Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Pierre de Vilno pour débattre des actualités du jour. Ensemble ils reviennent sur le budget du gouvernement à cause de la hausse d'impôts.
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00:00Vincent Roy, je vous ai coupé l'herbe sous le pied tout à l'heure, vous vouliez parler de
00:03de Retailleau, on va en parler d'ailleurs avec Henri Guaino qui est sur le point d'arriver, me dit-on,
00:08qui est dans les couloirs quelque part à Europe 1 et qui arrive,
00:12sur Retailleau dans un couloir de nage,
00:15et également on parlait de la porte-parole du gouvernement qui
00:20qui a peut-être oublié son job en fait.
00:23Oui, c'est ce qui est très étonnant, on a vu au tout début d'ailleurs,
00:27au tout début du gouvernement Barnier, vous avez vu les ministres étaient à peine nommés,
00:31M. Barnier avait dit qu'il fallait montrer tout à la fois du respect et de l'ouverture,
00:37y compris pour ce qui était du RN, et vous avez le ministre de l'économie qui vous a quand même dit tout de suite
00:44qu'il voulait bien recevoir les filles mais pas le RN,
00:49ça recommence, il a été très vite recadré,
00:52mais voilà, ça ne montre pas une cohérence,
00:58et là, rebolote si j'ose dire,
01:01où effectivement M. Retailleau ne plaît pas à tout le monde,
01:04mais alors c'est très curieux cette affaire parce qu'on se demande même au sein du gouvernement
01:08donc si on prône la stabilité, puisque quand on entend des choses comme ça,
01:12ce qu'on voudrait c'est un peu de calme, un peu d'apaisement,
01:14et voir se développer une politique.
01:17Bon, là je vois que même au sein même du gouvernement,
01:20tout le monde ne le voit pas de cet œil-là.
01:24Mon sentiment c'est que M. Barnier a réussi sa passation de pouvoir,
01:31il a réussi très globalement son discours de politique générale,
01:37avec je dirais beaucoup d'élégance vis-à-vis des oppositions,
01:41moi qui le connais personnellement, je dois vous dire que
01:45je le connais personnellement en tant que politique de la même région,
01:48et il m'a beaucoup surpris, vraiment, avec cette aisance que je ne lui connaissais pas vraiment.
01:54Donc on dit que c'est la fonction, c'est la bille qui fait le moine,
01:57mais là véritablement, il est dans une très belle passe, je dirais,
02:02et le vrai défi maintenant pour lui, ça va être effectivement le budget.
02:11C'est là qu'on va rentrer dans le dur, je salue Henri Guaino qui vient d'arriver.
02:15Qui est rentré dans ce studio, bonsoir Henri Guaino.
02:17Je m'en sens mal, ça circulait mal dans Paris.
02:20Une petite digression sur la circulation dans Paris.
02:23Je préfère ne pas m'exprimer parce que je sens que je ne vais pas être aimable
02:27avec les autorités municipales.
02:29Et donc là on va rentrer dans le vif du sujet avec le budget,
02:32et quand j'entends déjà M. Darmanin dire
02:35je ne voterai pas la moine, finalement augmentation d'impôts.
02:38Mais il fait de la politique M. Darmanin.
02:39Attendez, le budget c'est pas rien,
02:41le budget si vous le votez vous êtes dans la majorité,
02:44si vous votez contre vous êtes dans l'opposition,
02:46donc il va falloir, vous ne pouvez pas rester entre deux chaises là,
02:49vous voyez le grand écart, il va falloir qu'il se positionne effectivement,
02:52est-ce qu'il soutient M. Barnier ou pas ?
02:55Et dans ce cas-là il est en opposition effectivement à Michel Barnier
03:00et donc à cette coalition voulue par le chef de l'État Emmanuel Macron.
03:04Après, est-ce que Henri Guaino d'ailleurs, puisque vous prenez le train en marche,
03:08est-ce que c'est une bonne tactique pour Gérald Darmanin
03:14qui, pour le coup, va se positionner pour la course à la présidentielle en 2027 ?
03:18Je suis incapable de juger s'il s'agit d'une bonne ou d'une mauvaise tactique,
03:24je ne comprends même pas qu'on puisse faire de la tactique dans les circonstances actuelles.
03:29Soit il pense que c'est très mal d'augmenter les impôts,
03:32et à ce moment-là il le dit, alors il a une marge de manoeuvre,
03:36il peut voter contre le volet recette et puis ne pas voter la motion de censure,
03:46c'est une motion de censure, puisque forcément, comme il n'y a pas de majorité,
03:51il risque d'y avoir un 49-3, et à ce moment-là il peut très bien ne pas voter la motion de censure,
03:56il aura à ce moment-là affirmé sa position,
03:59mais il se peut qu'il ne soit pas le seul, ce qui est problématique,
04:03indépendamment de ce qu'on pense du budget tel qu'il est présenté aujourd'hui.
04:09On n'a pas encore tous les détails.
04:12On sait où est-ce qu'on va essayer de trouver de l'argent,
04:15sur les 60 milliards qu'on voudrait retrouver, il y a 40 milliards d'économies,
04:20et donc 20 milliards de hausses d'impôts, sachant que ces 20 milliards de hausses d'impôts
04:23sont calculés sur 0,3% des contribuables,
04:27et donc ce sont ces fameux foyers fiscaux qui gagnent plus de 250,
04:35plus de 500 ou plus d'un million d'euros par mois.
04:38Il y a aussi des prélèvements sur les entreprises,
04:42il n'y a pas que des prélèvements sur les ménages,
04:44les prélèvements sur les ménages ne va pas rapporter énormément.
04:48Et pourquoi on le fait alors, s'ils ne rapportent pas énormément ?
04:51Parce qu'ils rapportent quand même un peu ?
04:52Ils rapportent quand même un peu, on prend partout,
04:55et je pense qu'il y a un aspect symbolique aussi dans cette...
04:58Mais alors justement, je voulais vous interroger là-dessus, parce que ça m'intéresse.
05:01Juste une chose, c'est qu'il y a des mesures qui sont prévues dans les économies
05:06qui en réalité sont équivalentes à des hausses d'impôts.
05:09Quand vous retardez la indexation des retraites, c'est équivalent à une hausse d'impôts.
05:13Je voulais vous interroger sur justement, même si ça va être marginal,
05:18et en plus si c'est marginal, pourquoi est-ce qu'on le fait ?
05:21Sur ces personnes qui, comme a pris l'exemple Laurent Saint-Martin,
05:26ils gagnent 500 000 euros par an, et qui n'ont pas d'enfants.
05:31Moi je connais des personnes qui sont dans cette situation-là,
05:34et qui m'ont écrit d'ailleurs pendant la journée,
05:36et qui m'ont dit, mais vous savez, moi je travaille,
05:39je fais 3 fois 35 heures en une semaine,
05:43je travaille dans des conditions très prévenibles,
05:45j'arrive à 6 heures, je sors à 3 heures après des closings extrêmement difficiles,
05:49ce sont des métiers d'ailleurs où on fait beaucoup d'études,
05:51où on participe aussi au rayonnement d'un pays à travers des entreprises de finances.
06:00La question, est-ce que la méritocratie s'est finie en France ?
06:04Est-ce que la méritocratie c'était avant et maintenant ça n'existe plus ?
06:07C'est-à-dire qu'aujourd'hui, les personnes qui gagnent 500 000 ou 1 million,
06:10on leur dit, ça va, vous pouvez quand même participer à l'effort national.
06:13Il y a un certain nombre de gens qui gagnent 1 million ou plus,
06:17et pour lesquels ça n'est pas le fruit de leur travail.
06:21Il y en a, il y en a d'autres que oui.
06:24Oui, bien sûr, mais c'est pas vrai de tous.
06:26Le problème qui est posé d'ailleurs dans tous les pays occidentaux,
06:31est quand même celui du creusement des inégalités,
06:34et les gouvernements ne savent plus très bien comment gérer,
06:38au moins symboliquement, cet écart qui se creuse,
06:43et qui devient dans certains cas insupportable.
06:46Mais est-ce que la méritocratie existe encore en France ?
06:52Long silo.
06:54Oui, parce que tout dépend de ce qu'on appelle la méritocratie.
06:56Moi qui ai par exemple deux garçons de 8 et 11 ans,
06:59est-ce que je dois leur dire, c'est mieux de faire polytechnique,
07:01c'est mieux de faire une grande école, parce que comme ça tu pourras avoir un meilleur job,
07:04parce que comme ça tu pourras gagner plus d'argent,
07:07ou est-ce que je leur dis, vous savez, aujourd'hui on est en France,
07:10on n'aime pas les riches, donc finalement, faites ce que vous voulez.
07:13Les gens qui gagnent d'abord,
07:15là ça veut dire deux personnes dans le foyer qui gagnent 250 000 euros par an,
07:20ça ne fait pas des riches.
07:24Tu ne veux pas dire ce que dit François Hollande.
07:26Oui mais à 4 000 euros.
07:28D'abord vous devez juger du niveau de vie des gens en fonction de l'endroit où ils habitent,
07:33où ils travaillent, du milieu auquel ils appartiennent,
07:35les contraintes qui sont les leurs,
07:36mais la richesse ça se mesure au patrimoine,
07:39ça ne se mesure pas au salaire futile élevé.
07:44Si votre salaire vous permet d'accumuler un patrimoine très important,
07:47ou si vos stock options vous permettent d'accumuler un patrimoine très important,
07:51vous pouvez devenir riche.
07:52Tous les polytechniciens ne deviennent pas riches,
07:54tous les énergues ne deviennent pas riches,
07:56tous les centraliens ne deviennent pas riches,
07:58tous les normaliens encore moins ne deviennent pas riches,
08:00Et certains cancres gagnent des millions.
08:02Et certains cancres gagnent des millions,
08:04et puis certains polytechniciens aussi peuvent gagner des millions,
08:08tout dépend comment on gagne des millions.
08:10Le problème du capitalisme aujourd'hui c'est qu'il n'y a pas de lien direct,
08:15il n'y en a-t-il jamais eu vraiment,
08:17mais il n'y a pas de lien direct entre ce que vous apportez à la collectivité
08:21et ce que vous pouvez gagner ou accumuler comme fortune.
08:24Certains apportent beaucoup et gagnent peu,
08:26d'autres apportent peu et gagnent beaucoup,
08:29il y a des professions très utiles,
08:31on peut gagner beaucoup plus en étant opérateur sur un marché financier
08:35qu'en étant un grand chirurgien qui sauve des vies tous les jours.
08:37On n'arrivera jamais à une justice.
08:41Et après ça dépend où on met le curseur de la légitimité de gagner de l'argent.
08:46Non, c'est comment on gagne.
08:48Dans une société capitaliste, on devrait,
08:51et une économie de marché,
08:53on devrait gagner en fonction de son apport à la collectivité.
08:59Georges Fenech.
09:01Dès lors que l'impôt, comme ça semble être le cas,
09:06comme ça l'est déjà en fait,
09:08est confiscatoire,
09:10qu'il prend des allures de raquettes fiscales,
09:14vous en êtes arrivé en France, on en est je crois à 47 ou 48 %.
09:1949 pour certaines branches, dont on ne parle jamais.
09:24Vous commencez à travailler pour vous au mois de juillet,
09:28puisque la moitié que vous gagnez,
09:30vous le remettez à l'État qui le dépense généreusement,
09:34moi je crois franchement que c'est insupportable.
09:39Quand on vous présente une affaire comme celle-ci,
09:42où on jurait c'est grandieux, qu'il n'y aurait jamais d'augmentation,
09:45et j'entends encore même Laurent Wauquiez le dire,
09:47et que finalement on ne s'est même pas en face,
09:51moi je ne suis pas au courant,
09:53de ce que vont être les réductions des dépenses de cette étape pléthorique.
09:57Et quand j'entends, Henri Guaino vient de parler des retraites,
10:00qu'on va encore s'en prendre aux retraites,
10:02en repoussant l'exemple 1.
10:04On ne va pas s'en prendre qu'aux retraites.
10:06Oui mais c'est ça qui est insupportable.
10:08On va faire des déremboursements de l'assurance maladie,
10:14parce que c'est aussi dans le problème,
10:16ça, ça touche tout le monde,
10:18y compris les gens qui vivent à 10 euros près ou à 20 euros près par mois,
10:21parce qu'il y en a, et il y en a de plus en plus,
10:24il y a de plus en plus de gens qui, de 10 du mois,
10:27sont déjà en déficit.
10:30Les collectivités locales nous annoncent un plan,
10:32un imaginaire selon moi,
10:34de réduction de 100 000 fonctionnaires territoriaux.
10:36Ça veut dire qu'il y aurait 100 000 fonctionnaires qui ne servent à rien aujourd'hui ?
10:39Moi je veux bien le croire.
10:41Mais pas uniquement dans la territoriale,
10:43il faut voir aussi au niveau de la fonction nationale,
10:48de la fonction publique.
10:5020h43, une pause.
10:52Henri Guaino, Georges Fenech, Vincent Roha reviennent dans un instant.
10:54A tout de suite sur Europe 1.
10:56Europe 1 soir.
10:5819h21, Pierre de Villeneuve.
11:00Henri Guaino, ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy,
11:04est avec nous, avec Vincent Roha et Georges Fenech.
11:06Il y a 40 ministres,
11:08il y en a un qui occupe l'espace, c'est Bruno Rotaillot.
11:10C'est le plus droitier, le plus régalien,
11:12et pourtant on a l'impression que les macronistes
11:14laissent faire, s'effacent
11:16devant le travail du ministre de l'Intérieur.
11:20Henri Guaino ?
11:22Je voudrais finir sur le budget,
11:24c'est un problème auquel on ne comprend plus rien.
11:26Je ne pose plus de questions, je vous félicite sur le budget.
11:32D'abord, on ne peut pas en discuter tant qu'on n'a pas le détail.
11:34C'est ce qu'on a dit.
11:36C'est la première des choses.
11:38La deuxième, c'est que
11:40évidemment, quoi qu'on en pense,
11:42il va être difficile de demander des efforts
11:44aux plus pauvres et pas aux plus riches.
11:46Et troisièmement, ce qu'il faut voir
11:48en attendant d'avoir plus de détails,
11:50ce sont les masses.
11:52C'est-à-dire, ça fait 60 milliards
11:54d'ajustements budgétaires.
11:58C'est donc un plan d'austérité
12:00violent. Même si on ne sait pas
12:02par rapport à quoi on fait 40 milliards
12:04d'économies. Est-ce que c'est sur
12:06le niveau de l'année dernière ?
12:08Avec ou sans correction de l'inflation ?
12:10On ne sait pas.
12:12Mais quand on annonce un chiffre comme ça,
12:14entre la fin du quinquennat de Nicolas Sarkozy
12:16et le début du quinquennat de François Hollande,
12:18on a augmenté les impôts
12:20de 60 milliards.
12:22En 4 ans.
12:24Là, l'ajustement de 60 milliards,
12:26il se ferait en un an.
12:28Il faut se demander,
12:30quand même,
12:32si on veut discuter du budget,
12:34si cette masse de prélèvements
12:36ne va pas
12:38casser une croissance qui elle-même,
12:40aujourd'hui, semble se ralentir.
12:42Or, vous ne faites face
12:44à vos engagements financiers qu'avec
12:46les revenus futurs, c'est-à-dire ceux de la croissance.
12:48J'entends parfaitement ce que vous dites.
12:50Simplement, on ne peut pas dire,
12:52et d'ailleurs,
12:54le Premier Ministre en a fait mention
12:56à M. Attal,
12:58on ne peut pas dire que la gestion de M. Macron
13:00était formidable durant
13:02les 7 premières années de son règne.
13:04Et voilà que maintenant,
13:06on nous dit,
13:08mais attendez,
13:10la gestion n'a certes pas été formidable,
13:12mais pour vos retraites,
13:14on va attendre de manière à ce qu'elle soit indexée.
13:16Donc, on a fait une mauvaise gestion,
13:18en clair, mais vous allez payer.
13:20Attendez,
13:22Henri Henault, c'est tout de même
13:24tout à fait inadmissible. Il y a des Français qui nous écoutent
13:26qui sont à la retraite, on leur dit,
13:28attendez, pour l'indexation, ça va être retardé,
13:30vous allez vous serrer la ceinture pour réparer
13:32les bêtises de quelqu'un dont vous me direz
13:34effectivement qu'il a été réélu deux fois.
13:36On est d'accord.
13:38Et ensuite,
13:40on dit pour les plus riches, parce que symboliquement,
13:42quand même, vous arrivez, nouveau gouvernement,
13:44vous stabilisez la situation, et finalement,
13:46on augmente les impôts.
13:48C'est quand même très mauvais, tout ça, quand même.
13:50Ça pose d'abord
13:52un vrai problème économique,
13:54au-delà du problème moral
13:56que vous évoquez, mais c'est toujours comme ça.
13:58Quand les gens font des bêtises, ce sont toujours les Français,
14:00quels qu'ils soient, qui finissent par payer
14:02directement ou indirectement.
14:04Mais le problème,
14:06il est économique.
14:08De toute façon, on ne résoudra pas le problème
14:10de cette façon, parce que
14:12on ne remet pas de l'ordre dans
14:14les finances publiques
14:16sans s'occuper du reste.
14:18C'est le désordre des finances publiques qui vient
14:20d'abord du désordre de la société et de l'économie.
14:22Parce qu'on n'est pas écrasé
14:24par le train de vie de l'État.
14:26Le train de vie de l'État, il est à l'os. Il faut quand même le savoir.
14:28Il faut arrêter de raconter n'importe quoi sur ce sujet.
14:30Ce sont les prélèvements sociaux. Non, il est à l'os.
14:32Et si on fait des économies, quelque part,
14:34parce qu'il y aura trop de fonctionnaires dans un endroit,
14:36il faut les mettre ailleurs.
14:38On n'économisera rien. Regardez l'état
14:40de l'école. Regardez comment on paye les profs.
14:42On n'en trouve plus. On ne trouve plus de policiers.
14:44L'encombrement
14:46de la justice, ça coûte une...
14:48Et...
14:50Tu le sais bien, ça coûte
14:52une fortune
14:54à la société. Une fortune. Parce que ça
14:56bloque un tas
14:58d'opérations.
15:00Les attentes sont trop longues.
15:02Les contentieux sont réglés.
15:04Tout ça
15:06coûte très très cher. On ne peut plus soigner.
15:08Et l'immigration est contrôlée. Elle ne coûte pas cher.
15:10Si, si, bien sûr. Mais
15:12il ne suffit pas de le dire. Il va falloir
15:14embaucher des douaniers. Il faut embaucher
15:16des policiers en frontière. Il faut rouvrir des postes de douane.
15:18Pas seulement pour l'immigration.
15:20Pour les trafics. Parce qu'on a profité
15:22de la libre circulation pour diminuer drastiquement
15:24les effectifs de douaniers.
15:26Et maintenant, non seulement
15:28les gens circulent avec
15:30le principe de libre circulation à l'intérieur de l'ordre,
15:32mais les trafics aussi. Et la drogue
15:34part dizaines de tonnes.
15:36Il faut bien comprendre que
15:38si on fait des économies parce qu'on gère mieux un endroit
15:40qui est mal géré, il faudra
15:42se servir de ces économies.
15:44On est le mauvais élève de l'Europe.
15:46Comment ils ont fait au Portugal ?
15:48Comment ils ont fait ? Même en Grèce.
15:50Il faut aller en Grèce.
15:52Je veux dire, faisons subir
15:54ce qu'on a fait subir à la Grèce, à la France.
15:56Et là, c'est un remake de la Révolution
15:58française. Je veux dire, c'est scandaleux
16:00ce qui a été fait à la Grèce.
16:02C'est scandaleux.
16:04Ce sont des procès d'intention
16:06entre les pays nordistes et les pays du sud.
16:08Ça ne nous prend pas au nez.
16:10Qu'est-ce qu'on a fait à la Grèce, pour ceux qui découvrent
16:12Henri Guaino, thématiquement ?
16:14La Grèce, d'abord, c'est venu non pas
16:16du fait qu'ils ne pouvaient pas payer leurs échéances,
16:18mais du fait qu'il y a eu une vague de spéculations
16:20sur la dette grecque
16:22et un petit marché, et que les Allemands ont refusé
16:24ce que la France leur avait proposé,
16:26c'est-à-dire d'aller ensemble sur le marché
16:28pour contrer les spéculateurs.
16:30A partir de là, on a mis la Grèce
16:32à genoux,
16:34on lui a imposé,
16:36on a méprisé sa démocratie
16:38puisqu'on a décidé
16:40à la place
16:42des Grecs,
16:44on les a obligés à vendre
16:46un tas d'actifs
16:48d'infrastructures, d'actifs stratégiques,
16:50les ports, les chemins de fer,
16:52les pirates,
16:54et on a piétiné la Grèce, il faut quand même s'en rappeler.
16:56Et quelle que soit
16:58la mauvaise gestion de l'État grec,
17:00parce que les Grecs n'étaient pas
17:02pauvres, c'était l'État qui était
17:04pauvre, parce qu'il était incapable
17:06de prélever l'impôt correctement.
17:08Et ceux qui leur ont donné le plus de leçons sont ceux
17:10qui les avaient le plus poussés à s'endetter,
17:12je pense à nos voisins en particulier, qui avaient
17:14beaucoup vendu à crédit à la Grèce,
17:16et qui après ont milité
17:18pour la mutualisation des
17:20créances sur la Grèce.
17:22Henri Guédo, il nous reste 3 minutes,
17:24malheureusement le temps nous manque,
17:26j'aimerais vous entendre sur l'action
17:28de Bruno Retailleau.
17:30Alors l'action, c'est difficile d'en juger,
17:32parce que pour l'instant on est dans le discours
17:34et pas dans l'action, c'est normal,
17:36il vient d'arriver,
17:38et il faut bien comprendre aussi,
17:40que pour vraiment prendre
17:42des mesures décisives dans les domaines
17:44dont il est chargé,
17:46il faut des conditions politiques
17:48qui ne sont pas réunies, parce qu'il va falloir
17:50changer le cadre juridique,
17:52il va falloir changer le cadre juridique,
17:54il faut faire des modifications constitutionnelles,
17:56il faut changer la hiérarchie.
17:58C'est l'état du droit,
18:00c'est ce qu'on disait tout à l'heure.
18:02Oui, c'est l'état du droit,
18:04mais l'état du droit ne peut se changer
18:06que si on repense
18:08les fondements de notre état de droit
18:10aujourd'hui.
18:12Il en va de même pour la sécurité,
18:14il faut refonder
18:16les principes de notre droit pénal,
18:18et ça, ça ne se fera pas sans avoir un mandat
18:20du peuple, après une campagne présidentielle
18:22et éventuellement une campagne législative,
18:24et la consultation,
18:26si vous voulez réformer la justice,
18:28vous ne le ferez pas sans référendum, si vous voulez
18:30réformer la constitution, vous ne le ferez pas par le Congrès,
18:32vous le ferez par le référendum.
18:34Donc, tout ça n'est pas envisageable
18:36dans le contexte actuel.
18:38Voilà, donc,
18:40pour l'instant, il dit ce qu'il pense,
18:42bon, parfois, il dit
18:44un peu trop ce qu'il pense.
18:46Vous trouvez ?
18:48Moi, je trouve, si vous voulez,
18:50j'ai beaucoup d'amitié pour Bruno Retailleau,
18:52mais je crois que chacun doit se garder
18:54des déclarations à l'emporte-pièce,
18:56et en face aussi.
18:58Vous pensez à laquelle ?
19:00Je pense, par exemple, sur l'état de droit,
19:02c'était un raccourci dont
19:04on pouvait imaginer qu'il allait provoquer
19:06des réactions, ça n'a pas manqué.
19:08Les réactions sont absurdes,
19:10il faut arrêter cette idée
19:12que dès qu'on n'est pas d'accord avec
19:14soi-même, les autres sont hors
19:16de l'arc républicain,
19:18hors de la République, hors de la démocratie, parce que
19:20ça, c'est dramatique,
19:22les réactions qu'on a entendues, alors qu'elles viennent
19:24de l'extrême-gauche, vous comprenez,
19:26qu'elles viennent aussi du Bloc central,
19:28étaient quand même étonnants et dangereux.
19:30On pouvait
19:32avoir un débat sur cette question
19:34de l'état de droit, moi,
19:36je suis l'un des premiers à en avoir
19:38parlé dans tous les sens,
19:40mais simplement,
19:42je crois que
19:44tout le monde doit être conscient que ce gouvernement
19:46n'est pas un gouvernement comme les autres,
19:48il exerce ses compétences dans un climat
19:50et dans un contexte qui n'est pas
19:52un contexte politique comme les autres,
19:54ce gouvernement n'a reçu aucun mandat du peuple,
19:56par la force des choses, il doit se construire une légitimité
19:58et sa mission principale,
20:00c'est d'assurer la continuité de l'état
20:02et faire face aux événements.
20:04Et ça, c'est une tâche
20:06énorme, il ne faut pas la compromettre
20:08par des embardés
20:10ou en faisant croire aux gens
20:12qu'on va
20:14réformer la société, faire un programme de droite,
20:16un programme de gauche ou du centre.
20:18Merci beaucoup Henri Guaino, merci à vous Georges Fenech,
20:20merci Vincent Roy, 20h55.