Nomination du Michel Barnier / La dette astronomique de la France !

  • la semaine dernière
Avec Arnaud Benedetti, professeur à la Sorbonne, rédacteur en chef de la Revue politique et parlementaire, Stéphane Troussel, président PS du Conseil départemental de la Seine-Saint-denis, Philippe Herlin, économiste au CNAM

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##POULIN_SANS_RESERVE-2024-09-06##

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00:00:00Sud Radio, midi 14h, Alexis Poulin, sans réserve.
00:00:06Et on se retrouve pour une nouvelle saison sur Sud Radio, Poulin sans réserve.
00:00:10Alors je ne vais pas me mettre tout nu comme Philippe Catherine et chanter une chanson,
00:00:14mais je suis très content de vous retrouver pour 2h cette année,
00:00:182h où nous allons parler d'actualité avec nos invités.
00:00:20Et pour cette première édition, nous avons Arnaud Benedetti
00:00:24qui va nous rejoindre pour parler de la nomination de notre nouveau Premier Ministre.
00:00:28J'ai nommé Michel Barnier.
00:00:30Nous aurons ensuite Stéphane Troussel, Président PS du Conseil Départemental de Seine-Saint-Denis,
00:00:35pour parler de l'avenir du PS,
00:00:38mais aussi des collectivités locales qui ont été pointées du doigt par Bruno Le Maire
00:00:42sur le dérapage budgétaire, l'énième dérapage budgétaire.
00:00:46Et puis on parlera en deuxième partie, et vous pourrez poser vos questions à notre invité,
00:00:51de cette dette astronomique de la France et du risque ou non de shutdown pour la France.
00:00:57C'est tout de suite sur Sud Radio, n'hésitez pas à nous appeler.
00:01:00Le standard est là avec vous, à tout de suite.
00:01:02C'est Arnaud Benedetti, professeur à la Sorbonne,
00:01:06électeur en chef de la Revue Politique et Parlementaire,
00:01:08pour parler de la nomination de Michel Barnier comme Premier Ministre.
00:01:12Alors Michel Barnier, j'imagine que vous le connaissez,
00:01:15vu sa carrière politique en France et à l'Europe depuis des dizaines et des dizaines d'années.
00:01:20Que vous inspire cette nomination,
00:01:23après deux mois de tergiversation et des semaines de consultation ?
00:01:27C'est une nomination d'abord clairement sous contrainte,
00:01:31parce que ce n'était pas, disons, le choix qui avait été privilégié à l'origine
00:01:36par le Président de la République,
00:01:38qui a d'abord esquivé les, j'allais dire, demandes du Nouveau Front Populaire
00:01:45de nommer une candidate issue de ses rangs.
00:01:50Ensuite, on voyait bien quand même que l'hypothèse,
00:01:53qui était l'hypothèse la plus avancée,
00:01:55c'était soit de faire un choix entre M. Cazeneuve et M. Bertrand.
00:01:59Et in fine, s'il se rabat sur Michel Barnier,
00:02:03c'est à mon sens pour deux raisons principales.
00:02:05La première raison, c'est qu'il veut éviter absolument
00:02:09le couperé d'une motion de censure immédiate
00:02:12qui viendrait de fait, quelque part,
00:02:15stopper prématurément l'expérience gouvernementale
00:02:18d'un Premier Ministre tout nouvellement nommé,
00:02:21ce qui finalement créerait une tension sur la position même d'Emmanuel Macron.
00:02:26Ça, c'est un premier point.
00:02:28Et deuxième point, il le fait. Pourquoi ?
00:02:30Il le fait parce que tout simplement, en l'occurrence,
00:02:32il a besoin à minima de la bienveillance,
00:02:35ou de la neutralité plutôt bienveillante,
00:02:37du premier groupe parlementaire de l'Assemblée Nationale,
00:02:40arithmétiquement, qui n'est autre que le Rassemblement National.
00:02:44Il y avait une autre option, c'était le gouvernement technique
00:02:47avec le responsable du Conseil environnemental, économique et social
00:02:52pour dire finalement, on dépasse le cadre des partis
00:02:55et on nomme quelqu'un hors cadre des partis.
00:02:57Est-ce que là, c'est la victoire des partis, et en particulier, la victoire du RN ?
00:03:01C'est certainement un succès tactique de Marine Le Pen, en l'occurrence,
00:03:04puisque, d'une certaine manière, elle a mis une forme de droite veto informelle
00:03:09sur la nomination notamment de M. Bertrand,
00:03:11comme celle de M. Cazeneuve, surtout celle de M. Bertrand.
00:03:16Donc, en l'occurrence, je ne sais pas si l'hypothèse du président
00:03:20du Conseil économique et social environnemental, M. Baudet,
00:03:23était une hypothèse viable également.
00:03:28On peut imaginer qu'il aurait pu lui aussi être exposé
00:03:31également à une motion de censure.
00:03:34Alors le choix de Barnier, si vous voulez, c'est un choix qui apparaît
00:03:37compatible en surface avec le président de la République,
00:03:43parce qu'il est sur une ligne qui est quand même plutôt pro-européenne,
00:03:48en l'occurrence, mais c'est un choix qui permet d'une certaine manière
00:03:53de cocher un certain nombre de cases.
00:03:55En fait, quand on regarde la carrière de Michel Barnier,
00:03:58ce qui est intéressant, c'est qu'il est sur trois échelles.
00:04:01C'est un élu local, il a été président du Conseil général de Savoie,
00:04:05organisateur à l'époque des Jeux Olympiques d'Alberville,
00:04:08il faut s'en souvenir.
00:04:10C'est un élu national, il est député depuis 1978,
00:04:13il a été quand même quatre fois ministre,
00:04:15ministre de l'Environnement entre 1993 et 1995,
00:04:17ministre des Affaires européennes,
00:04:19ministre des Affaires étrangères de Jacques Chirac,
00:04:22ministre de l'Agriculture de Nicolas Sarkozy.
00:04:26Donc il a cette expérience évidemment ministérielle au niveau national,
00:04:30qui ont fait un vieux routier, finalement,
00:04:32de la gestion des administrations centrales.
00:04:35Et puis, il coche une troisième case,
00:04:39c'est qu'il a une expérience internationale,
00:04:41une expérience européenne, il a été commissaire
00:04:43et il a été négociateur, notamment du Brexit.
00:04:46Et à l'heure où, quand même, il faut le rappeler,
00:04:48la Commission européenne a lancé une procédure
00:04:51contre la France pour déficit excessif,
00:04:54en l'occurrence, la personnalité de M. Barnier
00:04:59peut être utile, en tout cas, à un moment donné,
00:05:01pour négocier avec la Commission.
00:05:03Donc je pense qu'il y a ces trois éléments qui ont joué aussi
00:05:05dans le choix de M. Barnier.
00:05:07Après, la vraie question, c'est de savoir
00:05:10quelles sont les marges de manœuvre
00:05:12que voudra bien prendre M. Barnier
00:05:14par rapport au président de la République ?
00:05:16Ça, c'est une vraie question.
00:05:17Il y a deux indications qui seront très importantes, à mon avis.
00:05:20La première, c'est la constitution de son gouvernement,
00:05:22qui ne va pas être une chose simple.
00:05:24Et le deuxième, c'est évidemment le projet de loi de finances
00:05:27et les orientations budgétaires de ce projet de loi de finances.
00:05:30Mais justement, on voit bien qu'il y a là un hiatus assez énorme.
00:05:34Michel Barnier, c'était quand même un candidat
00:05:37à la primaire des Républicains en 2022,
00:05:39qui finit quatrième, loin derrière tout le monde.
00:05:41Donc même au sein des Républicains...
00:05:43Troisième.
00:05:44Troisième, quelle est sa légitimité ?
00:05:46Et puis l'autre question qui se pose,
00:05:48c'est évidemment l'européisme de Michel Barnier,
00:05:52quelqu'un qui a œuvré pour 2005,
00:05:55qui a ensuite fait rentrer ce traité de force aux Français qui avaient voté non.
00:06:00Et comment le RN, parti qui vient quand même d'une base souverainiste,
00:06:06arrive à faire avec ce nouveau Premier ministre sans vouloir le censurer ?
00:06:11Alors, d'abord, la position du RN est une position, pour l'instant, d'attente.
00:06:16Ce qui est clair, c'est que le RN n'a pour l'instant pas dit
00:06:20qu'il censurait Michel Barnier.
00:06:24Ils n'ont pas dit non plus qu'ils ne le feraient pas.
00:06:27D'ailleurs, si j'entends ce matin les déclarations de M. Chenu,
00:06:31sur une radio concurrente de la vôtre,
00:06:33il est sur la question budgétaire, disons, beaucoup plus offensif,
00:06:38manifestement, que le laissent penser un certain nombre de déclarations
00:06:43d'autres leaders du RN ces dernières 24 heures.
00:06:47Donc, rien n'est fait.
00:06:49Ce qui est évident, c'est que le RN a considéré que
00:06:53au moins M. Barnier avait été,
00:06:55et c'était un point très important pour Marine Le Pen,
00:06:59respectueux à la fois des responsables politiques du RN
00:07:02et des électeurs du RN, au contraire ou a contrario,
00:07:06en tout cas, de ce qu'elle pense de M. Bertrand.
00:07:08Donc, ça a certainement joué aussi dans la position, j'allais dire, du RN.
00:07:13Après, sur la question du programme aujourd'hui de M. Barnier,
00:07:17on n'en sait pas plus que ce que nous avons entendu hier
00:07:20sur le perron de l'Elysée.
00:07:22M. Barnier a fait preuve d'une très grande sobriété.
00:07:26Il a, disons, dessiné un certain nombre de priorités.
00:07:31Je pense notamment, il a parlé des services publics,
00:07:34il a parlé de la question migratoire,
00:07:37il a parlé du pouvoir d'achat,
00:07:39mais pour l'instant, on n'en est véritablement qu'à un vague exposée des motifs.
00:07:43Et tout le problème pour M. Barnier, ça va être
00:07:46comment je gouverne dans une assemblée qui est quand même assez ingouvernable.
00:07:50En fait, aujourd'hui, pour gouverner, il va s'appuyer sur un arc
00:07:54qui est un arc qui voit à peu près du macronisme
00:07:58jusqu'au RN,
00:08:00le RN n'étant pas, bien évidemment, en soutien du gouvernement,
00:08:04mais plutôt, encore une fois, dans une position
00:08:06qui est une position à ce stade de neutralité.
00:08:09Mais ce qui est très frappant dans cette affaire,
00:08:12et c'est la première fois que ça arrive sous la Ve République,
00:08:14qu'est-ce qui se passe ?
00:08:15En général, le Premier ministre, sous la Ve République,
00:08:18on dit traditionnellement qu'il est le chef de la majorité.
00:08:20Le problème, c'est que là, nous avons un Premier ministre
00:08:22qui n'est le chef d'aucune majorité.
00:08:26Donc à lui, maintenant, de construire un espace politique
00:08:30qui lui permet déjà de faire passer son budget
00:08:32et d'assurer un minimum de stabilité gouvernementale à la France
00:08:35dans les mois qui viennent.
00:08:37Ce qui est loin d'être gagné, parce qu'il va falloir qu'il donne des gages à la Macronie,
00:08:40il va falloir qu'il donne des gages au RN.
00:08:43Donc on rentre dans un exercice parlementaire
00:08:46d'un très haut niveau de complexité sous la Ve République.
00:08:49Même la constitution du gouvernement,
00:08:51on a entendu Olivier Faure ce matin qui a dit
00:08:53« aucun membre du NFP au gouvernement ».
00:08:57Ça va être le cas du RN, j'imagine aussi.
00:09:00Est-ce qu'on ne va pas vers un gouvernement technique, finalement,
00:09:03avec cette figure Michel Barnier, routier de la politique,
00:09:05qui va essayer de faire passer un budget sous tutelle
00:09:08de la Commission européenne, puisque nous sommes sous déjà
00:09:10une procédure pour déficit excessif ?
00:09:12On ne va pas, selon toute vraisemblance, vers un gouvernement
00:09:14qui ne sera peut-être pas technique, mais j'allais dire techno-politique,
00:09:17avec probablement, en tout cas, un certain nombre de personnalités
00:09:21peut-être issues de la haute fonction publique,
00:09:23une connaissance du fonctionnement des rouages de l'État,
00:09:27et puis quand même des personnalités et des responsables politiques.
00:09:31Et il ira puiser, vraisemblablement,
00:09:33dans le vivier du Bloc central,
00:09:36macroniste quand même, d'une certaine manière,
00:09:38peut-être l'aile droite, en l'occurrence,
00:09:40sachant qu'il y a une question, quand même, sur ce Bloc central,
00:09:42on voit bien que c'est devenu un cas mailleux.
00:09:44Prenons un exemple qui est très simple,
00:09:46le groupe Horizon a demandé à être reçu seul
00:09:48par le nouveau Premier ministre,
00:09:50il ne souhaite pas être reçu avec les autres groupes parlementaires
00:09:52de la majorité, donc ça veut dire
00:09:54qu'il y a aussi, au sein de l'ancienne majorité,
00:09:58des volontés d'autonomie
00:10:00chez un certain nombre des partenaires
00:10:02de cette ancienne majorité.
00:10:04Et il va puiser, juste pour terminer,
00:10:06il va puiser également chez ses amis de LR,
00:10:09qui, jusqu'à présent,
00:10:11disait qu'il ne participerait pas à un gouvernement,
00:10:13mais le fait que, aujourd'hui,
00:10:15M. Barnier soit Premier ministre,
00:10:17fait qu'il y aura certainement des ministres LR
00:10:19dans ce gouvernement.
00:10:20Donc, en fait, on a d'un côté
00:10:22le NFP qui sauve Macron aux législatives,
00:10:24et puis Macron qui sauve LR,
00:10:26des faits aux législatives,
00:10:28avec ce gouvernement.
00:10:29Et il est où, le vote des Français ?
00:10:31Quelle légitimité de ce gouvernement Barnier ?
00:10:33C'est toute la difficulté, finalement,
00:10:35du résultat de ces élections législatives,
00:10:37qui, sur le papier,
00:10:39n'ont pas, c'est le moins qu'on puisse dire,
00:10:41permis de dégager une majorité
00:10:43qui soit une majorité très claire
00:10:45et très lisible.
00:10:47Mais, si vous voulez, le champ politique
00:10:49est à l'image de la société française,
00:10:51extrêmement fracturée.
00:10:53Je pense qu'Emmanuel Macron a une responsabilité politique
00:10:55évidente dans cette fracturation du champ politique,
00:10:57puisqu'il l'a exacerbée
00:10:59considérablement en cassant
00:11:01les anciens partis de gouvernement,
00:11:03et en les aspirant, d'une certaine manière.
00:11:05Aujourd'hui,
00:11:07tout l'enjeu, en fait,
00:11:09est de savoir si les institutions de la Vème République
00:11:11vont être capables de
00:11:13métaboliser un contexte
00:11:15politique qui,
00:11:17finalement, n'est pas forcément
00:11:19métabolisable dans les institutions
00:11:21de la Vème République. Le véritable enjeu
00:11:23pour Michel Barnier,
00:11:25c'est de permettre à ce gouvernement
00:11:27de durer. Y arrivera-t-il ?
00:11:29S'il n'y arrive pas, pour le coup,
00:11:31nous rentrerons dans une phase
00:11:33de crise institutionnelle, et ça sera
00:11:35la responsabilité évidente du président
00:11:37de la République qui sera, à ce moment-là,
00:11:39pointé du doigt.
00:11:41C'est lui qui crée cette crise avec le choix de la dissolution
00:11:43après un scrutin européen qui n'avait pas
00:11:45de vrai impact sur la
00:11:47politique nationale. Pourquoi il fait ça, déjà ?
00:11:49Il anticipe
00:11:51vraisemblablement une
00:11:53motion de censure à l'automne
00:11:55sur le budget.
00:11:57Le plus
00:11:59surprenant, ce n'est pas finalement l'acte de
00:12:01dissolution. Parce que cette assemblée
00:12:03était quand même difficile à manœuvrer encore sur
00:12:05trois ans. Il faut le rappeler, quand même,
00:12:07il y avait une majorité relative.
00:12:09Donc c'était compliqué. Le gouvernement
00:12:11Borne a utilisé je ne sais plus combien
00:12:13de 49.3 pour faire passer
00:12:15ces textes.
00:12:17Et il anticipe cette
00:12:19réalité-là. Mais le problème, c'est le timing.
00:12:21C'est-à-dire qu'en fait, il le fait dans un timing
00:12:23sous pression.
00:12:25Il se met lui-même, d'ailleurs, sous pression. Il met lui-même
00:12:27le pays sous pression. Il met lui-même la classe politique
00:12:29sous pression. Et il en arrive à un résultat
00:12:31qui est un résultat qui rend cette
00:12:33assemblée, à proprement parler,
00:12:35ingouvernable. Alors, peut-être que
00:12:37l'idée d'Emmanuel Macron était de purger le
00:12:39problème du Rassemblement National.
00:12:41Et que son intention secrète était d'amener le
00:12:43Rassemblement National à exercer des responsabilités
00:12:45politiques, considérant que
00:12:47en la matière, ça serait le meilleur
00:12:49moyen de faire la démonstration que
00:12:51le Rassemblement National ne peut pas gouverner.
00:12:53La réalité, c'est que
00:12:55finalement, le choix stratégique a été fait
00:12:57vraisemblablement, d'ailleurs plus par le Premier Ministre
00:12:59de l'époque, M. Attal, que par le Président de la République,
00:13:01du Front Républicain,
00:13:03n'a pas permis cette solution
00:13:05d'émerger. Ensuite, la deuxième hypothèse,
00:13:07c'est de considérer que M. Macron,
00:13:09finalement, anticipait
00:13:11une assemblée ingouvernable et que
00:13:13l'ingouvernabilité de cette
00:13:15assemblée lui permettrait, en fin
00:13:17de compte, de finir le travail de fracturation
00:13:19des anciennes forces politiques de gouvernement
00:13:21pour agréger ce qui
00:13:23restait de ces forces politiques de gouvernement
00:13:25à une majorité qui serait
00:13:27une majorité composite. On voit bien
00:13:29qu'aujourd'hui, c'est extrêmement difficile. Alors, ça semble
00:13:31plutôt marcher du côté de LR,
00:13:33mais ça ne marche pas manifestement
00:13:35du côté du nouveau Front Républicain.
00:13:37Il va falloir se poser la question
00:13:39de savoir si la configuration dans laquelle nous
00:13:41monterons est soit
00:13:43une configuration de coexistence, comme
00:13:45on le dit du côté de l'Élysée, ou
00:13:47finalement, une configuration de
00:13:49cohabitation. Il y a des signes
00:13:51quand même qui sont intéressants. L'Élysée
00:13:53vient d'annoncer qu'il n'y aurait pas, évidemment, de conseillers
00:13:55communs entre Matignon et l'Élysée.
00:13:57Façon de dire,
00:13:59on respectera les prérogatives du Premier
00:14:01Ministre, et surtout qu'il n'y aurait pu
00:14:03de conseillers de l'Élysée
00:14:07dans les réunions interministérielles.
00:14:09L'enjeu
00:14:11pour, aussi, le nouveau
00:14:13Premier Ministre, c'est de
00:14:15marquer son territoire par rapport au Président de la République.
00:14:17Il a d'autant plus intérêt
00:14:19à le faire s'il souhaite
00:14:21avoir, justement,
00:14:23la bienveillance
00:14:25neutre du Rassemblement
00:14:27national, et le
00:14:29Président de la République n'a pas intérêt, non plus,
00:14:31récemment, à pétiner les prérogatives
00:14:33du Premier
00:14:35Ministre, parce que
00:14:37l'expérience qui est celle
00:14:39de Michel Barnier, si
00:14:41elle venait à s'interrompre rapidement,
00:14:43encore une fois, créerait une crise institutionnelle
00:14:45qui, cette fois-ci, poserait la question
00:14:47du maintien même du Président de la République
00:14:49à l'Élysée.
00:14:51Oui, parce que le risque, c'est de voir une censure
00:14:53assez rapide d'un gouvernement Barnier
00:14:55qui va tomber sur le budget.
00:14:57De toute façon, il suffit de faire l'arithmétique.
00:14:59Vous totalisez
00:15:01le nombre de parlementaires du Nouveau Front
00:15:03populaire et vous totalisez le
00:15:05nombre de parlementaires du Rassemblement
00:15:07national et des élus
00:15:09chiottistes, vous avez largement
00:15:11les réserves de voix pour
00:15:13exposer un gouvernement à une motion
00:15:15de censure à tout moment.
00:15:17Là, il y a le NFP, évidemment,
00:15:19qui parle de vol électoral.
00:15:21Macron a posé les lignes rouges
00:15:23aussi, pas de retour sur la réforme des retraites.
00:15:25Enfin, il ne voulait certainement pas
00:15:27d'un gouvernement de gauche.
00:15:29Or, un des premiers groupes
00:15:31à l'Assemblée nationale, avec une majorité relative,
00:15:33c'est le NFP.
00:15:35Il y a là quand même une façon de bafouer la Constitution.
00:15:37On peut se poser la question
00:15:39de la méthode qui a été utilisée
00:15:41par le Président Macron.
00:15:43C'est-à-dire qu'en effet,
00:15:45il aurait pu très bien
00:15:47décider de nommer
00:15:49Mme Castet,
00:15:51mais sachant qu'elle aurait été
00:15:53récemment renversée, puisque tous les groupes
00:15:55parlementaires ont très clairement
00:15:57dit qu'ils déposeraient une motion
00:15:59de censure.
00:16:01Mais c'était un moyen pour lui de purger d'une certaine
00:16:03manière le problème
00:16:05et de rendre peut-être encore plus
00:16:07légitime la nomination
00:16:09ensuite de M. Barnier.
00:16:11Parce qu'en effet, la gauche
00:16:13a beau jouer d'une certaine manière de dire
00:16:15regardez, on nous a volé l'élection.
00:16:17C'est un peu, c'est une interprétation
00:16:19quand même qui
00:16:21est largement discutable.
00:16:23Parce que sur le fond, avec moins de 200 députés,
00:16:25vous n'êtes pas majoritaire à l'Assemblée nationale.
00:16:27On a vu ce que c'était
00:16:29avec 250 députés lors de la législature précédente.
00:16:31Avec moins de 200 députés,
00:16:33c'est extrêmement difficile, c'est même quasiment impossible.
00:16:35C'est même impossible de gouverner.
00:16:37Mais, après tout, le Président de la République aurait pu
00:16:39faire ce choix tactique.
00:16:41Il ne l'a pas fait.
00:16:43La question est de savoir pourquoi il ne l'a pas fait.
00:16:45Il y a une raison peut-être,
00:16:47qui est une raison liée à la situation budgétaire du pays.
00:16:49La France, encore une fois,
00:16:51sous le coup d'une procédure
00:16:53de sanctions
00:16:55pour déficit excessif de la Commission européenne,
00:16:57qui est aussi
00:16:59quand même très tributaire
00:17:01de créanciers étrangers sur sa dette,
00:17:03n'a peut-être pas voulu envoyer un signal qui aurait
00:17:05d'une certaine façon fragilisé la gestion
00:17:07de la dette en au moins
00:17:09deux personnalités politiques de gauche.
00:17:11Merci beaucoup, Arnaud Benedetti,
00:17:13d'être revenu avec nous sur cette nomination
00:17:15de Michel Barnier. Je rappelle,
00:17:17vous êtes professeur à la Sorbonne
00:17:19et rédacteur en chef de la revue politique et parlementaire.
00:17:23Alexis Poulin, sans réserve,
00:17:25l'édito.
00:17:27Et c'est parti pour le show !
00:17:29Et c'est parti pour le show !
00:17:31Le show Michel Barnier.
00:17:33J'espère que vous êtes chauds,
00:17:35parce qu'on a un nouveau Premier ministre.
00:17:37C'est exceptionnel, et c'est Michel Barnier.
00:17:39Alors, ça devrait quand même être des scènes
00:17:41de liesse dans tout le pays. Après deux mois d'attente,
00:17:43on a quelqu'un d'incroyable
00:17:45qui, lors de son premier discours,
00:17:47lors de la passation de pouvoir entre Gabriel Attal,
00:17:49le plus jeune Premier ministre qui s'en va,
00:17:51et Michel Barnier, le plus vieux Premier ministre
00:17:53qui arrive, il a commencé
00:17:55avec une petite phrase
00:17:57qui n'est pas passée inaperçue
00:17:59sur les gens d'en bas.
00:18:01Des idées, de bonnes idées, de bonnes
00:18:03solutions apportées
00:18:05par les gens d'en bas
00:18:07qu'il faut respecter.
00:18:09Ah oui, alors on entend
00:18:11le silence à la pause un peu
00:18:13longue, les gens d'en bas, puis ils se disent
00:18:15« Ah oui, mais j'ai dit ça, mais il faut faire attention, il faut les
00:18:17respecter. » Alors, les respecter avec
00:18:19des politiques de respect, pas avec des politiques
00:18:21évidemment qui vont être encore
00:18:23plus antisociales que celles que
00:18:25Macron a déjà eues.
00:18:27Et ça rappelle évidemment la formule
00:18:29de son ami Jean-Pierre Raffarin.
00:18:31La France d'en bas,
00:18:33la France des territoires, elle souffre.
00:18:35Et visiblement, la France d'en haut
00:18:37aime parler de la France d'en bas en disant
00:18:39« On a besoin de la France d'en bas ». C'était une
00:18:41formule qui permet de dire qu'on est
00:18:43populaire, qu'on aura
00:18:45aussi une intention particulière pour les classes
00:18:47populaires. Lui, Emmanuel
00:18:49Macron, il allait plus loin,
00:18:51il ne parlait même pas de France d'en bas, c'était
00:18:53encore pire dans le mépris. « C'est un lieu
00:18:55où on croise les gens qui réussissent
00:18:57et les gens qui ne sont rien. » Alors, ceux qui
00:18:59ne sont rien, ça on s'en rappelle, c'était
00:19:01un des discours d'Emmanuel Macron, tout juste
00:19:03élu, je crois. Michel Barnier
00:19:05était très critique par rapport
00:19:07à cette petite sortie de notre président.
00:19:09« Arrogant et distant.
00:19:11Vous ne m'entendrez jamais dire, le jour où je serai
00:19:13président de la République, qu'il y a des gens qui ne sont rien. »
00:19:15Alors, c'est vrai, il n'a pas dit « il y a des gens
00:19:17qui ne sont rien », Michel Barnier n'a pas été
00:19:19président de la République, il est Premier ministre,
00:19:21mais il parle quand même de la France d'en bas. Mais
00:19:23attention, le mépris, ce n'est pas que pour
00:19:25la France d'en bas, c'est aussi pour l'ancien
00:19:27Premier ministre, Gabriel Attal. Lors du
00:19:29discours où il se passe le
00:19:31pouvoir gentiment sur le perron de l'hôtel
00:19:33de Matignon, écoutez ce qu'a
00:19:35dit Michel Barnier à Gabriel Attal.
00:19:37« Je peux dire quelques mots, là.
00:19:39J'ai bien aimé
00:19:41la manière dont vous m'avez
00:19:43donné des... non pas des leçons.
00:19:45Enfin, les enseignements, même
00:19:47si ça n'a duré que huit mois, que l'on
00:19:49apprend quand on est Premier ministre. Ça va
00:19:51être très, très utile. J'ai bien aimé
00:19:53aussi la manière dont vous m'avez dit que
00:19:55mon bureau...
00:19:57Je l'ai trouvé un peu vide, là, tout à l'heure.
00:19:59Mais j'ai compris qu'il y avait des tas
00:20:01de projets de loi en suspens.
00:20:03Peut-être d'ajouter ma propre valeur
00:20:05ajoutée. » La valeur ajoutée
00:20:07de Michel Barnier, eh bien, on attend de voir
00:20:09après ce premier discours, on peut
00:20:11craindre le pire.
00:20:13« Alexis Poulin, sans réserve,
00:20:15l'invité. »
00:20:17Et notre second invité
00:20:19pour ce retour de Poulin sans réserve
00:20:21sur l'antenne de Sud Radio, c'est Stéphane Troussel,
00:20:23le président du Conseil
00:20:25départemental de la Seine-Saint-Denis,
00:20:27membre du Parti Socialiste. Bonjour.
00:20:29« Bonjour. » Alors,
00:20:31que pensez-vous d'abord
00:20:33de cette nomination, après
00:20:35deux mois d'attente, trêve olympique
00:20:37et puis négociation
00:20:39tergiversation, finalement, pour
00:20:41accoucher d'un gouvernement Barnier ?
00:20:43« Écoutez,
00:20:45je crois surtout que c'est un vrai déni
00:20:47de démocratie parce que, tout de même,
00:20:49avoir passé,
00:20:51organisé ces 50 jours de
00:20:53tergiversation, au-delà
00:20:55de cette période des Jeux olympiques
00:20:57et paralympiques, c'était surtout
00:20:59finalement une manœuvre
00:21:01du président de la République pour
00:21:03dissiper le vote des Français
00:21:05et puis surtout
00:21:07organiser
00:21:09cette coexistence,
00:21:11c'est lui-même et ses conseillers
00:21:13qui emploient désormais cette expression,
00:21:15pour qualifier
00:21:17le choix de
00:21:19faire appel à un représentant de la
00:21:21formation politique qui n'a
00:21:23obtenu qu'un peu plus de 5%
00:21:25au premier tour des élections législatives
00:21:27et qui a moins de
00:21:298% des sièges à l'Assemblée nationale.
00:21:31Donc, tout ça pour ça,
00:21:33tout ça pour faire en sorte que
00:21:35tout change
00:21:37mais rien ne change et que la
00:21:39politique, qui est celle d'Emmanuel Macron
00:21:41depuis 7 ans,
00:21:43puisse se poursuivre puisque,
00:21:45dans le domaine des retraites, dans le domaine des finances publiques,
00:21:47des services publics ou
00:21:49du pouvoir d'achat,
00:21:51à l'évidence, les prises
00:21:53de positions passées, les choix
00:21:55de Michel Barnier sont
00:21:57finalement la continuation
00:21:59et peut-être l'aggravation
00:22:01même de la politique d'Emmanuel Macron.
00:22:03Oui, alors Michel Barnier,
00:22:05il faut le rappeler, il était quand même
00:22:07partisan d'une retraite à 65 ans,
00:22:09c'est quelqu'un qui parle de la valeur travail
00:22:11pour aller toujours plus loin dans les
00:22:13réformes de l'assurance-chômage mais aussi du RSA
00:22:15par exemple, c'est quelqu'un
00:22:17aussi qui va dans le sens du
00:22:19Rassemblement National puisqu'il
00:22:21était candidat malheureux à la primaire des
00:22:23Républicains mais lors de ce
00:22:25passage-là, il avait fait une sortie remarquée
00:22:27sur l'immigration en disant
00:22:29que lui proposait un moratoire sur l'immigration,
00:22:31il proposait d'aller encore plus loin
00:22:33que ce que proposaient ses
00:22:35camarades de chez LR. Est-ce que
00:22:37c'est pour ça qu'il est choisi ? Parce que
00:22:39finalement, c'est le Rassemblement National
00:22:41qui décide et pas Emmanuel Macron.
00:22:43A l'évidence, il
00:22:45est au barricentre
00:22:47des droites de l'Assemblée Nationale.
00:22:49J'ai eu hier soir
00:22:51un débat sur un plateau
00:22:53organisé par l'un de vos confrères.
00:22:55Eh bien,
00:22:57comment dirais-je,
00:22:59l'extrême
00:23:01discrétion du représentant de l'extrême
00:23:03droite montrait à quel
00:23:05point, oui, le choix
00:23:07de Michel Barnier a été
00:23:09sinon approuvé, au moins
00:23:11accepté par le Rassemblement
00:23:13National. D'ailleurs,
00:23:15Marion Maréchal Le Pen
00:23:17ne s'est pas trompée.
00:23:19Elle s'est exprimée en rappelant
00:23:21les positions de Michel Barnier
00:23:23durant la primaire de la droite
00:23:25et elle l'a encouragée
00:23:27à reprendre
00:23:29ses promesses. Et d'ailleurs, il y avait
00:23:31un autre candidat
00:23:33ou un autre nom
00:23:35de la famille de la droite républicaine,
00:23:37Xavier Bertrand, et c'est
00:23:39donc Madame Le Pen qui n'en
00:23:41a pas voulu. Bon, donc,
00:23:43on voit bien, là, les choix qui ont été faits
00:23:45par le président de la République.
00:23:4750 jours pour
00:23:49dissiper, nier le vote des
00:23:51Français qui avaient à la fois
00:23:53placé le Nouveau Front Populaire
00:23:55en tête. C'est la coalition qui a
00:23:57le plus de sièges à l'Assemblée Nationale,
00:23:59sans avoir de majorité relative,
00:24:01il faut le dire, enfin, sans avoir
00:24:03de majorité absolue, pardon.
00:24:05Mais,
00:24:07c'est surtout, on se retrouve dans
00:24:09une situation très particulière.
00:24:11Les députés macronistes ont été
00:24:13élus grâce
00:24:15au Front Républicain dans un nombre
00:24:17important de circonscriptions
00:24:19contre le Rassemblement
00:24:21National, et les voilà désormais
00:24:23avec un gouvernement
00:24:25LR qui va être sous
00:24:27surveillance et sous l'acceptation
00:24:29du Rassemblement National.
00:24:31Oui, on peut parler de déni
00:24:33de démocratie, mais ce qui m'inquiète le plus,
00:24:35c'est vraiment
00:24:37la confiance des Français
00:24:39qui va s'abîmer encore un peu plus,
00:24:41parce que, quand même, les Français ont
00:24:43participé comme jamais depuis 40 ans
00:24:45à une élection législative,
00:24:47et voilà la manière dont le Président
00:24:49de la République traduit leur vote.
00:24:51Ce n'est pas acceptable.
00:24:53D'ailleurs,
00:24:55on entend une petite musique disant que ce serait la faute
00:24:57de la gauche qui n'aurait pas poussé Bernard
00:24:59Cazeneuve à la place de Lucie Cassez, mais
00:25:01Emmanuel Macron n'a jamais voulu faire de concession.
00:25:03En fait, cette petite musique
00:25:05de dire hors de question d'avoir le NFP
00:25:07avec des ministres au-delà de la France Insoumise, c'était de dire
00:25:09je ne veux pas de politique de gauche à Matignon,
00:25:11pas de retour sur la réforme des retraites,
00:25:13pas de SMIC à 1600 euros.
00:25:15C'est lui qui décide de ne pas faire de concession.
00:25:17C'est effectivement
00:25:19cette petite musique qu'on entend
00:25:21depuis quelques jours,
00:25:23depuis quelques heures plutôt, c'est une fable,
00:25:25c'est une histoire
00:25:27racontée aux petits-enfants,
00:25:29et franchement,
00:25:31ces éléments de langage fournis
00:25:33par le député macroniste
00:25:35masquent assez mal la réalité
00:25:37de la situation. Enfin, quand même,
00:25:39voilà les représentants du parti
00:25:41présidentiel qui, pendant
00:25:43des jours et des jours, nous ont expliqué
00:25:45que nous ne pouvions pas imposer
00:25:47un premier ministre, qu'ils nous ont expliqué
00:25:49que le premier ministre, c'est relevé
00:25:51du choix exclusif du président
00:25:53de la République, et maintenant,
00:25:55les voilà depuis quelques heures, nous expliquer
00:25:57qu'une délibération
00:25:59du bureau national du parti socialiste
00:26:01serait à l'origine du refus
00:26:03de Bernard Cazeneuve.
00:26:05Tout ça, encore une fois, c'est une fable,
00:26:07une histoire racontée aux petits-enfants,
00:26:09et d'autant plus que l'on sait maintenant,
00:26:11un certain nombre de vos confrères
00:26:13le démontrent par un certain nombre
00:26:15d'articles qui sont publiés,
00:26:17que les premiers contacts avec
00:26:19Michel Barnier datent
00:26:21du mois de juillet, notamment
00:26:23avec le secrétaire général de l'Élysée,
00:26:25dont on connaît les positions politiques,
00:26:27il est depuis longtemps
00:26:29favorable à cette alliance entre
00:26:31les macronistes et la droite dite
00:26:33républicaine, et bien,
00:26:35ils y ajoutent désormais
00:26:37la bienveillance de l'extrême droite.
00:26:39Je rappelle quand même que le président de la République
00:26:41a été élu deux fois
00:26:43contre l'extrême droite, il a été élu
00:26:45deux fois pour battre
00:26:47l'extrême droite, avec une mobilisation
00:26:49de l'ensemble des forces
00:26:51démocratiques et républicaines.
00:26:53Les députés
00:26:55macronistes et les Français
00:26:57ont choisi
00:26:59le front républicain
00:27:01pour battre l'extrême droite
00:27:03à l'Assemblée nationale,
00:27:05et voilà donc désormais
00:27:07ce gouvernement tributaire
00:27:09du bon vouloir de Mme Le Pen.
00:27:11Vraiment, cette situation
00:27:13est porteuse de grands dangers,
00:27:15de désordre, de chaos,
00:27:17et vraiment, je crois,
00:27:19d'une défiance accrue de nos
00:27:21concitoyens, qui vont avoir le sentiment
00:27:23finalement que le vote
00:27:25n'est pas respecté, et d'une forme
00:27:27de trahison.
00:27:29J'ai presque envie de dire, dans tous les secteurs
00:27:31des électeurs
00:27:33de notre pays,
00:27:35ceux de gauche, bien évidemment,
00:27:37ceux de l'extrême droite, d'ailleurs,
00:27:39qui ont entendu Mme Le Pen
00:27:41et M. Bardella dire
00:27:43à nous, jamais de
00:27:45collusion avec les
00:27:47macronistes et la droite républicaine,
00:27:49et quand même, une bonne partie
00:27:51des électeurs qui ont voté,
00:27:53y compris pour les députés du camp présidentiel,
00:27:55contre l'extrême droite,
00:27:57les voilà donc
00:27:59quasiment alliés. Vraiment, cette situation,
00:28:01je crois, est très préoccupante.
00:28:03Oui, c'est Marine Tendelier qui parlait de perversité
00:28:05d'Emmanuel Macron dans la façon dont il a
00:28:07mené les consultations, avec des noms
00:28:09qui sortaient tous les jours.
00:28:11Il y a là aussi une manière perverse de jouer
00:28:13avec le vote des Français. Vous, vous parlez
00:28:15d'un risque de dégoût
00:28:17et finalement de rejet
00:28:19de la chose publique. Après ces votes
00:28:21volés, que va-t-il se passer ?
00:28:23Il y a là une irresponsabilité
00:28:25quand même de celui qui est censé être le
00:28:27garant des institutions, qui peut poser question.
00:28:29Certains diront que
00:28:31le président de la République est habile. C'est sûr que
00:28:33pour être élu deux fois président de la République,
00:28:35il faut faire preuve
00:28:37d'un peu d'habileté, mais
00:28:39je crains qu'une fois encore,
00:28:41alors qu'il
00:28:43devait faire barrage,
00:28:45il devait élever des dits contre l'extrême droite,
00:28:47cette nouvelle manœuvre
00:28:49soit au contraire une étape supplémentaire
00:28:51vers l'accession
00:28:53de l'extrême droite
00:28:55aux responsabilités.
00:28:57C'est très grave et du coup,
00:28:59la responsabilité de la gauche est immense.
00:29:01Il faut que dès maintenant,
00:29:03elle se mette en situation
00:29:05à la fois de tirer
00:29:07les enseignements de cette
00:29:09période, à la fois
00:29:11pour approfondir son
00:29:13unité, mais en le faisant aussi,
00:29:15en cherchant toujours, non pas
00:29:17à fracturer la gauche, non pas
00:29:19à fracturer le pays, mais bien au contraire,
00:29:21à chercher toujours à le rassembler
00:29:23et d'interpeller, je le dis,
00:29:25à la fois un certain
00:29:27nombre de députés du camp présidentiel,
00:29:29mais aussi d'électeurs,
00:29:31d'anciens électeurs d'Emmanuel
00:29:33Macron qui se reconnaissaient peut-être
00:29:35dans son discours
00:29:37voulant dépasser l'éclivage,
00:29:39mais qui venaient de la gauche, de leur dire
00:29:41maintenant, la preuve est faite
00:29:43que le choix du président de la République
00:29:45et du camp présidentiel, c'est d'aller
00:29:47toujours plus vers
00:29:49des choix
00:29:51du libéralisme, y compris des choix
00:29:53très conservateurs
00:29:55sur les questions de société,
00:29:57et donc maintenant, il faut
00:29:59se décider ensemble
00:30:01à construire autre chose pour
00:30:03préparer dès que possible
00:30:05l'alternance dont notre pays a besoin
00:30:07pour répondre aux enjeux à la fois sociaux,
00:30:09écologiques et démocratiques
00:30:11de la France.
00:30:13Pour ce qui est d'unir le camp
00:30:15de la gauche, est-ce qu'une union
00:30:17derrière l'article 68,
00:30:19l'idée de la destitution de Macron portée par la France insoumise,
00:30:21ce ne serait pas une façon
00:30:23de souder le NFP en disant
00:30:25nous refusons ce déni démocratique du président ?
00:30:27Vous voyez bien
00:30:29que moi, j'aime bien
00:30:31gagner de temps en temps,
00:30:33et donc s'il s'agit d'utiliser
00:30:35une disposition
00:30:37de la Constitution dont on sait
00:30:39par avance
00:30:41qu'elle sera
00:30:43inefficace, puisqu'il faut
00:30:45je crois deux tiers des parlementaires
00:30:47pour faire aboutir cette procédure,
00:30:49eh bien au contraire,
00:30:51je crois que ça renforcera le président
00:30:53de la République qui fera la démonstration
00:30:55qu'il n'y a donc pas
00:30:57de majorité suffisante
00:30:59pour faire aboutir cette procédure.
00:31:01Non, ce que je crois, c'est bien sûr, d'abord
00:31:03il faut, compte tenu de ce que seront
00:31:05vraisemblablement, moi je ne veux pas faire
00:31:07de procès d'intention à Michel Barnier,
00:31:09c'est un homme d'Etat,
00:31:11il a des qualités personnelles certainement tout à fait
00:31:13respectables. Ce que je conteste,
00:31:15ce sont ses choix politiques, économiques
00:31:17et sociaux.
00:31:19Il faut que la gauche soit rassemblée,
00:31:21et même qu'elle cherche à élargir
00:31:23sa majorité
00:31:27pour censurer
00:31:29ce gouvernement, et puis tout de suite
00:31:31se mettre en situation
00:31:33d'approfondir son projet
00:31:35et de proposer une alternative
00:31:37au pays, et en le faisant encore une fois
00:31:39avec le souci
00:31:41de l'unité de la gauche,
00:31:43parce qu'il n'y a pas
00:31:45de victoire possible
00:31:47pour la gauche en son unité,
00:31:49mais avec ce souci permanent
00:31:51de s'élargir, de se dépasser
00:31:53tout en restant fidèle
00:31:55à son projet et à ses valeurs.
00:31:57Mais dans un souci de rassemblement
00:31:59du pays, parce que je crois vraiment
00:32:01que finalement
00:32:03ce qu'a essayé de faire
00:32:05Emmanuel Macron
00:32:07en 2017, de dépasser
00:32:09le clivage gauche-droite,
00:32:11c'était non seulement,
00:32:13vu là où on en est aujourd'hui,
00:32:15eh bien,
00:32:17je ne vais pas dire
00:32:19un mensonge, mais d'une certaine manière
00:32:21un mensonge démocratique.
00:32:23Oui, un échec, mais plus que cela,
00:32:25parce qu'on voit bien qu'au fur et à mesure,
00:32:27les choix ont été
00:32:29de plus en plus des choix de droite
00:32:31dans tous les domaines, économiques
00:32:33et sociaux, et puis
00:32:35surtout, l'absence du clivage
00:32:37de gauche-droite qui structure
00:32:39la vie politique depuis
00:32:41la Révolution française,
00:32:43eh bien, c'est porteur de grands dangers.
00:32:45On va en reparler dans un instant, on fait une petite pause
00:32:47et on va reparler bien sûr de ce clivage gauche-droite,
00:32:49de l'échec aussi d'Emmanuel Macron
00:32:51du point de vue budgétaire, puisqu'on va parler
00:32:53avec vous également
00:32:55de l'accusation
00:32:57sur les collectivités locales,
00:32:59sur le poids de la dette faite par Bruno Le Maire.
00:33:01On se retrouve dans un instant avec vous, Stéphane Troussel,
00:33:03Président du Conseil Départemental de Seine-Saint-Denis,
00:33:05sur Sud Radio, à tout de suite.
00:33:15Et on se retrouve pour
00:33:17continuer de discuter bien sûr
00:33:19de ce nouveau gouvernement, mais aussi
00:33:21de l'état financier du pays avec notre invité
00:33:23Stéphane Troussel, Président du Conseil Départemental
00:33:25de Seine-Saint-Denis.
00:33:27Vous avez eu des mots assez durs
00:33:29contre Bercy
00:33:31et Bruno Le Maire qui pointaient du doigt
00:33:33les collectivités
00:33:35locales dans
00:33:37l'aggravement du déficit français
00:33:39puisque c'est encore un dérapage
00:33:41de Bercy, pour ne pas dire un énième accident
00:33:43que Bruno Le Maire laisse
00:33:45avant de quitter ses fonctions
00:33:47de Ministre de l'Économie.
00:33:49Est-ce que vous pouvez nous expliquer pourquoi
00:33:51Bruno Le Maire veut faire porter
00:33:53le chapeau aux collectivités locales ?
00:33:55Les finances
00:33:57publiques de notre pays
00:33:59ne dérapent pas, elles ont surtout été
00:34:01mal gérées par
00:34:03ceux qui se présentaient depuis
00:34:052017 comme les Mozart de la finance.
00:34:07La réalité, c'est qu'ils ont
00:34:09surtout privé notre pays
00:34:11d'un certain nombre de recettes
00:34:13et voilà ce qui
00:34:15explique l'état de nos finances publiques
00:34:17parce qu'à force de multiplier
00:34:19les cadeaux aux plus riches de ce pays,
00:34:21d'avoir réduit
00:34:23la fiscalité sur le capital,
00:34:25ils ont surtout privé de recettes
00:34:27notre pays. Par ailleurs, je rappelle
00:34:29que les collectivités locales,
00:34:31communes, départements, régions, contrairement
00:34:33à l'État, chaque année quand nous votons
00:34:35un budget, nous devons voter
00:34:37un budget en équilibre, que la dette
00:34:39des collectivités locales
00:34:41dans la dette globale
00:34:43du pays, c'est à peine
00:34:458% quand nous représentons
00:34:47à peu près 19%
00:34:49de l'ensemble des dépenses
00:34:51et que quand nous réalisons
00:34:53de l'emprunt, c'est pour
00:34:55investir, c'est-à-dire des dépenses
00:34:57d'avenir pour des établissements
00:34:59scolaires, pour les routes,
00:35:01pour investir
00:35:03dans la transition écologique,
00:35:05la rénovation des bâtiments.
00:35:07Bref,
00:35:09cette accusation,
00:35:11c'est encore un faux procès
00:35:13pour masquer au contraire
00:35:15les choix budgétaires et financiers
00:35:17désastreux qui ont été faits par celui
00:35:19qui est en poste depuis 7 ans
00:35:21tout de même.
00:35:237 ans, c'est vrai. Alors on a Chantal
00:35:25de Bastia avec nous qui souhaite réagir
00:35:27et poser une question. Vous pouvez appeler notre standard
00:35:29au 0 826 300 300.
00:35:31Bonjour Chantal.
00:35:33Bonjour Alexis, bonjour à votre
00:35:35invité. Je ne sais pas
00:35:37si je dois rire ou pleurer
00:35:39quand j'entends parler, monsieur.
00:35:41Déjà,
00:35:43législative, au premier jour, je n'ai pas pu
00:35:45aller voter, je n'ai pas pu à ma
00:35:47comment dire...
00:35:49Ma procuration.
00:35:51Et puis la deuxième,
00:35:53je n'y suis pas allé du tout parce que, franchement,
00:35:55et c'est la première fois de ma vie que
00:35:57je m'abstiens pour vous dire...
00:35:59Alors écoutez, si on veut parler de
00:36:01démocratie, parce que le nombre
00:36:03de sièges, moi je veux bien, mais on va voir le nombre
00:36:05d'électeurs.
00:36:07Rassemblement national, presque 11
00:36:09millions d'électeurs.
00:36:11Le PNF,
00:36:137 millions d'électeurs. Et Macron,
00:36:156 millions d'électeurs.
00:36:17Donc si on veut la démocratie,
00:36:19c'est pas les sièges qu'il faut voir, c'est le nombre de gens
00:36:21qui ont voté pour tel ou tel parti. Je n'ai pas
00:36:23d'idéologie, je tiens à le dire à ce monsieur.
00:36:25L'idéologie, ça me débecque.
00:36:27C'est pour ça que la France bat
00:36:29très mal. Chacun fait son petit truc.
00:36:31Vous, vous êtes défilé
00:36:33quand Alexis Poulin vous a posé la
00:36:35question de la destitution. Ben oui,
00:36:37si on est perdant, je ne la paie pas.
00:36:39Vous savez, quand il y a un club de foot qui est tout petit
00:36:41qui se retrouve devant le Bayern,
00:36:43il ne va pas dire, ben non, je ne joue pas parce que je suis sûr de perdre.
00:36:45Il y va.
00:36:47C'est pas un match de foot, il y a des institutions
00:36:49et des règles qui font qu'on ne peut pas gagner.
00:36:51Non mais à un moment donné,
00:36:53Alexis Poulin, excusez-moi,
00:36:55on y va et on montre une vraie opposition
00:36:57parce que le problème, c'est pas le PNF.
00:36:59C'est pas le PNF.
00:37:01C'est pas le PNF.
00:37:03C'est Macron.
00:37:05C'est Macron le problème.
00:37:07Pourquoi les gens qui ont fait
00:37:09les barrages ont laissé réunir
00:37:11Mme Borne, M. Darmanin
00:37:13avec ce qu'ils ont fait
00:37:15et après ils se plaignent, d'accord,
00:37:17qu'ils sont là, qu'ils font les magouilles, mais tout le monde magouille.
00:37:19Tout le monde.
00:37:21Parce que si le renouveau c'est M. Hollande,
00:37:23excusez-moi, j'ai un peu de mal
00:37:25à l'avaler celle-là.
00:37:27Alors on va laisser Stéphane Troussel vous répondre.
00:37:29Je crois que Chantal est bien
00:37:31représentative de ces Français
00:37:33et ces Françaises qui se sentent totalement
00:37:35flouées par le jeu politique
00:37:37et le résultat des votes.
00:37:39Mais je
00:37:41comprends ce que dit Madame.
00:37:43Effectivement, le spectacle qui est donné
00:37:45depuis quelques jours maintenant
00:37:47et même depuis le résultat des élections législatives,
00:37:49c'est ça ma crainte.
00:37:51C'est que ça dégoûte encore
00:37:53un peu plus nos concitoyens
00:37:55de la politique. Parce que
00:37:57j'entends Mme
00:37:59ne trouver pas parmi les candidats
00:38:01du deuxième tour les candidats
00:38:03qu'elle aurait souhaité soutenir.
00:38:05Mais il y a quand même eu, pour la
00:38:07première fois depuis très longtemps, une participation
00:38:09très élevée. Je crois qu'on a
00:38:11atteint 70% de participation
00:38:13à ces élections législatives.
00:38:15Ce qui n'était pas arrivé depuis 40 ans.
00:38:17Et donc c'est ce qu'il y a aussi
00:38:19de plus choquant dans les choix du président
00:38:21de la République. Parce que quand même,
00:38:23appeler un représentant
00:38:25de la formation politique
00:38:27qui a obtenu seulement 5%
00:38:29au premier tour des élections législatives
00:38:31et lui demander de diriger le gouvernement
00:38:33finalement avec le camp
00:38:35présidentiel, qui certes
00:38:37a un groupe
00:38:39important à l'Assemblée nationale, plus 150
00:38:41sièges, le camp présidentiel.
00:38:43Mais qui n'a été possible que parce qu'il y a
00:38:45eu cette union
00:38:47pour essayer
00:38:49d'empêcher l'extrême droite de parvenir
00:38:51au pouvoir.
00:38:53Et maintenant,
00:38:55tout en demandant
00:38:57à Mme Le Pen, parce que
00:38:59là aussi, on l'a appris maintenant
00:39:01depuis quelques heures, Mme Le Pen a
00:39:03donné son feu vert à la
00:39:05nomination par le président de la République
00:39:07de Michel Barnier.
00:39:09Donc c'est quand même totalement
00:39:11choquant, cette situation.
00:39:13Enfin, si on voulait encore un peu plus
00:39:15dégoûter les Français
00:39:17de la politique, on ne s'y prendrait pas
00:39:19autrement. Et donc,
00:39:21je crois que vraiment,
00:39:23il faut en finir avec ce type
00:39:25de pratiques
00:39:27et finalement, il faut
00:39:29remettre de la clarté. Moi, vous savez,
00:39:31j'accepte
00:39:33d'être battu dans une élection,
00:39:35j'accepte que mes choix ne soient pas
00:39:37majoritaires, mais
00:39:39je pense que pour la clarté du débat,
00:39:41il faut que chacun
00:39:43sache qui
00:39:45et surtout ce que nous
00:39:47proposons les uns et les autres
00:39:49comme choix politiques, économiques, sociaux
00:39:51au pays. Et donc,
00:39:53tout de même, la force
00:39:55politique qui est arrivée en tête
00:39:57de ces élections, même si elle n'a pas
00:39:59majorité absolue, c'est
00:40:01le Nouveau Front Populaire. Dans toutes
00:40:03les autres démocraties européennes, qu'est-ce qui s'est
00:40:05passé en Espagne l'an dernier ?
00:40:07Eh bien, la droite était arrivée
00:40:09en tête, elle n'avait pas de majorité
00:40:11absolue. Le roi d'Espagne
00:40:13a appelé le chef de la droite
00:40:15pour lui demander d'essayer de gouverner,
00:40:17de former une majorité
00:40:19à l'Assemblée nationale. Il n'en a pas été
00:40:21capable. Eh bien, le roi a appelé
00:40:23le roi d'Espagne, a appelé
00:40:25la deuxième formation politique,
00:40:27en l'occurrence Pedro Sanchez
00:40:29pour le Parti socialiste, qui a trouvé
00:40:31une majorité à l'Assemblée nationale. Dans
00:40:33toutes les démocraties européennes
00:40:35et en particulier parlementaires, ça se
00:40:37passe comme ça. Et qu'on ne m'explique pas que
00:40:39la France a une autre caractéristique
00:40:41parce que la Ve République a une constitution
00:40:43à la fois parlementaire et présidentielle.
00:40:45C'est de cette manière
00:40:47que les choses auraient dû se passer.
00:40:49Merci beaucoup Stéphane Latroussel d'avoir
00:40:51répondu à nos questions.
00:40:53On va se retrouver dans un instant pour
00:40:55parler de ce déni de démocratie, évidemment,
00:40:57mais surtout de l'état
00:40:59financier catastrophique du pays avec
00:41:01Philippe Erlin, économiste, qui sera notre invité
00:41:03pour réagir. Posez vos questions.
00:41:05Le numéro du Standard, 0 826
00:41:07300 300. A tout de suite
00:41:09sur Sud Radio.
00:41:11Sud Radio
00:41:13midi 14h.
00:41:15Alexis Poulin, sans réserve.
00:41:17Eh oui, pour cette année, on est
00:41:19ensemble jusqu'à 14h,
00:41:212h, ce qui nous permet d'avoir
00:41:23un invité pour 1h
00:41:25pour discuter de grands sujets.
00:41:27Vous pourrez réagir, poser vos questions
00:41:29pour appeler le Standard Sud Radio, 0 826
00:41:31300 300.
00:41:33Notre invité, c'est Philippe Erlin, économiste,
00:41:35pour parler
00:41:37de la dette et de l'état financier
00:41:39catastrophique du pays après 7 ans
00:41:41de Bruno Le Maire à Bercy
00:41:43et d'Emmanuel Macron à l'Élysée.
00:41:45On rappelle, en 2023,
00:41:475,5% du PIB
00:41:49de déficit budgétaire. On parlait d'accidents.
00:41:51Cette année, c'est
00:41:535,6%, bien plus que ce qui
00:41:55avait été annoncé par Bruno Le Maire.
00:41:57En 2025, on va passer à 6,2%.
00:41:59Et puis, je ne sors pas
00:42:01les autres chiffres, parce que c'est terrible.
00:42:03En gros, il faudrait trouver, pour revenir
00:42:05non pas à l'équilibre, mais à 3% de déficit,
00:42:07110 milliards d'économies
00:42:09pour 2027, pour faire plaisir
00:42:11et rentrer dans la case budgétaire
00:42:13de l'Union européenne, qui a déjà lancé
00:42:15un processus
00:42:17pour déficit excessif.
00:42:19Alors, Bruno Le Maire
00:42:21était fier d'annoncer
00:42:23qu'il avait sauvé l'économie française
00:42:25il y a de ça quelques semaines, avant
00:42:27l'été. Est-ce que vous pensez
00:42:29que c'est le cas ? Est-ce que Bruno Le Maire a sauvé
00:42:31l'économie française, ou est-ce qu'il l'a plombé
00:42:33pour des années et des années encore ?
00:42:35Bonjour. Non, mais le problème, c'est
00:42:37qu'il a dissimulé ces résultats qui sont catastrophiques.
00:42:39Il faut même comprendre que si
00:42:41on a ces chiffres-là, c'est parce que
00:42:43le président de la Commission des Finances,
00:42:45Éric Coquerel, et son adjoint, Charles Courson,
00:42:47ont fait le siège de Bercy
00:42:49pour obtenir les chiffres. Sans ça, on ne les aurait même pas.
00:42:51Et le problème, c'est que ces chiffres-là,
00:42:53on ne les a pas eus pour l'élection législative.
00:42:55Et donc, cette élection législative,
00:42:57elle a été faussée
00:42:59par cette dissimulation
00:43:01de la situation catastrophique
00:43:03du budget de la France. Alors, vous avez rappelé
00:43:05les chiffres, mais le fait
00:43:07de parler en pourcentage du PIB, c'est même une façon
00:43:09de minorer
00:43:11la gravité de la situation.
00:43:13Alors, on va repartir aux chiffres de base.
00:43:15Et c'est les chiffres que je prends arrondis
00:43:17pour que tout le monde ait bien les masses
00:43:19en tête. Les recettes de l'État,
00:43:21on ne parle que de l'État, on ne parle pas de la sécu et des
00:43:23qualités locales. Les recettes de l'État,
00:43:25c'est 350 milliards d'euros.
00:43:27Ses dépenses, c'est 500
00:43:29milliards d'euros. Donc, le déficit, c'est
00:43:31150 milliards d'euros. J'ai arrondi,
00:43:33mais c'est pour
00:43:35bien comprendre. Il faut ramener
00:43:37150 milliards de déficit à 350
00:43:39milliards de recettes. Ça fait 40%.
00:43:41Donc, le déficit du budget de l'État,
00:43:43c'est 40%. Alors ensuite, on compare
00:43:45au PIB, parce que c'est une façon de calculer
00:43:47dans l'écriture de Maastricht, c'est une façon de calculer
00:43:49par rapport au taux d'intérêt de la dette, etc.
00:43:51Bon, OK. Mais le déficit,
00:43:53c'est celui-là. Alors, pour que les gens se représentent,
00:43:55par exemple, on pourrait comparer, on pourrait
00:43:57dire un ménage, imaginez un ménage
00:43:59qui gagne 3500 euros
00:44:01par mois et qui en dépense 5000.
00:44:03Bon, il y a vite un problème. Le banquier
00:44:05va téléphoner ou
00:44:07une entreprise, une PME,
00:44:09qui fait 3,5 millions de ventes
00:44:11de fil d'affaires et qui a 5 millions de charges.
00:44:13Quand on est dans ces situations-là,
00:44:15la situation est catastrophique.
00:44:17C'est-à-dire qu'il faut tout remettre à plat.
00:44:19Quand on parle en % de PIB, on se dit, bon,
00:44:21on va serrer les boulons un peu à droite à gauche et puis on va revenir
00:44:23à l'équilibre. Mais non ! La situation
00:44:25est très grave. Et la note du Trésor,
00:44:27là, elle dit, justement, à la sortie du chiffre
00:44:29que vous avez repris, pour revenir, non pas,
00:44:31même pas à l'équilibre en 2027,
00:44:33mais simplement à 3%
00:44:35de déficit par rapport au PIB,
00:44:37il faut trouver 110 milliards
00:44:39d'ici là. Et le problème, c'est que,
00:44:41comme je l'ai dit, il n'y a pas eu de débat
00:44:43au législatif, donc il n'y a aucune légitimité.
00:44:45C'est-à-dire, Michel Barnier et son gouvernement,
00:44:47quelle que soit leur bonne foi ou leur mauvaise foi,
00:44:49on ne sait même pas, mais de toute façon,
00:44:51il n'y a pas eu de débat face aux électeurs
00:44:53des différentes formations politiques
00:44:55sur ce sujet-là, parce que les chiffres ont été
00:44:57escamotés par Bruno Le Maire.
00:44:59Et ça, c'est quelque chose de très grave.
00:45:01Moi, je pense que, alors avant même de penser à la
00:45:03destitution de Macron, est-ce qu'il n'y aura pas
00:45:05une façon, je ne suis pas un constitutionaliste, mais une façon
00:45:07de mettre
00:45:09en jugement Bruno Le Maire pour dissimulation
00:45:11de chiffres. Il y a le court de justice,
00:45:13des choses comme ça, mais c'est quelque chose de très grave
00:45:15qui s'est passé. – Parce que ce que vous dites, c'est que les chiffres
00:45:17sur le déficit
00:45:19étaient connus bien avant
00:45:21les législatives ? – Oui, bien sûr, parce que ça fait
00:45:23longtemps. – Ou Bruno Le Maire va dire, non, je ne savais pas ?
00:45:25– Non, non, non, ça c'est faux, ça fait longtemps
00:45:27qu'on le connaît, ça fait longtemps, d'ailleurs, plus
00:45:29les sénateurs que les députés se plaignent
00:45:31de manquer de chiffres.
00:45:33Et puis, quand on a un dérapage
00:45:35de cette ampleur-là, ça fait plusieurs mois
00:45:37que les services
00:45:39de Bercy, qui sont très compétents,
00:45:41le savent. Donc, ils ont été
00:45:43explicitement cachés
00:45:45pour l'élection législative, pour limiter
00:45:47les dégâts du pouvoir
00:45:49en place. Voilà, c'est un fait.
00:45:51Et ça pose un problème maintenant, parce que
00:45:53il n'y a pas de légitimité politique
00:45:55pour faire un vrai programme de réduction
00:45:57des dépenses, parce qu'aucun des
00:45:59leaders politiques n'a vraiment parlé de ça.
00:46:01Alors, on a un peu évoqué la dette et le déficit
00:46:03dans cette campagne, mais pas du tout à ce niveau-là.
00:46:05Et pas avec cette urgence-là.
00:46:07Parce que vous avez rappelé que
00:46:09il y a l'Union européenne qui nous a mis
00:46:11en procédure pour déficit excessif.
00:46:13C'est un agenda auquel on doit répondre,
00:46:15mais même s'il n'y avait pas ça, c'est un tel
00:46:17dérapage, avec la remontée des
00:46:19taux d'intérêt, même sans rien faire,
00:46:21le déficit augmente. Pourquoi ? Parce que la
00:46:23charge de la dette augmente. Pendant des années,
00:46:25on en empruntait à 0%. Donc, on avait
00:46:27une charge de la dette,
00:46:29qui, elle, doit être inscrite au budget de l'État
00:46:31tous les ans, qui diminuait, alors qu'on
00:46:33augmentait la dette. Donc ça, c'était génial pour le
00:46:35gouvernement. On augmente l'endettement, mais
00:46:37on paye moins d'intérêts. Mais là, c'est fini.
00:46:39Avec l'inflation et la hausse des taux d'intérêt,
00:46:41et l'inflation va rester quand même
00:46:43plus élevée qu'avant,
00:46:45elle va rester de l'ordre de 2-3%,
00:46:47plutôt que 0 comme avant, donc les
00:46:49taux d'intérêt vont rester à 2-3-4%.
00:46:51Et c'est donc la charge de la dette,
00:46:53qui est à peu près de 50 milliards aujourd'hui,
00:46:55elle va monter à 70 milliards
00:46:57d'ici 2 ans, d'ici 2-3 ans.
00:46:59Ce qui est plus que le fonctionnement de ministères...
00:47:01Alors ça va devenir le plus gros budget aujourd'hui.
00:47:0350 milliards, c'est du niveau de l'éducation nationale
00:47:05et du budget de la défense, qui sont les deux autres gros budgets.
00:47:0770 milliards, ça va devenir le
00:47:09premier. Et ça,
00:47:11le problème, c'est qu'il faut déjà tout de suite trouver
00:47:1320 milliards d'économies pour les trouver,
00:47:15et puis comme on est en déficit, il faut en trouver d'autres.
00:47:17Alors, les directions des Treasurer
00:47:19nous disent 110 milliards d'ici 2027.
00:47:21Mais ils vont les trouver où ?
00:47:23On peut
00:47:25les trouver. Bon, il y a des
00:47:27pays qui sont à l'équilibre,
00:47:29ou proches, comme l'Allemagne, les pays du Nord,
00:47:31qui sont rigoureux. La France
00:47:33était à l'équilibre jusqu'en
00:47:351974. Bon, donc c'est possible.
00:47:37Et sous Pompidou, et sous De Gaulle, il y avait de la croissance,
00:47:39l'économie se portait bien,
00:47:41il y avait aussi des hôpitaux qui marchaient.
00:47:43Donc c'est possible d'être à l'équilibre.
00:47:45Mais là, on a pris tellement de retard
00:47:47que c'est très compliqué.
00:47:49Il aurait fallu un vrai
00:47:51débat là-dessus. Donc il aurait fallu des législatives
00:47:53qui ne soient pas précipitées,
00:47:55que plutôt elles soient faites en septembre.
00:47:57C'est-à-dire, parce que c'est
00:47:59assez stupide de dire, je dissous l'Assemblée
00:48:01puis ensuite, je décide de rien parce qu'il y a
00:48:03la trêve olympique. Si il y a une trêve olympique, autant attendre
00:48:05septembre, qu'il y ait un vrai débat,
00:48:07qu'on prenne le temps de débattre, et qu'on ait
00:48:09les vrais chiffres du budget, de façon à ce que
00:48:11toutes les formations politiques soient obligées de se
00:48:13positionner par rapport à ça. Et puis
00:48:15ensuite, il y a eu un débat,
00:48:17donc on peut commencer à agir. Le problème, c'est que là,
00:48:19Barnier n'a aucune légitimité
00:48:21pour faire 110 milliards de coupes.
00:48:23Non, ça va être très compliqué pour lui de sortir
00:48:25un budget, mais pour n'importe qui d'autre, ça aurait été très compliqué.
00:48:27C'est sans doute aussi
00:48:29le calcul d'Emmanuel Macron de diluer sa
00:48:31responsabilité dans cette gestion calamiteuse
00:48:33des comptes publics, et de dire, regardez, c'est pas moi,
00:48:35c'est tout le monde, personne ne se met d'accord.
00:48:37Lui, il se dédouane en faisant ça,
00:48:39de ce bilan calamiteux.
00:48:40Beaucoup disent que si l'administrative a été
00:48:42anticipée, c'est aussi parce que le budget de 2025
00:48:44était impossible à boucler.
00:48:46Et c'est une façon de refiler la patate chaude
00:48:48à d'autres.
00:48:50Mais est-ce qu'il n'y a pas,
00:48:52parce que vous parliez de
00:48:54la France à l'équilibre en 1974, depuis,
00:48:56c'est une descente aux enfers,
00:48:58on a quand même un grave problème. On a eu
00:49:00Pierre Moscovici qui était à Bercy,
00:49:02qui a creusé la dette, puis qui est passé
00:49:04commissaire européen, qui était là
00:49:06à faire la leçon à la France, et puis qui est
00:49:08maintenant président de la Cour des Comptes.
00:49:10Et puis on a un Bruno Le Maire qui a 7 ans
00:49:12derrière lui aussi de gestion calamiteuse.
00:49:14Enfin, on a affaire à des gens
00:49:16qui ne sont jamais face à leur responsabilité.
00:49:18Vous parliez tout à l'heure d'un tribunal
00:49:20pour Bruno Le Maire qui a retenu les chiffres,
00:49:22mais Pierre Moscovici, il est à la Cour des Comptes
00:49:24aujourd'hui, alors qu'il est un des responsables de cette dette.
00:49:26Oui, c'est vrai, mais
00:49:28Bruno Le Maire, c'est quand même plus grave,
00:49:30parce que le fait de masquer les chiffres, ça c'est quand même
00:49:32une atteinte au fonctionnement du Parlement.
00:49:34Donc, à mon avis, ça ne doit pas rester
00:49:36sans suite. Voilà. Bon, Moscovici,
00:49:38c'est différent, mais c'est vrai que tous les premiers ministres
00:49:40et les présidents qui sont succédés depuis
00:49:421975, le premier budget en déficit c'est 1975,
00:49:44Giscard Chirac,
00:49:46à l'époque, toujours pour les mêmes raisons
00:49:48qu'aujourd'hui, d'ailleurs on fait un peu de déficit, mais vous inquiétez pas,
00:49:50on va relancer les dépenses
00:49:52pour soutenir la croissance et puis après ça ira mieux, voilà.
00:49:54Et on est encore dans cette logique-là.
00:49:56Et depuis 1975, il n'y a pas eu
00:49:58un seul budget à l'équilibre
00:50:00et les dépenses publiques
00:50:02n'ont cessé d'augmenter, voilà.
00:50:04Et on n'a jamais été capable de faire de réformes, alors que
00:50:06tous les autres pays, à un moment ou à un autre de leur histoire,
00:50:08différents pays, l'Allemagne,
00:50:10la Suède, le Canada, d'autres,
00:50:12ont su faire des efforts
00:50:14et limiter les dégâts, quoi. Le problème, c'est que
00:50:16maintenant, nous, comme on n'a rien fait,
00:50:18on est le pays de l'OCDE qui a le taux de prélèvement
00:50:20obligatoire le plus élevé.
00:50:22Et donc, la solution d'augmenter les impôts,
00:50:24ça ne peut pas fonctionner, parce qu'il y a déjà
00:50:26trop d'impôts, ça pèse trop sur
00:50:28nos entreprises, ça pèse trop sur...
00:50:30Mais pourtant, il y a beaucoup de cadeaux fiscaux aux entreprises.
00:50:32Oui, mais enfin,
00:50:34on tape sur l'entreprise et puis
00:50:36on leur file un bonbon, quoi.
00:50:38Moi, à la limite, je préférerais qu'on supprime
00:50:40les subventions aux entreprises et qu'on baisse
00:50:42les impôts pour tout le monde, quoi. Plutôt que de faire
00:50:44des cadeaux comme ça, histoire de colmater
00:50:46les brèches. Mais de toute façon, ce qu'il faut,
00:50:48c'est prendre en compte l'ensemble
00:50:50des impôts et des taxes
00:50:52et des charges sociales qui pèsent sur les entreprises
00:50:54et sur les particuliers. Et là,
00:50:56on est top niveau, donc...
00:50:58C'est incompréhensible, parce que quand on regarde
00:51:00la hausse du
00:51:02poids de l'impôt, poids fiscal,
00:51:04on est de plus en plus prélevé en tant que Français,
00:51:06il n'y a jamais autant d'argent,
00:51:08on disait que la TVA, c'était formidable,
00:51:10on avait fait des recettes incroyables,
00:51:12et les services publics s'effondrent. Et on nous explique
00:51:14que la TVA,
00:51:16finalement, on ne capte pas tout, puisqu'on fait
00:51:18tellement de cadeaux qu'il y a des niches fiscales
00:51:20en veux-tu-en-voilà, et que
00:51:22l'État ne souhaite pas, finalement,
00:51:24arriver à l'équilibre et continue cet
00:51:26endettement. Oui, mais ce n'est pas par les
00:51:28cadeaux les niches fiscales, parce que
00:51:30comme je vous dis, qu'on est en termes de
00:51:32préliminatoire numéro 1, c'est
00:51:34en faisant le total,
00:51:36y compris les avantages fiscaux.
00:51:38Mais un des problèmes de la France,
00:51:40c'est aussi la complexité fiscale.
00:51:42On a un code fiscal qui est extrêmement complexe,
00:51:44et qui permet à certains d'échapper à l'impôt,
00:51:46ou en tout cas de le diminuer,
00:51:48parce qu'ils ont les bonnes infos.
00:51:50Déjà rien que ça, ce n'est pas juste.
00:51:52Il n'y a pas d'égalité devant l'impôt.
00:51:54Il faut que ce soit plus simple, plus clair,
00:51:56et voilà, déjà rien que ça.
00:51:58Alors, on va en parler dans un instant,
00:52:00on va marquer une pause tout de suite,
00:52:02et on se retrouve avec notre invité
00:52:04tout de suite, Philippe Perlin.
00:52:06Si vous souhaitez réagir, 0826 300 300,
00:52:08le standard de Sud Radio, pour parler
00:52:10de la situation économique calamiteuse du pays.
00:52:12A tout de suite.
00:52:14Sud Radio,
00:52:16midi 14h,
00:52:18Alexis Poulin, sans réserve.
00:52:20Et on se retrouve avec notre invité,
00:52:22Philippe Perlin, pour parler
00:52:24de la situation économique du pays.
00:52:26Bruno Le Maire, bon, d'avis
00:52:28concerté, n'a pas sauvé
00:52:30l'économie française, on en est loin
00:52:32en réalité. Est-ce que
00:52:34Michel Barnier va pouvoir faire quelque chose,
00:52:36en tant que Premier ministre, et notamment,
00:52:38est-ce qu'il va pouvoir présenter un budget
00:52:40qui ne va pas être censuré ?
00:52:42Qu'est-ce qui se passe, en fait, là, quand
00:52:44Michel Barnier va présenter un budget quasiment invotable,
00:52:46puisqu'on est
00:52:48à plus de 5,6% de déficit budgétaire
00:52:50en termes de PUE ?
00:52:52Alors ça, c'est un vrai problème qui va se poser, parce que
00:52:54pour passer le budget, il va quand même falloir que
00:52:56Barnier et son gouvernement trouvent des économies.
00:52:58Ça va être dur à faire accepter, parce que
00:53:00l'Assemblée nationale est divisée en trois blocs
00:53:02irréconciliables. Et le problème,
00:53:04c'est que les délais sont courts,
00:53:06c'est-à-dire que le 1er octobre, le budget doit être
00:53:08présenté à l'Assemblée nationale. Ça, c'est
00:53:10presque une obligation légale. Alors, des constitutionnalistes
00:53:12disent qu'on peut décaler de 15 jours, mais bon...
00:53:141er octobre...
00:53:16C'est quand même 1er octobre. Mais ensuite,
00:53:18il faut que
00:53:20le budget soit voté par une majorité.
00:53:22Et il n'y a pas de moyens...
00:53:24J'ai lu un texte de deux constitutionnalistes,
00:53:26Jean-Pierre Camby et Jean-Éric Schottel,
00:53:28il n'y a pas de moyens de contourner
00:53:30le Parlement, pour le gouvernement ou pour le Président de la République.
00:53:32Il n'y a pas de décret...
00:53:34Alors, on parle du 49-3,
00:53:36mais le 49-3 permet de faire passer
00:53:38un budget, mais si après, il y a une motion de censure
00:53:40qui remporte la majorité, je suis fraîche,
00:53:42ça fait sauter le gouvernement et le budget.
00:53:44Donc, ce n'est pas une solution magique, le 49-3.
00:53:46Et là, ça pourrait être la chute de Michel Barnier,
00:53:48sur ce budget. Alors, ça ferait chuter le gouvernement,
00:53:50donc il faudrait en lancer un autre pour...
00:53:52Et il faut que le budget soit adopté
00:53:54avant le 31 décembre.
00:53:56Alors, il y a une possibilité qui est évoquée
00:53:58par ces deux spécialistes
00:54:00du droit qu'est l'article 16, c'est-à-dire
00:54:02le Président qui prend les pleins pouvoirs
00:54:04pour passer le budget, mais ils disent même ça,
00:54:06ça ne correspond pas vraiment au texte
00:54:08de la Constitution. Donc, l'article 16,
00:54:10ça paraît quand même très difficile.
00:54:12Et le problème, c'est que
00:54:14si le budget n'est pas voté le 31 décembre,
00:54:16l'État ne peut plus lever l'impôt.
00:54:18Alors ça, les gens vont se dire, c'est sympa,
00:54:20on ne paye plus d'impôts, mais il ne peut plus non plus
00:54:22faire de dépenses publiques. Donc, les fonctionnaires
00:54:24ne sont plus payés, la police n'est plus payée,
00:54:26les hôpitaux ne sont plus payés.
00:54:28On n'a pas un système qui permet la continuité,
00:54:30aux États-Unis, il y a le principe du
00:54:32shutdown, c'est-à-dire qu'effectivement, tout s'arrête
00:54:34si le budget n'est pas voté. En France,
00:54:36ça n'existe pas, on n'a pas ce système-là.
00:54:38Est-ce qu'il n'y a pas une continuité qui se fait ?
00:54:40Non, il n'y a pas de continuité. Aux États-Unis, le shutdown,
00:54:42c'est quand il faut relever
00:54:44le plafond de la dette. Et donc, il y a des bisbilles
00:54:46entre républicains et démocrates, et il est déjà arrivé,
00:54:48mais ça a duré quelques jours seulement.
00:54:50Donc, c'est plutôt de la politique spectacle qu'autre chose.
00:54:52Pendant quelques jours, les musées étaient
00:54:54fermés, les fonctionnaires n'étaient plus payés.
00:54:56Ensuite, ça a été rattrapé.
00:54:58Mais en France, techniquement,
00:55:00si le budget n'est pas voté le 31 décembre,
00:55:02l'État peut plus
00:55:04effectuer de dépenses et toucher
00:55:06des impôts. C'est déjà arrivé, ça ?
00:55:08Non, ça ne s'est jamais arrivé. C'est pour ça
00:55:10qu'on est en train de rentrer dans une situation compliquée,
00:55:12parce qu'on basculerait dans une crise de régime.
00:55:14Et il y a aussi des gens à l'Assemblée
00:55:16qui peuvent avoir intérêt ou souhaiter une crise
00:55:18de régime. Donc, c'est quelque chose
00:55:20qu'on ne peut pas exclure.
00:55:22Quand on a trois blocs qui sont réconciliables,
00:55:24c'est quand même compliqué. Surtout que Barnier
00:55:26va être obligé de faire passer des mesures
00:55:28un peu difficiles.
00:55:30Soit des hausses d'impôts, soit des
00:55:32baisses de dépenses. Mais il va
00:55:34être obligé de faire quelque chose.
00:55:36Déjà, avec ce qu'a fait Gabriel Attal
00:55:38avant de quitter Matignon, c'était de dire
00:55:40qu'on garde le budget tel qu'il était,
00:55:42c'est-à-dire qu'on ne prend pas en compte l'inflation.
00:55:44Et donc, on fait 16 milliards d'économies, en gros.
00:55:46Bruno Le Maire qui parlait de faire
00:55:4818 milliards d'économies.
00:55:50C'est systématiquement
00:55:52la même rengaine.
00:55:54Les Français se demandent où va l'argent des impôts.
00:55:56Au remboursement de la dette, c'est ça ?
00:55:58Oui, alors c'est un budget qui
00:56:00augmente. Mais même le fait de dire,
00:56:02comme Attal, de dire qu'on reporte le budget.
00:56:04Mais pour ça, il faut que ça vote.
00:56:06Ce n'est pas une solution.
00:56:08Et le faire à chiffre constant,
00:56:10sans tenir compte de la hausse des prix,
00:56:12ça permet de faire un peu d'économies.
00:56:14Bruno Le Maire qui a annoncé 18 milliards d'économies,
00:56:16c'est plus de l'affichage et de la com
00:56:18que des choses concrètes.
00:56:20Voilà, donc c'est aussi
00:56:22le death proof. Mais il n'y a rien de fait
00:56:24concrètement pour vraiment diminuer
00:56:26la dépense publique.
00:56:28Malgré ça,
00:56:30la légitimité,
00:56:32on y revient sur ce principe de dire
00:56:34aller chercher Michel Barnier,
00:56:36membre des Républicains qui
00:56:38ne sont pas loin devant en termes de groupe
00:56:40parlementaire. Comment porter ça devant
00:56:42l'Assemblée nationale et se dire
00:56:44on ne va pas se faire censurer par les différents
00:56:46groupes ?
00:56:48On va voir dans les semaines qui viennent.
00:56:50C'est toujours le discours
00:56:52il faut être responsable.
00:56:54Macron voulait
00:56:56quelqu'un qui ne remette pas en cause
00:56:58la loi sur les retraites.
00:57:00Alors que cette loi a été critiquée très largement
00:57:02par quasiment
00:57:04toutes les forces politiques. Dans les sondages,
00:57:06il y avait presque 80% des salariés qui étaient opposés
00:57:08à cette loi. Donc ça explique en partie
00:57:10la défaite des macronistes aux législatives.
00:57:12Mais ils considèrent qu'il ne faut pas revenir
00:57:14sur cette législation.
00:57:16On sort un peu
00:57:18du cap démocratique dans ce genre de situation.
00:57:20Et puis sur le principe
00:57:22de la valeur travail, on en reparlera tout à l'heure.
00:57:24Avec nous,
00:57:26Sylvie de Bordeaux
00:57:28qui souhaitait réagir. Bonjour Sylvie.
00:57:30Oui bonjour. Merci de
00:57:32me laisser l'antenne.
00:57:34Je voulais intervenir sur ce
00:57:36chiffre absolument énorme
00:57:38et vraiment effrayant.
00:57:40Moi je me pose toujours la question
00:57:42parce que c'est vraiment le tonneau des Danaïdes.
00:57:44On ne peut rien faire au niveau
00:57:46des charges de l'État.
00:57:48On avait vu lors de la crise
00:57:50sanitaire ce millefeuille des organismes.
00:57:52C'était presque au niveau
00:57:54du quartier, de la ville,
00:57:56du département, etc.
00:57:58Lorsque le
00:58:00nom de Thierry Baudet a circulé,
00:58:02on a signalé que c'était un monsieur
00:58:04qui est présidé
00:58:06ou qui était à la tête
00:58:08de quelque chose qui ne servait à rien
00:58:10et qui nous coûtait énormément.
00:58:12Et comme ça, il a des tas d'exemples.
00:58:14Et je me dis qu'augmenter
00:58:16les impôts, ça c'est impossible
00:58:18mais ne pas diminuer la charge,
00:58:20j'avoue que je ne comprends pas.
00:58:22Merci Sylvie.
00:58:24Philippe Herlin, cette idée
00:58:26de faire un audit, le RN
00:58:28en avait parlé. Comment
00:58:30se fait-il que depuis des années
00:58:32l'État n'ait pas coupé
00:58:34les postes de dépenses inutiles ?
00:58:36On sait quand même assez globalement
00:58:38ce qu'il faut faire pour diminuer les dépenses publiques
00:58:40par rapport à la cour des comptes,
00:58:42quel que soit son président qui fait quand même du bon travail.
00:58:44Il y a aussi les organismes,
00:58:46les think tanks privés qui font aussi
00:58:48des études là-dessus. On sait à peu près
00:58:50où il faut diminuer les dépenses.
00:58:52Le problème c'est qu'il n'y a pas de volonté politique.
00:58:54C'est le gros problème. Mais on peut quand même
00:58:56diminuer les dépenses. Alors vous citez le Conseil économique
00:58:58et social, c'est vrai que ça ne sert à rien, ça sert à un truc
00:59:00à supprimer. Voilà, il y a
00:59:02beaucoup d'organisations, d'organismes
00:59:04comme ça qu'on pourrait supprimer. Pour moi,
00:59:06il y a des priorités à faire
00:59:08pour diminuer
00:59:10les charges et la bureaucratie qui pèsent sur la France.
00:59:12Pour moi, il faut mettre en stand-by, il faut mettre en
00:59:14pause tout ce qui relève de la transition énergétique.
00:59:16Parce que ça coûte une fortune.
00:59:18La construction de champs d'éoliennes
00:59:20sur terre ou sur mer, ça coûte une fortune
00:59:22et ça renchérit l'électricité.
00:59:24Parce que l'État paye, ce n'est pas privé.
00:59:26Ce n'est pas subventionné directement par l'État, c'est subventionné
00:59:28par les consommateurs sur leurs facteurs
00:59:30d'électricité, mais ça revient quand même au même.
00:59:32Ça nous avalue quand même
00:59:34une idéologie qui a fait fermer des centrales nucléaires.
00:59:36Donc on est revenu là-dessus.
00:59:38Mais continuer à faire des champs d'éoliennes
00:59:40en mer, c'est complètement stupide, ça ne sert à rien.
00:59:42Il faut aussi sortir du marché européen d'électricité
00:59:44pour avoir une électricité qui soit moins chère.
00:59:46Ça ferait baisser les factures pour tous les Français,
00:59:48ce serait pas mal. Pour moi, il faut aussi
00:59:50arrêter la sortie
00:59:52du thermique en 2035 pour la
00:59:54voiture, c'est en train de détruire les secteurs automobiles.
00:59:56Et puis une mesure aussi qui serait très
00:59:58urgente à prendre, on sait déjà que
01:00:00le marché du logement, du locatif
01:00:02est en grande difficulté
01:00:04et ça va être pire le 1er janvier
01:00:06parce qu'à cause des DPE,
01:00:08les Diagnostics de Performance Énergétique, tous les G
01:00:10vont devoir être...
01:00:12ne pourront plus être loués à partir du 1er janvier
01:00:14l'année prochaine.
01:00:16Ça fait plus de 500 000 logements.
01:00:18Et ça, ça va provoquer une catastrophe.
01:00:20C'est pas revenu, justement,
01:00:22sur cette mesure ?
01:00:24Non, ils ne sont pas revenus. Il y a eu des modifications
01:00:26dans le calcul, mais
01:00:28ils ne sont pas revenus sur le fait que
01:00:30plus d'un demi-million de logements ne pourront plus être
01:00:32loués le 1er janvier. Ça ne veut pas dire que les gens vont être sortis,
01:00:34mais quand les locataires quitteront ces logements,
01:00:36le propriétaire ne pourra plus le remettre
01:00:38en location, sauf à faire des travaux.
01:00:40Mais les travaux sont coûteux,
01:00:42et donc beaucoup les remettent sur le marché, ils les vendent.
01:00:44Ce qui explique que les prix du logement baissent
01:00:46et que dans le même temps,
01:00:48on manque de logements à louer.
01:00:50Ce qui est complètement aberrant. Si le marché fonctionnait
01:00:52correctement, les gens achèteraient des logements
01:00:54pour les mettre en location. Mais là, on a un marché
01:00:56qui est complètement dysfonctionnel.
01:00:58Donc ça, ça peut être des mesures rapides.
01:01:00Je considère qu'il faut aussi mettre fin à l'aide à l'Ukraine
01:01:02parce que c'est des dépenses énormes.
01:01:04On voit que les chercheurs de bataille
01:01:06maintenant, les choses sont décidées.
01:01:08Je considère qu'il faut se poser la question
01:01:10de cette dépense.
01:01:12Ça, ça devrait être une question qui se pose au Parlement.
01:01:14Pourquoi ça ne se pose pas au Parlement ?
01:01:16Il faudra que le Parlement se saisisse de la question.
01:01:18Parce que c'est des milliards qu'on envoie...
01:01:20Tout ça, on en reparlera
01:01:22après la pause.
01:01:24C'est quand même aussi la question ultra importante
01:01:26de l'Union Européenne
01:01:28du choix de la France de continuer dans ce système
01:01:30où on n'est pas gagnant en réalité.
01:01:32On va en parler tout de suite.
01:01:34Si vous souhaitez, comme Sylvie,
01:01:36réagir, poser des questions à notre invité,
01:01:380800 26 300 300.
01:01:40On se retrouve dans un instant pour parler
01:01:42de la situation économique de la France
01:01:44mais aussi des règles européennes qui nous emmènent
01:01:46dans le mur. A tout de suite. On est sur Sud Radio.
01:01:48On se retrouve tout de suite.
01:01:50Sud Radio, midi 14h.
01:01:52Alexis Poulin,
01:01:54sans réserve.
01:01:56On se retrouve en studio avec notre invité
01:01:58Philippe Erlin pour parler de la situation
01:02:00économique du pays.
01:02:02Alors bien sûr, un déficit budgétaire
01:02:04énorme,
01:02:06économie française pas vraiment sauvée
01:02:08par Bruno Le Maire et puis
01:02:10cette question du pouvoir d'achat et de l'avenir
01:02:12des PME suspendus
01:02:14à des réglementations européennes
01:02:16qui rendent les choses délicates.
01:02:18Avant de reprendre
01:02:20notre interview, on a bien sûr les auditeurs
01:02:22qui appellent au standard 0800 26 300 300
01:02:24et on a Bruno de Paris
01:02:26qui souhaitait réagir. Bonjour Bruno.
01:02:28Oui, bonjour. J'aurais voulu poser
01:02:30une question à votre interlocuteur
01:02:32avec lequel je suis entièrement
01:02:34d'accord concernant
01:02:36le coût de la transition énergétique.
01:02:38Deux ou trois questions rapides.
01:02:40Est-ce qu'on peut encore se permettre
01:02:42le quoi qu'il en coûte ?
01:02:44Quand on voit que la Nouvelle-Calédonie,
01:02:46le congrès de la Nouvelle-Calédonie vient de demander
01:02:483 milliards 400 millions d'euros
01:02:50à la France pour reconstruire
01:02:52ce qui a été détruit pendant les émeutes.
01:02:54La guerre en Ukraine,
01:02:56vous en parliez. La France a versé
01:02:582 ou 3 milliards d'euros. On parle de 3 milliards
01:03:00d'euros à venir alors qu'il n'y a pas de solution
01:03:02militaire sur le terrain.
01:03:04Est-ce qu'on peut
01:03:06encore se permettre ce quoi qu'il en coûte ?
01:03:08Ces deux questions. Et enfin la dernière,
01:03:10je l'avais posée
01:03:12à l'émission d'André Derkoff.
01:03:14Est-ce qu'on peut
01:03:16éviter une situation
01:03:18à la Grecque, comme en 2005
01:03:20où l'Union Européenne avait imposé
01:03:22malgré un référendum
01:03:24des mesures extrêmement dures à la Grèce
01:03:26qui avait vu notamment le
01:03:28montant des retraites diminuer
01:03:30de 40% je crois.
01:03:32Merci beaucoup Bruno.
01:03:34C'est vrai, des questions
01:03:36importantes sur le fléchage des dépenses
01:03:38publiques évidemment et puis
01:03:40l'avenir d'une
01:03:42mise sous tutelle renforcée de la France
01:03:44avec des mesures drastiques
01:03:46comme pour la Grèce. Est-ce que c'est envisageable ?
01:03:48Malheureusement oui. Alors le quoi qu'il en coûte
01:03:50non, ça c'est plus possible, on est bien d'accord.
01:03:52La situation de la Grèce,
01:03:54ça nous poit au nez
01:03:56parce que pour l'instant, quand la France émet
01:03:58de la dette, elle est souscrite
01:04:00et il n'y a pas de problème là-dessus.
01:04:02Mais la confiance sur le marché financier, ça peut
01:04:04vite se retourner. Et avec
01:04:06la mise sous surveillance de
01:04:08Bruxelles, la dégradation
01:04:10des notes par les gens aux notations,
01:04:12et puis une situation actuelle
01:04:14politique extrêmement confuse,
01:04:16on peut très vite perdre cette confiance
01:04:18et si la France ne peut plus emprunter sur les marchés,
01:04:20automatiquement, il faut
01:04:22couper dans les dépenses de retraite,
01:04:24des salaires de fonctionnaires, et à ce moment-là, comme la Grèce.
01:04:26Ce serait même encore pire que la Grèce, parce que la Grèce
01:04:28à l'époque avait été aidée par un plan d'aide
01:04:30européen, alors que là, la France est trop grosse.
01:04:32Il y a ce plan d'aide de
01:04:34relance post-Covid
01:04:36de l'Union Européenne, dont on a récupéré 70%,
01:04:38mais en réel, on le paye plus cher
01:04:40que ce qu'on récupère. On paye plus cher
01:04:42et puis de toute façon, c'est mauvais parce qu'on reste encore dans une logique
01:04:44de dépenses, et il faut en sortir.
01:04:46Et ce n'est pas en mettant de la dépense publique
01:04:48qu'on va relancer la croissance,
01:04:50ça on le sait depuis longtemps.
01:04:52Il faut sortir de ça, ce n'est pas possible.
01:04:54Pourtant, c'est la vision keynésienne de dire qu'il faut de la dépense
01:04:56publique pour de la croissance.
01:04:58Oui, mais je crois justement que c'est une vision keynésienne.
01:05:00Depuis 1975,
01:05:02on aura pu se rendre compte qu'elle ne marche pas.
01:05:04Et moi, je défends plutôt
01:05:06une vision de baisse des impôts
01:05:08qui, à ce moment-là, peut vraiment
01:05:10motiver les gens et générer de la croissance.
01:05:12La baisse d'impôts qu'on va s'en tirer plutôt que
01:05:14d'ajouter de la dépense publique.
01:05:16Le problème, c'est quelle baisse d'impôts ?
01:05:18On a vu les impôts baissés pour certaines classes sociales,
01:05:20suppression de l'ISF,
01:05:22le bouclier fiscal,
01:05:24etc. Il y a eu tout un tas de mesures
01:05:26dès la première année d'Emmanuel Macron qui ont permis ça.
01:05:28Est-ce qu'il n'y a pas un problème
01:05:30de niche fiscale ? On le disait tout à l'heure,
01:05:32l'égalité devant l'impôt. Et puis,
01:05:34l'autre question clé dont aucun
01:05:36responsable politique ne veut s'emparer,
01:05:38c'est la question des retraites.
01:05:40Est-ce que les retraités vont devoir payer,
01:05:42eux aussi, pour éviter
01:05:44la catastrophe à la grecque ?
01:05:46Je ne mettrais pas ça sur le point de désigner
01:05:48les retraités comme coupables, même si c'est vrai
01:05:50que les retraites en France sont quand même
01:05:52assez élevées comparées au salaire du privé,
01:05:54mais il ne faut pas opposer les uns aux autres.
01:05:56Pour la réforme des retraites,
01:05:58une chose dont j'aurais aimé
01:06:00qu'on parle, mais c'est une question taboue en France,
01:06:02c'est de développer au moins de façon optionnelle
01:06:04la capitalisation.
01:06:06C'est-à-dire que
01:06:08ceux qui le souhaitent, même pas obligés,
01:06:10puissent mettre une partie de leurs cotisations,
01:06:12investir en actions ou en immobilier
01:06:14ou autre, et on se rend compte que ça offre des meilleurs
01:06:16rendements, donc ça permet d'améliorer les retraites sans
01:06:18augmenter les cotisations qui pèsent sur les
01:06:20salaires, donc ce serait une bonne solution. Dans tous
01:06:22les pays où ça se fait, ça apporte
01:06:24un surcroît de richesse pour les retraités,
01:06:26de revenus, bon. Mais ça, on ne peut
01:06:28même pas le discuter. C'est aussi le problème, c'est aussi pour ça
01:06:30qu'on est en crise. C'est qu'il y a des sujets tabous
01:06:32pour lesquels on n'arrête même pas
01:06:34à discuter.
01:06:36Justement, les retraites, c'est clairement
01:06:38un des sujets tabous de la France.
01:06:40À la fois, il y a une
01:06:42revalorisation des petites retraites,
01:06:44mais sur les grosses retraites, il n'y a pas de réflexion.
01:06:46Par exemple, de dire, on ne va pas
01:06:48payer Michel Barnier, j'aimerais savoir
01:06:50combien il touche de retraite
01:06:52d'ancien député, d'ancien commissaire, d'ancien sénateur.
01:06:54J'imagine qu'il est à plus de 15 000
01:06:56euros de retraite par mois, voire plus.
01:06:58Oui, c'est comme François Hollande ou d'autres qui
01:07:00accumulent la retraite.
01:07:02Il y a un problème, là, quand même.
01:07:04Ce n'est pas normal.
01:07:06En plus, ça sort du droit
01:07:08normal, parce que ce sont des carrières politiques
01:07:10qui sont payées par nous.
01:07:12On paie les retraites des sénateurs,
01:07:14des députés,
01:07:16des ministres,
01:07:18et c'est largement supérieur à leur propre
01:07:20cotisation. Donc là, il y a un problème.
01:07:22Ça ferait partie des choses à remettre à plat.
01:07:24Ce n'est pas eux qui vont voter ça, évidemment.
01:07:26C'est tout le problème de ce système-là.
01:07:28On parlait de contrôle de la dépense
01:07:30publique. Il faut rappeler qu'en début d'année,
01:07:32les sénateurs et députés se sont augmentés
01:07:34sur les frais de mandat et sur
01:07:36les allocutions. On a un Xavier Bertrand
01:07:38qui, quand il y a la fin du cumul des mandats,
01:07:40décide de s'augmenter
01:07:42en tant que président de région, parce qu'il peut le faire.
01:07:44Je ne parle pas des dépenses
01:07:46somptueuses de Laurent Wauquiez pour les
01:07:48dîners d'amis dans la région
01:07:50Auvergne.
01:07:52On a affaire quand même à des responsables
01:07:54politiques qui sont irresponsables par rapport à la dépense.
01:07:56Oui, c'est pour ça que je défends l'idée du
01:07:58référendum d'initiative citoyenne,
01:08:00au niveau national et aussi au niveau local,
01:08:02pour que le peuple français puisse
01:08:04se saisir d'un certain nombre de sujets.
01:08:06Par exemple, celui-là, les salaires
01:08:08et avantages des élus.
01:08:10Mais ça serait
01:08:12d'autres choses. Ça permettrait de mettre à place
01:08:14et je souhaiterais que le président de la République
01:08:16aussi use plus régulièrement
01:08:18du référendum. Quand il y a
01:08:20une crise, par exemple pour les retraites,
01:08:22il voit qu'il y a une crise, on fait un référendum.
01:08:24Ça permet un débat, puis ensuite
01:08:26le peuple vote et c'est fait.
01:08:28Le problème, c'est qu'en
01:08:30refusant ça, on ferme
01:08:32le système, les gens sont découragés. Là,
01:08:34on a eu une très forte
01:08:36participation en législative. Ça, c'est quand même
01:08:38un motif de satisfaction. Le problème,
01:08:40c'est que ça ne débouche sur rien, donc ça va encore dégoûter
01:08:42les gens de s'être déplacés.
01:08:44Ça débouche sur une sorte
01:08:46d'arnaque
01:08:48ou du moins un bric-à-brac entre parties
01:08:50pour dire finalement qu'on se met d'accord pour que rien ne change.
01:08:52Parce que Michel Barnier ne va rien
01:08:54changer. Il ne va rien changer.
01:08:56Comme il y a les présidentielles dans 3 ans,
01:08:58il ne va rien se passer non plus.
01:09:00Il y a ça aussi. On a déjà Édouard Philippe
01:09:02qui est sur les starting blocks.
01:09:04Dans les 3 blocs,
01:09:06il y a des candidats désignés
01:09:08ou presque.
01:09:10Donc, il ne va rien se passer.
01:09:12Personne n'endossera
01:09:14un programme de rigueur et de baisse des dépenses publiques.
01:09:16C'est ça le problème.
01:09:18Mais personne ne peut le faire, sauf peut-être Michel Barnier.
01:09:20Il a 73 ans, une carrière politique derrière lui.
01:09:22Est-ce qu'être un populaire, il n'en a plus
01:09:24rien à faire ? Est-ce que ce n'est pas justement
01:09:26pour ça que Macron l'a choisi, pour dire
01:09:28« Fais le sale boulot, ton nom
01:09:30sera maintenant maudit pour des générations
01:09:32mais tu auras fait le boulot ! »
01:09:34Ça pourrait être la bonne surprise.
01:09:36Cette nomination,
01:09:38quelqu'un qui a passé toute sa vie dans le circuit
01:09:40politique, donc il le connaît
01:09:42bien de l'intérieur.
01:09:44Il a une lucidité
01:09:46supérieure à la moyenne
01:09:48de la classe politique et qui se dit
01:09:50« Je me sacrifie, de toute façon, je n'ai pas rien à perdre
01:09:52et je fais des vraies réformes. »
01:09:54Ça pourrait être
01:09:56une bonne surprise.
01:09:58Le problème, c'est que même s'il a cette volonté-là,
01:10:00où est-ce qu'il trouve des majorités
01:10:02à l'Assemblée nationale pour faire passer ses textes ?
01:10:04L'autre problème,
01:10:06et c'est quand même l'éléphant dans la pièce,
01:10:08c'est l'Union européenne.
01:10:10On en parlait. Michel Barnier,
01:10:12c'est M. référendum volé
01:10:14de 2005. On parle des référendums
01:10:16qui fait rentrer le nom des Français
01:10:18dans un « oui » plus tard en 2008.
01:10:20C'est quelqu'un qui
01:10:22n'a jamais été contre la vente d'Alstom
01:10:24à des intérêts américains. C'est quelqu'un qui n'a jamais
01:10:26défendu réellement les intérêts français lorsqu'il était
01:10:28à la Commission européenne.
01:10:30M. Brexit,
01:10:32qui a rendu Brexit difficile pour les Anglais
01:10:34lorsqu'ils ont voulu quitter l'Union européenne.
01:10:36On voit bien qu'il y a une idéologie derrière ça,
01:10:38celle d'Emmanuel Macron, de dire « Il faut continuer. »
01:10:40Or, l'Union européenne, c'est ce qui fait
01:10:42qu'il faut arriver à ces 3%
01:10:44qui sont quasiment impossibles.
01:10:46C'est ce qui fait que nous avons la transition
01:10:48écologique à marche forcée
01:10:50avec des mesures plus folles les unes que les autres
01:10:52et un timing
01:10:54qui, de l'avis de nombreux experts, est intenable.
01:10:56Et l'Ukraine aussi.
01:10:58Tout ça, c'est l'Union européenne.
01:11:00Aucun parti, y compris
01:11:02le RN, qui vient quand même
01:11:04d'un passif plus souverainiste
01:11:06que d'autres partis, ne prend ça en charge.
01:11:08Et même le RN est en train
01:11:10d'adouber M. Barnier, qui va
01:11:12mettre sous tutelle l'économie française
01:11:14et le reste, d'ailleurs, des lois françaises.
01:11:16Pourquoi la classe politique française
01:11:18ne veut pas parler
01:11:20de ce problème des traités européens ?
01:11:22Comme vous le rappelez,
01:11:24Michel Barnier a été deux fois
01:11:26commissaire européen et en charge d'une négociation
01:11:28pour le Brésil, c'est-à-dire qu'il a défendu
01:11:30mordicus ses intérêts à l'Union européenne.
01:11:32Donc le fait qu'il soit nommé Premier ministre,
01:11:34on pourrait presque considérer ça comme une mise sous tutelle
01:11:36de facto.
01:11:38Madame von der Leyen, présidente de la Commission européenne,
01:11:40était très heureuse de cette nomination.
01:11:42Si elle avait dû envoyer quelqu'un à Paris, ça aurait été Michel Barnier.
01:11:44Parce qu'il connaît parfaitement la machine européenne
01:11:46et qu'il a fait ses preuves de bon négociateur
01:11:48face à l'Angleterre.
01:11:50Donc voilà, c'est quasiment ça.
01:11:52C'est quasiment
01:11:54une mise sous tutelle. Alors le problème de l'Europe,
01:11:56moi je me refuse
01:11:58à désigner l'Europe comme le coupable et à considérer
01:12:00qu'en sortant de l'Europe, on pourrait régler tous les problèmes,
01:12:02en bénéficiant de l'euro, parce que si on était
01:12:04au franc, on serait déjà
01:12:06en faillite depuis longtemps, à la limite
01:12:08on se serait réveillé plus tôt,
01:12:10parce que le franc aurait tellement
01:12:12dérapé qu'on aurait dû réagir
01:12:14il y a 5 ans, il y a 10 ans ou il y a 15 ans.
01:12:16Alors qu'avec l'euro,
01:12:18on est dans un tel paquebot que
01:12:20même si on fait de grosses erreurs,
01:12:22on continue d'avoir une monnaie qui est stable,
01:12:24qui est solide, qui est reconnue au niveau international.
01:12:26On peut acheter du pétrole
01:12:28avec, il n'y a pas de problème.
01:12:30Donc on bénéficie de l'euro,
01:12:32mais en même temps, ça nous emborre.
01:12:34C'est un cadeau empoisonné.
01:12:36C'est le cas titanique.
01:12:38Insubmersible.
01:12:40Même l'euro.
01:12:42C'est bien le problème.
01:12:44On a au standard avec nous
01:12:46Laure qui souhaite
01:12:48également réagir. Bonjour.
01:12:50Bonjour.
01:12:52Je souhaite réagir à votre émission.
01:12:54Tout à l'heure, vous en parliez
01:12:56un peu. Moi, j'aurais
01:12:58deux petites questions à vous demander.
01:13:00Est-ce qu'on peut diminuer toutes ces
01:13:02aides quand je vois ces ministres,
01:13:04ces députés, comme vous le dites,
01:13:06qui ont des retraites multiples
01:13:08ou des aides,
01:13:10l'aide au logement, l'aide au repas,
01:13:12les chauffeurs, les voitures.
01:13:14Est-ce que tout ça, c'est nécessaire ?
01:13:16Et mon autre question, c'est
01:13:18est-ce que la France doit autant
01:13:20aider les personnes
01:13:22sans emploi ou
01:13:24est-ce que ça donne envie de retourner sur le marché
01:13:26du travail ? Merci Laure.
01:13:28La question, bien sûr, des aides.
01:13:30Cher à Michel Barnier, qui parle
01:13:32du travail souvent
01:13:34et qui était contre cette assistana,
01:13:36mais l'assistana va bien au-delà.
01:13:38Ce n'est pas seulement
01:13:40le retour à l'emploi,
01:13:42c'est ce que disait notre auditrice Laure.
01:13:44Toutes ces fastes de la République
01:13:46aussi, ces niches fiscales.
01:13:48Est-ce qu'il y a des chantiers
01:13:50qui vont peut-être s'ouvrir à ce moment-là ?
01:13:52Oui. Moi, je voudrais suggérer une idée
01:13:54justement pour permettre
01:13:56des diminutions d'impôts.
01:13:58C'est d'avoir une vision
01:14:00économique et pas seulement comptable.
01:14:02Je vais prendre un exemple. La France dépense beaucoup
01:14:04en aides au logement. Par exemple,
01:14:06les APL, les aides. Et beaucoup
01:14:08aux aides à l'emploi. Mais pour le logement,
01:14:10on dépense énormément. On est un des pays
01:14:12européens qui dépense plus pour l'aide au logement.
01:14:14Or, c'est en France que le logement est le plus cher.
01:14:16La vision comptable, ce serait de dire
01:14:18on diminue les APL, point, la ligne.
01:14:20Ça fait une économie pour le budget de l'État.
01:14:22Mais les gens qui en bénéficient, ils sont
01:14:24dans la difficulté. Pour moi, il faut avoir une vision
01:14:26économique. Il faut comprendre pourquoi le logement
01:14:28est cher en France. Parce qu'on a un droit foncier
01:14:30qui est complexe, parce qu'il y a trop de fiscalité
01:14:32qui pèse et qu'on
01:14:34n'encourage pas suffisamment l'investissement locatif.
01:14:36Et donc, il faut débloquer
01:14:38ces verrous-là. Il faut aussi faire sauter
01:14:40les DPE comme j'expliquais tout à l'heure.
01:14:42Et de cette façon-là, en donnant
01:14:44de l'oxygène au marché du logement,
01:14:46on va relancer la construction.
01:14:48On va accroître l'offre. Et si l'offre
01:14:50augmente, ça fera baisser
01:14:52les prix. Les prix aussi bien à la vente
01:14:54que les prix de location. Et à ce moment-là,
01:14:56on pourra baisser les APL. Vous voyez l'idée ?
01:14:58C'est qu'il faut avoir une vision économique
01:15:00sur le secteur globalement
01:15:02plutôt que purement comptable.
01:15:04Et de cette façon-là, je suis convaincu
01:15:06qu'on peut baisser les dépenses publiques
01:15:08sans que les Français en pâtissent.
01:15:10Au contraire, parce que l'autre idée
01:15:12que je voudrais suggérer, c'est que
01:15:14si l'État réalise des économies,
01:15:16il ne les garde pas
01:15:18à 100% pour lui, pour réduire le déficit.
01:15:20Moi, j'aimerais que le
01:15:22gouvernement dise
01:15:24quand l'État économise 2 euros,
01:15:26il y a 1 euro qui sert à la réduction
01:15:28du déficit et il y a 1 euro qui est rendu
01:15:30aux Français sous forme de baisse d'impôts.
01:15:32De cette façon-là, on va motiver
01:15:34tout le monde
01:15:36à faire des efforts pour réduire les dépenses
01:15:38publiques parce que les Français en verront
01:15:40des conséquences concrètes sur l'impôt sur le revenu,
01:15:42sur les taxes sur l'essence, sur des choses comme ça.
01:15:44Et dans leur vie courante,
01:15:46ils verront des baisses. Et à ce moment-là,
01:15:48ça motivera tout le monde. Et le fait de
01:15:50baisser les impôts, ça généra aussi
01:15:52un surcroît de croissance économique parce que
01:15:54les Français, les entreprises, gèrent mieux l'argent
01:15:56que l'État en général.
01:15:58Et ça, c'est deux idées que je voudrais
01:16:00proposer au gouvernement
01:16:02s'il nous écoute,
01:16:04que je n'entends pas
01:16:06par mes économistes ou par
01:16:08mes responsables politiques et qui pour moi sont
01:16:10fondamentales pour pouvoir baisser
01:16:12la dépense publique en France.
01:16:14Absolument. On va parler dans un instant de cette
01:16:16question-ci du pouvoir d'achat puisqu'il est question de ça
01:16:18in fine. Avec
01:16:20vous, Philippe Erlin, on se retrouve
01:16:22dans un instant. 0826-300-300
01:16:24si vous souhaitez joindre le standard de Sud Radio.
01:16:26A tout de suite.
01:16:36Et on se retrouve avec notre invité
01:16:38Philippe Erlin pour parler bien sûr
01:16:40de la dette, la nomination de Michel Barnier
01:16:42et du chantier énorme
01:16:44de politique austéritaire
01:16:46qui l'attend. La question
01:16:48finalement, et c'est
01:16:50Laurent Wauquiez qui en parlait alors qu'il sortait
01:16:52de sa matignon à l'instant,
01:16:54c'est le pouvoir d'achat. Alors lui, il dit
01:16:56par le travail mais aussi
01:16:58la question bien sûr fiscale. C'est
01:17:00d'ailleurs ce qui avait poussé de nombreux
01:17:02Français à mettre un gilet jaune en 2018
01:17:04à descendre dans les ronds-points, dans la rue
01:17:06pour dire on ne finit pas le mois,
01:17:08on travaille et on ne vit pas
01:17:10de notre travail. Pourquoi en France
01:17:12on en est arrivé là ?
01:17:14On en est arrivé là parce que
01:17:16on a parlé du niveau des impôts qui est
01:17:18trop élevé. Parce que
01:17:20quand on parle de prélèvement obligatoire, c'est par rapport
01:17:22au PIB, par rapport à la valeur
01:17:24ajoutée, c'est-à-dire la valeur ajoutée créée par les entreprises,
01:17:26il y a une partie qui est rémunérée en capital,
01:17:28une partie qui sert à payer les salaires
01:17:30et l'autre partie qui est payée en impôts.
01:17:32Et la place de l'État, elle est passée
01:17:34d'à peu près 35%
01:17:36du PIB sous
01:17:38Pompidou à 48%
01:17:40aujourd'hui.
01:17:42Est-ce qu'on est quasiment dans une économie
01:17:44dirigiste ? Quasiment, parce qu'au niveau
01:17:46à l'époque de Pompidou, on était aussi à 35%
01:17:48du PIB en dépenses, parce qu'on était
01:17:50à l'équilibre. Aujourd'hui, on est à
01:17:5257, presque 60%
01:17:54du PIB en dépenses.
01:17:56Ce qui implique qu'on a un déficit énorme
01:17:58et qu'on a une économie dirigée.
01:18:00Mais l'économie dirigée, l'expérience
01:18:02historique montre que ça marche
01:18:04pas trop.
01:18:06Une économie dirigée par un comité central
01:18:08à Bruxelles !
01:18:10C'est même pas dirigé de Paris !
01:18:12Donc voilà.
01:18:14Ça va loin.
01:18:16Alors, au standard avec nous
01:18:18Jean-Marc de Narbonne. Bonjour Jean-Marc.
01:18:20Bonjour messieurs. Alors nous sommes
01:18:22sur le Titanic, mais le commandant,
01:18:24lui, ne va pas se sacrifier.
01:18:26Au contraire, il nous a expliqué
01:18:28que tout était
01:18:30bien et que tout était grâce à lui
01:18:32et que tout était bien.
01:18:34Tout à l'heure, vous avez parlé des pseudos
01:18:36écolo-intégristes
01:18:38sur les maisons. Les maisons, maintenant, ça vaut 20 à 30%
01:18:40de plus. Soit disant qu'avant,
01:18:42une maison qu'on construit en 1970,
01:18:44ça s'appelait des passoires énergétiques.
01:18:46Alors, c'est un point goldwin.
01:18:48Parce que passoire, ça veut dire
01:18:50que c'est la misère. Moi, je suis né dans
01:18:52les années 60, je ne pense pas que j'ai vécu dans la misère.
01:18:54Et je n'avais pas de salle de bain.
01:18:56Les toilettes à la turque étaient
01:18:58dans la petite cour
01:19:00et nous vivions très bien.
01:19:02Aujourd'hui, ces trucs-là seraient
01:19:04interdits.
01:19:06J'ai une petite solution, avec toute
01:19:08humilité, pour reprendre
01:19:10pourquoi les gens gagnent du pouvoir d'achat.
01:19:12Au lieu de le CICE, qui a été
01:19:14une vaste escroquerie, qui a toujours aidé
01:19:16les grosses entreprises,
01:19:18parce que c'était basé, vous le savez,
01:19:20sur la masse salariale, mais les grosses entreprises
01:19:22ne s'en sont pas servies
01:19:24pour augmenter leur salarié
01:19:26ou pour l'embaucher, ils s'en sont servis surtout
01:19:28avec l'intelligence artificielle.
01:19:30Les PME n'en ont pas participé.
01:19:32Si vous aviez 5 emplois,
01:19:34ça vous coûtait 1500 euros de comptable pour toucher
01:19:361000 euros à la fin de l'année.
01:19:38Et 70%, comme vous le savez,
01:19:40des emplois dans le privé sont faits par les PME.
01:19:42J'avais une idée qui est toute simple.
01:19:44On est à peu près dans les 50%
01:19:46de charges, on enlève
01:19:4820% sur les PME, je parle bien,
01:19:50on enlève 20% sur les PME qui en ont besoin,
01:19:52mais ce qu'il y a, obligatoirement, on reverse
01:19:54par exemple 10 ou 15%
01:19:56aux salariés,
01:19:58et la PME garde
01:20:00exonéré de 5%. Alors, on va me dire
01:20:02que ça va créer un déficit
01:20:04encore à l'État, faux, parce que les gens
01:20:06vont avoir un pouvoir d'achat, donc ils vont
01:20:08consommer, ils vont déjà
01:20:10être heureux, donc quand on est heureux,
01:20:12c'est quand même important, parce qu'il faut quand même viser le bonheur dans la vie,
01:20:14et les gens vont consommer,
01:20:16donc ils vont payer une TVA,
01:20:18ils vont changer les voitures,
01:20:20ils vont partir en vacances,
01:20:22ils vont aller au restaurant, donc tout ça, ça va faire
01:20:24rentrer de l'argent dans les caisses
01:20:26de l'État, et ça va recréer bon nombre d'emplois.
01:20:28Voilà la petite solution.
01:20:30J'en ai d'autres aussi,
01:20:32créer une banque exprès aussi pour les PME
01:20:34et les commerçants, parce que la BPI, ce n'est pas
01:20:36une banque, c'est Hollande qui a changé le nom d'Oseo
01:20:38à BPI, Banque Publique d'Investissement, mais ce n'est pas
01:20:40une banque, c'est une caution, et qui n'est pas une caution
01:20:42à 100%, à part le PGE à 90%,
01:20:44donc il y aurait bon nombre de choses à faire,
01:20:46mais voilà, je ne sais pas ce que vous en pensez
01:20:48de ma petite solution
01:20:50pour augmenter le pouvoir d'achat
01:20:52des Français, et baisser un peu les charges
01:20:54des PME et des commerçants qui
01:20:56souffrent énormément, surtout depuis
01:20:58la crise du Covid.
01:21:00Merci Jean-Marc. Alors, Philippe Perlin, les solutions
01:21:02visiblement ça ne manque pas, des Français ont des idées,
01:21:04d'ailleurs, c'est ce que disait Michel Barnier,
01:21:06les idées qui viennent de cette France
01:21:08là, qu'on ne veut pas voir
01:21:10à l'Assemblée
01:21:12et ailleurs, qu'est-ce que vous pensez de cette
01:21:14solution proposée par Jean-Marc ?
01:21:16Moi je défends la baisse des charges,
01:21:18qui amène ensuite progressivement
01:21:20une hausse des salaires, mais je suis contre le fait
01:21:22qu'il y ait des mouvements trop importants, parce que
01:21:24dire les salaires vont augmenter d'un coup
01:21:26mais ce n'est pas grave parce que les gens
01:21:28vont dépenser et ça paie les TVA et l'Etat
01:21:30va retomber sur ses pieds, ça, ça ne marche pas.
01:21:32C'est un peu le discours du Nouveau Fonds Populaire en disant
01:21:34on passe le SMIC de 1400 à 1600 euros net,
01:21:36ça fera de l'argent en plus
01:21:38dans l'économie et des recettes en plus
01:21:40pour l'Etat, le problème c'est que ça ne marche pas comme ça,
01:21:42parce que si les gens achètent des voitures, comme le disait monsieur à l'instant,
01:21:44la plupart des voitures sont fabriquées
01:21:46à l'extérieur de la France
01:21:48et donc ça fait exposer
01:21:50sa creuse, la balance commerciale qui est déjà
01:21:52très largement déficitaire, donc c'est pas une solution.
01:21:54Il faut avoir une solution,
01:21:56il faut voir les choses plus
01:21:58progressivement et à long terme, il faut aussi
01:22:00se soucier pour que le pouvoir
01:22:02d'achat se mette à augmenter de façon
01:22:04tendancielle, une fois qu'on aura rétabli un niveau
01:22:06d'impôt correct et cohérent,
01:22:08il faut qu'il y ait une industrie en France, parce que c'est
01:22:10ça qui génère des gains de productivité
01:22:12qui ensuite profitent à toute l'économie et qui
01:22:14permettent d'augmenter le pouvoir d'achat. Si le pouvoir
01:22:16d'achat augmentait très fortement pendant
01:22:18les Trents Glorieux, c'est parce que la France avait une industrie
01:22:20qui était forte. Les voitures,
01:22:22beaucoup de produits étaient fabriqués en France
01:22:24et il y avait des gains de productivité
01:22:26qui profitaient à tout le monde, c'est comme ça qu'on avait des salaires
01:22:28importants. Et c'est de cette façon-là
01:22:30qu'il faut s'y prendre. Donc il ne faut pas
01:22:32vouloir aller trop vite en distribuant
01:22:34des centaines d'euros de salaire
01:22:36comme ça du jour au lendemain, parce que ça, ça va
01:22:38dégrader la balance commerciale sans rien
01:22:40changer. Il faut
01:22:42réfléchir aussi à ce que les entreprises,
01:22:44à ce que
01:22:46l'industrie puisse se redévelopper en France.
01:22:48Pourquoi les constructeurs automobiles sont
01:22:50partis ? Parce qu'il y a trop de charges, parce qu'ouvrir une
01:22:52usine en France, ça prend des délais extrêmement longs,
01:22:54c'est beaucoup plus court de la faire en Espagne,
01:22:56en Allemagne ou dans d'autres pays.
01:22:58Il y a aussi la bureaucratie française
01:23:00et tout ça, donc c'est ça qu'il faut régler.
01:23:02Et pour moi, la
01:23:04réindustrialisation, c'est la condition nécessaire
01:23:06pour que le pouvoir d'achat puisse se remettre
01:23:08et augmenter tendanciellement
01:23:10et fortement.
01:23:12Il y a aussi le tissu industriel
01:23:14et entrepreneurial.
01:23:16Bruno Le Maire n'a jamais parlé,
01:23:18pendant ses sept ans à Bercy,
01:23:20du taux de faillite d'entreprises françaises
01:23:22qui est devenu assez catastrophique ces derniers mois.
01:23:24C'est quand même grave
01:23:26de voir qu'un ministre de l'économie
01:23:28fait comme si les PME, qui sont les
01:23:30premiers employeurs de France, n'existaient pas,
01:23:32et comme si le taux de faillite n'était pas un indicateur
01:23:34grave d'un état
01:23:36économique assez inquiétant.
01:23:38En faillite, on est à un niveau
01:23:40comparable à celui qui a suivi
01:23:42la crise des subprimes en 2008.
01:23:44C'est un niveau catastrophique, il faut le dire.
01:23:50Mais c'est vrai qu'aussi bien le gouvernement
01:23:52qu'une certaine
01:23:54extrême-gauche se focalise sur le CAC 40.
01:23:56Alors le gouvernement, pour dire
01:23:58regardez, on a de belles réussites, on a l'Airbus,
01:24:00sous-entendu, l'économie va bien.
01:24:04L'extrême-gauche dit, regardez,
01:24:06tous ces énormes bénéfices du CAC 40,
01:24:08il n'y a qu'à piocher dedans pour créer du pouvoir d'achat.
01:24:10Non, les choses ne sont pas aussi simples que ça.
01:24:12Le CAC 40, il faut bien comprendre que ce sont
01:24:14des entreprises à part. Ce sont les 40
01:24:16meilleures entreprises françaises.
01:24:18Et elles sont globalisées.
01:24:20Ils sont à 90% de leur chiffre d'affaires à l'international.
01:24:22Donc la France doit être
01:24:24contente d'avoir encore de belles entreprises.
01:24:26Mais ce n'est pas représentatif
01:24:28du tissu économique français.
01:24:30C'est les 40 meilleures. S'il y en a une qui n'est pas bonne
01:24:32et elle sort du CAC 40, elle est remplacée
01:24:34par une autre. Donc c'est ce qui est arrivé
01:24:36à Peugeot pendant quelques années. Ils ont fait des pertes,
01:24:38ils sont sortis. Ensuite, ils sont revenus.
01:24:40Donc ce n'est pas du tout représentatif de l'économie.
01:24:42Les patrons de
01:24:44PME, ils ont des salaires
01:24:46quelques milliers d'euros, mais assez limités.
01:24:48C'est des heures pas possibles.
01:24:50Les gens ne roulent pas sur l'or.
01:24:52Même les patrons de PME et de TPE
01:24:54ne roulent pas sur l'or. Il faut sortir ça de la tête.
01:24:56Il ne faut pas se focailler sur les
01:24:58salaires des patrons du BAC 40.
01:25:00C'est une économie à part.
01:25:02C'est une économie saine avec des PME qui peuvent sortir.
01:25:04C'est une économie à part.
01:25:06Merci beaucoup Philippe Erlin d'avoir été
01:25:08notre invité pour cette reprise de Poulain
01:25:10sans réserve, dorénavant de midi à 14h
01:25:12sur Sud Radio.
01:25:14Très heureux de vous retrouver.
01:25:16À nous écouter pour la suite des
01:25:18programmes sur Sud Radio et je vous dis
01:25:20à la semaine prochaine.

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