Michel Barnier face à la menace de la motion de censure ?

  • il y a 5 jours

Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Pierre de Vilno pour débattre des actualités du jour.
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00:00Heureux Pinsoir, 19h21, Pierre de Villeneuve.
00:04Toujours avec Gilles Boutin et Alexandre Malafaille pour discuter de l'actualité.
00:10Actualité également marquée par les consultations à Matignon qui continuent avec les députés du groupe Liott.
00:17Les représentants du groupe Liott aujourd'hui à Matignon autour de Michel Barnier.
00:22Demain ça sera la rencontre avec les députés macronistes comme on les appelle encore.
00:26Et en attendant, la question c'est de savoir jusqu'où le RN soutiendra Michel Barnier.
00:35Écoutez ce que disait Marine Le Pen lors de la rentrée RN hier à Hénin-Beaumont.
00:41Après deux mois où la démocratie aura été tant maltraitée au risque d'exaspérer et parfois de désespérer nos compatriotes,
00:47il est de notre devoir de rendre justice autant que possible aux volontés exprimées par les Français
00:53et de mettre le futur gouvernement sous surveillance.
00:56Nous n'accorderons pas de blanc-seing.
00:59Que les choses soient là encore très claires,
01:02si au fil des semaines les Français devaient à nouveau être oubliés ou maltraités,
01:08nous n'hésiterons pas à censurer le gouvernement.
01:11Eh bien voilà, ça c'est clair. Marine Le Pen qui ensuite a un peu rétropédalé en disant qu'elle n'était pas la DRH,
01:17qu'elle n'était pas là, enfin quand même que Michel Barnier était sous surveillance.
01:21Alors Éric Coquerel ce matin sur France Info rappelle que Marine Le Pen et son parti ont bien participé,
01:29selon lui, à la nomination du nouveau Premier Ministre.
01:32Oui, bien sûr que ça peut arriver. On a déjà eu des motions de censure que nous avons déposées, que le RN a votées.
01:36Mais enfin, n'inversez pas les problèmes si vous voulez.
01:38Pour l'instant, on est dans une situation où l'exécutif s'est mis dans les mains du RN,
01:42a testé tous les Premiers Ministres en demandant à Marine Le Pen qu'est-ce qu'elle ferait,
01:46jusqu'à trouver le Premier Ministre qui va à Mme Le Pen.
01:49Alors, elle s'est aperçue hier un peu du danger.
01:51Elle dit, ah non, je ne suis pas le DRH, parce qu'elle voit bien qu'appuyer un Premier Ministre du système
01:55qui favorise une politique néolibérale, il y a une partie de ses électeurs, à mon avis, qui ne doivent peu apprécier l'histoire.
02:00Enfin, c'est bien ce qui s'est passé.
02:02Gilles Boutin, question simple, est-ce que c'est grave, docteur ?
02:07Je trouve que la gauche a beau jeu de crier que le gouvernement est désormais otage du RN,
02:14en réalité, c'est le jeu parlementaire.
02:16C'est-à-dire que ce qui ne s'est pas fait de leur côté pour rassembler une coalition suffisamment importante
02:22a été fait par Emmanuel Macron de son côté pour réussir à avoir un gouvernement qui ne se fasse pas censurer.
02:29Et ce qui leur arrache le cœur, finalement, à tous ces membres du NFP,
02:35c'est que le RN, qu'ils ont voué aux gémonies et qui représente pourtant plusieurs millions d'électeurs,
02:41puisse avoir son mot à dire.
02:43En fait, ça révèle quelque chose de très fort dans l'inconscient de gauche,
02:47c'est que le RN ne peut pas être considéré comme faisant partie du champ politique.
02:52Du coup, dans leurs calculs, aussi rationnels soient-ils,
02:55je pense qu'ils ont souvent tendance à penser que ce n'est même pas à prendre en compte.
02:59Or, ce qu'ils découvrent, c'est qu'il y a des réalités parlementaires qui sont les mêmes dans tous les pays démocratiques
03:04et que là, à la façon française, c'est-à-dire qu'on n'est pas sur une coalition,
03:09on est sur une entente, une majo-opposition, on entend tous les termes aujourd'hui,
03:14simplement avec notre spécificité française et notre nouveauté,
03:19nous ne sommes pas habitués à être face à ce cas de figure,
03:23ils sont en train de découvrir quelque chose de très simple,
03:26c'est la vie des parlements et des alliances.
03:28Alexandre Malafaille, à l'Ouest, rien de nouveau, comme dit Gilles Boutin ?
03:32En tout cas, ce qui est sûr, c'est que la situation est grave.
03:34La gauche avait voulu vraiment se donner la chance d'avoir un candidat
03:38qui aurait été vraiment challengé par Emmanuel Macron, accepté ou rejeté, elle aurait pu le faire.
03:42Ça, c'est très clair, on a tous vu cette séquence.
03:44C'est-à-dire Bernard Cazeneuve ?
03:45Bernard Cazeneuve, c'est vrai que là, quand même, on est arrivé à un niveau de fiasco invraisemblable de la part de la gauche
03:50qui laissera, à mon avis, des traces très profondes.
03:52Il suffisait d'écouter ce que disait François Hollande ce matin,
03:55on comprend très bien qu'une bonne partie des députés socialistes n'auraient sans doute pas voté la censure contre Bernard Cazeneuve.
04:00Alors justement, François Hollande, lui, n'hésitera pas à censurer.
04:05Voilà ce que dit l'ancien président.
04:10François Hollande ?
04:11Oui ! Comment accepter que les Français qui ont voulu écarter l'extrême droite,
04:16qui voulaient qu'il y ait du changement,
04:18qui voulaient qu'il y ait une amélioration de leur pouvoir d'achat,
04:21une révision de la réforme des retraites,
04:24qu'il puisse y avoir une meilleure pratique des institutions,
04:27qu'il n'y ait pas de continuité avec Emmanuel Macron ?
04:30Comment voulez-vous que l'on puisse donner d'autres accords ?
04:33Vous voterez la censure ?
04:34Voilà.
04:35Bah oui !
04:36Évidemment, il n'y a pratiquement aucune chance que des représentants de la gauche soient dans ce gouvernement.
04:40Donc de fait, c'est un boulevard, entre guillemets, pour le Nouveau Front Populaire de voter la censure,
04:45qui d'ailleurs ne fera sans doute pas tomber le gouvernement pendant un certain temps,
04:48parce qu'il y a fort à parier que Marine Le Pen et le RN se servent de cette position très particulière,
04:54sachant qu'ils ont déjà voté des censures les uns et les autres,
04:56sauf qu'ils n'avaient pas le pouvoir de faire tomber le gouvernement dans la précédente mandature,
04:59ils vont s'en servir pour négocier.
05:01Il y a quand même un alignement des planètes réelles,
05:03entre les positions de Michel Barnier quand il était au sein des Républicains,
05:07notamment candidat en 2021,
05:10et puis le RN, sur l'immigration, sur l'aide médicale d'urgence, sur les peines planchers,
05:14il y a toute une série de sujets sur lesquels il y a une compatibilité.
05:16Alors après, il faudra le mettre en oeuvre,
05:18parce que ce n'est pas le tout de proposer,
05:20il faut quand même voir comment la France va réagir,
05:22comment la rue va réagir, comment les partenaires sociaux vont réagir.
05:25Là pour l'instant c'est calme, parce qu'il n'y a rien de concret,
05:27il n'y a pas de grain à moudre, à part un peu de colère qui monte.
05:29On commence à avoir quand même quelques informations,
05:31on avait l'impression qu'il y aurait peut-être la possibilité
05:35de mettre en place un ministère de l'immigration,
05:38tout à l'heure Matignon a démenti cette information,
05:41et puisque vous parlez de l'AME, l'aide médicale d'État,
05:44qui est effectivement utilisée par certaines personnes qui sont candidates à l'immigration
05:49et qui arrivent en France,
05:51eh bien, tout à l'heure, Laurent Jacobelli du RN
05:55n'était pas très à l'aise pour répondre à cette question,
05:58et d'après ce qu'on a compris, en gros,
06:00il ne censura pas, mais il est contre une AME en l'état.
06:03C'est-à-dire qu'il faudra la détricoter,
06:05et qu'il ne faut surtout pas aller sur tous les aspects de cette aide médicale d'État.
06:11Donc encore une fois, on marche sur des oeufs,
06:14tout cela est très fragile. Gilles Boutin ?
06:16On a du mal à croire à Michel Barnier quand il dit qu'il est ouvert
06:18à ce qu'il y ait des ministres de gauche.
06:21Il a dit qu'il y avait des bonnes idées à prendre partout,
06:24mais Hollande a clos les débats.
06:27On se doute bien qu'à priori, quasiment aucun ministre de gauche ne va y aller.
06:33Or, diriger, c'est prendre une direction, par nature.
06:37Et ce que fait Michel Barnier, par voie de fait,
06:40c'est de planter un clou dans le cercueil du en même temps.
06:43Emmanuel Macron a cherché à louvoyer, à satisfaire tout le monde.
06:47Avec cette dissolution et cette redistribution des cartes parlementaires,
06:52on voit bien que Michel Barnier est obligé d'aller dans une certaine direction,
06:56c'est-à-dire qu'il va devoir porter un discours plutôt de droite,
06:59mais qui ne soit pas non plus trop de droite pour ne pas effrayer le centre,
07:03mais qui donne suffisamment de gage au RN pour que le RN ne le censure pas,
07:07et puis que le RN puisse continuer de se différencier,
07:10parce que c'est ce que souhaite aussi le RN,
07:12c'est de se montrer responsable tout en montrant
07:15qu'il porte un projet beaucoup plus radical,
07:18qui va réellement changer la vie des Français.
07:20Donc, selon vous, il n'y aura aucun ministre de gauche,
07:23ou en tout cas de la gauche étiquetée ?
07:25Il ne faut jamais dire jamais,
07:27puisqu'on se souvient que Nicolas Sarkozy, en son temps,
07:29avait réussi à ramener des personnalités de gauche.
07:32Ce n'était pas du tout la même configuration.
07:35C'était absolument le même contexte en plus, bien sûr.
07:37On n'a pas de boule de cristal, mais le contexte fait que...
07:40Mais est-ce que vous pensez que...
07:42C'est important, parce que...
07:43Est-ce que vous pensez que le bloc uni de gauche
07:47lève vraiment derrière ce que vous venez de dire,
07:49c'est-à-dire derrière François Hollande,
07:50qui a clos le débat en disant
07:51qu'il n'y aura personne et qu'on ira sur la censure ?
07:54Donc, on peut s'imaginer que,
07:56à tout le moins, à peu de choses près,
07:58à 5% de marge,
08:00les 193 du NFP voteront la censure,
08:03d'une manière générale, de Michel Barnier ?
08:06Ou est-ce que, par exemple,
08:08dans les 66, je crois, socialistes,
08:12est-ce qu'il n'y en a pas 5, ou 10, ou 20
08:16qui se diront, peut-être qu'il faut avancer,
08:19peut-être qu'il faut sauver le pays,
08:21peut-être qu'au regard de ce qu'a dit Philippe de Certaines
08:23sur le déficit,
08:25il faut peut-être se serrer les coudes ?
08:27Alexandre Malafaille ?
08:29En fait, si l'ERN ne vote pas la censure en même temps,
08:31ça n'est pas grave.
08:33Ils peuvent, les 193, voter,
08:35ils voteront, très bien, dont acte.
08:37Ils auront pris position, ils seront restés cohérents,
08:39une fois de plus, le plus loin possible.
08:41Mais il n'y aura pas de censure ?
08:42Il n'y aura pas de censure, le gouvernement ne tombera pas.
08:43Et après, rien n'empêchera les parlementaires
08:45qui le souhaiteront, texte par texte, sujet par sujet,
08:47de reprendre, ou dans le cadre d'une dynamique de groupe,
08:49ou dans le cadre d'une approche personnelle,
08:51de reprendre un peu de liberté.
08:53Et de faire peut-être de l'obstruction parlementaire.
08:55Tout est possible, c'est même prévisible.
08:57De toute façon, aujourd'hui, on est encore un peu dans le flou,
08:59si je puis me permettre, sur un point clair,
09:01c'est que 1, il n'y a pas de gouvernement.
09:03La première indication majeure, ça va être de savoir comment est composé
09:05les 20, 30, 40,
09:07sont composés par exemple les 20, 30, 40 portefeuilles
09:09et les directeurs des cabinets qui vont venir avec, ça va donner une indication claire.
09:11Arrêtez, j'espère qu'il n'y aura pas 40 ministres.
09:13Entre les ministres et les secrétaires d'Etat,
09:15il n'est pas imprimé.
09:17Mais c'est ce qu'on a aujourd'hui.
09:19Mais oui, mais ça ne sert à rien et tout le monde le sait.
09:21Sauf qu'il y a tellement de sujets et qu'il faut qu'un ministre ne peut pas tout porter,
09:23donc il lui faut des secrétaires d'Etat pour régler.
09:25Et ensuite, ce qu'il va vraiment falloir regarder très près
09:27et décrypter, c'est le discours de politique générale.
09:29Et là, on verra à la fois sur le levier régalien
09:31ce qui va être fait,
09:33l'autorité de l'Etat et ce qui va permettre
09:35de faire la passerelle
09:37avec le RN et puis sur le social
09:39parce qu'évidemment, le RN n'est pas que
09:41dans une approche ultralibérale.
09:43Ils ont une approche sociale qui est forte et donc ils vont attendre des gages.
09:45Donc c'est sur cet équilibre-là qu'il va falloir jouer pour lui.
09:47Mais en matière de com politique,
09:49est-ce que si jamais
09:51il n'y a aucun membre du NFP actuel
09:53qui rejoint le gouvernement, par exemple
09:55de Michel Barnier, même s'il l'appelle de ses voeux
09:57puisqu'il a dit qu'il regarderait
09:59des tas de visages et des gens
10:01aussi de toutes les formations
10:03politiques, est-ce que
10:05si jamais il y a une
10:07personnalité, j'allais dire
10:09d'Ensemble pour la République
10:11mais qui est une ancienne personnalité de gauche
10:13je pense par exemple à Olivier Dussopt,
10:15à... alors Sacha Houllier est sorti,
10:17mais est-ce qu'une personnalité comme ça
10:19un peu hybride permettra ensuite
10:21à Michel Barnier de dire, regardez, j'ai des gens de gauche
10:23dans mon gouvernement, Gilles Boutin ?
10:25Il risque de se mettre un caillou dans la chaussure
10:27s'il fait ça, parce que
10:29déjà j'avais du mal à croire
10:31qu'une partie des socialistes puisse accepter
10:33de ne pas voter la censure
10:35alors qu'ils accusent sans cesse
10:37la nouvelle majorité
10:39d'être soutenue,
10:41en tout cas d'exister
10:43avec l'aval du RN.
10:45Donc ensuite dans la composition du
10:47gouvernement, il faudrait que Michel Barnier
10:49soit très très fort en négociation
10:51pour convaincre
10:53le RN qu'il n'a pas
10:55dans son gouvernement
10:57de dangereux socialistes
10:59qui vont porter tout ce que le RN
11:01rejette, à savoir
11:03l'accommodement sur certaines
11:05questions communautaires, etc. Même si, vous avez parlé
11:07de Dussopt, il n'est pas du tout question
11:09d'accuser Dussopt de ces travers-là.
11:11Mais les talents de négociateur
11:13de Barnier sont tenus, mais quand même,
11:15ça ne peut pas faire de miracles, comme il l'a dit.
11:17La réforme des retraites à 64 ans,
11:19et on le sait, on se souvient
11:21dans quelles conditions.

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