Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Pierre de Vilno pour débattre des actualités du jour.
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00:00Marine Le Pen est restée droit dans ses bottes à la sortie de Matignon, où elle avait rendez-vous avec Michel Barnier, en mode
00:08de toute façon, si le budget en l'état reste comme ça, et bien s'il n'y a pas des propositions du RN qui sont intégrées, il n'y a pas de raison de voter ce budget. Voilà ce que dit Marine Le Pen.
00:20Si le vote avait lieu cet après-midi, vous voteriez l'ascension ?
00:22Si le budget reste en l'état, nous l'avons toujours dit. Encore une fois, nous ne prenons personne de court.
00:28Nous avons dit la même chose depuis trois mois. Nous avons exposé qu'elles étaient pour nous des éléments non négociables.
00:35Voilà, je crois qu'on est... Nous sommes vraiment loyaux dans la démarche politique qui est la nôtre. Nous défendons les Français.
00:45Nous ne renoncerons pas à défendre les Français. Et le petit discours, la petite musique, reprise par l'intégralité des médias et diffusée directement de Matignon,
00:56consistant à dire, vous vous rendez compte, si jamais ce budget est refusé, s'il y a une censure, ça va être dramatique, ça va être le chaos, ça va être la chienlit, etc.
01:08Je veux dire, si ce budget ne passe pas, c'est le budget de l'année dernière qui s'appliquera. Il est plutôt, somme toute, moins mauvais que celui-là.
01:16Voilà ce que dit Marine Le Pen. Il vaut mieux, finalement, le budget 2024 que le budget 2025. Jean-Michel Salvatore.
01:24Oui, mais le budget 2024, il ne suffira pas. Il va manquer 20 ou 30 milliards. Donc, ça veut dire qu'au mois de novembre, il n'y aura plus de quoi payer les fonctionnaires.
01:38Moi, ce que j'entends quand même chez Marine Le Pen, et d'une façon générale chez ses proches, c'est que les enchères sont en train de monter un petit peu.
01:48Jusqu'à aujourd'hui, on avait quand même le sentiment que si Michel Barnier faisait une concession sur une mesure importante, comme par exemple l'augmentation de l'électricité, ça suffirait.
02:00Et là, on a un peu le sentiment que non, ça ne suffira pas. Il faut qu'il y ait plusieurs trophées pour que le Rassemblement national renonce à voter la censure.
02:09Et là, on voit bien que les difficultés deviennent de plus en plus importantes pour Barnier.
02:16Alors, évidemment, Barnier n'allait pas dire tout de suite, dès aujourd'hui, toutes les concessions qu'il était capable de faire.
02:22Mais j'ai quand même le sentiment qu'il y a une telle dramaturgie que finalement, les concessions demandées vont devoir être beaucoup plus importantes qu'au début.
02:29Je vous rejoins parce que, en fait, ce que Marine Le Pen demande à Michel Barnier, c'est de ne pas faire un budget de rigueur et de ne pas diminuer le déficit.
02:37Au fond, c'est la seule chose qui pourrait la satisfaire. Parce que Barnier, même s'il a eu la main un peu lourde, trouver 50 ou 60 milliards, ça suppose forcément de faire des choses impopulaires.
02:47Or, toutes choses impopulaires seront censurées par Marine Le Pen. C'est ça, la réalité.
02:51Donc, elle, elle dit le budget 2024. Elle ne s'est sans doute pas aperçue que le déficit public avait explosé et complètement dérapé.
02:58Et donc, elle, ça ne lui pose aucun problème qu'on continue à laisser déraper le déficit.
03:02Ça renseignera les électeurs sur ses priorités.
03:05Et donc, il n'y a pas de... Je pense qu'il y a deux éléments qui ont beaucoup pressé Marine Le Pen.
03:10D'une part, elle voit bien que dans son électorat, tous les sondages le montrent et c'est remonté de circo.
03:15Le montrent aussi, il y a un mécontentement de l'électorat de Marine Le Pen vis-à-vis de l'action de Michel Barnier.
03:20Et puis, deuxièmement, il y a ses déboires judiciaires qui lui font peut-être avoir envie d'accélérer le calendrier politique pour aller à la crise politique et aller à la présidentielle anticipée.
03:30C'est comme ça que je comprends sa stratégie.
03:3320h44, on va reparler de ce sujet juste après une pause et le journal Permanent.
03:38A tout de suite sur Europe 1.
03:46Marine Le Pen qui, à la sortie de son entrevue avec le Premier ministre ce matin, dit « nouveau tronc, la censure en l'État ».
03:52Que répond le chef de file des députés EPR, c'est-à-dire la majorité présidentielle ?
03:58Écoutez Gabriel Attal.
04:00La position qui est tenue par Mme Le Pen est totalement irresponsable.
04:03On ne joue pas à pile ou face avec l'avenir du pays.
04:06Michel Barnier, il n'a pas besoin qu'on le censure, il a besoin qu'on l'aide à réussir.
04:09Ça veut dire évidemment être exigeant.
04:11Et je le redis ici, augmenter le coût du travail pour la première fois depuis 30 ans comme c'est prévu dans ce budget me semble être dangereux.
04:17Et il y a d'autres chemins qui existent.
04:19On a fait des propositions avec les députés EPR.
04:21Mais franchement, dans le contexte que nous connaissons, tenir une position aussi irresponsable que celle que tient Mme Le Pen,
04:28jouer quelque part à pile ou face avec l'avenir du pays,
04:30sembler ne même pas se préoccuper des conséquences de ce type de choix,
04:34je pense que ce n'est pas à la hauteur de la responsabilité.
04:36Alors que dit-on au PS ?
04:38Écoutez, Chloé Rydel, qui était l'invitée de BFM cet après-midi, porte-parole du Parti Socialiste,
04:44il y a peut-être une autre solution.
04:45Si le gouvernement dépose un 49.3 sur le budget, nous voterons une motion censure
04:50parce que nous sommes fidèles à ce pour quoi les électeurs nous ont élus.
04:55Et donc nous ne pouvons pas accepter ce projet de budget qui reviendrait sur l'ensemble des progrès
05:00avec lesquels nous l'avons enrichi ces derniers mois lors de la discussion parlementaire.
05:04Et si le gouvernement tombe, nous essaierons de trouver une majorité alternative
05:10à partir du programme du Nouveau Front Populaire.
05:13Alors, que pensez-vous de ça ? Boris Vallaud dit la même chose d'ailleurs.
05:17Oui, Boris Vallaud aussi s'est fait aussitôt taper sur les doigts par M. Mélenchon.
05:21Le leader Maximo a grondé immédiatement
05:26puisqu'en fait on comprend bien qu'OPS ont tiré quelques leçons de l'échec de cet été
05:32et qu'ils ont compris qu'ils ne pouvaient pas avoir une majorité tout seuls à gauche.
05:35Et donc ils sont en train de faire des ouvertures sur, comme dit Mme Riddell, des majorités alternatives.
05:40Donc peut-être qu'ils ouvrent une voie, sur laquelle on peut avoir par ailleurs des doutes,
05:47mais où ils ouvrent une voie de discussion pour un après-Barnier
05:51que beaucoup ont l'air d'enterriner et considérer que sa censure est quasi inéluctable.
05:58Au moins, le petit point d'optimisme, le PS a l'air de bouger
06:02et a l'air de considérer que de gouverner qu'avec des gens du Nouveau Front Populaire n'est pas la solution.
06:09Et en attendant, si on est censuré, qu'est-ce qui se passe ?
06:13C'est-à-dire que le gouvernement Barnier aura duré trois mois et demi, quatre mois,
06:17c'est le retour à la Quatrième République.
06:19C'est pire que le retour à la case départ, parce que là on voit bien que le RN est dans une logique de censure,
06:29sauf surprise, et malgré tout dans une logique de chaos.
06:32On les entend quand même énormément parler de la démission du Président de la République,
06:36beaucoup plus qu'il y a quelques jours.
06:38Tout en refusant la destitution.
06:42Bien sûr, mais en disant finalement qu'on va créer des conditions telles
06:45que le Président de la République ne pourra pas faire autrement que d'en tirer les conséquences.
06:50Ça pourrait arriver beaucoup plus vite qu'on ne l'imagine.
06:52Ça pourrait arriver dès la semaine prochaine.
06:54Enfin, pas la démission, mais la censure.
06:57Parce que la semaine prochaine, il va y avoir la loi sur la sécurité sociale.
07:03Et là on voit bien que le RN a dit que s'il y avait un 49.3,
07:07et Barnier pourrait utiliser le 49.3 sur cette loi-là,
07:09s'il y a un 49.3, il y aura forcément un vote de censure.
07:12Et donc là, il peut y avoir, dès la semaine prochaine,
07:15cette situation qui va déboucher, malgré tout, sur un chaos politique et sur un chaos économique.
07:20Oui, mais sur les textes budgétaires, on a l'habitude des 49.3.
07:23C'est ça qu'on a tendance à oublier.
07:27Mais sous la précédente législature où le 49.3 a été beaucoup utilisé,
07:31c'était les Républicains qui avaient la clé.
07:33Et les Républicains n'ont jamais en totalité voté la censure.
07:37Alors là, le problème, c'est que si Mme Le Pen décide de voter une motion de censure déposée par la gauche,
07:42alors ça ne fait pas un petit dégré de...
07:44Ce qui est intéressant de voir, c'est ce que va faire Éric Ciotti,
07:47qui a vraiment une poignée de députés avec lui.
07:50Est-ce qu'il va aller jusqu'à la censure de ses anciens copains DLR ?
07:53Il a plus un poids symbolique.
07:55Parce qu'il n'a que 16 députés, sauf erreur de ma part,
07:59et les 126 du RN suffisent.
08:03Ils sont 143 au total, donc on va faire 143 moins...
08:07126...
08:09J'ai une calculette, parce qu'il faudrait que je demande à mon fils qui est en CE2 de le faire le truc à ma place.
08:14Mais ils ont 16 députés et 143, ça doit faire...
08:17Il doit y en avoir un qui n'est ni l'un ni l'autre.
08:20Il y en a toujours un comme ça qui se balade entre deux partis.
08:23Mais les députés RN suffisent, en s'additionnant aux députés du Nouveau Front Populaire qui osent sur 192 ou 13,
08:30et bien ça fait plus de 289 votes de censure et donc le gouvernement tombe.
08:37Marine Le Pen toute seule, sans même Éric Ciotti, peut renverser le gouvernement.
08:42Et là, je trouve que quand elle dit que tout le monde essaie de nous faire peur avec le chaos, etc...
08:48Je suis désolé, mais c'est vrai !
08:51Mais c'est vrai, ça va être le chaos !
08:53Oui, ça va être le chaos, Mme Le Pen !
08:55Est-ce que ça va être la crise financière qu'on annonce ?
08:59Est-ce que ça sera pour ce coup-là, ou pour dans 3 mois ou dans 6 mois, je n'en sais rien.
09:03Mais en tout cas, on sera dans une situation politique, budgétaire et économique qui va être absolument dramatique.
09:10Et je pense que là, il y a quand même un risque pour Mme Le Pen.
09:12Mme Le Pen qui, depuis des années, essaie de notabiliser son parti,
09:16c'est vrai que tout d'un coup, elle se radicalise et elle peut aussi être la personne qui aura déclenché le chaos général dans la Ve République.
09:24Avec cette dimension, vous avez tout à fait raison.
09:27Mais depuis les réquisitions du procureur dans son affaire de financement de son parti,
09:33on sent bien qu'elle l'a rompue avec une certaine banalisation, institutionnalisation, elle essaie de ne pas faire de vagues.
09:40C'est-à-dire que là, elle considère que, puisqu'elle risque d'être éliminée politiquement,
09:45il faut aller à la crise de régime.
09:47Je pense qu'au fond d'elle-même, elle se dit que ça ne sert plus à rien d'essayer de plaire au système,
09:53puisque le système est capable de m'éliminer politiquement.
09:57Et les électeurs sont quand même vraiment là-dedans.
10:00Il y a un sondage qui montrait que 67% des électeurs du Régime National souhaitent la censure.
10:08Donc ça, ça pèse quand même énormément.
10:10On n'a quand même pas beaucoup parlé de ce que dit Vallaud et de ce que dit Riddell,
10:14à part le fait que vous avez dit qu'il s'est fait taper pour Mélenchon.
10:16Bon, ça, c'est à peu près normal.
10:18Mais c'est quoi la solution alternative ?
10:20C'est qu'on censure et derrière, on fait un gouvernement de gauche comme on le dit depuis des semaines.
10:26D'ailleurs, il y a eu des rumeurs comme quoi ça serait peut-être quelque chose que le Président souhaitait.
10:31Est-ce que vous voyez aujourd'hui un gouvernement casse-neuve ?
10:35Ça supposerait que le PS aille jusqu'au bout de sa logique.
10:39C'est-à-dire, s'il veut une majorité alternative, ça supposerait une rupture avec les filles.
10:43Personnellement, je m'en féliciterais.
10:45Je sais bien que je vous en féliciterais.
10:47Mais je pense que même des gens de droite s'en féliciteraient.
10:49Il y a un risque de dissolution assez rapide.
10:51Est-ce qu'un député socialiste qui tient son élection dévoie aussi des voix de l'FI,
10:57est-ce qu'il peut prendre ce risque-là ?
10:59Ce n'est pas évident.
11:01On en revient à un problème fondamental français,
11:03qui n'est pas que français,
11:05qui est celui du carriérisme politique.
11:07C'est-à-dire que je pense à ma carrière d'abord,
11:09avant de penser à l'infernation.
11:13Après, vous allez me dire que vous ne sortez que les grands mots.
11:15Peut-être, mais en attendant,
11:17on est quand même dans une situation où on aimerait,
11:19comme le disait Gabriel Attal,
11:21on est tous là pour aider M. Barnier à s'en sortir, à sortir de la France.
11:25Absolument, mais le scrutin majoritaire n'aide pas.
11:27Il bloque le parti socialiste,
11:29parce que ce que disait Jean-Michel est tout à fait exact.
11:31Avec un scrutin proportionnel,
11:33c'est peut-être là où il peut y avoir un accord.
11:35Ça libérerait l'EPS,
11:37qui pourrait, comme aux européennes,
11:39avec Glucksmann, présenter ses propres listes
11:41et obtenir un score intéressant.
11:43Parce que le scrutin majoritaire,
11:45il est fait pour un système bipartisan.
11:47Tranquillement, il y en a trois, ça devient compliqué.
11:49Ça ne peut plus marcher.
11:51Voilà ce qu'on pouvait dire à ce stade.
11:53Merci beaucoup Jean-Michel Salvator.
11:55Merci à vous.