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Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Pierre de Vilno pour débattre des actualités du jour. Ils reviennent ensemble sur le vote du Budget à l'Assemblée nationale.
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Transcription
00:00Nous en France, on a un budget à adopter au Parlement, avec évidemment les dissensions qu'on connaît.
00:07Faut-il vous rappeler qu'après la dissolution et les élections législatives anticipées,
00:12nous avons trois couloirs de nage, avec un gouvernement qui a été fait, j'allais dire de briquet de broc,
00:20mais pas tant que ça, puisque Michel Barnier essaye de garder le cap,
00:23et essaye de sauver une situation qu'il a appelée très grave de nombreuses fois.
00:29Alors comment faire passer ce budget ?
00:30Peut-être par cet article 49.3 qui a le mérite d'exister dans la Constitution.
00:35Alors on a dit pas de 49.3, mais suite au Conseil des ministres et au debrief,
00:41ou plutôt au débrief de la porte-parole du gouvernement, Maude Brejon,
00:45on a bien compris qu'il était quand même plausible, possible, probable que ce 49.3 existe.
00:53Le gouvernement, en faisant ce choix, celui de laisser les débats se poursuivre,
01:00accepte aussi des votes qui n'iront pas nécessairement dans le sens de notre copie budgétaire initiale.
01:08Mais c'est ça le respect du Parlement.
01:10On ne peut pas dire d'un côté qu'on veut respecter le parlementarisme,
01:13et en même temps refuser des votes souverains, puisqu'ils viennent des parlementaires,
01:18qui n'iraient pas dans notre sens.
01:20C'est aussi la beauté du débat, et des fois sur des amendements on gagne, et des fois on perd.
01:24Mais à la fin, c'est aussi ça le fonctionnement de la démocratie.
01:27Alors, est-ce que c'est ça le fonctionnement de la démocratie, Louis Oselter ?
01:31Non, mais vous l'avez dit, c'est dans la Constitution.
01:33Alors après, Michel Barnier a très peur d'une chose, c'est de l'étiquette de M. 49.3.
01:38Souvenez-vous d'Elisabeth Borne, c'est Mme 49.3.
01:40Alors elle s'en lamente beaucoup dans son nouveau livre en expliquant que c'est injuste,
01:43mais de fait, elle a dû dégainer une dizaine de 49.3 à chaque budget,
01:47puisqu'à chaque lecture devant l'Assemblée, c'est comme ça,
01:50il faut activer l'article pour éviter le vote,
01:54et derrière ça déclenche la discussion des motions de censure à chaque fois,
01:58parce que la gauche la dépose à chaque fois.
02:00Et c'est ce que Michel Barnier aimerait éviter.
02:01Donc hier, quand il a réuni, comme tous les mardis matins,
02:04les cadres de sa majorité, qui n'en est pas une, on va dire de sa coalition,
02:09il a expliqué que le but c'était quand même de laisser se dérouler les débats jusqu'au plus tard possible.
02:17Et alors son espoir se crée, c'est assez peuploside, mais c'est un espoir,
02:21c'est que finalement, le budget tel qu'il est présenté par le gouvernement
02:25soit tellement amendé par la gauche qu'il devienne un budget du gauche,
02:27comme en Commission des Finances, qu'il devienne un budget de Nouveau Front Populaire,
02:31qu'ensuite il y ait un vote, qu'il soit rejeté,
02:33et dans ce cas, qu'est-ce qui se passe ?
02:35Eh bien, il part au Sénat, et puis là, le Sénat, qui est à droite,
02:37se chargera de remettre les choses dans le bon ordre.
02:40Ça, c'est le bon plan pour Michel Barnier,
02:42parce qu'il y a un vote, l'Assemblée vote, donc la démocratie est là,
02:45il n'a pas besoin d'activer le 49-3,
02:47et puis derrière, c'est le Sénat qui fait le sale boulot, entre guillemets.
02:49C'est le fameux débat sans vote.
02:50Voilà, en remettant le budget sur les morailles.
02:54Bon, à la fin des fins, il faudra faire un 49-3 quand même,
02:56parce que là, le Sénat le voudra pas,
02:59et puis que voilà, sinon, ça risquerait de nous manquer, Pierre, on est d'accord.
03:03Mais voilà, ça, c'est la stratégie espérée, voulue.
03:06C'est pas très plausible, parce que la discussion du budget
03:09pourrait quand même alléger, alourdir, pardon, la facture d'impôts
03:12en plusieurs dizaines de milliards d'euros.
03:14En tout cas, c'est ce qui s'est passé lors de la discussion en commission.
03:17Mais voilà, c'est le mince espoir, le trou de souris
03:19auquel se rapproche le Premier ministre
03:21pour éviter d'avoir cette étiquette infamante.
03:23Gabrielle Cluzel.
03:24Non, mais le 49-3, ça a été créé
03:27pour éviter l'instabilité de la 4e République.
03:30En fait, ça se révèle être, pour la 5e République,
03:33le déambulateur d'une 5e République un peu en soins palliatifs.
03:37Ou alors, c'est le fouet, vous savez, sur le vieil Yann,
03:39qui ne veut pas avancer, pour le faire avancer quand même un tout petit peu.
03:42Et c'est vrai, je crois que, sur le plan communication,
03:46ça a quand même un effet dévastateur, il faut se rendre compte.
03:48Nous avons une séquence qui donne aux Français l'impression
03:52d'un simulacre de démocratie.
03:54C'est une simulacrocratie.
03:56Et là, c'est une nouvelle étape.
03:59C'est-à-dire, ah bon, on cause toujours, tu m'intéresses,
04:01les députés discutent, mais finalement, à la fin,
04:04on va arriver avec le 49-3 pour siffler la fin de la récréation.
04:07Je crois que, bon, c'est toujours plaisant
04:10de discuter avec des gens, entre journalistes, constitutionnalistes,
04:13tout ce que l'on veut, mais l'effet est quand même très dévastateur.
04:16Encore une fois, après la séquence où on a eu un sentiment
04:20un peu d'hold-up des élections.
04:22C'est encore une séquence, à mon avis, assez délétère.
04:25Pour l'instant, on ne l'a pas encore, le 49-3.
04:28On va voir comment va réagir Néo dans Matrix.
04:31Vous avez bien vu le Figaro, Pierre.
04:33Un de vos interlocuteurs vous a décrit Gabriel Attal, c'est ça ?
04:38Oui, comme Néo dans Matrix.
04:40Aux yeux des militants Renaissance, je précise.
04:42Pas aux yeux de tout le monde.
04:44Pas aux yeux de Pierre, où il doit avoir une autre icône, peut-être.

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