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Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Pierre de Vilno pour débattre des actualités du jour. Ensemble, ils reviennent sur son passage au 20h de TF1 concernant la censure qui menace son gouvernement à propos du budget.
Retrouvez "Les débats d'Europe 1 Soir" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-actu

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Transcription
00:00Europe 1 Soir. 19h21, Pierre de Villeneuve.
00:04Toujours en compagnie de Gilles Boutin du Figaro et de Raphaël Stainville du JDD,
00:08Michel Barnier s'est exprimé aux 20h de TF1 et la question qu'on lui a posée,
00:14que Gilles Boulot lui a posée, c'est la question que j'ai posée à Hervé Morin tout à l'heure
00:18quand il était notre invité politique, c'est censure ou pas censure ?
00:22Qu'est-ce qui se passe s'il y a censure ?
00:23Moi je sais depuis le premier jour, depuis le 5 septembre qu'il peut y avoir une censure
00:27et que s'il y a une alliance dont les votes jetombent, le gouvernement s'arrête.
00:32Et qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qui se passe ?
00:34Il n'y a plus de budget, il faudra reprendre une discussion,
00:37il y aura des mesures d'urgence, il y aura une tempête probablement assez grave
00:42et des turbulences graves sur les marchés financiers.
00:44Nous empruntons déjà très haut nos taux d'intérêt,
00:47des taux d'intérêt que nous sommes obligés de respecter
00:50pour financer notre dette avec des investisseurs chinois ou américains
00:55qui sont actuellement presque au niveau de la Grèce.
00:58Voilà, donc pour mettre les sous-titres, si il y a censure je tombe,
01:04mais à la limite je m'en fous, de toute façon j'ai toujours su qu'à un moment donné je tomberais.
01:08Par contre, pour le budget c'est autre chose,
01:11il y a des choses très graves qui vont se passer au niveau économique,
01:14le budget qui va s'appliquer c'est celui de l'an dernier.
01:17Dans les colonnes du Figaro, Gilles Boutin, Marine Le Pen a expliqué
01:21que le gouvernement ment quand il dit qu'il va se passer des choses horribles
01:26et notamment qu'on ne va pas pouvoir payer les fonctionnaires, etc.
01:28Qu'est-ce qui se passe ? Qui a raison ? Qui a tort ?
01:33J'ai l'impression que, et dites-moi ce que vous en pensez,
01:37j'ai l'impression que le Premier ministre est venu sur le plateau, encore une fois,
01:40pourquoi TF1 et pas les autres ?
01:42Parce que c'est le journal le plus regardé en France
01:45et même visionné également dans d'autres pays d'Europe francophones.
01:50Pourquoi vient-il pour enfumer encore plus les gens ?
01:56C'est assez étonnant.
01:58Je pense qu'il joue la carte du après-mois le chaos
02:02et donc il met la pression,
02:04en tout cas il tente de mettre la pression sur Marine Le Pen et ses parlementaires
02:08en leur expliquant que le jeu auquel il s'apprête à participer
02:14pourrait précipiter la France dans une situation extrêmement délicate
02:18et donc prendre à témoin notamment les électeurs du RN
02:22de ce que se prépare à faire Marine Le Pen.
02:26Pour autant, je ne suis pas sûr que ce soit très efficace.
02:29J'ai l'impression que du côté du RN, Marine Le Pen et son groupe parlementaire
02:35sont de plus en plus décidés.
02:37Emmanuel Macron s'est même fait une raison
02:40à en croire nos confrères du Parisien qui pariaient...
02:43Oui, alors c'est une rumeur démentie.
02:45Oui, c'est une rumeur démentie mais qui est confirmée par nos confrères du Parisien.
02:50Qui dit en gros que de toute façon Marine Le Pen va faire tomber le gouvernement.
02:54Exactement.
02:56Mon cher Gilles,
02:58M. Barnier force le trait et d'ailleurs il cherche à faire peur
03:01en évoquant la détention de la dette par des Chinois ou des Américains.
03:05Ça, ce n'est pas un problème.
03:07Tout le monde le sait et c'est très bien de diversifier la détention de la dette.
03:12Il n'y a pas que les Français qui la possèdent.
03:14En revanche, je trouve que...
03:16Vous voulez dire sur le parallèle avec les Américains ?
03:18Il nous explique que la dette va être possédée par d'autres...
03:22C'est déjà le cas ?
03:23Oui, c'est déjà le cas.
03:24Donc en fait, de dire cela, c'est une évidence.
03:26Ça a été très très bien expliqué, pardonnez-moi,
03:29il y a quelques semaines par Agnès Verdier-Molinier
03:33dans une chronique éco dans la matinale d'Europe 1
03:36où elle disait
03:37oui, on a 6-1 de déficit,
03:39oui, les Américains ont 6-2,
03:41mais en attendant, la dette en France,
03:44ce sont des fonds d'investissement américains,
03:46la plupart du temps,
03:47ou en tout cas étrangers,
03:48parce qu'il y a aussi des fonds singapouriens, etc.
03:51Et aux Etats-Unis,
03:53rebelote, simplement l'argent est chez eux.
03:55Donc c'est quand même très très différent.
03:57Oui, mais ce que je veux dire,
03:58c'est qu'il n'y a pas que eux qui possèdent la dette.
04:00Ça, c'est une façon d'insister pour faire peur.
04:02Cependant, entre Michel Barnier et Marine Le Pen,
04:05je pense que tous les deux ont raison,
04:07mais qu'il y en a sans doute un qui a un peu plus raison que l'autre.
04:09Ce que je veux dire, c'est que Marine Le Pen nous explique
04:11que la continuité de l'Etat est assurée.
04:13C'est vrai.
04:14Des dispositions ont été prises constitutionnelles.
04:17Ce n'est pas un problème.
04:18Ce n'est pas un shutdown comme aux Etats-Unis.
04:20Exactement.
04:21Non seulement, il n'y a pas le shutdown,
04:23mais en plus, le remboursement de la dette est opérationnel.
04:28L'Etat français, à ce niveau-là, est particulièrement solide.
04:30Mais Marine Le Pen dit que les fonctionnaires
04:32ne seront plus payés à partir de septembre.
04:34Marine Le Pen dit cela ?
04:35Oui.
04:36Elle a dit ça à la sortie de Batignons l'autre jour.
04:38Dans ce cas, elle est absolument absurde et elle se contredit.
04:40Parce qu'effectivement, le budget sera opérationnel
04:43et tout a été prévu pour que, même s'il n'y a pas de vote, cela fonctionne.
04:46En revanche...
04:47J'ai l'impression que je vous apprends quelques choses.
04:49Non, non.
04:50Ça m'est échappé également.
04:52La dissonance est profonde entre ce que cherche à dire Marine Le Pen
04:56pour nous rassurer et ce qu'elle a dit sur le non-payement des fonctionnaires.
05:00Je m'en étonne.
05:01Ceci dit, quand elle dit que la continuité de l'Etat est assurée,
05:04elle a raison.
05:05Michel Barnier, lui, cherche à mettre en garde
05:07sur les conséquences s'il n'y a pas de budget voté.
05:09Or, il est exact que les marchés sont imprévisibles.
05:14Je prends l'exemple de la Grèce.
05:15On en est très loin.
05:16Mais c'est pour dire qu'il y a vraiment des cas extrêmes
05:18où la situation de la dette grecque s'est dégradée constamment
05:22sans qu'il n'y ait véritablement de conséquences.
05:24Et à un moment, la note est dégradée
05:28et on ne sait trop pourquoi c'est à ce moment-là que tout se dégrade.
05:31L'enfumage est tellement grand que...
05:33C'est moi qui me trompe en fait.
05:34C'est bien le gouvernement qui disait
05:36ce sont les fonctionnaires...
05:38Ce qu'on appelle le chèque d'ordre.
05:40Tout ça s'est passé au micro-tendu,
05:45comme on l'appelle dans notre jargon,
05:46au moment où Marine Le Pen est sortie de Matignon.
05:49Il y a eu cette grande tirade d'ailleurs
05:51qu'on a passée dans Europe Un Soir,
05:53je ne sais plus si c'était hier ou avant-hier,
05:55où elle disait que le budget 2024, au pire, s'appliquera.
06:02Et à la limite, je préfère ça parce qu'il est moins mauvais
06:05que le budget 2025.
06:07C'est ce qu'a dit Marine Le Pen.
06:08Ce à quoi Jean-Michel Salvatore,
06:10qui était à votre place, Gilles Boutin,
06:11dit que ce n'est pas qu'il est moins mauvais,
06:13c'est qu'il manque quelque part 30 milliards.
06:15Et c'est là que le gouvernement a dit
06:17oui, il manque 30 milliards
06:19et surtout, il y a des fonctionnaires
06:22qui ne pourront pas être payés au mois de septembre.
06:24Voilà, je me corrige.
06:25Pardonnez-moi, ça va un peu vite tout ça.
06:28Mais il vaut mieux quand même,
06:30nous, ici, à Europe Un,
06:31comme je le dis très souvent,
06:32on dit la vérité
06:33et je m'en excuse auprès des auditeurs.
06:35Je suis allé un petit peu vite.
06:36Pardon, Raphaël St-Vig.
06:37Ce qui est vrai, pour poursuivre ce que disait Gilles,
06:40c'est que la France est sous la surveillance
06:43de la Commission européenne,
06:45que les agences de notation,
06:47même si elles ont été finalement assez conciliantes
06:51lors de la prise de fonction de Michel Barnier
06:54et se sont gardées d'affaiblir la note de la France,
06:57restent sur le dos de la France
07:01et que si le budget ne devait pas être voté en l'état,
07:04elles ne tarderaient pas à réagir
07:06et à baisser la note de la France.
07:07Ça, c'est une évidence.
07:08En tout cas, Michel Barnier souhaite une chose,
07:10c'est qu'on aille vite sur ce budget
07:11et d'où, bien sûr, le 49-3.
07:13On écoute.
07:14Je n'ai pas fait de 49-3 tout de suite
07:16pour couper la discussion.
07:18Il est maintenant passé au Sénat
07:20où une grande majorité du Sénat,
07:22et je remercie le Président Larcher
07:23et tous ceux qui sont avec lui,
07:25me soutiennent et soutiennent le gouvernement.
07:27Et puis ensuite, il y aura une commission mixte paritaire,
07:30c'est un peu technique.
07:31Ensuite, un vote probablement avec un 49-3.
07:33Probablement ? Assurément probablement ?
07:35Non, probablement, assurément,
07:37parce qu'il n'y a pas de majorité à l'Assemblée nationale
07:39et c'est comme ça que je serai obligé de proposer
07:42à l'Assemblée nationale d'adopter le budget.
07:44Oui, ce qui est intéressant,
07:45c'est pourquoi Michel Barnier n'a pas fait le 49-3 ?
07:47Tout de suite ?
07:48Pour ne pas être taxé d'autoritarisme ?
07:50Il y a d'une part cette raison-là,
07:52et puis surtout, parce qu'il cherche à gagner du temps.
07:54Plus les discussions se prolongeaient à l'Assemblée,
07:57plus il pouvait s'en remettre à un vote hypothétique.
08:00Donc, il savait qu'il allait être probablement négatif dans l'Assemblée.
08:05C'était quand même, de toute façon,
08:06une manière pour lui de gagner du temps.
08:07Aujourd'hui, le seul objectif de Michel Barnier,
08:10et c'est un gain de temps,
08:13il se sait en sursis,
08:15et quelles que soient ses marges de manœuvre,
08:18ses actions, en tout cas,
08:20pour l'instant, son seul objectif, c'est de gagner du temps.
08:23Alors, je voulais vous faire écouter quelque chose d'autre.
08:26Ça s'est passé, évidemment, dans l'hémicycle aujourd'hui.
08:30C'était la députée de gauche, Elsa Faucillon,
08:33qui a interpellé le ministre de l'Intérieur
08:34sur le sort des migrants noyés en pleine Manche,
08:37qui ont été repêchés,
08:38et j'insiste sur le mot, repêchés,
08:40sur les côtes françaises.
08:41Tollée générale sur les bancs de la gauche,
08:43et colère du président Chassaigne.
08:45Alors que, pourquoi ?
08:46Parce que c'est le ministre chargé de la Mer et de la Pêche,
08:49Fabrice Loehr, et non Bruno Retailleau,
08:51qui prend la parole pour leur répondre.
08:52On t'avoue, s'époumonne André Chassaigne.
08:55Quelques minutes plus tard,
08:56rattrapage de branche par Michel Barnier.
08:59Nous avons pensé, à l'intitulé de la question
09:02que nous avons reçue quelquefois,
09:03c'est assez sommaire.
09:04Nous avons pensé qu'il s'agissait de sauvetage en mer.
09:07Voilà pourquoi, mesdames, messieurs les députés,
09:10c'est le ministre en charge de la mer,
09:12et donc, en charge, au sein du gouvernement,
09:16avec mes côtés, des secours en mer.
09:20Écoutez-moi, ne vous énervez pas,
09:22ça ne sert à rien sur une question aussi grave.
09:24Ça ne sert à rien de s'énerver,
09:26de polémiquer sur des questions aussi graves.
09:28Voilà pourquoi M. Loehr, en charge des secours en mer,
09:31a répondu à cette question précisément,
09:33et je veux m'associer à l'hommage qu'il a rendu
09:36à toutes les personnes, hommes et femmes,
09:38qui risquent leur vie pour secourir en mer,
09:41tous les jours, des personnes, des marins et des naufragés.
09:45Voilà, c'est une question grave
09:47à laquelle Michel Barnier a tenté de répondre,
09:49alors qu'on a envoyé le ministre de la Pêche
09:52pour, si j'ose dire, repêcher des migrants.
09:55Donc, on s'est interrogé avec les équipes d'Europe 1 Soir
09:57si on mettait la musique de Benny Hill,
09:59si on mettait celle de Mister Bean,
10:01si on mettait...
10:02Mais, en fait, c'est trop grave pour en parler.
10:04C'est ce qu'on appelle un couac, tout simplement.
10:07C'est un gros couac qui est lié à la façon
10:10dont sont préparées les questions au gouvernement,
10:12c'est-à-dire que tout n'est pas spontané,
10:14on a la liste...
10:16Et on survole, du coup ?
10:17On la liste en amont, ça signifie sans doute
10:19que les équipes gouvernementales sont pressurisées
10:22et n'ont même pas le temps de bien voir
10:25l'intitulé de la question.
10:27Donc, ça dit des choses sur les priorités actuelles
10:30du gouvernement.
10:32Et oui, c'est un couac dramatique,
10:34et ça s'ajoute à la liste de ceux que Michel Barnier
10:36a dû rattraper, parce que depuis la nomination
10:38de son ministre de l'Économie...
10:41M. Armand est quand même, je pense,
10:44à la palme des sorties de route,
10:47comme on dit.
10:48Mais dernièrement, j'ai l'impression
10:50que ce n'était pas une sortie de route,
10:51je pense que c'était ciblé.
10:52Non, téléguidé même par Gabriel Appalin.
10:54Ça, c'était bien calibré, oui.
10:55On rappelle que c'était sur l'exonération
10:57des charges des entreprises.
10:59Il ne faut pas tout faire opposé sur les impôts,
11:01a-t-il dit, pour contrebalancer
11:03les projets du gouvernement.