Le gouvernement français a dévoilé dans la soirée son projet de budget pour 2025, un exercice à haut risque tant l'effort prévu pour réduire le vertigineux déficit français est massif et que l'Assemblée nationale fragmentée lui est hostile.
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00:00La politique, évidemment, à la présentation du budget 2025, Michel Barnier l'a dévoilé hier, enfin les ministres essentiels, en fait, comme on dit, le service après-vente, voilà.
00:11Si vous deviez le qualifier en un mot d'abord ce budget, qu'est-ce que vous diriez, Emmanuel ?
00:14Le Premier ministre l'a dénommé hier. C'est un budget perfectible. Alors entendez par là qu'il va nécessairement évoluer au cours des débats parlementaires.
00:22C'est pas anormal en soi. On rappelle qu'il est là depuis 15 jours, enfin depuis un mois, mais le ministre de l'Économie n'est là que depuis 15 jours, donc c'était court.
00:29Et puis surtout que la précédente équipe lui a laissé une ardoise monstrueuse. Ce qui me frappe, c'est que Michel Barnier avait promis de dire la vérité aux Français et il a, de ce point de vue, encore quelques efforts à faire.
00:39Le premier, c'est d'expliquer pourquoi on en est là. J'en parlais il y a 15 jours, j'en parlais hier. Vous allez dire que je fais une obsession, que je veux couvrir Bruno Le Maire de goudron et de plume.
00:46Non, c'est pas le cas, mais on a besoin de comprendre ce qui s'est passé parce qu'on sait qu'une partie du problème tenait à des prévisions économiques et des objectifs budgétaires surréalistes.
00:56Or, hier, le Haut Conseil des finances publiques s'est penché sur ce budget. Qu'est-ce qu'il dit ? Il dit que les prévisions sont optimistes et peu documentées et que les objectifs budgétaires lui paraissent fragiles.
01:05On se dit, on ne va pas recommencer, donc il y a besoin d'une opération transparence et vérité sur ce qui s'est passé.
01:10Toujours à propos de vérité, il y a encore des choses qui sont floues. Le gouvernement prévoit ainsi, quand on lit dans le détail, 6,5 milliards d'euros d'économies grâce à des mesures de modération et d'économie complémentaires.
01:22Ouais, so what ? Qu'est-ce qu'il y a dedans ? Il faudrait peut-être nous le dire. Il prévoit aussi 6,1 milliards d'euros grâce, ouvrez les guillemets, à d'autres efforts d'optimisation, de gains de productivité et de lissage des dépenses.
01:32Là aussi, on attend des détails précis au nom de la vérité.
01:35Bon, dans les mesures annoncées, est-ce qu'il y a des surprises finalement ?
01:38Non, alors Nicolas Dose le disait tout à l'heure, il avait déjà quasiment tout donné, mais je me suis demandé si les mesures correspondaient aux priorités affichées par Michel Barnier.
01:45Vous vous souvenez, lors de la passation de pouvoir, il avait dit meilleur accès aux services publics avec l'école comme priorité, la sécurité du quotidien, le travail et le niveau de vie des Français.
01:54Et là, il y a comme un bug, voire un fossé. L'école prioritaire, 4 000 postes d'enseignants en moins.
01:59Alors certes, le nombre d'élèves baisse. Certes, 2 000 postes d'AESH, vous savez, ces aides aux élèves handicapés vont être créées.
02:08Mais quand même, la pilule va avoir du mal à passer quand on dit que l'école est une priorité.
02:13Deuxième priorité, la sécurité du quotidien. Alors le budget du ministère de l'Intérieur, il augmente.
02:17Mais on apprend quoi ? Que le gouvernement choisit de faire une pause dans les hausses envisagées d'effectifs de police et de gendarmerie.
02:24Il y a une loi qui a été votée il y a un an, la LOPMI, qui prévoyait 8 500 créations de postes.
02:28Eh bien en 2025, pas de création de postes supplémentaires. C'est toujours la même chose avec la droite.
02:33Ils n'ont que la sécurité à la bouche, mais dès qu'ils sont aux manettes, ils tapent dans les effectifs.
02:37La dernière fois qu'ils étaient aux manettes, c'était Nicolas Sarkozy.
02:40Il y avait eu 10 000 postes de policiers et de gendarmes en moins. Et là, la première décision, on fait une pause.
02:44Quant à la justice, ça aussi, ils ont la justice à la bouche. On l'a vu, 500 millions d'euros en moins pour le budget du ministère.
02:50Si je peux me permettre, je rajoute une mesure qui m'inquiète.
02:53C'est la baisse des aides pour l'apprentissage, plus l'impôt sur les sociétés.
02:57On se dit que ça va avoir des conséquences rapides sur l'emploi.
03:00Ah oui, ça va avoir des conséquences rapides sur l'emploi.
03:03Quand vous faites une ardoise à 60 milliards d'euros, tout le monde va être touché, soit directement, soit par ricochet.
03:10Et ce n'est pas forcément là où on l'attend.
03:12J'entendais hier, par exemple, la nouvelle présidente de la commission des affaires économiques de l'Assemblée, l'insoumise Aurélie Trouvé,
03:17nous dire qu'elle parlait de baisse des pensions, de hausse de tarifs de l'électricité.
03:21Non, il n'y a pas de baisse des pensions.
03:23Il faut le rappeler, il y a une hausse qui est décalée dans le temps de 6 mois.
03:26Et puis la hausse des tarifs de l'électricité, on rappelle que pour 80% des ménages, la décision va quand même baisser en janvier.
03:33Elle aurait pu baisser davantage, mais elle va baisser.
03:35Donc, il ne faut pas profiter de ce budget non plus pour raconter n'importe quoi.
03:38La plus grande inquiétude, en fait, elle est, vous l'avez dit Christophe, macroéconomique.
03:41Car moins d'appels d'offres, moins d'investissements, moins de consommation, ça fait moins d'activité, moins de croissance.
03:45Donc, c'est vrai, il y a un risque récessif.
03:47Et puis, je le disais pour finir, tout le monde va être touché.
03:50Pas vraiment, ce n'est peut-être pas tout à fait vrai.
03:52Son frère de Politico, qui est une des meilleures newsletters politiques de la place, je le précise,
03:56ont relevé que les budgets de l'Elysée, de l'Assemblée et du Sénat étaient en hausse.
04:01Alors, il y en a pour un peu moins de 20 millions d'euros.
04:03Mais quand même, pour le symbole, on repassera.
04:05Merci.