Tous les jours, les informés débattent de l'actualité autour d'Hadrien Bect et Renaud Dély.
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00:00Ravis de vous retrouver pour les informer, comme chaque matin de 9h à 9h30, votre demi-heure de décryptage de l'actualité sur France Info, en compagnie bien sûr de Renaud Dely.
00:16Bonjour mon cher Renaud.
00:17Bonjour Adrien.
00:18Et ce matin avec nous, Victoria Koussa, journaliste au service politique de France Info.
00:22Bonjour Adrien, bonjour à tous.
00:23On vous retrouve tous les matins dans le Brief politique et Éric Scholl, directeur de la rédaction de l'Express.
00:28Bonjour Éric.
00:29Bonjour Adrien.
00:30Et notre sujet du jour, évidemment Renaud, il n'est pas très surprenant puisque nous reparlons du budget et nous nous interrogeons.
00:36Est-ce que les options prises par Michel Barnier seront efficaces, suffisantes et justes ?
00:42Effectivement, ça y est, la douloureuse est tombée.
00:44C'était hier la présentation du projet de budget, évidemment avant qu'il soit soumis au Parlement.
00:49Michel Barnier lui-même le dit, ce budget est perfectible et on le sait, le gouvernement attend les amendements des parlementaires,
00:56avec d'ailleurs certaines gourmandises ou inquiétudes.
00:59Ce projet de loi de finances porte sur un effort de 60 milliards d'euros globalement pour essayer de ramener le déficit
01:08qui devrait atteindre 6,1% du PIB à la fin de l'année 2024 à 5% du PIB à la fin de l'année 2025.
01:15Un effort de 60 milliards d'euros qui, selon le gouvernement, se découperait en 40 milliards d'économies,
01:20effort inédit de coupe dans les dépenses publiques, et 20 milliards d'efforts fiscaux,
01:25de recettes supplémentaires, donc d'augmentation d'impôts pour parler clair.
01:30Est-ce que ce budget, c'est de l'austérité, de la rigueur ? Est-ce qu'il sera suffisant ou pas ?
01:37La réponse il y a quelques minutes sur ce plateau de Pierre Moscovici, le premier président de la Cour des comptes.
01:43Quand on fait un certain nombre de mesures fiscales, on est quand même dans une gestion plus rigoureuse.
01:48L'austérité, je ne crois pas. On a, après ce budget, quand même 56,3% de dépenses publiques dans le PIB.
01:54C'est encore 9% de plus que la moyenne de la zone euro. Cela dit, ça représente aussi un certain nombre de choix.
02:00Et après, ministère par ministère, il faut regarder. Est-ce que les économies suggérées sont au bon endroit ?
02:06Sur la fiscalité, il faut se demander si la proportion est bonne et qui est touché.
02:10Et d'ailleurs, Pierre Moscovici fait remarquer que selon ses comptes à lui et ceux du Haut conseil des finances publiques qu'il préside,
02:16la proportion de l'impôt est un peu plus importante, la proportion de l'effort fiscal, que ce que dit le gouvernement,
02:23selon lequel il n'y aurait qu'un tiers de l'effort de réduction qui porterait sur des recettes supplémentaires.
02:30Reste que ce budget vise, en tout cas pour ce qui concerne les augmentations d'impôt, plus les grandes entreprises
02:36et puis une contribution exceptionnelle aussi des plus hauts revenus.
02:40Reste un paradoxe, d'autres taxes aussi augmentent et on va en débattre dans un instant.
02:44Finalement, il a fallu attendre que la droite revienne au pouvoir après 12 ans d'opposition pour voir les impôts repartir à la hausse.
02:50Eric Choll, d'abord un petit mot sur les mots.
02:52Justement, le gouvernement dit ni cure d'austérité, ni matraquage fiscal.
02:57On vient d'entendre Pierre Moscovici qui dit que c'est quand même un budget de rigueur.
03:02Pourquoi le gouvernement, au fond, n'utilise pas les termes ?
03:06La rigueur, c'est évident. Parler d'austérité, il y a un petit risque derrière.
03:10C'est de créer un sentiment d'incertitude.
03:13Ça peut mettre en cause la croissance économique.
03:15Dès qu'on commence un peu à comprimer les dépenses, la croissance peut ralentir.
03:19Et c'est ce que, aveu à tout prix, essaie d'éviter le gouvernement.
03:22Et donc, les mots ont leur importance là-dedans.
03:24Et puis, quand on parle d'austérité, attention, les dépenses ne vont pas réduire.
03:28Ce qui va réduire, c'était ce qui était prévu comme dépense en 2025.
03:31Mais si on compare par rapport à ce qui sera fait en 2024 et 2025,
03:34on continuera à avoir une légère progression quand même.
03:36C'est tout le paradoxe du budget.
03:38On a quand même un niveau de dépenses, et là-dessus, Pierre Moscovici a parfaitement raison,
03:42qui se relève d'un État obèse.
03:44Avec 56% de dépenses d'État, on est à peu près 8 à 10 points au-dessus de la plupart de nos voisins.
03:50Donc oui, on a de la marge, et on voit bien dans ce qui a été proposé,
03:53c'est un effort important, ce qui n'avait jamais été fait.
03:56Jamais été fait depuis, au cours du premier mandat,
03:58et depuis le début du deuxième mandat d'Emmanuel Macron.
04:01Et là, il était urgent, mais absolument urgent, de rétablir, de commencer à rétablir les contrées.
04:07Je dis bien commencer, parce que comme Renaud Delis l'a bien dit,
04:11le but, c'est d'arriver à 5%, 5% de déficit.
04:14On est encore très loin de ce que nous demande l'Union Européenne.
04:17C'est 3%.
04:18C'est 3% les règles, effectivement.
04:19Victoria Coussin, justement, pour ça, il y a l'effort fiscal qui est demandé de la part du gouvernement.
04:25A l'ensemble, non, théoriquement non, justement, pas à l'ensemble des Français,
04:29aux foyers les plus riches, est-ce que finalement,
04:32quand on écoute Pierre Moscovici, c'est un petit peu l'impression qu'on a,
04:35ça ne va pas être un peu plus généralisé que ça, quand même ?
04:37On voit que l'effort va être, effectivement, généralisé à une grande partie des Français.
04:43On voit, quand on regarde certaines mesures,
04:46on voit que les travailleurs sont concernés, que les retraités le seront également.
04:50Oui, il est au patrimoine aussi, mais finalement, l'effort...
04:54Oui, parce qu'il y a les impôts directs et il y a ce qui n'est pas un impôt,
04:58mais qui, au final, vous fera ou moins de revenus,
05:00ou payer un peu plus sur l'électricité, peut-être, par exemple.
05:03Et c'est la question du ressenti qui sera intéressante à analyser,
05:05puisque est-ce que les Français auront vraiment l'impression qu'on leur prend quelque chose,
05:09qu'on leur prend dans la poche,
05:10ou est-ce que les Français auront l'impression, à la fin, d'avoir des services d'une moins bonne qualité ?
05:15Par exemple, la taxe électricité, on voit qu'elle sera compensée
05:21par la baisse du prix de l'électricité à un moment.
05:23Donc, il n'y aura peut-être pas d'effet immédiat de perte de pouvoir d'achat pour les Français.
05:30En revanche, les professeurs non remplacés auront certainement un effet visible
05:36pour les parents qui, déjà, voient leurs enfants manquer des cours, etc.
05:42Donc, ce sera vraiment une question de ressenti.
05:44Et même à droite, chez certains députés de la droite républicaine,
05:49il y a cette inquiétude de cette perception de rigueur.
05:53Et notamment, la taxe électricité inquiète quand même.
05:56Et au niveau des retraités, pardon René, mais allez-y.
05:59Justement, j'allais en parler.
06:01Je pense que c'est, comme souvent, l'un des points principaux,
06:06l'un des risques principaux pris par Michel Barnier à travers ce projet de finance,
06:10c'est la situation des retraités, c'est-à-dire la volonté, en tout cas,
06:13de repousser de six mois l'indexation des pensions de retraite
06:17du 1er janvier au 1er juillet prochain.
06:19L'indexation sur le niveau de l'inflation,
06:21ce qui représente une économie de près de 4 milliards,
06:23selon, en tout cas, les comptes de Bercy.
06:27Mais s'il y a un vrai risque politique,
06:30les retraités, c'est une catégorie qui manifeste assez peu,
06:34mais qui vote beaucoup et qui, d'ailleurs, d'ordinaire, vote plutôt à droite.
06:37Il faut rappeler que le gouvernement Barnier est, de fait,
06:39toujours sous la menace d'une potentielle nouvelle dissolution
06:42à partir du mois de juin prochain.
06:43Donc, ça, ça peut être, d'une part, un risque politique.
06:45C'est un risque politique parce que ça touche, donc, encore une fois,
06:48une catégorie, on va dire, qui est plutôt proche,
06:51en tout cas, globalement, plutôt sympathisante de cet exécutif-là.
06:55Et puis, ça pose un problème aussi dans les débats
06:58qui vont venir au Parlement.
06:59On peut imaginer qu'il va y avoir beaucoup de débats sur ce sujet-là,
07:04à commencer par le Rassemblement national,
07:06qui en fait, j'ose plus dire une ligne rouge,
07:09parce que tous ceux qui brandissent aujourd'hui des lignes rouges
07:11sur le budget, quelles que soient ces lignes rouges,
07:13ont tendance à les ranger.
07:14Mais on voit que là, il y a un vrai sujet.
07:17Et c'est là qu'on voit, effectivement, qu'au-delà des foyers fiscaux
07:20les plus favorisés, qu'au-delà des grandes entreprises
07:23dont le chiffre d'affaires dépasse un milliard d'euros annuels,
07:28et on sait que ce sont des cibles, justement,
07:30pour l'effort fiscal programmé,
07:32eh bien, il y a d'autres hausses qui vont concerner
07:34d'autres catégories de Français ou d'autres efforts,
07:37en tout cas, par exemple, la non-indexation que j'évoquais
07:40pour les retraités, mais aussi la hausse, effectivement,
07:43des taxes sur l'électricité, la hausse du malus
07:45sur l'achat des véhicules polluants,
07:48et puis la question aussi des remboursements médicaux
07:51qui risquent de générer une augmentation des mutuelles.
07:53Bref, la facture va être quand même beaucoup plus large
07:56que ce qui était avancé par le gouvernement.
07:58– Dans ces conditions, Eric Cholles,
07:59est-ce qu'il y a la moindre chance que ce budget soit adopté ?
08:02Et je dis bien adopté.
08:04– Ça va être difficile qu'il soit adopté.
08:06Le gouvernement essaiera peut-être de trouver d'autres moyens.
08:08Juste un petit point sur les retraites.
08:10– Adopté avec le 49-3.
08:12– Adopté par vote.
08:14– J'avais bien compris la question, mais ça risque d'être difficile.
08:17En particulier, il y a cette question des retraites.
08:19Mais regardons un tout petit peu plus dans le rétroviseur.
08:23Les retraites, elles ont été bien revalorisées
08:26au cours des deux dernières années, même plus que les salaires.
08:29Donc c'est vrai que là, il va y avoir six mois
08:31pendant lesquels, au lieu d'avoir au 1er janvier 2025
08:34une augmentation qui a été attendue,
08:36il va falloir attendre le 1er juillet 2025.
08:39Et la revalorisation sera peut-être moins forte,
08:42elle sera de 1,8%.
08:44Donc ça fait une grosse économie pour le gouvernement,
08:46de l'ordre de 4 milliards d'euros.
08:48Et c'est vrai que le gouvernement cherche de l'argent partout.
08:50Mais si vous voulez, le pouvoir d'achat,
08:52il est quand même relativement préservé.
08:54Je parle de manière générale pour l'ensemble des retraités.
08:57Il peut se poser les questions pour les plus petites retraites.
09:00Et on verra à quel sort elles sont soumises.
09:02Si pendant le débat, on a entendu la présidente de l'Assemblée nationale
09:05qui demandait à ce que les petites retraites soient préservées,
09:08on va voir ce qui se passe là-dessus.
09:10On va revenir, parce que vous n'avez pas tout à fait répondu à ma question,
09:12on va revenir sur la manière dont ce budget peut être adopté.
09:15D'abord, Le Fil Info, 9h15, Thomas Giraudeau.
09:19Il faut reprendre le contrôle de notre dette,
09:21se justifie le ministre de l'Économie, Antoine Armand.
09:24Le projet de budget pour l'année prochaine,
09:2640 milliards d'euros de baisse de dépense,
09:2820 milliards d'hausses de taxes et d'impôts,
09:30critiqués à gauche et à l'extrême droite.
09:32Jean-Luc Mélenchon pointe la hausse d'une taxe sur l'électricité,
09:35une calamité selon lui.
09:37Le Rassemblement national dénonce lui un vol des retraités,
09:40l'indexation de leurs pensions sur l'inflation est repoussée de 6 mois.
09:4322 personnes tuées à Beyrouth,
09:45la capitale libanaise touchée par l'armée israélienne la nuit dernière.
09:49À Gaza, 28 personnes tuées dans une frappe sur une école de la ville de Deir el-Bala.
09:54Elle abritait des familles déplacées, selon le croissant rouge palestinien.
09:57Fais quelque chose de ta vie, mon gars, aide ces gens.
10:01Joe Biden s'adresse à Donald Trump.
10:03Le président américain reproche aux milliardaires républicains
10:06et à ses partisans de diffuser des fausses informations
10:09sur la gestion des derniers ouragans, Hélène et Milton.
10:12Milton vient de frapper la Floride, tuant au moins 11 personnes.
10:15Et puis un contre, dans les dernières secondes,
10:17offre la victoire au basketteur de Las Velles, vainqueur de Bologne,
10:20hier soir 87 à 85, deuxième journée de l'Euroleague.
10:23Les joueurs du Paris Basket se déplacent à Milan ce soir.
10:34Et toujours avec Victoria Koussa, journaliste au service politique de France Info
10:40et qui présente le brief chaque jour à 7h24 sur France Info,
10:44également avec Éric Scholl, directeur de la rédaction de L'Express.
10:48Comme promis, je reviens vers vous, Victoria,
10:50puisqu'on s'interrogeait sur la manière dont ce budget peut être adopté.
10:54On a dit qu'il va difficilement être voté tel quel.
10:57Ça veut donc dire quoi ? Que le 49-3 est inéluctable ?
11:00Michel Barnier n'écarte pas l'utilisation du 49-3.
11:03Mais ce n'est pas une nouveauté, les derniers budgets ont été,
11:05il faut le rappeler, adoptés par 49-3, avec une majorité pourtant moins minoritaire.
11:09Avec une majorité bien moins minoritaire et un hémicycle qui ne ressemblait pas à celui-là aujourd'hui.
11:14On voit cependant, quand on entend, quand on parle avec des conseillers du chef du gouvernement,
11:20on comprend aussi qu'il veut quand même prendre son temps
11:23et ne pas brutaliser l'Assemblée nationale.
11:25C'est cette nouvelle méthode qu'il promet, qu'il a promis lors de sa déclaration de politique générale.
11:29Donc il y aura des débats et il y aura possibilité pour les groupes d'amender ce budget.
11:34Parce que ce budget a été monté en catastrophe, il faut le dire.
11:38Jamais un Premier ministre n'a eu si peu de temps pour monter ce budget.
11:42Donc il sera amendé et c'est aussi une façon de renvoyer la balle aux groupes et d'opposition
11:49et finalement à tous les groupes politiques.
11:51Qu'est-ce que vous feriez, vous, pour nous sortir de cette situation ?
11:54De forcer chacun à se positionner.
11:56Et chacun, on le voit à ses lignes rouges.
11:58Le RN avec le report de l'augmentation des pensions de retraite.
12:02La gauche qui dénonce une austérité et qui a plein d'autres choses à proposer
12:07comme piste d'économie qui n'ont rien à voir avec ce que propose la droite.
12:10Et bien sûr, les ex-renaissances qui eux mettent des lignes rouges sur tout ce qui est augmentation d'impôt.
12:16Renaud ?
12:17Et c'est bien pour ça qu'on peut quand même faire le pari qu'il y aura évidemment recours à l'article 49.3
12:21pour faire adopter ce budget et ça arrangera tout le monde.
12:23C'est-à-dire que ça arrangera les macronistes qui brandissent leurs lignes rouges
12:27et qui disent qu'on ne votera pas le budget mais pour autant qu'ils ne voteront pas la motion de censure qui suivra.
12:31Personne n'aura suffisamment, c'est vraiment.
12:32Voilà, la droite qui elle aussi a peut-être du mal à digérer un certain nombre d'augmentation d'impôt
12:36ne votera évidemment pas la censure.
12:38Et même le RN sera bien content que le gouvernement recourt à l'article 49.3.
12:43Après s'être reposé pendant des semaines dans l'hémicycle très probablement au budget
12:46et bien lui aussi ne censurera pas le gouvernement au nom de sa volonté de ne pas rajouter du chaos au chaos.
12:52Donc tout ça c'est un jeu de posture évidemment.
12:54Il reste quand même une vraie épée de Damoclès sur ce budget globalement.
13:01Ce sont les prévisions macroéconomiques qui justifient les choix du gouvernement.
13:09Puisqu'il faut se rappeler, et Pierre Moscovici votre invité il y a quelques minutes a quand même lourdement insisté là-dessus,
13:16que nous sortons d'une année au cours de laquelle le déficit budgétaire a dérapé de 4,4% du PIB,
13:23ce qui était le chiffre envisagé par le gouvernement à la même date l'année dernière,
13:28à 6,1% du PIB.
13:30Plus de 50 milliards d'euros de dérapage, ce qui est absolument inédit
13:35et ce qui interroge évidemment sur les prévisionnistes et donc sur les prévisions de ce budget lui-même.
13:41Un mot Eric Choll peut-être ?
13:43D'abord ce dérapage il est tellement important qu'on devrait essayer de comprendre pourquoi.
13:47Alors on a déjà vu peut-être des problèmes de collecte de taxes,
13:50peut-être des problèmes de prévision effectivement de la part de Bercy.
13:54Mais très franchement ce serait quand même une bonne idée qu'à un moment,
13:57soit du côté parlementaire, soit du côté de Bercy...
13:59Il y a l'idée de cette commission d'enquête effectivement.
14:01Oui, qu'on s'interroge comment on est arrivé là.
14:03Parce que ça fait depuis des mois qu'il y a des signaux d'alarme qui sont tirés ici ou là.
14:07Et puis on arrive en début d'année et là on s'apprend,
14:09ben non effectivement on est à plus de 6% et on risque d'être à 7% les prochaines
14:12et c'est pour ça qu'il faut faire ce plan d'urgence.
14:14On vit quand même maintenant depuis un mois et demi ou deux mois dans une sorte de feuilleton
14:17où on ne parle que de budget, on ne parle plus rien d'autre.
14:19Il n'y a plus aucun autre projet, on ne parle que de ça.
14:22Et c'est bien pour une raison très précise, on a besoin de retrouver un peu de crédibilité.
14:26Donc on a besoin de tirer les leçons et ça passera sans doute,
14:29ça serait peut-être une bonne idée que ça passe par une commission parlementaire.
14:32Eh ben justement on va parler d'autre chose Renaud, avec notre deuxième débat.
14:36Et Bruno Retailleau qui crispe avec sa nouvelle charge contre les régularisations,
14:45l'idée d'une nouvelle loi sur l'immigration.
14:49Est-ce que Bruno Retailleau peut arriver à avancer sans faire exploser tous ses soutiens ?
14:56Effectivement, il y a un autre ministre du gouvernement qui parle beaucoup quand même
14:59et qui ne parle pas budget, c'est effectivement Bruno Retailleau,
15:02le ministre de l'Intérieur qui avait reçu les préfets des 21 départements les plus concernés
15:07par l'immigration irrégulière et qui ensuite donnait une interview
15:12à nos confrères du Parisien aujourd'hui en France hier matin,
15:14dans lesquels il annonçait sa volonté de régulariser au compte-goutte,
15:17de remettre en cause la circulaire de Manuel Valls
15:20qui permettait de régulariser environ 30.100 papiers par an,
15:25qui remettait dans le débat la question de l'AME, l'aide médicale d'État,
15:29et qui envisageait aussi une nouvelle loi immigration.
15:33Autant d'annonces qui déplaisent à toute une frange du socle commun,
15:38comme dit Michel Barnier, le socle commun supposé soutenir son gouvernement.
15:42Il s'avère que Michel Barnier a eu l'occasion de rencontrer hier,
15:45lors d'un de ses déplacements dans la Vienne, un des membres de ce socle commun,
15:49le député ex-Renaissance qui siège désormais parmi les non-inscrits,
15:53Sacha Houllier, ancien président de la Commission des lois de l'Assemblée.
15:56Sacha Houllier lui a fait savoir tout le mal qu'il pensait des déclarations de Bruno Retailleau.
16:01On écoute cet échange.
16:03– J'ai un regret parce que mardi, je n'ai pas voté la motion de censure,
16:05et quand j'ai lu le parrainage de ce matin, j'ai regretté amèrement
16:08de ne pas l'avoir voté au vu des propos du ministre de l'Intérieur.
16:10Mais je vais vous dire ce que j'en ai pensé,
16:12parce que je trouve que les propos de M. Retailleau ce matin, c'est une provocation.
16:15– Je respecte votre opinion, c'est quelqu'un qui a le sens de l'État.
16:20– J'aimerais qu'il le dise plus.
16:22– Je respecte votre opinion, c'est sûr Michel Barnier,
16:25mais Bruno Retailleau, c'est quelqu'un qui a le sens de l'État, dit-il.
16:29Est-ce qu'on voit que ce sujet-là lui aussi menace et fracture d'ores et déjà le fameux socle commun ?
16:36Est-ce que le gouvernement et d'abord le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau
16:40peuvent exhumer au sein d'une nouvelle loi immigration
16:43un certain nombre de mesures qui avaient été censurées l'année dernière
16:46par le Conseil constitutionnel, sans faire exploser justement
16:49cette vraie fausse majorité relative qui soutient le gouvernement ?
16:54– D'abord Victoria Koussa, Bruno Retailleau, c'est un homme libre au sein du gouvernement,
17:00c'est une liberté surveillée par Michel Barnier, acceptée par Michel Barnier,
17:05ou c'est carrément quelqu'un qui est tellement libre que ça devient un boulet ?
17:08C'est quoi l'option ?
17:09– On a plutôt l'impression qu'il est soutenu par Michel Barnier.
17:11Quand on l'entend dans sa réponse à Sacha Houllier, il le dit, il sert l'État
17:16et aussi il n'a pas été recadré aussi durement que l'a été par exemple
17:21le ministre macroniste Antoine Armand.
17:24Et d'ailleurs c'est très mal vécu au sein des ministres macronistes,
17:27quand on parle avec certains d'entre eux, à la fois les sorties de Bruno Retailleau
17:31sont mal vécues et à la fois… – Il y a le fond et la forme.
17:34– Le fond et la forme et le fait de ce sentiment que le ministre dans l'intérieur
17:39aurait comme une impunité à dire ce qu'il veut dans la presse.
17:42Et il me semble d'ailleurs que les interviews des ministres
17:45sont généralement validées par Matignon, donc il ne fait pas ça seul,
17:49c'est pas un homme si libre que ça.
17:52Certains vont même jusqu'à penser que Bruno Retailleau sert à Michel Barnier,
17:56lui sert à avoir comme une porte aussi vers le Rassemblement National
18:00ou au moins de mettre des thèmes comme ça dans l'opinion
18:05au moment où en plus on parle du budget.
18:07Est-ce que l'idée n'est pas non plus peut-être aussi d'allumer un contre-feu,
18:11de se positionner sur d'autres sujets pour ne pas laisser l'impression aux Français
18:16qu'il n'y a que le budget… – Occuper le terrain.
18:18– Occuper le terrain sur d'autres sujets.
18:20– Y compris vis-à-vis du Rassemblement National.
18:22Éric Scholl, cette remise en cause de la circulaire valse justement
18:25évoquée par Bruno Retailleau, est-ce que déjà c'est possible ?
18:30Est-ce que ça peut se faire par une simple circulaire
18:32ou est-ce qu'à un moment donné il faut peut-être en passer par le Parlement ?
18:35– Pour le moment il décide de passer par le pouvoir réglementaire,
18:37donc il doit pouvoir le faire.
18:39Ça passe en fait par donner plus de pouvoir au préfet sur cette question-là,
18:42c'est-à-dire qu'avant, dans la circulaire valse,
18:45on donnait un chiffre d'environ à peu près 30 000 régularisations par an,
18:50pas automatique, mais c'est vrai qu'on retrouve,
18:52si on regarde les différentes années, on est à peu près sur ce nombre-là.
18:54Cette fois-ci l'idée c'est de le réduire, c'est ce que souhaite,
18:57en tout cas c'est ce que demande Bruno Retailleau,
19:00et il le demande en demandant au préfet de veiller de façon extrêmement précise
19:06aux régularisations.
19:08Maintenant la réalité c'est que ces régulations,
19:11il y en a aussi besoin pour un aspect économique,
19:14et là-dessus, on l'a vu d'ailleurs dans la loi immigration l'an dernier,
19:18il y a eu des possibilités de donner, de régulariser,
19:21pour les métiers dits en tension.
19:23Donc on va avoir une partie notamment des patrons,
19:28des entreprises qui vont aller réclamer, qui vont dire attention, attention,
19:31nous on a besoin de manœuvres.
19:33C'est pour ça que je n'y crois pas beaucoup, je pense qu'il y a beaucoup de com',
19:36en réalité il fait de la com', il fait beaucoup, beaucoup de com'.
19:39C'est un peu la question que j'allais vous poser,
19:41parce que vous parlez de cette circulaire valse,
19:43qui semble-t-il, si on vous écoutait, quand même bien utile,
19:46il y a aussi la question des OQTF, Renaud,
19:49bon oui les OQTF effectivement il faut aller négocier avec les pays d'origine,
19:52j'ai l'impression que c'est quelque chose que j'ai déjà pu entendre par le passé.
19:56Les OQTF ont ces fameuses obligations de quitter le territoire français,
20:00pour qu'elles soient exécutées on sait qu'il faut que les pays d'origine
20:03délivrent des laissés-passés consulaires pour accepter de récupérer leurs ressortissants.
20:07Ce n'est pas le cas, ou c'est très difficile avec un certain nombre de pays,
20:10mais on se souvient effectivement, vous avez raison de le rappeler,
20:12que Gérald Darmanin, le prédécesseur de Bruno Retailleau au Place Beauvau,
20:15avait lui-même engagé un bras de fer,
20:17il avait lui-même engagé un bras de fer, en particulier avec l'Algérie,
20:20remis en cause la délivrance d'un certain nombre de visas,
20:23contre l'obtention de davantage de laissés-passés consulaires,
20:26ça a fonctionné à la marge un peu,
20:28mais en tout cas c'est un combat de longue haleine.
20:30Bruno Retailleau n'a pas beaucoup d'autres instruments que son prédécesseur,
20:33sur la circulaire valse, effectivement, il régularise selon des critères,
20:37ce sont des étrangers qui travaillent,
20:39qui sont donc utiles à l'économie française, etc.
20:42Là aussi, il n'a pas une marge de manœuvre débordante,
20:46il fait essentiellement de la com' pour résumer, comme vous l'avez dit,
20:49mais c'est de ce point de vue-là qu'il est très important,
20:52me semble-t-il, et très utile à Michel Barnier.
20:54En fait, tout le paradoxe de la position de Bruno Retailleau,
20:57c'est que c'est à la fois, passez-moi l'expression,
20:59un atout et un boulet pour l'exécutif, pour le gouvernement.
21:03C'est sans doute un atout dans l'opinion,
21:05et en particulier vis-à-vis du Rassemblement national.
21:07Et on le voit bien, parce que le RN est quand même très gêné
21:10par les diverses sorties de Bruno Retailleau,
21:12Marine Le Pen et un certain nombre de ses proches
21:14l'ont même quasiment qualifié de porte-parole du RN,
21:18d'ardent défenseur de notre programme régalien,
21:21c'est une expression de Marine Le Pen.
21:23Résultat, il séduit une partie de l'électorat du RN,
21:26ce qui n'est pas forcément très bon à terme, évidemment,
21:28pour le parti de l'extrême droite,
21:29parce qu'il pourrait finir par perdre des électeurs.
21:31Et en revanche, on le voit, Bruno Retailleau peut être un boulet,
21:34un boulet au Parlement pour ce gouvernement,
21:36parce qu'on voyait déjà, dans la précédente Assemblée,
21:39à quel point les macronistes se divisaient
21:41sur le sujet de l'immigration, et on voit bien que là,
21:43ils sont, pour le nombre d'entre eux,
21:45vents debout contre un certain nombre d'annonces,
21:48voire de mesures envisagées par le ministre de l'Intérieur.
21:50– Et pour autant, d'un mot, Victoria Coussin,
21:52on a l'impression que Bruno Retailleau,
21:54il est aussi confronté au fait de ne plus être dans l'opposition,
21:57donc de devoir mettre en application ce qu'il a toujours prôné,
22:00et que c'est peut-être pas si simple, par exemple,
22:02l'aide médicale d'État, c'est pareil, c'est pas…
22:04– Comme aussi, quand on parle de comme, sur l'aide médicale d'État,
22:08il y a des ministres macronistes qui disent,
22:10mais attendez, ça ne nous rapporterait vraiment pas grand-chose,
22:12et c'est juste, encore une fois, un sujet qu'il met sur la table,
22:15et juste pour terminer, il y a une niche le 31 octobre,
22:18c'est une journée dédiée aux textes du Rassemblement national,
22:22et l'ERN attend Bruno Retailleau au tournant
22:24pour voir comment il se positionnera,
22:25et c'est à ce moment-là qu'ils espèrent peut-être le coincer aussi.
22:27– Oui, parce que le gouvernement, on le rappelle,
22:29doit donner des avis sur les textes qui seront examinés
22:31à l'occasion de cette journée dédiée.
22:33Merci Victoria Coussin, journaliste au service politique de France Info,
22:37le brief politique tous les matins, 7h24,
22:39merci Éric Scholl, directeur de la rédaction de L'Express,
22:43et merci bien sûr à Renaud Dely.
22:46– Merci à vous Adrien.
22:47– Bonne fin de semaine à vous, et vous restez sur France Info,
22:49les informés reviennent ce soir à 20h.