Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent des solutions face au rejet du budget 2025 par l'Assemblée nationale.
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00:00On se retrouve en direct dans PUNCHLINE sur CNews et Europe 1, en accueil avec grand plaisir Henri Guaino, bonsoir Henri Guaino, bienvenue.
00:06On va évoquer l'antisémitisme dans un instant, mais juste une question sur, ça y est, le budget n'a pas été rejeté par l'Assemblée Nationale, donc il va partir au Sénat.
00:14On a parlé aussi de l'indexation des petites retraites qui va en partie être...
00:21Sauf que là, c'est une décision du gouvernement, ce n'est pas de la loi.
00:25Qu'est-ce qu'il faut faire ? C'est quoi la solution selon vous ?
00:28Mais il n'y a pas, je l'ai toujours dit depuis...
00:30Il n'y a pas de solution ?
00:31Non, je l'ai toujours dit depuis...
00:33C'est optimiste comme vision, on est contents.
00:35Allez-y M. Guaino.
00:37C'est très intéressant ce qui se passe.
00:39Moi, j'ai toujours dit depuis la dissolution qu'il n'y avait pas de solution, il y avait des options, plus ou moins bonnes, il n'y a pas de solution aujourd'hui.
00:48On va avoir un budget, ce ne sera pas un budget formidable, c'est même un budget qui va à contre-courant de l'état de l'économie.
00:56Quand vous êtes comme on l'est aujourd'hui, il faut quand même regarder les choses en face,
01:00au bord de la récession, probablement dans quelques mois, on va se rendre compte qu'on est entré en récession,
01:07et tous les indicateurs, toutes les enquêtes de conjoncture montrent que la situation est vraiment catastrophique.
01:14Or, une situation catastrophique, ça diminue les recettes fiscales,
01:18c'est l'une des principales raisons pour lesquelles le déficit s'est creusé cette année,
01:24et ce n'est pas en rajoutant des tonnes d'impôts sur l'économie que l'on va sortir de la récession.
01:34Au contraire, c'est une situation dans laquelle cet alourdissement des charges va provoquer un ralentissement,
01:41sachant qu'il n'y a pas que les entreprises, il y a aussi la consommation aujourd'hui qui se porte très mal,
01:45et donc tout ce qui va peser aussi sur la consommation va peser de la même façon sur la conjoncture.
01:52Il n'y a pas d'espoir pour Michel Barnier et pour son gouvernement ?
01:54Vous dites qu'il n'y a pas d'espoir pour le gouvernement de Michel Barnier ?
01:56Ce n'est pas qu'il n'y a pas d'espoir, le problème ce n'est même pas le gouvernement de Michel Barnier,
02:00le problème c'est le problème de la France.
02:02Il n'y a pas d'espoir pour la France ?
02:03Regardez la situation dans laquelle nous nous trouvons.
02:07D'un côté, M. Trump vient d'être élu aux Etats-Unis,
02:11et il a été élu, au moins sur quelques points, sur un mandat très clair,
02:15en particulier, il va prendre des mesures protectionnistes,
02:19ça n'a pas commencé avec lui, ça a commencé dès Obama,
02:23ça a été continué par Biden,
02:25donc tout ça va gêner de toute façon nos exportations.
02:31D'un autre côté, l'Allemagne est en sérieuse difficulté,
02:34c'est notre principal partenaire commercial,
02:36et donc pris entre ces deux étaux et la situation qui est déjà une situation mauvaise,
02:43l'économie française, et donc la société,
02:47a devant elle des jours difficiles, très difficiles.
02:51Donc le peuple français a des moments difficiles à passer.
02:54Non, mais c'est vrai, ça dépasse largement les possibilités du gouvernement actuel,
02:59qui plus est dans la situation politique dans laquelle on se trouve,
03:01parce qu'on a rajouté à ça deux éléments qui me paraissent assez dramatiques.
03:07Le premier, c'est la situation politique,
03:10vous savez les écarts de taux,
03:12ils se sont creusés au moment de la dissolution,
03:14enfin juste après la dissolution,
03:16ce n'est pas le discours sur la dette publique qui a créé les écarts de taux,
03:20ils se sont maintenus, mais le spread avec l'Allemagne par exemple,
03:23il s'est élargi considérablement,
03:27il ne faut pas non plus dramatiser,
03:30mais ce n'est pas négligeable,
03:32en tout cas la grosse marche s'est faite à ce moment-là,
03:35et c'est la situation politique qui inquiète aujourd'hui pour l'essentiel,
03:39les marchés financiers, les épargnants, les investisseurs,
03:42et qui gèlent l'économie.
03:44Vous avez un deuxième problème au-delà de la situation politique,
03:50c'est que oui la situation est préoccupante,
03:53mais à la dramatiser de façon excessive,
03:56alors on inquiète vraiment les marchés,
03:58les marchés qui sont des machines à anticipation autoréalisatrice.
04:03Donc si vous vous promenez sur les marchés financiers en disant
04:06achetez-nous la dette, mais moi je suis en faillite,
04:08vous avez peu de chances de la vendre à un très bon prix.
04:12J'entends ce que vous dites,
04:13mais le constat que vous venez de faire juste avant
04:15est quand même assez vertigineux et assez grave.
04:18Selon vous, le gouvernement pêche par naïveté ou par irresponsabilité ?
04:22Je crois que c'est un problème plus général qui est une obsession chez moi,
04:26si vous me permettez,
04:27c'est que nous payons aussi le prix des politiques comptables,
04:31des raisonnements comptables,
04:32l'économie ce n'est pas la comptabilité,
04:36l'économie ce sont des acteurs, ce sont des gens,
04:39ce sont des gens qui agissent, qui consomment, qui investissent,
04:41qui prennent des risques, qui innovent, qui créent,
04:45et qui souffrent aussi.
04:47Et quand ils souffrent,
04:49j'ai même entendu Alain Madelin dire ça l'autre jour,
04:51donc ça m'a réjoui de savoir qu'il y avait des convergences parfois idéologiques,
04:54c'est quand les gens souffrent, il faut faire de la mauvaise économie.
04:59Là on est dans une situation où l'approche comptable
05:04sur laquelle tout le monde s'est précipité,
05:06il suffit d'écouter les plateaux de télé,
05:10de lire les éditos,
05:12quand on dit qu'il faut trouver 60 milliards,
05:14mais c'est quoi ces 60 milliards ?
05:16Ça sort d'où ?
05:18Après on met des étiquettes.
05:20Vous voulez dire que la réalité de vie ça représente ?
05:22Qu'est-ce qu'il y a derrière ces 60 milliards ?
05:24Ça représente quoi ?
05:26Pourquoi il faut trouver 60 milliards ?
05:27Ce qu'il faut, c'est recréer des richesses,
05:29vous parliez tout à l'heure de production,
05:31et la production, justement, il faut bien en chercher les origines.
05:37C'est vrai qu'il y a eu un dérapage idéologique ou intellectuel
05:40pendant au moins deux décennies
05:42sur la France sans usine, sans industrie,
05:45mais derrière ça,
05:47il y a aussi la façon dont on a fait la mondialisation
05:50et la manière dont on a fait avancer l'Europe,
05:53avec la politique de la concurrence européenne,
05:56avec...
05:57Je sens qu'on va parler de souveraineté.
06:00Qui devient une religion et non plus simplement
06:03une doctrine économique.
06:05Il était fatal qu'en mettant en concurrence
06:07des gens à bas coûts salariaux, à bas coûts de production,
06:10et à des monnaies dévaluées ou sous-évaluées,
06:12vous alliez créer une situation extraordinairement difficile
06:15pour nos industries.
06:17C'est ce qui s'est passé, pas seulement en France,
06:19dans tous les pays occidentaux.
06:21L'Allemagne a profité d'un système qui est en train de s'effondrer,
06:23et les États-Unis, regardez le résultat.
06:26Donc, si on ne veut pas mettre tout ça sur la table,
06:30si on ne veut pas en parler,
06:32alors on ne fera pas de réindustrialisation,
06:35on n'organisera pas le retour de la production,
06:38et tant que le système, il va continuer à s'éliter.
06:42C'est ce que j'ai dit.
06:44C'est dommage que vous n'ayez pas conseillé
06:46les présidents que vous conseillez à faire ça.
06:49Les conseillers du président.
06:52C'est dommage.
06:54Ce n'est pas grave, c'est du passé.
06:56Parfois, on conseille les présidents.
06:58Je n'ai pas changé de discours.
07:00Ça n'a pas été suivi malheureusement des faits.
07:02Pas suffisamment.
07:04Moi, je suis comme vous.
07:06J'ai conseillé ces dirigeants, ils ont fait l'inverse.
07:08C'est vrai que c'est frustrant, malheureusement.
07:10C'est comme ça.
07:12Il fallait voir la pression.
07:14Il faut comprendre la pression qui s'exerce.
07:16Cette idéologie de la poche comptable,
07:18elle est terrifiante.
07:20Elle conduit à faire n'importe quoi.
07:24C'est vraiment...
07:26Regardez ce qui se passe.
07:28Là encore, j'écoute tous les débats.
07:30Vous avez un tas de gens très intelligents
07:32que je connais bien, pour qui j'ai de l'estime.
07:34Mais quand on vient vous dire
07:36que seules les entreprises produisent de la richesse,
07:39vous vous dites qu'on est quand même mal barrés.
07:42Parce que si c'est vrai, l'infirmière libérale,
07:45elle produit de la richesse,
07:47et l'infirmière de l'hôpital, elle est une charge.
07:49L'agent de sécurité de l'entreprise privée,
07:52elle produit de la richesse,
07:54et le policier, c'est une charge.
07:56On peut continuer les exemples.
07:58Donc on est dans quelque chose...
08:00Il n'y a pas de crise de ce genre
08:02sans une crise intellectuelle.
08:04On est d'accord.
08:06Dernier mot, Marc.
08:08Il ne faut pas oublier.
08:10Le quoi qu'il en coûte,
08:12on a complètement dérapé,
08:14sans avoir trop de chiffres,
08:16mais n'oublions pas que la dette publique
08:18a augmenté de 850 milliards d'euros depuis 2020.
08:20Vous me l'avez casé à nouveau.
08:22C'est important.
08:24Sur la même période, le PIB, la richesse concrète,
08:26on parle de richesse en valeur,
08:28donc augmenter de l'inflation,
08:30a augmenté de 450 milliards.
08:32400 milliards qui ont disparu.
08:34Parce que la production avait disparu.
08:36C'est ça, le gros problème.
08:38Malheureusement, nos dirigeants
08:40ne sont pas dans le concret,
08:42ne sont pas dans la réalité du terrain.
08:44Malheureusement, on a ce décalage.
08:46Aujourd'hui, que ça va mal,
08:48c'est là que l'Etat aurait dû relancer la machine.
08:50Il n'a plus les moyens,
08:52parce qu'il a dépensé n'importe comment.
08:54Ce qui me fait peur, c'est le climat de récession
08:56et de l'antisémitisme.
08:58On va en parler dans un instant.
09:00Bruno Retailleau s'exprime à propos de ce match
09:02au Stade de France-Israël.
09:04Il est 18h30 lors du rappel des titres de l'actualité
09:06avec Barbara Durand.