• il y a 2 mois

Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Pierre de Vilno pour débattre des actualités du jour.
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Transcription
00:00Europe 1 Soir, 19h21, Pierre de Villeneuve.
00:05Avec Jean-Michel Salator et Antonin André, on a évoqué en début de journal de 19h avec Alexandre Chauveau du service politique d'Europe 1 ce petit déjeuner.
00:15On ne sait pas ce qu'on a servi d'ailleurs, si c'était plutôt un Red Bull ou je ne sais pas quoi, à Bruno Retailleau et à Didier Migaud ou de la camomille au contraire.
00:26A quoi ça rime ce rendez-vous ? Puisque d'après ce que j'ai compris, on a réuni le ministre de l'Intérieur et de la Justice pour dire il faut que vous parliez d'une seule voix.
00:40Est-ce que ça va marcher ou est-ce que c'était juste Barnier dans le rôle du maître d'école qui prend l'oreille, qui l'attire un peu en disant ce n'est pas bien ce que vous faites Jean-Michel Salator ?
00:51A quoi ça a servi ? Réponse, pas à grand chose, à calmer le jeu sans doute.
00:56C'est de la com' mais le problème de fond c'est que là on a une vraie cohabitation.
01:01On a une cohabitation entre deux ministres qui doivent traiter d'un même sujet parce que finalement la Justice et l'Intérieur c'est le même sujet pris sous des angles différents.
01:10Et ce sont deux ministres qui n'ont pas les mêmes conceptions de la politique pénale.
01:14Ils n'ont pas le même logiciel.
01:15Ils n'ont pas du tout le même logiciel et on l'a vu d'ailleurs dès les passations de pouvoir.
01:19Quand vous voyez Retailleau qui dit moi mon objectif c'est de l'ordre, de l'ordre, de l'ordre et puis Migaud qui lui rend hommage à Christine Taubira, on voit bien que là c'est l'eau et le feu.
01:29Donc comme c'est compliqué, Barnier les a nommés tous les deux.
01:33Il a un gouvernement qui est absolument impossible donc il en est bien conscient.
01:36Là il essaye de calmer le jeu mais évidemment que les problèmes vont être permanents.
01:42Moi je pense qu'on peut aussi voir les choses sous un autre aspect.
01:46C'est-à-dire que Retailleau arrive, dit de l'ordre, de l'ordre, de l'ordre.
01:49C'est un ministre de l'Intérieur qui s'installe, qui en plus vient d'un camp qui a été extrêmement sévère, extrêmement critique sur la gestion de la sécurité lorsqu'il était dans l'opposition.
01:57Il doit envoyer un signal clair aux forces de l'ordre et à son administration.
02:00C'est bien normal.
02:01Le garde des Sceaux arrive, il commence par avoir un propos pour sa propre administration, ce qui est bien normal aussi.
02:06C'est-à-dire les magistrats défendent la justice qui est quand même très mise en cause régulièrement au moindre fait divers.
02:11Très bien.
02:12Partant de ce constat, quel est l'intérêt des deux hommes ?
02:14L'intérêt des deux hommes c'est d'essayer de durer et d'avoir des résultats.
02:17C'est-à-dire que ce gouvernement est très fragile parce qu'intrinsèquement il est très divisé.
02:23Mais pourquoi cette division et cette opposition ne pourraient pas devenir une coproduction intelligente ?
02:28C'est-à-dire qu'en réalité, la gauche aurait tout à gagner à s'amender sur son angélisme en matière de sécurité, de politique pénale, de justice.
02:39Et Didier Migaud devrait en tenir compte et essayer de faire un pas dans cette direction.
02:43De la même façon que Retailleau a bien conscience qu'on ne peut pas simplement tenir la matraque et la répression comme toute politique pénale.
02:51Donc en réalité, certes, ça peut être une machine à couac.
02:54Pourquoi est-ce qu'on ne voit jamais les choses d'un côté qui pourrait être constructif ?
03:00Est-ce que ces deux hommes ne pourraient pas parvenir à s'entendre d'une façon ou d'une autre ?
03:03Parce qu'en attendant, quand vous écoutez la gauche et vous dites qu'elle pourrait peut-être s'assagir, voilà ce que dit par exemple Manuel Bompard ce matin sur RTL.
03:09Je suis en colère de la forme d'instrumentalisation totalement ignoble et honteuse à laquelle on assiste depuis plusieurs jours.
03:15Ça veut dire que quand une jeune femme en France est violée ou tuée par une personne de nationalité française, il ne faudrait rien faire ?
03:22C'est ça que ça veut dire ? Moi, je ne suis pas d'accord avec ça.
03:24J'observe que quand on est à plus de 100 féminicides cette année en 2024, je trouve que certaines formations politiques, notamment à l'extrême droite,
03:32réagissent quand ces féminicides sont commis par des personnes de nationalité étrangère.
03:36Elles ne le font pas quand elles sont commises par des personnes de nationalité française.
03:39Donc si on veut vraiment avoir une action vigoureuse, et il faut la voir, sur la question des féminicides, sur la question du viol,
03:45on s'attaque à tous les cas, quelle que soit la nationalité, des personnes qui sont présumées coupables de ces actes horribles.
03:50Moi, je veux bien, mais si on a une gauche comme ça tout le temps, on n'y arrivera pas.
03:55Didier Migaud n'est pas cette gauche-là. Lui, il fait de l'instrumentalisation à l'envers.
03:59C'est-à-dire qu'il est quasiment en train d'avoir un message à l'endroit des clandestins, des immigrés, des populations de l'étranger
04:08pour quasiment les victimiser au travers de ce fait divers.
04:11Je ne parlais pas de ça. Moi, je vous parle d'une gauche qui aspire à être raisonnable et de gouvernement.
04:16C'est-à-dire une partie du Parti Socialiste dont vient Didier Migaud.
04:19Et de la même façon, je pense que si Bruno Retailleau n'est que dans la parole...
04:22Mais la gauche en parlant, elle est représentée par ce qu'on vient d'entendre et non pas cette gauche qui existe.
04:27Il y a aussi des socialistes.
04:28Oui, mais ils sont combien, Antonin ?
04:29D'accord, mais Didier Migaud, il peut peut-être...
04:31Les chiffres sont têtus, c'est la loi du nom.
04:34Qu'est-ce qu'on fait ? On ne fait rien ? On ne cède à tout ?
04:37Non, mais il ne s'agit pas de cèder à tout.
04:39Je vous écoute.
04:40Mais Migaud, il arrive et il rend hommage à Taubira.
04:43Il sait très bien ce qu'il fait.
04:45Taubira, c'est une ministre de la Justice qui est très emblématique d'une certaine conception de la politique pénale.
04:50C'est une femme qui était contre l'usage de la prison.
04:53Bon, et ce n'est évidemment pas du tout les conceptions de Retailleau.
04:56Évidemment qu'ils ont intérêt à ce que ça réussisse,
04:59mais ils ont aussi chacun intérêt à montrer à leur propre camp qu'ils résistent au camp d'en face.
05:05Réussir pour ne rien faire, en fait, ça n'aura qu'un effet.
05:07C'est-à-dire que je pense que les Français aujourd'hui,
05:09les postures électoralistes et les grands discours à faire des boulinets sans avoir aucun résultat,
05:13ça ne marche plus.
05:15Donc Bruno Retailleau, si vous voulez des résultats, il y a un moment où il sera obligé,
05:18à un moment ou à un autre, parce que dans la chaîne pénal, c'est comme ça,
05:20quand vous arrêtez des délinquants et que vous les traduisez en justice,
05:22il a intérêt à ce que derrière, le monde judiciaire soit aligné.
05:25Donc, en fait, il va falloir trouver un modus operandi,
05:27et je pense que Didier Migaud n'est pas aussi angélique que l'a été Christine Taubira,
05:31même s'il a envoyé un signal à cette gauche-là, soit.
05:34L'un et l'autre ont besoin d'avoir des résultats,
05:36et l'un contre l'autre n'en auront aucun, dont Acte.
05:39Mais dans cette bataille, je pense que Retailleau, il a quand même deux atouts que n'a pas Migaud.
05:44D'abord, il a l'atout de l'opinion publique, ce qu'on disait tout à l'heure avec le sondage du Figaro,
05:48et deux, il sait très bien que Barnier est de son côté.
05:51Il le sait très bien.
05:52On se souvient du programme de Michel Barnier lors de la primaire de la présidentielle.
05:59Il avait un programme sur les questions d'immigration, un programme en fait très à droite,
06:03et Retailleau sait très bien que finalement, même si par fonction Barnier est obligé de calmer un peu le jeu,
06:10il sait très bien que Barnier est de son côté.
06:12Les premières prises de parole de Michel Barnier insistent beaucoup sur une forme d'équilibre, y compris dans ces domaines.
06:17C'est lui qui parle d'humanité et d'humanisme, notamment lorsqu'il parle de ces questions-là,
06:22alors que personne ne lui demande de le faire.
06:24D'après les informations qu'on a, c'est aussi lui qui a choisi Didier Migaud pour aller à la justice.
06:29Je ne sais pas si les Français le comprennent ce choix-là.
06:32Je trouve qu'à travers Migaud et Retailleau, on a quand même un affrontement qui est, je trouve, un peu navrant
06:39entre une gauche de gouvernement et une droite de gouvernement républicaine raisonnable,
06:44qui continue à faire de la surenchère et de la posture et de l'instrumentalisation,
06:48alors qu'elle devrait montrer, au contraire aux Français, et pour lutter contre les extrêmes,
06:53que ces gens-là sont des gens raisonnables, capables de trouver des solutions pragmatiques
06:57pour répondre aux problèmes concrets des Français.
06:59Ça me paraît dingue que ça ne leur apparaisse pas comme quelque chose de naturel.
07:03André et Jean-Michel Salvatore, que je voulais interroger sur le déficit,
07:07parce qu'on annonce un déficit à 6,2% maintenant.
07:10On reviendra.
07:11Avec un ministre de l'économie sortant qui vante son bilan,
07:16et un ministre arrivant qui dit qu'il reprend un super bilan.
07:20Et 6,2% de déficit.
07:2219h56, on se retrouve pour le journal à 20h.
07:24A tout de suite.

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