Coalitions, désistements, tractations.. : Jusqu'à où allons nous ?

  • il y a 2 mois

Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Pierre de Vilno pour débattre des actualités du jour.
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00:00Heureux Pinsoir, 19h21, Pierre de Villeneuve.
00:05Avec Georges Fenech et Antonin André, on commente l'actualité, et peut-être une réaction à Patrick Vignel.
00:11Et cet Antonin André, cet action-réaction, m'écrivait Céline Giraud, qui écoutait l'interview depuis sa maison,
00:20et qui est notre présentatrice du 13h, et qui disait vraiment, il se comporte comme un judoka, action-réaction,
00:25il voit les choses de façon pragmatique, il se retire, et il laisse pour faire barrage au RN.
00:32Oui, il y avait dans les mots de Patrick Vignel, en même temps, je trouve, c'est toujours un peu pareil avec les macronistes,
00:37on est quand même un petit peu surpris, il dit que les gens ressentent fortement une forme d'abandon d'Emmanuel Macron,
00:44qui n'a jamais su nouer un lien avec les Français. Patrick Vignel faisait partie de ceux qui,
00:48au moment des Gilets jaunes, avaient bien compris, perçu cette colère, et s'en inquiétaient.
00:53Mais il n'a pas été entendu. Et quand il dit, j'espère qu'Emmanuel Macron va changer de peau,
00:57on sait maintenant depuis 7 ans qu'Emmanuel Macron est Emmanuel Macron, et qu'il ne changera absolument jamais de peau.
01:01Ou alors qu'il change souvent de peau, c'est-à-dire comme un caméléon.
01:04Là, c'est un président qui aujourd'hui est seul, que même ses collaborateurs ne comprennent plus,
01:08qui continue de le servir par loyauté, mais je peux vous dire qu'il y en a un certain nombre qui ont hâte de partir dans le privé,
01:15et de le laisser dans la mouise, parce qu'en réalité, le quinquennat d'Emmanuel Macron est terminé, c'est fini.
01:21C'est-à-dire que même un premier ministre qu'il nommerait, qui serait un ministre d'une majorité mosaïque,
01:28allant de la gauche à la droite raisonnable, de toute façon, c'est son premier ministre qui gouvernera.
01:34Et lui, sa parole, son impulsion, ne pèseront plus.
01:39C'est-à-dire qu'il est juste le garant des institutions, d'une certaine façon,
01:42mais en réalité, tout le monde considère, dans le personnel politique aujourd'hui, qu'il est quand même totalement démonétisé.
01:48On assiste à une fin de règne, tout simplement.
01:52Cette fin de règne a commencé précisément en juin 2022, lorsqu'il n'avait pas sa majorité pour gouverner.
01:59Et ça, tout le monde a compris, et lui aussi, mais il faisait comme si rien ne s'était passé,
02:04qu'il ne pourrait pas gouverner éternellement sans majorité.
02:08Il a essayé, mais à coup de 49-3.
02:11Et donc, un éloignement vis-à-vis de la démocratie parlementaire, et aussi du pays.
02:16Vous avez entièrement raison, et je crois que Patrick Vignal a raison de le dire.
02:19Et d'ailleurs, ça a été reconnu par le président lui-même.
02:22Il n'a pas réussi à rétablir ce lien de confiance entre les politiques et les citoyens.
02:28Et il l'a payé très chèrement, sans compter, évidemment, des erreurs d'orientation politique.
02:32Je pense à tous les sujets régaliens, et la justice en particulier.
02:36Donc, on est dans une fin de règne.
02:37Dans une fin de règne, la seule inquiétude que j'ai, et je pense qu'elle est partagée, Antonin,
02:41c'est qu'est-ce qui va se passer demain, après le second tour ?
02:45Alors, ce n'est pas demain, c'est dimanche ?
02:47Demain, c'est demain.
02:48Demain au grand D ?
02:49Vous entendez bien.
02:50Avec un grand D ?
02:51Avec un grand D.
02:52C'est-à-dire, est-ce que ce pays va connaître un blocage institutionnel,
02:56et là, c'est le vertige total ?
02:59Ou est-ce qu'il y aura une majorité, ou au moins une majorité relative,
03:04mais suffisante pour conduire le pays jusqu'aux prochaines élections présidentielles 2027 ?
03:10Autrement, il n'y aura pas d'autre solution que la démission du Président de la République.
03:14Ou est-ce qu'il y aura, effectivement, cette période un peu de latence,
03:17comme la Belgique a connue il n'y a pas très longtemps ?
03:19On n'est pas en Belgique, en France.
03:20Je suis d'accord.
03:21C'est un petit pays.
03:22Ce qui est étonnant, c'est qu'Emmanuel Macron aurait très bien pu ne pas provoquer une dissolution.
03:26Cette décision reste quand même l'impensée.
03:29Personne, Nicolas Sarkozy, les plus anciens, les plus raisonnables,
03:33personne ne comprend cette décision.
03:35Alain Macq, vous avez vu ce qu'a dit Alain Macq dans l'Express ?
03:37Il pouvait très bien avoir entendu le message,
03:40laisser se passer les Jeux Olympiques,
03:42laisser se passer l'Euro de football,
03:43laisser les Français partir en vacances,
03:45alors je ne vous dis pas que ça aurait été une situation idéale,
03:48et attendre le budget pour éventuellement, en cas de 49.3, en cas de censure,
03:53là où Bruno Le Maire, lui, assure qu'il commençait à discuter avec certains LR pour essayer de tenir son budget,
04:01et une fois qu'il y a la censure, là, pourquoi pas déclencher ?
04:04Ce qui est assez sidérant, c'est qu'il grille cette cartouche institutionnelle que la Constitution lui offre
04:10à un moment où, en fait, ça l'affaiblit considérablement,
04:14et ça le précipite dans une espèce de vide et de solitude.
04:17Et ce qui est inquiétant, vous avez raison Georges, c'est que c'est une fin de règne,
04:20mais il y a encore trois ans à tenir.
04:21Juste, est-ce que cette coalition proposée, qui irait modérer de droite jusqu'à la gauche radicale,
04:30est-ce que ça peut tenir, ou est-ce que déjà, on va tuer le problème dans l'oeuvre parce que ça ne tient pas ?
04:38Ça n'a pas de sens.
04:39Oui, mais ça n'a pas de sens.
04:40Voilà, c'est ça que j'aimerais bien avoir.
04:42Antonin André, ensuite Georges Fenech.
04:43J'apporte une nuance à ce que vous disiez tout à l'heure en parlant de 2022.
04:45Il y a quand même des textes qui sont passés.
04:47Ils ont fait des réformes.
04:48Parfois qui étaient votées par des députés RN, parfois qui étaient votées par des députés de gauche.
04:52Et donc, il y a quand même eu des textes, en fait.
04:54Pas majeurs.
04:55Pas majeurs, mais il y a quand même eu des textes qui sont passés.
04:57Et K1K, je ne vous dis pas que c'est idéal.
04:59Des retraites, 43, des lois de finances, 43.
05:02Oui, mais on a quand même fait la réforme du système des retraites, qui n'est pas une petite réforme.
05:08La loi immigration, bon, a été un peu plus compliquée, mais a quand même été adoptée.
05:13Je ne dis pas dans la facilité et dans la clairvoyance,
05:15mais si vous voulez, les institutions peuvent fonctionner, y compris avec un Premier ministre technique,
05:20qui texte par texte irait négocier des majorités et expédierait les affaires comptes.
05:25Cette coalition telle qu'elle est présentée n'a pas de logique ni institutionnelle et encore moins politique.
05:32Quand on a eu, souvenez-vous, sous Jospin, on disait la majorité...
05:36La gauche plurielle.
05:39La gauche plurielle, exact.
05:42C'était tous des gens de gauche.
05:44Ça allait de la gauche, gauche, gauche, à la gauche, jusqu'à sans doute un peu au centre.
05:47Des gens avec des convictions.
05:49Mais des gens qui partageaient en gros les mêmes valeurs.
05:52Vous ne pouvez pas mettre dans le même panier des mouvements politiques qui n'ont rien à voir entre eux.
05:58D'abord, c'est contre la démocratie, c'est contre le débat,
06:01c'est une volonté finalement de partis uniques et de faire taire toutes les oppositions.
06:05Et c'est un mépris des électeurs, du coup.
06:07Mais ça ne peut pas fonctionner.
06:09C'est une vue de l'esprit et c'est extrêmement dangereux de faire croire aujourd'hui à ceux qui vont voter dimanche
06:14qu'il pourrait y avoir une alternative avec une coalition de briques et de brocs
06:19qui va permettre de gouverner ce pays pendant encore trois ans.
06:22Ça n'est pas sérieux et ça n'est pas responsable.
06:24Je regarde cette nouvelle projection de l'IFOP.
06:27170 à 200 sièges pour le nouveau Front populaire.
06:3195 à 125 pour la majorité présidentielle.
06:35Les LR et diverses droites, 25 à 45.
06:39Et RN et ses alliés, 210 à 240.
06:43Voilà, donc ça c'est une nouvelle projection de sièges.
06:45Est-ce que dans l'État, sachant que le NFP à son maximum serait à 200 et le RN à 210,
06:51c'est quoi ? C'est une opposition frontale avec un juge de paix qui est la majorité présidentielle ?
06:55Tout dépend parce que si vous prenez vos chiffres, si vous prenez la fourchette haute de Renaissance,
06:59par exemple 125 députés, 170 LFI, vous êtes déjà à 295.
07:05LFP vous voulez dire ?
07:06Oui, le Front populaire, vous êtes déjà à 295.
07:09Sans parler des LR qui ne sont pas LR-RN.
07:13C'est des RN de canal historique.
07:15LFI mis de côté ?
07:17Si vous mettez de côté LFI, il faut regarder précisément le nombre de socialistes et d'écologistes
07:21qui seront élus et de voir si...
07:23On sait que la majorité c'est LFI.
07:25Les couleurs présidentielles, plus le Parti Socialiste, plus les écologistes, plus la droite modérée,
07:31peu ou non s'entendent, c'est la seule issue.
07:33La France est à droite, c'est ça que vous oubliez.
07:36La France n'est pas prête à accepter n'importe quelle réforme aujourd'hui.
07:39La France, vous parlez des électeurs, Georges.
07:41Je parle des électeurs.
07:43La grande erreur déjà de Macron, c'est d'avoir nommé Elisabeth Bande qui venait de la gauche.
07:48Il aurait dû comprendre en juin 2022 et qu'effectivement, c'est là qu'il fallait faire cette ouverture.
07:53Il ne l'a pas fait, sans doute par égo, sans doute en se disant qu'il serait toujours le meilleur
07:58et qu'il arriverait à gouverner, qu'il arriverait à recueillir la confiance.
08:01Il s'est leurré et il est allé dans le mur.
08:04Donc vous ne pouvez pas nous dire aujourd'hui, il va y avoir une coalition
08:08qui va rassembler les socialistes, les écologistes.
08:11Les Français, les électeurs, n'en veulent pas et vous verrez dimanche.
08:15Mais vous n'avez pas le droit de ne pas être d'accord.
08:17Georges dit que ça ne marchera pas et Antonin dit que ça pourrait peut-être sur certains cas marcher.
08:23Les socialistes d'aujourd'hui ne sont pas les socialistes d'hier.
08:25Il y a quand même eu, depuis l'arrivée de Macron au pouvoir, avant l'arrivée de Macron au pouvoir,
08:29un certain François Hollande qui n'a pas laissé une trace immémorable dans l'histoire
08:33mais néanmoins qui a converti la gauche au libéralisme et qui a fait du Parti Socialiste
08:37un parti qui abandonnait la lutte contre l'économie de marché pour adopter la politique de l'offre.
08:41Donc cette droitisation, elle a opéré au Parti Socialiste d'une certaine façon.
08:45Et Emmanuel Macron aujourd'hui est aussi le réceptacle de cette droitisation de la société
08:49dans le sens où il vient d'une gauche sociale libérale qui n'existait pas avant François Hollande.
08:55Donc cette droitisation, elle existe aussi dans ces parties-là.
08:58Quand vous voyez un Yannick Jadot par exemple, qui est chez les écologistes,
09:01il est parfaitement compatible avec le libéralisme économique défendu par une partie de la droite.
09:07Donc vous avez raison, il y a une droitisation de la société.
09:10Mais d'une certaine façon, y compris les parties de gauche en ont tenu compte.
09:13Je ne vous dis pas que ça va marcher.
09:15Mais voilà, moi je suis comme vous, je cherche...
09:18J'attends de voir l'ILR. Vous avez des exemples des députés qui seront réunis à l'ILR.
09:23Quand on va leur dire qu'il faut indexer le salaire...
09:26Et bien c'est ça, quand on va aller sur le fond...
09:28Quand on va aller sur le dur...
09:29Ça ne sera que des réformes minimales.
09:31J'attends de voir cette coalition...
09:32Parce que pour l'instant, vous avez Edouard Philippe qui dit « je vais voter communiste ».
09:35Mais quand il s'agira d'aller effectivement dans le dur...
09:38C'est sûr que ça limite la portée des réformes qu'on va faire.
09:42Si déjà on peut faire en sorte que le pays fonctionne et qu'on ait un budget...
09:45On va approcher la loi sur l'immigration ?
09:47Vu la situation dans laquelle on est...
09:50Déjà, on n'a plus de réforme de l'assurance chômage, nous a dit le Premier ministre.
09:54C'est vraiment d'une navigation à vue, je dirais, dans un brouillard très épais,
10:00qui peut nous amener sur un récif.
10:03Je vous propose qu'on marque une pause, d'ores et déjà, dans Europe Un Soir.
10:07Je vous signale également qu'historiquement Votre vous attend du lundi au vendredi de 15h à 16h.
10:11Stéphane Berne vous fait le récit d'événements sur Europe Un.
10:15De lieux, de personnages qui ont fasciné l'histoire.
10:18Demain, on parlera du fort de Brégançon, la maison de vacances présidentielle,
10:22qui a accueilli nombre de chefs d'État étrangers.
10:26Dans un instant, le rappel des titres de l'actualité.
10:28Puis, on s'intéressera avec Georges et Antonin à cette agression des équipes de Priskatev.
10:33On va tout de suite sur Europe Un.
10:3519h21
10:37Europe Un Soir

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