• il y a 3 mois
Tous les jours, les informés débattent de l'actualité autour de Salhia Brakhlia et Renaud Dély.

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00:00Et bienvenue dans Les Informés, on vous accueille avec grand plaisir avec Renaud Dely, bonjour Renaud !
00:13Bonjour Salia !
00:14Et bonjour à nos informés autour de la table, Carole Barjon, éditorialiste politique, bonjour Carole !
00:19Bonjour Salia !
00:20Et à vos côtés Eric Scholl, directeur de la rédaction de L'Express, bonjour Eric !
00:23Bonjour Salia !
00:24Renaud Dely, en ce qui concerne le déficit de la France, ça va être pire que ce qu'on pensait
00:29déjà que ce n'était pas bon !
00:30Et bien voilà, de semaine en semaine la situation s'aggrave.
00:33Alors rappelons qu'à l'origine, le précédent gouvernement tablait sur un déficit budgétaire déjà élevé
00:39de 5,1% du PIB à la fin de l'année 2024.
00:43Le 2 septembre, il y a moins d'un mois, le ministre de l'Économie et des Finances démissionnaire Bruno Le Maire
00:49faisait savoir que la situation était plus grave puisqu'il tablait désormais sur 5,6% de déficit.
00:57Et puis hier, voilà que le nouvel entrant Laurent Saint-Martin, ministre chargé du Budget et des Comptes Publics
01:03a été auditionné par la Commission des Finances de l'Assemblée Nationale.
01:07Il a refait les comptes et l'addition est encore plus lourde.
01:11Oui, la situation de nos finances publiques est grave.
01:14Et je n'irai pas par quatre chemins.
01:16La première vérité, c'est qu'en 2024, le déficit public risque de dépasser les 6% du PIB
01:25selon les dernières estimations dont nous disposons.
01:28Plus de 6% ? Alors, plus de 6%, ça ne veut pas dire 6%.
01:32Ça peut être 6,1, 6,9. On verra ça dans les semaines qui viennent.
01:37En tout cas, la situation est gravissime.
01:40Sur les cinq dernières années, seules trois autres années ont vu des déficits dans des circonstances exceptionnelles plus importants.
01:46Pourquoi est-ce que les prévisions de Bercy s'avèrent finalement à ce point erronés,
01:50au point que de semaine en semaine, on découvre une addition de plus en plus lourde ?
01:54À des recettes fiscales moins importantes qu'attendues ?
01:57À un dérapage supplémentaire des dépenses publiques ?
02:00Ou aux deux ?
02:01Et puis, dernier point, est-ce que le budget 2025,
02:04dont on sait que le gouvernement doit tenter de le boucler dans l'urgence avant le début du débat parlementaire,
02:09Laurent Saint-Martin a dit qu'il retournerait le 9 octobre devant la Commission des finances de l'Assemblée,
02:13est-ce que ce budget 2025 peut commencer à résorber cet énorme trou ?
02:18Carole, déjà, sur l'évolution des chiffres, comment c'est possible de se tromper à ce point ?
02:23D'abord, il faut quand même rappeler que déjà au mois de mars,
02:27Bercy avait déjà corrigé le déficit public, corrigé à la hausse,
02:34puisqu'à l'origine il prévoyait 4,9%,
02:40ça avait été réévalué, donc le mois de mars c'est pas si loin quand même,
02:43à 5,4, plus 5,5, enfin 5,1 d'abord,
02:49ça n'a cessé d'augmenter,
02:53et à l'époque, la députée socialiste Valérie Rabault s'était étonnée en disant
03:01comment est-ce possible, soit il y a eu mensonges, soit il y a incompétence.
03:07Et donc là maintenant, on a dépassé, on n'est même plus dans les 5, on est à 6%.
03:13Mais comment ça s'explique ?
03:16Je pense que la même question, non mais la question, la remarque de Valérie Rabault,
03:24à mon avis, elle vaut toujours, qu'est-ce qui s'est passé ?
03:26Parce que l'argument qui avait été donné, la réponse qui avait été donnée à Valérie Rabault à l'époque,
03:30c'était en fait, les recettes fiscales, elles sont moins importantes que prévues,
03:34c'est le même argument qu'aujourd'hui.
03:36Il n'y a pas de vision à Bercy ?
03:38Donc c'est un peu bizarre, c'est un peu étrange, moi je ne me l'explique pas totalement.
03:42Mystère, Éric Scholl, vous en savez un peu plus ?
03:45Non mais la première chose, c'est que ce qui est très étonnant,
03:48c'était les explications à l'époque, au mois de mars, de Bruno Le Maire.
03:51Il disait, c'est un accident, c'est un accident, c'est des circonstances exceptionnelles.
03:55On est quelques mois plus tard, on s'aperçoit que le même accident est en train de se reproduire.
03:59Donc soit effectivement, il y a une sorte d'incompétence,
04:02alors plutôt que d'incompétence, disons qu'on n'arrive plus à lire, à prévoir ces chips,
04:06ce qui est assez grave, mais c'est ce qui est en train de se passer depuis un an et demi ou deux ans.
04:09On a à la fois une croissance qu'on ne sait plus lire,
04:11on n'arrive pas à voir comment ils bâtissent cette croissance,
04:14si on fait plutôt des exportations de la croissance par la consommation,
04:17et on s'aperçoit qu'effectivement, dans les composants de la croissance,
04:20ce ne sont plus les mêmes composants qu'auparavant.
04:22En ce moment, ce qui tire la croissance sont plutôt les exportations,
04:25je ne vais pas rentrer dans la technique, mais dans les exportations, il n'y a pas de TVA.
04:28Et c'est ça qu'il nous manque aujourd'hui, c'est des recettes de TVA.
04:31On est très loin de ce qui était prévu.
04:33Et donc du coup, c'est ce que dit aussi la Banque de France,
04:35à chaque fois, pour l'exemple de la croissance, le gouvernement est beaucoup plus optimiste qu'elle ?
04:40De toute façon, ça c'est une vieille histoire, depuis 20 ans, 30 ans,
04:43on est toujours trop optimiste, on dit toujours qu'on va revenir dans les clous,
04:46on n'y est jamais.
04:47Ce n'est pas rien de passer de 5.1 à 5.5, de 5.5 à 6, c'est énorme.
04:52Normalement, l'Union Européenne demande à l'ensemble des pays de la zone euro d'être à 3.
04:57On est bien au-dessus, mais vraiment maintenant,
05:00on est comme l'Italie, comme la Grèce, etc.
05:05On est partis dans des trucs qu'on ne sait plus maîtriser.
05:07Je vous rappelle quand même qu'il y a encore 2 mois, 3 mois,
05:09on avait le Président Macron, on avait Bruno Le Maire qui nous disait
05:13ne vous inquiétez pas, on a la bonne stratégie, on a la bonne stratégie.
05:16C'est ce qu'il nous a dit, nous, à l'Express, Emmanuel Macron,
05:18nous avons la meilleure stratégie.
05:19On voit le résultat, et il nous disait, vous verrez,
05:22on va revenir en 2027, pas de problème, on revient dans les clous à 3%.
05:25Mais on savait déjà qu'on ne reviendra pas.
05:28Donc là, ils sont en train de se dire, on va essayer de revenir peut-être en 2028,
05:31peut-être en 2029, comment voulez-vous qu'on puisse croire l'histoire de la France ?
05:36Déjà, on ne peut pas croire celui de Bercy.
05:38Il est urgent qu'on comprenne ce qui se passe entre la croissance,
05:42des recettes qui sont bien inférieures à ce qui est prévu,
05:45parce que ça, ça risque de continuer si on ne comprend pas ce qui se passe à l'intérieur.
05:48Et puis, il n'y a pas que ça, il y a effectivement les collectivités locales
05:50qui, pour beaucoup de raisons, mais qui dépensent plus.
05:53On est par exemple à 2 ans des prochaines élections municipales,
05:57donc c'est aussi normal qu'elles dépensent un peu plus.
06:00Et puis, il y a autre chose, le dernier facteur, il y a ce qu'on appelle l'attentisme.
06:03Et l'attentisme, c'est quoi ?
06:05C'est ce qui s'est produit cet été, la crise politique qu'on a eu cet été
06:08a elle-même entraîné une crise économique.
06:10Tout le monde, toutes les entreprises se sont dit
06:12« On attend, on ne peut rien faire, on ne sait pas encore quelle va être la politique économique. »
06:15Et ça se voit tout de suite, parce que l'attentisme, c'est moins de croissance, c'est moins de recettes.
06:19Sauf que si on se trompe sur la croissance, sur les déficits,
06:22on a encore plus en galère pour construire un budget.
06:25Oui, déjà, et avant d'en venir là, juste un point,
06:27je pense que cette erreur gigantesque qui ne cesse de se répéter de semaine en semaine,
06:31elle nécessite évidemment des explications, voire une enquête.
06:34Je pense qu'il serait assez légitime, du point de vue de la crédibilité de la parole publique,
06:38que des élus d'opposition, par exemple, sollicitent une commission d'enquête
06:42pour comprendre, et ils le font parfois sur des sujets totalement farfelus et sans aucun intérêt,
06:46où, on le sait là par exemple, en lançant une procédure de destitution du Président de la République
06:51qui n'a aucun sens et qui d'ailleurs est vouée à l'échec,
06:53il ferait mieux de se concentrer sur ce genre de sujet.
06:55Je pense qu'en termes de crédibilité de la parole publique, d'une part,
06:58et d'autre part, la gravité de la situation financière du pays,
07:01justifie de savoir ce qui s'est passé.
07:04D'autant qu'on n'est, encore une fois, pas forcément au bout de nos surprises.
07:06Et puis, vous le disiez, dans ce contexte-là, il faut enterrer définitivement
07:11cette espèce de mirage du retour à 3%, au déficit en dessous des 3%.
07:14Il s'agit à chaque fois de dizaines de milliards d'euros, dont on parle très concrètement en 2027.
07:18Mais ça, même Pierre Moscovici, le premier Président de la Cour des Comptes,
07:21qui est évidemment favorable, et qui le dit depuis des années, à une réduction des déficits,
07:25il explique maintenant qu'il ne faut pas le faire dans l'urgence en trois ans,
07:28parce que là, on achèverait la machine économique, donc il faut repousser cette horizon.
07:32Il faut aller renégocier.
07:33Voilà, il faut renégocier, il faut repousser cette horizon,
07:36mais il faut maintenant prendre des mesures qui aillent dans ce sens-là, très clairement.
07:39Et ça, c'est là qu'on tombe sur, effectivement, le défi du budget 2025,
07:43qui va être extrêmement compliqué à boucler.
07:46On a entendu hier Laurent Saint-Martin ne pas exclure, effectivement, des hausses d'impôts,
07:50parce que ça, on sait que c'est maintenant la ligne, en quelque sorte,
07:53qui est en train de se dessiner, peu à peu, dans le brouillard, du Premier ministre,
07:57là aussi, vraiment l'enterrement d'un tabou du macronisme,
08:00mais vouloir mettre l'accent, dit-il, mais alors lesquels, quand, comment,
08:04sur une réduction des dépenses publiques.
08:06Oui, et ça, c'est extrêmement intéressant, politiquement,
08:09parce qu'on est un peu à front renversé.
08:11Laurent Saint-Martin, qui est à l'origine Renaissance, proche de Macron,
08:16et donc qui vient quand même aussi de la gauche,
08:19maintenant dit qu'en fait, il faut réduire prioritairement,
08:23c'est-à-dire avant même les hausses d'impôts évoquées par Michel Barnier,
08:28les dépenses publiques.
08:30Et donc là, on est à front renversé, politiquement,
08:32parce qu'on sait très bien que dans l'ADN des Républicains, de la droite,
08:37c'est baisse d'impôts, en tout cas pas de hausses,
08:41et réduction des dépenses publiques.
08:43Et là, on a celui qui vient de la gauche, Laurent Saint-Martin,
08:47qui dit plutôt presque le contraire.
08:50Comme l'a dit Renaud, il n'exclut pas les hausses d'impôts,
08:53puisqu'il ne va pas aller totalement contre le Premier ministre,
08:56mais il parle de la priorité de la réduction des dépenses publiques,
09:00alors même que le Premier ministre, lui-même, n'en avait pas parlé.
09:04Il faut rappeler l'enjeu qui est devant, justement, le ministère de l'Économie.
09:11Ce sont 10 milliards d'économies, au moins, dans les trois prochaines années.
09:15Ça fait beaucoup d'économies à faire.
09:17Et beaucoup de hausses d'impôts aussi à mettre en place.
09:21Dans un instant, on change totalement de sujet.
09:23On va évoquer les OQTF, les obligations de quitter le territoire,
09:27la quasi-impossibilité de les appliquer.
09:30Qu'est-ce qui cloche ?
09:31On en parle juste après le Fil info de 9h15.
09:33Maureen Suignard.
09:35Pour Arnaud Rousseau, la décision de l'actali, c'est une déflagration.
09:39Le président de la FNSEA, le principal syndicat agricole,
09:42était l'invité de France Info ce matin.
09:44Il réagit à la décision du groupe de réduire dès la fin de l'année
09:47de 8% le volume de lait collecté dans les fermes françaises.
09:50L'armée israélienne annonce ce matin avoir frappé
09:5375 objectifs militaires d'U.S. Bola la nuit dernière.
09:56Annonce alors que plusieurs pays, dont la France,
09:59ont appelé hier soir un cessez-le-feu de 21 jours
10:02entre Israël et la milice d'U.S. Bola.
10:04Les frappes israéliennes des trois derniers jours
10:06ont fait plus de 600 morts au Liban.
10:08Le Premier ministre israélien se rend aujourd'hui
10:10à l'Assemblée Générale des Nations Unies.
10:12Cédric Jubilard sera bien jugé aux assises.
10:14Devant un jury populaire, il est soupçonné
10:16du meurtre de sa femme Delphine,
10:18qui a disparu de son domicile dans le Tarn en décembre 2020.
10:22Aucune trace de l'infirmière depuis.
10:24Pas de corps, pas de scène de crime.
10:25Cédric Jubilard clame son innocence.
10:27Vers une interdiction des PEF en France,
10:29ces cigarettes électroniques jetables,
10:31largement utilisées par les adolescents,
10:33la Commission européenne donne son accord.
10:35Le Parlement français doit encore confirmer
10:38définitivement son interdiction.
10:43France Info
10:46Les informés, Renaud Dely, Salia Brakia
10:51Les informés avec Carole Barjon, éditorialiste politique,
10:54avec Éric Scholl, directeur de la rédaction de L'Express.
10:57Et Renaud Dely, le meurtre de Philippine
11:00a remis la lumière sur la difficulté d'appliquer les OQTF,
11:03les obligations de quitter le territoire français.
11:05Ce drame, effectivement, survenu à la fin de la semaine dernière,
11:08le meurtre de cette jeune étudiante de Paris-Dauphine,
11:11de l'université Paris-Dauphine,
11:13remet au devant de la scène cet enjeu.
11:16Pourquoi ? Parce que le suspect a été arrêté,
11:19qu'il était lui-même récidiviste,
11:21qu'il avait été condamné pour viol,
11:22libéré au bout de 5 ans de détention,
11:24et qu'il était sous le coup d'une obligation
11:26de quitter le territoire français,
11:27laquelle n'a donc pas été mise en œuvre.
11:29Il avait été placé en centre de rétention,
11:31libéré au bout d'un peu plus de 70 jours,
11:34et le fameux laisser-passer consulaire
11:36que devait délivrer le Maroc n'est arrivé
11:38que quelques jours plus tard.
11:40Résultat, il s'est retrouvé dans la nature.
11:42Pourquoi ? Qu'est-ce qui se passe au sujet ?
11:45Pourquoi ces dysfonctionnements,
11:47avec des conséquences extrêmement graves
11:49quant à la mise en œuvre des OQTF,
11:51donc des obligations de quitter le territoire français ?
11:53Voici ce qu'en disait, hier, sur ce plateau,
11:55l'ancien président de la République, François Hollande.
11:57C'est le problème des OQTF,
11:59il faut que ça aille vite.
12:01Nous sommes tous horrifiés,
12:03et nous devons tous se dire
12:05qu'est-ce qui s'est passé ?
12:06Ce qui se passe, c'est qu'on ne va pas assez vite
12:08dans des décisions qui sont prises.
12:10Alors est-ce que c'est simplement une question de délai,
12:12de temps ?
12:14Dans le cas précis,
12:16il semble qu'effectivement il y ait une défaillance
12:18à plusieurs étages, puisque même le juge
12:20qui a finalement libéré cet individu
12:22du centre de rétention n'excluait pas
12:24l'hypothèse d'une récidive au regard de son profil.
12:27Et puis rappelons qu'en France,
12:30à peu près un peu plus de 7%
12:32des obligations de quitter le territoire français
12:34sont mises en oeuvre, seulement,
12:36en tout cas moins de 10%, alors que
12:38chez la plupart de nos voisins européens, c'est plus de 30%
12:40voire 40%. Est-ce que c'est juste
12:42une question de délai ? Est-ce que c'est une question de
12:44moyen ? Ou est-ce que c'est une question
12:46de règlement, de loi ?
12:48D'ailleurs, le ministre de l'Intérieur,
12:50Bruno Retailleau, appelle déjà à une évolution législative.
12:52Éric Scholl, d'abord, qu'est-ce qui cloche ?
12:54Est-ce qu'on peut faire un ordre ?
12:56Oui, beaucoup de choses. Il y a la partie
12:58administrative, très clairement.
13:00Ce que je veux dire, c'est que quand on regarde
13:02les taux d'exécution, de prononciation
13:04d'OQTF et d'exécution, c'est vrai que
13:06le ratio est relativement faible. Néanmoins,
13:08le nombre, finalement, d'OQTF qui sont
13:10exécutés est plus important
13:12qu'il me paraît quand on compare par rapport à l'étranger.
13:14C'est parce qu'en fait, en France, on prononce beaucoup
13:16d'OQTF, beaucoup plus, par exemple,
13:18en Allemagne, etc. Donc, c'est pour ça qu'il y a
13:20des taux qui sont plus élevés à l'étranger.
13:22Nous, le nombre d'exécutions
13:24a plutôt été accru.
13:26Simplement, c'est très compliqué.
13:28On bute sur de nombreuses difficultés, qui sont
13:30difficultés administratives, avec
13:32les délais, les recours devant
13:34les juges administratifs. On a clairement
13:36exactement le modèle du genre
13:38dans le cas qui nous occupe
13:40aujourd'hui. Il n'y a pas que ça. Il y a aussi qu'au moment
13:42où il y a un problème, aussi,
13:44j'allais dire, de diplomatie,
13:46puisqu'à un moment ou à un autre, et on l'a très bien vu
13:48là, il faut un laisser-passer consulaire.
13:50Au moment où la
13:52personne qu'on doit
13:54expulser avec une
13:56OQTF,
13:58il doit obtenir un
14:00laisser-passer consulaire. Il va être
14:02délivré par les autorités de son pays.
14:04Il faut d'abord l'identifier, ce qu'on arrive à peu près
14:06à faire, mais qui prend du temps. Et la deuxième chose,
14:08c'est qu'il faut aussi qu'on obtienne
14:10dans les bons délais, ce laisser-passer
14:12consulaire. Et là, ça peut traîner pour
14:14beaucoup de raisons. Pour des raisons administratives, mais
14:16aussi pour des raisons politiques. Je pense notamment
14:18au cas à la fois du Maroc et de l'Algérie.
14:20On a vu que les... Et d'ailleurs, on a
14:22essayé. On a vu à quel point plusieurs de nos
14:24ministres sont partis ces dernières années.
14:26Et ça a eu
14:28des effets, mais ces effets restent
14:30que, pour le moment, on n'y arrive pas.
14:32Donc s'il y a une partie qui est aussi diplomatique
14:34là-dedans... – La diplomatie, c'est
14:36ce à quoi devra s'atteler
14:38le nouveau ministre de l'Intérieur, Bruno
14:40Retailleau, pour faire avancer les choses.
14:42– Oui, parce que de toute façon, à partir
14:44du moment où les pays d'origine ne veulent pas
14:46reprendre leurs ressortissants, et parfois
14:48lorsque ce sont des délinquants, voire des
14:50criminels, ça peut
14:52se comprendre. Enfin bref, il y a un refus.
14:54Et
14:56du coup, l'action... Est-ce que l'action
14:58diplomatique suffit ?
15:00C'est toute la question, puisque Éric Scholl vient de
15:02rappeler que Gérald Darmanin s'était rendu
15:04pour essayer de négocier
15:06notamment avec les pays du Maghreb.
15:08Ça n'est pas facile.
15:10Pourquoi ? Notamment... Alors, avec
15:12le Maroc, on a eu des relations compliquées, mais ça
15:14s'est un peu arrangé ces derniers temps.
15:16En revanche, avec l'Algérie...
15:18– C'est compliqué ?
15:20– C'est plus que compliqué.
15:22Ça va très mal, puisque
15:24Macron a reconnu le
15:26Sahara occidental, et donc que les Algériens
15:28sont furieux. Donc déjà,
15:30la situation diplomatique entre la France
15:32et l'Algérie n'est pas simple.
15:34À ce moment-là, faut-il, comme
15:36certains le suggèrent,
15:38utiliser des moyens de pression
15:40plus vigoureux ?
15:42– Mais qu'est-ce que ça peut être ?
15:44Parce qu'il y a eu l'Élysée, ça va marcher ?
15:46– Du temps de Sarkozy,
15:48il y avait un conseiller de Sarkozy
15:50qui avait déjà dit, enfin,
15:52ce n'était pas public, mais
15:54il avait déjà suggéré
15:56qu'il fallait faire pression sur les dirigeants.
15:58C'est-à-dire,
16:00écoutez, c'est très bien, si vous
16:02refusez de coopérer avec nous
16:04pour reprendre vos ressortissants,
16:06eh bien, il n'y a plus de
16:08visa pour entrer en France
16:10pour vous, pour aller vous faire
16:12soigner, pour habiter
16:14dans les nombreuses rédidences
16:16que vous possédez en France, etc.
16:18Ça, c'est quelque chose qui n'a jamais été utilisé.
16:20Alors évidemment, est-ce que
16:22ça peut l'être sans déclencher des crises
16:24majeures ?
16:26Voilà, c'est toute la question.
16:28Mais en tout cas, il y avait un rapport
16:30de force qui était suggéré,
16:32qui n'a jamais été utilisé. Est-ce que
16:34Macron, puisque là,
16:36ça dépasse largement
16:38le rôle et le champ d'action
16:40du ministre de l'Intérieur
16:42Bruno Retailleau, là, ça concerne
16:44directement et le ministre des Affaires
16:46étrangères et surtout le Président
16:48de la République, puisque c'est le domaine réservé
16:50comme on sait. Il me semble qu'il y a deux dimensions,
16:52au moins deux en tout cas, dans cet enjeu
16:54sur lesquels
16:56le gouvernement a vocation à agir
16:58dans les deux domaines. Il y a la dimension diplomatique.
17:00Il y a les relations diplomatiques avec
17:02les autres États qui refusent parfois
17:04d'accueillir leurs ressortissants.
17:06Jérôme Darmanin, effectivement, avait
17:08d'ailleurs fait pression sur les visas
17:10en baissant, en annonçant qu'il allait baisser
17:12le nombre de visas accordés à l'Algérie. Il y a les difficultés
17:14de relations avec le régime algérien,
17:16qui ne sont pas seulement liées à la position de la France sur le Sahara,
17:18bien sûr, mais qui sont aussi liées à la nature
17:20même du régime algérien
17:22aujourd'hui. Et donc,
17:24il y a cet enjeu-là. Il faut effectivement une action
17:26diplomatique. La France doit
17:28sûrement aller plus loin dans ce domaine-là.
17:30Mais il y a aussi des dysfonctionnements,
17:32en tout cas dans le cas présent, le suspect
17:34du meurtre de Philippines
17:36qui a été arrêté, qui sont liés
17:38au fonctionnement de notre administration,
17:40en tout cas. D'abord, il semblerait
17:42que, visiblement, la demande
17:44de l'essai passé consulaire qui a été effectuée auprès
17:46des autorités marocaines n'a pas
17:48été émise dans un premier temps par le bon bureau
17:50en quelque sorte français.
17:52Et ça, ce sont les autorités marocaines qui l'ont fait remarquer.
17:54Donc, on a perdu du temps.
17:56Ensuite, il y a la question de la durée de rétention
17:58qui peut se poser. La durée maximale
18:00en France est de 90 jours, avec
18:02plusieurs reports pour aller jusque-là.
18:04Cette durée de 90 jours, dans beaucoup de pays
18:06européens et notamment en Allemagne, c'est beaucoup plus long.
18:08Et dans le cas présent, on sait que
18:10cet individu a été libéré à peu près au bout de 70 jours,
18:12un peu plus de 70 jours, alors que
18:14le laissé-passer consulaire marocain
18:16est arrivé finalement trois jours plus tard. C'est-à-dire que le Maroc
18:18était finalement d'accord. Donc, il y a quand même
18:20là aussi un vrai problème.
18:22Et c'est lié aussi au fait
18:24qu'il y a eu un rapport de la Cour des comptes au mois de janvier dernier
18:26qui montrait que les préfectures aussi sont
18:28totalement engorgées par un phénomène, effectivement,
18:30Eric Scholl a eu raison de le
18:32souligner tout à l'heure, c'est qu'il y a une multiplication,
18:34il y a un envol des chiffres, plus de
18:36135 000 au QTF ont été
18:38délivrés
18:40par l'État français, mais
18:42les préfectures et l'administration
18:44n'est pas capable aujourd'hui, faute de moyens,
18:46de gérer. Et effectivement aussi suffisamment
18:48rapidement, c'est
18:50un tel afflux
18:52de décisions. Donc,
18:54il n'y a pas seulement la dimension épidémiologique, il y a aussi
18:56me semble-t-il un enjeu
18:58lié au fonctionnement et au dysfonctionnement, ou au
19:00manque de moyens, ou au manque de consignes,
19:02en tout cas de nos administrations.
19:04Et un dernier point, là aussi il y a urgence.
19:06Il faut évidemment que la parole publique soit crédible
19:08et qu'elle ait des résultats sur ce sujet-là.
19:10On mesure l'impact d'un tel
19:12drame dans une frange de l'opinion
19:14publique et évidemment dans le débat
19:16politique. Donc là aussi, les gouvernants,
19:18quels qu'ils soient, ont à agir et à se montrer efficaces.
19:20– Alors, si je vous écoute bien, Renaud Delis, il faudrait donc
19:22augmenter la durée dans les centres
19:24de rétention. – Probablement, dans le cas présent,
19:26il faut s'interroger, bien sûr. – Sauf que,
19:28on l'a dit, le nombre de QTF
19:30est important, donc ça veut dire
19:32qu'il faut construire davantage de centres de rétention.
19:34– Vous l'avez vu, aujourd'hui, il y a à peu près
19:362800 places de rétention. Il devrait y en avoir
19:38d'ici 2026, à peu près 3000.
19:40– Mais il a dit qu'il y en avait 150 000, les QTF.
19:42– Non, je parle... Oui, ben voilà, vous voyez
19:44le sujet. Le deuxième point,
19:46c'est que tout ça,
19:48c'est des embouteillages aussi
19:50sur le plan juridique. On le voit
19:52quand on regarde les chiffres, le nombre de recours
19:54qui sont faits, ce qui est assez logique, par exemple
19:56en matière de rétention administrative, a explosé.
19:58Quand j'ai explosé, c'est plus
20:0084% entre 2015 et 2019.
20:02On est à 50 000 recours en cours.
20:04Donc vous comprenez que,
20:06que ce soit au niveau des préfectures,
20:08que ce soit au niveau des tribunaux administratifs,
20:10que ce soit au niveau aussi des cours d'appel
20:12administratifs,
20:14il y a un engorgement sur ces
20:16contentieux liés aux droits des étrangers.
20:18Donc, il y a
20:20une simplification, certainement, à opérer.
20:22Et deuxièmement, effectivement,
20:24peut-être revoir ces délais, parce que là,
20:26dans le cas actuel,
20:28on voit qu'on est arrivé, effectivement,
20:30à la troisième prolongation,
20:32et puis à la quatrième prolongation, le juge a dit
20:34non, logiquement,
20:36je ne peux pas le retenir. Alors, pas tout à fait
20:38logiquement. Je suis obligé de le libérer,
20:40mais il peut représenter un danger.
20:42C'est quand même un peu...
20:44Il pouvait encore...
20:46J'aurais pu le prolonger encore une quinzaine d'heures.
20:48Et c'est pour ça que
20:50dans cette affaire, il n'y a pas seulement
20:52l'histoire des OQTF et de la
20:54justice administrative, il y a aussi
20:56la justice judiciaire
20:58et le rôle des juges qui est posé.
21:00Et sur...
21:02Politiquement, je pense
21:04que le ministre de la justice
21:06Didier Migaud
21:08n'est pas...
21:10en très bonne posture
21:12aujourd'hui, parce que la veille
21:14du jour où on a
21:16interpellé
21:18le meurtrier,
21:20le violeur et le meurtrier,
21:22il avait expliqué que la justice n'était
21:24pas laxiste, il avait eu
21:26des propos assez condescendants
21:28à l'égard de son collègue
21:30ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau
21:32et tout ça était assez mal venu.
21:34Or, on sait très bien que
21:36si on veut vraiment assurer
21:38la sécurité des Français
21:40et cette affaire
21:42émeut
21:44beaucoup dans l'opinion,
21:46il faut qu'il y ait une collaboration
21:48entre la justice et l'Intérieur
21:50absolument parfaite et probablement
21:52des réformes
21:54de la procédure
21:56et du pouvoir
21:58des juges d'appel,
22:00des juges d'application des peines, etc.
22:02– Merci Carole Barjon,
22:04éditorialiste politique, merci aussi à vous
22:06Éric Scholl, directeur de la rédaction de L'Express
22:08on est jeudi, donc nouveau numéro
22:10de L'Express avec un entretien
22:12exclusif du patron de Renault, Luca Demeo
22:14et une déclaration pas très encourageante
22:16en une, parce qu'il a dit
22:18voilà les bonnes nouvelles
22:20pour l'ensemble, l'Europe n'a pas de politique industrielle
22:22c'est le prix d'alerte du patron de Renault
22:24à lire cette semaine dans L'Express
22:26qu'on trouve partout, il le dit tout le temps Etienne Girard
22:28dans les bons kiosques, merci à vous Renault
22:30et rendez-vous à 20h
22:32pour les informés du soir avec Agathe Lambret
22:34et Jean-Rémi Baudot.

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