Tous les jours, les informés débattent de l'actualité autour d'Agathe Lambret et Renaud Dély.
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00:00Bonjour à tous, ravie de vous retrouver dans ces informés, à suivre toujours sur France Info Radio et France Info Télé Canal 27.
00:16Bonjour Renaud Dely.
00:17Bonjour Agathe.
00:18Qui sera désigné Premier ministre ? Existe-t-il une alternative à la coalition de gauche ?
00:24Les explications, le décryptage ce matin de nos informés.
00:27François-Xavier Bourmeau, journaliste politique à l'Opinion, bonjour.
00:30Bonjour.
00:31Étienne Girard, rédacteur en chef à L'Express.
00:33Bonjour.
00:34Et Renaud Dely, bonjour Étienne.
00:36On commence avec cette question, une alternative à la gauche au pouvoir est-elle possible ?
00:40Oui, parce que la gauche en tout cas ne parvient pas à se mettre d'accord pour l'heure sur un nom de Premier ministre.
00:44Les Insoumis, leur nom, ils mettent en avant Clémence Guettet, Olivier Faure, le patron du PS, s'est lui aussi mis sur les rangs.
00:51Bref, il n'y a pas pour l'instant de consensus et les discussions continuent à gauche.
00:55Et puis de surcroît, rappelons que la gauche est loin, très loin de la majorité absolue de 289 sièges.
00:59Elle n'en a que 182, même si elle est arrivée d'une courte tête en tête du second tour des élections législatives.
01:06Est-ce qu'il y a une alternative qui peut se construire entre le bloc central et la droite du côté de la majorité ?
01:14Un certain nombre de responsables politiques, Gérald Darmanin, Édouard Philippe aussi, plaident plutôt dans ce sens-là.
01:19Ils ont trouvé un petit peu d'écho à droite, notamment du côté de Xavier Bertrand, le président de la région LR des Hauts-de-France,
01:26qui était l'invité de nos confrères de France 2 hier soir.
01:29Un gouvernement d'urgence nationale qui sera un gouvernement de rassemblement.
01:33Avec, vous l'avez dit, les Républicains, les indépendants, le camp de M. Macron.
01:38Si l'on veut qu'il y ait ce changement, ça ne peut pas être un Premier ministre qui est issu du camp présidentiel qui doit aller à Matignon.
01:45Entendons-nous bien, c'est dans ces conditions-là un gouvernement de rassemblement, avec différentes personnalités,
01:51pas seulement des Républicains, mais qui doit être dirigé par quelqu'un des Républicains.
01:56Alors un gouvernement de rassemblement de Xavier Bertrand, mais à condition que LR ait le poste de Premier ministre.
02:02Hier soir, d'ailleurs, Emmanuel Macron a reçu Gérard Larcher, dont il parlait ou pas.
02:08En tout cas, il y a des tractations, des échanges de ce côté-là.
02:11Sauf que si on additionne les 168 sièges du bloc central, plus un peu plus de 60 députés LR,
02:19on est de toute façon qu'autour de 220 ou 230 députés, là aussi loin de la majorité absolue.
02:23Ce qui fait d'ailleurs que Valérie Pécresse, la présidente LR de la région Ile-de-France,
02:27qui était votre invitée il y a quelques minutes, ne croit pas, en tout cas, qu'une telle coalition puisse fonctionner.
02:32Est-ce qu'il existe une alternative ou pas à la candidature du nouveau Front populaire pour gouverner le pays et occuper Matignon ?
02:40François-Xavier Bourmont, on voit qu'il y a deux lignes à droite.
02:43Xavier Bertrand plutôt constructif, Valérie Pécresse qui dit « mais ça va dans le mur, ça sert à rien », qui a raison.
02:47Ça commence à bouger, en tout cas.
02:49C'est l'objectif d'Emmanuel Macron de faire redescendre un peu tout le monde,
02:53parce que là, pour l'instant, c'est encore pas très clair.
02:56Il y a une date butoir, de toute façon, qui est celle du 18 juillet, avec l'élection des présidents de groupe,
03:01la création des intergroupes à l'Assemblée nationale,
03:03où là, on verra clairement qui et avec qui les différents partis pourront commencer à faire des additions.
03:10Il y a eu une énorme offensive du nouveau Front populaire au soir du deuxième tour,
03:18une sorte de décharge d'adrénaline, parce que ça faisait quand même 12 ans que la gauche n'avait rien gagné.
03:23La dernière fois, c'était les élections législatives sous François Hollande,
03:26et depuis, ils étaient bredouilles de victoire électorale.
03:30Là, effectivement, ça les a sans doute un petit peu perchés.
03:34Ils sont en train de faire les additions, d'apprendre à compter,
03:36et à se rendre compte que de toute façon, ils n'auront pas la majorité absolue,
03:39en tout cas, elle est vraiment très très loin à l'Assemblée nationale.
03:41C'est exactement ce qu'attendait Emmanuel Macron, c'est pour ça qu'il temporise,
03:44en espérant que dans ce délai qui court jusqu'au 18 juillet,
03:49tout le monde se calme un peu, commence à compter, et commence à se rapprocher.
03:54Dans son scénario idéal, il y a effectivement cette partie de droite,
03:58les républicains modérés qui pourraient rejoindre Renaissance,
04:02et auquel cas, pourquoi pas ouvrir sur les socialistes socio-démocrates
04:06qui pourraient rejoindre une majorité.
04:08Ça, c'est le scénario idéal pour Emmanuel Macron.
04:11Ce n'est pas dit qu'il y parvienne, mais en tout cas, c'est vers ça qu'il tend,
04:16et c'est pour ça qu'il se tient pour l'instant en retrait.
04:19Cette coalition alternative au Nouveau Front Populaire est-ce une chimère,
04:22comme le disait Valérie Pécresse à l'instant ?
04:25On en parle juste après le Fil info, il est 9h10, et c'est Valentine Le Tess.
04:31Anne Hidalgo promet de plonger la semaine prochaine dans la Seine.
04:35Sur France Inter, la maire de Paris l'assure,
04:37les épreuves des Jeux Olympiques de Paris auront lieu dans une eau dépolluée.
04:41Mais je ne garantis pas le climat, ajoute l'élu.
04:44Toujours pas de consensus à gauche sur le nom du futur Premier ministre,
04:48selon les informations de France Info.
04:50Cette nuit, la France Insoumise a proposé la députée du Val-de-Marne,
04:54Clémence Guettet, et les socialistes leur patron, Olivier Faure.
04:58Grève générale, illimitée chez Samsung Electronics en Corée du Sud,
05:02l'un des plus grands fabricants de smartphones au monde.
05:05Plus de 5000 salariés sont déjà mobilisés depuis lundi
05:08pour négocier leur salaire à la hausse.
05:11« La responsabilité est la mienne », déclare Didier Deschamps,
05:14après l'élimination des Bleus de l'Euro de football
05:17et leurs performances décevantes pendant cette compétition.
05:20L'équipe de France a perdu en demi-finale contre l'Espagne hier soir, 2 buts à 1.
05:35Retour sur le plateau des informés avec François-Xavier Bourmaud,
05:38journaliste politique à l'Opinion,
05:39et Étienne Girard, rédacteur en chef à L'Express.
05:42Étienne Girard, est-ce que les macronistes peuvent récupérer assez de voix
05:45du côté de la droite pour gouverner ?
05:48Pour gouverner de façon pérenne, non.
05:50Quand on regarde arithmétiquement, 230 voix,
05:53ça ne suffit pas pour faire passer une politique pendant trois ans,
05:58parce qu'ils auront des oppositions à gauche et des oppositions au RN.
06:04Et ça, c'est l'éléphant dans la pièce, en réalité, du débat.
06:07C'est que ceux qui ont la clé de la subsistance du gouvernement,
06:13aujourd'hui, face aux deux alternatives,
06:15l'alternative Nouveau Front Populaire
06:17et l'alternative en gestation, coalition, renaissance, Les Républicains,
06:22c'est le Rassemblement National,
06:24qui se retrouve, même s'il est écarté de toute possibilité de coalition,
06:29en position d'arbitre.
06:31C'est-à-dire qu'il faut associer le RN aux discussions ?
06:34Ça ne se fera pas, donc on peut déjà écarter cette hypothèse-là.
06:39Mais même si ça ne se fait pas, le 18 juillet, à l'Assemblée Nationale,
06:43les députés RN y seront là,
06:45et c'est eux qui décideront, en réalité, s'ils font tomber ou pas,
06:50que ce soit un gouvernement Nouveau Front Populaire ou un autre gouvernement.
06:55Ils ont vraiment, chez eux, la clé en eux de ce qu'ils souhaitent faire.
07:01Dans cette logique de notabilisation,
07:04ils pourraient se dire qu'ils vont essayer d'aller négocier
07:07la subsistance du gouvernement face à des textes ou des mesures
07:11qu'ils considèrent comme incontournables.
07:13On pense aux thématiques, par exemple, de l'immigration,
07:16voire du pouvoir d'achat.
07:18C'est une situation qui sera très, très inconfortable
07:21pour quelque gouvernement que ce soit,
07:24mais il faut dire qu'il suffira que les députés du RN
07:29s'abstiennent sur une motion de censure,
07:32qu'ils ne la votent pas,
07:34pour que le gouvernement puisse continuer à exister et à passer ses textes.
07:38Dans cette hypothèse qui nous semble chancelante,
07:42aujourd'hui, qu'est-ce que préfèrent les députés du RN ?
07:45Si j'écoute leur déclaration depuis l'élection de dimanche dernier,
07:50on a l'impression que, pour le RN,
07:53le péril numéro un, aujourd'hui, c'est le Nouveau Front Populaire.
07:57Renaud Delis, est-ce qu'on va dans le mur ?
07:59Je réfléchis, je ne vois pas la solution.
08:01En tout cas, ce qui est clair, c'est que le Nouveau Front Populaire,
08:04avec 182 députés ou 190 députés,
08:07ne peut pas gouverner seul,
08:09contrairement à ce qu'il prétendait dimanche soir.
08:12Il prétend toujours le faire.
08:16De l'autre côté, ce qui est clair,
08:18c'est que le Bloc central plus LR,
08:20ça ne fait pas non plus une majorité absolue,
08:22et ça ne s'en approche pas suffisamment.
08:24220 députés, c'est insuffisant, là aussi.
08:27Ce qui veut dire qu'il y a, en fait,
08:29si on prend un peu de recul sur l'hémicycle éclaté aujourd'hui,
08:32il n'y a que deux solutions potentielles, me semble-t-il.
08:34Soit effectivement ce qu'on appelle communément l'arc républicain,
08:37c'est-à-dire un gouvernement de coalition
08:39qui s'entendrait sur un programme minimal, bien sûr,
08:42sur un programme minimal de quelques réformes,
08:44et qui irait en gros des socialistes à LR,
08:46les socialistes, les écologistes,
08:48le Bloc central ensemble, et puis LR.
08:52Ce qui nécessiterait deux choses.
08:54D'une part, que les socialistes s'émancipent
08:56de la tutelle des insoumis,
08:58et d'autre part, que LR s'émancipe
09:00de la stratégie de LR.
09:02Donc ça, ce sont déjà deux conditions
09:04extrêmement compliquées à résoudre.
09:06Ça peut se produire, mais avec le temps.
09:08C'est-à-dire qu'il faut qu'il y ait un enlisement
09:10pendant des jours et des jours, voire des semaines et des semaines,
09:12pour que cette solution,
09:14qui apparaît comme la plus évidente, y compris au regard
09:16du message des urnes,
09:18lors du second tour des élections législatives,
09:20il y a un seul message clair au second tour
09:22qui est sorti des urnes,
09:24c'est le refus d'une nette majorité de Français
09:26de voir l'extrême droite au pouvoir.
09:28C'est ce qu'on appelle le front républicain.
09:30On a vu que, dans ce contexte,
09:32la décision d'Emmanuel Macron de dissoudre
09:34n'est pas apparue comme étant forcément
09:36raisonnable et sage,
09:38et que les électeurs qui, eux, sont opposés
09:40majoritairement à l'accession de l'extrême droite au pouvoir
09:42se sont, en quelque sorte, montrés
09:44responsables pour deux, au regard de la décision
09:46du chef de l'État. Est-ce que
09:48les responsables politiques de cet arc républicain
09:50seront à la hauteur de leurs électeurs ?
09:52Ou est-ce qu'ils n'ont pas déjà oublié
09:54que, pour la plupart d'entre eux, ils ne sont
09:56à la hauteur de l'Assemblée nationale que parce que ces électeurs
09:58ont fait front contre l'extrême droite ?
10:00Il semblerait qu'une bonne partie d'entre eux l'aient oublié.
10:02L'autre solution, c'est un gouvernement
10:04de techniciens, un gouvernement technique
10:06avec des économistes, des hauts fonctionnaires,
10:08etc., qui pourraient bénéficier pendant
10:10un an, effectivement, de la mensuétude,
10:12de l'abstention, de l'indulgence,
10:14de l'hémicycle. Toute autre solution
10:16conduit à une censure très rapide
10:18d'un gouvernement. Un gouvernement qui se mettra
10:20en place avec des insoumis serait
10:22très rapidement, je pense, censuré
10:24par le reste de l'Assemblée.
10:26Et inversement, un gouvernement
10:28uniquement composé de
10:30Ensemble et de LR serait très vite
10:32censuré par l'addition
10:34du nouveau Front populaire qui referait son
10:36unité contre Emmanuel Macron, bien sûr.
10:38Enfin, son unité qui demeure, d'ailleurs, à l'heure où je parle.
10:40Et puis par, probablement, le Rassemblement
10:42national quand il le décidera. Effectivement, là, je rejoins
10:44Étienne Gérard sur ce point.
10:46Pourquoi on ne peut pas faire, sous dont parlait
10:48Valérie Pécresse tout à l'heure, une grande coalition
10:50à l'allemande, comme font nos voisins européens ?
10:52Pourquoi en France, on n'y arrive pas ?
10:54Parce que la Constitution n'est pas prévue
10:56pour ça. La Constitution, elle organise l'affrontement
10:58entre deux blocs et pas du tout la
11:00collaboration entre ces
11:02deux blocs. C'est pas dans la culture française.
11:04On n'a jamais
11:06fait ça. C'est quelque chose
11:08qu'on ne sait pas faire. On peut regarder du côté de l'Allemagne
11:10effectivement, du côté de la Belgique aussi, de l'Italie
11:12ou de la Suède. C'est des cultures politiques
11:14totalement différentes qui
11:16fonctionnent aussi par forme
11:18de coalition. Mais en France, non.
11:20La vie politique, elle est organisée
11:22autour de l'affrontement bloc à bloc.
11:24C'est l'élection présidentielle.
11:26Le premier tour, on choisit. Deuxième, on élimine.
11:28C'est très
11:30brutal. Alors Emmanuel Macron essaye de forcer
11:32ça.
11:34Il parie sur le temps.
11:36Justement, ce que disait Renaud, c'est que
11:38au bout d'un moment, tout le monde va redescendre
11:40sur Terre, va se rendre compte qu'il faut bien
11:42gérer le pays. Et il y aura
11:44des concessions. Il y a l'idée...
11:46On sortira des postures.
11:48Il y a l'idée d'enfermer
11:50tout le monde dans une pièce pendant deux mois, jusqu'à la fin
11:52des JO.
11:54C'est ligne rouge et c'est limite.
11:56On appelle ça
11:58un tiers-lieu. Il avait tenté d'ailleurs ça,
12:00Emmanuel Macron, avec le Conseil National
12:02de la Refondation.
12:04C'est pas le même.
12:06Ça s'était pas fait. Ça s'était terminé à Marcoussis.
12:08Mais l'idée était déjà présente à l'époque
12:10d'enfermer tout le monde,
12:12loin de la pression parisienne
12:14et des outils partisans,
12:16pour que
12:18les positions se rapprochent. Il l'avait retenté une deuxième
12:20fois avec les rencontres de Saint-Denis, cette fois en passant
12:22par les partis. Mais les partis étant
12:24pris dans la juge des partis, ça n'avait pas fonctionné.
12:26Cette fois, il pense que
12:28le message ayant été émis par les Français
12:30via les urnes, ça va pousser
12:32les groupes politiques à se rapprocher.
12:34C'est le scénario
12:36idéal, dans un monde idéal.
12:38Et pour l'instant, on n'est pas parti pour.
12:40Il manque du temps.
12:42Et à cette date butoir du 18 juillet,
12:44c'est ce sur lequel il compte
12:46pour que tout le monde redescende un peu.
12:48Le paradoxe, Étienne Girard, c'est que
12:50alors que les Français ont voté contre
12:52Macron, contre sa majorité,
12:54alors que c'est lui le responsable de cette
12:56dissolution qui est rejetée par une bonne partie de la classe
12:58politique et des Français aussi,
13:00peut-être qu'il devient incontournable
13:02alors qu'il n'a pas la majorité
13:04parce que c'est lui qui va décider
13:06de l'orientation
13:08des débats, des discussions.
13:10Dans des situations d'instabilité et de
13:12majorité relative, les partis les plus au centre
13:14sont toujours avantagés parce que c'est les partis
13:16qui peuvent le plus facilement parler
13:18avec les uns et les autres.
13:20Il est incontournable aussi parce que
13:22sous couvert, et là il faut être
13:24très prudent, d'accord avec
13:26les Républicains, alors on n'en prend pas forcément le chemin,
13:28il serait, en réalité,
13:30il ferait partie de la coalition
13:32qui compte le nombre le plus
13:34important de députés. On sent bien
13:36que dans cette histoire, c'est des légitimités
13:38différentes qui s'affrontent. Il y a des légitimités
13:40du nombre de députés,
13:42il y a la légitimité de la coalition
13:44arrivée en tête le soir de l'élection,
13:46il y a même la légitimité côté
13:48RN du score dans
13:50les urnes. Alors je suis
13:52d'accord avec l'idée que le temps
13:54peut faciliter
13:56les choses, peut-être qu'il faudra aussi lever
13:58des hypothèques et appeler
14:00et susciter des lucidités
14:02en donnant leur chance à
14:04des majorités relatives
14:06qui n'ont pas beaucoup de chance
14:08de durer très longtemps, ça se faisait
14:10beaucoup sous la Troisième République. Laquelle, par exemple ?
14:12Le Nouveau Front Populaire. Ils disent
14:14nous sommes les premiers, nous sommes légitimes
14:16pour gouverner, on est en train
14:18de nous voler notre victoire,
14:20la victoire du peuple.
14:22Après tout, c'est un argumentaire
14:24qui peut se tenir. Pourquoi ?
14:26Alors il y a le contexte spécifique des JO, je reconnais,
14:28ça complexifie encore la situation.
14:30Mais ils font partie
14:32des forces légitimes
14:34à gouverner. S'ils étaient amenés
14:36à gouverner, il me semble
14:38que leur coalition serait extrêmement
14:40fragile, ils seraient renversés,
14:42il me semble, assez facilement
14:44et assez rapidement. Quand on s'est rendu compte
14:46qu'on n'est pas si légitimes que ça et qu'on a
14:48été renversés très brutalement,
14:50très facilement, je pense que
14:52cette situation amène les forces politiques
14:54à beaucoup plus de lucidité
14:56et à revenir à la table de négociation.
14:58On va parler
15:00maintenant des institutions
15:02de la Ve République. Est-ce qu'elles peuvent tenir ?
15:04Est-ce qu'elles sont tabou de souffle ?
15:06Ce sera juste après Le Fil Info.
15:08Il est 9h21 et c'est
15:10Valentine Le Tess.
15:12Un dixième mort en Nouvelle-Calédonie
15:14secouée depuis presque
15:16deux mois par des violences.
15:18Un homme a été tué ce mercredi par les forces de l'ordre,
15:20indique le parquet de Nouméa,
15:22sans préciser les circonstances.
15:24Un gouvernement de transition
15:26pour gérer les JO est nécessaire
15:28selon Valérie Pécresse.
15:30Trois milliards de personnes vont regarder la France,
15:32explique sur France Info la présidente
15:34Les Républicains de la région Île-de-France.
15:3680 000 euros d'amende
15:38infligées à CNews, sanction du
15:40gendarme de l'audiovisuel Larcom
15:42pour manquement de la chaîne d'information
15:44et ses obligations. Au cours d'un débat
15:46sur le projet de loi immigration, notamment,
15:48deux invités ont déclaré l'immigration
15:50tue sans réaction de l'animateur.
15:52En Ukraine, le bilan de l'attaque
15:54d'avant-hier sur un hôpital pour
15:56enfants de Kiev revu à la hausse.
15:5843 morts désormais
16:00et 2 sont blessés d'après le président Zelensky.
16:12Retour sur le plateau
16:14des informés avec François-Xavier Bourmeau
16:16et Étienne Girard pour l'Opinion
16:18et l'Express, respectivement.
16:20Va-t-on vers
16:22une crise institutionnelle, Renaud Dely ?
16:24Étienne Girard a évoqué à l'instant l'hypothèse
16:26qu'un gouvernement minoritaire, par exemple, du nouveau Front Populaire
16:28soit finalement nommé mais tombe
16:30assez rapidement, soit censuré assez rapidement.
16:32Plusieurs gouvernements, d'ailleurs, de diverses orientations
16:34pourraient subir ce même sort
16:36au vu de la configuration actuelle de l'Assemblée.
16:38D'autres imaginent un enlisement,
16:40un blocage qui dure et qui dure et qui...
16:42une pression qui s'accentue sur l'échelle de l'État
16:44qui pourrait même conduire le président de la République
16:46à démissionner, une élection présidentielle
16:48anticipée qui n'arrangerait pas grand monde,
16:50en tout cas, ni à droite ni à gauche, et peut-être simplement
16:52l'ERN. Bref, est-ce que
16:54cette situation de blocage politique,
16:56si elle dure,
16:58achevait une Vème République
17:00des institutions souvent considérées
17:02comme à bout de souffle ?
17:04C'est l'analyse que développait
17:06ici même, sur ce plateau hier,
17:08le maire d'Ivers-Gauche de Marseille, Benoît Payan,
17:10qui plaide pour une vaste réforme institutionnelle.
17:12Le quinquennat
17:14et l'inversion du calendrier
17:16ont été des erreurs funestes.
17:18La Vème République,
17:20telle que l'a révélé Général De Gaulle,
17:22est morte. Donc il faut
17:24sortir de ça, comme le Président
17:26de la République doit activer
17:28l'article 11 de la Constitution
17:30et nous devons aller
17:32vers une nouvelle République.
17:34Ce n'est pas qu'une question de proportionnel, ça c'est le mode de scrutin.
17:36Il faut tout changer.
17:38Le rôle du Président de la République,
17:40la durée de son mandat,
17:42ses pouvoirs, le rôle du Parlement.
17:44Alors instaurer la proportionnelle,
17:46un mode de scrutin qui conduit
17:48peut-être davantage au dialogue, à l'échange
17:50et donc à la culture de coalition que nous ne connaissons
17:52pas en France, mais aussi
17:54rééquilibrer l'ensemble des pouvoirs,
17:56notamment entre le Président de la République et le Parlement.
17:58C'est l'hypothèse qu'évoque Benoît Payan.
18:00D'autres ont un petit peu ça en tête aussi d'ailleurs.
18:02Rappelons que l'article 11 de la Constitution
18:04qu'évoque le maire de Marseille,
18:06c'est l'article qui permet au Président
18:08de recourir au référendum
18:10en ce qui concerne l'organisation
18:12des pouvoirs publics.
18:14Et donc, ça a été interprété
18:16par le Général De Gaulle d'ailleurs,
18:18mais une vieille vision qui a été contestée par certains juristes
18:20comme pouvant réformer la Constitution.
18:22Rappelons aussi que le Général De Gaulle a recouru
18:24à deux reprises à cet article 11
18:26pour faire un référendum sur la Constitution,
18:28avec succès en 1962 pour instaurer
18:30l'élection du Président de la République au suffrage universel.
18:32Mais en revanche, il a échoué sept ans plus tard
18:34lorsqu'il a voulu réformer le Sénat
18:36et créer des régions, et que d'ailleurs cet échec
18:38a conduit le Général De Gaulle à quitter le pouvoir.
18:40C'est dire que si Emmanuel Macron
18:42prenait cette voie d'une révision constitutionnelle,
18:44y compris par référendum, c'est une voie extrêmement
18:46complexe que le chef de l'État
18:48ne pourrait utiliser
18:50qu'avec beaucoup de prudence
18:52au regard des conséquences politiques éventuelles.
18:54Voie complexe, mais est-ce que ça pourrait être la solution,
18:56François-Xavier Bourmont ?
18:58J'ai plutôt l'impression que la Vème République
19:00elle est solide, les institutions
19:02sont solides. Je vais encore faire bondir Renaud,
19:04mais la Vème...
19:06La Vème République, la Constitution,
19:08elle a résisté au quinquennat de François Hollande
19:10qui était déjà extrêmement agité.
19:12Il y avait une majorité absolue,
19:14elle s'est cindée, je suis d'accord avec vous, il y a eu les frondeurs.
19:16La différence aujourd'hui, c'est qu'Emmanuel Macron
19:18évolue dans une
19:20zone inconnue, une terra incognita
19:22de la Vème République.
19:24C'est le premier président
19:26à être réélu hors cohabitation
19:28pour un deuxième mandat successif
19:30et qui ne peut pas se représenter à l'issue
19:32de ce deuxième mandat.
19:34Ça c'était le point de départ. Depuis 2022
19:36il est déjà dans une zone inconnue de la Vème.
19:38Depuis la dissolution,
19:40il explore une nouvelle zone, celle du président
19:42de la République qui se retrouve avec une assemblée nationale
19:44sans majorité
19:46ou avec que des minorités.
19:48Donc il avance en aveugle.
19:50Autant ses prédécesseurs avaient des références
19:52par rapport à ce qu'avaient fait
19:54leurs prédécesseurs, il y avait toujours des références
19:56historiques, dans telle situation, telle situation de crise,
19:58un tel avait fait ceci,
20:00vous le rappelez, Renaud aussi,
20:02le général de Gaulle avait eu recours à tel ou tel instrument,
20:04il y avait des références. Emmanuel Macron n'en a
20:06aucune, il est contraint à inventer quelque chose.
20:08Mais la
20:10constitution, elle est plastique.
20:12Elle est assez souple, elle est inventive.
20:14Il suffit de regarder
20:16si on se replonge dans la séquence de la réforme des retraites.
20:18Je ne sais pas si vous vous souvenez, quand Lyott avait déposé
20:20une motion de rejet de la réforme
20:22des retraites.
20:24Le camp présidentiel avait à l'époque sorti
20:26l'article 40, qui était totalement
20:28inconnu, mais qui
20:30permettait de bloquer cette initiative.
20:32Je ne vais pas rentrer dans le détail,
20:34mais la constitution de la Vème, elle
20:36regorge d'outils pour sortir des crises.
20:38Là, on va voir si
20:40ça fonctionne, avec
20:42une idée en plus qu'il faut
20:44quand même introduire dans la vision d'Ensemble,
20:46qui est celle que Jean-Luc Mélenchon, lui,
20:48veut passer à la VIème République. Il a tout intérêt,
20:50il essaye de pousser la
20:52Vème République dans ses retranchements,
20:54de la pousser à son point d'incandescence pour la faire chuter.
20:56Voilà, donc c'est ça qui se joue en ce moment.
20:58Emmanuel Macron qui cherche les ressources
21:00pour la faire survivre, et un Jean-Luc Mélenchon
21:02qui essaye de la pousser à bout pour la faire tomber.
21:04Étienne Girard, puis Renaud Dély. Étienne,
21:06instaurer la proportionnelle, ça changerait quelque chose ?
21:08Absolument pas. Pour moi,
21:10c'est vraiment la fausse solution
21:12au problème. Tout simplement,
21:14on peut regarder ce qui se passerait s'il y avait eu la proportionnelle
21:16là, lors des élections
21:18législatives. En réalité, l'Assemblée nationale
21:20aurait à peu près, tiendrait
21:22à peu près les mêmes équilibres.
21:24C'est pas ça le problème. En revanche,
21:26le problème, c'est la superposition,
21:28à mon sens, entre une légitimité parlementaire
21:30issue des élections législatives,
21:32une légitimité présidentielle issue de l'élection
21:34présidentielle. On voit très bien ce qui se passe aujourd'hui.
21:36Personne ne veut travailler avec personne
21:38parce que, dès aujourd'hui,
21:40on pense déjà à 2027
21:42et tout le monde dans l'opposition se dit
21:44il faut pourrir la situation pour que
21:46personne ne réussisse et que j'arrive en
21:48sauveur en 2027. Et sans qu'on ne sortira
21:50pas de ça, on ne pourra pas s'en sortir.
21:52C'est le cœur du problème, Étienne Girard a raison. C'est pour ça que
21:54je suis d'accord avec la deuxième partie de sa démonstration et c'est pour ça
21:56que la deuxième partie invalide, me semble-t-il, la première.
21:58C'est-à-dire que la proportionnelle, ça n'est qu'un outil, mais c'est un outil
22:00qui permet de contribuer à résoudre la deuxième.
22:02C'est d'abord le scrutin majoritaire qui clive
22:04le pays en deux camps qui, effectivement,
22:06refusent de se parler, quelle que soit
22:08la situation politique. Aujourd'hui,
22:10la tripartition a eu raison du mode de scrutin majoritaire.
22:12On le voit au regard de
22:14l'Assemblée actuelle. La proportionnelle ne changera
22:16rien aux équilibres actuels au sein
22:18en termes de représentation. En revanche,
22:20à terme, c'est un mode de scrutin qui conduit
22:22justement les blocs à devoir se parler,
22:24à devoir échanger, à devoir
22:26chercher une forme de compromis ou de coalition
22:28à un moment ou à un autre. Donc ça n'est qu'un outil dans le cadre
22:30de cette vaste réforme institutionnelle
22:32hypothétique. Je pense que c'est
22:34un outil qui ne serait pas inutile.
22:36Merci à tous !