y venir, mais
01:11:55l'acteur majeur c'est la Russie
01:11:57qui n'a pas de cadeau à nous faire
01:11:59et quel moyen
01:12:01on a si on est
01:12:03définitivement fâché avec la Russie
01:12:05de faire pression
01:12:07sur le pouvoir
01:12:09algérien, qui est un pouvoir
01:12:11qui a tous les défauts
01:12:13mais est-ce que c'est pas inquiétant ?
01:12:15on voit les Américains
01:12:17reviennent en force en Algérie
01:12:19ils reviennent en force aussi
01:12:21parce qu'ils sont en train de se réconcilier avec les Russes
01:12:23et ça justement, c'est ce qui se passe actuellement
01:12:25on voit bien que Donald Trump décide de changer totalement
01:12:27de précipiter un accord de paix
01:12:29en Ukraine, de reprendre des négociations
01:12:31commerciales avec la Russie, d'arrêter avec les sanctions
01:12:33et dans le même temps, les Européens
01:12:35continuent, 16ème paquet de sanctions
01:12:37il y a le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barraud
01:12:39qui dit, moi je répondrai pas à Lavrov
01:12:41ministre des Affaires étrangères russe, il m'appelle, j'ai autre chose à faire
01:12:43c'est pas de la diplomatie ça
01:12:45non mais c'est
01:12:47la grande
01:12:49erreur de l'Europe
01:12:51et des dirigeants européens depuis très longtemps
01:12:53et ça date même d'avant l'Ukraine
01:12:55c'est que, vous savez
01:12:57pour régler les rapports
01:12:59entre les peuples sur la scène internationale
01:13:01comme d'ailleurs à l'intérieur des pays
01:13:03il y a trois étapes
01:13:05le premier c'est le droit
01:13:07faites un procès, mais le droit
01:13:09suppose soit que vous ayez des moyens de coercition
01:13:11pour obliger tout le monde à obéir au droit
01:13:13ce qui sur la scène internationale
01:13:15n'est pas le cas
01:13:17notamment quand vous avez des puissances nucléaires en face de vous
01:13:19soit que
01:13:21tout le monde soit d'accord
01:13:23pour faire trancher le détrige
01:13:25par un tribunal ou une cour d'arbitrage
01:13:27il se trouve que ça n'est pas le cas non plus
01:13:29après la deuxième étape
01:13:31c'est la diplomatie
01:13:33quand le droit échoue, la diplomatie est la politique
01:13:35mais ça, ça suppose qu'on marchande
01:13:37ça suppose qu'on se salisse les mains
01:13:39en allant serrer les mains de gens
01:13:41qui ne sont pas forcément convenables
01:13:43on le fait avec la Syrie par exemple
01:13:45le nouveau pouvoir syrien
01:13:47ancien djihadiste
01:13:49est accueilli à bras ouverts
01:13:51ce qu'il faut faire comme le disait le général
01:13:53de Gaulle, la politique
01:13:55elle se fait à partir des réalités
01:13:57il disait d'ailleurs quelque chose de très juste
01:13:59la France ne reconnaît pas les régimes
01:14:01elle reconnaît les états
01:14:03et ça on a essayé
01:14:05on a tenté de tout dépolitiser
01:14:07parce que dans cette zone grise
01:14:09où finalement on marchande
01:14:11on essaie de bricoler des solutions
01:14:13qui permettent d'économiser
01:14:15des affrontements, des violences
01:14:17tout ça est devenu
01:14:19pour les européens et les élites européennes
01:14:21quelque chose d'inacceptable
01:14:23donc si vous n'avez pas ça
01:14:25vous passez tout de suite du droit à la guerre
01:14:27c'est ce qu'il se passe
01:14:29la guerre c'est pas moral
01:14:31c'est bien tout le problème
01:14:33on voit les européens qui voudraient poursuivre
01:14:35cette guerre en Ukraine sur des principes
01:14:37de moralité, de valeur européenne
01:14:39qui perdent finalement
01:14:41les valeurs elles sont pour nous
01:14:43vouloir les imposer au reste du monde
01:14:45n'a aucun sens sauf à vouloir faire la guerre
01:14:47au monde entier
01:14:49le droit international, c'est nous qui l'avons créé
01:14:51nous ne le respectons que quand ça nous arrange
01:14:53et tous les pays du sud disent
01:14:55c'est deux poids deux mesures
01:14:57le droit international
01:14:59il était où au Kosovo, le droit international
01:15:01il était où en Irak, il était où en Afghanistan
01:15:03donc ça n'a pas de sens
01:15:05le haut Karabakh
01:15:07le droit international
01:15:09était du côté des Azeris
01:15:11mais enfin c'était pour protéger une frontière
01:15:13c'est pour reconnaître une frontière
01:15:15qui a été dessinée par Staline
01:15:17et le droit du peuple
01:15:19arménien en revanche
01:15:21il a été totalement bafoué
01:15:23ils étaient là depuis plus de 3000 ans
01:15:25c'est le droit des peuples
01:15:27contre le droit de l'intangibilité des frontières
01:15:29tout ça n'a pas de sens
01:15:31c'est une hypocrisie
01:15:33on redécouvre qu'il y a des rapports de force
01:15:35sur la scène internationale
01:15:37mais il y en a toujours eu
01:15:39sauf que depuis plusieurs décennies
01:15:41on les dissimule
01:15:43avec l'hypocrisie du droit international
01:15:45quand ça nous arrange
01:15:47il vaut mieux faire de la diplomatie
01:15:49essayer de bricoler
01:15:51plutôt que de confier la solution des problèmes
01:15:53du droit international
01:15:55qui aboutit à ce que plus rien ne soit négociable
01:15:57on va marquer une courte pause
01:15:59et se retrouver dans un instant
01:16:01avec Henri Guaino en direct du salon de l'agriculture
01:16:03à tout de suite sur Sud Radio
01:16:05Alexis Poulin, son réserve
01:16:07l'invité
01:16:09on se retrouve avec Henri Guaino
01:16:11en direct du salon de l'agriculture
01:16:13on parlait avant la pause
01:16:15de cette diplomatie
01:16:17folle, enfin incompréhensible
01:16:19finalement, ou inexistante
01:16:21qu'est ce qui fait qu'on continue
01:16:23finalement
01:16:25que nos élites françaises
01:16:27continuent de s'enferrer dans cette erreur
01:16:29mais c'est pas la première fois
01:16:31nous sommes en train de refaire exactement
01:16:33ce que nous avons fait
01:16:35après la première guerre mondiale
01:16:37vous savez, la guerre hors la loi
01:16:39le droit va tout résoudre
01:16:41la tangibilité des frontières en Europe
01:16:43résultat, 60 millions de morts
01:16:45dans la seconde guerre mondiale
01:16:47c'est toujours cette illusion
01:16:49il disait d'ailleurs dans le fil de l'épée
01:16:51dans les années 20
01:16:53le droit international
01:16:55il y a le droit puis il y a la force
01:16:57et que si le droit sans la force ne sert à rien
01:16:59et il disait
01:17:01où a-t-on vu que l'homme avait changé
01:17:03c'est le point fondamental
01:17:05nous ne nous occupons plus de la nature humaine
01:17:07de la violence qui est dans chacun d'entre nous
01:17:09nous refusons
01:17:11de voir en face
01:17:13la cruelle réalité des choses
01:17:15et la cruelle réalité de la nature humaine
01:17:17et la politique c'est fait pour ça
01:17:19la politique c'est fait pour prendre en compte
01:17:21et pour gérer
01:17:23canaliser la nature humaine
01:17:25pour éviter qu'on passe son temps à s'entretuer
01:17:27donc on construit
01:17:29il y a la politique
01:17:31il y a les institutions
01:17:33il y a l'éducation
01:17:35tant bien que mal essayer de canaliser la violence
01:17:37on ne le fait pas
01:17:39et on s'est
01:17:41enfermé dans
01:17:43le camp du bien contre le camp du mal
01:17:45mais après une fois que vous avez fait ça
01:17:47une fois que vous avez jeté la Russie dans les bras de la Chine
01:17:49une fois que vous avez dit
01:17:51on ne se parlera plus
01:17:53on ne discutera plus, on ne négociera plus
01:17:55il ne faut pas s'étonner après
01:17:57qu'un allié de la Russie
01:17:59comme
01:18:01l'Algérie
01:18:03vous rionnez
01:18:05peut-être qu'il y a un moyen
01:18:07en renouant
01:18:09une fois qu'on aura fait un cessez-le-feu
01:18:11ou un traité de paix
01:18:13entre l'Ukraine et la Russie
01:18:15de renouer avec la Russie et par la Russie
01:18:17qui est la seule qui a vraiment
01:18:19un levier d'influence
01:18:21sur l'Algérie
01:18:23essayer de changer le cours des choses
01:18:25mais là ce n'est pas le cas
01:18:27à ce jeu-là on a tout perdu
01:18:29encore une fois on a perdu l'Afrique
01:18:33on a fait souffrir les gens
01:18:35parce que l'inflation, le coût de l'énergie
01:18:37qui va nous coûter très très cher
01:18:39en termes de faillite d'entreprise
01:18:41on le sent bien
01:18:43mais ça va de pire en pire
01:18:45il ne faut pas s'étonner
01:18:47il y a une très jolie formule de Régis Debray
01:18:49dans un petit livre qu'il avait écrit sur le général de Gaulle
01:18:51il y a quelques dizaines d'années
01:18:53il disait, l'homme d'Etat est celui
01:18:55qui veut les conséquences de ce qu'il veut
01:18:57ben là plus personne ne veut les conséquences
01:18:59de ce qu'il veut, mais les conséquences on les a quand même
01:19:01alors ça dépend parce que quand on parle
01:19:03au-delà de l'international, regardons au national
01:19:05on a des dirigeants quand même qui
01:19:07au principe du bien de la morale sont capables de faire
01:19:09par exemple des zones à faible émission
01:19:11les fameuses ZF
01:19:13qui excluent, qui rompent finalement la liberté de circulation
01:19:15sur leur territoire, une partie des citoyens
01:19:17parce que leur voiture serait trop polluante
01:19:19en fonction du critère
01:19:21là encore on a l'impression
01:19:23d'une gouvernance contre le peuple
01:19:25et en dépit du bon sens
01:19:27c'est même pas seulement contre le peuple
01:19:29c'est une gouvernance idéologique
01:19:31il y a une pensée unique
01:19:33il y a un air du temps
01:19:35l'homme d'Etat c'est celui qui échappe à l'air du temps
01:19:37en plus on est
01:19:39bien sûr il faut se préoccuper de l'environnement
01:19:41mais on est
01:19:43un pays qui
01:19:45dont les émissions de carbone sont parmi
01:19:47les plus faibles du monde
01:19:49pourquoi vouloir toujours faire plus
01:19:51plus que les autres
01:19:53il y a un coût qui pénalise
01:19:55tout le monde
01:19:57mais on ne cherche pas
01:19:59il n'y a aucune réflexion
01:20:01sur ces sujets, aucune, sur rien en fait
01:20:03c'est une politique qui ne réfléchit plus
01:20:05qui ne pense plus
01:20:07qui applique ses normes idéologiques
01:20:09c'est comme ça, c'est des pensées toutes faites
01:20:13c'est vrai pour l'Europe
01:20:15c'est vrai pour la décentralisation
01:20:17c'est vrai pour tout
01:20:19pour l'état de droit
01:20:23il n'y a plus de pensée
01:20:25il n'y a plus l'effort de pensée
01:20:27mais c'est normal
01:20:29puisque la politique, au fond nous baignons
01:20:31dans une idéologie de la dépolitisation
01:20:33tout ce qu'il y a entre
01:20:35la guerre et le droit n'existe pas
01:20:37c'est nécessaire
01:20:39encore une fois
01:20:41à une humanité qui est très imparfaite
01:20:43on est très loin du compte
01:20:45vous dites qu'il n'y a plus d'hommes d'état
01:20:47en France aujourd'hui, personne n'a
01:20:49cette stature-là
01:20:51en tous cas
01:20:53il n'y a pas d'hommes d'état
01:20:55de la stature de
01:20:57de Gaulle ou de Pompidou
01:20:59même Mitterrand
01:21:01il a eu beaucoup d'affection pour Mitterrand
01:21:03mais il a au moins protégé les institutions
01:21:07tandis que là
01:21:09il n'y a plus rien
01:21:11personne ne répond à cette définition
01:21:13l'homme d'état est celui qui veut les conséquences de ce qu'il veut
01:21:15personne ne veut les conséquences de ce qu'il fait
01:21:17il y a l'irresponsabilité permanente
01:21:19en disant
01:21:21sur la dette de 3400 milliards d'euros
01:21:23c'est la faute à personne encore une fois
01:21:25c'est la faute à personne et à tout le monde
01:21:27mais c'est le fruit là aussi
01:21:29il ne faut pas s'étonner
01:21:31c'est le fruit de la façon dont nous avons pensé l'économie
01:21:33dont nous avons pensé la question sociale
01:21:35si vous passez votre temps
01:21:37à détruire l'économie et la société
01:21:39forcément vous avez de plus en plus
01:21:41de victimes à secourir
01:21:43parce que c'est ça qui plombe les finances publiques
01:21:45simplement ça
01:21:47vous n'allez pas le résoudre en privant les gens
01:21:49d'allocations, de chômage
01:21:51ou en mettant les retraités
01:21:53à la rue
01:21:55vous allez le résoudre en remettant de l'ordre
01:21:57dans l'économie et dans la société
01:21:59il faut prendre le problème à l'envers
01:22:01de la façon dont on l'a pris pendant des décennies
01:22:03et c'est partout
01:22:05dans tous les pays occidentaux
01:22:07c'est comme ça
01:22:09ça prend des figures différentes
01:22:11selon les pays, leur tradition, leur histoire
01:22:13mais quand même partout c'est ça
01:22:15c'est comme le communautarisme
01:22:17même les pays qui sont communautaristes
01:22:19par tradition
01:22:21arrivent au bout
01:22:23de ce système
01:22:25il y a toujours un moment où il y a un bout
01:22:27il suffit que la démographie vienne bouleverser les choses
01:22:29ou l'immigration
01:22:31et puis à un moment ça devient intenable
01:22:33donc on arrive au bout de cette pensée
01:22:35qui ne pense pas en fait
01:22:37parce que tout a une limite
01:22:39et justement quand on voit Donald Trump
01:22:41lui il fait à peu près ce que vous dites
01:22:43il prend, il veut des actions et des actes
01:22:45il veut s'attaquer à ce problème
01:22:47de l'immigration, de la production
01:22:49d'une société qui va pouvoir consommer
01:22:51et s'autosuffire
01:22:53C'est ça qui est réaliste aussi évidemment des Etats-Unis
01:22:55et de ce côté-ci de l'Atlantique
01:22:57on le traite de fou, on le traite de nazi, on le traite de tous les noms
01:22:59est-ce que Donald Trump c'est un homme d'Etat ?
01:23:03Alors moi j'ai pas mon modèle
01:23:05pas mon modèle d'homme d'Etat
01:23:07mais
01:23:09il fait ce pour quoi il a été
01:23:11élu
01:23:13je ne suis pas sûr que tout va bien fonctionner
01:23:15je pense qu'il va faire plus bouger
01:23:17les choses sur la scène internationale
01:23:19pour le meilleur encore une fois ou pour le pire
01:23:21qu'à l'intérieur
01:23:23on voit bien, c'est la tronçonneuse
01:23:25de Mili, c'est quand même
01:23:27une ânerie
01:23:29alors
01:23:31on l'a vu
01:23:33on a suspendu, ils ont dit
01:23:35pendant un mois
01:23:37on va faire la revue des politiques
01:23:39d'assistance
01:23:41et donc on va tout suspendre
01:23:43ça a duré 48 heures
01:23:45ça n'était pas possible
01:23:47les gens ne pouvaient plus être soignés
01:23:49ça a été pareil
01:23:51avec la sécurité nucléaire
01:23:53on les a enduré tout le monde et puis ça a duré
01:23:5524 heures
01:23:57c'est pas possible
01:23:59toujours vouloir les conséquences de ce qu'on veut
01:24:01c'est toujours la même question
01:24:03donc il suffit pas de dire
01:24:05écoutez je veux
01:24:07je casse
01:24:09l'USAID
01:24:11c'est à dire le grand organisme d'aide
01:24:13au développement
01:24:15du gouvernement américain
01:24:17il y a des projets
01:24:19qui méritent d'être revus
01:24:21en fonction des priorités
01:24:23de ce gouvernement par rapport au précédent
01:24:25mais l'Amérique
01:24:27même l'Amérique ne peut pas s'en passer
01:24:29elle ne peut pas s'en passer parce qu'elle sert
01:24:31elle sert
01:24:33d'instrument d'influence
01:24:35parce qu'elle
01:24:37sert aux services de renseignement
01:24:39parce qu'elle sert à stabiliser
01:24:41certains pays si l'accident exploserait
01:24:43elle sert à sauver des vies aussi
01:24:45et que
01:24:47l'américain appelle le soft power
01:24:49il est important pour des grands pays
01:24:51c'est vrai aussi pour la France
01:24:53puisque l'AFD se retrouve aussi
01:24:55il y a plein de choses à revoir
01:24:57mais laisser penser que
01:24:59tout ça doit être supprimé
01:25:01remettre en cause l'idée même d'aide au développement
01:25:03ou d'aide humanitaire de la part des
01:25:05grands pays qui ont un rôle sur la scène internationale
01:25:07est absurde
01:25:09c'est vieux
01:25:11c'est vieux comme le monde
01:25:13le développement
01:25:15il y a 50-60 ans on disait
01:25:17la Corrèze plutôt que le Zambèze
01:25:19ça n'a pas changé
01:25:21on y revient mais
01:25:23prendre des problèmes comme ça c'est absurde
01:25:25prendre des problèmes comme ça et caricatural
01:25:27ils ne donnent pas de bons résultats
01:25:29on peut essayer quand même
01:25:31pour atteindre un objectif
01:25:33on peut essayer d'être intelligent et de réfléchir aux conséquences de ce qu'on fait
01:25:35la manière dont on le fait
01:25:37les coupures de dépenses, je vais vous donner un autre exemple
01:25:39c'était avant Trump
01:25:41dans l'aéronautique
01:25:43un jour les américains pour faire des économies ont décidé
01:25:45qu'ils allaient couper les crédits
01:25:47de l'organisme qui s'occupait
01:25:51de contrôler la sécurité
01:25:53des avions produits
01:25:57et donc ils se sont dit
01:25:59bon après tout c'est pas très grave
01:26:01les Boeing par exemple
01:26:03leur intérêt c'est que leurs avions soient sûrs
01:26:05donc ils vont contrôler
01:26:07leurs avions, on a vu le résultat
01:26:09Boeing qui dévise en bourse
01:26:11et qui est en train d'être une faillite commerciale
01:26:13du fait de ses choix
01:26:15on va devoir cesser là
01:26:17Henri Guaino, merci beaucoup
01:26:19d'avoir été avec nous en direct du Salon de la Culture
01:26:21sur Sud Radio pour faire un tour d'horizon
01:26:23on vous retrouvera prochainement évidemment
01:26:25pour parler de tous ces sujets
01:26:27restez avec nous, on continue en direct du Salon
01:26:29sur Sud Radio, à bientôt