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Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Pierre de Vilno pour débattre des actualités du jour.
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Transcription
00:00Peut-on parler de disparition ? Peut-on parler d'arrestation ?
00:06Rien n'est moins sûr, en tout cas beaucoup de flou autour du fait que Boilem Sansal,
00:12grand écrivain franco-algérien, Grand Prix de l'Académie Française pour 2084,
00:17qui est un livre que si vous ne l'avez pas encore lu, précipitez-vous dessus,
00:21ça raconte la fin du monde, il y a évidemment un parallèle avec le 1984 d'Orwell,
00:26mais ce n'est pas tout à fait exactement la même chose.
00:29Boilem Sansal n'a pas donné de nouvelles depuis qu'il a dîné avec un proche vendredi dernier.
00:34Samedi, il prenait un avion pour l'Algérie, mais l'Algérie, c'est son pays d'origine,
00:39il est franco-algérien et il a toujours dit qu'il ne se sentait jamais inquiété en Algérie.
00:46Et voilà qu'aujourd'hui, évidemment, on a des suspicions de savoir s'il a peut-être été arrêté par ce régime
00:53qui lui en voulait beaucoup pour les positions qu'il prenait,
00:57et notamment tout dernièrement lors de la sortie du livre de Kamel Daoud.
01:02Nathan Devers, cette, encore une fois, disparition inquiétante de Boilem Sansal, ça vous inquiète ?
01:10Bien sûr, Boilem Sansal, en plus d'être un grand écrivain, est une voix de la liberté,
01:17qui nourrit ce qui est une qualité, me semble-t-il, majeure pour la littérature,
01:23un regard autocritique vis-à-vis de sa propre communauté.
01:26Quand on écrit, il faut évidemment avoir un regard lucide sur les siens,
01:32il peut s'agir de sa famille, il peut s'agir de son peuple, il peut s'agir de sa nation,
01:35et c'est ce qu'a toujours cultivé dans ses écrits Boilem Sansal,
01:38à sa voix aussi bien sur la question de l'autoritarisme du régime algérien,
01:43l'instrumentalisation de la mémoire à des fins non seulement politiques,
01:47mais à des fins d'oppression qui existent aujourd'hui en Algérie,
01:50mais aussi sur le rapport qui existe dans ce régime vis-à-vis de la France,
01:54un rapport de détestation ontologique, encore une fois très souvent d'hypocrisie,
01:59où on instrumentalise une mémoire de drames qui ont évidemment existé,
02:03où la France n'a pas eu le beau rôle,
02:05mais on instrumentalise ça pour aujourd'hui détruire une relation,
02:08et pour justifier le pire.
02:09Boilem Sansal dérange, comme Kamel Daoud dérange,
02:12comme toutes les voix libres en Algérie dérangent ce régime.
02:16On verra demain, j'imagine qu'on en saura plus très vite,
02:19ce qu'il en est très précisément de cette disparition inquiétante,
02:22il faut aussi rappeler qu'il y a toute une campagne contre Kamel Daoud
02:26qui est organisée depuis qu'il a eu le Prix Goncourt en Algérie.
02:29Est-ce que c'est une campagne réelle ? Est-ce que c'est des fake news ?
02:31On le saura aussi.
02:32Pour la petite anecdote, vous savez que j'ai été interdit d'entrer en Algérie,
02:35j'ai reçu un prix littéraire là-bas,
02:37je devais aller pour recevoir mon prix littéraire,
02:39c'est le pays d'origine de ma famille, je rêvais de pouvoir y mettre les pieds,
02:43et je reçois un appel de l'ambassade française me disant
02:48écoutez, ça va être compliqué, vous ne pouvez pas venir, etc.
02:52et j'ai compris que j'étais persona non grata,
02:55parce que j'avais eu le malheur de dire du bien du Irak,
02:57c'est-à-dire du mouvement de contestation,
02:59contre ce régime du mouvement pour la démocratie.
03:01C'est ça le régime algérien.
03:03Vous n'êtes pas le premier, vous n'êtes pas le dernier,
03:05il y a eu Salman Rushdie, il y a eu plein de gens
03:07qui ont eu cette chape de plomb sur eux,
03:11qui ne pouvaient plus revenir au pays.
03:13Derrière tout ça, on peut s'interroger sur les raisons.
03:16Pour l'instant, on n'a pas les tenants et les aboutissants de cette affaire,
03:20mais on a parlé de Kamel Daoud, on a parlé de Boalem Sansal,
03:23tous deux ont reçu la nationalité française au début de l'année.
03:26Ça n'a pas beaucoup plu à l'Algérie.
03:29Kamel Daoud a eu le prix Goncourt.
03:312084 de Boalem Sansal a été en France un très grand succès.
03:37Boalem Sansal, il est écrit dans un français magnifique.
03:40On sait aussi que l'Algérie, depuis maintenant plusieurs années,
03:45a vengé un petit peu de la France sur la question du Sahara occidental,
03:48la reconnaissance du Sahara occidental pour le Maroc.
03:52On sait que ça n'est pas passé.
03:54Et finalement, ça nous montre que la France a tort
03:57de donner des gages à l'Algérie.
03:59Monsieur Macron, il y a quelques semaines,
04:02a reconnu la responsabilité de l'État français
04:04dans l'assassinat, dans la mort d'un dirigeant du FLN
04:07qui, je le rappelle, a tué des Français, qui a blessé des enfants.
04:09On voit bien que tous ces gages qui sont donnés à l'Algérie,
04:13alors qu'on rouvre des plaies qui ne sont pas encore fermées,
04:17on met du sel dessus et ça ne fait qu'agiter aujourd'hui
04:20les conflits et les tensions dans notre société,
04:23on voit bien que l'Algérie, aujourd'hui, n'est pas un allié, n'est pas un ami.
04:27Donc il faut arrêter de le traiter en allié, en ami.
04:29Aujourd'hui, ça fait à peu près dix heures qu'on a appris
04:32que Boalem Sansal était porté disparu, si on peut le dire.
04:36Quelle réponse a-t-on eu ?
04:38Diplomatique ? Aucune.
04:40Donc il va falloir traiter ce pays comme un pays qui est un ennemi,
04:43non pas un pays allié.

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