Le budget dévoilé ce soir en conseil des ministres : retour sur les annonces
Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Pierre de Vilno pour débattre des actualités du jour.
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00:00Heureux Pinsoir
00:0219h21, Pierre de Villeneuve
00:04Toujours en compagnie de Jules Thorez du service politique du journal du dimanche
00:09et avec le philosophe Nathan Dever.
00:13Voilà donc le rabotage et le détail sur le rabotage.
00:18C'est 60 milliards d'économies que cherchent Michel Barnier et son gouvernement.
00:23Un malus alourdi pour les voitures thermiques, un bonus raboté pour les électriques.
00:27La France qui lève un montant record de 300 milliards d'euros sur les marchés pour se financer.
00:33L'électricité qui sera limitée à 9% du tarif réglementé.
00:38Une revalorisation, ça c'est très important, de 2% des tranches de l'impôt sur le revenu
00:43pour limiter les effets de l'inflation.
00:471,2 milliards d'économies prévues sur les primes à l'apprentissage
00:51alors que l'apprentissage c'est 70% notamment dans les PME.
00:55Une contribution temporaire et exceptionnelle instaurée pour les ménages les plus aisés
01:01qui eux-mêmes sont déjà taxés de 3 et de plus 4% selon les revenus au-delà de 250 000 euros.
01:10Et une taxe exceptionnelle qui visera les grandes entreprises de transports maritimes.
01:15Je vous propose d'écouter le ministre du budget Laurent Saint-Martin.
01:18Il n'y a pas de coupable à aller chercher.
01:20Il y a une responsabilité collective à avoir pour un redressement des finances publiques
01:24après avoir pendant plusieurs années collectivement souhaité que la puissance publique soit en soutien de notre nation.
01:32Et nous avons eu raison collectivement de l'être à ce moment-là.
01:36C'est donc un chemin de responsabilité mais on ne peut plus attendre.
01:39On doit faire des choix courageux maintenant pour s'éviter des choix douloureux plus tard.
01:44Bon, au moins ça a le mérite d'être clair. On appelle un chat un chat, Nathan Devers.
01:49Oui, moyen, il y a aussi un côté vessie et lanterne.
01:52Dire que nous avons souhaité collectivement que la France construise ce déficit, ce n'est pas vrai.
01:59Ce déficit a été le fruit, certes d'habitude, certes avec le soutien de la société civile,
02:04une mentalité à vouloir que l'État nous aide toujours, mais enfin de décisions politiques.
02:08Et ces décisions politiques ont été le fruit des politiques.
02:10La crise du coronavirus a été une explosion de la dette, du déficit public, je ne reviens pas là-dessus.
02:15Et à l'époque, les gens qui critiquaient ça étaient critiqués sur la base d'accusations d'irresponsabilité.
02:21Moi, j'aimerais faire cette remarque, c'est qu'en effet, aujourd'hui, un budget de cette nature,
02:24peut-être qu'il s'impose, peut-être que c'est la seule solution, mais en tout cas,
02:27il vient nous montrer que tous ceux qui se sont réclamés du cercle de la raison,
02:30qui ont voulu avoir une sorte de monopole de la rationalité économique ces dernières années,
02:34nous ont quand même mené un peu dans le mur.
02:36Et on peut faire une petite remarque, c'est que quand même, voir des milliers de postes de professeurs supprimés,
02:42alors qu'on sait déjà qu'il y a un déficit de professeurs à l'éducation nationale,
02:47je trouve ça assez navrant, et peut-être que ce n'est pas forcément le meilleur endroit
02:50où il fallait faire des économies dans les dépenses publiques,
02:53parce que si on a un service public de mauvaise qualité, si on a une éducation nationale de moindre qualité,
02:58c'est évidemment la France de l'avenir qu'on insulte.
03:014000 postes d'enseignants en moins par rapport à 2024,
03:06principalement en maternelle et en élémentaire.
03:09Pour revenir sur ce que vous disiez à l'instant, Nathan de Vergil, te reste.
03:12Michel Barnier, de toute façon, il ne peut pas faire des miracles.
03:14Il a eu un mois pour façonner un budget, on sait qu'il a eu un mois lui à Matignon
03:21pour façonner un budget, 15 jours avec son gouvernement et donc ses ministres,
03:25donc évidemment il ne pouvait pas faire de miracle.
03:27Je trouve que c'est un budget qui, à priori, selon les premières informations que l'on a, se tient.
03:35Honnêtement, il se tient.
03:37Je peux vous dire que Michel Barnier a fait beaucoup d'efforts,
03:39parce que ce qu'il proposait en 2021, ce n'était pas du tout ça.
03:41Il ne proposait pas du tout d'augmenter les impôts pour les grandes entreprises.
03:44Il ne proposait pas du tout d'augmenter les impôts à la primaire de 2021
03:50pour être candidat à la présidentielle de 2022.
03:52Donc Michel Barnier nous propose un budget où il ne peut pas faire de miracle,
03:57où il fait des efforts avec lesquels il n'est pas forcément foncièrement d'accord,
04:02mais il a une réalité, c'est faire passer un budget.
04:05Lui, c'est sa seule mission aujourd'hui à Michel Barnier,
04:07c'est de faire passer le budget avec la composition de l'Assemblée Nationale
04:10qui est celle qu'on connaît.
04:12Donc évidemment, ça passe par des choix qui sont très forts,
04:164000 enseignants en moins l'année prochaine,
04:18ça passe par 500 millions de budget pour la justice en moins,
04:22alors qu'on sait que ça devrait être, si ce n'est la priorité,
04:26l'une des priorités de ce gouvernement.
04:28Il y a un certain nombre de mesures dont vont bâtir un certain nombre de ministères,
04:34mais le problème c'est qu'on a un déficit qui pourrait aller à 7% dans les prochaines années.
04:38Donc, il n'a pas le choix Michel Barnier.
04:40Honnêtement, il fait ce qu'il peut.
04:42Il n'a pas le choix et il va arriver dans une temporalité qui est assez spéciale,
04:47puisqu'il y a un délai pour adopter ce budget.
04:52Et Antoine André, tout à l'heure, dans la première heure, faisait remarquer
04:56qu'il y avait le Sénat qui guettait,
05:00et Éric Coquerel en Commission des Finances qui avait l'air de dire
05:03attention, pas trop d'amendements, pas trop d'amendements,
05:06parce que ce qui se passe, c'est que si, je parle sous votre contrôle Jules Torres,
05:11si ça prend trop de temps, après ça passe directement au Sénat,
05:15ça se termine sur une commission mixte paritaire,
05:17et le budget est adopté, il n'y a même pas besoin de faire 49-3.
05:20Non, parce qu'à la fin de la commission mixte paritaire,
05:23il faut que les deux assemblées valident le texte qui est proposé par la commission mixte paritaire.
05:28Et à la fin, si l'assemblée n'est pas d'accord après la fin de la commission mixte paritaire,
05:33la navette parlementaire reprend son cours,
05:35et c'est toujours, je fais un petit peu de droit constitutif,
05:37c'est toujours l'Assemblée nationale qui a le dernier mot.
05:39Et donc on n'a pas de budget.
05:41On espère avoir des forces vives qui se battent pour l'intérêt du pays,
05:47je pense que Marine Le Pen a tout intérêt dans cette séquence,
05:50à l'étape la plus constructive possible.
05:52On ne l'a pas entendue, ni Jordan Bardella,
05:56on entend les lieutenants, on entend M. Chenu, M. Tanguy,
06:01mais honnêtement, on sait que de toute manière la gauche ne votera pas ce budget,
06:05qu'ils vont essayer de proposer un certain nombre de censures,
06:07mais honnêtement, si on regarde vraiment ligne par ligne dans ce budget,
06:12je ne vois pas comment Marine Le Pen pourrait voter contre ce budget.
06:15Nathan Dever.
06:17Un dernier mot ou vous voulez qu'on passe à autre chose ?
06:19Parce que j'ai l'impression que vous avez tout dit.
06:20On peut rajouter une chose quand même,
06:22c'est qu'il est vrai que Michel Barnier, je suis tout à fait d'accord avec vous,
06:27a souhaité à travers ce budget, entre guillemets,
06:30agir un peu contre le programme qui était le sien,
06:32contre sa vision idéologique, l'augmentation des impôts sur les très hautes fortunes,
06:36le fait de retirer certains avantages aux entreprises,
06:40et ça, c'est quelque chose, à mon avis, qui est notable.
06:42Vous savez, c'est la phrase de Peggy sur Kant,
06:45que Kant a les mains pures, mais il n'a pas de mains.
06:47Et moi, j'observe que la gauche, le fait qu'elle rejette en bloc ce budget,
06:51évidemment, ce n'est pas un budget de gauche, il ne faut pas mentir,
06:54mais alors qu'il y a quand même un certain nombre de choses, en effet,
06:56qui pourraient tout à fait l'intéresser,
06:58et elle pourrait reconnaître, en tout cas, que Michel Barnier a fait des pas vers elle,
07:02je trouve que ça manque en quelque sorte, on pourrait dire, de fair play,
07:06et ça manque en tout cas de respect de l'intérêt général.
07:09Maude Bréjon, porte-parole du gouvernement,
07:11voilà ce qu'elle dit à propos de ce budget ce soir.
07:13Un budget, ce sont des choix, et nous avons fait des choix.
07:17Ce que nous présentons aujourd'hui, c'est un effort nécessaire, partagé et ciblé.
07:22Un effort nécessaire parce qu'il est urgent de maîtriser nos comptes
07:25au moment où notre déficit dépasse les 6% en 2024,
07:29et où il dépasserait les 7% sans effort supplémentaire l'année prochaine.
07:34Un effort partagé ensuite, et les ministres présents à mes côtés pourront en témoigner,
07:38un effort ciblé pour faire en sorte qu'il soit réparti de la manière la plus équitable possible.
07:43Le Premier ministre a tenu à remercier toute son équipe pour le travail réalisé en urgence,
07:49et il a rappelé, comme vous le savez, parce qu'il l'a déjà dit,
07:52sa volonté d'être responsable plutôt que populaire.
07:56Bon ben voilà, j'ai l'impression que Jules Thorez est tout à fait d'accord avec ce que dit Maude Bréjon.
08:00Je suis tout à fait d'accord avec ce que dit Maude Bréjon.
08:03Pour le coup, le gouvernement de Michel Barnier s'est très bien comporté.
08:06Les ministres ont plutôt joué fair-play, pour reprendre les mots de Nathan Devers.
08:12Ceux qui n'ont pas joué fair-play, c'est finalement les tenants de l'ex-majorité présidentielle.
08:17On verra quelles seront les réactions, quels seront les comportements dans les jours à venir
08:22de Gérald Darmanin et Gabriel Attal, qui n'ont pas manqué d'audace ces dernières semaines
08:26pour proposer leur meilleure solution pour restaurer l'économie française,
08:31solution qu'ils se sont bien garnés de nous donner pendant les sept dernières années.
08:34Moi, j'attends aussi une parole, c'est celle de Bruno Le Maire.
08:37Comment il considère ce budget ?
08:40On sait que ça a été l'un des premiers à tirer la sonnette d'alarme,
08:43quand bien même il était resté au sein du gouvernement.
08:45Souvenez-vous, il y a quelques années, il a demandé un projet de loi de finances rectificatives
08:48qui a été balayé d'un revers de main par Emmanuel Macron.
08:50Ensuite, je suis d'accord avec Pierre, il est resté, mais pour des raisons...
08:53Ah, Méni, ça ferme sa gueule, ça démissionne, j'lui tauraise.
08:57Je vous l'ai dit combien de fois ?
08:59De nombreuses fois.
09:00Moi, je persiste à penser qu'il ne pouvait pas partir, vu la situation du pays.
09:05Pourquoi vous dites ça ?
09:07Pour le coup, il a plutôt fait preuve de responsabilité, Bruno Le Maire.
09:11Et vous êtes d'accord aussi avec quand il s'est déclaré avant l'été ?
09:15Souvenez-vous de cette interview avec Benjamin Duhamel de BFM TV,
09:20quand il dit « Mais vous comprenez, j'ai sauvé la France ».
09:22Non, mais bon, ça c'est les excès de langage.
09:26Ça y est, vous avez été...
09:27C'est les excès de langage, mais moi je suis désolé, quand il défend sa ligne...
09:30Vous avez été asphyxié par le serpent K qui vous dit « Ayez confiance ».
09:35J'ai beaucoup de respect pour Bruno Le Maire.
09:37On a toujours eu des échanges tout à fait cordiaux,
09:40on a fait des interviews très constructives avec Bruno Le Maire.
09:43Mais j'estime malheureusement que quand une ligne ne va pas,
09:48quand le commandant d'un bateau, et c'est le marin qui vous parle,
09:52va dans le mauvais sens et que le commandant en second ne lui dit pas
09:56« Commandant, je suis désolé, mais je suis en désaccord avec vous, on va dans le mauvais sens »,
10:00ça ne peut pas fonctionner.
10:02Je dis juste qu'il a un petit peu plus de courage
10:04que ceux qui aujourd'hui donnent des leçons à Michel Barnier,
10:06qui présente un budget qui est convenable.
10:10Vous voulez que je vous repasse la séquence où TF1 a tendu son micro
10:14lors de l'arrivée de Michel Barnier dans la Vienne,
10:18et Sacha Houllier qui dit « Je n'osais pas censurer,
10:21mais j'aurais dû parce que franchement, les mesures de Retailleau ce matin
10:25sur l'immigration dans le parisien, ça me donne envie de vous censurer ».
10:29Mais on va où comme ça ?
10:31C'est quoi la suite si on censure le gouvernement ?
10:35La suite c'est le bilan de 10 ans de Macronisme,
10:39j'espère être là dans 3 ans avec vous pour en parler,
10:41et je pense qu'on sera très sévères, sans doute avec Bruno Le Maire,
10:45sans doute avec Gabriel Attal, sans doute avec Gérald Darmanin,
10:48sans doute peut-être avec Sacha Houllier, mais peut-être qu'on l'aura oublié d'ici là.
10:51On se retrouve dans un instant mon cher Jules Torres.
10:55J'aime bien débattre avec vous, j'aime bien ça !