Avec Général François Chauvancy, consultant géopolitique et rédacteur en chef de la revue Défense de l'Union-IHEDN, Benjamin CORIAT, Professeur des universités à Paris-XIII et membre du collectif des Économistes atterrés, Arnaud Gallais, cofondateur de Mouv’Enfant, ex-membre de la Ciivise
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00:00:00SUD RADIO, midi 14h, Alexis Poulin, sans réserve.
00:00:06Et on est ensemble jusqu'à 14h sur Sud Radio pour cette édition de Poulin sans réserve.
00:00:11Aujourd'hui, nous allons parler avec le général François Chauvency de la situation à Gaza, au Liban,
00:00:17et puis des gesticulations à l'ONU.
00:00:19Où est-ce que tout cela va ?
00:00:21Guerre mondiale, guerre régionale ou crise géopolitique majeure ?
00:00:26On parlera ensuite des finances.
00:00:286% de déficit, et oui, et jusqu'où et combien ?
00:00:32Les comptes de la nation ont-ils été maquillés ?
00:00:34Avec Benjamin Coria, professeur et membre du collectif des économistes atterrés.
00:00:39Ce sera tout à l'heure à 12h30 et puis à 13h en deuxième partie d'émission.
00:00:43Nous recevrons Arnaud Gallec, fondateur de Move Enfant, ex-membre de la Civis,
00:00:47pour parler des graves dysfonctionnements de l'aide sociale à l'enfance.
00:00:50Beaucoup de scandales cette semaine sur des familles d'accueil qui étaient en fait des ténardiers.
00:00:55Et sur la prostitution des mineurs organisés à la sortie des hôtels de l'aide sociale à l'enfance.
00:01:02Beaucoup à dire à ce sujet.
00:01:04Et puis je ferai un édito sur Philippines,
00:01:06puisque de droite et de gauche, ils prennent tous position.
00:01:09Mais on se demande finalement si ce débat n'est pas obscène,
00:01:13tant il n'y a rien à dire face à l'ampleur de ce drame.
00:01:17Alors on va se retrouver dans un instant avec notre invité.
00:01:19Et puis si vous souhaitez joindre le Standard,
00:01:21c'est 0 826 300 300 sur Sud Radio.
00:01:24A tout de suite avec notre invité.
00:01:25Alexis Poulin, sans réserve, l'invité.
00:01:29Et notre invité, comme je le disais, le général François Chauvency,
00:01:33consultant géopolitique, rédacteur en chef à la revue de défense de l'IHEDN.
00:01:38Bonjour général.
00:01:39Bonjour.
00:01:40Alors avec vous, je souhaitais évoquer déjà la situation à Gaza.
00:01:44On la connaît maintenant depuis quelques mois.
00:01:46Mais le Liban maintenant est ciblé, enfin le Hezbollah plus particulièrement,
00:01:50est ciblé par l'armée israélienne.
00:01:53On a vu d'abord l'attaque étonnante des pédgeurs trafiqués.
00:01:57Et puis maintenant ce sont des bombardements plus classiques
00:01:59qui font à nouveau des victimes civiles.
00:02:01La diplomatie française à l'ONU a essayé de dire
00:02:04« touchez pas au Liban, il va falloir voir autre chose ».
00:02:07Du côté israélien, Benjamin Netanyahou ne répond pas aux appels
00:02:12au cessez-le-feu à la fois des États-Unis et des Français
00:02:15et de l'Union aussi des pays arabes.
00:02:18Est-ce qu'il y a un risque d'escalade ?
00:02:21Où en est-on aujourd'hui sur cette situation libanaise ?
00:02:25Il y a toujours un risque d'escalade dans ce type de conflit.
00:02:28Mais dans la mesure où aucun des belligérants ne veut faire un effort
00:02:31pour finalement empêcher une extension du conflit,
00:02:35effectivement le risque existe.
00:02:37A la date d'aujourd'hui, qu'est-ce qu'on pourrait dire ?
00:02:39On pourrait dire que vers le Liban, je pense que Netanyahou a décidé
00:02:43d'affaiblir durablement le Hezbollah,
00:02:47qui n'a pas compris qu'il fallait arrêter d'agresser Israël.
00:02:50Ça c'est très clair.
00:02:51Alors l'affaire des padjers est intéressante,
00:02:53parce qu'effectivement c'est une innovation dans la guerre.
00:02:55C'est ce que l'on veut.
00:02:56Ce sont ces petits appareils où on reçoit des messages
00:02:59qui ont explosé dans la poche ou à la figure des combattants du Hezbollah
00:03:03et qui avaient été trafiqués en amont pour exploser.
00:03:07Oui, c'est une très belle opération, oserais-je dire,
00:03:09parce que finalement ceux qui portaient le padjer,
00:03:11à part quelques cas, c'étaient bien des membres du Hezbollah.
00:03:13Alors comment affaiblir déjà durablement dans le commandement
00:03:16ou l'organisation du Hezbollah,
00:03:18sinon par cette opération, à laquelle c'est ajouté aussi des opérations,
00:03:21c'est le talkie-walkie.
00:03:22Ça c'est le premier temps.
00:03:23Maintenant la question qu'on pourrait se poser,
00:03:24est-ce que c'était prévu que ça soit fait aussitôt ?
00:03:27Voilà, parce qu'aujourd'hui qu'est-ce qu'on a ?
00:03:29On a des bombardements qui reprennent un schéma classique de guerre conventionnelle.
00:03:32On va continuer d'affaiblir finalement les capacités militaires du Hezbollah
00:03:36et puis maintenant se mettre en place,
00:03:39mais j'attends plusieurs semaines,
00:03:40des divisions, ayant au moins une, du 98ème, israéliennes,
00:03:44pour arriver peut-être dans le Sud-Liban.
00:03:47Et d'ailleurs ça a été annoncé il y a deux jours par l'état-major israélien
00:03:51que maintenant on passe à une opération terrestre.
00:03:53Donc aujourd'hui qu'est-ce qu'il se passe ?
00:03:54C'est qu'en fait, il y a l'engrenage, oui, local, militaire,
00:03:58où je pense que Netanyahou a bien décidé
00:04:00d'éradiquer autant que possible le Hezbollah
00:04:03et sans doute de le repousser au nord du Litani,
00:04:05qui est un fleuve ou une rivière
00:04:07qui est entre 30 et 40 km au nord d'Israël,
00:04:10mais qui est, il faut dire, naturel.
00:04:11Moi en 1982 au Liban,
00:04:13j'étais déjà au milieu de l'opération paix en Galilée,
00:04:15c'était déjà un objectif israélien.
00:04:16Ils sont montés jusqu'à Beyrouth.
00:04:18Bon là, il est certain, enfin vraisemblable,
00:04:20qu'ils ne montent pas jusqu'à Beyrouth,
00:04:21mais que le Hezbollah soit repoussé le plus au nord possible.
00:04:23Et pour quoi faire ?
00:04:24Simplement pour permettre aux 70 000 déplacés israéliens
00:04:27de rejoindre leur maison
00:04:29sans être sur les coups répétés et réguliers du Hezbollah
00:04:32qui tirent par roquettes et missiles.
00:04:34Mais ça fait deux fronts successifs,
00:04:36le Hamas à Gaza, le Hezbollah au Liban.
00:04:39Est-ce qu'Israël ne risque pas de s'épuiser
00:04:42à faire la guerre à tout azimut ?
00:04:44Il y a déjà un risque, sans aucun doute économique,
00:04:46parce que je crois que la guerre coûte très cher,
00:04:48en milliards de dollars, c'est une réalité.
00:04:50Et on verra si les américains continuent à financer
00:04:52un petit peu cette guerre d'une manière indirecte.
00:04:54Ensuite, il y a même un troisième front, la Cisjordanie.
00:04:57Vous lisez un petit peu ce qui se passe en Cisjordanie aujourd'hui.
00:05:00Il y a des éliminations physiques ou des arrestations,
00:05:03des interceptions de pièges sur les routes,
00:05:06enfin des minages.
00:05:08Donc effectivement, il y a même trois fronts aujourd'hui.
00:05:10Mais on se rend compte quand même,
00:05:12d'ailleurs depuis le 7 octobre,
00:05:14n'oublions pas le 7 octobre quand même,
00:05:15une attaque terroriste qui a tué un certain nombre de civils
00:05:17d'une manière atroce.
00:05:18Ces trois fronts, finalement, sont assez distendus.
00:05:21Il n'y a pas de cohérence, finalement,
00:05:24dans l'opposition à Israël, l'opposition armée.
00:05:26Nous avons des éléments, je dirais, dispersés.
00:05:29Et Israël l'a accentué, justement,
00:05:31en frappant le Hezbollah au nord.
00:05:33Effectivement, parce que le Hezbollah pouvait être
00:05:35un facteur de cohésion ou de cohérence
00:05:37de l'action militaire.
00:05:38Donc aujourd'hui, vous avez trois zones d'opération.
00:05:40Alors oui, un effet économique pour Israël.
00:05:43Mais je crois qu'aujourd'hui, Netanyahou a bien pris son parti.
00:05:46Il sait que maintenant qu'il est dans la guerre,
00:05:47il faut aller jusqu'au bout.
00:05:48Parce que cette opportunité ne se reproduira jamais.
00:05:50Aujourd'hui, il est en position avec ses,
00:05:52on ne sait pas combien ils en sont,
00:05:54à 200 000 à 300 000 réservistes rappelés.
00:05:56Donc c'est quand même 300 000 à 400 000 hommes.
00:05:58Certes sur trois fronts,
00:05:59mais sur un espace géographique limité.
00:06:01Et quand même, l'armée d'Israël est une armée
00:06:03qui a tiré ses enseignements de 2006.
00:06:05La première, je dirais, incursion au Liban
00:06:07qui ne s'est pas bien passée.
00:06:08Et puis je crois qu'une partie de la population israélienne,
00:06:10malgré les contestations politiques de Netanyahou,
00:06:13veut que ça suffise et veut la paix.
00:06:15Mais la paix aujourd'hui, manifestement,
00:06:17on ne peut pas l'avoir par la négociation.
00:06:19Et on l'a par la guerre.
00:06:20Donc ça ne veut pas dire que ça vous aura tous les problèmes.
00:06:22Non, parce que diplomatiquement,
00:06:24Israël est quand même relativement isolé,
00:06:26même s'il a le soutien des États-Unis.
00:06:27Mais ses milliers de victimes civiles,
00:06:29d'abord à Gaza, maintenant au Liban,
00:06:32ses crimes de guerre aussi répétés.
00:06:34Les journalistes qui ont été touchés,
00:06:37des membres d'organisations humanitaires,
00:06:39étrangers également.
00:06:41Et puis ses enfants,
00:06:43on a vu les images vraiment révoltantes.
00:06:45Est-ce qu'il n'y a pas là un souci quand même
00:06:47de dire, certes la guerre, mais jusqu'où ?
00:06:49Combien ?
00:06:50Et on voit bien la position délicate d'Emmanuel Macron
00:06:53qui condamne quand c'est des victimes civiles au Liban,
00:06:56qui essaye de condamner quand c'est à Gaza,
00:06:58mais qui, in fine, soutient quand même Israël
00:07:01dans son droit à se défendre.
00:07:02Est-ce qu'il n'y a pas une ligne rouge,
00:07:04à un moment, qui risque d'être franchie
00:07:06et où il pourrait y avoir un retournement
00:07:08de situation diplomatique ?
00:07:09Alors la ligne rouge,
00:07:10elle est en fait dans nos esprits occidentaux.
00:07:12Nous nous sommes habitués à penser
00:07:14que la guerre se faisait sans mort civile.
00:07:16Et qu'aujourd'hui, c'est le débat qu'on a en permanence
00:07:18et vous évoquez le mot crime de guerre,
00:07:20le crime de guerre n'existe que s'il y a volonté délibérée
00:07:22d'éliminer des personnes civiles.
00:07:24Donc dans ce cas-là, oui, il y a crime de guerre.
00:07:26Il y a visiblement sur certaines affaires,
00:07:27notamment des journalistes qui ont été ciblés,
00:07:29des membres de l'ONG,
00:07:30là il y a vraiment des ambulances,
00:07:32des bâtiments civils,
00:07:33enfin quand même, il y a beaucoup de...
00:07:34Il y a ce que je viens de vous dire.
00:07:35Donc quand c'est avéré.
00:07:37Maintenant, c'est une guerre, je dirais,
00:07:39dans toute son horreur classique,
00:07:41qui est l'élimination de l'adversaire
00:07:43qui est impliquée dans la population civile.
00:07:45Voilà, c'est ça la grande difficulté des guerres modernes.
00:07:47C'est que l'urbanisation,
00:07:49les populations civiles intégrées
00:07:51avec les combattants font que,
00:07:53ben oui, on peut toujours accuser d'eux.
00:07:55Il y en a eu certainement, je pense aussi
00:07:57quand même que la justice israélienne sur ce point-là
00:07:59est assez intransigeante,
00:08:01même si on sent parfois qu'il y a une protection
00:08:03engagée, mais pour tous ceux qui ont peut-être
00:08:05tenu un fusil un jour, on sait parfaitement
00:08:07que ces conflits sont extrêmement complexes
00:08:09et très faciles, je dirais,
00:08:11dans des grandes enceintes diplomatiques, de dire
00:08:13vous n'avez pas fait ce qu'il fallait, mais quand on est sur le terrain,
00:08:15on a d'autres problèmes et une réalité,
00:08:17une vraie réalité.
00:08:19Et donc, effectivement, parfois il peut y avoir, je dirais,
00:08:21entre guillemets, des bavures.
00:08:23Maintenant, quand il y a crime de guerre, on a eu ces
00:08:25vidéos il n'y a pas si longtemps avec ces corps
00:08:27de combattants jetés
00:08:29d'un immeuble. Oui, effectivement,
00:08:31il y a eu tout de suite une réaction israélienne,
00:08:33il y a enquête pour savoir si les soldats se sont
00:08:35comportés correctement. Il y a un droit de la guerre,
00:08:37mais aujourd'hui, je pense que notre vision très
00:08:39occidentale de la guerre est complètement
00:08:41je dirais
00:08:43inadaptée à la réalité
00:08:45des guerres modernes, mais ça on l'a peut-être pas encore
00:08:47compris, mais je pense qu'entre l'Ukraine,
00:08:49le Gaza,
00:08:51le Liban, il va falloir
00:08:53quand même revoir un petit peu notre logiciel sur ces questions-là,
00:08:55même si ça peut choquer.
00:08:57On va parler justement, oui, de cette
00:08:59hybride guerre particulière
00:09:01et puis de la diplomatie française
00:09:03avec vous, François Chauvency,
00:09:05général et consultant
00:09:07géopolitique pour la revue
00:09:09IHEDN. On se retrouve dans un instant
00:09:11sur Sud Radio et le standard
00:09:1308126-300-300 si vous souhaitez nous appeler
00:09:15à tout de suite.
00:09:17Alexis Poulin, son réserve, l'invité.
00:09:19Et notre invité, c'est le général
00:09:21François Chauvency, avec
00:09:23qui nous parlons de la situation au Liban,
00:09:25à Gaza et de la stratégie
00:09:27de Benjamin Netanyahou,
00:09:29qui ne répond pas aux appels
00:09:31franco-américains de cesser le feu et qui continue
00:09:33en réalité à vouloir
00:09:35éradiquer
00:09:37ou du moins atténuer
00:09:39les armées adverses, la menace du
00:09:41Hamas et du Hezbollah des deux côtés.
00:09:43Est-ce qu'il n'y a pas dans cette guerre hybride,
00:09:45enfin on voit bien que ce n'est pas du tout une guerre conventionnelle
00:09:47dans la façon dont chacun
00:09:49attaque l'ennemi,
00:09:51un risque d'une guerre perpétuelle,
00:09:53en réalité, qui va coûter très cher
00:09:55et en vie humaine
00:09:57et une solution diplomatique
00:09:59qui n'arrivera jamais ?
00:10:01Oui, je partage cet avis. Je ne vois pas
00:10:03aujourd'hui quelle serait la sortie de crise
00:10:05géopolitique
00:10:07de ce conflit.
00:10:09Mon appréciation, mon hypothèse plutôt,
00:10:11c'est que Netanyahou cherche
00:10:13à gagner du temps
00:10:15en atténuant la capacité de nuisance
00:10:17des différents mouvements, à la fois
00:10:19terroristes et revendicatifs
00:10:21sinon résistants,
00:10:23et qui cherche à gagner du temps 5 à 10 ans,
00:10:25en gros, afin d'espérer
00:10:27que dans 5 à 10 ans il y aura peut-être
00:10:29de meilleures conditions pour trouver une solution.
00:10:31Mais à la date d'aujourd'hui, effectivement,
00:10:33dès lors qu'Israël ne reconnaît pas
00:10:35ou Netanyahou en particulier
00:10:37ne reconnaît pas un État palestinien, comment voulez-vous
00:10:39qu'on s'en sorte ? Ce n'est pas possible.
00:10:41La seule question qui pourra se poser, est-ce que les Américains
00:10:43continueront à financer une partie de l'effort
00:10:45de guerre israélien ?
00:10:47Pour l'instant, ça continue,
00:10:49malgré tout ce que l'on peut dire.
00:10:51On voit non plus une lassitude des populations régionales
00:10:53face à une guerre qui n'en finit pas.
00:10:55Le Liban est un vrai sujet.
00:10:57Comment peut-on accepter que le Liban
00:10:59aujourd'hui soit dans un tel État ?
00:11:01Mais d'un autre côté, le Hezbollah en est en partie
00:11:03responsable, ne l'oublions pas.
00:11:05La question de la Cisjordanie, comment
00:11:07peut-on justifier aujourd'hui que
00:11:09le gouvernement palestinien n'ait pas
00:11:11été en mesure de gouverner ?
00:11:13On ne peut pas mettre dehors, maintenant,
00:11:15400 000 colons juifs. Comment allons-nous faire ?
00:11:17Donc aujourd'hui, on ne voit pas de solution
00:11:19géopolitique. Il ne reste que la guerre
00:11:21pour gagner du temps, pour dire
00:11:23voilà, moi, Netanyahou,
00:11:25j'utilise ma force armée
00:11:27pour repousser au plus loin la menace
00:11:29et garantir une paix
00:11:31à peu près acceptable, c'est-à-dire
00:11:33pas totale, dans les cinq à dix prochaines années.
00:11:35La situation
00:11:37aussi de la diplomatie française,
00:11:39qui est, je ne sais pas si elle est hypocrite ou
00:11:41intenable, c'est-à-dire que d'un côté,
00:11:43on a un président et
00:11:45une chancellerie qui dit
00:11:47qu'il faut une solution à deux États
00:11:49et en même temps, la France ne reconnaît pas l'État palestinien
00:11:51alors que d'autres pays européens ont reconnu
00:11:53un État palestinien. Comment
00:11:55c'est tenable, aussi, cette position ?
00:11:57On est en même temps. Et le en même temps
00:11:59a des limites. Mais la diplomatie française
00:12:01a toujours eu, me semble-t-il,
00:12:03une attitude toujours, pas ambigüe
00:12:05mais ambivalente, c'est-à-dire qu'on ne veut
00:12:07pas couper les ponts d'un côté, on veut garder
00:12:09des relations avec l'autre. N'oublions pas qu'il y a eu quand même des tentatives
00:12:11du président Macron pour aider le Liban
00:12:13il y a quelques années. On a vu le succès
00:12:15relatif de cet engagement français.
00:12:17Je crois que les Libanais ont perdu tout espoir dans le président Macron
00:12:19après les déclarations, après
00:12:21l'explosion du port de Beyrouth et rien n'est arrivé.
00:12:23Le Liban s'est enfoncé dans la crise
00:12:25à la fois économique, financière et politique
00:12:27avec la place qu'a prise le Hezbollah
00:12:29dans toutes les failles, en fait,
00:12:31du Liban. Est-ce que
00:12:33aussi, on se rappelle
00:12:35d'une diplomatie française qui
00:12:37comptait, qui parlait à la rue arabe, comme on disait,
00:12:39qui pouvait avoir encore
00:12:41de l'influence, est-ce que ça s'est terminé ?
00:12:43Oui, je pense d'abord que la France
00:12:45en tant que telle, malgré sa présence au
00:12:47conseil de sécurité, on pourrait aussi parler en termes d'influence
00:12:49d'une certaine relativité aussi aujourd'hui,
00:12:51qu'aujourd'hui, la diplomatie
00:12:53française a du mal à se faire entendre
00:12:55parce qu'il n'y a pas de diplomatie sans capacité
00:12:57je dirais de coercition.
00:12:59Où est la capacité de coercition française ?
00:13:01C'est pas avec l'économie que nous avons que nous allons y arriver.
00:13:03Ce n'est pas, et non plus avec un
00:13:05engagement militaire qu'on va y arriver, vu
00:13:07quand même, une défense qui est assez affaiblie.
00:13:09Ensuite, il y a aussi une volonté de ne jamais
00:13:11faire la guerre, finalement, ce qu'on nous a
00:13:13habitué depuis très longtemps. Ça aussi, il faut
00:13:15le mettre dans l'équation. Donc, quels sont nos moyens de
00:13:17pression aujourd'hui pour obtenir une
00:13:19solution diplomatique ? La diplomatie,
00:13:21certes, c'est trouver des conditions pour négocier,
00:13:23mais c'est aussi être capable d'imposer
00:13:25des solutions. C'est ce que font les Américains.
00:13:27Et aujourd'hui, qui fait confiance à la France au Moyen-Orient ?
00:13:29Je crois qu'on fait beaucoup plus confiance,
00:13:31quels que soient d'ailleurs les côtés, aux
00:13:33Etats-Unis, qui ont le gros bâton
00:13:35d'ailleurs, leur diplomatie, qui leur permet d'imposer
00:13:37des solutions, bien qu'on pourrait relativiser
00:13:39aujourd'hui. Est-ce que les Etats-Unis
00:13:41ont été capables d'imposer à Netanyahou l'arrêt
00:13:43de la guerre ? Eh bien non. Donc, même aujourd'hui,
00:13:45on s'aperçoit que les Etats-Unis ont
00:13:47du mal, et ils ont des moyens autrement plus
00:13:49dimensionnés que les nôtres, ce qui fait que...
00:13:51Mais aussi parce que les Etats-Unis jouent un jeu facile,
00:13:53c'est-à-dire que, pour la Russie,
00:13:55il y a tout de suite des sanctions internationales,
00:13:57ça va très vite, économiques, etc.
00:13:59Pour Israël, zéro sanction.
00:14:01Forcément que la guerre continue.
00:14:02Même si, à un moment donné, il y a eu des restrictions
00:14:04sur l'envoi de boue...
00:14:06Très peu. En réalité, il y a eu des crédits
00:14:08qui ont été encore votés pour l'achat d'armes
00:14:10américaines, donc évidemment que
00:14:12ça se passe comme ça. Et puis, d'un côté,
00:14:14vous avez Anthony Blinken qui faisait le tour de la région
00:14:16quasiment tous les mois, et nous, on a envoyé
00:14:18Jean-Yves Le Drian au Liban. C'est l'envoyé spécial
00:14:20diplomatique, et je ne sais pas
00:14:22ce qu'il va faire en particulier là-bas.
00:14:24Non, mais il ne faut pas négliger non plus qu'au point de vue des Etats-Unis,
00:14:26c'est que les liens avec Israël viennent aussi
00:14:28du poids des évangélistes américains.
00:14:30N'oublions pas, il y a aussi des
00:14:32questions de politique intérieure, de sensibilité
00:14:34politique intérieure américaine
00:14:36face à Israël, qui donne aussi un poids,
00:14:38quel que soit le président, d'ailleurs,
00:14:40américain, donne un certain poids.
00:14:42Mais d'un autre côté, remarquons quand même
00:14:44qu'on ne fait pas de la diplomatie uniquement
00:14:46par de la parlotte, si je peux me permettre.
00:14:48Il y a de la projection, c'est ça.
00:14:50Nous n'avons pas non plus des moyens économiques qui sont
00:14:52les premières armes des occidentaux
00:14:54face à un État, je dirais, voyou,
00:14:56quel qu'il soit, ou qui ne veut pas écouter.
00:14:58Et remarquons quand même que les Américains
00:15:00ont une suprématie par la loi
00:15:02intérieure qu'ils ont imposée à l'extérieur.
00:15:04Dès que vous utilisez le dollar,
00:15:06vous pouvez être soumis à sanctions.
00:15:08Donc le problème de la France, pour répondre à votre question,
00:15:10c'est que nous n'avons pas les moyens de notre diplomatie.
00:15:12Et ce n'est pas uniquement en abondant le ministère des Affaires étrangères
00:15:14qu'on y arrivera, c'est aussi quels sont nos moyens
00:15:16d'influence et de pression divers.
00:15:18Et moi j'ai quand même l'impression, mais je me trompe peut-être,
00:15:20qu'on ne fait pas toujours tout ce qu'il faut.
00:15:22Il y a beaucoup de moyens de pression, si on veut bien les mettre en œuvre.
00:15:24Et j'ai l'impression qu'on se contente beaucoup de parler,
00:15:26d'admonester,
00:15:28quand il y a des grandes enceintes, de faire des grands discours,
00:15:30en sachant pertinemment que de toute façon ça ne sert à rien.
00:15:32Mais d'un autre côté, peut-on faire autrement, si on veut exister ?
00:15:34Donc indirectement,
00:15:36on est obligé de parler, on est obligé de condamner,
00:15:38mais on n'a pas les moyens
00:15:40d'une diplomatie, je dirais, offensive.
00:15:42On est dans une diplomatie de communication.
00:15:44Mais pourtant, les budgets de la Défense
00:15:46augmentent. On voit bien que c'est devenu
00:15:48une préoccupation, même si ça ne l'était pas il y a quelques années,
00:15:50à la fois pour moderniser
00:15:52l'armée, des campagnes de recrutement également,
00:15:54de militaires, mais
00:15:56partout dans le monde, la France en fait
00:15:58se réduit. On a vu le départ
00:16:00en Afrique subsaharienne,
00:16:02il y a quelques forces françaises
00:16:04au sein de la Finule, mais on n'est plus
00:16:06dans le cas du Liban, où il y avait
00:16:08l'attentat du Drakkar, qui avait tué
00:16:10de nombreux militaires français.
00:16:12Donc comment expliquer à la fois
00:16:14davantage de Défense,
00:16:16de budget pour la Défense,
00:16:18et moins finalement de forces
00:16:20à l'international ?
00:16:22D'abord, les forces internationales coûtent cher.
00:16:24Mais n'oublions pas quand même
00:16:26qu'on a plusieurs milliers d'hommes à l'extérieur,
00:16:28vous avez quand même près de 800 français au Liban,
00:16:30qui sont par tradition depuis 1978
00:16:32sur place, pour montrer que la France s'intéresse
00:16:34au Liban. Maintenant ce sont des casques bleus,
00:16:36sinon des bérets bleus, ça veut dire qu'on ne fait pas
00:16:38la guerre, on est là pour s'interposer,
00:16:40et encore pas entre toutes les factions.
00:16:42Mais bon,
00:16:44le budget de la Défense en fait
00:16:46aujourd'hui répondrait plutôt à la menace à l'Est,
00:16:48pas ailleurs, c'est-à-dire qu'on revient
00:16:50sur le champ européen, parce que là on a une vraie
00:16:52inquiétude. Et on peut quand même remarquer,
00:16:54au moins jusqu'à la date d'aujourd'hui,
00:16:56que les budgets consacrés à la Défense
00:16:58ont été respectés. On verra
00:17:00avec la crise économique s'il n'y a pas des tentations
00:17:02pour abotter un petit peu ce qui a été donné,
00:17:04comme d'habitude, finalement, comme les
00:17:06précédentes, et c'est là notre risque.
00:17:08Maintenant, une armée pour quoi faire ?
00:17:10Une armée d'abord c'est pour défendre le territoire national,
00:17:12et ensuite effectivement être un soutien,
00:17:14un appui à la diplomatie,
00:17:16en mettant le gros bâton. Alors est-ce qu'on a le gros bâton qu'il faut ?
00:17:18On a des moyens, mais on sait bien
00:17:20qu'on ne peut pas tout faire tout seul, et on revient à notre problème,
00:17:22c'est qu'on peut, comme on ne peut pas faire tout seul, il faut appeler
00:17:24des alliés, qui sont nos meilleurs alliés, par exemple
00:17:26au Moyen-Orient, ce seraient les Américains.
00:17:28Est-ce que les Américains veulent qu'on y soit ? Certainement pas.
00:17:30Donc on reste à notre champ,
00:17:32notre précaré européen, et encore il faut avoir
00:17:34l'accord de l'Allemagne et d'autres pays
00:17:36pour dire bah oui, les Français, on peut peut-être
00:17:38travailler ensemble. Et encore un autre sujet
00:17:40qu'on aura l'occasion d'évoquer, sans doute,
00:17:42évidemment, la Défense européenne.
00:17:44Merci beaucoup, Général
00:17:46François Chauvency, d'avoir répondu à nos
00:17:48questions. On se retrouve dans un instant sur
00:17:50Sud Radio avec notre deuxième invité
00:17:52Benjamin Coria, où on parlera
00:17:54du déficit, bien sûr,
00:17:56et du budget. Ce budget,
00:17:58va-t-on pouvoir le voter ? Et l'édito
00:18:00dans quelques instants. A tout de suite sur Sud Radio, merci.
00:18:02L'édito. Alors,
00:18:04la France nous a habitués aux polémiques
00:18:06et certaines polémiques sont plus obscènes
00:18:08que les autres. Je vais parler aujourd'hui
00:18:10du drame
00:18:12de Philippine. Philippine
00:18:14qui est inhumée aujourd'hui à 13h
00:18:16à la cathédrale Saint-Louis de Versailles,
00:18:18qui avait la vie devant elle et qui a eu le malheur
00:18:20de croiser au bois de Boulogne
00:18:22un soir, la route de
00:18:24Taha, 17 ans,
00:18:26il était condamné déjà pour viol
00:18:28à 7 ans de prison, il n'en avait fait que 5
00:18:30et à 22 ans, à peine
00:18:32libéré du centre de rétention administrative,
00:18:34il tue et viole,
00:18:36enfin, la justice
00:18:38fera son travail.
00:18:40Philippine. Savoir que Taha était
00:18:42arrivé avec un visa touristique,
00:18:44qu'il était mineur non accompagné,
00:18:46et voilà que
00:18:48le débat se fait sur
00:18:50faut-il séparer
00:18:52l'étranger du violeur ?
00:18:54Est-ce que l'OQTF, c'est le problème ?
00:18:56Alors oui, évidemment, tous les OQTF
00:18:58ne concernent pas des criminels condamnés
00:19:00pour violences sexuelles, évidemment.
00:19:02Là, on a affaire quand même à quelque chose
00:19:04d'assez grave et moi,
00:19:06ce qui me choque et là où est l'obscénité,
00:19:08c'est à la fois dans les récupérations politiques
00:19:10de droite mais aussi de gauche.
00:19:12Chacun a quelque chose à dire
00:19:14et bizarrement, c'est à côté de la plaque.
00:19:16D'abord, on va écouter
00:19:18Jordan Bardella qui était l'invité d'Anne-Sophie Lapique,
00:19:20c'était sur le service public.
00:19:22Écoutez, j'ai pas les mots.
00:19:24Vous voulez expulser massivement, pas seulement les délinquants,
00:19:26une expulsion coûte 13 800 euros en moyenne.
00:19:30S'il y a 130 000 personnes
00:19:32sous OQTF à expulser,
00:19:34ça fait à peu près 1,8 milliard. Comment vous financez ?
00:19:36Et le coût de la vie de Philippines, madame ?
00:19:38Non mais je vous demande comment vous financez.
00:19:40Le coût de la vie de Philippines,
00:19:42il est inestimable pour tout le monde.
00:19:44La seule qui a été exécutée au moment où nous nous parlons,
00:19:46c'est Philippines.
00:19:48Le coût de la vie est inestimable, oui, c'est vrai.
00:19:50Maintenant, faire des calculs de boutiquiers
00:19:52sur le coût des OQTF, mais où on est ?
00:19:541,8 milliard.
00:19:56Alors, attention, encore une fois,
00:19:58les OQTF, c'est au cas par cas
00:20:00et souvent, ça concerne d'honnêtes
00:20:02hommes et femmes, des familles,
00:20:04parfois, qui ont fui des pays en guerre
00:20:06ou autres, et évidemment,
00:20:08on pourrait se poser la question.
00:20:10Mais 1,8 milliard,
00:20:12quand on voit que pour le service national
00:20:14universel, on était prêt à débourser 3 milliards
00:20:16par an, quand on voit l'argent
00:20:18qui est dépensé, on ne sait pas comment,
00:20:20là, poser la question, vraiment,
00:20:22ça me pose question. Et puis après, il y a
00:20:24toujours ce débat, en disant
00:20:26d'abord, c'est un problème
00:20:28de patriarcat, c'est un problème
00:20:30de culture du viol. Oui, c'est un problème
00:20:32aussi de la justice française, incapable de protéger
00:20:34tout simplement les citoyens
00:20:36français, mais c'est pas
00:20:38que ça. On va écouter
00:20:40ce que disait également Manon Aubry
00:20:42au micro de LCI.
00:20:44L'extrême droite est en train de récupérer
00:20:46ce drame absolument abject
00:20:48et horrible. La seule raison pour laquelle
00:20:50le Rassemblement national s'intéresse à ce cas,
00:20:52c'est parce que l'auteur est marocain.
00:20:54Et je vous le redis. Où est-ce qu'était l'extrême droite
00:20:56à chacun des plus de 100 féminicides
00:20:58qui ont eu lieu depuis le début de l'année ?
00:21:00Où est-ce qu'était l'extrême droite quand il s'agissait de parler
00:21:02des viols de Mazan ?
00:21:04Oui, on va faire, évidemment, l'extrême droite
00:21:06a choisi ses victimes.
00:21:08Oui, c'est vrai. Comme Éric Zemmour
00:21:10qui parle de francocide.
00:21:12Mais on peut parler, bien sûr,
00:21:14de tous les viols, etc.
00:21:16Et il faut pas être dans le déni, je crois,
00:21:18du côté gauche et dire
00:21:20le problème, c'est pas l'OQTF.
00:21:22Si, le problème, c'est qu'il n'ait pas été
00:21:24respecté. Et puis, il y a aussi
00:21:26cette mise en scène de l'impuissance
00:21:28de la justice qui choque.
00:21:30Écoutez les paroles de Nellie Bertrand, qui est la secrétaire
00:21:32générale du syndicat de la magistrature.
00:21:34C'était sur BFM.
00:21:36On se trompe de débat quand on parle de la nationalité
00:21:38de la personne en cause. Parce qu'un viol,
00:21:40il y en a toutes les 2 minutes 30 en France.
00:21:42Les féminicides, il y en a
00:21:44un jour sur 4 en France. Là, on se focalise
00:21:46sur la personne
00:21:48et sa nationalité,
00:21:50le fait qu'elle soit en situation irrégulière,
00:21:52sa situation administrative. Alors qu'en réalité,
00:21:54le vrai problème là-dedans, c'est celui de
00:21:56la prise en charge des personnes en détention,
00:21:58celui du sens qu'on donne à la peine,
00:22:00du sens qu'on donne à la prison,
00:22:02du travail sur la prévention de la récidive
00:22:04et par ailleurs, plus largement,
00:22:06celui de la lutte contre les violences sexistes
00:22:08et sexuelles dans notre société.
00:22:10Oui, on peut être d'accord avec ça, mais que d'angélisme.
00:22:12Et puis, que dire ? Autant de viols,
00:22:14autant de féminicides, et que fait la justice ?
00:22:16Que fait la police ?
00:22:18On va demander à Bruno Retailleau dans quelques jours,
00:22:20une fois qu'il aura pris ses marques, mais quand même,
00:22:22ce sentiment d'impuissance
00:22:24qui n'en est pas un, puisqu'on voit ce qui s'est passé
00:22:26et ce débat complètement à côté de la plaque.
00:22:28Je pense qu'on peut être d'accord, et à droite et à gauche,
00:22:30de dire que comment est-il possible
00:22:32qu'un criminel condamné pour viol
00:22:34soit resté sur le territoire,
00:22:36ait été relâché alors qu'il était sous une obligation
00:22:38de quitter le territoire français
00:22:40et ait pu partir dans la nature
00:22:42pour aller tuer quelques jours après
00:22:44sa libération de Sérra.
00:22:46Enfin, je ne sais même pas comment on appelle ça.
00:22:48C'est vraiment ça, le problème.
00:22:50Et je crois que le débat, il est là.
00:22:52Il n'est pas, évidemment, sur les uns et les autres
00:22:54qui sont en train de se tromper de débat.
00:22:56Voilà, c'est ce que je voulais dire sur cet édito.
00:22:58On va se retrouver tout de suite avec notre deuxième invité.
00:23:00Alexis Poulin,
00:23:02sans réserve, l'invité.
00:23:04Et on va changer de sujet.
00:23:06Notre invité est Benjamin Coria,
00:23:08professeur des universités à Paris 13,
00:23:10membre du collectif des économistes atterrés.
00:23:12Bonjour, M. Coria.
00:23:14Bonjour.
00:23:16Je voulais parler avec vous des
00:23:18déclarations du nouveau ministre
00:23:20du Budget,
00:23:22M. Saint-Martin, qui explique
00:23:24que finalement, le déficit,
00:23:26il sera sans doute bien plus que ce qui a été annoncé.
00:23:28Où en est-on,
00:23:30finalement,
00:23:32dans la navigation à vue
00:23:34des comptes de la nation ?
00:23:36Est-ce qu'il y a une volonté de nier les faits,
00:23:38de maquiller l'ampleur du désastre ?
00:23:40Ou bien, est-ce que c'est vraiment la faute
00:23:42à pas de chance ?
00:23:44Non, je ne crois pas que ce soit la faute à pas de chance.
00:23:46Je veux dire, on a des annonces
00:23:48successives qui ont fait passer le déficit
00:23:50envisagé de
00:23:525,1 à 5,6
00:23:54et maintenant à 6%.
00:23:56Je veux dire, on n'a jamais vu Bercy
00:23:58faire preuve d'une telle
00:24:00incurie. Donc, on peut quand même imaginer
00:24:02que c'est des annonces
00:24:04qui ont été calibrées
00:24:06pour se préparer à des chiffres catastrophiques.
00:24:08Oui.
00:24:10Comment expliquer que ces chiffres catastrophiques
00:24:12arrivent, qu'un ancien ministre
00:24:14qui a passé 7 ans à Bercy,
00:24:16Bruno Le Maire, se félicite
00:24:18d'avoir sauvé l'économie française,
00:24:20s'en va sous les applaudissements et les
00:24:22bras du stade de Bercy pour aller
00:24:24enseigner je ne sais quoi
00:24:26en Suisse et ne
00:24:28rende pas des comptes par rapport à ce naufrage
00:24:30et cette faillite avérée
00:24:32de l'État ?
00:24:34Oui, moi aussi je trouve ça
00:24:36extrêmement choquant. Je trouve
00:24:38que la cérémonie de Bercy
00:24:42qui aurait pu être celle d'une rockstar,
00:24:44c'est pour
00:24:46célébrer un échec absolument
00:24:48monumental puisque
00:24:50Monsieur Le Maire s'en va avec
00:24:526% de déficit, un chiffre
00:24:54je ne veux pas dire
00:24:56jamais atteint mais extrêmement
00:24:58rarement atteint, en tout cas jamais
00:25:00depuis fort longtemps
00:25:02et puis
00:25:04quand même 1000 milliards
00:25:06d'endettement en plus.
00:25:08Donc je veux dire
00:25:10le résultat est
00:25:12catastrophique. Donc cette mise en scène
00:25:14est très choquante.
00:25:16Mais au-delà de la mise en scène,
00:25:18les 1000 milliards, les chiffres
00:25:20qui ont systématiquement été vus
00:25:22en dessous, les 20 milliards
00:25:24d'accidents, il était capable d'utiliser
00:25:26le terme d'accident budgétaire ne sachant
00:25:28pas expliquer. Maintenant
00:25:30Bercy, l'État voudrait se défausser
00:25:32sur les collectivités locales en disant
00:25:34c'est peut-être aussi beaucoup la faute des collectivités
00:25:36locales qui sont très dépensières.
00:25:38C'est la faute à qui en fait
00:25:40si on en arrive là ?
00:25:42C'est évidemment pas la faute
00:25:44des collectivités locales. Elles se sont
00:25:46fort bien défendues en expliquant
00:25:48l'ensemble des charges
00:25:50supplémentaires qu'on a fait supporter sur elles
00:25:52tout en diminuant leurs recettes
00:25:54à commencer par la taxe d'habitation.
00:25:56Non. Plus sérieusement
00:25:58si vous voulez, comme économiste
00:26:00puisque c'est aussi
00:26:02mon métier, donc c'est
00:26:04en ce moment-là que j'interviens
00:26:06on assiste
00:26:08quand même à l'échec d'un modèle.
00:26:10Ça veut dire que
00:26:12on peut l'appeler de différentes manières.
00:26:14On peut l'appeler politique de l'offre,
00:26:16on peut l'appeler ruissellement,
00:26:18on peut l'appeler comme on veut.
00:26:20Le résultat des courses c'est quoi ?
00:26:22C'est l'échec patent.
00:26:24Parce que si vous voulez, on a à la fois
00:26:26ce déficit
00:26:28budgétaire, on a à la fois
00:26:30cet endettement
00:26:32mais ce fameux
00:26:34taux de chômage qu'on met
00:26:36souvent en avant comme une des grandes réussites
00:26:38de la France, vous savez que la France
00:26:40a le quatrième plus mauvais
00:26:42chiffre de chômage dans l'Europe
00:26:44des 27. Ça veut dire que
00:26:46même le chômage, on a reculé
00:26:48beaucoup moins que la moyenne
00:26:50européenne qui est à 6,4
00:26:52au lieu de 7,3 pour la France
00:26:54et beaucoup moins que 23
00:26:56des 27 pays européens.
00:26:58Donc c'est vraiment l'échec
00:27:00total de cette politique.
00:27:02Est-ce que finalement la dissolution
00:27:04voulue par Emmanuel Macron, c'était pas pour
00:27:06fuir la responsabilité
00:27:08devant cette faillite ? Et le calcul
00:27:10d'Emmanuel Macron à la base, c'était de dire
00:27:12on va voir, peut-être que le Rassemblement National
00:27:14va récupérer la patate chaude et ce sera
00:27:16à eux de gérer ce
00:27:18budget impossible. Aujourd'hui on voit
00:27:20qu'au poste clé, on retrouve
00:27:22des macronistes, on va dire
00:27:24d'ailleurs
00:27:26directeur de cabinet du nouveau
00:27:28Premier Ministre était
00:27:30l'ancien directeur du cabinet
00:27:32de Bruno Le Maire à Bercy,
00:27:34donc on va continuer à mentir aux Français.
00:27:36Oui,
00:27:38incontestablement. Alors moi je
00:27:40pense pas, c'est très difficile
00:27:42de sonder
00:27:44la pensée profonde du
00:27:46Président. Moi je pense pas que l'idée
00:27:48c'était de donner la patate chaude
00:27:50au Front National ou au Rassemblement
00:27:52National. Je pense que le calcul
00:27:54c'était plutôt de faire exploser
00:27:56finir de
00:27:58faire exploser ce qui était
00:28:00la nupes et de
00:28:02gouverner avec
00:28:04on va dire
00:28:06le PS pour parler vite.
00:28:08Ayant échoué,
00:28:10il n'a pas enregistré
00:28:12sa défaite et il a trouvé
00:28:14le moyen
00:28:16très provisoire, on en reparlera,
00:28:18de continuer la même politique.
00:28:20Voilà. Avec cette
00:28:22coalition totalement
00:28:24minoritaire qui n'existe
00:28:26que parce que le Rassemblement
00:28:28National veut bien qu'elle existe
00:28:30mais qui de toute façon va être
00:28:32obligée de proposer un budget tel
00:28:34que je pense qu'on va vers
00:28:36des très gros
00:28:38problèmes.
00:28:40Bon, quoi qu'il en soit
00:28:42alors que
00:28:44on assiste
00:28:46je répète à l'échec d'un modèle
00:28:48à l'échec d'une politique économique
00:28:50l'équipe mise en place
00:28:52elle est faite pour le continuer.
00:28:54Elle va utiliser les Rustines
00:28:56pour le budget 2025
00:28:58mais je crois pas, je les vois pas
00:29:00on va attendre la déclaration
00:29:02de politique générale
00:29:04je les vois pas changer de politique
00:29:06alors que
00:29:08clairement le signal donné
00:29:10de quelques bords qu'on soit
00:29:12le signal donné était
00:29:14on ne veut plus de cette politique là
00:29:16c'est majoritaire en France.
00:29:18Or c'est ça qu'on nous impose.
00:29:20C'est fou. Et la question
00:29:22qui se pose évidemment c'est ce budget
00:29:24comme vous dites, tout ça est très provisoire
00:29:26parce que le budget
00:29:28qui va arriver rapidement, alors on a déjà
00:29:30un peu grappillé un peu plus
00:29:32de temps pour le présenter
00:29:34est-ce qu'il peut passer
00:29:36ou est-ce que c'est
00:29:38la potentialité d'une sanction du gouvernement
00:29:40face à un 49-3
00:29:42qui sera inévitable ?
00:29:44Moi je pense qu'on ne peut pas exclure
00:29:46l'idée d'un 49-3 dès maintenant.
00:29:48La question
00:29:50elle est quand même, on va dire, éminemment
00:29:52politique. C'est à quel moment
00:29:54les partis
00:29:56représentés à l'Assemblée Nationale
00:29:58vont décider de mettre
00:30:00fin à ce gouvernement ?
00:30:02Est-ce qu'ils vont le faire tout de suite
00:30:04sur le budget
00:30:06ou est-ce qu'ils vont le faire
00:30:08plus tard
00:30:10à la rentrée ?
00:30:12Quoi qu'il en soit
00:30:14si on discute un peu économie
00:30:16si on peut dire
00:30:18il sera présenté un budget
00:30:20sera-t-il voté ou non encore une fois
00:30:22c'est une question pour moi
00:30:24principalement politique.
00:30:26Mais ce budget
00:30:28sera un budget totalement bricolé
00:30:30avec
00:30:32sans doute
00:30:34des recettes
00:30:36supplémentaires sur les très
00:30:38hauts revenus, peut-être sur
00:30:40la fiscalité
00:30:42des patrimoines
00:30:44on parle
00:30:46d'attaquer un certain nombre
00:30:48de niches fiscales
00:30:50en particulier le crédit d'impôt recherche
00:30:52qui aujourd'hui s'élève quand même
00:30:54une recette qui est remplie
00:30:56d'opportunités
00:30:58de détourner
00:31:00l'argent de l'Etat
00:31:02sans faire de recherche du tout
00:31:04d'un côté et puis de l'autre côté
00:31:06des baisses de dépenses
00:31:08dans un pays dans lequel
00:31:10les services publics sont
00:31:12dans un état exsangue
00:31:14donc je veux dire on va bricoler un truc
00:31:16ça passera
00:31:18ça passera pas
00:31:20mais de toute façon on ne peut pas
00:31:22continuer comme ça, c'est ça le fond
00:31:24de la question, c'est que toute cette
00:31:26politique qui a consisté
00:31:28à, comment dire
00:31:30miner les bases
00:31:32de l'Etat, pardon
00:31:34les bases fiscales
00:31:36de l'Etat, vous voyez toute la politique
00:31:38des primes pour lutter
00:31:40contre l'inflation, c'est maintenant qu'on la paye
00:31:42de quoi qu'il en coûte
00:31:44évidemment
00:31:46les primes et le quoi qu'il en coûte
00:31:48on ne paye pas de charges sociales
00:31:50s'il n'y a pas de charges sociales
00:31:52il n'y a plus de revenus
00:31:54pour l'Etat, vous voyez
00:31:56et pour les services publics
00:31:58donc pour vous les nouveaux impôts
00:32:00sont inévitables
00:32:02ah oui, ah oui
00:32:04si vous voulez ce que j'espère
00:32:06c'est qu'on va protéger
00:32:08pour parler vite, les petits revenus
00:32:10et les classes moyennes
00:32:12et qu'on va s'en tenir
00:32:14à
00:32:16les très hauts revenus parce qu'il y a quand même
00:32:18beaucoup d'argent à prendre
00:32:20de ce côté là, mais malheureusement
00:32:22j'en suis même pas sûr
00:32:24c'est la politique d'Emmanuel Macron depuis le début, de faire des cadeaux aux très très riches
00:32:26il se renierait en faisant ça
00:32:28on ne l'a jamais vu aller à gauche
00:32:30et essayer d'attaquer le cas
00:32:32c'est ce modèle là
00:32:34qui a échoué
00:32:36paradoxalement
00:32:38améliorer
00:32:40l'Etat
00:32:42des bénéfices des très hautes entreprises
00:32:44des très grandes entreprises
00:32:46améliorer
00:32:48l'Etat des patrimoines
00:32:50des très riches, tout ça a été parfaitement
00:32:52réussi
00:32:54simplement ce qu'on attendait
00:32:56c'est que ça ruisselle vers le bas
00:32:58et rien du tout n'a ruissellé
00:33:00c'est resté entre les mains d'un tout petit groupe
00:33:02et d'une oligarchie
00:33:04donc je veux dire
00:33:06on va en parler tout de suite de ce ruissellement
00:33:08avec vous
00:33:10on doit marquer une pause
00:33:12mais on va parler évidemment de cette politique
00:33:14et de ces échecs
00:33:16alors qu'on avait présenté Emmanuel Macron comme le Mozart de la finance
00:33:18on peut dire qu'on a affaire à tout à fait autre chose
00:33:20à tout de suite sur Sud Radio
00:33:22on se retrouve dans un instant
00:33:24le standard 0826 300 300
00:33:26Alexis Poulin, sans réserve
00:33:28l'invité
00:33:30on se retrouve avec Benjamin Coria
00:33:32professeur des universités à Paris 13
00:33:34membre du collectif des économistes atterrés
00:33:36pour parler du ruissellement
00:33:38ce qui était donc l'offre politique
00:33:40d'Emmanuel Macron
00:33:42en donnant plus d'argent aux très riches
00:33:44et bien cet argent redescendra
00:33:46vers les classes populaires
00:33:48or depuis 7 ans on constate l'augmentation
00:33:50du nombre d'étudiants
00:33:52qui fait la queue devant les banques alimentaires
00:33:54de français qui tombent dans la précarité
00:33:56alors qu'ils ne l'étaient pas de mesure
00:33:58vis-à-vis de bénéficiaires du RSA
00:34:00et maintenant c'est l'état qui est en faillite
00:34:02on peut parler d'un fiasco total
00:34:04et pourtant Emmanuel Macron
00:34:06continue sa politique et fait comme s'il n'avait pas perdu
00:34:08jusqu'où, jusqu'à quand
00:34:10c'était la question
00:34:12que je vous posais au début
00:34:14qu'est-ce qu'on peut faire pour changer la donne ?
00:34:18Il y a deux questions différentes
00:34:20dans ce que vous dites
00:34:22est-ce qu'une autre politique
00:34:24est possible ?
00:34:26la réponse est oui
00:34:28donc il faut en discuter
00:34:30après quelles sont les coalitions
00:34:32politiques capables de
00:34:34mettre en oeuvre cette politique
00:34:36ça c'est une autre question
00:34:38on ne peut pas accepter
00:34:40l'idée qu'il n'y a
00:34:42que cette politique-là qui est possible
00:34:44ça c'est absolument faux
00:34:46parce que d'abord
00:34:48on va en parler, il y a différents
00:34:50moyens de faire autrement
00:34:52mais surtout parce qu'il faut
00:34:54vraiment enregistrer que
00:34:56cette fois on a complètement échoué
00:34:58on ne va pas reprendre tout ce qu'on a dit
00:35:00dans la première partie
00:35:02mais ça c'est une donnée de base
00:35:04bon alors, les orientations
00:35:06moi je pense qu'il y a
00:35:08deux questions différentes si on peut dire
00:35:10il y en a une qui est
00:35:12comment, quel est le chemin
00:35:14de traverse pour passer
00:35:16sous la pluie si j'ose dire
00:35:18donc ça c'est le budget 2025
00:35:20il ne peut être que bricolé
00:35:22il ne peut être que bricolé
00:35:24parce qu'on n'a pas le temps
00:35:26et d'ailleurs parce que
00:35:28monsieur Macron lui-même ne nous a pas
00:35:30donné le temps, c'est-à-dire qu'il a
00:35:32organisé les élections
00:35:34dans un temps
00:35:36absolument record et ensuite
00:35:38il s'est donné un temps infini
00:35:40pour nommer un premier ministre
00:35:42et qu'on ait le temps de réfléchir à quoi faire
00:35:44donc c'est quand même
00:35:46extrêmement surprenant je veux dire
00:35:48là les taux d'intérêt concernant la dette
00:35:50viennent de monter, ce qui est quand même inquiétant
00:35:52on dépasse
00:35:54les taux espagnols
00:35:56pour refinancer
00:35:58la dette française
00:36:00tout ça pourquoi ? Tout ça parce que
00:36:02depuis la dissolution
00:36:04c'est-à-dire depuis juin, il n'y a aucun
00:36:06signal qui est donné à
00:36:08l'économie, qui est donné
00:36:10aux acteurs sur
00:36:12où on va, qu'est-ce qu'on va faire
00:36:14donc il est normal que l'inquiétude monte
00:36:16vous comprenez ? Il y a vraiment
00:36:18une politique
00:36:20de gribouille qui a été faite
00:36:22depuis
00:36:24la
00:36:26dissolution puisque
00:36:28on a laissé les acteurs
00:36:30économiques sans aucun signe
00:36:32sur où on va. Bien.
00:36:34Donc on va bricoler parce qu'on ne peut pas
00:36:36faire autrement. Ça c'est le court terme.
00:36:38Après la question qui se pose
00:36:40c'est à moyen terme. Donc
00:36:42à moyen terme il est absolument
00:36:44évident
00:36:46qu'il faut
00:36:48modifier et relativement
00:36:50en profondeur notre système
00:36:52fiscal. Donc ça ne peut pas
00:36:54se faire en une fois
00:36:56et ça ne peut pas se faire en un budget
00:36:58mais il faut que l'indication
00:37:00soit claire. Il faut
00:37:02que les perspectives vers lesquelles
00:37:04on va soient claires. Ça veut dire
00:37:06qu'il y ait une fiscalité
00:37:08rétablie sur
00:37:10les hauts revenus, sur les patrimoines
00:37:12sur les super profits
00:37:14il faut dire les choses quand même. Je veux dire
00:37:16le Covid
00:37:18plus la guerre en Ukraine
00:37:20a créé des opportunités
00:37:22de super profits
00:37:24exceptionnels pour les transporteurs
00:37:26maritimes
00:37:28pour l'industrie pharmaceutique
00:37:30l'industrie alimentaire
00:37:32etc. Il est absolument
00:37:34normal et minimum
00:37:36que ces super profits soient repris
00:37:38pour pouvoir
00:37:40restaurer
00:37:42nos services publics et remettre
00:37:44en marche l'économie
00:37:46avec une série d'initiatives
00:37:48à prendre dans le domaine industriel.
00:37:50Donc si vous voulez, moi je distingue bien
00:37:52deux choses. Je distingue
00:37:54comment on traverse
00:37:56le moment actuel et
00:37:58qu'est-ce qu'on met en place à moyen terme.
00:38:00Et il est évident que
00:38:02il y a toute une série de choses
00:38:04qui doivent être faites à moyen terme
00:38:06à commencer par une réforme
00:38:08de la fiscalité. Bon, c'est
00:38:10une chose qui ne plaira pas nécessairement
00:38:12à vos auditeurs mais qui
00:38:14doit être dite. Comment dire
00:38:16la question de la transition écologique
00:38:18elle est indispensable. Donc
00:38:20introduire une taxe
00:38:22en carbone qui
00:38:24remplacerait un certain nombre d'impôts
00:38:26et qui
00:38:28indemniserait ceux qui en
00:38:30sont les premières victimes
00:38:32est une chose indispensable.
00:38:34On a vu ce que ça a donné.
00:38:36C'est encore moins de pouvoir d'achat pour
00:38:38les classes moyennes. Ça a été les gilets jaunes.
00:38:40C'est pour ça que je vous dis
00:38:42attendez, c'est pour ça que je vous dis
00:38:44qui indemnise
00:38:46ceux qui
00:38:48j'ai défendu les gilets jaunes
00:38:50mais
00:38:52pourquoi ? Et les gilets jaunes ont eu
00:38:54parfaitement raison de faire ce qu'ils ont fait
00:38:56parce que c'est une taxe
00:38:58qui portait principalement
00:39:00sur eux. Par contre
00:39:02une taxe carbone, aujourd'hui
00:39:04les grandes entreprises, vous le savez ça
00:39:06les grandes entreprises
00:39:08qui polluent massivement
00:39:10bénéficient d'un
00:39:12ensemble de crédits
00:39:14et de droits à polluer
00:39:16qui leur est gratuit.
00:39:18Par exemple les transporteurs maritimes
00:39:20clairement qui ont une niche fiscale
00:39:22alors que ce sont des grands pollueurs
00:39:24les énergéticiens, etc.
00:39:26Il faut faire bouger notre
00:39:28fiscalité pour aller
00:39:30y compris dans cette direction
00:39:32tout en dédommageant
00:39:34les ménages
00:39:36les plus concernés
00:39:38et qui
00:39:40risqueraient de
00:39:42recevoir cette taxe dans la figure, pour parler
00:39:44vite. Mais je veux dire, c'est pas ça qui
00:39:46doit nous empêcher de bouger.
00:39:48Il va falloir bouger.
00:39:50Merci beaucoup Benjamin Coria.
00:39:52On va s'arrêter là
00:39:54parce qu'il y a beaucoup de choses à dire
00:39:56et on vous réinvitera parce que oui
00:39:58cette question du budget va être
00:40:00brûlante dans les semaines qui viennent
00:40:02et la question bien sûr de la politique budgétaire
00:40:04et de la politique fiscale. On va se retrouver
00:40:06dans un instant avec notre
00:40:08invité pour une heure de 13 à 14 heures
00:40:10qui sera
00:40:12Arnaud Gallet, cofondateur de Mouve Enfant
00:40:14qui va parler des graves dysfonctionnements
00:40:16de l'aide sociale à l'enfance, un scandale
00:40:18national dont on ne parle
00:40:20pas assez mais on est sur Sud Radio
00:40:22et ici on parle vrai. 0826
00:40:24300 300 si vous souhaitez réagir ou poser
00:40:26des questions à notre invité. A tout à l'heure.
00:40:28Sud Radio
00:40:30midi 14h
00:40:32Alexis Poulin, sans réserve.
00:40:34Et on est ensemble
00:40:36jusqu'à 13h avec notre
00:40:38nouvel invité Arnaud Gallet
00:40:40cofondateur de Mouve Enfant, ex-membre de
00:40:42la CIVIS, vous savez c'était ce comité interministériel
00:40:44contre l'inceste, les violences
00:40:46sexuelles faites aux enfants.
00:40:48On va parler des graves dysfonctionnements
00:40:50de l'aide sociale à l'enfance,
00:40:52du devenir de la CIVIS
00:40:54depuis le départ
00:40:56du juge Durand mais aussi de notre invité
00:40:58qui nous expliquera pourquoi il a quitté la CIVIS
00:41:00et ce qu'il en est aujourd'hui. Si vous souhaitez réagir
00:41:02poser vos questions ou
00:41:04simplement nous interpeller 0826
00:41:06300 300 pour contacter
00:41:08le standard de Sud Radio.
00:41:10Bonjour Arnaud Gallet. Bonjour.
00:41:12Merci d'être avec nous. Alors on voit cette semaine
00:41:14de à nouveau
00:41:16l'aide sociale à l'enfance faire la une
00:41:18avec d'abord la prostitution des mineurs
00:41:20organisée autour des hôtels
00:41:22qui accueillent des enfants placés
00:41:24qui ne devraient pas être à l'hôtel mais qui sont
00:41:26la cible de prédateurs et de mafias
00:41:28de trafiquants et de l'autre côté
00:41:30des familles d'accueil qui utilisent
00:41:32l'aide sociale à l'enfance pour générer des revenus
00:41:34et qui maltraitent des enfants
00:41:36en les droguant
00:41:38en les faisant travailler. Enfin un scandale
00:41:40de grande ampleur dans le Nord mais
00:41:42tous les scandales dont on ne parle pas.
00:41:44Comment se fait-il que
00:41:46l'aide sociale à l'enfance soit aussi dysfonctionnelle en France ?
00:41:48Vous savez c'est le fruit d'une
00:41:50absence totale complète
00:41:52de volonté politique. Vous reprenez
00:41:54un peu le fil. Il y avait
00:41:56une alerte, il y a eu plusieurs alertes, il y a eu des documentaires
00:41:58etc. Bref tout ce qu'on sort là malheureusement
00:42:00on le sait en fait systématiquement et c'est ça
00:42:02qui est terrible. Tout le monde savait, tout le monde sait
00:42:04et ce qu'on peut dire en lien avec l'actu aussi
00:42:06qui est quand même le nouveau gouvernement qui est mis en place
00:42:08on n'a pas de ministre en fait de l'enfance.
00:42:10On n'a rien. Donc on se dit en fait
00:42:12qu'on connaît le désastre, ça fait X temps
00:42:14que vous avez des personnes qui prennent
00:42:16je dirais beaucoup de courage etc. qui prennent la parole
00:42:18comme Liès-Loufoc et tant de personnes
00:42:20des professionnels qui étaient encore dans la rue cette semaine
00:42:22pour dénoncer le manque de moyens.
00:42:24Exactement mercredi le manque de moyens
00:42:26et on en est encore là en France en 2024. Pourquoi ?
00:42:28Tout simplement parce que les enfants
00:42:30ne sont pas une priorité dans ce pays
00:42:32et on n'arrête pas de le dire en fait la protection de l'enfance
00:42:34en France c'est digne d'une république bananière
00:42:36en réalité on est dans quelque chose.
00:42:38On n'est pas enfant de la même manière
00:42:40qu'on vit à Paris, dans le Nord
00:42:42à Mayotte, en Martinique
00:42:44enfin on pourrait multiplier
00:42:46donc ça veut dire qu'effectivement on se dit
00:42:48à quel moment est-ce qu'on est dans un état de droit
00:42:50où les droits des enfants sont respectés
00:42:52et là on se dit malheureusement
00:42:54on regarde de ce qui ressort là et encore
00:42:56on le sait, à la limite c'est terrible
00:42:58ce qui sort aujourd'hui comme information
00:43:00mais au moins ça fait partie
00:43:02des choses qu'on parvient à savoir
00:43:04moi j'ai été il n'y a pas très longtemps en Guyane
00:43:06quand on voit par exemple qu'en Guyane
00:43:08vous avez des assistantes familiales
00:43:10qui ont jusqu'à 13 enfants
00:43:12parce qu'on se dit simplement qu'on est en manque de personnel
00:43:14donc on se dit
00:43:16mais on est où en fait ?
00:43:18A quel moment est-ce qu'on respecte ?
00:43:20Alors c'est sympa d'avoir la convention internationale des droits de l'enfant
00:43:22sauf que dans les faits, on regarde des chiffres
00:43:24de ces enquêtes qui sortent
00:43:26vous le rappelez, la CIVIS
00:43:28la commission indépendante sur l'inceste et la violence sexuelle
00:43:30faite aux enfants
00:43:32on dit qu'il y a un enfant en France
00:43:34toutes les 3 minutes victime de violence sexuelle
00:43:36on fait quoi derrière ?
00:43:38On en parlera plus tard de la CIVIS
00:43:40qui avait fait un ensemble de propositions
00:43:42cohérentes pour justement lutter
00:43:44contre ce fléau de l'inceste et des violences sexuelles
00:43:46faites aux enfants qui a été mis à la poubelle
00:43:48on parlera du massacre de la CIVIS
00:43:50organisé par le gouvernement
00:43:52et l'hypocrisie aussi
00:43:54d'entendre
00:43:56Emmanuel Macron, Brigitte Macron dire que
00:43:58oui, l'enfance
00:44:00les violences scolaires, les violences sexuelles
00:44:02c'est une priorité et en réalité
00:44:04il n'y a rien dans les politiques publiées
00:44:06Vous savez, vous en parlez, on parle d'Emmanuel Macron
00:44:08je suis entièrement d'accord, c'est-à-dire qu'on voit bien
00:44:10qu'il y a beaucoup de communication, il y a quelque chose de très empathique
00:44:12il n'y a que de la com' mais je vais vous dire un truc
00:44:14je me suis déplacé moi directement en tant que militant
00:44:16justement de Mouve Enfant, on a
00:44:18des revendications autour justement
00:44:20l'application des 82 préconisations de la CIVIS
00:44:22j'ai été aux journées d'été ELV
00:44:24j'ai été au campus
00:44:26au niveau PS, mais souvent on rencontre
00:44:28des députés, sénatrices, sénateurs
00:44:30qui quand vous allez les voir disent
00:44:32c'est pas mon sujet, moi si quelqu'un veut bien y aller je veux bien suivre
00:44:34et en fait en France c'est que ça en réalité
00:44:36donc on a certaines personnes, on peut les nommer
00:44:38Laurence Rossignol, Isabelle Santiago
00:44:40Maud Petit etc
00:44:42qui vont prendre la parole sur le sujet
00:44:44mais c'est pas l'affaire de tous, et bien souvent d'ailleurs
00:44:46c'est des femmes qui sont identifiées
00:44:48et puis c'est pas la priorité
00:44:50et donc la protection de l'enfance, on voit bien
00:44:52il y avait une commission qui avait été mise en place
00:44:54une commission ASE qui a été balayée
00:44:56avec la dissolution
00:44:58on se rend compte
00:45:00qu'aujourd'hui qui parle de ça
00:45:02ça va être en fait un jeu
00:45:04de est-ce que ça va être dans ma niche parlementaire
00:45:06on est dans des trucs, on se dit
00:45:08les enfants dans ce pays ne sont pas une priorité
00:45:10il n'y a même pas de ministre, on se rend compte quand même
00:45:12quand on voit les chiffres, les scandales qui passent
00:45:14on avait dû pousser dès le début du quinquennat
00:45:16Macron en 2017, rappelez-vous
00:45:18suite à un documentaire sur France 3, on a eu la nomination
00:45:20d'Adrien Taquet en tant que secrétaire d'Etat
00:45:22et qu'est-ce qu'on retient en fait
00:45:24de 2017 à 2024, 7 ans qui passent
00:45:26du vide
00:45:28et toujours les mêmes complications, c'est-à-dire que
00:45:30pourquoi l'aide sociale à l'enfance fonctionne si mal
00:45:32un manque de moyens
00:45:34un manque de places d'accueil, on se retrouve avec des hôtels
00:45:36qui ne sont pas
00:45:38surveillés
00:45:40des éducateurs qui n'ont pas les moyens de faire leur travail
00:45:42et des familles d'accueil qui ne sont pas non plus
00:45:44castées
00:45:46ou recrutées sur de bonnes bases
00:45:48le scandale dans le Nord c'est quand même incroyable
00:45:50c'est un business
00:45:52bien sûr, mais attendez, manque de moyens, manque de contrôle
00:45:54c'est quand même évident
00:45:56et puis évidemment, manque d'application des lois
00:45:58c'est-à-dire que les gamins par exemple qui sont à l'hôtel
00:46:00on a une loi qui est passée, la loi Taquet justement
00:46:02théoriquement, les départements doivent appliquer
00:46:04concrètement
00:46:06qu'est-ce que risquent les départements qui n'appliquent pas
00:46:08qu'est-ce que risquent les départements
00:46:10qui effectivement ne contrôlent pas
00:46:12le casier judiciaire ou autres, ou les agréments
00:46:14d'assistante familiale, mais en réalité pas grand-chose
00:46:16donc ça veut dire que c'est un permis de récidive
00:46:18on peut y aller, c'est pas grave
00:46:20ça passera, ça fera un peu le buzz au bout d'un moment
00:46:22au sein des médias, on en verra effectivement un ou deux
00:46:24activistes, et puis après ça redescendra
00:46:26et bien ça veut dire que c'est un scandale sans nom
00:46:28et malheureusement, on le voit bien, vous parlez de la prostitution
00:46:30c'est terrible, derrière la prostitution bien entendu
00:46:32ce sont des violences sexuelles faites aux enfants, et je me permets
00:46:34sur ce sujet, vous voyez, pour être raccord avec la
00:46:36civise, bien souvent d'ailleurs
00:46:38les enfants victimes de prostitution sont des enfants
00:46:40qui ont été victimes d'inceste, il y a des chiffres qui sortent
00:46:42de plus en plus, je crois qu'il y avait une enquête récemment
00:46:4490%, et là on se dit, donc on est face
00:46:46à un problème de santé publique majeur qu'on connait
00:46:48qu'on n'arrête pas de nous bassiner, je dirais avec ça
00:46:50il y a des prises de parole, on dit aux gens
00:46:52libérez la parole, libérez la parole, libérez la parole
00:46:54pourquoi en réalité ? Pour prendre des risques
00:46:56et pour qu'il ne se passe rien derrière, c'est insupportable
00:46:58et effectivement il y a de quoi être en colère quand on voit une actualité
00:47:00comme celle-là. Oui, mais justement
00:47:02ce travail de la civise qui avait
00:47:04duré trois ans, qui avait libéré la parole comme vous le dites
00:47:06est-ce que tous les gens
00:47:08qui ont témoigné, qui ont
00:47:10travaillé, pensant que les choses avanceraient
00:47:12aujourd'hui se sentent trahis
00:47:14d'une certaine façon ? Moi ce qui est sûr
00:47:16c'est que je suis en contact avec énormément
00:47:18de victimes qui avaient pris la parole et qui effectivement
00:47:20se posaient même la question de retirer leur témoignage
00:47:22en fait, c'est-à-dire que nous
00:47:24l'idée c'est qu'on se sentait
00:47:26au niveau de la civise en fait
00:47:28tout simplement avec le juge Durand, etc.
00:47:30On se disait effectivement, on a un souci de fidélité
00:47:32c'est-à-dire fidélité à cette parole-là qui nous a été faite
00:47:34cette confiance qui nous a été donnée, etc.
00:47:36Là les gens se demandent ce qui se passe
00:47:38Vous savez ce qui se passe vous à la civise, vous êtes au courant de ce qui se passe
00:47:40à la civise depuis le mois de mars dernier ?
00:47:42Il y a eu deux scandales
00:47:44Les démissions, c'est ça ? Je veux dire concrètement
00:47:46sur ce qui devait être mis en place
00:47:48Donc ça veut dire que
00:47:50ce qu'on craignait et ce qui nous a motivés
00:47:52nous à démissionner à un moment donné
00:47:54après l'éviction du juge Édouard Durand
00:47:56malheureusement arrive, et ça c'est terrible
00:47:58terrible pas pour nous mais pour nos petits égos bien entendu
00:48:00terrible parce qu'encore une fois en France
00:48:02vous avez un enfant, je vais le rappeler tout à l'heure
00:48:04qui toutes les trois minutes est violé
00:48:06et là on se dit à quel moment est-ce que les pouvoirs
00:48:08publics agissent et donc on se dit évidemment il y a une responsabilité
00:48:10et jamais l'état français
00:48:12ne répondra de cette responsabilité
00:48:14et ça c'est scandaleux, donc il s'agit aussi
00:48:16de se mobiliser, et moi j'invite les auditrices
00:48:18auditeurs qui nous entendent
00:48:20il ne faut surtout pas se résigner, il faut s'indigner
00:48:22de cette situation, il faut en faire un vrai mouvement
00:48:24citoyen, c'est ce qu'on essaie de faire avec Mouve Enfant
00:48:26c'est bien de se dire
00:48:28la clé est aussi entre nos mains
00:48:30et je pense qu'on va y parvenir, en tout cas
00:48:32vous sentez bien ma détermination et on ne va pas lâcher de ce côté-là
00:48:34Non parce que c'est évidemment
00:48:36ce déni des autorités, le fait que
00:48:38l'enfance ne soit jamais une priorité
00:48:40sauf en matière de communication
00:48:42mais pas de ministère
00:48:44pas de secrétaire d'état, rien
00:48:46au-delà de la civise qui est pourtant
00:48:48ça y est, le travail a été fait
00:48:50on peut dire que les préconisations qui étaient un bloc
00:48:52de mesures à prendre
00:48:54à la fois pour juger les criminels
00:48:56pour entendre la parole des victimes
00:48:58pour protéger aussi
00:49:00éduquer, tout ça est resté
00:49:02lettre morte, à peu près
00:49:04comme d'ailleurs les cahiers de doléances
00:49:06des gilets jaunes, où tout était écrit
00:49:08sur ce qu'il fallait faire, davantage de justice
00:49:10fiscale, etc. On a l'impression
00:49:12qu'en fait, c'est l'inverse
00:49:14qui est fait systématiquement en politique
00:49:16publique que ce qui est demandé par les citoyens
00:49:18Bah oui, et puis on a l'impression surtout
00:49:20qu'on crée des commissions, c'est systématiquement
00:49:22la réponse à une situation de crise
00:49:24un peu comme il y a eu avec le mouvement MeToo, inceste, etc.
00:49:26et puis finalement, qu'est-ce qui se passe derrière ?
00:49:28Vous prenez l'exemple des gilets jaunes, c'est assez juste
00:49:30c'est-à-dire qu'on va répondre, on va essayer de faire quelque chose
00:49:32on fait un petit effet, c'est un coup de magique
00:49:34il y a un truc qui se passe, on a l'impression que je vous ai entendus
00:49:36je vous ai compris, c'est vraiment bien français
00:49:38et puis après, on se rend compte que finalement
00:49:40il y a une supercherie derrière, mais encore une fois
00:49:42ce qui est terrible, ce qui est atroce dans le cadre des violences
00:49:44sexuelles faites aux enfants, c'est que derrière
00:49:46ce sont bien effectivement des crimes sans cadavre
00:49:48donc avec de réels enfants, et avec de vrais adultes
00:49:50aussi qui parlent, qui comme moi ont été victimes
00:49:52quand ils étaient enfants, et c'est de se dire
00:49:54au bout d'un moment, nous ce qu'on demandait simplement au niveau
00:49:56de la civilisation, ça a été balayé d'un revers de main
00:49:58c'est de s'appuyer sur le savoir
00:50:00expérientiel des victimes, c'est-à-dire
00:50:04qu'il y a eu un mouvement sans précédent, rappelons-le
00:50:0633 000 personnes ont témoigné, c'est incroyable
00:50:08et on pouvait se dire qu'on avait le terreau fertile
00:50:10pour aller vers la suite, et là, qu'est-ce qu'il se passe ?
00:50:12là on a eu le terreau fertile pour parvenir au néant
00:50:14enfin je veux dire, on se dit, c'est incroyable
00:50:16c'est insupportable. C'est affreux, surtout que le travail
00:50:18était titanesque avec la confiance que ça demandait
00:50:20pour débloquer la parole
00:50:22et avancer, et aujourd'hui
00:50:24c'est tout l'inverse
00:50:26on va continuer d'en parler
00:50:28avec vous, Arnaud Gallet
00:50:30cofondateur de Mouve Enfant, ex-membre de la Civis
00:50:32de ce scandale
00:50:34du fait que ce pays
00:50:36la France, notre pays
00:50:38s'en fout complètement de ces enfants
00:50:40et ça c'est assez grave. Si vous souhaitez réagir
00:50:42et que vous aussi vous êtes en colère
00:50:44ou poser des questions, 0 826 300 300
00:50:46au standard de Sud Radio
00:50:48à tout de suite.
00:50:50Sud Radio, midi 14h
00:50:52Alexis Poulin, sans réserve
00:50:54Et on se retrouve
00:50:56avec vous, Arnaud Gallet
00:50:58cofondateur de Mouve Enfant, ex-membre de la Civis
00:51:00pour parler des scandales
00:51:02qui secouent l'aide sociale à l'enfance
00:51:04utilisation, maltraitance
00:51:06auprès des enfants placés
00:51:08système de prédation
00:51:10et de proxénétisme
00:51:12des mineurs
00:51:14un vrai déni des autorités
00:51:16et aussi, on pourrait dire
00:51:18une sorte de volonté de ne pas voir des populations
00:51:20il n'y a pas de grand mouvement citoyen
00:51:22actuellement pour dire
00:51:24stop, ça suffit, on n'en peut plus
00:51:26On peine à mettre des personnes à la rue
00:51:28les enfants des plus vulnérables parmi les vulnérables
00:51:30et qui devraient nécessiter forcément
00:51:32encore plus de protection, si j'ose dire, que les autres
00:51:34et c'est ça qui est terrible, c'est de se dire
00:51:36que finalement, les moyens, on les connait
00:51:38il y en a combien qui alertent, combien de fois on nous dit
00:51:40ces scandales-là sortent tout le temps
00:51:42il y a eu des envoyés spécials, caches à investigation
00:51:44tout le monde a été sur le sujet
00:51:46la France Info, etc.
00:51:48et on se dit, mais jamais, et ça passe
00:51:50comme lettre morte, alors si éventuellement
00:51:52sur un malentendu, peut-être qu'on va nous sortir
00:51:54comme le Premier ministre avait oublié
00:51:56le secrétaire d'Etat au niveau du handicap
00:51:58peut-être qu'il va nous sortir une carte au secrétaire d'Etat
00:52:00au niveau de l'enfance, mais nous ce qui nous importe
00:52:02ce n'est pas ça en réalité, ce qui nous importe c'est la volonté politique
00:52:04qui est derrière, ce n'est pas tant d'avoir une personne
00:52:06qui va faire le job
00:52:08soi-disant un peu en termes de com' qui va nous recevoir
00:52:10serrer des mains, comme on dit, des paluches
00:52:12là c'est vraiment de se dire
00:52:14il faut un plan Marshall sur la protection
00:52:16de l'enfance, c'est quelque chose qui est demandé depuis
00:52:18des lustres par les
00:52:20associations, par les militantes et militants
00:52:22et c'est une évidence absolue
00:52:24c'est-à-dire qu'il faut bien se rendre compte en plus que les désastres
00:52:26là-dedans, c'est que les enfants maltraités
00:52:28aujourd'hui qui sont de nouveau maltraités
00:52:30ça donne quoi par la suite
00:52:32en réalité ? Comment est-ce que la société
00:52:34paye aussi de manière générale et puis même
00:52:36financièrement
00:52:38le coût de cet
00:52:40immobilisme et de se laisser aller
00:52:42et c'est insupportable, et encore une fois
00:52:44on le dit, vous parlez de jeunes victimes de prostitution
00:52:46mais quand même il faut se rendre
00:52:48compte de ce que c'est, comment est-ce qu'on sort
00:52:50de la prostitution
00:52:52je veux dire, à quel moment
00:52:54et on sait tout ça, et encore
00:52:56je peux me permettre de dire là-dessus sur la question des prostitutions
00:52:58des jeunes qui devraient être
00:53:00protégés, il y en a plein qui passent sous les radars
00:53:02je vais vous donner un exemple, moi j'ai été directeur général
00:53:04d'une association qui avait des ITEP, donc des ITEP
00:53:06c'est des lieux où on accueille des enfants en situation de handicap
00:53:08moi j'ai vu des professionnels qui au début
00:53:10n'identifiaient pas forcément des personnes
00:53:12en situation de handicap, notamment des jeunes filles
00:53:14comme des personnes victimes de prostitution
00:53:16parce qu'on se disait, vous savez dans l'imaginaire populaire
00:53:18des personnes en situation de handicap
00:53:20donc 90%
00:53:22de l'handicap est dit invisible, donc on ne le voit pas
00:53:24pour certaines c'est oui
00:53:26elles ont une sexualité un peu facile
00:53:28débordante, etc
00:53:30ça vient comme ça, et quand vous creusez un peu le truc
00:53:32et vous dites
00:53:34pour une cigarette ou autre
00:53:36qu'il y a des relations soi-disant sexuelles
00:53:38vous dites ben non en fait, on est dans une situation
00:53:40de prostitution, donc on a un travail
00:53:42martial à faire aussi sur, parmi les vulnérables
00:53:44il y en a qui sont encore plus vulnérables
00:53:46à savoir les enfants en situation de handicap
00:53:48qui vraiment cochent la case MDPH
00:53:50donc la maison départementale
00:53:52de personnes handicapées
00:53:54et qui cochent les cases aussi
00:53:56aide sociale à l'enfance, et ceux-là
00:53:58on n'en parle même pas, je ne suis même pas sûr que c'est dans les 15 000
00:54:00d'aujourd'hui, donc ça veut dire que
00:54:02sincèrement, il faut vraiment
00:54:04qu'il y ait une vraie volonté politique de prendre en compte
00:54:06tout le monde, théoriquement c'est à la hauteur
00:54:08d'un état de droit, je le redis, on est dans une vraie
00:54:10république bananière en matière de protection des enfants
00:54:12les enfants, vous l'avez dit juste avant
00:54:14la coupure, en fait
00:54:16on s'en fout en fait, il faut le dire royalement
00:54:18mais autant le dire comme ça, on a vraiment le sentiment
00:54:20puisque dès qu'il y a des choses qui avancent, dès qu'il y a des choses qui prennent
00:54:22comme la civise avec Edouard Durand et autres
00:54:24on balaye, systématiquement, donc ça veut bien dire qu'on s'en bat
00:54:26les pouvoirs publics balayent, parce que nous aimerions
00:54:28que ça fonctionne
00:54:30avec nous, Philippe de Caen
00:54:32qui souhaitait réagir, bonjour Philippe
00:54:34oui, bonjour Alexis
00:54:36bonjour M. Gallet, M. Gallet
00:54:38bravo pour votre travail
00:54:40je prends l'émission en cours, excusez-moi
00:54:42j'étais même pas au courant du scandale dans le Nord
00:54:44j'ai une question, mais là
00:54:46vous avez reçu un économiste tout à l'heure
00:54:48moi qui me
00:54:50c'est moins l'expression, mais qui me sidère
00:54:52vous avez des directions
00:54:54donc des fonctionnaires, des services d'Etat
00:54:56avant on appelait ça des assistantes sociales
00:54:58qui sont chargées, qui sont payées
00:55:00pour contrôler
00:55:02des gens qui sont placés
00:55:04des jeunes, etc
00:55:06j'ai été un peu cru, mais qu'est-ce que foutent
00:55:08ces
00:55:10organismes d'Etat
00:55:12qu'est-ce qu'ils font
00:55:14de leurs moyens en termes d'hommes
00:55:16je sais qu'ils en ont toujours
00:55:18on va rinquer un peu, parce que
00:55:20dans les territoriales s'embauchent à fond
00:55:22il y a un problème de fonds majeurs
00:55:24il y a une chose aussi
00:55:26il y a quelque chose
00:55:28je vais faire un petit décoffu
00:55:30regardez
00:55:32un peu les contrôleurs
00:55:34je prépare pas, attention à la situation
00:55:36SPA
00:55:38quand il y a un problème
00:55:40maltraitance d'animaux
00:55:42moi j'ai vu, dernièrement j'habite la Normandie
00:55:44il y a plus de 80 chevaux qui ont été repris
00:55:46c'est l'art de bien fonctionner
00:55:48mais là on parle de l'humain
00:55:50qu'est-ce que foutent ces directions
00:55:52avec à la tête
00:55:54des hauts fonctionnaires
00:55:56qui ne font pas leur job sur de l'humain
00:55:58sur des gens qui sont en danger, des gamins qui sont en danger
00:56:00qui sont
00:56:02au sein de familles
00:56:04on va dire des pénardiers
00:56:06ça peut vous rappeler quelque chose
00:56:08dans l'actualité
00:56:10chez les filles
00:56:12des vrais pénardiers
00:56:14moi j'accepte pas ça
00:56:16c'est pour ça qu'on a invité
00:56:18monsieur Gallet
00:56:20merci Philippe de ce témoignage
00:56:22et de cette question
00:56:24c'est vrai qu'il y a le manque de moyens
00:56:26c'est un fait, mais avec les moyens qu'on a
00:56:28comment se fait-il qu'il y ait souvent ces dysfonctionnements
00:56:30des assistantes sociales qui n'ont pas vu
00:56:32des maltraitances, des placements
00:56:34qui ne fonctionnent pas
00:56:36pourquoi ça dysfonctionne autant ?
00:56:38ce qu'on peut dire aujourd'hui c'est que les moyens alloués
00:56:40au niveau de la protection de l'enfant sont considérables
00:56:42par rapport à d'autres secteurs comme
00:56:44l'hébergement, etc
00:56:46pour différentes raisons
00:56:48la vraie question, et je rejoins parfaitement ce que dit Philippe
00:56:50c'est que c'est la manière dont on vient
00:56:52utiliser cet argent
00:56:54et là il n'y a pas de contrôle, malgré les lois
00:56:56qui existent, rien n'est appliqué
00:56:58sur les départements en fait
00:57:00il n'y a pas du tout de...
00:57:02vous avez quand même des réformes qui ont eu lieu depuis 2002
00:57:04autour de la démarche qualité, etc
00:57:06on est toujours parvenu
00:57:08à déjouer un peu le système
00:57:10sans que ça pose de problème à personne
00:57:12et à un moment donné, on en arrive à ce niveau-là
00:57:14et puis vous savez, au niveau du coût, pour revenir
00:57:16justement à quelque chose qui a été
00:57:18chiffré au niveau de la civise, pour se détourner
00:57:20de la question de la protection de l'enfance au sens large
00:57:22et ce que dit Philippe est très juste, la civise on avait évalué
00:57:24ce qu'on appelle le coût du déni
00:57:269,7 milliards
00:57:28ça veut dire que cet argent qu'on investit de manière
00:57:30assez importante aujourd'hui, avant même
00:57:32de se dire qu'on en manque en réalité
00:57:34il faudrait qu'on soit en capacité de savoir comment est-ce qu'on l'utilise
00:57:36et donc aujourd'hui on ne le sait pas, et on voit bien
00:57:38vous le dites, regardez le scandale
00:57:40de certains assistants familiaux qui malheureusement
00:57:42ne sont pas représentatifs de l'ensemble
00:57:44c'est important de le dire ici
00:57:46mais qui néanmoins arrivent
00:57:48à se faire une place dans le système
00:57:50et donc à faire quoi ? à s'enrichir
00:57:52il faut dire les choses clairement, et vous avez
00:57:54certaines associations et autres, il faut dire aussi
00:57:56les choses clairement, qui sont
00:57:58un peu dans le même truc et qui se disent...
00:58:00il n'y a pas de contrôle en fait réellement
00:58:02il n'y a pas de contrôle, donc il faut qu'il y ait plus de contrôle
00:58:04il faut que l'Etat reprenne les choses, il faut qu'on se dise
00:58:06mettons-nous à hauteur d'enfants, comme le disait quand même
00:58:08Edouard Durand, et soyons quand même responsables
00:58:10respectueux au niveau des enfants
00:58:12les enfants ont des droits, appliquons-les, c'est la chose qu'on demande
00:58:14c'est la moindre des choses, et malheureusement
00:58:16aujourd'hui, on se rend compte que
00:58:18cet argent-là finalement
00:58:20allez, on se donne bonne conscience, on va essayer tant bien que mal
00:58:22de le dépenser, et de toute façon les enfants
00:58:24comme ils ne votent pas finalement, et comme c'est des enfants plus
00:58:26qui sont délaissés, parce que
00:58:28significativement, on va dire que
00:58:30les parents ne sont pas responsables ou autre
00:58:32et bien on ne s'y intéresse pas, mais je
00:58:34vous ferais remarquer que ce n'est pas nouveau
00:58:36quand même, les enfants
00:58:38de l'aide sociale à l'enfance, c'est les anciens
00:58:40enfants de l'ADA, c'est les anciens
00:58:42enfants, vous voyez, j'avais un grand-père qui avait
00:58:44abandonné, qu'on appelait le bâtard
00:58:46à l'école, etc, c'est tous ces enfants-là
00:58:48en réalité, encore aujourd'hui
00:58:50on en est là en 2024, donc à un moment donné
00:58:52on est quand même en 2024, il serait
00:58:54grand temps quand même qu'on montre un peu de modernité
00:58:56et qu'on arrête un peu cet archaïsme
00:58:58à la française, parce que c'est scandaleux
00:59:00de l'humanité plus que de la modernité aussi
00:59:02on va se retrouver dans un instant avec
00:59:04vous Arnaud Gallet et vous
00:59:06les auditeurs 0826 300 300
00:59:08pour réagir, pour parler du scandale
00:59:10de l'aide à l'enfance et
00:59:12de la protection de l'enfance au sens large
00:59:14sur Sud Radio, à tout de suite
00:59:16Sud Radio, midi
00:59:1814h, Alexis Poulin
00:59:20sans réserve
00:59:22et on se retrouve jusqu'à 14h
00:59:24avec notre invité Arnaud Gallet
00:59:26cofondateur de Mouve Enfant, ex-membre de la
00:59:28civis pour parler de la protection de l'enfance
00:59:30et de ses graves manquements
00:59:32on le disait en première partie, chacun
00:59:34se renvoie la balle, en réalité, peu de contrôle
00:59:36peu de moyens, pas assez de moyens, et pourtant
00:59:38avec ce qui existe, on a l'impression que
00:59:40on ne s'occupe pas des enfants dans ce pays
00:59:42vous le disiez, c'est
00:59:44les départements qui ne font pas leur travail
00:59:46et si ce n'est pas eux, ce sera ensuite
00:59:48chacun de se défausser, en réalité
00:59:50on a l'impression que c'est le problème de personne
00:59:52la protection des enfances
00:59:54oui exactement, c'est-à-dire que de toute façon
00:59:56on voit aussi que le défenseur des enfants
00:59:58lui-même a alerté à plusieurs reprises
01:00:00sur cette situation-là, rien n'est fait
01:00:02en fin de compte, donc on se dote d'autorités
01:00:04indépendantes, c'est très bien à gérer au demeurant
01:00:06et finalement on ne fait rien de ce qu'elles font
01:00:08on les rend inutiles d'une certaine façon
01:00:10bien sûr, on les rend inutiles, et pourtant
01:00:12elles travaillent, je veux dire, on a quand même les équipes
01:00:14du défenseur des enfants et de la défenseure
01:00:16des droits, qui sont au travail
01:00:18sur ces questions-là, et qui n'arrêtent pas
01:00:20de tirer le signal d'alarme depuis
01:00:22des années, après je vous dis, ça fait
01:00:24maintenant depuis 2017 qu'Emmanuel Macron
01:00:26est à la tête du pays, ça fait quasiment
01:00:28depuis 2017 aussi qu'il y a quand même
01:00:30ce cri d'alarme, alors il existe
01:00:32quand même bien avant, sauf que là on juge sur ce qui
01:00:34se passe, et on le redit encore maintenant
01:00:36je le dis avec force, je ne comprends pas
01:00:38comment on peut en 2024
01:00:40avoir uniquement, on a une ministre
01:00:42de la famille, c'est-à-dire qu'on nous dit d'un côté
01:00:44les violences
01:00:46ont très souvent lieu
01:00:48au sein de la famille, alors 80%
01:00:50d'entre elles, et on vient
01:00:52renforcer un peu la dimension
01:00:54sacrée de la famille aujourd'hui avec le gouvernement
01:00:56en oubliant complètement les enfants, etc
01:00:58je veux dire, à un moment donné, il faut qu'on arrête
01:01:00il faut qu'on arrête de nous raconter des histoires
01:01:02sinon il ne faut pas mettre en place de commissions
01:01:04qui peuvent aussi coûter aux contribuables, etc
01:01:06et puis il faut qu'on ferme bien les yeux, etc
01:01:08sauf qu'il y a la loi, et la loi aujourd'hui
01:01:10les départements doivent l'appliquer
01:01:12ils ne le font pas, c'est scandaleux
01:01:14ce qui se passe dans le Nord, et franchement
01:01:16à un moment donné, il faudrait peut-être qu'il y ait de vraies sanctions bien lourdes
01:01:18pour qu'on soit en capacité
01:01:20réellement de comprendre quels sont les enjeux
01:01:22et le mal qui est fait au niveau des enfants
01:01:24et là aujourd'hui, on a l'impression
01:01:26que c'est le régime de l'impunité, tout est impunité
01:01:28les personnes morales
01:01:30départements, etc, pas de problème, c'est l'impunité
01:01:32les personnes qui sont agresseurs
01:01:34dans le cadre de violences sexuelles
01:01:36rappelons-le quand même, les chiffres, moins de 3%
01:01:38des agresseurs en France sont condamnés
01:01:40moins de 1% en cas d'inceste
01:01:42c'est le permis de récidive
01:01:44c'est l'impunité la plus totale
01:01:46mais pourquoi la France qui est quand même...
01:01:48parce qu'il n'y a pas de volonté
01:01:50à ce niveau-là de déni sur un sujet aussi important
01:01:52parce que les enfants n'existent pas, parce que les enfants n'ont pas de droit
01:01:54en France, c'est ça en fait ce que ça signifie
01:01:56ça signifie ni plus ni moins qu'on aime bien
01:01:58avoir des enfants qu'on met
01:02:00en scène dans des pubs qui sont très sympas
01:02:02avec beaucoup de sourire, etc, dans les faits
01:02:04dire un enfant meurt tous les 4-5 jours
01:02:06sous les coups de ses parents
01:02:08un enfant est violé toutes les 3 minutes, etc
01:02:10ça, il faut surtout fermer les yeux, il ne faut surtout pas en parler
01:02:12mais c'est des chiffres qui sont inentendables en fait
01:02:14quand vous dites ça, les gens vont dire mais c'est pas possible
01:02:16et pourtant, c'est bien la réalité
01:02:18c'est ce qu'on a pas arrêté de dire quand il y avait
01:02:20effectivement l'ancienne civisme, parce que là on les entend plus beaucoup
01:02:22et malheureusement
01:02:24et malheureusement
01:02:26on en est là aujourd'hui, mais parce qu'il y a une absence
01:02:28totale de volonté politique
01:02:30au plus haut niveau, et c'est un scandale d'Etat
01:02:32et là, ce qu'on dit là, c'est que
01:02:34l'Etat français a du sang sur les mains quand on voit
01:02:36effectivement ces jeunes qui sont donc des jeunes à protéger
01:02:38etc, et moi j'ai une pensée bien entendu
01:02:40pour tous les enfants placés qui vivent dans des situations
01:02:42atroces, et franchement
01:02:44la France se défausse de sa responsabilité, c'est d'une gravité
01:02:46extrême.
01:02:48On a avec nous
01:02:50une auditrice Catherine des Yvelines
01:02:52qui souhaitait réagir, bonjour Catherine
01:02:54Oui, bonjour
01:02:56On vous écoute
01:02:58Oui, j'appelle
01:03:00parce que j'ai pris l'émission
01:03:02en cours de route, donc j'ai pas
01:03:04tout entendu
01:03:06mais j'ai entendu
01:03:08qu'on parlait de la civise
01:03:10donc moi j'ai témoigné
01:03:12de mon histoire
01:03:14sur internet, je me suis déplacée
01:03:16je suis allée à une réunion
01:03:18c'est vrai que c'était assez poignant
01:03:20d'entendre tous ces témoignages
01:03:22de mamans
01:03:24dont les enfants sont
01:03:26sont maltraités
01:03:28et que ça ne bouge pas
01:03:32enfin, mon appel
01:03:34c'est pour dire, mais comment aider
01:03:36parce que ça fait quelques années
01:03:38maintenant que j'essaye
01:03:40de contacter des associations
01:03:42de proposer mon aide
01:03:44parce qu'en fait ce qu'il faudrait faire c'est de la prévention
01:03:46c'est de la prévention
01:03:48parce que soigner c'est bien
01:03:50mais en attendant
01:03:52ça continue à se développer puisqu'on dit
01:03:54que quand on a subi souvent
01:03:56on reproduit, ce qui n'est pas mon cas, heureusement
01:03:58donc il faut
01:04:00faire la prévention pour
01:04:02justement éviter
01:04:04qu'on parle, etc.
01:04:06et que ça évite de se développer
01:04:08et bon, moi j'ai encore
01:04:10pas trouvé comment
01:04:12aider, il ne faut pas de réponse
01:04:14à mes questions
01:04:16comment faire pour faire avancer les choses
01:04:18à son petit niveau
01:04:20et la prévention, c'est un gros sujet aussi
01:04:22alors Catherine, vous avez entièrement raison
01:04:24ce que je rajouterais quand même, c'est que ce que demandait
01:04:26la Civis dans son rapport, c'est l'application de 82
01:04:28préconisations qui s'inscrivent aussi bien dans de la prévention
01:04:30de la protection, bref, c'est tout le système
01:04:32qui a changé, c'est ce qu'on a appelé nous-mêmes d'ailleurs une doctrine
01:04:34qui est par ailleurs, qui a été portée effectivement
01:04:36par l'enseigne Civis
01:04:38en fait, ce qu'il faut bien comprendre aujourd'hui, c'est le manque de volonté politique
01:04:40prenez un exemple, par exemple
01:04:42un pays comme la Suède
01:04:44en 1979, ils ont dit
01:04:46on voit qu'aujourd'hui, ils ont
01:04:48moins d'enfants placés, etc. bref, il y a des chiffres
01:04:50qui parlent, qu'est-ce qu'ils ont fait ?
01:04:52il y a eu de la volonté politique, donc moi ce que j'invite
01:04:54si je peux inviter Catherine, effectivement
01:04:56au niveau de Mouve Enfant, par exemple, nous, ce que nous faisons
01:04:58aujourd'hui, notre combat, il est uniquement politique
01:05:00il est de se dire aujourd'hui, en fait, les solutions
01:05:02on les connaît, appliquons-les, remportons
01:05:04des victoires, et c'est ça en fait le sujet, c'est-à-dire que
01:05:06on a l'impression aujourd'hui, alors
01:05:08ce qu'il faut dire aussi à Catherine, et c'est important ce qu'elle a dit
01:05:10c'est-à-dire qu'aujourd'hui, le constat fait par la Civis
01:05:12en réalité, c'est que les enfants parlent
01:05:14nous ne sommes pas capables de les protéger, et ça c'est important
01:05:16aussi, c'est-à-dire que je suis d'accord avec ce que dit Catherine
01:05:18sauf que là où le bas blesse
01:05:20c'est qu'aujourd'hui, quand un enfant parle, souvent on lui dit
01:05:22bon, ben c'est bon, parce que soit on se dit
01:05:24la justice ne va pas suivre, donc il ne faudrait surtout pas que l'exposer
01:05:26à une autre violence, qu'on appelle
01:05:28est-ce que la Cour Européenne des Droits de l'Homme
01:05:30a appelé en fait une victimisation secondaire
01:05:32c'est-à-dire que les enfants sont en fait broyés
01:05:34comme d'autres victimes, on le voit aujourd'hui avec le procès
01:05:36de Gisèle Pellicot quand même, quand on voit comment ça se passe
01:05:38il y a quand même des questions qui doivent se poser
01:05:40et donc ça veut dire quoi ? Ben ça veut dire qu'il faut un engagement
01:05:42citoyen, donc Catherine vous avez raison
01:05:44il faut se mobiliser en fait
01:05:46il faut un engagement citoyen
01:05:48c'est ce que nous faisons avec Move Enfant, c'est que
01:05:50nous sommes le Greenpeace de la protection des enfants, on invite les personnes
01:05:52à nous rejoindre, n'hésitez pas, on a notre site internet
01:05:54etc. Et nous ce qu'on souhaite en fait
01:05:56c'est une vraie mobilisation en fait de la société
01:05:58civile, et peut-être que la société civile
01:06:00en s'organisant, en créant ce mouvement-là
01:06:02et ben sûrement effectivement qu'au bout d'un moment les politiques
01:06:04s'aideront et arriveront à en faire une priorité
01:06:06et arrêteront de nous dire
01:06:08bon ben c'est pas ma priorité, je suis pas expert du sujet, on a l'impression
01:06:10qu'il faut être absolument, je sais pas, médecin ou avocat
01:06:12etc. pour s'intéresser à ce sujet, c'est incroyable
01:06:14On a l'impression qu'on veut mettre ce sujet
01:06:16très loin dans un coin et ne pas
01:06:18en faire un sujet au centre de la pièce qui est pourtant
01:06:20centrale pour moi, qui est l'avenir
01:06:22de ce pays, les enfants.
01:06:24La question de la civise justement
01:06:26vous le dites aujourd'hui, on ne sait pas trop ce qu'elle fait
01:06:28Pourquoi
01:06:30on en est arrivé là ?
01:06:32Qui a décidé de démettre
01:06:34le juge Durand de ses fonctions ?
01:06:36Et qui a décidé de faire de la civise
01:06:38une coquille vide ?
01:06:40Ben écoutez, on n'a jamais eu réellement de réponse
01:06:42en fait sur la question de qui a décidé de l'éviction du juge Durand
01:06:44parce que pour le dire avec un peu d'humour
01:06:46on a été remerciés en disant que c'était un travail formidable
01:06:48et en même temps c'était tellement formidable qu'on a été mis dehors
01:06:50donc ça veut dire que ça dit quand même quelque chose
01:06:52et on voit surtout, permets-toi de le dire
01:06:54que depuis
01:06:56le 20 novembre
01:06:582023
01:07:00date de la présentation publique du rapport
01:07:02il ne se passe pas grand chose
01:07:04la seule chose qu'il y a eu au passage
01:07:06c'est un spot publicitaire
01:07:08avec une petite fille qui parle
01:07:10enfin une petite fille qu'on voit dans la vidéo
01:07:12et d'ailleurs avec un mauvais message à mon sens, c'est-à-dire
01:07:14aidons la petite fille à parler pour qu'elle se libère un peu de son secret
01:07:16sauf que je le redis, en fait ce qu'a démontré
01:07:18la civisme c'est que les enfants parlent
01:07:20donc c'est plutôt aidons les adultes à protéger les enfants
01:07:22c'est plutôt ça le message mais ils ne l'ont pas encore compris
01:07:24donc moi ce que je pense
01:07:26ben effectivement la lecture elle est assez claire
01:07:28c'est l'immobilisme, il se passe quelque chose
01:07:30moi je lisais ce matin de la civisme
01:07:32même qui nous apprend, j'ai pris mon portable pour le nommer
01:07:34parce que j'ai un peu de mal, nous dire
01:07:36que prochainement on va avoir une enquête
01:07:38qui va être révélée, et moi elle est vraiment tombe
01:07:40les résultats d'une enquête inédite
01:07:42sur les représentations
01:07:44des français
01:07:46du risque pédocriminel
01:07:48c'est-à-dire que nous jusqu'à présent
01:07:50au niveau de la civisme, on avait dit en fait, on s'est pas intéressé
01:07:52aux représentations du risque, on a dit
01:07:54les chiffres sont ceux-là, on a eu 33 000 personnes
01:07:56qui nous ont parlé, voilà ce qu'il se passe etc
01:07:58avec des enjeux en matière de santé publique etc
01:08:00et là on nous parle de quoi ?
01:08:02d'un risque pédocriminel
01:08:04d'un sondage et puis d'un risque pédocriminel
01:08:06où sont les agresseurs, où sont les victimes
01:08:08etc etc, je veux dire, on déshumanise
01:08:10les choses, donc aujourd'hui on a des actions
01:08:12ce qu'on demande quand même
01:08:14ce sondage est fait par une association
01:08:16c'est une association e-enfance
01:08:18qui en plus appartient à la civilisation
01:08:20moi j'ai une question, est-ce qu'ils ont reçu de l'argent là-dedans
01:08:22j'en sais absolument rien, c'est une question quand même qui peut être posée
01:08:24c'est une commission indépendante etc
01:08:26est-ce que normalement on est là, j'en sais rien pour mener
01:08:28des enquêtes soi-même
01:08:30c'est quasiment un sondage d'opinion
01:08:32moi je suis désolé, les bras m'entendent, je me dis effectivement
01:08:34si la suite logique effectivement c'est que ça prenne
01:08:36et qu'on soit en capacité de voir comment est-ce qu'on peut appliquer
01:08:38y compris sur tous les territoires, y compris les territoires
01:08:40ultramarins etc, sur tous les territoires
01:08:42les préconisations de la civise
01:08:44pour moi, si maintenant on parle d'une
01:08:46représentation d'un risque pédocriminal
01:08:48déjà, est-ce que les auditeurs comprennent
01:08:50ce que c'est une représentation d'un risque
01:08:52pédocriminal, moi j'ai un peu de mal en fait
01:08:54et donc je me dis à un moment donné, alors bien sûr
01:08:56ça va être présenté, ça se base aussi sur différentes choses
01:08:58je dis pas que le sujet ne peut pas être intéressant, je dis simplement
01:09:00qu'en termes de priorité, la priorité c'est de se dire
01:09:02qu'on a un enfant
01:09:04qui est violé toutes les 3 minutes
01:09:06on a moins de 3% des agresseurs
01:09:08qui sont condamnés, on a moins de 1%
01:09:10dans les situations d'inceste
01:09:12on a 73% des plaintes qui sont classées
01:09:14sans suite, on a une absence
01:09:16de soins adaptés effectivement pour des enfants
01:09:18on a des mères protectrices
01:09:20qui quand elles viennent
01:09:22elles veulent protéger leurs enfants, qui se retrouvent
01:09:24condamnées etc, et donc la priorité
01:09:26on va nous dire aujourd'hui, c'est d'évaluer
01:09:28une représentation d'un risque
01:09:30pédocriminal, enfin sincèrement
01:09:32c'est lunaire ce truc, on est où
01:09:34bon sang, on est où, alors même qu'on a des enfants
01:09:36je rappelle qu'il y a une victime sur 2
01:09:38de violences sexuelles dans ce pays
01:09:40une victime sur 2 qui fait une tentative de suicide
01:09:42on parle de quelque chose qui est de l'ordre
01:09:44d'un crime sans cadavre, et on a des gens
01:09:46qui vont nous pondre des sondages
01:09:48mais franchement qui sont loin, enfin je veux dire
01:09:50les français s'intéressent à la représentation
01:09:52d'un risque pédocriminal, sérieusement
01:09:54ou les français s'intéressent par exemple
01:09:56ils savent pas quoi faire, ils sont démunis
01:09:58quand on a un enfant qui est victime de maltraitance
01:10:00parce qu'on sait pas quoi faire, parce que c'est ça le sujet en réalité
01:10:02on ne sait pas protéger les enfants dans ce pays
01:10:04franchement évaluer le risque pédocriminal
01:10:06c'est même plus lunaire, je sais même pas comment le dire
01:10:08mais surtout que les
01:10:10recommandations de la civisme vont bien au-delà
01:10:12d'évaluer un risque, ils parlent
01:10:14de la réalité, d'une sordide
01:10:16réalité, aujourd'hui on
01:10:18devrait demander à chaque ministère
01:10:20la justice, l'enfance
01:10:22qui n'existe pas, mais la famille
01:10:24de faire le travail qu'on leur demande
01:10:26et puis un budget qui va enfin mettre
01:10:28les moyens, mais des moyens contrôlés
01:10:30au niveau des autorités
01:10:32locales, au niveau aussi de l'état central
01:10:34pour que ces situations
01:10:36ne se reproduisent pas.
01:10:38Ça devrait être une priorité absolue, il devrait y avoir un ministère
01:10:40qui devrait dire, ne serait-ce que là-dessus, vu le retard considérable
01:10:42qu'on a, mais à tous les niveaux
01:10:44je veux dire, on le voit bien
01:10:46il y a la loi de 2019
01:10:48loi contre la FEC etc
01:10:50quels moyens, vous voyez moi je suis
01:10:52trésorier de StopVO
01:10:54Stop Violence Educative Ordinaire, quels moyens sont mis ?
01:10:56On vote des lois en France, c'est génial, c'est formidable
01:10:58alors les gens font, ouais la FEC quand même
01:11:00elle n'a jamais fait de mal, donc on laisse tout en temps
01:11:02il y a eu des scandales quand même à la rentrée
01:11:04bien sûr, je le dis en caricaturant
01:11:06mais là où les Suédois, ça date de 1979
01:11:08il y a un se rendre compte quand même
01:11:10on a beaucoup de retard
01:11:12et on a aussi une certaine
01:11:14impunité en fait, des violeurs
01:11:16et des incestueux dans ce pays
01:11:18donc les enfants n'existent pas, les enfants ne sont pas
01:11:20sujet de droit en fait, et nous on se bat
01:11:22pour dire que la France a ratifié
01:11:24la convention internationale des droits de l'enfant
01:11:26la France théoriquement doit reconnaître
01:11:28effectivement les enfants en tant que sujet de droit
01:11:30et au bout d'un moment on doit faire en sorte surtout de les
01:11:32protéger parce que les enfants sont de fait
01:11:34vulnérables, et qu'est-ce qui se passe ?
01:11:36Effectivement, vous l'avez dit, vu les chiffres, franchement
01:11:38c'est l'hécatombe, enfin je veux dire
01:11:40c'est même plus l'hémorragie, on ne sait même plus comment l'appeler
01:11:42et on nous vend à chaque fois quelque chose, on ne sait même pas ce qui se passe
01:11:44et vous l'avez dit, après c'est des jeux de manches
01:11:46avec des petites communications, etc
01:11:48on ne sait pas trop ce qui se passe, au final
01:11:50c'est surtout le jeu des scandales, les 15 000
01:11:52enfants, comment dire, victimes de prostitution
01:11:54de l'aide sociale à l'enfant, c'est une honte absolue
01:11:56il va y avoir une condamnation de l'Etat français
01:11:58et on n'en passe et des meilleures, avec effectivement ce qui ressort en plus
01:12:00aujourd'hui, ce qui se passe dans le Nord, enfin franchement
01:12:02elle est où la responsabilité ?
01:12:04On a avec nous un auditeur, Laurent
01:12:06de Mayenne, bonjour Laurent
01:12:08Bonjour Alexis, bonjour
01:12:10Monsieur Gallet
01:12:12Moi aussi j'ai une question
01:12:14que j'ai développée, et en fait
01:12:16est-ce qu'on ne voit pas la vérité aux enfants ?
01:12:18Moi je me présente
01:12:20je suis soignant de nuit depuis 6 ans
01:12:22dans les structures d'enfants en difficulté
01:12:24familiales, et
01:12:26moi je suis un défonceur de la cause des
01:12:28enfants cabossés, pour l'avoir moi-même été
01:12:30et
01:12:32tous ces enfants dans ces structures
01:12:34qui ont vécu des traumatismes
01:12:36des blessures archaïques
01:12:38parce qu'ils n'en ont pas conscience
01:12:40ça serait peut-être quand même assez pertinent
01:12:42de leur expliquer
01:12:44un peu ce qui leur est arrivé
01:12:46moi je trouve que
01:12:48c'est une institution laser
01:12:50c'est un peu poussiéreux, il serait bien
01:12:52inspiré d'innover un peu
01:12:54voilà, c'est de leur expliquer
01:12:56bah oui
01:12:58parce qu'ils n'ont pas conscience des traumas qu'ils ont vécu
01:13:00et peut-être avec des moments qu'ils comprennent
01:13:02leur expliquer, bah voilà ce qui t'arrive
01:13:04et leur dire même, quand tu seras adulte
01:13:06et ce serait même bien avant
01:13:08tu auras des choses à libérer et à guérir
01:13:10moi je prends l'exemple de Liès Loufoc
01:13:12on voit Liès aujourd'hui
01:13:14on se dit, ça va lui, il s'est bien remis de tout ça
01:13:16et bien n'empêche
01:13:18que Liès dit quand même
01:13:20qu'il va avoir des thérapeutes
01:13:22parce qu'il y a à guérir des blessures
01:13:24des traumas qu'il a connus
01:13:26est-ce qu'on ne leur doit pas la vérité aux enfants, leur dire
01:13:28bah oui, il t'est arrivé des choses traumatisantes
01:13:30dans ton enfance et tu auras
01:13:32à guérir et à libérer
01:13:34est-ce que les éducateurs
01:13:36ne seraient pas un peu inspirés
01:13:38d'être dans cette démarche, de leur tenir
01:13:40ce discours et de commencer cet accompagnement
01:13:42Merci Laurent
01:13:44pour ce témoignage, alors oui c'est vrai
01:13:46le rôle des éducateurs et puis le long parcours
01:13:48des survivants, des victimes
01:13:50après une agression sexuelle
01:13:52aussi grave
01:13:54Moi je retiens quelque chose, Laurent, de ce que vous avez dit
01:13:56qui me semble essentiel, c'est le mot vérité
01:13:58si on fait le parallèle avec ce qui se passe
01:14:00par exemple en Afrique du Sud, avec l'Apartheid
01:14:02ils ont mis en place des commissions vérités
01:14:04c'est-à-dire que quand on est face à un massacre de masse
01:14:06à un moment donné, on ne peut pas juger tout le monde
01:14:08c'est peut-être compliqué, par contre on peut se dire que
01:14:10on peut être dans une forme de commission vérité
01:14:12qui nous permet de ne pas reproduire ce système-là indéfiniment
01:14:14et donc c'est quel moyen met-on ?
01:14:16soit on laisse les gens en freestyle
01:14:18sur les réseaux sociaux, qui viennent dénoncer des choses
01:14:20et c'est le cas du mouvement MeToo
01:14:22qui certains chercheurs, je le dis, notamment
01:14:24de l'université de Bayonne, avec toute une équipe
01:14:26de recherche en droit, qui disent bien que
01:14:28MeToo, c'est une forme de commission vérité
01:14:30et donc au bout d'un moment, quel moyen
01:14:32est-ce qu'on se donne pour se dire, on entend cette parole-là
01:14:34on se sert du savoir expérientiel
01:14:36et donc on a en capacité de se dire
01:14:38on va arrêter, mais on ne sait pas en fait
01:14:40écoutez Laurent, des gens qui travaillent dans ce secteur-là
01:14:42ils parlent de liesse loufoque, etc
01:14:44il a raison, on doit la vérité, on doit s'appuyer aussi
01:14:46sur ce que les enfants nous disent, on doit s'appuyer
01:14:48sur le savoir expérientiel des victimes
01:14:50et ensemble c'est la vérité qui peut ressortir
01:14:52et on peut être en capacité de faire bouger les choses
01:14:54de les faire avancer, parce que la politique c'est ça
01:14:56la politique c'est le progrès quand même
01:14:58c'est le positif
01:15:00là franchement, quand vous lisez de l'actualité comme ça
01:15:02vous avez l'impression qu'on touche le fond à chaque fois
01:15:04et le fond est encore plus profond à chaque fois
01:15:06donc on se demande sur ce qu'on va aller
01:15:08surtout avec des faux espoirs, comme une commission comme la CIVIS
01:15:10qui avait suscité énormément de paroles
01:15:12énormément d'espoir aussi
01:15:14sur le fait qu'enfin
01:15:16ce sujet-là était pris au sérieux
01:15:18et au final non
01:15:20ce qui est pour moi vraiment une violence supplémentaire
01:15:22c'est une tromperie pour les personnes qui nous ont fait confiance
01:15:24alors on va en parler
01:15:26pour la suite et la fin de cette émission
01:15:28avec voir nos galets
01:15:30jusqu'à 14h, si vous souhaitez nous joindre
01:15:320826 300 300
01:15:34à tout de suite sur Sud Radio
01:15:36Sud Radio, midi 14h
01:15:38Alexis Poulin
01:15:40sans réserve
01:15:42et on se retrouve pour la dernière partie de l'émission
01:15:44avec Arnaud Gallec au fondateur de Move Enfant
01:15:46avec ce membre de la CIVIS pour parler de cet épineux dossier
01:15:48de la protection de l'enfance
01:15:50et du tabou français finalement
01:15:52où on fait semblant, on avance, on fait du sur place
01:15:54et toujours, toujours
01:15:56l'enfant qui en fait les frais, malheureusement
01:15:58enfant victime
01:16:00enfant qu'on n'écoute pas
01:16:02et pourtant il veut parler
01:16:04c'était d'ailleurs l'intérêt de la CIVIS de libérer cette parole
01:16:06et de dire, on te croit, on t'écoute
01:16:08et on te comprend
01:16:10et on te protège surtout
01:16:12parce que la protection, elle n'est pas là du tout
01:16:14alors nous aussi on donne la parole aux auditeurs
01:16:16vous êtes nombreux à appeler aujourd'hui
01:16:18on a avec nous Valérie Dutharne
01:16:20qui souhaitait réagir également, bonjour Valérie
01:16:22oui, bonjour Alexis
01:16:24bonjour Arnaud
01:16:26excusez-moi, je suis un petit peu émue
01:16:28je délivrerai
01:16:30le témoignage de par ma
01:16:32passe de victime quand j'ai été
01:16:34mineure, victime de viol
01:16:36et aussi de mon expérience
01:16:38dans le médico-social auprès d'enfants
01:16:40donc enfants
01:16:42en camp, j'ai travaillé donc en camp de réactif
01:16:44alors d'une part
01:16:46pour dire qu'en tant que victime
01:16:48suite au mouvement MeToo
01:16:50j'ai été touchée par pas mal d'amis
01:16:52dans mon entourage
01:16:54j'ai décidé d'aller porter plainte en fait
01:16:56sachant que c'était prescrit
01:16:58donc le procureur a décidé quand même
01:17:00de faire une enquête assez poussée
01:17:02d'arriver jusqu'à la confrontation
01:17:04et en fait au final juste pour vous dire
01:17:06que
01:17:08malgré les aveux
01:17:10de viol
01:17:12mon agresseur, donc je savais qu'il n'y aurait pas
01:17:14de procès puisque prescrit mais il n'y a même pas eu
01:17:16il a été, il n'y a même pas eu
01:17:18il n'a même pas été
01:17:20pour, comment on dit ça
01:17:22manque de
01:17:24en fait
01:17:26pour manque de preuve en fait, ils ont considéré
01:17:28que je n'étais même pas victime puisque
01:17:30l'institut a considéré
01:17:32qu'il n'y avait pas
01:17:34de preuve de non consentement
01:17:36suffisamment d'éléments caractérisés
01:17:38quoi
01:17:40alors qu'il y a des aveux
01:17:42de sa part c'est ça
01:17:44ah oui il y a eu des aveux
01:17:46il savait que j'étais mineure puisque amie de la famille
01:17:48voilà donc mon sentiment
01:17:50c'est que quand même moi
01:17:52j'en suis à un état
01:17:54donc je suis à un état
01:17:56où j'ai pas confiance du tout à la victime
01:17:58pendant la justice
01:18:00et que j'ai, mon regret
01:18:02c'est d'être entrée dans cette procédure en fait
01:18:04puisque je crois que je suis plus mal
01:18:06là je suis dans le même état où j'étais
01:18:08quand j'étais pré-ado après les
01:18:10c'est terrible, c'est à dire c'est à réveiller des blessures
01:18:12et vous êtes une deuxième fois victime, victime de la justice
01:18:14en fait
01:18:16si je peux me permettre, bonjour
01:18:18voyez votre témoignage là où il est important
01:18:20et pour refaire le lien avec l'actualité
01:18:22et l'affaire Gisèle Pellicot
01:18:24c'est que ça nous démontre une fois de plus
01:18:26ce qu'on appelle une victimisation secondaire
01:18:28c'est à dire que la manière dont la justice
01:18:30vous voyez je le fais comme vous
01:18:32je dis victime justice, je reprends ce qu'elle est l'absus
01:18:34la manière dont la justice traite
01:18:36les victimes fait que
01:18:38normalement on revit une nouvelle souffrance
01:18:40là où on devrait théoriquement être protégé
01:18:42c'est un truc complètement dingue
01:18:44et puis vous soulevez une vraie question quand même, ça fait combien de temps qu'on se dit
01:18:46qu'il faudrait peut-être
01:18:48l'imprescriptibilité telle que la civisme
01:18:50c'était dans les recommandations
01:18:52on a le droit à quoi jusqu'à présent ?
01:18:54rien
01:18:56une vraie supercherie qui s'appelle
01:18:58la prescription glissante
01:19:00glissante ça veut dire quoi ?
01:19:02les victimes en fait
01:19:04dont les faits sont prescrits doivent
01:19:06implorer je sais pas Dieu
01:19:08ou je sais pas trop quoi, on en sait rien
01:19:10qu'il y ait quelqu'un dont les faits ne sont pas prescrits
01:19:12qui viennent déposer plainte
01:19:14pour que la prescription soit levée
01:19:16le truc mécanique, ce qui donne lieu en fait
01:19:18et on ne se rend pas compte, moi je suis un peu là-dedans forcément
01:19:20qu'il y ait des victimes, notamment
01:19:22de pédocriminels dans l'église
01:19:24qui se disent, on se réunit
01:19:26on va faire un appel à témoignages
01:19:28dans le journal du coin
01:19:30je crois que ça s'est fait en Mayenne récemment
01:19:32et pour dire, voilà, est-ce que s'il vous plaît
01:19:34il y a quelqu'un qui a été victime dont les faits ne sont pas prescrits
01:19:36qui peut déposer plainte, etc.
01:19:38et ça s'appelle un état de droit, voilà, c'est comme ça, c'est la France
01:19:40qu'on arrête de mentir
01:19:42imprescriptibilité
01:19:44que les agresseurs payent
01:19:46que les bourreaux trempent dans ce pays
01:19:48surtout le respect de la parole des victimes
01:19:50et protection aussi
01:19:52bien sûr, et c'est pour ça que je rejoins parfaitement
01:19:54votre ressenti, je trouve ça terrible
01:19:56parce qu'on oublie de le dire des fois
01:19:58il y a eu un arrêt quand même de la Cour
01:20:00européenne justement sur la victimisation secondaire
01:20:02il y a eu une jeune, je crois que c'est en Italie, de 17 ans
01:20:04qui s'est suicidée suite justement
01:20:06à un procès qui s'est mal passé
01:20:08donc il n'y a pas qu'en France
01:20:10ah non, il n'y a pas qu'en France, bien sûr, mais donc la France quand même
01:20:12qui est le pays des droits de l'homme, c'est beau le pays des droits de l'homme
01:20:14mais que ce soit autre chose, d'une certaine manière
01:20:16que ce qu'on voit aujourd'hui et ce qui fait quand même la renommée internationale
01:20:18le procès Pélico dépasse l'entendement
01:20:20enfin je veux dire, on va jeter un lien avec les Canadiens
01:20:22il n'y a pas très longtemps, les Belges, etc.
01:20:24ils ne comprennent même pas, ils nous disent
01:20:26on croyait que vous étiez des exemples, et au final
01:20:28ils se rendent compte qu'on est une vraie république bananière
01:20:30en matière de lutte contre les violences sexuelles
01:20:32faites aux femmes et aux enfants, mais c'est ça la réalité
01:20:34il faut qu'on arrête de mentir aux gens
01:20:36merci beaucoup Valéry pour ce témoignage
01:20:38qui montre quand même la difficulté
01:20:40aujourd'hui
01:20:42qu'ont les pouvoirs publics à prendre à bras le corps
01:20:44ce sujet
01:20:46on arrive avec ce problème de la prescription
01:20:48le problème aussi de la parole
01:20:50alors les enfants parlent
01:20:52mais qu'est-ce qu'on fait après ?
01:20:54et c'est le après en fait
01:20:56où il y a toute une chaîne de déresponsabilisation
01:20:58des responsables
01:21:00ça pose la question
01:21:02j'ai reçu un message de François Deveau
01:21:04au niveau de la parole libérée
01:21:06c'est la question de la non-dénonciation que ça pose en réalité
01:21:08dans ce pays logiquement on a des lois qui doivent être appliquées
01:21:10regardez
01:21:12l'abbé Pierre
01:21:14c'est pas l'abbé Pierre qui nous pose question
01:21:16c'est pourquoi est-ce que l'abbé Pierre
01:21:18on n'a pas été capacité de le mettre devant
01:21:20face à ses responsabilités
01:21:22de son vivant, pourquoi ?
01:21:24parce que les gens ont caché, ils ont caché pourquoi ?
01:21:26déjà parce que c'est l'omerta
01:21:28et puis c'est pas seulement ça
01:21:30l'abbé Pierre c'est fantastique quand même
01:21:32c'est parce qu'il fallait récolter des dons
01:21:34il fallait surtout pas nuire à l'image d'eux
01:21:36depuis 1955
01:21:38que soit Emmaüs, que soit l'église
01:21:40le Vatican en 59
01:21:42en 58 avec une lettre qui vient de paraître
01:21:44dans une correspondance entre un évêque
01:21:46et un ministre
01:21:48et on fait quoi ? on est là, on se dit
01:21:50ah c'est du passé, alors attendez, qu'est-ce qu'ils disent ?
01:21:52mais moi je vous fais rire
01:21:54Emmaüs dit on va mettre en place une commission
01:21:56c'est génial, je trouve ça exceptionnel
01:21:58moi j'adore, commission avec des historiens
01:22:00qui renvoient les victimes une fois de plus à quoi ?
01:22:02au passé, c'est du passé
01:22:04tais-toi s'il te plaît, fermez-la
01:22:06à tout jamais, je suis heureux de le dire comme ça
01:22:08on passe à autre chose, next
01:22:10d'accord mais combien d'Abbé Pierre actuellement
01:22:12quand on parle du réseau Epstein
01:22:14Jeffrey Epstein, on en parle pas en réalité
01:22:16c'est une hommerté totale
01:22:18Albert Maès aujourd'hui
01:22:20qui est un prêtre qui a reconnu avoir violé
01:22:22des enfants notamment en Guinée etc
01:22:24il est tranquillement en train de faire du vélo
01:22:26c'est écrit dans Le Monde, dans un EHPAD
01:22:28en France et les victimes
01:22:30qui sont en Guinée attendent que justice se fasse
01:22:32alors même qu'on sait que
01:22:34Maès et toute sa bande, donc sa congrégation
01:22:36des frères du Sacré-Cœur
01:22:38ont même payé
01:22:40des personnes pour les faire taire en Guinée
01:22:42et ça se passe en France
01:22:44tranquillement et on a des personnes qui sont
01:22:46en danger de vie ou de mort
01:22:48dans un pays étranger, ça se passe en France
01:22:50lui il fait du vélo tranquillement
01:22:52dans un EHPAD
01:22:54elle est belle la vie
01:22:56et elle est pas belle par contre la France
01:22:58quand elle s'occupe pas de ses enfants et quand les scandales
01:23:00s'enchaînent de cette façon
01:23:02merci beaucoup Arnaud Gallet d'avoir témoigné
01:23:04à notre micro et à vous tous également
01:23:06d'avoir appelé au Standard de Sud Radio
01:23:08dans un instant vous retrouverez Brigitte Lahaye
01:23:10qui va parler de toute autre chose
01:23:12de la technologie dans le couple
01:23:14voilà, on va passer à quelque chose de plus léger
01:23:16à tout de suite sur Sud Radio
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